Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard
Scénariste : Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2014


 La publication du premier tome de « Ekhö » avait redonné un peu des lettres de noblesse à Christophe Arleston. Le scénariste, qui s’était essoufflé depuis bien longtemps, avait créé un monde parallèle au nôtre, mais où l’électricité n’existait pas et où les dragons servaient de transport en commun. Aidé par le dessin virtuose d’Alessandro Barbucci, les critiques avaient été très positives (peut-être un peu excessives d’ailleurs). Maintenant que le tome 3 est de sortie, où en est cette série de fantasy si proche de notre propre univers ?

ekho3aA chaque tome sa ville et son intrigue. Après New York et Paris, voilà Hollywood. Malgré tout, mieux vaut avoir lu les précédents tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Mais le parallèle entre les deux univers est surtout construit autour des personnages de Fourmille et Yuri, qui sont obligés de rester groupé après avoir perturbé l’équilibre entre les deux mondes. Force est de constater qu’au troisième tome, ils sont déjà intégré au monde et rien ne semble plus les étonner. Le décalage entre notre univers et celui de fantasy est digéré. Dommage.

Un tome, une ville.

Un peu comme un cheveu sur la soupe, il arrive que Fourmille soit habitée par des fantômes et elle doit résoudre leurs problèmes afin de ne plus être habitée. Quand c’est le cas, sa coiffure change. Ce système est un peu étrange et semble conçu avant tout pour créer des scènes cocasses où Fourmille ne réagit plus normalement, mais comme d’autres personnes, souvent hautes en couleur.

ekho3bLe principe du monde miroir permet à Arleston de s’adonner à son jeu préféré : jouer avec les références. Hélas, tout est très appuyé. Alors que dans les tomes précédents, il détournait certains lieux (le central park sauvage, la tour Eiffel comme palais…), ici on a surtout l’impression de revoir l’histoire entre Marilyn et JFK. Et au final, le fil rouge général disparaît complètement. On n’avance pas du tout sur les mystérieux Preshauns par exemple. Après trois tomes, c’est un peu inquiétant. Arleston a trouvé un bac à sable où il peut donner libre cours à ses envies, mais il manque du coup du fond pour pouvoir nous emballer pleinement. Surtout que l’aspect « fantasy » et monde parallèle est peu fourni dans ce tome, comme si tout avait déjà été épuisé.

Au niveau du dessin, Barbucci fait des merveilles. On sent un dessinateur au sommet de son art, tant dans le dessin des personnages (surtout des femmes !), des décors, du dynamisme, de la mise en scène… Bref, c’est du très lourd. Hélas, sa Marilyn (enfin, Norma Jean) ressemble beaucoup à Fourmille et les changements de coiffure ne rendent pas ça très flagrant. De même, sa propension à tout dessiner pour faire des femmes nues ou des décolletés plongeants en permanence finit par lasser. Mais force est de constater que c’est un formidable dessinateur de pin-ups.

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J’ai été déçu par cet ouvrage. Malgré une belle idée de départ et un dessin de haute volée, difficile de se passionner par cet amoncellement de références sans réelle histoire, ni dans le tome, ni dans la série. Le système « un tome, une ville » semble atteindre ses limites ici. Dommage.

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Note : 10/20

Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2013


Christophe Arleston est un scénariste que j’avais tendance à ignorer ces dernières années. Pourtant, il a accompagné mon adolescence avec Lanfeust de Troy, Les Maîtres Cartographes,Leo Loden ou encore Le chant d’Excalibur. Mais Lanfeust des Etoiles a marqué pour moi la chute du piédestal sur lequel je l’avais placé.  Les albums qu’il a écrits ses dernières années apparaissent bien moins travaillés et chiadés. Il suffit de voir les derniers épisodes de Les Forêts d’Opale ou Les naufragés d’Ythaqpour s’en persuader aisément. Je m’étais quasiment résigné quant au fait de trouver à nouveau la magie qui pouvait naître de l’imagination d’Arleston.

C’est en découvrant par hasard une critique élogieuse sur le premier tome d’une nouvelle série début d’année que j’ai décidé de lui donner une nouvelle chance. Cette saga s’intitulait Ekhö monde miroir. J’avais apprécié le concept et trouvé les personnages très sympathiques. Je n’ai donc pas hésité très longtemps avant de m’offrir le deuxième opus de la série intitulée Paris empire et sorti chez Soleil le treize novembre dernier.

La quatrième de couverture pose les jalons de l’univers de la saga : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais légèrement différents : l’électricité n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du métro sont sur le dos d’étranges mille-pattes… »

Réécrire le monde en répondant aux codes de la fantasy

L’idée est intéressante. Réécrire le monde dans une dimension parallèle répondant aux codes de la fantasy m’attirait. Le premier tome avait été plutôt bon dans le domaine. Ce nouvel épisode est également réussi. Je trouve que le Paris créé par Arleston et mis en image par Barbucci possède une identité propre tout en respectant les codes classiques et touristiques de la capitale française. La tour Eiffel, les bateaux mouche, Notre Dame… Rien n’est négligé. Ce support scénaristique permet à Arleston d’exploiter son sens de la vanne et de la répartie.

L’histoire se construit autour d’un duo de personnages assez réussi. Il s’agit de Fourmille et Yuri transférés de notre réalité à Ekhö au début du premier tome. Leur couple fonctionne bien. Ils ne se supportent pas et pourtant ils ne doivent pas se quitter. Cela donne lieu à des dialogues très drôles et bien écrits. Je regrette d’ailleurs qu’ils soient moins fréquents dans cet album. Les auteurs laissent davantage de place à l’intrigue et à ses rebondissements au détriment du comique construit autour des héros. C’est un choix qui se défend mais je trouve dommage de ne pas plus privilégier l’humour dans un tel univers. Le comique de situation que peut générer le changement de monde est un des arguments de la série. Il ne faut pas le négliger.

