Titre :Â Le troisiĂšme testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015
« Le TroisiĂšme Testament » est, Ă mes yeux, un monument du neuviĂšme art. Sa dimension Ă©sotĂ©rique dĂ©veloppĂ©e dans cette Ă©poque mĂ©diĂ©vale est envoutante. De plus, la richesse du scĂ©nario mis en valeur par un dessin soignĂ© et prĂ©cis fait que chaque nouvelle lecture de cette sĂ©rie est un plaisir. La naissance il y a cinq ans dâune nouvelle branche Ă ce solide chĂȘne quâĂ©tait cette saga mâa ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le TroisiĂšme Testament â Julius ». Son intrigue Ă©tait bien antĂ©rieure Ă celle du Comte de Marbourg. NĂ©anmoins, la perspective de dĂ©couvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indiffĂ©rent un adepte de lâhistoire scĂ©narisĂ©e par Xavier Dorison.
« Le TroisiĂšme Testament⊠Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cĆur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom dâun prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire sâest perdue dans les brumes du temps⊠jusquâĂ aujourdâhui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatriĂšme de couverture. Ce prophĂšte occupe une place non nĂ©gligeable dans la tĂ©tralogie initiale. NĂ©anmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de maniĂšre complĂštement indĂ©pendante. Il nâest pas nĂ©cessaire dâavoir suivi les pĂ©rĂ©grinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirĂ©e par les intrigues mystiques Ă lâĂ©poque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de JuliusâŠ
Ma critique dâaujourdâhui porte sur le quatriĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie. Il sâagit du dernier en date. Il est paru chez GlĂ©nat en avril dernier. Le scĂ©nario est lâĆuvre dâAlex Alice et les dessins comme pour les deux opus prĂ©cĂ©dents sont le fruit du travail de ThimothĂ©e Montaigne. Il est Ă©vident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. Lâintrigue se construit autour dâun long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient Ă©chappĂ©.
Lâintrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers lâOrient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long pĂ©riple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clĂŽt Ă la fin de lâalbum prĂ©cĂ©dent. Proche du but, il arrĂȘte sa quĂȘte et dĂ©cide de revenir sur ses pas en JudĂ©e. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libĂ©rer son peuple de lâoppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retournĂ© dans la montagne Ă la recherche de la rĂ©vĂ©lationâŠ
Une rupture d’atmosphĂšre.
Jusquâalors, toute lâhistoire sâĂ©tait construite autour dâun petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration Ă©tait assez linĂ©aire. Les embĂ»ches se succĂ©daient. Les moments de doute Ă©taient nombreux. Bref, cette aventure Ă©tait une succession dâĂ©preuves. La construction scĂ©naristique faisait que le lecteur se laissait aisĂ©ment portĂ© par cette mission. En effet, lâempathie dĂ©gagĂ©e par cette communautĂ© permettait Ă la curiositĂ© dâĂȘtre entretenue.
Ce « Livre IV » marque une rupture dâatmosphĂšre. Le hĂ©ros nâest plus en recherche divine. Il est retombĂ© dans son costume humain. Il mĂšne une guerre. Il est complĂštement possĂ©dĂ© par sa volontĂ© de vaincre. Il nâest plus un guide spirituel mais un gĂ©nĂ©ral dâarmĂ©e. LâĂ©volution est bien montrĂ©e. Le personnage que nous connaissions jusquâalors semble avoir disparu. Il a laissĂ© place Ă une machine Ă tuer. Je trouve intĂ©ressant cette Ă©volution. Elle chamboule la routine agrĂ©able dans laquelle le lecteur Ă©tait blotti. MalgrĂ© tout, lâouvrage en lui-mĂȘme nâest pas un condensĂ© de rebondissements. Il se dĂ©cline davantage comme une fuite en avant.
Le personnage de Julius est moins prĂ©sent dans les planches de ce quatriĂšme tome. NĂ©anmoins, lâissue de son voyage est centrale dans lâĂ©volution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les derniĂšres pages sont dans ce domaine un modĂšle du genre. Le lecteur sent lâHistoire en train de sâĂ©crire. La dimension divine de sa quĂȘte prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier Ă©pisode est passionnante. Il sâagit dâune belle rĂ©ussite.
Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de ThimothĂ©e Montaigne. Il confirme le talent mis en lumiĂšre prĂ©cĂ©demment. Je trouve vraiment remarquable sa capacitĂ© Ă faire exister des lieux et les protagonistes qui sây trouvent. Ils alternent les points de vue et les diffĂ©rents plans pour offrir un dynamisme intĂ©ressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion trĂšs forte du lecteur dans un monde et une Ă©poque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment lâensemble.
Au final, ce « Livre IV » offre une suite sĂ©rieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible prĂ©sence de Julius tant son rĂŽle est le plus intĂ©ressant de la saga. En tout cas, la lecture a Ă©tĂ© suffisamment plaisante pour que je me plonge Ă nouveau dans la sĂ©rie initiale. Suivre Ă nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisĂ©ment lâattente de la parution du « Livre V ».