Jeangot, T1 : Renard manouche

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Titre : Jeangot, T1 : Renard manouche
Scénariste : Joann Sfar
Dessinateur : Clément Oubrerie
Parution : Octobre 2012


Je ne suis pas fan des biopics. La mode actuelle de l’autobiographie, que ce soit dans le cinĂ©ma ou la bande-dessinĂ©e, m’ennuie profondĂ©ment. Et voilĂ  que l’on m’offre « Jeangot » de Joann Sfar (au scĂ©nario) et ClĂ©ment Oubrerie (au dessin). Cette sĂ©rie narre l’histoire du guitariste Django Reinhardt. Etant moi-mĂȘme guitariste, il est Ă©vident que du coup, cette biographie m’interpelle quelque peu. Le premier tome s’appelle « Renard manouche » et raconte bien sĂ»r la jeunesse du guitariste.  Continuer la lecture de « Jeangot, T1 : Renard manouche »

Abymes, T2 : DeuxiĂšme partie

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Titre : Abymes, T2 : DeuxiĂšme partie
Scénariste : Valérie Mangin
Dessinateur : LoĂŻc Malnati
Parution : FĂ©vrier 2013


AprĂšs un premier tome consacrĂ© Ă  Balzac, ValĂ©rie Mangin continue sa sĂ©rie « Abymes » avec Clouzot. Le cinĂ©aste, accusĂ© de collaboration, continue malgrĂ© tout de tourner. Mais sur quel sujet ? Balzac bien Ă©videmment ! La mise en abyme continue ici avec le cinĂ©ma et commence l’imbrication des diffĂ©rents opus. Avec quel succĂšs ? AprĂšs Griffo, c’est LoĂŻc Malnati qui passe au dessin pour assurer une sortie en librairie quelques semaines plus tard. Le tout est publiĂ© chez Dupuis, dans la collection Aire Libre. Continuer la lecture de « Abymes, T2 : DeuxiĂšme partie »

Abymes, T1 : PremiĂšre partie

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Titre : Abymes, T1 : PremiĂšre partie
Scénariste : Valérie Mangin
Dessinateur : Griffo
Parution : Janvier 2013


ValĂ©rie Mangin s’est lancĂ© dans un projet en trois tomes, « Abymes ». Le but est d’explorer le thĂšme de la mise en abyme Ă  partir de trois ouvrages dessinĂ©s par trois dessinateurs diffĂ©rents. Le premier s’intĂ©resse Ă  Balzac, le deuxiĂšme Ă  Clouzot (qui rĂ©aliser un film sur Balzac) et le troisiĂšme à
 ValĂ©rie Mangin (qui dĂ©couvre le premier tome sur Balzac
). Le tout est publiĂ© chez Dupuis dans la collection Aire Libre. Continuer la lecture de « Abymes, T1 : PremiĂšre partie »

Les cahiers d’Esther, T1 : Histoire de mes 10 ans

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Titre : Les cahiers d’Esther, T1 : Histoire de mes 10 ans
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Rias Sattouf
Parution : Janvier 2016


Riad Sattouf s’est fait une spĂ©cialitĂ© de l’observation de ses contemporains. AprĂšs « La vie secrĂšte des jeunes » et « Retour au collĂšge », il nous prĂ©sente « Les cahiers d’Esther », une bande-dessinĂ©e qui raconte la vie d’une enfant de 9 ans (puis 10 ans). Esther est la petite fille d’un couple d’amis, toutes les histoires sont donc supposĂ©es vraies. Le tout Ă©tait publiĂ© d’abord au Nouvel Obs avant une publication chez Allary Éditions pour une cinquantaine de pages. Continuer la lecture de « Les cahiers d’Esther, T1 : Histoire de mes 10 ans »

Mon ami Dahmer

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Titre : Mon ami Dahmer
Scénariste : Derf Backderf
Dessinateur : Derf Backderf
Parution : FĂ©vrier 2013


