Canardo, T20 : Une Bavure Bien Baveuse

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Titre : Canardo, T20 : Une bavure bien baveuse
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : Octobre 2011


Canardo est un de mes hĂ©ros de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©s. Je l’ai dĂ©couvert il y a des annĂ©es dans la bibliothĂšque de mes parents et ai continuĂ© Ă  suivre ses aventures une fois le cocon familial quittĂ©. Chaque nouvelle parution est un Ă©vĂ©nement et je m’empresse bien souvent de complĂ©ter ma collection sans trop tarder. Ce mois-ci est apparue dans les bacs des librairies « Une bavure bien baveuse » Ă©ditĂ© chez Casterman. Pour les non adeptes de cette sĂ©rie, elle est le fruit de l’imagination et du trait de Sokal. Sur la couverture, on dĂ©couvre notre hĂ©ros, de face. Il est avec la clope au bec, le regard inexpressif en train de jouer aux cartes. Au second plan, on dĂ©couvre une ravissante femme au dĂ©colletĂ© qui ne laisse pas indiffĂ©rent.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Canardo est un dĂ©tective privĂ©. Il a les traits d’un canard mais a toute l’apparence d’un Columbo qui abuserait un peu de la bouteille et ne frĂ©quenterait pas rĂ©guliĂšrement la salle de bain. Il a pour habitude de se voir confier des affaires sans grande envergure. Ses enquĂȘtes le mĂšnent souvent dans les bas-fonds de la ville et dans des endroits plutĂŽt glauques.

La disparition de l’inspecteur de police ne fait pas que des malheureux…

Dans cet album, Canardo se voit confier une mission toute particuliĂšre. Le commissaire Garenni, avec trois grammes d’alcool dans le sang, est accusĂ© d’avoir tirĂ© sur un inspecteur de police au cours d’une fusillade. C’est une Ă©norme bavure qui met l’accusĂ© dans de sales draps. Il en est tellement dĂ©sespĂ©rĂ© qu’il fait appel Ă  ce cher Canardo pour connaitre la vĂ©ritĂ© sur cette affaire. Rapidement, notre hĂ©ros se rend compte que la disparition de cet inspecteur de police ne fait pas que des malheureux dans certains milieux obscurs


Cet opus est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dentes aventures de notre canard prĂ©fĂ©rĂ©. L’histoire est indĂ©pendante et ne nĂ©cessite aucun prĂ©requis particulier. La trame utilise les codes du polar noir. L’intrigue et l’atmosphĂšre sont travaillĂ©es. Certains moments sont lĂ©gers, d’autres plus lourds. Les Ă©motions sont variĂ©es. Les plus jeunes lecteurs n’y trouveront pas grand-chose. Par contre, les adeptes de romans policiers et de films Ă  ambiance seront ravis du voyage.

Le scĂ©nario est construit de maniĂšre classique. Les premiĂšres pages posent les jalons. Une bavure policiĂšre lors d’une attaque de banque marque le dĂ©but de notre lecture. On voit poindre l’erreur judiciaire. C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’apparait notre hĂ©ros qui entame son enquĂȘte qui va l’amener Ă  remuer des milieux qui ne demandaient qu’à ĂȘtre oubliĂ©s. La narration ne souffre pas de temps morts. Aucune case n’est inutile. Chacune apporte son information ou son changement d’angle de vue qui attise notre curiositĂ©. Les rebondissements sont frĂ©quents. Ils sont d’ailleurs un peu trop nombreux dans la derniĂšre partie. Il en dĂ©coule un dĂ©nouement que je trouve quelque peu brouillon.

Comme souvent, Sokal nous offre une galerie de personnages variĂ©e. Je passe rapidement sur Canardo qui est fidĂšle Ă  lui-mĂȘme. La moindre des choses qu’on puisse dire est qu’il ne paie pas de mine. L’autre personnage central prend les traits du commissaire Garenni. Ce looser alcoolique attire rapidement notre sympathie. A dĂ©faut d’ĂȘtre un policier ne serait-ce que correct, il ne mĂ©rite pas pour autant d’ĂȘtre un innocent condamnĂ©. La traditionnelle femme fatale de cet album prend les traits de l’inspecteur Manta. Cette mante religieuse ne laisse indiffĂ©rent la gente masculine tout en dĂ©gageant un lĂ©ger sentiment de malaise. A ce trio principal, s’ajoute un bon nombre de malfrats dignes de tout bon film noir. On les trouve dans des bars mal famĂ©s dont j’aurais personnellement du mal Ă  franchir le seuil de la porte.

A mes yeux, le principal attrait de cette sĂ©rie est son atmosphĂšre. Les pages de Sokal dĂ©gagement une ambiance particuliĂšre. Les deux tiers de l’album rĂ©pondent Ă  mes attentes. L’immersion de Canardo dans les arcanes glauques de son enquĂȘte dĂ©gage un vrai quelque chose. Par contre, je trouve la derniĂšre partie de l’histoire plus confuse. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir quelque peu de ma lecture. Je redeviens spectateur de Canardo alors que le dĂ©but me laissait sentir que je lui emboitais le pas. Le cĂŽtĂ© brouillon du dĂ©nouement fait que l’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e est moins intense. C’est dommage. 

CĂŽtĂ© dessins, la qualitĂ© est identique Ă  celle qui accompagnait la lecture des prĂ©cĂ©dents tomes. J’ai donc une nouvelle fois apprĂ©ciĂ© le trait de l’auteur. Le fait que les personnages possĂšdent des traits animaliers est assez rĂ©ussi et participe Ă  l’identification de la sĂ©rie. MalgrĂ© un style simple et facile d’accĂšs, les cases sont fournies et pleines de petits dĂ©tails. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s et cela participe activement Ă  la qualitĂ© de l’ambiance qui transpire des pages.

