1629… ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta, T1 : L’apothicaire du diable – Première partie


Titre : 1629… ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta, T1 : L’apothicaire du diable – Première partie
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2022


Je ne pouvais pas rester longtemps insensible à la parution d’un album qui était le fruit de la collaboration de Xavier Dorison et de Timothée Montaigne. Je suis admiratif du premier depuis ma lecture il y a une vingtaine d’année de la tétralogie du Troisième testament. Quant au second, c’est par son travail sur Le troisième testament : Julius que je suis tombé sous le charme de son trait. C’est donc avec curiosité et appétit que j’ai débuté la lecture de la première partie de 1629… ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta. La perspective de voir une histoire aussi épique naitre de la plume de ses auteurs n’était pas dénuée d’attraits…

Oppression et crainte se dégagent de chaque page.

Le Jakarta est un navire qui va débuter son périple en partant d’Amsterdam. Sa traversée doit le mener aux Indes avec plus de trois-cents-mille en pièces et bijoux. L’équipage du vaisseau s’avère être un ramassis de brigands issus des bas-fonds de la ville. C’est ce voyage que nous conte cet album. Je dois bien avouer que le quotidien sera bien loin de celui d’une croisière…

Le sentiment d’immersion est particulièrement intense dans cet album. Dès l’arrivée sur le port dans les pas des personnages, je me suis senti envahi par l’humidité, la crasse et le sentiment d’insécurité généré par le Jakarta. Je me dois de féliciter Thimothée Montaigne pour la qualité de son travail graphique pour faire naitre cette oppression et cette crainte qui se dégage de chaque page. Ces sentiments ne vont jamais cesser de s’intensifier au fur et à mesure que le navire va s’éloigner de la terre et toute trace de vie. Le bateau est rapidement perçu comme une prison dont on ne peut s’échapper qui abrite une population qui peut exploser de manière violente et animale à tout moment.

L’histoire est un huis clos. La quasi-totalité de la trame se déroule sur le Jakarta. Le sentiment d’enfermement ressenti est remarquablement prenant. Il sublime l’intrigue et accompagnant chaque scène d’une tension dramatique assez oppressante. Le suspense habite chaque planche et ne sert de croitre au fur et à mesure que les pages défilent. La densité narrative est sublime et fait de cet album un petit bijou scénaristique.

Le plaisir de la narration réside également dans la richesse offerte par la galerie de personnages. Cette dernière propose une variété intéressante. La diversité de statut, d’origine sociale, de parcours de vie ou de valeurs des protagonistes génère un équilibre très instable dans la relation des uns avec les autres. J’ai vraiment eu le sentiment que chaque personnage pèse ses mots et ses actes ayant conscience que chaque maladresse peut mettre le feu aux poudres et faire tomber cette fragile communauté dans une horreur animale dont personne ne sortirait indemne. La qualité d’écriture de chaque membre de cet équipage est splendide. Aucun ne nous indiffère. Aucun ne dégage un sentiment de confiance. Chacun semble posséder un côté obscur qu’il arrive plus ou moins à cacher…

Vous l’aurez compris, je suis tombé sous le charme de cet album. L’histoire, l’atmosphère, les personnages, le scénario… Tout est parfait et captivant. Je ne peux que vous inciter à partir à la rencontre de cette expédition pas comme les autres. Vous n’en sortirez pas indemnes ! Pendant ce temps, je guette avec impatience la parution de la suite…

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