Le sculpteur – Scott Mc Cloud

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Titre : Le sculpteur
Scénariste : Scott Mc Cloud
Dessinateur : Scott Mc Cloud
Parution : Mars 2015


Scott Mc Cloud est une personnalité majeure dans la bande-dessinée. Il a participé activement à la théorisation de cet art avec « L’art invisible ». Et s’il a milité pour la révolution numérique avec « Réinventer la bande-dessinée », c’est bien avec un pavé de 500 pages (paru chez Rue de Sèvres) qu’il revient à la fiction, quinze ans après !

Pour son retour, l’auteur reprend le mythe de Faust. David est en train de rater sa carrière de sculpteur, car son mécène qui l’a porté l’a ensuite lâché et détruit. Il n’a donc pas d’argent, (presque) pas d’ami, pas de famille… Il accepte alors un pacte lui permettant de modeler à sa guise les matériaux, mais sa durée de vie se retrouve du jour au lendemain très limité…

Une réflexion sur le succès.

LeSculpteur1Revisiter un mythe, c’est lui apporter quelque chose. Scott Mc Cloud tente de le moderniser en le situant dans le milieu d’art New-Yorkais. De ce milieu, on ne visitera qu’une seule galerie et le MOMA, dont on ne verra pas grand-chose. La réflexion porte avant tout sur le succès plus que sur l’Art en tant que tel. Ainsi la problématique est : le talent brut (sculpter avec maestria) suffit-il ? Quid des idées ? Des coucheries ? Des copinages ? Des critiques ? De la chance ? Si Scott Mc Cloud aborde ses questions, il n’apporte finalement pas grand-chose, même si certaines idées sont pertinentes.

Le traitement narratif est en revanche une véritable déception. Les cinq-cents pages de l’ouvrage ne sont absolument pas justifiées. Mc Cloud ajoute une amourette absolument pas crédible (du genre coup de foudre immédiat à sens unique) qui plombe le récit. De même, les discussions entre David et la Mort sont sans intérêt. Le faire devant un jeu d’échec alourdit encore le message.

Mais ce qui pose le plus de problème est certainement le personnage de David en lui-même. Obsédé par l’Art, il perd en empathie. Trop égoïste et obsessionnel (pour l’art ou pour Meg), il a bien du mal à attirer la sympathie. Les personnages trop pleurnichards fatiguent vite le lecteur. Surtout que Meg, présenté comme le pendant optimiste du livre, se révèle aussi dépressive…

Au niveau graphique, le livre est bien plus enthousiasmant. Certains passages sont vraiment inventifs, d’autres explosent de dynamisme… Il y a vraiment de quoi analyser dans ce livre ! Le parti pris de la bichromie (avec du bleu) est pertinent et l’auteur l’utilise pour faire des effets très réussis. L’auteur possède un style oscillant parfois entre les styles comics et manga (pour les personnages notamment). On sent que Scott Mc Cloud a fait des efforts pour sortir de son dessin un peu froid et statique, le résultat est assez réussi. Malgré tout, le dessin reste inégal avec des cases vraiment moins bien dessinées.

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« Le sculpteur » m’a fait le même effet que les ouvrages de Craig Thomson : il y a de très belles idées graphiques et narratives, mais l’histoire se révèle décevante, peuplée de personnages dépressifs. Surtout, la forte pagination paraît inutile, répétant les choses sans vraiment les approfondir. Un ouvrage mi-figue mi-raisin, plein de qualités, mais dont les défauts alourdissent le propos.

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note3

Uchronie(s), New Moscow, T3 – Éric Corbeyran & Nicolas Otéro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T3
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un projet très ambitieux. Il fait exister trois mondes parallèles développées sur trois tomes chacune. Elles se rejoignent dans un épilogue commun concluant ainsi une décalogie à la trame dense et travaillée. La première saga basée sur cette construction s’est terminée il y a quatre ans. Cela a été une agréable surprise de voir que moins de deux ans plus tard, Éric Corbeyran décidait d’offrir une suite à son histoire en accouchant de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ».