En conclusion, ma lecture s’est avĂ©rĂ©e agrĂ©able. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle aventure de Canardo. Le seul bĂ©mol, Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, concerne le dĂ©nouement que je trouve trop brouillon. Il y a trop d’évĂ©nements dans les derniĂšres pages. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir un petit peu de l’histoire, la fin arrivant finalement de maniĂšre assez abrupte. Je trouve dommage que la sortie ne soit pas davantage dosĂ©e. Cela aurait fait de cet album un des bons opus de la sĂ©rie tant son thĂšme et son message ne laissent pas indiffĂ©rents


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note3

Canardo, T24 : Mort sur le lac – BenoĂźt Sokal, Hugo Sokal & Pascal Regnauld

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Titre : Canardo, T24 : Mort sur le lac
Scénaristes : Benoßt Sokal & Hugo Sokal
Dessinateur : Pascal Regnauld
Parution : Mars 2015


« Canardo » est un hĂ©ros lĂ©gendaire de la bibliothĂšque de mes parents. Son physique de canard attirait mon regard d’enfant mais la nature du contenu me disait d’attendre d’ĂȘtre plus grand pour en savourer la lecture. Quand j’ai Ă©tĂ© en Ăąge de dĂ©couvrir des enquĂȘtes du palmipĂšde dĂ©tective, j’ai immĂ©diatement succombĂ© aux charmes de l’atmosphĂšre unique et envoutante qui accompagnait le quotidien de ce Columbo aux pieds palmĂ©s. Les annĂ©es sont passĂ©es et je n’ai jamais cessĂ© de guetter chaque nouvelle parution de ses pĂ©rĂ©grinations. Le dernier s’intitule « Mort sur le lac ». La couverture sombre et crasseuse est un petit bijou. EditĂ© chez Casterman, cet ouvrage est l’Ɠuvre conjointe de BenoĂźt et Hugo Sokal pour le scĂ©nario et de Pascal Regnauld pour les dessins.

Une disparue amnésique.

Un dĂ©tective privĂ© vit essentiellement de deux types d’affaire : l’adultĂšre et la recherche de personne disparue. C’est Ă  la seconde thĂ©matique qu’appartient ici la requĂȘte faite Ă  ce cher Canardo. La particularitĂ© de la mission qui lui est confiĂ©e est que la disparue est assise en face de lui et que ce qu’elle souhaite retrouver est sa mĂ©moire


Avant d’entrer de plein pied dans le ressenti de ma lecture, je me dois de prĂ©senter rapidement les caractĂ©ristiques de ce hĂ©ros atypique qu’est Canardo. L’univers anthropomorphiste de la sĂ©rie lui donne les traits d’un canard. Mais le premier contact l’associe immĂ©diatement Ă  Columbo. L’impermĂ©able, le regard peu expressif, la cigarette
 MalgrĂ© son cĂŽtĂ© peu attirant, le lecteur ne peut que tomber sous le charme du personnage.

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Comme souvent ces derniers temps, l’enquĂȘte de Canardo lui fait croiser les hautes sphĂšres du duchĂ© de Belgambourg. Ce dernier se veut ĂȘtre un repĂšre pour fortunĂ© frontalier de la Belgique. Cet album Ă©voque les contrariĂ©tĂ©s ressentis par les dirigeants locaux du fait d’une immigration wallonne incontrĂŽlĂ©e. Les propos tenus par cette Ă©lite mettent mal Ă  l’aise au premier degrĂ© mais font bien rire au second. C’est une des forces de la sĂ©rie : son humour noir. Les auteurs ne se fixent aucune limite dans leurs propos et je les remercie pour cela. La thĂ©matique de la protection des frontiĂšres Ă  tout prix n’échappe pas Ă  cette rĂšgle.

Canardo23bDe son cĂŽtĂ©, Canardo a d’autres soucis. Cette ravissante demoiselle amnĂ©sique lui occupe tout son temps. Elle a Ă©tĂ© retrouvĂ©e au milieu d’un lac par un pĂȘcheur d’anguilles qui depuis l’a recueillie. L’essentiel des Ă©changes entre le palmipĂšde et sa cliente se dĂ©roule donc dans un bouiboui spĂ©cialisĂ© dans la cuisson de l’anguille. Cela permet aux auteurs de crĂ©er quelque chose qu’ils adorent et pour lesquels ils sont particuliĂšrement talentueux : une petite communautĂ© vivant quasiment en autarcie au milieu de nulle part. Chacune de ces immersions dans ces lieux gris oĂč grouille cette faune particuliĂšre est un vĂ©ritable bonheur. Le sĂ©jour chez Harry confirme ce postulat.

Concernant les recherches de Canardo, elles ne sont pas inintĂ©ressantes. Les pistes sont nombreuses. Les liens entre elles sont en train d’apparaĂźtre. La surprise est de voir que le dĂ©nouement n’arrive pas au bout de la quarante-huitiĂšme page. Il faudra attendre la parution du prochain tome pour connaĂźtre le fin mot de l’histoire. Je dois vous avouer que j’ai Ă©tĂ© un petit peu frustrĂ©. Les auteurs m’avaient habituĂ© Ă  offrir un Ă©pilogue Ă  chacun de leurs opus. Ce n’est ici pas le cas. Il faudra faire avec mais je dois dire que je suis un petit peu déçu de cette dĂ©cision scĂ©naristique. Cela explique d’ailleurs que les diffĂ©rentes piĂšces du jeu d’échec narratif mettent plus de temps que d’habitude Ă  se dĂ©placer et Ă  se dĂ©voiler.Canardo23c

« Mort sur le lac » est un bon cru de « Canardo ». Il ne fait pas partie des meilleurs mais est incontestablement bourrĂ© de qualitĂ©s. Le dessin de RĂ©gnauld fait une nouvelle fois mouche pour nous prĂ©senter des personnages hauts en couleurs dans des dĂ©cors qui le sont tout autant. Les couleurs d’Hugo Sokal habillent la lecture d’une atmosphĂšre caractĂ©ristique qui ravira les fidĂšles de la sĂ©rie. Je ne peux donc que conseiller Ă  tout adepte du neuviĂšme art de suivre les pas du cĂ©lĂšbre canard en gabardine. Ceux qui le connaissent dĂ©jĂ  seront ravis de le retrouver. Quant aux autres, la rencontre ne les laissera pas indiffĂ©rents


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note4

Djinn, T12 : Un honneur retrouvĂ© – Jean Dufaux & Ana MirallĂšs

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Titre : Djinn, T12 : Un honneur retrouvé
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : MirallĂšs
Parution : DĂ©cembre 2014


« Djinn » est une sĂ©rie Ă  l’atmosphĂšre particuliĂšre. Elle mĂȘle intrigue politique et Ă©rotisme. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre du cĂ©lĂšbre et efficace Jean Dufaux. Les dessins sont le fruit du travail d’Ana MirallĂšs. Le douziĂšme tome, « Un honneur retrouvĂ© » clĂŽt le cycle indien des aventures de Jade. J’ai cru comprendre qu’il s’agirait Ă©galement du dernier Ă©pisode de la sĂ©rie. Ce dernier opus, Ă©ditĂ© chez Dargaud, date de l’annĂ©e derniĂšre. Sa couverture nous fait dĂ©couvrir l’hĂ©roĂŻne nue. Son corps est maquillĂ© et des bijoux ornent son visage. Elle regarde fixement le lecteur. Pour l’attirer dans ses filets ?

