Titre : Canardo, T20 : Une bavure bien baveuse
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : Octobre 2011
Canardo est un de mes hĂ©ros de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©s. Je lâai dĂ©couvert il y a des annĂ©es dans la bibliothĂšque de mes parents et ai continuĂ© Ă suivre ses aventures une fois le cocon familial quittĂ©. Chaque nouvelle parution est un Ă©vĂ©nement et je mâempresse bien souvent de complĂ©ter ma collection sans trop tarder. Ce mois-ci est apparue dans les bacs des librairies « Une bavure bien baveuse » Ă©ditĂ© chez Casterman. Pour les non adeptes de cette sĂ©rie, elle est le fruit de lâimagination et du trait de Sokal. Sur la couverture, on dĂ©couvre notre hĂ©ros, de face. Il est avec la clope au bec, le regard inexpressif en train de jouer aux cartes. Au second plan, on dĂ©couvre une ravissante femme au dĂ©colletĂ© qui ne laisse pas indiffĂ©rent.
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Canardo est un dĂ©tective privĂ©. Il a les traits dâun canard mais a toute lâapparence dâun Columbo qui abuserait un peu de la bouteille et ne frĂ©quenterait pas rĂ©guliĂšrement la salle de bain. Il a pour habitude de se voir confier des affaires sans grande envergure. Ses enquĂȘtes le mĂšnent souvent dans les bas-fonds de la ville et dans des endroits plutĂŽt glauques.
La disparition de l’inspecteur de police ne fait pas que des malheureux…
Dans cet album, Canardo se voit confier une mission toute particuliĂšre. Le commissaire Garenni, avec trois grammes dâalcool dans le sang, est accusĂ© dâavoir tirĂ© sur un inspecteur de police au cours dâune fusillade. Câest une Ă©norme bavure qui met lâaccusĂ© dans de sales draps. Il en est tellement dĂ©sespĂ©rĂ© quâil fait appel Ă ce cher Canardo pour connaitre la vĂ©ritĂ© sur cette affaire. Rapidement, notre hĂ©ros se rend compte que la disparition de cet inspecteur de police ne fait pas que des malheureux dans certains milieux obscursâŠ
Cet opus est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dentes aventures de notre canard prĂ©fĂ©rĂ©. Lâhistoire est indĂ©pendante et ne nĂ©cessite aucun prĂ©requis particulier. La trame utilise les codes du polar noir. Lâintrigue et lâatmosphĂšre sont travaillĂ©es. Certains moments sont lĂ©gers, dâautres plus lourds. Les Ă©motions sont variĂ©es. Les plus jeunes lecteurs nây trouveront pas grand-chose. Par contre, les adeptes de romans policiers et de films Ă ambiance seront ravis du voyage.
Le scĂ©nario est construit de maniĂšre classique. Les premiĂšres pages posent les jalons. Une bavure policiĂšre lors dâune attaque de banque marque le dĂ©but de notre lecture. On voit poindre lâerreur judiciaire. Câest Ă ce moment-lĂ quâapparait notre hĂ©ros qui entame son enquĂȘte qui va lâamener Ă remuer des milieux qui ne demandaient quâĂ ĂȘtre oubliĂ©s. La narration ne souffre pas de temps morts. Aucune case nâest inutile. Chacune apporte son information ou son changement dâangle de vue qui attise notre curiositĂ©. Les rebondissements sont frĂ©quents. Ils sont dâailleurs un peu trop nombreux dans la derniĂšre partie. Il en dĂ©coule un dĂ©nouement que je trouve quelque peu brouillon.
Comme souvent, Sokal nous offre une galerie de personnages variĂ©e. Je passe rapidement sur Canardo qui est fidĂšle Ă lui-mĂȘme. La moindre des choses quâon puisse dire est quâil ne paie pas de mine. Lâautre personnage central prend les traits du commissaire Garenni. Ce looser alcoolique attire rapidement notre sympathie. A dĂ©faut dâĂȘtre un policier ne serait-ce que correct, il ne mĂ©rite pas pour autant dâĂȘtre un innocent condamnĂ©. La traditionnelle femme fatale de cet album prend les traits de lâinspecteur Manta. Cette mante religieuse ne laisse indiffĂ©rent la gente masculine tout en dĂ©gageant un lĂ©ger sentiment de malaise. A ce trio principal, sâajoute un bon nombre de malfrats dignes de tout bon film noir. On les trouve dans des bars mal famĂ©s dont jâaurais personnellement du mal Ă franchir le seuil de la porte.
A mes yeux, le principal attrait de cette sĂ©rie est son atmosphĂšre. Les pages de Sokal dĂ©gagement une ambiance particuliĂšre. Les deux tiers de lâalbum rĂ©pondent Ă mes attentes. Lâimmersion de Canardo dans les arcanes glauques de son enquĂȘte dĂ©gage un vrai quelque chose. Par contre, je trouve la derniĂšre partie de lâhistoire plus confuse. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir quelque peu de ma lecture. Je redeviens spectateur de Canardo alors que le dĂ©but me laissait sentir que je lui emboitais le pas. Le cĂŽtĂ© brouillon du dĂ©nouement fait que lâatmosphĂšre dĂ©gagĂ©e est moins intense. Câest dommage.Â
CĂŽtĂ© dessins, la qualitĂ© est identique Ă celle qui accompagnait la lecture des prĂ©cĂ©dents tomes. Jâai donc une nouvelle fois apprĂ©ciĂ© le trait de lâauteur. Le fait que les personnages possĂšdent des traits animaliers est assez rĂ©ussi et participe Ă lâidentification de la sĂ©rie. MalgrĂ© un style simple et facile dâaccĂšs, les cases sont fournies et pleines de petits dĂ©tails. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s et cela participe activement Ă la qualitĂ© de lâambiance qui transpire des pages.
En conclusion, ma lecture sâest avĂ©rĂ©e agrĂ©able. Jâai pris beaucoup de plaisir Ă dĂ©couvrir cette nouvelle aventure de Canardo. Le seul bĂ©mol, Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, concerne le dĂ©nouement que je trouve trop brouillon. Il y a trop dâĂ©vĂ©nements dans les derniĂšres pages. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir un petit peu de lâhistoire, la fin arrivant finalement de maniĂšre assez abrupte. Je trouve dommage que la sortie ne soit pas davantage dosĂ©e. Cela aurait fait de cet album un des bons opus de la sĂ©rie tant son thĂšme et son message ne laissent pas indiffĂ©rentsâŠ