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier chapitre de la réalité moscovite. Nicolas Otéro est en charge des dessins de cette partie de l’univers scénaristique édifier par le célèbre auteur bordelais. J’avais été séduit par son trait. Sa personnalité offre une atmosphère unique à la lecture et la dissocie sans mal de ses voisines chinoise et indienne. La parution de cet opus date du mois d’octobre.

Il est évident que découvrir cette aventure par cet album est une cause perdue d’avance. La complexité des liens entre les mondes couplée aux intrigues propres à chacun rend impossible de prendre le triant en route. Chaque nouveau tome nécessite une plongée dans les chapitres précédents.

Des mondes parallèles qui interagissent.

NewMoscow3bLa trame de cette trilogie se construit autour du professeur Paskevitch. Ce scientifique a connu beaucoup de bas auparavant. Il a connu les dures prisons moscovites. L’amélioration de sa situation est due à un marché amoral passé avec l’Impératrice. Il doit travailler sur la matière noire permettant de changer de réalité. Cette recherche a pour objectif d’expédier « ailleurs » les plus grands criminels locaux. Nous suivons donc ici la première expérimentation de condamnation. Elle génère un moment fort de l’histoire.

La série s’inscrit dans une thématique classique de la science-fiction : les mondes parallèles. La recette est classique mais rarement bien exécutée. Le traitement est souvent superficiel et privilégie la forme au fond. Corbeyran est ici ambitieux. Il fait interagir ses différents univers avec finesse. Il ne tombe jamais dans la caricature et n’oublie pas ses concepts narratifs de départ. Cela permet donc aux adeptes du genre de savourer avec délectation cet ouvrage. La tension monte tout au long du défilement des pages.

Le contenu est fourni. Chaque planche a son importance et participe à l’avancée de l’intrigue. Elle éveille notre intérêt jusqu’au dénouement. Ce dernier ouvre une porte intéressante vers l’épilogue à venir. L’un des petits plaisirs de cette saga vient des rencontres entre protagonistes de mondes différents. Elles sont toujours pertinentes et apportent systématiquement leur écot aux événements.

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Pour conclure, ce bouquin confirme la qualité de « New Moscow ». Elle occupe à mes yeux la planche royale dans cette décalogie qui se construit. Néanmoins, je ne peux que vous conseiller de découvrir le cycle original avant de plonger dans celui-ci. Cela vous permettra de ne pas vous perdre dans les nombreux arcanes de cette belle aventure…

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note4

Uchronie(s), New Moscow, T2 – Eric Corbeyran & Nicolas Otéro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux né il y a un petit peu plus de cinq ans. Eric Corbeyran est le scénariste à l’origine de cette saga originale. Elle se décompose en trois trilogies présentant chacune une réalité parallèle de New York. Elles se rejoignaient dans un dixième opus qui concluait une décalogie d’ampleur. J’avais vraiment eu le sentiment d’avoir été conquis par un univers de science-fiction très abouti. J’ai donc été agréablement surpris en découvrant il y un an que l’aventure trouvait une suite à travers la parution de trois nouvelles séries New Beijing, New Moscow et New Delhi.

Les premiers chapitres des trois aventures m’avaient inspiré des sentiments très variés. New Moscow était celle qui m’avait le plus plu. J’avais été séduit par la personnalité graphique offerte par Nicolas Otero. De plus, la trame était dense et apportait un nouvel écot intéressant à la saga. J’étais donc curieux de me plonger dans le deuxième tome de cette nouvelle trilogie. Il est paru chez Glénat le vingt-quatre octobre dernier.

Il est évident qu’il m’apparaît compliqué dans cet album sans avoir quelques prérequis. Il me paraît indispensable d’avoir lu le premier opus et vivement conseillé d’avoir des références ici de la décalogie initiale. Le fondement de l’univers de Corbeyran est qu’un savant nommé Kosinski a inventé la fusion noire. Cette entité permet dans des univers parallèles d’une même réalité. Celle qui abrite l’intrigue nous présente un New York russe. En effet, New Moscow n’est qu’une version de la métropole américaine.

