Titre : Amour austral
Scénariste : Jan Bauer
Dessinateur : Jan Bauer
Parution : Juin 2016
Quand sort en 2016 « Amour austral », je tique un peu. Le pitch ressemble comme deux gouttes d’eau à la bande-dessinée que je suis en train de réaliser. Un homme part marcher seul en randonnée pour se retrouver. Destination ? La rivière salée en plein désert en Australie. Et, comme le titre l’indique, il va y rencontrer quelqu’un… On aurait préféré le titre allemand, « La rivière salée », mais tant pis. Jan Bauer livre là sa première œuvre en bande-dessinée chez Warum, pour 236 pages de marche.
Romance en randonnée
Il n’y a pas beaucoup de suspense dans cet ouvrage. On découvre le personnage marchant seul et cherchant surtout la solitude. Puis il rencontre une jeune française et cherche à se rapprocher d’elle, poussé par ses hormones. Il va se créer un « amour austral » et tout l’enjeu devient de savoir comment finira la randonnée et… finiront-ils ensemble ?
Comme pour de nombreux récits de marcheurs solitaires (on peut penser à « Wild »), le personnage se cherche. Surtout, suite à des événements tragiques dans sa vie, il cherche à se reconstruire. Mais là où « Wild » justement racontait à force de flashbacks le deuil et la descente aux enfers, Jan Bauer l’évoque à peine. L’histoire se concentre sur la rencontre entre les deux personnages. L’avant et l’après n’existent presque pas. Ainsi, « Amour austral » ne porte finalement pas si mal son nom : la romance y est essentielle. Une romance cependant particulière de par le lieu : les deux personnages sont seuls ensembles, dorment dans la même tente et vivent dans une promiscuité qui n’a rien de banal pour un début de relation.
La partie randonnée reste en arrière-plan mais est bien présente. Marcher dans le désert n’est pas anodin. Histoire d’eau, de jerrycan, d’animaux sur le chemin, de campings… Il y a de quoi se mettre sous la dent pour l’amateur de trekking. Cependant, cela reste parfois frustrant, surtout après 236 pages de lecture. Ainsi, la dernière section, sans point d’eau, est à peine évoquée, alors que c’est clairement, pour le randonneur, celle qui doit être la plus passionnante.
J’ai des sentiments très contrastés vis-à-vis du dessin. Il y a une véritable séparation entre celui des personnages et les paysages. Concernant les paysages, ils sont splendides, d’une grande richesse, avec une patte expressionniste qui impressionne, notamment dans les pleines pages. En cela, ils font voyager. On regrettera un peu le choix du noir et blanc (qui s’explique de par la pagination) car on aurait voulu admirer les couleurs de feu du désert. Les personnages sont beaucoup plus simples et peu expressifs avec leurs yeux sous forme de points. Cependant, l’auteur essaie de jouer sur les silences, sur les variations légères d’expressions, mais je n’ai pas été séduit par le trait.
Si on voulait être méchant, on pourrait considérer « Amour austral » comme un simple amour de vacances. Mais de par ce contexte particulier d’une randonnée si exigeante, le livre possède d’autres atouts, graphiques ou narratifs. Mieux vaudra être un peu romantique ou amateur d’histoires impossibles pour bien apprécier l’ouvrage.