Titre : Narcisse, T1 : MĂ©moires d’outre-tombe
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Avril 2014
Jâavais Ă©tĂ© subjuguĂ© par le premier album de Chanouga. Son univers maritime et onirique mâavait beaucoup plus, soutenu par un graphisme personnel parfaitement adaptĂ© au sujet. Il revient cette fois avec une biographie sous forme de sĂ©rie, « Narcisse ». PrĂ©vue en trois tomes de 60 pages, elles font entre lâauteur dans un travail bien plus classique et rĂ©aliste. Le tout est publiĂ© chez Paquet.
Au rayon des constances, Chanouga reste dans lâunivers de la mer. Il raconte lâhistoire de Narcisse, un jeune garçon qui ressent lâappel de la mer. Contre lâavis de ses parents, il sâembarque comme mousse. Et de bateaux en bateaux, il finit par partir pour lâAustralie. Mais câest un naufrage qui lâattendâŠ
Le difficile exercice de la biographie.
Si la sĂ©rie doit avant tout parler de lâexpĂ©rience de naufragĂ© de Narcisse (vu les notes de fin dâouvrage), ce premier tome sâattarde sur le personnage. Comment en est-il arrivĂ© lĂ , pourquoi veut-il naviguer⊠Tout cela est trĂšs classique et, honnĂȘtement, peu passionnant. Tout va trop vite (ou pas assez, câest selon) et la narration manque de fluiditĂ©. Quand on comprend Ă la fin du livre quâon a affaire Ă une biographie, on comprend mieux le rythme un peu hĂąchĂ© du lâouvrage. Chanouga manque un peu dâexpĂ©rience pour le coup, nâarrivant pas Ă se dĂ©tacher du sujet pour faire les coupes nĂ©cessaires dans la rĂ©alitĂ© ou, Ă lâinverse, pour broder et remplir les inconnues.
MalgrĂ© tout, lâhistoire touche Ă la mer et cela ne laisse pas indiffĂ©rent. Narcisse vieillit au long de lâouvrage, devenant un jeune homme. Si les faits relatĂ©s sont suffisamment classiques, la montĂ©e en tension est rĂ©elle et la derniĂšre partie, concernant le naufrage, ne laisse pas indiffĂ©rent.
En revanche, le dessin de Chanouga, immĂ©diatement reconnaissable, est une pure merveille. MĂȘme sâil est plus puissant dans les reprĂ©sentations abstraites et fantastiques que dans le rĂ©alisme pur, son trait non-encrĂ© est splendide et admirablement mis en couleur (avec un contraste de couleurs froides et chaudes maĂźtrisĂ©). Certaines cases, certaines pages, sont particuliĂšrement marquantes et nous laissent sans voix.
Ce « Narcisse », bien plus terre-Ă -terre que « De profundis », nous laisse un peu sur notre faim. On a lâimpression dâune narration et dâun rythme mal maĂźtrisĂ©. Un peu de concision dâun cĂŽtĂ©, afin de sâattarder sur certains points ailleurs aurait Ă©tĂ© les bienvenus. Reste un graphisme enivrants qui sait nous faire oublier, un peu, ces Ă©cueils.