Voyager entre les réalités et trouver la réalité originale

Le dénouement de l’épisode précédent nous apprenait que Zack, fils du savant Kosinski, a un rêve : voyager entre les réalités et trouver la réalité originale. Cette dernière est à l’origine de toutes les autres. Le projet est intéressant et offre un intérêt certain à l’histoire. En effet, j’appréhendais que cette suite ait du mal à relancer une saga qui avait trouvé sa fin. Mais New Moscow est celle qui y arrive le mieux. L’objectif de Zack est bien exploité dans ce tome. J’ai pris plaisir à voir son plan prendre forme. L’aspect scientifique est bien maîtrisé et son dosage est habile. A aucun moment, les dialogues ne présentent de longs monologues magistraux pour expliquer les tenants et les aboutissants. Néanmoins, cela n’empêche la quête d’avancer de manière non négligeable.

Les interactions avec les deux autres réalités restent pour l’instant minimes. D’ailleurs il n’est pas nécessaire d’avoir lu New Beijing ou New Delhi pour tout comprendre. Je suis curieux de voir à quel moment les trois mondes vont réellement influer les uns sur les autres. Le scénario ne propose aucune lourdeur dans le domaine. Aucune immersion d’une réalité dans une autre n’est anecdotique ou gadget. C’est appréciable.

Une des réussites de cet album est de laisser également une place à ses personnages. Je trouve le casting très intéressant. Il offre une réelle diversité de caractère et de profil. De plus, Corbeyran arrive à faire cohabiter bon nombre d’intrigues secondaires avec son fil conducteur central. Je me suis vraiment investi dans ma lecture tant ma curiosité était régulièrement relancé. J’ai pris énormément de plaisir à voir les événements s’enchaîner. L’album est d’une qualité constante et ne souffre d’aucun temps mort. La conséquence est que je suis optimiste quant à la réussite du prochain tome.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album m’a beaucoup plu. J’ai retrouvé le plaisir que j’avais ressenti dans le premier opus. J’ai retrouvé les personnages avec joie. Le talent d’Otero permet de faire naître un véritable univers qui n’a aucun mal à rendre crédible cette grande mégalopole « new moscovite ». New Moscow confirme à mes yeux qu’il s’agit de la meilleure des trilogies « nouvelle génération ». Il ne reste plus qu’à espérer que les deux autres arrivent à se hisser à son niveau. Mais cela est une autre histoire…

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note3

Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas Otéro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures séries que j’ai découvertes lors de la dernière décennie. Elle se construisait à partir de trois trilogies parallèles qui se trouvaient réunies dans un dixième tome. Chaque partie correspondait à une réalité différente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idée était brillante. La réalisation complexe s’est avérée à la hauteur. J’ai néanmoins été surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rédaction de trois nouvelles sagas construites sur le même principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai récemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le début de la seconde citée qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le célèbre scénariste s’est associé au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment à quelle époque on se trouve étant donné le fait que chaque nouvelle histoire présente une réalité parallèle à la nôtre. On prend donc un réel plaisir à errer dans l’université impériale de Saint-Pétersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matière noire qui était au centre de la première décalogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empêche pas de prendre un réel plaisir à voir ces étudiants et professeurs jouer à l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal à s’immerger dans cette uchronie sérieusement construite.

Mais au-delà de sa dimension scientifique, l’intrigue possède de nombreuses zones d’ombre qui suggère bon nombre d’interrogations. Notre curiosité est ainsi en permanence sollicitée. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possède une densité scénaristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir à s’y perdre. J’ai également apprécié de découvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relégués dans cet opus au second rang. Ce n’est pas désagréable parce qu’on a le sentiment de repartir à zéro. Ce sentiment m’avait manqué en lisant « New Beijing ». La dimension « réchauffée » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprécié cet état de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallélisme de chacune en lui offrant sa propre identité graphique. C’est donc Nicolas Otero qui était chargé de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre à la première page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possède suffisamment de caractère qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. Néanmoins, une fois le trait dompté, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir l’univers illustré par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les décors, tout est réussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complète parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris énormément de plaisir à me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvé l’adrénaline qui accompagnait ma découverte de la série initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre à nouveau le goût de l’aventure. J’espère que la suite sera du même acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la même qualité que l’œuvre originale. Ce nouvel album me laisse espérer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espérer que « New Delhi » soit à la hauteur de mes espérances. Mais cela est une autre histoire…

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note4

Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & Thimothée Montaigne

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Titre : Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le Troisième Testament » est, à mes yeux, un monument du neuvième art. Sa dimension ésotérique développée dans cette époque médiévale est envoutante. De plus, la richesse du scénario mis en valeur par un dessin soigné et précis fait que chaque nouvelle lecture de cette série est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche à ce solide chêne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le Troisième Testament – Julius ». Son intrigue était bien antérieure à celle du Comte de Marbourg. Néanmoins, la perspective de découvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indifférent un adepte de l’histoire scénarisée par Xavier Dorison.