Une fin de cycle décevante.

Djinn12aLa rĂ©volte gronde en Inde. L’occupation anglaise n’est plus acceptĂ©e par le peuple. Radjah Sing est le meneur des rĂ©volutionnaires. Sa fille est promise au maharadjah. Chacun essaie d’avancer ses pions pour mener Ă  bien leurs projets. Mais l’Histoire est peut-ĂȘtre en train de s’écrire dans le Pavillon des Plaisirs. C’est dans ce harem que Jade Ă©duque la promise au souverain aux arts de son corps. Cela lui permettra de dominer son futur mari et de le rallier Ă  son cause et Ă  celle de son pĂšre


Les deux actes prĂ©cĂ©dents avaient fait naĂźtre bon nombre d’intrigues entremĂȘlĂ©es. Les enjeux sont multiples. J’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient dĂ©mĂȘler tout cela en une cinquantaine de pages. Je trouvais la dimension politique intĂ©ressante. Elle dĂ©marquait ce cycle des deux autres. « Le pavillon des plaisirs » avait posĂ© des jalons intĂ©ressants. Par la suite, j’avais trouvĂ© « Une jeunesse Ă©ternelle » plus dĂ©cevant. La place occupĂ©e par Jade Ă©tait Ă©galement originale. Le fait d’assumer que les charmes d’une femme peuvent influencer fortement un homme puissant Ă©tait pertinent. Cela offrait une corde narrative attrayante.

La dimension Ă©rotique de l’intrigue perd tout son intĂ©rĂȘt au fur et Ă  mesure du dĂ©roulement de la trame. Les scĂšnes l’évoquant n’ont plus aucun autre intĂ©rĂȘt que permettre Ă  Ana MirallĂšs de dessiner ces corps en plein Ă©bat. Leur apport Ă  l’histoire est quasiment inexistant. Il est au plus anecdotique. Alors que cet aspect Ă©tait prĂ©sentĂ© comme central au dĂ©but du cycle, il est repoussĂ© Ă  un statut de folklore local. Je trouve cela dommage parce que cela fait disparaĂźtre le ton original de la sĂ©rie.

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Les arcanes politiques sont finalement bien moins mystĂ©rieux et complexes que je l’espĂ©rais. Finalement, le dĂ©nouement de l’histoire est bien complexe et alambiquĂ© que souhaitĂ©. Il s’avĂšre assez linĂ©aire. Il se dĂ©couvre sans rĂ©elle Ă©motion ni attrait. La curiositĂ© est rĂ©duite et n’excĂšde pas la volontĂ© de terminer quelque chose de commencer. La dimension mystique que vit Jade n’a pas d’autre intĂ©rĂȘt que de justifier un lien avec le cycle africain de la saga. Rien de plus. Bref, l’ensemble est moyen et plutĂŽt dĂ©cevant.

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Tyler Cross – Fabien Nury & BrĂŒno

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Titre : Tyler Cross
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : BrĂŒno
Parution : Août 2013


Tyler Cross est, Ă  mes yeux, un des Ă©vĂ©nements de cette annĂ©e bĂ©dĂ©phile. Le simple fait d’ĂȘtre le fruit d’une nouvelle collaboration de Fabien Nury et de BrĂŒno est suffisant pour attirer tout afficionado du neuviĂšme art. Leur prĂ©cĂ©dent travail, Atar Gull ou le destin d’un esclave modĂšle, est un vĂ©ritable bijou. Ce nouvel opus est un grand format Ă©ditĂ© chez Dargaud. Sa couverture fascine. Elle est dĂ©coupĂ©e et nous prĂ©sente un homme un fusil  la main, une voiture qui file dans le dĂ©sert, un inquiĂ©tant serpent et une femme qui crie. Tout cela est accompagnĂ© des mots suivants : « Un jour, Tyler Cross paiera pour ses crimes. En attendant, il en commet d’autres. » Le programme est allĂ©chant


La quatriĂšme de couverture voit un homme marchĂ© dans le dĂ©sert. Le ciel rouge sang dĂ©coupe sa silhouette. Il est accompagnĂ© des mots suivants : « Tyler Cross transporte 17 kilos de came, d’une valeur d’un demi-million Ă  la revente au dĂ©tail. Et il a exactement 21 dollars et 81 cents en poche. Il note l’ironie de la chose et se met en marche. »

Un polar aride…

Cet ouvrage de quatre-vingt-dix pages est un polar aride. Son Ă©poque pourrait ĂȘtre celle des annĂ©es cinquante. Il s’adresse incontestablement aux adeptes du genre. Le propos est dur. Certaines scĂšnes sont rudes. Les lecteurs sensibles Ă  l’immoralitĂ© risquent de vivre quelques moments difficiles. NĂ©anmoins, certaines apprĂ©hensions ne doivent empĂȘcher personne de se plonger dans cette histoire Ă  l’atmosphĂšre envoutante, Ă  l’intrigue dense et aux personnages qui ne laissent pas indiffĂ©rents.

Tyler Cross est avant tout une ambiance. Elle m’a envahi dĂšs que j’ai tenu l’objet dans les mains. La couverture et la quatriĂšme de couverture transpire le thriller noir haut de gamme. Je ressentais quasiment la sueur qui habite les zones dĂ©sertiques du continent amĂ©ricain. DĂšs les premiĂšres pages, le voyage dans cet univers est immĂ©diat et intense. J’ai eu le sentiment d’avoir Ă©tĂ© tirĂ© par le col et plongĂ© au cĂŽtĂ© de ce braqueur au sang froid. Je n’ai pu reprendre mon souffle qu’une fois l’album refermĂ© et posĂ© sur ma table de nuit. L’action se centre autour d’une ville perdue au milieu de nulle part rĂ©gie par une famille tyrannisant la population locale. Le dessin de BrĂŒno gĂ©nĂšre une atmosphĂšre malsaine et oppressante qui m’a procurĂ© un vrai plaisir de lecteur. Je ne vous en dĂ©voilerai pas davantage sur ce plan mais sachez que la tension ne diminue jamais.

