Uchronie(s), New Moscow, T2 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux nĂ© il y a un petit peu plus de cinq ans. Eric Corbeyran est le scĂ©nariste Ă  l’origine de cette saga originale. Elle se dĂ©compose en trois trilogies prĂ©sentant chacune une rĂ©alitĂ© parallĂšle de New York. Elles se rejoignaient dans un dixiĂšme opus qui concluait une dĂ©calogie d’ampleur. J’avais vraiment eu le sentiment d’avoir Ă©tĂ© conquis par un univers de science-fiction trĂšs abouti. J’ai donc Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris en dĂ©couvrant il y un an que l’aventure trouvait une suite Ă  travers la parution de trois nouvelles sĂ©ries New Beijing, New Moscow et New Delhi.

Les premiers chapitres des trois aventures m’avaient inspirĂ© des sentiments trĂšs variĂ©s. New Moscow Ă©tait celle qui m’avait le plus plu. J’avais Ă©tĂ© sĂ©duit par la personnalitĂ© graphique offerte par Nicolas Otero. De plus, la trame Ă©tait dense et apportait un nouvel Ă©cot intĂ©ressant Ă  la saga. J’étais donc curieux de me plonger dans le deuxiĂšme tome de cette nouvelle trilogie. Il est paru chez GlĂ©nat le vingt-quatre octobre dernier.

Il est Ă©vident qu’il m’apparaĂźt compliquĂ© dans cet album sans avoir quelques prĂ©requis. Il me paraĂźt indispensable d’avoir lu le premier opus et vivement conseillĂ© d’avoir des rĂ©fĂ©rences ici de la dĂ©calogie initiale. Le fondement de l’univers de Corbeyran est qu’un savant nommĂ© Kosinski a inventĂ© la fusion noire. Cette entitĂ© permet dans des univers parallĂšles d’une mĂȘme rĂ©alitĂ©. Celle qui abrite l’intrigue nous prĂ©sente un New York russe. En effet, New Moscow n’est qu’une version de la mĂ©tropole amĂ©ricaine.

Voyager entre les réalités et trouver la réalité originale

Le dĂ©nouement de l’épisode prĂ©cĂ©dent nous apprenait que Zack, fils du savant Kosinski, a un rĂȘve : voyager entre les rĂ©alitĂ©s et trouver la rĂ©alitĂ© originale. Cette derniĂšre est Ă  l’origine de toutes les autres. Le projet est intĂ©ressant et offre un intĂ©rĂȘt certain Ă  l’histoire. En effet, j’apprĂ©hendais que cette suite ait du mal Ă  relancer une saga qui avait trouvĂ© sa fin. Mais New Moscow est celle qui y arrive le mieux. L’objectif de Zack est bien exploitĂ© dans ce tome. J’ai pris plaisir Ă  voir son plan prendre forme. L’aspect scientifique est bien maĂźtrisĂ© et son dosage est habile. A aucun moment, les dialogues ne prĂ©sentent de longs monologues magistraux pour expliquer les tenants et les aboutissants. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche la quĂȘte d’avancer de maniĂšre non nĂ©gligeable.

Les interactions avec les deux autres rĂ©alitĂ©s restent pour l’instant minimes. D’ailleurs il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir lu New Beijing ou New Delhi pour tout comprendre. Je suis curieux de voir Ă  quel moment les trois mondes vont rĂ©ellement influer les uns sur les autres. Le scĂ©nario ne propose aucune lourdeur dans le domaine. Aucune immersion d’une rĂ©alitĂ© dans une autre n’est anecdotique ou gadget. C’est apprĂ©ciable.

Une des rĂ©ussites de cet album est de laisser Ă©galement une place Ă  ses personnages. Je trouve le casting trĂšs intĂ©ressant. Il offre une rĂ©elle diversitĂ© de caractĂšre et de profil. De plus, Corbeyran arrive Ă  faire cohabiter bon nombre d’intrigues secondaires avec son fil conducteur central. Je me suis vraiment investi dans ma lecture tant ma curiositĂ© Ă©tait rĂ©guliĂšrement relancĂ©. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  voir les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźner. L’album est d’une qualitĂ© constante et ne souffre d’aucun temps mort. La consĂ©quence est que je suis optimiste quant Ă  la rĂ©ussite du prochain tome.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album m’a beaucoup plu. J’ai retrouvĂ© le plaisir que j’avais ressenti dans le premier opus. J’ai retrouvĂ© les personnages avec joie. Le talent d’Otero permet de faire naĂźtre un vĂ©ritable univers qui n’a aucun mal Ă  rendre crĂ©dible cette grande mĂ©galopole « new moscovite ». New Moscow confirme Ă  mes yeux qu’il s’agit de la meilleure des trilogies « nouvelle gĂ©nĂ©ration ». Il ne reste plus qu’à espĂ©rer que les deux autres arrivent Ă  se hisser Ă  son niveau. Mais cela est une autre histoire


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note3

Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures sĂ©ries que j’ai dĂ©couvertes lors de la derniĂšre dĂ©cennie. Elle se construisait Ă  partir de trois trilogies parallĂšles qui se trouvaient rĂ©unies dans un dixiĂšme tome. Chaque partie correspondait Ă  une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idĂ©e Ă©tait brillante. La rĂ©alisation complexe s’est avĂ©rĂ©e Ă  la hauteur. J’ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rĂ©daction de trois nouvelles sagas construites sur le mĂȘme principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai rĂ©cemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le dĂ©but de la seconde citĂ©e qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le cĂ©lĂšbre scĂ©nariste s’est associĂ© au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment Ă  quelle Ă©poque on se trouve Ă©tant donnĂ© le fait que chaque nouvelle histoire prĂ©sente une rĂ©alitĂ© parallĂšle Ă  la nĂŽtre. On prend donc un rĂ©el plaisir Ă  errer dans l’universitĂ© impĂ©riale de Saint-PĂ©tersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matiĂšre noire qui Ă©tait au centre de la premiĂšre dĂ©calogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empĂȘche pas de prendre un rĂ©el plaisir Ă  voir ces Ă©tudiants et professeurs jouer Ă  l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal Ă  s’immerger dans cette uchronie sĂ©rieusement construite.

