Paco les mains rouges, T1 : La grande terre

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Titre : Paco les mains rouges, T1 : La grande terre
Scénariste : Fabien Vehlmann
Dessinateur : Eric Sagot
Parution : Septembre 2013


Ayant entendu du bien de cet ouvrage, je me suis procurĂ© Ă  la bibliothĂšque « Paco les mains rouges ». Quelle fut ma frustration de m’apercevoir que ce n’était que le premier tome d’un diptyque ! Certes, c’est marquĂ© Ă  l’intĂ©rieur et un petit « 1 » trĂšs discret est notĂ© sur la tranche, mais tout laisse penser qu’il s’agit d’un one-shot
 Une fois compris cela, j’ai laissĂ© ma frustration de cĂŽtĂ© pour m’intĂ©resser Ă  ce livre scĂ©narisĂ© par Fabien Vehlmann. Ce dernier m’ayant autant déçu qu’enchantĂ©, je me lançais dans l’histoire sans vĂ©ritable a priori. Quant au dessinateur, Eric Sagot, il m’était inconnu jusqu’alors. Le tout est un album classique de 56 pages publiĂ© chez Dargaud.  Continuer la lecture de « Paco les mains rouges, T1 : La grande terre »

Goliath

Goliath


Titre : Goliath
Scénariste : Tom Gauld
Dessinateur : Tom Gauld
Parution : Mai 2013


Ayant beaucoup entendu parler de Tom Gauld ces derniers temps ainsi que de son dernier ouvrage intitulĂ© « Goliath », je me suis dĂ©cidĂ© Ă  dĂ©couvrir l’univers de cet auteur britannique. Son livre est paru Ă  L’Association, dans la collection EspĂŽlette. C’est un format A5 qui nous est proposĂ©, avec prĂšs de 90 pages de lecture.  Continuer la lecture de « Goliath »

Comment faire fortune en juin 40

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Titre : Comment faire fortune en juin 40
Scénaristes : Fabien Nury & Xavier Dorison
Dessinateur : Laurent Astier
Parution : Septembre 2015


« Comment faire fortune en juin 40 » m’a tout de suite attirĂ© lorsque j’ai vu la prĂ©sence conjointe de Fabien Nury et de Xavier Dorison sur la couverture. Le fait que deux de mes scĂ©naristes prĂ©fĂ©rĂ©s participent Ă  ce projet garantie Ă  mes yeux une qualitĂ© remarquable Ă  l’ouvrage. La couverture de l’album laisse prĂ©sager une histoire rythmĂ©e et le titre fait naĂźtre des perspectives intĂ©ressantes. Bref, la premiĂšre impression gĂ©nĂ©rĂ©e par ce livre est largement positive et m’incite Ă  m’y plonger rapidement.

« Braquer deux tonnes d’or Ă  la Banque de France, ça paraĂźt difficile
 mais en plein exode, dans un pays Ă  feu et Ă  sang, c’est faisable. » VoilĂ  les mots qui accompagnent la quatriĂšme de couverture du bouquin. Cela annonce un programme haut en couleurs ! Ce court texte est associĂ© au portrait de quatre personnages : deux d’entre eux sont munis d’une arme Ă  feu, un autre tient sĂ©vĂšrement une clĂ© Ă  molette et le dernier une ravissante jeune femme muni d’un bĂąton de dynamite. Bref, tout ce petit monde n’est pas lĂ  pour rigoler !

L’histoire d’un casse.

CommentFaireFortuneEnJuin40bIl s’agit donc de l’histoire d’un casse. Un fourgon doit vĂ©hiculer deux tonnes d’or de Paris en Gironde. Un petit groupe de malfrats voit ici l’occasion de s’offrir une nouvelle vie. Le plan consiste donc Ă  suivre le camion blindĂ© pour saisir l’occasion de mettre la main dessus. Le problĂšme est que le pays est en guerre : toute la capitale fuit et l’armĂ©e allemande bombarde. Tout ne va donc pas ĂȘtre aussi simple que prĂ©vu. Les enjeux sont simples et la trame se met en place rapidement.