Cet univers habite une intrigue haut de gamme. Initialement Tyler est embauchĂ© pour faire foirer un deal de drogue. Il doit rĂ©cupĂ©rer la came. L’opĂ©ration Ă©choue et amĂšne donc Tyler Ă  se retrouver dans un trou du Texas avec la dope et pas un sou en poche. Il n’a plus de voiture et les autochtones n’aiment pas trop les Ă©trangers. Les jalons sont posĂ©s pour un enchainement d’évĂ©nements tous liĂ©s plus ou moins directement au tueur. Je n’ai pas l’intention de vous rĂ©vĂ©ler les nombreux rebondissements qui agrĂ©mentent l’histoire. A la maniĂšre de Tyler, le lecteur n’a jamais le temps de se reposer. A chaque que tout semble s’arranger, un grain de sable enraye la machine fragile qu’est le quotidien de Cross. Le sang, la mort, la drogue, le sexe
 Tous les ingrĂ©dients sont de sortie pour offrir un polar prenant.

Une ambiance ensorcelante et une trame captivante Ă©taient dĂ©jĂ  deux arguments de poids pour vous inciter Ă  dĂ©couvrir Tyler Cross. Mais les Ă©loges ne s’arrĂȘtent pas ici. Le scĂ©nario met en scĂšne une galerie de personnages aux personnalitĂ©s variĂ©es et travaillĂ©es. Tout d’abord le personnage principal est splendide. C’est un braqueur qui tue de sang froid. Il apparaĂźt amoral. Et malgrĂ© cela, il m’a fascinĂ©. A tout moment, j’étais Ă  ses cĂŽtĂ©s souhaitant de tout cƓur qu’il s’en sorte. Le cĂŽtĂ© monolithique du hĂ©ros participe Ă  son aura. Le travail graphique de BrĂŒno fait de chacune de ses apparitions un moment fort. Toutes les rencontres qu’il fait au cours de ses pĂ©rĂ©grinations sont Ă©galement hautes en couleur. Il me semble inutile de vous en faire le listing. Par contre, je peux vous dire que j’ai Ă©tĂ© tour Ă  tour touchĂ©, apeurĂ©, dĂ©goutĂ©. Certains protagonistes m’ont fait pitiĂ© d’autres m’ont fait froid dans le dos. Le spectre des Ă©motions est large et cela rend la lecture particuliĂšrement intense.

Au final, Tyler Cross est le chef d’Ɠuvre que j’espĂ©rai. Le travail d’écriture des dialogues de Nury ajoute la cerise sur un gĂąteau dĂ©jĂ  bien appĂ©tissant. Je ne peux que le conseiller Ă  tous les lecteurs adeptes du genre ou plus gĂ©nĂ©ralement sensibles Ă  l’univers du neuviĂšme art. Vous ne regretterez pas le voyage !

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note5

Pierre Tombal, T31 – Peine de mort – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T31 : Peine de mort
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2015


« Pierre Tombal » est une sĂ©rie qui occupait une place importante dans la bibliothĂšque de mes parents. Cela m’a permis, depuis que je suis en Ăąge de lire, de me plonger dans la vie de ce sympathique fossoyeur. Au fur et Ă  mesure des annĂ©es, les aventures de ce personnage nĂ© de la collaboration de Cauvin et Hardy m’ont toujours fait rire. Cela fait que lorsque j’ai quittĂ© le foyer familial, j’ai continuĂ© Ă  m’offrir chaque nouveau tome. Le dernier en date, trente et uniĂšme du nom, n’a pas Ă©chappĂ© Ă  la rĂšgle. Sa parution date du mois d’avril dernier. Il s’intitule « Peine de mort ». En couverture, on y dĂ©couvre la Mort complĂštement hilare alors que sa faux est couverte de sang. Cela rend Pierre perplexe. Personnellement, cela me donne envie de commencer la lecture au plus vite !

Pour ceux qui n’auraient encore jamais rencontrĂ© Pierre Tombal, je vais rapidement vous le prĂ©senter. Il travaille dans un cimetiĂšre. Chaque nouveau tome nous permet de dĂ©couvrir les aventures vĂ©cues de son quotidien. Le moins que je puisse vous dire est que ce n’est pas une sinĂ©cure ! Nous sommes loin du lieu de recueillement apaisĂ© et calme que nous pouvions imaginer. Nos zygomatiques ne s’en plaindront pas !

Les morts : des locataires comme les autres avec leurs petits soucis…

PierreTombal31a« Pierre Tombal » est une sĂ©rie grand public. Elle s’adresse vraiment Ă  tous les publics. MalgrĂ© le lieu original dans lequel elle se dĂ©roule, elle ravira un grand nombre de lecteurs. La bonne idĂ©e est vraiment de rire la Mort. Le scĂ©nario de Cauvin dĂ©mystifie la grande faucheuse et tout ce qui l’entoure. Je trouve la performance remarquable. Les sagas construites autour d’un corps de mĂ©tier sont nombreuses : les profs, les pompiers, les psys, les policiers
 Tous ont leur bande dessinĂ©e. Je dois vous dire qu’elles me paraissent moins avant-gardistes que celle qui traite d’un fossoyeur ! Comme beaucoup d’Ɠuvres de Cauvin, l’album se compose d’une succession de gags s’étalant chacun sur une Ă  trois pages.

Pierre Tombal est prĂ©sent sur chaque planche mais il n’est pas le personnage central de chaque histoire. Les protagonistes sont nombreux. Nous rencontrons bon nombre de visiteurs venus se recueillir sur la tombe d’un proche. Nous croisons Ă©galement des collĂšgues de Pierre qui permet de faire vivre la concurrence dans le milieu. Evidemment, les auteurs n’hĂ©sitent pas Ă  faire parler les morts qui nous font alors part de tous leurs soucis de locataire du cimetiĂšre. Enfin, Hardy et Cauvin matĂ©rialisent la Mort et la Vie. Tout ce petit monde cohabite et permet d’offrir une large palette de gammes humoristiques.

PierreTombal31bCette grande variĂ©tĂ© d’intervenants permet une diversification intĂ©ressante des gags. Les disputes entre la Vie et la Mort, les problĂšmes pratiques de Pierre dans son mĂ©tier, la fascination des humains pour la Mort, les soucis de ses « locataires », l’originalitĂ© de certains passages de vie Ă  trĂ©pas
 Les idĂ©es ne manquent et sont exploitĂ©es avec talent. Cela fait que la lecture ne souffre d’aucun temps mort. Aucune planche n’est moyenne. Cauvin, aprĂšs toutes ses annĂ©es, fait toujours preuve d’une grande imagination. La nouveautĂ© prend les jolis traits et les ravissantes courbes de la cousine de Pierre qui a dĂ©cidĂ© elle-aussi de se lancer dans le mĂ©tier. Je vous laisserai la dĂ©couvrir. Je peux nĂ©anmoins vous que son personnage peut avoir un potentiel intĂ©ressant car elle jour sur le glamour, thĂ©matique peu utilisĂ©e jusqu’alors.