Mais au-delĂ  de sa dimension scientifique, l’intrigue possĂšde de nombreuses zones d’ombre qui suggĂšre bon nombre d’interrogations. Notre curiositĂ© est ainsi en permanence sollicitĂ©e. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possĂšde une densitĂ© scĂ©naristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir Ă  s’y perdre. J’ai Ă©galement apprĂ©ciĂ© de dĂ©couvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relĂ©guĂ©s dans cet opus au second rang. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able parce qu’on a le sentiment de repartir Ă  zĂ©ro. Ce sentiment m’avait manquĂ© en lisant « New Beijing ». La dimension « rĂ©chauffĂ©e » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprĂ©ciĂ© cet Ă©tat de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallĂ©lisme de chacune en lui offrant sa propre identitĂ© graphique. C’est donc Nicolas Otero qui Ă©tait chargĂ© de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre Ă  la premiĂšre page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possĂšde suffisamment de caractĂšre qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. NĂ©anmoins, une fois le trait domptĂ©, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir l’univers illustrĂ© par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les dĂ©cors, tout est rĂ©ussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complĂšte parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvĂ© l’adrĂ©naline qui accompagnait ma dĂ©couverte de la sĂ©rie initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre Ă  nouveau le goĂ»t de l’aventure. J’espĂšre que la suite sera du mĂȘme acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la mĂȘme qualitĂ© que l’Ɠuvre originale. Ce nouvel album me laisse espĂ©rer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer que « New Delhi » soit Ă  la hauteur de mes espĂ©rances. Mais cela est une autre histoire


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note4

Le troisiĂšme testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisiÚme testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le TroisiĂšme Testament » est, Ă  mes yeux, un monument du neuviĂšme art. Sa dimension Ă©sotĂ©rique dĂ©veloppĂ©e dans cette Ă©poque mĂ©diĂ©vale est envoutante. De plus, la richesse du scĂ©nario mis en valeur par un dessin soignĂ© et prĂ©cis fait que chaque nouvelle lecture de cette sĂ©rie est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche Ă  ce solide chĂȘne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le TroisiĂšme Testament – Julius ». Son intrigue Ă©tait bien antĂ©rieure Ă  celle du Comte de Marbourg. NĂ©anmoins, la perspective de dĂ©couvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indiffĂ©rent un adepte de l’histoire scĂ©narisĂ©e par Xavier Dorison.

Julius4a« Le TroisiĂšme Testament
 Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatriĂšme de couverture. Ce prophĂšte occupe une place non nĂ©gligeable dans la tĂ©tralogie initiale. NĂ©anmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de maniĂšre complĂštement indĂ©pendante. Il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir suivi les pĂ©rĂ©grinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirĂ©e par les intrigues mystiques Ă  l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius


Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatriĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez GlĂ©nat en avril dernier. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus prĂ©cĂ©dents sont le fruit du travail de ThimothĂ©e Montaigne. Il est Ă©vident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient Ă©chappĂ©.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long pĂ©riple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clĂŽt Ă  la fin de l’album prĂ©cĂ©dent. Proche du but, il arrĂȘte sa quĂȘte et dĂ©cide de revenir sur ses pas en JudĂ©e. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libĂ©rer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retournĂ© dans la montagne Ă  la recherche de la rĂ©vĂ©lation


Une rupture d’atmosphĂšre.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration Ă©tait assez linĂ©aire. Les embĂ»ches se succĂ©daient. Les moments de doute Ă©taient nombreux. Bref, cette aventure Ă©tait une succession d’épreuves. La construction scĂ©naristique faisait que le lecteur se laissait aisĂ©ment portĂ© par cette mission. En effet, l’empathie dĂ©gagĂ©e par cette communautĂ© permettait Ă  la curiositĂ© d’ĂȘtre entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphĂšre. Le hĂ©ros n’est plus en recherche divine. Il est retombĂ© dans son costume humain. Il mĂšne une guerre. Il est complĂštement possĂ©dĂ© par sa volontĂ© de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e. L’évolution est bien montrĂ©e. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissĂ© place Ă  une machine Ă  tuer. Je trouve intĂ©ressant cette Ă©volution. Elle chamboule la routine agrĂ©able dans laquelle le lecteur Ă©tait blotti. MalgrĂ© tout, l’ouvrage en lui-mĂȘme n’est pas un condensĂ© de rebondissements. Il se dĂ©cline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins prĂ©sent dans les planches de ce quatriĂšme tome. NĂ©anmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les derniĂšres pages sont dans ce domaine un modĂšle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quĂȘte prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier Ă©pisode est passionnante. Il s’agit d’une belle rĂ©ussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de ThimothĂ©e Montaigne. Il confirme le talent mis en lumiĂšre prĂ©cĂ©demment. Je trouve vraiment remarquable sa capacitĂ© Ă  faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les diffĂ©rents plans pour offrir un dynamisme intĂ©ressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion trĂšs forte du lecteur dans un monde et une Ă©poque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sĂ©rieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible prĂ©sence de Julius tant son rĂŽle est le plus intĂ©ressant de la saga. En tout cas, la lecture a Ă©tĂ© suffisamment plaisante pour que je me plonge Ă  nouveau dans la sĂ©rie initiale. Suivre Ă  nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisĂ©ment l’attente de la parution du « Livre V ».