MalgrĂ© le classicisme de l’objectif – mettre la main sur un butin – l’intrigue est pleine de surprises et de rebondissements. La fine Ă©quipe enchaĂźne les complications sur le chemin de la fortune. Le scĂ©nario est dense et la lecture ne connaĂźt aucun temps mort. Chaque lĂ©ger moment de calme n’est que le prĂ©misse d’un nouveau problĂšme. L’adaptabilitĂ© des hĂ©ros est mise Ă  rude Ă©preuve tant leur plan qu’ils pensaient ĂȘtre rĂ©glĂ© comme du papier Ă  musique va ĂȘtre souvent remis en cause. Le rythme de la narration est un modĂšle du genre. Les cent pages ne cessent pas de monter en puissance et en intensitĂ©. L’histoire est une vĂ©ritable spirale infernale pour les protagonistes.

CommentFaireFortuneEnJuin40cCette densitĂ© scĂ©nariste m’avait Ă©videmment beaucoup plu et a alimentĂ© de maniĂšre constante ma curiositĂ©. Mais mon attrait a Ă©galement Ă©tĂ© facilitĂ© par la prĂ©sence d’un casting quatre Ă©toiles. Je trouve que le petit groupe en chasse est composĂ© de personnalitĂ©s intĂ©ressantes. Franck est un ancien boxeur adepte de se coucher contre quelques menues monnaies. Sambio porte bien le costume et aime faire fumer la sulfateuse qu’on n’est pas assez vite d’accord avec lui. Ninon est une ravissante jeune fille dont les mains de fĂ©e font merveille avec la dynamite. Enfin, le dernier est Helmut, un allemand qui a fui le pays suite Ă  l’arrivĂ©e d’Hitler au pouvoir. Il n’y a aucune affection entre eux. Ils sont uniquement partenaires de travail. La nature de leurs relations couplĂ©e Ă  leur cĂŽtĂ© « Pieds nickelĂ©s » offre des moments de dispute vraiment sympathiques. L’écriture des dialogues est plutĂŽt sympathique. Je me suis trĂšs vite attachĂ© aux protagonistes et ai Ă©tĂ© soucieux de leur devenir dĂšs les premiĂšres pages.

J’ai Ă©galement beaucoup apprĂ©ciĂ© les dessins de Laurent Astier. Je trouve qu’il a un trait qui colle parfaitement avec l’époque Ă  laquelle se dĂ©roulent les Ă©vĂ©nements. Je trouve ses illustrations trĂšs travaillĂ©es. Les dĂ©tails sont nombreux et donnent ainsi pleinement vie aux dĂ©cors. De plus, les diffĂ©rents personnages possĂšdent une personnalitĂ© graphique forte. DĂšs leurs premiĂšres apparitions, ils dĂ©gagent tous quelque chose. Cela est d’ailleurs Ă©galement valable pour les personnages secondaires. Quant aux couleurs de Laurence Croix, elles sont pleines de vie et apportent leur Ă©cot Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par l’ouvrage.

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Pour conclure, « Comment faire fortune en juin 40 » est une belle rĂ©ussite. L’intĂ©gration dans cette histoire dans la grande Histoire lui donne un ton particulier qui m’a beaucoup plu. De plus, la qualitĂ© du casting permet de s’impliquer pleinement dans le destin des quatre acolytes. Le suspense qui accompagne leur destinĂ©e est Ă©galement bien construit. Bref, la grosse centaine de pages qui compose cette intrigue se dĂ©guste avec appĂ©tit et plaisir. Je vous conseille donc de suivre les pas de ces quatre braqueurs qui ne vous laisseront pas indiffĂ©rents


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note5

L’enfant cachĂ©e

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Titre : L’enfant cachĂ©e
Scénariste : Loïc Dauvillier
Dessinateur : Marc Lizano
Parution : Janvier 2012

Relater l’occupation française n’est pas un sujet Ă©vident. Beaucoup traitĂ©, il est dans « L’enfant cachĂ©e » abordĂ© du point de vue d’une enfant, Dounia. Cette derniĂšre, grand-mĂšre, raconte Ă  sa petite-fille cette pĂ©riode de sa vie, sous forme de devoir de mĂ©moire. Le tout est paru au Lombard.

Tout commence par l’occupation. Dounia sait que la France a perdu, mais elle s’en moque : la guerre est terminĂ©e et son pĂšre est rentrĂ© vivant, c’est le principal pour elle. HĂ©las, la petite juive va vite dĂ©chanter. Les mesures contre les siens vont se multiplier, provoquant l’incomprĂ©hension totale de Dounia.