Julius4a« Le Troisième Testament… Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatrième de couverture. Ce prophète occupe une place non négligeable dans la tétralogie initiale. Néanmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de manière complètement indépendante. Il n’est pas nécessaire d’avoir suivi les pérégrinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirée par les intrigues mystiques à l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius…

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatrième épisode de la série. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez Glénat en avril dernier. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus précédents sont le fruit du travail de Thimothée Montaigne. Il est évident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient échappé.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long périple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clôt à la fin de l’album précédent. Proche du but, il arrête sa quête et décide de revenir sur ses pas en Judée. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libérer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retourné dans la montagne à la recherche de la révélation…

Une rupture d’atmosphère.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration était assez linéaire. Les embûches se succédaient. Les moments de doute étaient nombreux. Bref, cette aventure était une succession d’épreuves. La construction scénaristique faisait que le lecteur se laissait aisément porté par cette mission. En effet, l’empathie dégagée par cette communauté permettait à la curiosité d’être entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphère. Le héros n’est plus en recherche divine. Il est retombé dans son costume humain. Il mène une guerre. Il est complètement possédé par sa volonté de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un général d’armée. L’évolution est bien montrée. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissé place à une machine à tuer. Je trouve intéressant cette évolution. Elle chamboule la routine agréable dans laquelle le lecteur était blotti. Malgré tout, l’ouvrage en lui-même n’est pas un condensé de rebondissements. Il se décline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins présent dans les planches de ce quatrième tome. Néanmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les dernières pages sont dans ce domaine un modèle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quête prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier épisode est passionnante. Il s’agit d’une belle réussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de Thimothée Montaigne. Il confirme le talent mis en lumière précédemment. Je trouve vraiment remarquable sa capacité à faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les différents plans pour offrir un dynamisme intéressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion très forte du lecteur dans un monde et une époque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sérieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible présence de Julius tant son rôle est le plus intéressant de la saga. En tout cas, la lecture a été suffisamment plaisante pour que je me plonge à nouveau dans la série initiale. Suivre à nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisément l’attente de la parution du « Livre V ».

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note4

Le Troisième Testament, Julius, T3 : La révélation, 2/2 – Alex Alice & Thimothée Montaigne

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Titre : Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisième testament est une série qui a marqué le neuvième art des vingt dernières années. Cette saga ésotérique est un véritable petit bijou d’aventure médiévale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaître dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisième testament, Julius. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice, déjà présent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiés à Thimothée Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son œuvre était son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se déroule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en Judée dans les premières années du premier millénaire que nous découvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisième opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La révélation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatrième de couverture nous présente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui résonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencé un long périple depuis la Judée. Il suit un appel qui résonne en lui et qui mène vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frère du Christ. Sa quête doit le mener vers le Troisième Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagné d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien général romain déchu.
Le premier tome présentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxième marquait le début d’une longue marche qui menait entre autre la petite communauté à découvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son déroulement soit trop linéaire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans réels rebondissements. J’espérais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadé et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premières pages me plongent à nouveau au côté du groupe et de sa quête prophétique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus précédent. La première étape des voyageurs s’avère être le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une végétation maîtrisée à l’esthétique éblouissante. En effet, il s’agit d’une forêt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphère ressemble à celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bédéphiles en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprécie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dégage toujours cette végétation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naîtra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quête. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode précédent, ils étaient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empêché de m’intéresser réellement à eux. Je ressentais peu d’empathie à l’égard de personnes dont la seule qualité était de suivre aveuglément un messie. Mais maintenant, la dimension extrême et compliquée de leur tâche met à l’épreuve leur dévotion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela génère une intensité croissante tout au long de l’album. Le bémol dû à une linéarité excessive qui habitait le deuxième album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en résulte un suspense certain quant à l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communauté. La conclusion de l’album est réussie à ce niveau-là. Elle n’est pas prévisible et a attisé ma curiosité jusqu’à la dernière planche qui présente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome précédent, je suis tombé sous le charme du trait de Thimothée Montaigne. Son style m’a séduit dès la première planche. Le travail est précis et détaillé. Chaque image est travaillée. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est habité d’une profondeur qui a facilité et accéléré mon immersion dans les pas des héros. La première page offre une gestion des lumières qui est un modèle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait à l’extérieur. La pluie, la forêt vierge, la montagne, le désert… Tout est retranscrit avec la même justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus très réussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le précédent. Le scénario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beauté. Les auteurs sont arrivés à maintenir ma curiosité quant au devenir de ses héros. C’est le gage d’une certaine qualité tant bon nombre de séries ont tendance à voir leur intérêt s’étioler après des premiers tomes réussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain épisode. Mais cela est une autre histoire…
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Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2 – Alex Alice & Thimothée Montaigne