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note4

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T3 : La rĂ©vĂ©lation, 2/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisiĂšme testament est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Cette saga Ă©sotĂ©rique est un vĂ©ritable petit bijou d’aventure mĂ©diĂ©vale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agrĂ©able surprise de dĂ©couvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaĂźtre dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisiĂšme testament, Julius. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice, dĂ©jĂ  prĂ©sent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiĂ©s Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son Ɠuvre Ă©tait son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se dĂ©roule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en JudĂ©e dans les premiĂšres annĂ©es du premier millĂ©naire que nous dĂ©couvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisiĂšme opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La rĂ©vĂ©lation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencĂ© un long pĂ©riple depuis la JudĂ©e. Il suit un appel qui rĂ©sonne en lui et qui mĂšne vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frĂšre du Christ. Sa quĂȘte doit le mener vers le TroisiĂšme Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagnĂ© d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu.
Le premier tome prĂ©sentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxiĂšme marquait le dĂ©but d’une longue marche qui menait entre autre la petite communautĂ© Ă  dĂ©couvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son dĂ©roulement soit trop linĂ©aire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans rĂ©els rebondissements. J’espĂ©rais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadĂ© et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premiĂšres pages me plongent Ă  nouveau au cĂŽtĂ© du groupe et de sa quĂȘte prophĂ©tique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus prĂ©cĂ©dent. La premiĂšre Ă©tape des voyageurs s’avĂšre ĂȘtre le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une vĂ©gĂ©tation maĂźtrisĂ©e Ă  l’esthĂ©tique Ă©blouissante. En effet, il s’agit d’une forĂȘt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphĂšre ressemble Ă  celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bĂ©dĂ©philes en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprĂ©cie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dĂ©gage toujours cette vĂ©gĂ©tation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naĂźtra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quĂȘte. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, ils Ă©taient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empĂȘchĂ© de m’intĂ©resser rĂ©ellement Ă  eux. Je ressentais peu d’empathie Ă  l’égard de personnes dont la seule qualitĂ© Ă©tait de suivre aveuglĂ©ment un messie. Mais maintenant, la dimension extrĂȘme et compliquĂ©e de leur tĂąche met Ă  l’épreuve leur dĂ©votion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela gĂ©nĂšre une intensitĂ© croissante tout au long de l’album. Le bĂ©mol dĂ» Ă  une linĂ©aritĂ© excessive qui habitait le deuxiĂšme album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en rĂ©sulte un suspense certain quant Ă  l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communautĂ©. La conclusion de l’album est rĂ©ussie Ă  ce niveau-lĂ . Elle n’est pas prĂ©visible et a attisĂ© ma curiositĂ© jusqu’à la derniĂšre planche qui prĂ©sente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome prĂ©cĂ©dent, je suis tombĂ© sous le charme du trait de ThimothĂ©e Montaigne. Son style m’a sĂ©duit dĂšs la premiĂšre planche. Le travail est prĂ©cis et dĂ©taillĂ©. Chaque image est travaillĂ©e. Que ce soit les personnages ou les dĂ©cors, tout est habitĂ© d’une profondeur qui a facilitĂ© et accĂ©lĂ©rĂ© mon immersion dans les pas des hĂ©ros. La premiĂšre page offre une gestion des lumiĂšres qui est un modĂšle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait Ă  l’extĂ©rieur. La pluie, la forĂȘt vierge, la montagne, le dĂ©sert
 Tout est retranscrit avec la mĂȘme justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus trĂšs rĂ©ussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le prĂ©cĂ©dent. Le scĂ©nario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beautĂ©. Les auteurs sont arrivĂ©s Ă  maintenir ma curiositĂ© quant au devenir de ses hĂ©ros. C’est le gage d’une certaine qualitĂ© tant bon nombre de sĂ©ries ont tendance Ă  voir leur intĂ©rĂȘt s’étioler aprĂšs des premiers tomes rĂ©ussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain Ă©pisode. Mais cela est une autre histoire

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Templiers, T2 : Le Graal – Jordan Mechner, LuUyen Pham & Alex Puvilland

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Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution : Avril 2014


« Templiers » est un diptyque nĂ© des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date d’il y a presque un an. EditĂ© chez Akileos, il s’intitule « Le Graal ». L’histoire se dĂ©roule plus prĂšs de deux cent cinquante pages. Le format de l’ouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la mĂȘme que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons Ă  colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupĂ© par une croix rouge brisĂ©e symbolisant la chute du cĂ©lĂšbre ordre religieux Ă©ponyme.

La quatriĂšme de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. VĂ©nĂ©rĂ©s pour leur noblesse, leur fĂ©rocitĂ© dans la bataille, et leur dĂ©votion religieuse, les Templiers Ă©taient des chevaliers de Dieu, exempts de tout pĂ©chĂ© et Ă  l’ñme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement le plus opiniĂątre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient Ă  s’échapper quand le roi de France dĂ©cide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur lĂ©gendaire trĂ©sor. AprĂšs un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux
 voler le plus grand trĂ©sor du monde au nez du roi. »

Une chasse au trésor captivante.

J’avais Ă©tĂ© conquis par le dĂ©but de l’intrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y dĂ©couvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mĂ©saventures nous lient tout de suite Ă  leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passĂ© du statut de chevalier Ă  celui de hors la loi vagabond. Cette chute Ă©tait habilement contĂ©e dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dĂ©nouement avec le projet improbable qu’il partage avec deux compagnons d’infortune : mettre la main sur le lĂ©gendaire trĂ©sor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quĂȘte.