Au final, « Peine de mort » est un excellent cru. J’ai bien rigolĂ© du dĂ©but Ă  a la fin. La densitĂ© et la variĂ©tĂ© des gags est importante et ravira les adeptes de ce type d’humour. J’ai Ă©galement retrouvĂ© avec beaucoup de plaisir le trait de Marc Hardy dont j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment le style. IL permet Ă  cette sĂ©rie de se dĂ©marquer graphiquement de ses acolytes. Bref, je vous conseille de vous y plonger si vous souhaitez vous divertir et muscler vos zygomatiques. Vous ne serez pas déçu


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Pierre Tombal, T28 : L’amour est dans le cimetiĂšre – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T28 : L’amour est dans le cimetiĂšre
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2012


Il y a quelques semaines je me suis offert le vingt-huitiĂšme des aventures de « Pierre Tombal ». Il s’agit du dernier opus des aventures du plus cĂ©lĂšbre fossoyeur apparu dans les rayons des librairies. J’ai dĂ©couvert cette sĂ©rie il y a une vingtaine d’annĂ©es quand certains de ses albums se trouvaient dans la bibliothĂšque de mes parents. J’ai toujours pris plaisir Ă  m’y plonger et me suis donc fait ce petit plaisir de dĂ©couvrir de nouvelles anecdotes se dĂ©roulant dans le cimetiĂšre de ce cher Pierre. Cauvin s’occupe toujours du scĂ©nario et Hardy des dessins. EditĂ© chez Dupuis, cet ouvrage coĂ»te environ onze euros et se compose de presque cinquante pages.

Pierre Tombal est fossoyeur. Il travaille donc dans un cimetiĂšre et nous fait partager son quotidien. On y suit les enterrements, l’entretien des tombes ou les visites des proches venus se recueillir. Mais cet album possĂšde deux stars qui prennent le premier rĂŽle aux vivants : la Mort et Ă  la Vie. Ces deux-lĂ  ont Ă©videmment bien du mal Ă  s’entendre particuliĂšrement dans tel lieu qui marque le passage de l’une Ă  l’autre


Une thématique des plus originales.

Comme je le signalais en introduction, cela fait trĂšs longtemps que je suis le quotidien de Pierre Tombal. La thĂ©matique de cette sĂ©rie est quand mĂȘme originale. Alors que les sagas centrĂ©es sur un mĂ©tier poussent comme des champignons dans le neuviĂšme art, Cauvin Ă©tait assez avant-gardiste avec « Pierre Tombal » ou « Les femmes en blanc ». Mais au-delĂ  de ce cĂŽtĂ© historique, le choix du mĂ©tier de gardien de cimetiĂšre Ă©tait loin d’ĂȘtre Ă©vident. On y a associe le deuil, la tristesse, le noir, le silence ou l’angoisse. Et pourtant, cette sĂ©rie est Ă  l’opposĂ© de tout cela. Et ça commence Ă  durer !

Le bouquin se dĂ©compose en plusieurs gags. Dans la majoritĂ© des cas, ils se composent d’une seule page. Certains en nĂ©cessitent deux ou trois. Ce format fait que cet album peut se feuilleter Ă  tout moment. On n’est pas obligĂ© de tout lire d’une traite. On peut s’offrir cinq minutes de rigolade Ă  tout moment. La quasi-totalitĂ© des histoires se dĂ©roulent dans le cimetiĂšre. Il y a deux schĂ©mas narratifs principaux. Le premier voit Pierre Tombal vivre une anecdote du quotidien. On le voit donc gĂ©rer une situation surprenante, originale et parfois ubuesque. La seconde voie scĂ©naristique voit Pierre conter une histoire qui a dĂ©jĂ  eu lieu Ă  une tierce personne et au lecteur en parallĂšle. Le ton ressemble davantage Ă  une fable qu’on raconterait Ă  un enfant. NĂ©anmoins, ces deux optiques utilisent les mĂȘmes ingrĂ©dients. Une situation nous est prĂ©sentĂ©e au dĂ©but sans qu’on sache rĂ©ellement comment elle doit Ă©voluer. On suit son avancĂ©e pour aboutir Ă  dĂ©nouement surprenant et souvent drĂŽle. La recette est plus que classique. NĂ©anmoins, quand elle est bien exĂ©cutĂ©e, elle est redoutable d’efficacitĂ©.

Lors des premiers tomes de la sĂ©rie, l’essentiel des albums se concentrait sur le monde des vivants. On dĂ©couvrait les soucis du quotidien de Pierre. On rigolait de sa concurrence avec son collĂšgue du crĂ©matorium et avec celui qui organisait les immersions. Au fur et Ă  mesure que la sĂ©rie se dĂ©veloppait, il faisait parler les morts. On commençait donc Ă  voir le cimetiĂšre comme une immense rĂ©sidence dont Pierre Tombal Ă©tait le gestionnaire et les personnes dĂ©cĂ©dĂ©es les locataires. Cette idĂ©e a donnĂ© une ampleur humoristique Ă©norme Ă  mes yeux. Ensuite, au bout d’un moment, la Mort s’est matĂ©rialisĂ©e. Elle offre Ă  son tour une autre corde Ă  l’arc du scĂ©nariste. Voir cette derniĂšre faire son boulot comme n’importe quel employĂ© est drĂŽle. Elle possĂšde des Ă©tats d’ñmes et s’avĂšre de temps Ă  autre maladroite. Bref, elle est bien plus humaine qu’on pouvait le penser. Puis c’est adjoint la Vie qui prend les traits d’une petite fille qui sautille en permanence. Elle est Ă©videmment l’ennemie intime de la Mort. C’est cette derniĂšre recette qui est particuliĂšrement exploitĂ©e dans « L’amour est dans le cimetiĂšre ». Elle est souvent utilisĂ©e Ă  bon escient. L’imagination de Cauvin fait souvent mouche. NĂ©anmoins, je regretterais presque que le scĂ©nariste mette de cĂŽtĂ© les autres aspects de son univers. En effet, la diversitĂ© des gags fait partie de la rĂ©ussite de cette sĂ©rie. C’est dommage.

Concernant les dessins, le trait est reconnaissable. Pierre Tombal a subi relativement peu d’évolution Ă  ce niveau-lĂ  depuis sa naissance. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able car cette dimension graphique fait partie intĂ©grante de l’univers de « Pierre Tombal ». MalgrĂ© un aspect assez brouillon, le style de Hardy s’avĂšre dynamique. Les personnages ne sont jamais statiques et sont particuliĂšrement expressifs. Les personnages masculins ont parfois des visages « cartoonesques » alors que les femmes sont  plutĂŽt classiques. Cet aspect excessif participe Ă  la bonne humeur qui se dĂ©gage de cet album.