L’occupation vue par une enfant juive.

LEnfantCachee2L’originalitĂ© de « L’enfant cachĂ©e » est de tout raconter du point de vue de l’enfant. Ainsi, Dounia subit comme les juifs les mesures de coercition, mais Ă©galement les choix de ses parents, sans jamais saisir rĂ©ellement ce qui se passe. Cet aspect est trĂšs rĂ©ussi, renforcĂ© par une narration volontairement naĂŻve, sans analyse autre que factuel ou enfantine. L’injustice paraĂźt d’autant plus forte que Dounia nous est forcĂ©ment trĂšs sympathique, petite fille innocente et joyeuse en dĂ©but de livre.

La narration prend le temps de traiter tous les sujets : la mise de cĂŽtĂ© Ă  l’école, l’étoile juive, la perte des parents, la fuite de Paris
 La gradation dans les difficultĂ©s est bien mise en scĂšne. Ainsi, Dounia n’est pas forcĂ©ment trĂšs affectĂ©e au dĂ©part en tant qu’enfant. Aussi bien rester chez elle ne la dĂ©range pas, mais ĂȘtre mise de cĂŽtĂ© Ă  l’école est trĂšs difficile.

Le propos est renforcĂ© par un dessin parfaitement adaptĂ© rĂ©alisĂ© par Marc Lizano. Son trait typĂ© jeunesse, fait de personnages aux grosses tĂȘtes, ancre d’autant plus l’histoire vers un point de vue d’enfant. Le tout est enrichi par une colorisation tout aussi rĂ©ussie. On retrouve un belle synergie dans cet album, une vraie cohĂ©rence entre le texte et l’image.

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« L’enfant cachĂ©e » remplit parfaitement son rĂŽle de devoir de mĂ©moire. En adoptant le point de vue d’un enfant et en ne montrant et n’expliquant que ce que Dounia peut comprendre, les auteurs produisent un album jeunesse d’une grande qualitĂ©, qui peut ĂȘtre lu et apprĂ©ciĂ© par tout le monde. ForcĂ©ment touchant, « L’enfant cachĂ©e » est une Ɠuvre d’une grande justesse et d’une vraie dĂ©licatesse.

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note4

Le maĂźtre d’armes

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Titre : Le maĂźtre d’armes
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Joël Parnotte
Parution : Octobre 2015


« Le MaĂźtre d’armes » est un album Ă©ditĂ© chez Dargaud dont la sortie date du mois d’octobre dernier. La couverture avait attirĂ© mon regard. On y dĂ©couvre un homme Ă  la chevelure blanche. Muni d’une Ă©pĂ©e, on le devine en train de se battre dans une forĂȘt enneigĂ©e. La seule touche de couleur est Ă©carlate. Il s’agit de celle du sang qui se trouve sur ses vĂȘtements et son Ă©pĂ©e. Il se dĂ©gage du personnage un charisme certain. Le titre de l’ouvrage amplifie ce sentiment. Dans un second temps, j’ai remarquĂ© que le scĂ©nariste de cette aventure Ă©tait Xavier Dorison qui fait partie du PanthĂ©on du neuviĂšme art Ă  mes yeux. Cela a fini de me dĂ©cider de m’offrir ce bouquin et de m’y plonger au plus vite.

LeMaitreDArmes1Une prĂ©face introduit la narration. Elle dĂ©crit le contexte historique et les enjeux de la trame. Elle se dĂ©roule au dĂ©but du seiziĂšme siĂšcle durant l’opposition fratricide des chrĂ©tiens. D’un cĂŽtĂ©, se trouvent les partisans de la RĂ©forme favorables Ă  une traduction en français de la Bible afin qu’elle soit comprise par le plus grand nombre. De l’autre, les catholiques papistes refusent cette Ă©volution et souhaitent maintenir les clĂ©s de la parole divine dans les mains d’une minoritĂ©. Je dois dire que cette courte prĂ©sentation a Ă©veillĂ© ma curiositĂ©.  J’étais intriguĂ© par la place qu’allait occuper ce maĂźtre d’armes dans cette guerre qui embrase la chrĂ©tientĂ© et l’Europe.

Un duel, une rivalitĂ©, une chasse Ă  l’homme.