Les premiĂšres pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratĂ©gie. Tout au long de la lecture, j’ai senti montĂ© un suspense fort. Au fur et Ă  mesure qu’ils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiositĂ© est attisĂ©e en permanence. L’envie de faire dĂ©filer les pages est puissante. Je suis obligĂ© de me retenir de dĂ©vorer les planches pour savourer la richesse de chacune d’entre elles. La construction scĂ©naristique est un modĂšle du genre. L’aventure est au rendez-vous !

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« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trĂ©sor. La qualitĂ© d’écriture des diffĂ©rents protagonistes participe au bonheur de la dĂ©couverte. Les Ă©vĂ©nements ne sont pas prĂ©visibles. La sympathie des hĂ©ros ne fait qu’accentuer l’inquiĂ©tude qu’on ressent Ă  leur Ă©gard Ă  chaque Ă©tape de leurs pĂ©rĂ©grinations. Les auteurs arrivent Ă  greffer toute une sĂ©rie d’intrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de l’aventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir Ă  relire cette histoire et Ă  retrouver les pas de Martin et ses acolytes.

Le travail graphique alimente la qualitĂ© de l’ensemble. Le trait possĂšde une belle personnalitĂ©. LeUyen Pham offre des dĂ©cors trĂšs rĂ©ussis. L’immersion dans cette sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la dĂ©couverte de cette sĂ©rie. Elle ravira les adeptes d’aventure et d’époque chevaleresque. La lĂ©gende des Templiers est un support classique de narration Ă©pique, elle est ici habilement exploitĂ©e. Il ne vous reste plus qu’à rejoindre cette quĂȘte mythique


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note5

Red Skin, T1 : Welcome to America – Xavier Dorison & Terry Dodson

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Titre : Red Skin, T1 : Welcome to America
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Terry Dodson
Parution : Septembre 2014


La premiĂšre immersion de Xavier Dorison dans l’univers des super hĂ©ros a eu lieu dans « Les Sentinelles ». Il crĂ©ait Ă  cette occasion des super-soldats durant la PremiĂšre Guerre Mondiale. Cette aventure est passionnante et les quatre premiers tomes sont autant de petits bonheurs de lecture. « Red Skin » est donc la deuxiĂšme entrĂ©e du cĂ©lĂšbre scĂ©nariste dans le monde magique des collĂšgues de Superman. Nous sommes ici trĂšs loin des tranchĂ©es. C’est en pleine Guerre Froide que gravite cette hĂ©roĂŻne qui oscille entre Moscou et Los Angeles.

Le premier tome de cette saga s’intitule « Welcome to America ». Paru en novembre dernier, il prĂ©sente une couverture attrayante. Une femme nue aux courbes parfaites nous regarde derriĂšre son Ă©paule. Elle ne laisse pas indiffĂ©rente, la faucille et le marteau qu’elle tient dans les mains non plus ! La quatriĂšme de couverture Ă©veille Ă©galement l’intĂ©rĂȘt : « Arme fatale le jour. Bombe atomique la nuit. Le plus grand super-hĂ©ros amĂ©ricain est une espionne russe. »

Un décalage entre culture soviétique et univers capitaliste.

RedSkin1aJ’ai une grande confiance en Dorison. Par consĂ©quent, c’est plein d’enthousiasme que j’ai dĂ©butĂ© ma lecture. La premiĂšre vingtaine de pages nous permet de dĂ©couvrir l’hĂ©roĂŻne. Elle est le soldat d’élite soviĂ©tique. Ses performances athlĂ©tiques couplĂ©es Ă  une plastique parfaite Ă  un sex-appeal d’une rare intensitĂ© font rapidement d’elle un personnage exceptionnel. Elle a tous les atouts pour nous faire vivre de grandes scĂšnes d’action. Mais elle possĂšde aussi un potentiel sexy et humoristique qui faisait naĂźtre de grands espoirs dans cette nouvelle aventure.

Dans un second temps, nous suivons les premiers pas de VĂ©ra Ă  Los Angeles. Le fait qu’elle travaille chez un rĂ©alisateur de films pour adultes crĂ©e une autre corde Ă  la fibre comique et lĂ©gĂšre de l’ensemble. Cela s’ajoute au dĂ©calage entre la culture soviĂ©tique de l’espionne et son inhabituel univers amĂ©ricain et capitaliste. Son nouveau quotidien s’installe. Ses nouvelles habitudes donnent lieu Ă  de nombreux gags et de scĂšnes d’action assez rythmĂ©es.

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Ce changement de braquet lors de son arrivĂ©e dans la CitĂ© des Anges marque la derniĂšre accĂ©lĂ©ration de la narration. En effet, un train-train s’installe. Les actions de justicier s’enchaĂźnent sans vraiment prendre d’ampleur particuliĂšre. L’album fait exister un grand mĂ©chant. Mais sa prĂ©sence reste au final secondaire. Son principal attrait est finalement de justifier la crĂ©ation de « Red Skin ». J’espĂšre que les tomes suivants lui offriront une place plus importante. J’ai le sentiment que ce premier Ă©pisode n’est qu’une sympathique introduction.

Cet album est l’occasion de dĂ©couvrir un nouveau dessinateur. Il est amĂ©ricain et se nomme Terry Dodson. Son trait issu du comic correspond parfaitement au style narratif. J’ai apprĂ©ciĂ© son trait. Il met facilement en valeur les courbes de l’hĂ©roĂŻne et met Ă©galement en Ɠuvre des scĂšnes d’action spectaculaires. Le travail sur les couleurs m’a beaucoup plu. Je trouve que le bouquin possĂšde une identitĂ© chromatique forte. J’ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ© ce travail.