En conclusion, je n’ai pas regrettĂ© de m’ĂȘtre procurĂ© « L’amour est dans le cimetiĂšre ». J’y ai trouvĂ© tout ce que j’étais venu y chercher. La qualitĂ© est la mĂȘme que dans les premiers tomes. Ce n’est pas toujours le cas dans ces sĂ©ries au long cours et je tenais Ă  le signaler. Je pense mĂȘme que je craquerai pour le vingt-neuviĂšme opus dĂšs son apparition dans les bacs. Mais cela est une autre histoire
 

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note3

Pierre Tombal, T29 – Des os et des bas – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T29 : Des os et des bas
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2013


Le cinq avril dernier est apparu dans les librairies le nouvel opus des aventures de Pierre Tombal. Il s’intitule « Des os et des bas » et est le vingt-neuviĂšme acte des pĂ©rĂ©grinations du cĂ©lĂšbre fossoyeur. L’album se distingue des autres par un cahier graphique de seize pages offerts. Ce dernier marque les trente ans de la sĂ©rie. On dĂ©couvre d’ailleurs sur la couverture notre hĂ©ros, une coupe de champagne Ă  la main, s’appuyait sur une immense pile de bouquins. Toujours Ă©ditĂ© chez Dupuis, ce tome est toujours scĂ©narisĂ© par Raoul Cauvin et dessinĂ© par Marc Hardy. Les couleurs ont Ă©tĂ© confiĂ©s Ă  Studio Cerise.

Je vais commencer par présenter ce cher Pierre Tombal pour les lecteurs qui ne le connaßtrait pas encore. Il est le plus célÚbre fossoyeur du neuviÚme art. Cela fait trente que les bédéphiles suivent les aventures se déroulant dans son cimetiÚre. On y cÎtoie les vivants, les morts, la Vie, la Mort et tout ce petit monde cohabite pour le plaisir de nos muscles zygomatiques


Les auteurs arrivent encore Ă  nous surprendre et Ă  nous faire sourire.

Les auteurs n’ont jamais cherchĂ© Ă  modifier la construction de leurs productions. Les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements vĂ©cus par le hĂ©ros nous sont contĂ©s sur un petit nombre de pages. Entre une et quatre pages sont suffisantes pour faire naĂźtre, Ă©voluer et conclure chaque gag. Le changement n’existe pas dans la forme narrative. Mais cela n’a pas empĂȘchĂ© l’univers de la sĂ©rie de se dĂ©velopper. Dans les premiers opus, les morts Ă©taient Ă©voquĂ©s mais ne s’exprimaient pas. En faisant parler les fantĂŽmes et les squelettes par la suite, Cauvin offre une nouvelle corde Ă  son arc. De plus, l’apparition par la suite de la Mort en tant que personne densifie la variĂ©tĂ© des histoires. Logiquement la Vie la rejoignit et l’aida ainsi Ă  former ainsi un duo haut en couleur.

MalgrĂ© le fait que « Des os et des bas » soit le vingt-neuviĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie, les auteurs arrivent encore Ă  nous surprendre et Ă  nous faire sourire. En crĂ©ant de nouveaux personnages, de nouveaux enjeux ou de nouvelles thĂ©matiques, ils relancent en permanence le quotidien de Pierre Tombal. Finalement, seule l’unitĂ© de lieu perdure. En effet, une immense majoritĂ© des gags se dĂ©roulent dans un cimetiĂšre. Certes, certaines planches ressemblent Ă  des plus anciennes ou certaines astuces sont prĂ©visibles. NĂ©anmoins, l’ensemble reste sympathique. Les albums se sont diluĂ©s par rapport aux premiers de la saga. C’est apprĂ©ciable. A l’opposĂ© des sĂ©ries comme « Les Bidochon » n’ont pas gardĂ© la densitĂ© des premiers opus.

Les dessins sont d’un style assez unique. Beaucoup de sĂ©ries de ce genre comme « Les femmes en blanc » ou « Les Profs » sont construites sur des illustrations appliquĂ©es mais relativement neutres en termes d’identitĂ©. Ce n’est absolument pas le cas de « Pierre Tombal ». Le style de Hardy est moins « familial ». Je me rappelle que lorsque j’ai dĂ©couvert la sĂ©rie enfant, j’avais Ă©tĂ© gĂȘnĂ© par le dessin qui se dĂ©marquait Ă©normĂ©ment de mes habitudes. Mais rapidement j’ai apprĂ©ciĂ© ce trait qui participe au final activement Ă  l’originalitĂ© de la sĂ©rie.

En conclusion, « Des os et des bas » est un cru honnĂȘte de « Pierre Tombal ». Il est Ă©vident avec les annĂ©es qui passent, on est moins surpris et moins enthousiaste Ă  pĂ©nĂ©trer dans ce fameux cimetiĂšre. La passion n’est plus aussi intense qu’aux dĂ©buts. NĂ©anmoins, le plaisir existe toujours et chaque nouvelle parution est l’occasion de m’immerger dans cette atmosphĂšre que j’associe aux annĂ©es durant lesquelles j’allai farfouiller dans la bibliothĂšque parentale. Et cette sensation vaut largement le dĂ©tour…

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note2

Blake et Mortimer, T23 : Le bĂąton de Plutarque – Yves Sente & AndrĂ© Juillard

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Titre : Blake et Mortimer, T23 : Le bĂąton de Plutarque
Scénariste : Yves Sente
Dessinateur : André Juillard
Parution : DĂ©cembre 2014


« Blake et Mortimer » est une sĂ©rie qui a eu la capacitĂ© Ă  s’offrir plusieurs vies. En effet, depuis le dĂ©cĂšs de son fondateur Edgar P.Jacobs, elle a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  bon nombre d’auteurs qui ont eu pour mission de faire perdurer les aventures des deux cĂ©lĂšbres britanniques. MĂȘme si toutes ses suites ne sont pas de qualitĂ© Ă©quivalente, je dois bien avouer qu’elles sont un hommage certain Ă  cette grande saga. Je prends toujours beaucoup de plaisir Ă  dĂ©couvrir les nouvelles pĂ©rĂ©grinations d’un des duos lĂ©gendaires du neuviĂšme art. Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier Ă©pisode en date intitulĂ© « Le bĂąton de Plutarque ». Il est l’Ɠuvre conjointe d’Yves Sente et d’AndrĂ© Juillard dont c’est la sixiĂšme incursion dans cet univers.

La genùse d’une des aventures les plus mythiques du duo.