Mon ami Dahmer est un ouvrage dont la sortie en mars dernier n’a pas laissĂ© les bĂ©dĂ©philes indiffĂ©rents. EditĂ© chez Ca et LĂ , il est l’Ɠuvre de l’auteur amĂ©ricain Derf Backderf. Il se compose d’environ deux cents pages. Son prix avoisine vingt euros. Mais ce ne sont pas ses caractĂ©ristiques administratives qui ont fait sortir ce bouquin du lot mais sa thĂ©matique. Le personnage qui donne son titre au livre est un cĂ©lĂšbre tueur en sĂ©rie. Il se rĂ©vĂšle que Backderf l’a cĂŽtoyĂ© au lycĂ©e. Son point de vue narratif s’avĂšre donc intĂ©ressant et original. C’est pour cette raison et pour avoir lu nombre de critiques Ă©logieuses que j’ai dĂ©cidĂ© de dĂ©couvrir cet album finalement assez unique dans son genre
 Continuer la lecture de « Mon ami Dahmer »

Narcisse, T2 : Terra Nullius

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Titre : Narcisse, T2 : Terra Nullius
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Septembre 2015


Le premier tome de « Narcisse » m’avait un peu laissĂ© sur ma fin. MalgrĂ© un dessin de haut niveau, la narration souffrait d’un rythme mal maĂźtrisĂ© et d’une histoire qui ne se lançait vraiment qu’en toute fin d’album. Avec ce deuxiĂšme tome, Chanouga entre dans le cƓur de son ouvrage : l’expĂ©rience d’un naufragĂ© sur une Ăźle de cannibales. Le tout est publiĂ© chez Paquet pour soixante pages.

Narcisse, jeune mousse embarquĂ© pour l’Australie, est Ă©chouĂ© sur une Ăźle oĂč sĂ©vissent des cannibales. Une expĂ©dition cherche Ă  lui venir en aide (et Ă  rĂ©cupĂ©rer leur main d’Ɠuvre chinoise), mais ils le considĂšrent comme mort. Pourtant, Narcisse va survivre et vivre parmi les autochtones pendant de nombreuses annĂ©es.

Une vie parmi les cannibales.

Narcisse2aAprĂšs un premier tome qui s’éternisait sur les premiĂšres expĂ©riences de Narcisse, on entre ici dans le vif du sujet. « Terra Nullius » s’intĂ©resse exclusivement Ă  la vie du jeune homme sur l’üle. Ses dĂ©buts difficiles (et contestĂ©s) parmi la tribu, jusqu’à son dĂ©part. Le lieu unique permet Ă  Chanouga de mieux maĂźtriser sa narration. En cela, la sĂ©rie s’amĂ©liore. Mais on sent l’auteur encore trĂšs attachĂ© Ă  ne relater que les faits dont il a connaissance. L’histoire reste parcellaire et on aborde plusieurs annĂ©es en un seul tome. LĂ  encore, certains Ă©vĂ©nements restent peu traitĂ©s en terme psychologique (on pense notamment au cannibalisme).

L’histoire prend un tour plus spirituel avec ce deuxiĂšme tome. C’est plutĂŽt une rĂ©ussite, Chanouga maĂźtrisant parfaitement ce genre de sujet et le mettant en image avec maestria. Car au-delĂ  de l’esthĂ©tisme des pages de l’auteur, c’est son dĂ©coupage qui est marquant. Ne cherchant jamais la facilitĂ©, il sait produire des planches marquantes.

Difficile de ne pas parler du dessin de Chanouga. Son choix d’absence d’encrage met en valeur son crayonnĂ© (dont on voit les traits de construction). Sa gestion des couleurs et des lumiĂšres est un modĂšle du genre. Son bleu-vert couplĂ© Ă  l’orange des cheveux de Narcisse fait des merveilles. Pleinement Ă  l’aise avec la mer et la vĂ©gĂ©tation luxuriante de l’üle, on ne peut que s’extasier devant son dessin.