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Pour conclure, « Red Skin » possĂšde un potentiel divertissant certain. NĂ©anmoins, il n’est pas pleinement exploitĂ© pour l’instant. La personnalitĂ© de l’hĂ©roĂŻne est suffisamment intĂ©ressante et attrayante pour faire oublier les bĂ©mols d’un scĂ©nario auquel il manque un grand final. Je guetterai donc avec intĂ©rĂȘt la parution de la suite. J’espĂšre que cette originale Red Skin trouvera un adversaire Ă  sa taille


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note3

Choc, T1 : Les fantĂŽmes de Knightgrave, PremiĂšre partie

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Titre : Choc, T1 : Les fantÎmes de Knightgrave, PremiÚre partie
Scénariste : Stéphane Colman
Dessinateur : Éric Maltaite
Parution : Avril 2014


« Monsieur Choc apparaĂźt pour la premiĂšre fois en 1955 dans le journal de Spirou. CrĂ©Ă© par le dessinateur Willy Maltaite – dit Will – et par le scĂ©nariste Maurice Rosy, Monsieur Choc est alors destinĂ© Ă  devenir l’indestructible adversaire de Tif et Tondu, tandem de hĂ©ros traditionnels imaginĂ©s par Fernand Dineur en 1938. Avec la crĂ©ation du fascinant Monsieur Choc, Will et Rosy auront donnĂ© Ă  la bande dessinĂ©e l’un des grands mĂ©chants emblĂ©matiques d’un certain Ăąge d’or franco-belge. Presque cinquante ans aprĂšs sa derniĂšre apparition dans une aventure de Tif et Tondu, Monsieur Choc revient sur le devant de la scĂšne. Seul, cette fois ».

Ce prologue prĂ©cĂšde la premiĂšre planche de « Les fantĂŽmes de Knightgrave – PremiĂšre partie », premier tome d’une nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Choc ». Le caractĂšre historique de son hĂ©ros a participĂ© Ă  la visibilitĂ© de sa sortie il y a prĂšs d’un an. Cet aspect n’a pas eu d’influence sur mon attirance Ă  l’égard de cet ouvrage. L’attrait de sa couverture m’a incitĂ© Ă  le feuilleter. Cet homme en costume portant un heaume de chevalier faisait naĂźtre une forte curiositĂ© Ă  son Ă©gard. Debout dans les rayons de la librairie, j’ai commencĂ© Ă  lire les premiĂšres pages. Rapidement, j’ai Ă©tĂ© happĂ© par l’atmosphĂšre qui les habitait. J’ai donc dĂ©cidĂ© de me l’offrir pour profiter de la suite bien confortablement Ă  la maison.

Une intrigue dense aux arcanes nombreux.

Choc1bMon premier contact s’est fait Ă  travers les planches d’Eric Maltaite. Je les trouve remarquables. Les dĂ©cors sont sublimes. Qu’ils soient intĂ©rieurs ou extĂ©rieurs, pleins de vie ou abandonnĂ©s, tous possĂšdent une identitĂ© forte. En tant que lecteur, je me suis plongĂ© avec facilitĂ© au cĂŽtĂ© des diffĂ©rents protagonistes en tout lieu et Ă  toute Ă©poque. De plus le dessinateur arrive Ă  donner des rythmes trĂšs diffĂ©rents mais toujours adaptĂ©s Ă  la grande variĂ©tĂ© des scĂšnes offertes tout au long des quatre-vingt-dix pages de l’album.

« Les fantĂŽmes de Knightgrave » prĂ©sente une intrigue dense aux arcanes nombreux. Maltaire fait preuve de maestria pour jouer avec la chronologie de son rĂ©cit. Ils alternent les flashbacks et le prĂ©sent Ă  un rythme d’une rare frĂ©quence. Ce choix narratif impose une concentration constante du lecteur tout en gĂ©nĂ©rant une curiositĂ© permanente. La seconde lecture est tout aussi intĂ©ressante car elle nous permet de maĂźtriser dans les dĂ©tails le grand d’informations abritĂ©es dans la trame.

Le ton de l’histoire est biographique. Tout est centrĂ© sur ce fameux Monsieur Choc. Les auteurs font le choix de nous conter le cheminement qui l’a menĂ© Ă  son statut de « chevalier malĂ©fique » ou de « crapule publique numĂ©ro un ». MĂȘme si ce personnage m’était inconnu en ouvrant le bouquin, j’ai rapidement compris qu’il ne faisait pas partie des gentils. Pourtant, Ă  aucun moment au cours de la lecture, je n’ai ressenti de l’animositĂ© ou de l’antipathie Ă  son Ă©gard. La subtilitĂ© avec laquelle le scĂ©nario distille les Ă©vĂ©nements au grĂ© des pages alimente l’empathie ressentie Ă  l’égard de cet homme.

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Je suis vraiment curieux de dĂ©couvrir la suite de l’histoire. Je guetterai avec curiositĂ© la parution du second tome. Ce premier acte est, Ă  mes yeux, de qualitĂ©. Son ton et son propos s’adressent Ă  un public large. Grands comme petits y trouveront leur compte. S’offrir cet album ravira toute la famille. Cette lecture m’incite Ă  me plonger dans les aventures de Tif et Tondu mettant en Ɠuvre ce grand mĂ©chant. Je le verrai alors avec un angle diffĂ©rent


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note4

Mort au tsar, T1 : Le gouverneur – Fabien Nury & Thierry Robin

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Titre : Mort au tsar, T1 : Le gouverneur
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Thierry Robin
Parution : Août 2014


Fabien Nury est un de mes scĂ©naristes prĂ©fĂ©rĂ©s. J’ai Ă©tĂ© conquis par chacun de ses travaux que j’ai eu le plaisir de dĂ©vorer. Une de ses spĂ©cialitĂ©s est de jouer avec les grands Ă©vĂ©nements de l’Histoire. Il a offert une vision passionnante de la pĂ©riode de l’Occupation avec « Il Ă©tait une fois en France ». Il s’est immergĂ© dans la France de la PremiĂšre Guerre Mondiale dans « Silas Corey ». Enfin, sa premiĂšre plongĂ©e dans l’univers russe a eu lieu lors du diptyque « La mort de Staline ». Son aventure slave connaĂźt un nouveau chapitre avec la sortie l’étĂ© dernier du premier tome de « Mort au Tsar » intitulĂ© « Le Gouverneur ».