Les premiĂšres pages nous offrent en spectacle un duel entre deux fines lames du Royaume. L’une est Hans Stalhoffer. L’autre est le comte Maleztraza. L’enjeu pour le second et la place du premier : maĂźtre d’armes du roi François Premier. Cette scĂšne est la genĂšse de la rivalitĂ© entre les deux hommes. Ce conflit servira de fil conducteur Ă  l’intrigue. Ce combat Ă  l’épĂ©e permet Ă  JoĂ«l Parnotte de mettre en valeur ses talents de dessinateur et de coloriste. L’atmosphĂšre grise et humide transpire des planches. Quant Ă  la dynamique du combat, elle est remarquablement transcrite par le trait de l’auteur.

LeMaitreDArmes2Nous retrouvons ensuite Hans quelques annĂ©es plus tard. Sa dĂ©chĂ©ance est Ă©vidente. Mais un Ă©vĂ©nement va redonner un sens Ă  sa vie. Un ami fidĂšle s’est enfuit de Paris avec un exemplaire de la Bible traduit en français. Sa mission est de l’amener en suite oĂč il sera imprimĂ© puis diffusĂ©. Mais le pĂ©riple n’est pas sans risque. Au rude climat hivernal des montagnes s’ajoute la poursuite effrĂ©nĂ©e de Maleztraza et ses sbires couplĂ©e Ă  la chasse menĂ©e par une communautĂ© de chrĂ©tiens peu favorables Ă  la RĂ©forme. Bref, l’issue de cette quĂȘte est bien incertaine. Hans arrivera-t-il Ă  redonner un sens Ă  sa vie en protĂ©geant cet ouvrage si prĂ©cieux et rĂ©volutionnaire ?

Le scĂ©nario utilise tous les codes de la chasse Ă  l’homme. Ils  sont d’ailleurs exploitĂ©s avec talent. Tout au long des soixante-dix pages, le suspense est constant. L’inquiĂ©tude nous habite au fur et Ă  mesure que le pĂ©riple des hĂ©ros se complexifie. Dorison arrive Ă  gĂ©nĂ©rer une tension rendant ainsi passionnante la lecture. Le fait que tout cela se dĂ©roule dans l’univers hostile qu’est la montagne en hiver ajoute un attrait certain Ă  l’atmosphĂšre de l’ensemble. Le fait que Hans et son acolyte soient poursuivis par deux groupes distincts densifie le propos. Le comte Maleztraza est incontestablement antipathique. Par contre, le groupe menĂ© par ThimolĂ©on de VĂšdres fait naitre des sentiments plus ambigus.

Les enjeux historiques accompagnent les hĂ©ros sont intĂ©ressants. Les auteurs arrivent Ă  faire transpirer des pages l’importance de ce manuscrit. Le dĂ©nouement est en ce sens rĂ©ussi. Cet ouvrage a Ă©veillĂ© pour moi de la curiositĂ© Ă  l’égard de cette pĂ©riode. Il m’a fait comprendre que François premier ne peut pas se rĂ©sumer Ă  Marignan, la Joconde et Chambord. Xavier Dorison a ce talent commun avec Fabien Nury pour ancrer leurs intrigues dans la grande Histoire.

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Pour conclure, « Le MaĂźtre d’armes » est un album que j’ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ©. Je le conseille vivement Ă  tout le monde. Xavier Dorison confirme qu’il s’agit d’un maestro du scĂ©nario. Quant Ă  JoĂ«l Parnotte, j’ai apprĂ©ciĂ© de dĂ©couvrir son travail. Mon seul regret est que c’est un « one shot » et que la derniĂšre page marque la fin du temps passĂ© en compagnie de ce charismatique Hans


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note5

Djinn, T12 : Un honneur retrouvĂ© – Jean Dufaux & Ana MirallĂšs

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Titre : Djinn, T12 : Un honneur retrouvé
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : MirallĂšs
Parution : DĂ©cembre 2014


« Djinn » est une sĂ©rie Ă  l’atmosphĂšre particuliĂšre. Elle mĂȘle intrigue politique et Ă©rotisme. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre du cĂ©lĂšbre et efficace Jean Dufaux. Les dessins sont le fruit du travail d’Ana MirallĂšs. Le douziĂšme tome, « Un honneur retrouvĂ© » clĂŽt le cycle indien des aventures de Jade. J’ai cru comprendre qu’il s’agirait Ă©galement du dernier Ă©pisode de la sĂ©rie. Ce dernier opus, Ă©ditĂ© chez Dargaud, date de l’annĂ©e derniĂšre. Sa couverture nous fait dĂ©couvrir l’hĂ©roĂŻne nue. Son corps est maquillĂ© et des bijoux ornent son visage. Elle regarde fixement le lecteur. Pour l’attirer dans ses filets ?