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Si les choix de narration et de scĂ©nario restent discutables, ce deuxiĂšme tome est plus rĂ©ussi que le premier. DotĂ© d’une unitĂ© de lieu (Ă  dĂ©faut de temps), on reste un peu Ă©tonnĂ© de voir Narcisse si peu expressif face aux Ă©vĂ©nements. Mais sans doute est-ce aussi l’originalitĂ© de cet ouvrage. Le jeune homme adopte pleinement la vie des autochtones et laisse vĂ©ritablement de cĂŽtĂ© son ancienne vie. C’est cela qui perturbe le lecteur. À voir comment Chanouga clĂŽturera cette sĂ©rie avec le troisiĂšme et dernier tome traitant du retour de Narcisse Ă  la vie occidentale.

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note3

Narcisse, T1 : MĂ©moires d’outre-tombe

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Titre : Narcisse, T1 : MĂ©moires d’outre-tombe
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Avril 2014


J’avais Ă©tĂ© subjuguĂ© par le premier album de Chanouga. Son univers maritime et onirique m’avait beaucoup plus, soutenu par un graphisme personnel parfaitement adaptĂ© au sujet. Il revient cette fois avec une biographie sous forme de sĂ©rie, « Narcisse ». PrĂ©vue en trois tomes de 60 pages, elles font entre l’auteur dans un travail bien plus classique et rĂ©aliste. Le tout est publiĂ© chez Paquet.

Au rayon des constances, Chanouga reste dans l’univers de la mer. Il raconte l’histoire de Narcisse, un jeune garçon qui ressent l’appel de la mer. Contre l’avis de ses parents, il s’embarque comme mousse. Et de bateaux en bateaux, il finit par partir pour l’Australie. Mais c’est un naufrage qui l’attend


Le difficile exercice de la biographie.

Narcisse1aSi la sĂ©rie doit avant tout parler de l’expĂ©rience de naufragĂ© de Narcisse (vu les notes de fin d’ouvrage), ce premier tome s’attarde sur le personnage. Comment en est-il arrivĂ© lĂ , pourquoi veut-il naviguer
 Tout cela est trĂšs classique et, honnĂȘtement, peu passionnant. Tout va trop vite (ou pas assez, c’est selon) et la narration manque de fluiditĂ©. Quand on comprend Ă  la fin du livre qu’on a affaire Ă  une biographie, on comprend mieux le rythme un peu hĂąchĂ© du l’ouvrage. Chanouga manque un peu d’expĂ©rience pour le coup, n’arrivant pas Ă  se dĂ©tacher du sujet pour faire les coupes nĂ©cessaires dans la rĂ©alitĂ© ou, Ă  l’inverse, pour broder et remplir les inconnues.

MalgrĂ© tout, l’histoire touche Ă  la mer et cela ne laisse pas indiffĂ©rent. Narcisse vieillit au long de l’ouvrage, devenant un jeune homme. Si les faits relatĂ©s sont suffisamment classiques, la montĂ©e en tension est rĂ©elle et la derniĂšre partie, concernant le naufrage, ne laisse pas indiffĂ©rent.

En revanche, le dessin de Chanouga, immĂ©diatement reconnaissable, est une pure merveille. MĂȘme s’il est plus puissant dans les reprĂ©sentations abstraites et fantastiques que dans le rĂ©alisme pur, son trait non-encrĂ© est splendide et admirablement mis en couleur (avec un contraste de couleurs froides et chaudes maĂźtrisĂ©). Certaines cases, certaines pages, sont particuliĂšrement marquantes et nous laissent sans voix.

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Ce « Narcisse », bien plus terre-Ă -terre que « De profundis », nous laisse un peu sur notre faim. On a l’impression d’une narration et d’un rythme mal maĂźtrisĂ©. Un peu de concision d’un cĂŽtĂ©, afin de s’attarder sur certains points ailleurs aurait Ă©tĂ© les bienvenus. Reste un graphisme enivrants qui sait nous faire oublier, un peu, ces Ă©cueils.