BlakeEtMortimer23aL’originalitĂ© et l’attrait de cet album rĂ©sidaient dans l’insertion chronologique de son intrigue dans la grande histoire de Blake et Mortimer. L’action de « Le bĂąton de Plutarque » est antĂ©rieure Ă  celle de mythique trilogie « Le secret de l’Espadon ». Je trouvais ce choix particuliĂšrement audacieux et j’ai curieux de dĂ©couvrir la genĂšse d’une des aventures les plus mythiques du duo. Ce choix scĂ©naristique permet Ă©galement Ă  de nouveaux lecteurs de dĂ©couvrir aisĂ©ment la sĂ©rie Ă  travers cet album. Les prĂ©requis ne sont pas indispensables Ă  la comprĂ©hension globale des enjeux.

« Le bĂąton de Plutarque » se dĂ©roule Ă  quelques mois du dĂ©barquement alliĂ© en Normandie. Cette immersion au beau milieu de la Seconde Guerre Mondiale est intĂ©ressante car elle offre une uchronie originale. Sans ĂȘtre excessive ou maladroite, cette dimension historique apporte un Ă©cot positif Ă  la trame. Le climat de guerre est une chape de plomb qui accompagne toute la lecture. Les menaces constantes sont habilement dĂ©crites par les auteurs et permettent au lecteur de les ressentir constamment. Dans ce domaine, le travail scĂ©naristique est de grande qualitĂ©.

Au-delĂ  de son intĂ©rĂȘt historique, le scĂ©nario n’est pas dĂ©nuĂ© de qualitĂ©. Comme souvent dans la sĂ©rie, l’intrigue est dense. La toile d’araignĂ©e narrative s’étend pendant une grande partie de la lecture. Ce n’est vraiment que sur la fin que les auteurs nous offre un dĂ©nouement clair et une vision globale de l’ensemble. L’enchaĂźnement des Ă©vĂ©nements est bien dosĂ©. Les temps morts sont inexistants et l’intensitĂ© ne fait que croĂźtre au fur et Ă  mesure des pages. Cette plongĂ©e dans les services secrets est prenante. Je m’y suis baignĂ© avec joie.

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La trame fait coexister un grand nombre de protagonistes de tout bord et de tout genre. Leurs intĂ©grations se font naturellement. Ils nous sont rapidement familiers et aucun n’est inutile. Yves Sente domine suffisamment son sujet pour ne jamais perdre son lecteur tout en lui amenant Ă  un rythme soutenu un flux d’informations. Les soixante-quatre planches de l’album sont riches. Je ne doute d’ailleurs pas qu’une deuxiĂšme lecture me permettrait de saisir davantage les dĂ©tails de cette mission aux nombreux arcanes. Le trait d’AndrĂ© Juillard facilite la comprĂ©hension. Il respecte avec talent le style Jacobs tout en veillant Ă  ne pas Ă©garer le lecteur dans un univers trop nĂ©buleux. Du beau travail.

Pour conclure, « Le bĂąton de Plutarque » est un trĂšs bon cru. Il respecte parfaitement les codes de sĂ©rie tout en lui offrant un passĂ© jusqu’alors inconnu. Le plaisir a Ă©tĂ© tel que je n’ai qu’une envie : me replonger dans « Le secret de l’Espadon » !

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note4

Litteul Kevin, T8 – Coyote

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Titre : Litteul Kevin, T8
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : Octobre 2009


« Litteul Kevin » est une de mes sĂ©ries de bandes dessinĂ©es humoristiques prĂ©fĂ©rĂ©es. Chaque fois que je plonge dans la lecture d’un des albums, je ne cesse de rire bien que je les connaisse par cƓur. Il s’agit incontestablement d’un gage de rĂ©ussite. J’ai Ă©galement une tendresse pour son auteur, Coyote dont j’ai eu le plaisir de constater la gentillesse lors d’une rencontre au festival d’AngoulĂȘme. Cela faisait quelques annĂ©es aucun nouvel opus de sa sĂ©rie phare n’était paru. Le manque a Ă©tĂ© comblĂ© avec la sortie du huitiĂšme tome de la saga. EditĂ© chez « Le Lombard », il est vendu au prix de 10,40 euros.

Un grand changement pour la sĂ©rie : l’apparition de la couleur.

Cette sĂ©rie est construite autour du petit Kevin et de sa famille. AgĂ© d’une dizaine d’annĂ©e il est fils unique de ses parents, Chacal et Sophie. Son pĂšre est un biker Ă©mĂ©rite qui passe son temps soit dans son repĂšre avec ses potes soit en bossant dans un service de sĂ©curitĂ©. Son Ă©pouse aux formes gĂ©nĂ©reuses et Ă  la taille de guĂȘpe fait tourner la maison. Elle gĂšre son mari sympathique mais gaffeur et fait en sorte que son fils enthousiaste ne prenne pas son paternel pour modĂšle dans tous les domaines. Evidemment, on rencontre toute une galerie de personnages secondaires : la belle-mĂšre de Chacal, le groupe de copains de Kevin, sa baby-sitter dont il est amoureux et surtout les membres du fameux club du « Sli-Bar ».

L’album est composĂ© d’une dizaine de petites histoires s’étalant sur environ cinq pages chacune. C’est ainsi qu’est construit chaque opus de la saga. L’énorme diffĂ©rence du tome 8 avec les prĂ©cĂ©dents est l’apparition de la couleur. En effet, jusqu’alors les dessins Ă©taient uniquement en noir et blanc. Ce n’est ici pas le cas. Coyote s’est adjoint la compagnie d’un coloriste nommĂ© Mikl. Ca ne gĂąche rien Ă  l’ensemble, cela rend la lecture un petit peu diffĂ©rente. Par contre, je vous rassure l’humour fuse toujours autant. Et il fuse dans de nombreuses directions. D’une part l’humour de situation est prĂ©sent mais d’autres parts les textes sont remarquables. Plusieurs lectures sont nĂ©cessaires pour en retirer toutes les vannes et les jeux de mots. De plus, les personnages font que les thĂšmes sont nombreux. Cela va de la vie de couple des deux parents Ă  l’éducation de leur fils en passant Ă©videmment par les aventures du club des bikers. Tout ce beau monde s’en donne Ă  cƓur joie pour nous chatouiller les zygomatiques.