Je dois vous avouer que je me suis offert cet album sur la seule prĂ©sence de Nury sur la couverture. En dĂ©couvrant la quatriĂšme de couverture, j’ai appris qu’il s’agissait d’une histoire en deux tomes. Cette structure de parution est dĂ©cidĂ©ment trĂšs Ă  la mode actuellement. Les dessins sont l’Ɠuvre de Thierry Robin dont j’avais apprĂ©ciĂ© le style dans « La mort de Staline ». Il possĂšde une rĂ©elle identitĂ© graphique et participe fortement Ă  l’atmosphĂšre que dĂ©gage la lecture.

Une marche inévitable vers un destin tragique.

MortAuTsar1bLa trame nous fait partager les derniers jours du Grand-Duc SergueĂŻ Alexandrovitch avant l’attentat dont il a Ă©tĂ© victime. L’issue fatale est annoncĂ©e dans un prologue. Cela influence Ă©videmment la lecture puisque chaque parole du personnage principal ou chaque Ă©vĂ©nement qu’il vit sont perçus par un prisme particulier. La montĂ©e en tension est savamment dosĂ©e. La marche inĂ©vitable vers son destin tragique ne laisse pas le lecteur indiffĂ©rent. Le Grand-Duc accepte son sort irrĂ©mĂ©diable avec un fatalisme marquant.

L’intensitĂ© ne fait qu’augmenter au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. Le fait de voir cet homme allait vers la mort avec nonchalance met presque mal Ă  l’aise. Une chose est sĂ»re, notre intĂ©rĂȘt ne cesse de croĂźtre. Le scĂ©nario monte en puissance sans changement de vitesse brutal. Cette finesse dans l’accĂ©lĂ©ration dramatique est la preuve d’un talent narratif certain. Le suspense atteint un paroxysme lors de la derniĂšre planche qui offre une perspective passionnante pour le prochain tome.

L’histoire se bĂątit intĂ©gralement autour de son protagoniste principal. Les personnages secondaires n’existent pas rĂ©ellement. Leurs prĂ©sences se justifient uniquement par leurs interactions avec le gouverneur moscovite. Cela n’est pas une faiblesse. C’est un choix scĂ©naristique pleinement assumĂ© et qui se dĂ©fend parfaitement. L’intrigue veut nous plonger dans le quotidien et dans l’intimitĂ© de cet homme blessĂ© en route vers l’échafaud. Nury a dĂ©veloppĂ© une humanitĂ© touchante chez le Grand-Duc alors qu’on peut objectivement affirmer que les dirigeants russes ne sont pas rĂ©putĂ©s pour leur grandeur d’ñme et leur altruisme. La dimension politique est mise de cĂŽtĂ© et cela donne un ton particulier Ă  la narration.

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Pour conclure, « Le gouverneur » est un album rĂ©ussi. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir. Je me suis trĂšs vite passionnĂ© pour le Grand-Duc. Mon intĂ©rĂȘt n’a cessĂ© de grandir au cours de ma lecture. Chaque planche m’a captivĂ©. Je trouve que c’est une performance d’entretenir un suspense alors que le dĂ©nouement est annoncĂ© avant que ne dĂ©bute les Ă©vĂ©nements. Tout cela est bien enrobĂ© par le style de Thierry Robin. Je vous conseille donc cette dĂ©couverte. De mon cĂŽtĂ©, j’attends la suite


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note4

Le grand mort, T5 : Panique – RĂ©gis Loisel, Jean-Blaise Djian & Vincent MalliĂ©

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Titre : Le grand mort, T5 : Panique
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Blaise Djian
Dessinateur : Vincent Mallié
Parution : Novembre 2014


Comme beaucoup de lecteurs de bandes dessinĂ©es, j’ai dĂ©couvert RĂ©gis Loisel Ă  travers ses planches dans « La QuĂȘte de l’Oiseau du Temps ». Ton trait fait partie de l’Histoire du neuviĂšme. Depuis, je suis donc toujours Ă  l’affĂ»t de toute nouvelle trace de son travail. « Le Grand Mort » est une de ses derniĂšres sĂ©ries. Elle est nĂ©e il y a huit ans. Le dernier Ă©pisode date de novembre dernier. Il est le cinquiĂšme Ă©pisode et s’intitule « Panique ». Il le scĂ©narise avec Jean-Blaise Djian. Les dessins sont l’Ɠuvre de Vincent MalliĂ©. Quant aux couleurs, elles ont Ă©tĂ© confiĂ©es Ă  François Lapierre.

La couverture est construite autour des deux personnages centraux de la trame : Erwan et Blanche. Le premier est le passeur entre notre rĂ©alitĂ© et un monde parallĂšle. Blanche est une enfant pleine de mystĂšre qui semble ĂȘtre le fruit de parents des deux univers. Les deux personnages semblent errer en rase campagne au beau milieu d’une tempĂȘte. MĂȘme les oiseaux fuient les lieux


Une histoire trop diluée.