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note3

Les guerres silencieuses – Jaime Martin

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Titre : Les guerres silencieuses
Scénariste : Jaime Martin
Dessinateur : Jaime Martin
Parution : Août 2013


Jaime Martin reste devant une page blanche. Il n’a aucune idĂ©e de scĂ©nario pour son prochain projet de bande-dessinĂ©e. Et son animositĂ© pour les autres ne l’aide pas. Un repas de famille va le dĂ©bloquer. Alors que son pĂšre ressasse une nouvelle fois son service militaire au Maroc, Jaime Martin en profite pour rĂ©cupĂ©rer les carnets de son gĂ©niteur et de voir s’il y a matiĂšre Ă  faire quelque chose avec. Cela aboutira sur « Les guerres silencieuses », un pavĂ© de 150 pages paru chez Dupuis, dans la collection Aire Libre.

Le livre se situe sur trois niveaux : le service militaire proprement dit, la vie sous la dictature de Franco et l’époque contemporaine, oĂč Jaime Martin se pose des questions sur l’intĂ©rĂȘt du projet. Il aurait Ă©tĂ© dommage de ne pas traiter le quotidien des espagnols des annĂ©es 50/60, car cela se rĂ©vĂšle trĂšs intĂ©ressants, mĂȘme si l’auteur insiste sur les rapports garçon/fille. Comment et pourquoi se marier, sous Franco, c’est assez codifiĂ©.

Une jeunesse pendant le régime franquiste.

LesGuerresSilencieuses1Le cƓur du sujet reste cependant le service militaire. Perdus au Maroc, dans une guerre plus ou moins cachĂ©e par le gouvernement, les jeunes espagnols se retrouvent dĂ©munis en plein dĂ©sert. Outre les habituels brimades et rapports de force, propres Ă  toutes les armĂ©es, c’est ici les problĂšmes d’alimentation qui sont au cƓur du sujet. Mal ravitaillĂ©s, les soldats crĂšvent de faim et toutes les combines sont bonnes pour mieux manger.

Jaime Martin retranscrit admirablement cette ambiance militaire. MĂȘme si c’est dĂ©jĂ  vu, tant au cinĂ©ma qu’en bande-dessinĂ©e, le livre se dĂ©vore et on tremble pour les personnages. Le tout n’est pas idĂ©alisĂ© dans les rapports humains et sonne juste. Cependant, aprĂšs avoir Ă©tĂ© passionnĂ© par le bouquin, le lecteur ne peut s’empĂȘcher d’ĂȘtre frustrĂ© par cette fin abrupte qui apparaĂźt soudain sans crier gare. Et Ă  la fermeture du bouquin, un sentiment d’inachevĂ© persiste. Il est assez clair que Jaime Martin a Ă©crit ce livre avant tout pour lui puisque c’est l’histoire de ses parents qu’il raconte. Les passages contemporains sont, pour nous lecteurs, assez lourds et inutiles. Ainsi, les questionnements de Martin sur l’intĂ©rĂȘt de son livre ne sont pas pertinents. Dans le pire des cas, cela dĂ©prĂ©cie son travail lorsqu’il estime faire un livre de plus sur l’armĂ©e.

Au niveau du dessin, c’est pour moi une rĂ©vĂ©lation. Je ne connaissais pas Jaime Martin et j’aime beaucoup son trait. Il possĂšde un dessin semi-rĂ©aliste trĂšs rĂ©ussi. Les couleurs sont au diapason, proposant trois ambiances comme chaque Ă©poque et lieu traversĂ©s. La narration est fluide et les 150 pages se dĂ©vorent tant on est lancĂ© sur des rails. Du beau travail !

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« Les guerres silencieuses » laisse un goĂ»t d’inachevĂ©. J’étais captivĂ© et impressionnĂ© par ma lecture, mais la fin du livre m’a déçu. Trop abrupte, trop personnelle, elle laisse un peu le lecteur de cĂŽtĂ©. Mais il serait dommage de passer Ă  cĂŽtĂ© de ce livre, qui traite d’une guerre dont personne n’a entendu parler, et d’un rĂ©gime franquiste qui ne laisse nulle place Ă  la romance !