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Titre : Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012


Le démarrage du spin-off du « Troisième Testament », nommé « Julius », m’avait à la fois plu et déçu. La comparaison avec la série initiale était à son désavantage, mais la qualité était quand bien même au rendez-vous. Pour ce deuxième tome, intitulé « La révélation – 1/2 » (un diptyque dans une série ?), le dessinateur a déjà changé, Robin Recht laissant la place à Thimothée Montaigne. Ce dernier avait officié dans une série clone du « Troisième Testament »   intitulé « Le cinquième évangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette série que comme initiateur du « concept original ». Bref, j’avoue que je n’étais pas très rassuré quand j’ai ouvert cette bande-dessinée.

La nouvelle série, censée pouvoir être lue sans connaître la série originale (ce que je déconseille fortement), présente l’histoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrétiens, quelques décennies seulement après la venue du Christ. A côté de lui, Julius, un général romain déchu qui le pousse à s’armer et à repousser les Romains de Judée. Hélas pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et décide de partir seul vers l’orient où il sent un appel. Malgré tout, un petit groupe disparate de soldats et théologiens l’accompagnent. Quand à Julius, parfaitement athée, il n’est là que pour pousser le nouveau messie à abandonner sa quête.

« Julius » reprend un peu le principe de la série. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beauté (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (désert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. Après deux tomes, l’histoire n’a pas encore réellement avancé et semble démarrer réellement à la fin de ce deuxième opus où le côté épique de la saga reprend ses droits.

Du mal à accrocher aux personnages.

Force est de constater que le suspense commence à se faire sentir. La Mort rôde et l’Apocalypse semble se préparer au bout du chemin. Je trouve assez fort que l’on soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la série originelle bien sûr). En cela, les auteurs font bien monter la pression.

Malgré toutes les qualités du scénario, je garde un part de déception que j’ai du mal à écarter. Je pense avoir du mal à accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne m’est absolument pas sympathique. Je pense que c’est là-dessus que j’achoppe vraiment dans cette série. On est très loin de Marbourg et Elisabeth, même la relation entre les deux s’étoffe dans ce tome.

Au niveau du dessin, le changement se ressent dès les premières pages. Thimothée Montaigne a un trait plus épais que son prédécesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont très expressifs et leur caractère se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie régulièrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur n’est pas du tout synonyme de baisse de qualité, même si j’avoue regretter toujours ce genre d’évènement. En tout cas, Montaigne avait déjà prouvé dans « Le cinquième évangile » son talent, il le confirme ici.

Au final, cette « Révélation 1/2 » continue sur la lancée du premier tome. La fin relance le suspense et l’intérêt. Si bien que l’on n’attend qu’une chose : que cette révélation nous arrive enfin dans les mains !