L’histoire connaît davantage de rebondissements que dans le premier tome. En effet, les codes sont maintenant connus et les auteurs peuvent nous faire entrer plus rapidement dans l’intrigue. Cette dernière est plutôt bien construite. Il y a de nombreux rebondissements. Certes l’ensemble n’est pas un monument d’originalité et certains moments sont un petit peu brouillons. Néanmoins, la bonne ambiance générale fait occulter sans trop d’efforts ces quelques défauts. L’humeur chaleureuse résulte aussi des dessins de Barbucci dont le trait participe pleinement au plaisir de la lecture. Son style dynamique est à l’origine de la qualité graphique des personnages et des lieux.

Pour conclure, Paris empire est un épisode honnête qui offre une suite honorable au précédent opus. Ekhö ne fera jamais partie des séries cultes du neuvième art mais en gardant cette qualité, chaque nouveau tome sera pour moi l’occasion de passer un agréable moment et ce n’est déjà pas si mal…

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Note : 12/20

Ekhö, monde miroir, T1 : New York – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T1 : New York
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Mars 2013


Ekhö est une série née de la collaboration de Christophe Arleston et d’Alessandro Barbucci. Le premier, scénariste, est le premier auteur dont j’ai été fan. Lanfeust de Troy était vraiment une révélation vécue durant mon adolescence. J’ai également beaucoup aimé des séries comme Le chant d’Excalibur, Léo Lodenou Les Maîtres cartographes. Hélas, sa production très dense a débouché sur une grande baisse de qualité à mes yeux. Cela fait que je m’étais éloigné de ses ouvrages. C’est une critique élogieuse lue dans un magazine qui m’a incité à m’offrir New York, premier opus de cette nouvelle saga. J’espérais que cette nouvelle chance me réconcilierait avec l’écrivain de mes tendres années…

La quatrième de couverture s’avère très pédagogique : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais légèrement différents : l’électricité n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du métro sont sur le dos d’étranges mille-pattes… Mais les plus étonnants sont les Preshauns qui, sous leurs airs de peluches formalistes, semblent tenir les rênes de ce monde… Une étudiante, Fourmille, et Yuri, son voisin de siège dans le 747 qui les amène à New York se trouvent prospulsés sur Ekhö et doivent apprendre à y trouver leur place. Ce qui se complique lorsque Fourmille se retrouve habitée par l’esprit d’une vieille tante morte… »

Un New York au croisement du Moyen-Age et du vingt-et-unième siècle

L’auteur nous annonce « une aventure fantastique, drôle et décalée, qui nous entraîne dans un étrange reflet de notre société ». Le programme est ambitieux mais je ne demandais qu’à partager ce point de vue une fois l’album refermé. Le principe de ces réalités parallèles est souvent usité dans la littérature, la bande dessinée ou le cinéma. Son attrait humoristique réside souvent dans la réinterprétation des codes et des habitudes de notre société dans un contexte légèrement différent. Il s’agit d’un des fondements scénaristiques de Ekhö. Arleston a souvent su jouer avec ce type de détournements dans ses séries précédentes. Il y arrive également ici. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à naviguer dans ce New York au croisement du Moyen-Age et du vingt et unième siècle. L’auteur arrive à rendre crédible et drôle beaucoup de détails par des textes et des anecdotes bien choisis. Le travail graphique de Barbucci met bien l’ensemble en valeur et fait en sorte qu’une vraie bonne humeur se dégage de la lecture.

L’intrigue en elle-même est classique. Des personnages se trouvent projeter dans un monde inconnu dont ils maitrisent très partiellement les us et coutumes. Leur présence n’étant pas aléatoire, ils doivent donc s’adapter à une société nouvelle tout en menant à bien une mission dont ils connaissent bien peu de choses. L’évolution de la trame est assez linéaire. Elle n’est pas particulièrement dense mais est se déroule de manière régulière et solide. L’histoire ne souffre d’aucun temps mort et le dénouement n’est pas particulièrement abracadabrant. Aucune planche n’est inutile ou bâclée. Bref, Ekhö offre une lecture intéressante dont on n’attend la fin avec une réelle curiosité.

La belle réussite de ce tome est la qualité de ces personnages. Graphiquement tout d’abord, ils sont très réussis. Chaque nouveau protagoniste ne nous laisse pas indifférent grâce son apparence créée par le trait de Barbucci. Il possède un style assez réussi qui ravira tous les publics. Ensuite, l’histoire laisse une grande part à ses héros. Que ce soit Fourmille ou Yuri, ils sont très attachants et drôles. Leur binôme fonctionne bien. Ils sont très différents, ne s’apprécient pas mais sont indispensables à l’autre pour s’en sortir. La recette n’est pas originale mais elle est bien exécutée.

En conclusion, Ekhö m’a réconcilié avec le travail d’Arleston. Je n’ai plus besoin de me plonger dans ses vieux albums pour retrouver sa capacité à écrire des histoires dynamiques, drôle et prenantes. Je suis donc curieux de savoir comment évoluera cette série. Restera-t-on dans ce monde miroir ou voyagera-t-on ailleurs ? Les personnages principaux resteront-ils les mêmes ou non ? Pour cela il faut attendre la suite. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 13/20