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note4

Dans l’atelier de Fournier – Nicoby & Joub

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Titre : Dans l’atelier de Fournier
Scénario : Joub & Nicoby
Dessin : Nicoby
Parution : Mars 2013


A l’occasion des 75 ans de Spirou, de nombreux livres sortent cette annĂ©e pour tĂ©moigner de cet anniversaire. Ainsi est paru aux Ă©ditions Dupuis (Ă©videmment !) « Dans l’atelier de Fournier » qui raconte la rencontre entre Nicoby, Joub et Fournier. Les deux premiers, fans du troisiĂšme, vont le voir chez lui afin qu’il leur narre son histoire, de ses dĂ©buts laborieux jusqu’aux derniers projets, en passant bien sĂ»r par les annĂ©es Spirou.

Mieux vaut connaĂźtre un minimum l’Ɠuvre de Fournier pour apprĂ©cier pleinement cet ouvrage. Celui qui est connu pour avoir pris « Spirou » Ă  la suite de Franquin a Ă©videmment eu d’autres vies. Cependant, il ne faut pas se limiter qu’à l’auteur breton. Car Ă  travers son histoire, c’est aussi une histoire de la bande-dessinĂ©e qui se dessine. Le rapport entre la publication en magazine et en albums, les festivals, les Ă©diteurs, les collĂšgues
 Fournier a Ă©tĂ© assez rejetĂ© par le milieu pour pouvoir en parler sans concession.

Un témoignage sur le métier de dessinateur.

Le tout passe par l’Ɠil admiratif de Nicoby et Joub. Leur cĂŽtĂ© fan est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage. Connaissant sur le bout des doigts l’Ɠuvre de l’auteur, ils le questionnent sur ses ouvrages les moins connus. Du coup, inutile de chercher une quelconque critique de Fournier, le livre n’est pas lĂ  pour ça.

Quelques documents sont insĂ©rĂ©s au milieu de la conversation (comme des calques de Franquin oĂč il distille des conseils Ă  son protĂ©gĂ©) et Ă  la fin (planches, illustrations, synopsis
). Sous la forme de ce livre, c’est un vrai tĂ©moignage sur le mĂ©tier de dessinateur. L’approche par la discussion entre les personnages est trĂšs dynamique et fluide, si bien que l’on dĂ©vore l’ouvrage sans peine. 

J’aime beaucoup le trait de Nicoby et le fait qu’il dessine cet ouvrage m’a convaincu de l’acquĂ©rir. Ici, il fait mouche une nouvelle fois en dessinant des personnages trĂšs expressifs. Cela donne une vraie convivialitĂ© Ă  l’ensemble. Si bien que nous aussi on a l’impression d’ĂȘtre dans l’atelier de Fournier !

Ce livre est Ă  prendre pour ce qu’il est : un tĂ©moignage sur la carriĂšre de Fournier. Evidemment, ce dernier en sort grandi et dĂ©gage une indĂ©niable sympathie. Mais les critiques sous-jacentes de certaines pratiques dans la bande-dessinĂ©e (d’une Ă©poque du moins, mĂȘme si ça n’a pas du changer tant que ça) donne Ă  l’ouvrage un sujet plus large. Si vous aimez lire sur l’histoire de la bande-dessinĂ©e et sur ses auteurs, « Dans l’atelier de Fournier » est pour vous !

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Note : 14/20

Charly 9 – Richard GuĂ©rineau

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Titre : Charly 9
Scénariste : Richard Guérineau
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Novembre 2013


 Avec « Charly 9 », Jean TeulĂ© a Ă©crit l’un de ses best-sellers. Relatant la culpabilitĂ© de Charles IX aprĂšs avoir ordonnĂ© le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my, il permettait de dĂ©couvrir un roi soumis Ă  sa mĂšre Catherine de MĂ©dicis qui se ne remettra jamais de sa dĂ©cision. Lourde tĂąche donc pour Richard GuĂ©rineau de reprendre le flambeau en adaptant ce livre en bande-dessinĂ©e. Le tout est publiĂ© chez Delcourt dans la collection Mirages pour 128 pages de lecture.