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note4

Le Troisième Testament, Julius, T1 : Livre I – Alex Alice, Xavier Dorison & Robin Recht

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Titre : Le Troisième Testament, Julius, T1 : Livre I
Scénaristes : Xavier Dorison & Alex Alice
Dessinateur : Robin Recht
Parution : Septembre 2010


Une série à succès est-t-elle condamnée à accoucher d’un spin-off ? Après un succès amplement mérité, « Le Troisième Testament » revient pour un nouveau cycle. Cette série racontait la quête de ce fameux troisième testament qui aurait été caché par un certain Julius de Samarie. Ce nouveau cycle doit donc nous raconter comment Julius s’est retrouvé avec ce présent divin et quelle a été son histoire. Quelques changements sont à prévoir cependant dans l’équipe : Xavier Dorison prend de la distance sur la série et Robin Recht prend les rênes au dessin à la place d’Alex Alice qui reste au scénario, au storyboard et… à la couverture.

Une quête de rédemption.

Grosse appréhension pour le lecteur fan de la série originelle que je suis. Mais « Julius » doit être pris avant tout comme une histoire à part. En effet, la période historique n’est pas du tout la même (l’Antiquité contre le Moyen-Âge), ainsi que le lieu (le Proche-Orient contre l’Europe). Julius est général romain, porté en triomphe au début de l’ouvrage dont on va assister à la chute brutale et immédiate (tel Conrad). Comme dans la première série, c’est donc une quête de rédemption à laquelle on va avoir affaire. Ainsi, Julius est cruel, ambitieux, cupide et athée. Son contact avec un rabbin juif/chrétien va bouleverser sa vision des choses et l’amener à s’humaniser. Ceux qui connaissent le contenu des fameux rouleaux du voyage de Julius de Samarie savent déjà comment l’histoire se terminera…

Il faut bien avouer que les 80 pages de l’ouvrage se lisent d’une traite. 60 ans après la venue du Christ, les Chrétiens font peur à Julius. Leur secte prône la non-violence et ils sont prêts à mourir pour leur foi. Là où « Le Troisième Testament » montrait un monde obscurantiste, « Julius » montre un monde avant tout spirituel. La mort et la souffrance sont partout. Les Romains font office de bourreaux dont la cruauté est sans limite. L’empire qui traite les autres de barbare semble avoir inversé les rôles.

« Julius » est donc très mystique. Les citations de textes sacrés et de prophètes sont légions. Cela donne un souffle épique à l’histoire. Le tout est renforcé par le dessin de Robin Recht, qui prend la suite d’Alex Alice. Le dessin est fort, détaillé, expressif. Son trait parvient à transcender l’histoire et en cela, c’est une vraie réussite. Les couleurs sont également très réussies. Sur le plan graphique, il n’y a rien à redire, c’est du très beau travail.

Une précision cependant : le service marketing assure que cette série peut être lue indépendamment de la série originelle. Pour moi, ce serait une grave erreur que de le faire.

Le vrai problème de « Julius » est sa comparaison avec le cycle original. Pris indépendamment, c’est une excellente bande-dessinée au scénario fouillé, au souffle épique indéniable et au dessin formidable. Une belle osmose entre tous ces auteurs. A lire à tous les fans d’ésotérisme et de religions naissantes.

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note4

Le combat ordinaire – Laurent Tuel

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Titre : Le combat ordinaire
Réalisateur : Laurent Tuel
Parution : Juillet 2015


« Le combat ordinaire » est une œuvre majeure de ces dernières années. Consacrant Manu Larcenet et inspirant toute une génération de dessinateurs, il est logique qu’elle soit aujourd’hui adaptée du grand écran. Les thématiques de questionnements existentiels sont parfaitement dans l’air du temps. Étant un grand fan de la bande-dessinée, c’est donc avant tout un critique comparative que je vais effectuer. Il m’est impossible de décloisonner le film du livre, surtout que ces derniers sont très proches.

C’est Laurent Tuel qui décide d’adapter le film en confiant le rôle de Marco à Nicolas Duvauchelle. Les trois premiers opus sont utilisés comme base de scénario, le quatrième étant vaguement cité par petits éléments. Ce choix d’adapter trois livres aboutit forcément à des coupes dans l’histoire. Celles-ci sont cohérentes, le réalisateur se concentrant sur les thèmes majeurs des ouvrages, déjà nombreux (la filiation, la guerre d’Algérie, les femmes, les ouvrier, la photographie, etc.).