Sur le plan humoristique, cet album se montre Ă  la hauteur de ses prĂ©dĂ©cesseurs, ce qui est, Ă  mes yeux, une Ă©norme marque de qualitĂ©. Une fois celui-ci terminĂ©, je me suis empressĂ© de me plonger Ă  nouveau dans les autres opus de la saga. Les dessins sont toujours aussi rĂ©ussis. En effet, le style de Coyote m’a conquis pleinement. Le cĂŽtĂ© excessif de certains personnages et de leurs expressions participent activement Ă  la bonne humeur gĂ©nĂ©rale. Je vous assure que c’est le genre de lecture qui vous redonne la patate aprĂšs une journĂ©e difficile ! Je ne peux donc que vous conseiller de dĂ©couvrir cette sĂ©rie. Les albums peuvent se lire indĂ©pendamment les uns des autres. Mais, Ă  mon avis, Ă  peine vous en aurez un entre les mains que l’envie de dĂ©couvrir les autres vous envahira. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agrĂ©able lecture ! 

 

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note3

Litteul Kevin, T10 – Coyote

LitteulKevin10


Titre : Litteul Kevin, T10
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : Octobre 2013


Fin octobre dernier, j’ai eu l’agrĂ©able surprise de dĂ©couvrir qu’un nouveau tome de Litteul Kevin Ă©tait apparu dans les rayons de librairie. Toujours Ă©crit par Coyote, cet ouvrage nous prĂ©sente une couverture fidĂšle Ă  l’esprit de la sĂ©rie. Chacal et sa charmante Ă©pouse sont en trĂšs de faire des grimaces au cĂŽtĂ© de leur grosse moto pendant que leur fils les regarde avec compassion assis sur son casque agrĂ©mentĂ© d’une tĂȘte de mort. Cet opus est Ă©ditĂ© chez Le Lombard et est vendu pour douze euros.

Certains d’entre vous ne sont peut-ĂȘtre pas des familiers de la famille de Kevin. Chacal est un biker dont le boulot est d’ĂȘtre agent de sĂ©curitĂ© avec ses potes du club. Il est mariĂ© Ă  une ravissante femme dont les courbes dĂ©fient les lois de la nature et de la pesanteur. Ce couple de choc est les parents du sympathique Kevin, jeune enfant Ă  la cĂ©lĂšbre coupe au bol.

Le ton se veut lĂ©ger et drĂŽle. La vraie star est Chacal. Il s’agit d’un personnage haut en couleur qui possĂšde une gouaille fascinante. Ses rĂ©pliques cultes associĂ©es Ă  son comportement d’adolescent qui n’a jamais grandi offre de vrais moments de rigolade. Cela fait vingt ans que je guette chacune de ses rĂ©parties pour voir mes muscles zygomatiques ĂȘtre ardemment sollicitĂ©s. Pour vous donner un exemple, vous cite un dialogue entre Chacal et sa belle-mĂšre adorĂ©e : « Vous ĂȘtes sĂ»r qu’ils ne vous ont pas implantĂ© un rĂ©cepteur Rire et Chanson dans le cerveau Ă  votre derniĂšre lobotomie – Et vous, avec toutes ces vannes, c’est Ă©tonnant que vous fassiez autant de rĂ©tention d’eau !!! »

Au milieu d’un groupe de bikers

Comme d’habitude l’album de quarante-cinq pages se dĂ©compose en plusieurs histoires. Il y en a ici sept. Chacun fait entre quatre et huit pages. Comme souvent lors des derniers tomes, il y a ici une thĂ©matique commune Ă  l’ensemble. Ce dixiĂšme opus est centrĂ© sur le mariage de Hulk, meilleur acolyte de Chacal. On suit donc l’enterrement de vie de garçon, des sĂ©ances de sport pour rentrer dans son costume, le repas de mariage, etc. Seule la derniĂšre aventure diffĂšre d’univers en nous plongeant dans les Highlands Ă©cossais. La quatriĂšme Ă©cossais annonçait le voyage en nous prĂ©sentant un Kevin en kilt au visage peinturlurĂ© Ă  la maniĂšre d’un William Wallace dans Braveheart.

Du fait du choix scĂ©naristique, l’essentiel des intrigues se fait au milieu du groupe de bikers. Cela donne donc lieu Ă  beaucoup de vannes entre ces grands enfants. Les voir exploiter un Ă©lectro-simulateur pour se fixer de nouveaux dĂ©fis est trĂšs drĂŽle. Je vous laisse imaginer sur quels endroits ils envisagent rapidement de l’essayer. MalgrĂ© tout, je regrette qu’il n’y ait pas davantage de scĂšnes « at home » de Kevin et ses parents. Cela gĂ©nĂšre des moments trĂšs drĂŽles diffĂ©rents de ceux qui se dĂ©roulent au local. MalgrĂ© tout, cela n’empĂȘche pas Coyote de nous offrir des dialogues bien Ă©crits remplis de jeux de mots. Ils sont mis en valeur par son style graphique trĂšs caractĂ©ristique. Je suis un grand fan de son trait. Les planches sont en noir et blanc. Il offre une galerie de personnages particuliĂšrement rĂ©ussis. Les expressions sont excessives et collent parfaitement au caractĂšre dĂ©lurĂ© des situations. L’auteur confirme que l’univers de sa saga possĂšde encore un bel avenir.

MalgrĂ© tout, cet opus n’est pas mon prĂ©fĂ©rĂ© de la sĂ©rie. Tout au long de ma lecture, je n’ai jamais Ă©tĂ© pris de fous rires comme j’ai pu l’ĂȘtre au cours des Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. J’ai souvent souri. J’ai trouvĂ© les idĂ©es trĂšs drĂŽles et ai pris beaucoup de plaisir Ă  me plonger dans cet univers dĂ©lirant. Mais je pense que mes rĂ©serves rĂ©sultent du fait que la densitĂ© de vannes est moindre qu’à l’habitude. J’ai eu le temps de souffler entre deux rĂ©pliques cultes. D’habitude, Coyote offrait un enchaĂźnement sans temps mort qui Ă  force solliciter les zygomatiques dĂ©clenchait de vrais fous rires.

Pour conclure, ce nouveau tome de Litteul Kevin ravira les adeptes de la sĂ©rie. En effet, c’est toujours un vrai plaisir de retrouver tout ce beau monde qui gravite dans l’univers de Kevin. Le casting est complet. Je ne me lasse pas de leurs aventures, de leurs bĂȘtises de leurs disputes et de leurs rĂ©conciliations. L’empathie que je ressens Ă  l’encontre des protagonistes fait que je n’ai aucun mal Ă  passer sur les quelques bĂ©mols que j’évoquais prĂ©cĂ©demment. Une chose est sĂ»re et certaine, il ne me reste plus qu’à attendre avec une certaine impatience la parution du prochain opus. Mais cela est une autre histoire


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