Charly9aLe tout dĂ©marre par une scĂšne qui pose le personnage. AcculĂ© par sa mĂšre, son frĂšre et tous leurs conseillers, Charles IX ordonne le massacre de la Saint BarthĂ©lĂ©my. Mais c’est avant tout pour qu’on le laisse tranquille. Car tout est fait pour le manipuler. D’abord choquĂ© par l’idĂ©e que l’on assassine une personne, la discussion grandit et le nombre de victimes pressenties Ă©galement
 Lui ne veut pas, toute la cour le veut. Mais il est le Roi et il faut sa signature. Il l’appose et le voilĂ  condamnĂ© Ă  la culpabilitĂ©.

Des anecdotes à la pelle pour une seule année.

Le livre est construit selon des chapitres qui montrent le Roi peu Ă  peu sombrer dans la folie. MĂȘme si l’ensemble manque un peu de fluiditĂ©, la pertinence est Ă©vidente. Car ce sont les anecdotes qui montrent Charles IX devenir fou et malade. Richard GuĂ©rineau va Ă  l’essentiel et malgrĂ© les 128 pages, on ne s’ennuie Ă  aucun moment. Chaque planche est nĂ©cessaire. On retrouve aussi le sel de l’ouvrage de TeulĂ© avec beaucoup d’anecdotes historiques Ă  ressortir en soirĂ©e : l’origine du 1er avril et du 1er mai par exemple sont un dĂ©lice.

Charly9bAu-delĂ  de l’anecdote, le livre propose une galerie de personnages des plus connus. Outre la cour royale (Catherine de MĂ©dicis, la future reine Margot, Charles IX
), on retrouve des artistes (Ronsard) ou des personnalitĂ©s autres (Ambroise ParĂ©). Il n’en est pas trop fait lĂ -dessus. Cela permet surtout de voir quels liens avaient ces personnes avec le Roi. Plus Ă©tonnant, le langage parlĂ© par les personnages est Ă  la fois modernisĂ© et conservĂ© comme Ă  l’époque. Le tout est pourtant trĂšs fluide et agrĂ©able.

Concernant le dessin, c’est peu de dire que le trait de Richard GuĂ©rineau m’a sĂ©duit dans cet ouvrage. Je l’avais connu dans un registre plus rĂ©aliste et son passage Ă  un dessin plus caricatural est une vraie rĂ©ussite. Les gueules sont expressives, les dĂ©cors nous replongent dans la France d’antan et les choix graphiques sont pertinents. On a mĂȘme droit Ă  un hommage Ă  « Johan et Pirlouit » de Peyo ou Ă  « Lucky Luke » de Morris
 MalgrĂ© tout, les changements de style (notamment dans la colorisation) sont un peu perturbants. S’ils sont parfois parfaitement cohĂ©rents (comme pour la scĂšne finale), d’autres sont moins clairs dans leur intention. Visiblement, Richard GuĂ©rineau avait dĂ©cidĂ© de se faire plaisir ! Mais qu’il nous propose de nouveau des bande-dessinĂ©es rĂ©alisĂ©es dans ce style plus relĂąchĂ©, cela lui va trĂšs bien ! On retrouve cependant un vrai talent dans la mise en scĂšne et le dĂ©coupage. On sent qu’il y a du mĂ©tier derriĂšre !

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« Charly 9 » est une belle adaptation. Reprenant trĂšs bien le principe des Ɠuvres de Jean TeulĂ©, le lecteur restera difficilement indiffĂ©rent au cynisme et Ă  la violence de l’ensemble. Et bien que Charles IX nous paraisse torturĂ© et plus de culpabilitĂ©, il est aussi complĂštement inconscient et devient fou. Richard GuĂ©rineau parvient Ă  nous dresser le portrait complet d’un homme qui mourra de culpabilitĂ©. Et pourtant, on ne ressent pas forcĂ©ment d’empathie pour le personnage.

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Note : 15/20