Une adaptation (trop ?) fidèle.

Si la force de la bande-dessinée résidait dans un équilibre entre les moments graves et les moments d’humour, ce n’est pas le cas du film. Ce dernier se fait sombre et les moments de détente sont quasiment inexistants. Les quelques répliques humoristiques qui persistent sont dites avec gravité par les acteurs. Cela donne un manque de rythme au film. La bande-dessinée gérait parfaitement les cases muettes, donnant beaucoup de force aux silences. Mais évidemment, dans un film, c’est un peu différent. Comme l’action est peu présente, on se retrouve avec des scènes de dialogues pleines de silences. Il faut dire que Laurent Tuel est resté très fidèle à la bande-dessinée. Les textes sont les mêmes la plupart du temps, au mot près. Du coup, le fan aura bien du mal à se détacher de la bande-dessinée, tant il a imaginé comment ces textes étaient dits. Et il est clair que certains dialogues fonctionnent moins bien à l’écran que sur la page. Une réécriture n’aurait pas été forcément un problème.

Globalement, ce « Combat Ordinaire » manque de puissance. S’il est indéniablement touchant, il est relativement pauvre en énergie. Les passages où les personnages s’énervent sont fades. Personne ne crie, personne n’hurle, personne ne se bouscule. La violence est ici avant tout intérieure et contenue, et c’est bien dommage. Certaines scènes auraient mérité une intensité plus forte.

Au niveau de la réalisation en tant que telle, c’est assez inégal. Certaines scènes sont magnifiques, d’autres choix (notamment sur les gros plans) sont vraiment discutables.

« Le combat ordinaire » est une film honnête et touchant qui profite d’un scénario aux petits oignons. Peut-être trop fidèle à la bande-dessinée (du moins aux dialogues), Laurent Tuel est quand bien même arrivé à fusionner les trois premiers tomes dans un ensemble cohérent, gardant l’essence de ce qui fait l’œuvre de Larcenet. Un peu de rythme aurait donné un vrai plus au film.

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Templiers, T2 : Le Graal – Jordan Mechner, LuUyen Pham & Alex Puvilland

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Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution : Avril 2014


« Templiers » est un diptyque né des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date d’il y a presque un an. Edité chez Akileos, il s’intitule « Le Graal ». L’histoire se déroule plus près de deux cent cinquante pages. Le format de l’ouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la même que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons à colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupé par une croix rouge brisée symbolisant la chute du célèbre ordre religieux éponyme.

La quatrième de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement le plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Une chasse au trésor captivante.

J’avais été conquis par le début de l’intrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y découvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mésaventures nous lient tout de suite à leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passé du statut de chevalier à celui de hors la loi vagabond. Cette chute était habilement contée dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dénouement avec le projet improbable qu’il partage avec deux compagnons d’infortune : mettre la main sur le légendaire trésor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quête.

Les premières pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratégie. Tout au long de la lecture, j’ai senti monté un suspense fort. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiosité est attisée en permanence. L’envie de faire défiler les pages est puissante. Je suis obligé de me retenir de dévorer les planches pour savourer la richesse de chacune d’entre elles. La construction scénaristique est un modèle du genre. L’aventure est au rendez-vous !

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« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trésor. La qualité d’écriture des différents protagonistes participe au bonheur de la découverte. Les événements ne sont pas prévisibles. La sympathie des héros ne fait qu’accentuer l’inquiétude qu’on ressent à leur égard à chaque étape de leurs pérégrinations. Les auteurs arrivent à greffer toute une série d’intrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de l’aventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir à relire cette histoire et à retrouver les pas de Martin et ses acolytes.

Le travail graphique alimente la qualité de l’ensemble. Le trait possède une belle personnalité. LeUyen Pham offre des décors très réussis. L’immersion dans cette société médiévale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la découverte de cette série. Elle ravira les adeptes d’aventure et d’époque chevaleresque. La légende des Templiers est un support classique de narration épique, elle est ici habilement exploitée. Il ne vous reste plus qu’à rejoindre cette quête mythique…

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