Betty Boob


Titre : Betty Boob
Scénariste : Véronique Cazot
Dessinatrice : Julie Rocheleau
Parution : Juillet 2017


L’essor de la bande-dessinée de témoignage a permis de parler de nombreuses maladies dont étaient atteints certains auteurs. Si certains utilisent l’autobiographie pour traiter de sujets durs, d’autres choisissent d’autres voies. C’est le cas de Véronique Cazot et Julie Rocheleau qui prennent à bras le corps le sujet du cancer du sein et le transforme en un conte burlesque. « Betty Boob », c’est l’histoire d’une jeune femme qui va devoir se réinventer après son opération. Le tout est publié chez Casterman pour 162 pages de bande-dessinée.

Un conte optimiste sur l’acceptation de son corps

« Elle a perdu son sein gauche, son job et son mec. Elle ne le sait pas encore, mais c’est le meilleur jour de sa vie. » Voilà les deux phrases provocatrices que l’on peut lire en quatrième de couverture. Tout commence par l’opération d’Élisabeth. D’abord traumatisée, elle essaie d’accepter son corps, mais son homme n’y parvient pas. S’ensuit une séparation. Puis c’est son travail qu’elle va perdre, avec de se lier à une troupe burlesque qui va lui apprendre à s’accepter.

« Berry Boob » est un conte. Il ne faut pas y chercher une cohérence dans l’histoire particulièrement. Le livre est muet et enchaîne les moments difficiles, les espoirs, les doutes, jusqu’à une conclusion résolument optimiste. Et malgré le ton plutôt léger dans l’ensemble (vu le sujet), les moments durs et touchants sont là, même sans que l’on ait besoin de mettre des mots dessus.

« Betty Boob » se dévore d’une traite. On est pris dans un voyage sans pause. On court, comme s’il n’y avait que cette solution pour survivre. Au-delà du cancer du sein, à travers la troupe de burlesque, c’est l’acceptation de l’imperfection du corps qui est au centre de l’ouvrage. En effet, dans le burlesque, c’est la particularité qui fait la beauté de la personne, non pas une perfection plastique. C’est un beau travail, qu’il faut prendre comme une fable au risque de trouver l’ensemble simpliste et trop optimiste.

L’histoire est magnifiée par le talent de Julie Rocheleau. C’est une belle synergie que l’on retrouve entre le scénario et le dessin. Les couleurs, le dessin, le dynamisme s’adaptent aux scènes. L’onirisme et le symbolisme, très présents, sont parfaitement traités. La dessinatrice utilise des planches expressionnistes pour compenser l’absence de textes. Et cette absence, qui aurait pu paraître comme un problème, est sublimée. Du très beau travail.

« Betty Boob » est un bel ouvrage. Les partis pris difficiles, entre le sujet et l’absence de texte, sont finalement la force du livre. C’est un très beau conte, optimiste, mais qui ne cache rien des difficultés de la maladie. Voilà une bande-dessinée qui sait utiliser les codes du medium pour se sublimer. Bravo !  

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