LeGrandMort5b« Le Grand Mort » possĂšde une dose de fantastique. DĂšs le premier tome, l’intrigue nous avait fait voyager dans un nouvel espace dans lequel le temps n’avançait pas au mĂȘme rythme. On y avait rencontrĂ© des personnages Ă©tranges. On Ă©tait immergĂ© dans des enjeux dont on ne maĂźtrisait pas tous les arcanes. Cette introduction m’avait plu. J’avais trouvĂ© le travail scĂ©naristique et graphique intĂ©ressant. Les trois opus suivants ont vu l’histoire se dĂ©rouler Ă  un rythme relativement lent. J’avais le sentiment que la narration Ă©tĂ© trop diluĂ©e. Au fur et Ă  mesure des sorties d’album, la frustration montait de ne pas avoir la machine se mettre rĂ©ellement en marche.

Je plaçais donc beaucoup d’espoirs dans « Panique ». La situation de dĂ©part faisait croire que le rythme pouvait s’accĂ©lĂ©rait. Rapidement, j’ai Ă©tĂ© déçu sur ce plan-lĂ . Le scĂ©nario nous fait suivre trois groupes en parallĂšle. Le premier se compose d’Erwan et Blanche, le deuxiĂšme de Pauline et GaĂ«lle, le troisiĂšme les prĂȘtresses de l’autre monde. Aucun d’entre eux ne voit sa situation rĂ©ellement Ă©voluer entre la premiĂšre et la derniĂšre page. Le monde est en train d’enchaĂźner les catastrophes : tremblement de terre, tempĂȘte, grĂȘle, etc. NĂ©anmoins, en refermant le livre, j’ai eu le sentiment que les cinquante-quatre planches auraient pu ĂȘtre condensĂ©es en moitiĂ© moins sans que l’intrigue n’y perde quoi que ce soit.

Je trouvais dĂ©jĂ  que Loisel et Djian prenaient du temps pour faire avancer tout ce beau monde. J’en viens presque maintenant Ă  douter d’atteindre un jour la destination. Il ne se passe quasiment rien dans « Panique ». Comme Ă  chaque fois, les scĂ©naristes concluent par une planche pleine d’espoir. Mais je vous avoue que j’y crois de moins en moins. Cette faiblesse narrative pourrait ĂȘtre compensĂ©e par une atmosphĂšre prenante mĂȘlant mystĂšre et crĂ©puscule apocalyptique. Le trait de Vincent MalliĂ© a le potentiel pour la crĂ©er. HĂ©las, le fait de diviser la trame en trois chemins parallĂšles empĂȘche l’immersion dans l’univers des personnages. C’est dommage.

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Pour conclure, « Panique » m’a déçu. Ma lecture n’a gĂ©nĂ©rĂ©e aucun enthousiasme. Ma curiositĂ© n’a pas Ă©tĂ© alimentĂ©e bien au contraire. Une fois le bouquin refermĂ©, je n’en avais aucun souvenir marquant. C’est un indicateur de l’absence de personnalitĂ© de l’album. Je dĂ©sespĂšre de voir « Le Grand Mort » prendre rĂ©ellement son envol. C’est un gĂąchis quand je vois le talent de ses crĂ©ateurs


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note2

Atalante, T4 : L’Envol des BorĂ©ales – Crisse

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Titre : Atalante, T4 : L’Envol des BorĂ©ales
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Crisse
Parution : Juin 2009


« J’aimerais m’excuser auprĂšs des lecteurs d’avoir Ă©tĂ© aussi long ». VoilĂ  une partie de la dĂ©dicace qu’écrit Crisse en prĂ©ambule du quatriĂšme opus de la sĂ©rie « Atalante » dont il est le scĂ©nariste et le dessinateur. En effet, le tome prĂ©cĂ©dent Ă©tait paru en 2003. Il a donc fallu attendre environ six ans pour voir apparaĂźtre dans nos bacs « L’Envol des BorĂ©ales ». EditĂ© chez Soleil, cet ouvrage d’une cinquantaine de pages est vendu au prix de 12,90 euros.

La sĂ©rie est construite autour de son personnage Ă©ponyme, Atalante. Elle fait partie de la mythologie grecque. Fille de roi, elle est abandonnĂ©e par son pĂšre qui espĂ©rait un fils. Elle est recueillie et Ă©levĂ©e par une ourse. DĂ©couverte par des chasseurs, elle devient une guerriĂšre exceptionnelle pourvue de capacitĂ©s uniques offertes par les Dieux. Elle est la seule femme Ă  faire partie des Argonautes qui accompagnĂšrent la quĂȘte de Jason. Le premier opus de la sĂ©rie conte cette partie de sa vie. Son abandon bĂ©bĂ©, sa vie dans la forĂȘt, son Ă©ducation par les hommes puis se conclue par son acceptation par les Argonautes et le dĂ©but de cette aventure. Les deux tomes suivants racontent deux des aventures rencontrĂ©es par les Argonautes. Ce quatriĂšme album n’échappe pas Ă  la rĂšgle.

En effet, l’histoire se dĂ©roule dans la citĂ© de Salmy. Les Argonautes s’y sont arrĂȘtĂ©s afin de faire le plein de vivres. Mais la dĂ©ception est au rendez-vous. Le dirigeant local leur apprend que ses concitoyens et lui sont victimes d’une malĂ©diction. Une horde de harpyes dĂ©truit leurs champs et saignent leurs troupeaux. Depuis, elles terrorisent les habitants Ă  chacun de leur repas afin d’affamer la citĂ©. Jason et ses amis dĂ©cident alors d’affrontent ces adversaires ailĂ©es d’apaiser le climat de la citĂ©. Au cours de l’affrontement, CalaĂŻs et ZĂ©tĂ©e, fils de BorĂ©e sont faits prisonniers. Le repĂšre des harpies Ă©tant dans la citĂ© des nuages, il faut qu’Atalante trouve un moyen de capturer des chevaux ailĂ©s afin d’atteindre la citĂ© et libĂ©rer ses amis


Dieux, légendes et magie.

Comme essaie de vous le montrer mon rĂ©sumĂ©, « Atalante » nous conte les aventures mythologiques d’une des femmes les plus cĂ©lĂšbres de cet univers. Toute la narration est construite autour de son personnage. Cette dimension « historique » avait fait partie des attraits qui m’avaient incitĂ© Ă  dĂ©couvrir cette sĂ©rie. Depuis, je guette l’apparition d’un nouvel album. Il est donc Ă©vident qu’il faut ĂȘtre sensible Ă  ce genre de thĂ©matique. Il est ici histoire de dieux, de lĂ©gendes, de magie
 Les personnes qui y sont rĂ©fractaires doivent tout de suite passer leur chemin. Par contre, les adeptes du genre qui ont toujours Ă©tĂ© captivĂ©s par les aventures d’Ulysse ou par la guerre de Troie ont trouvĂ© une sĂ©rie pour eux. Je me garderai de faire une critique sur la rigueur de la narration et sa fidĂ©litĂ© Ă  la mythologie grecque. NĂ©anmoins, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir tous ces hĂ©ros haut en couleur.

Ce quatriĂšme opus est peu liĂ© aux prĂ©cĂ©dents. En effet, ils se dĂ©roulent sur une nouvelle Ăźle et Ă  aucun moment, les aventures prĂ©cĂ©dentes sont rĂ©ellement Ă©voquĂ©es. A priori, lorsqu’on est Argonaute on passe vite d’une quĂȘte Ă  l’autre. Le seul intĂ©rĂȘt de dĂ©couvrir les albums dans l’ordre est dans le fait qu’on maĂźtrise mieux les personnages, leurs caractĂšres, leurs passĂ©s, leurs rapports entre eux. Pour les mĂȘmes raisons, il est trĂšs utile de lire au moins le premier tome. Il montre les origines d’Atalante et explique beaucoup de choses qui sont succinctement Ă©voquĂ©s dans les tomes suivants.

Dans cet album, la trame ne perd pas de temps Ă  se mettre en place. En effet, dĂšs la premiĂšre page, le problĂšme est posĂ© : la malĂ©diction des harpies nous ait contĂ©e. DĂšs la page six, la bataille se met en place. Trois pages plus tard, les BorĂ©ades sont enlevĂ©s. On se doute alors que les rĂ©cupĂ©rer sera l’objectif de l’album. Il faut dire que le titre de l’album est un bel indice. L’histoire est construite en escalier. Pour atteindre la citĂ© des nuages, il faut capturer les chevaux ailĂ©s. Pour capturer les chevaux ailĂ©s, il faudrait convaincre Andros. Pour cela, il faut l’aide d’une chimĂšre qu’on ne pourra pas rencontrer sans l’intervention des griffons. Bref, on a parfois l’impression qu’on n’y arrivera jamais ! Heureusement, Atalante gĂšre la situation. Ne croyez pas pour autant que l’histoire est rĂ©pĂ©titive. Comme dans toutes les lĂ©gendes, chaque Ă©preuve a sa mĂ©thode et sa solution. RĂ©sultat, Ă  aucun moment, l’ennui ne guette. On se demande uniquement comment l’auteur va-t-il arriver Ă  sauver nos prisonniers en si peu de pages. La solution est simple, cet opus est conclu par un « Ă  suivre » ! EspĂ©rons qu’il ne faudra pas attendre la suite pendant plus de six ans.

Mais cet album ne se veut pas uniquement narratif. Il ne s’agit d’un extrait de « La mythologie pour les nuls ». Il s’agit avant tout d’un album de bandes dessinĂ©es particuliĂšrement rythmĂ©. Entre les poursuites, les batailles, les Ă©preuves, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. L’histoire est dense. On ne souffle jamais. Il faut dire que c’est rare que les hĂ©ros mythologiques connaissent un temps de pause. Crisse arrive Ă  donner un genre majestueux aux diffĂ©rents intervenants. Le cĂŽtĂ© grandiose de l’univers est bien transcrit par l’auteur. J’aime beaucoup le style de Crisse. Il est grand public, trĂšs rond. La gente masculine sera pleinement satisfait par les courbes de toutes les dames qui traversent l’histoire, la parme revenant nĂ©anmoins Ă  notre chĂšre chasseresse Atalante dont le physique est sans dĂ©faut !

Pour conclure, malgrĂ© l’attente, je n’ai pas Ă©tĂ© déçu par cet opus. J’avais trouvĂ© le troisiĂšme un peu brouillon. J’ai trouvĂ© celui-ci bien meilleur. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  le lire. AprĂšs l’avoir dĂ©vorĂ© une premiĂšre fois, je l’ai redĂ©couvert lors de ma deuxiĂšme lecture. J’ai pris le temps de m’imprĂ©gner davantage des personnages et mon plaisir en a Ă©tĂ© exacerbĂ©. C’est donc une sĂ©rie que je conseille aux adeptes de mythologie. On ressent bien cette atmosphĂšre lĂ©gendaire. Cela donne envie d’en dĂ©couvrir davantage sur les diffĂ©rents intervenants. Souvent, Ă  la fin de ma lecture d’un des albums, je me jette sur wikipedia pour en dĂ©couvrir davantage sur les diffĂ©rents intervenants. Je ne peux donc que vous incitez Ă  dĂ©couvrir cet univers. Le dĂ©paysement est garanti.

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