Une fin de cycle décevante.

Djinn12aLa rĂ©volte gronde en Inde. L’occupation anglaise n’est plus acceptĂ©e par le peuple. Radjah Sing est le meneur des rĂ©volutionnaires. Sa fille est promise au maharadjah. Chacun essaie d’avancer ses pions pour mener Ă  bien leurs projets. Mais l’Histoire est peut-ĂȘtre en train de s’écrire dans le Pavillon des Plaisirs. C’est dans ce harem que Jade Ă©duque la promise au souverain aux arts de son corps. Cela lui permettra de dominer son futur mari et de le rallier Ă  son cause et Ă  celle de son pĂšre


Les deux actes prĂ©cĂ©dents avaient fait naĂźtre bon nombre d’intrigues entremĂȘlĂ©es. Les enjeux sont multiples. J’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient dĂ©mĂȘler tout cela en une cinquantaine de pages. Je trouvais la dimension politique intĂ©ressante. Elle dĂ©marquait ce cycle des deux autres. « Le pavillon des plaisirs » avait posĂ© des jalons intĂ©ressants. Par la suite, j’avais trouvĂ© « Une jeunesse Ă©ternelle » plus dĂ©cevant. La place occupĂ©e par Jade Ă©tait Ă©galement originale. Le fait d’assumer que les charmes d’une femme peuvent influencer fortement un homme puissant Ă©tait pertinent. Cela offrait une corde narrative attrayante.

La dimension Ă©rotique de l’intrigue perd tout son intĂ©rĂȘt au fur et Ă  mesure du dĂ©roulement de la trame. Les scĂšnes l’évoquant n’ont plus aucun autre intĂ©rĂȘt que permettre Ă  Ana MirallĂšs de dessiner ces corps en plein Ă©bat. Leur apport Ă  l’histoire est quasiment inexistant. Il est au plus anecdotique. Alors que cet aspect Ă©tait prĂ©sentĂ© comme central au dĂ©but du cycle, il est repoussĂ© Ă  un statut de folklore local. Je trouve cela dommage parce que cela fait disparaĂźtre le ton original de la sĂ©rie.

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Les arcanes politiques sont finalement bien moins mystĂ©rieux et complexes que je l’espĂ©rais. Finalement, le dĂ©nouement de l’histoire est bien complexe et alambiquĂ© que souhaitĂ©. Il s’avĂšre assez linĂ©aire. Il se dĂ©couvre sans rĂ©elle Ă©motion ni attrait. La curiositĂ© est rĂ©duite et n’excĂšde pas la volontĂ© de terminer quelque chose de commencer. La dimension mystique que vit Jade n’a pas d’autre intĂ©rĂȘt que de justifier un lien avec le cycle africain de la saga. Rien de plus. Bref, l’ensemble est moyen et plutĂŽt dĂ©cevant.

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Atar Gull, ou le destin d’un esclave modĂšle – Fabien Nury & BrĂŒno

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Titre : Atar Gull, ou le destin d’un esclave modĂšle
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : BrĂŒno
Parution : Octobre 2011


J’ai eu le plaisir que l’on m’offre derniĂšrement la bande-dessinĂ©e « Atar Gull, ou le destin d’un esclave modĂšle ». Non seulement le scĂ©nario est tenu par Fabien Nury, qui m’a dĂ©jĂ  convaincu avec ses sĂ©ries « Je suis lĂ©gion » et « Il Ă©tait une fois en France », mais le dessin est rĂ©alisĂ© par BrĂŒno, dont le travail m’a Ă©tĂ© louĂ© de nombreuses fois. Avec cet ouvrage, j’espĂ©rais dĂ©couvrir le travail de cet auteur en vogue. Ce livre est un one-shot d’un peu plus de 80 pages et est inspirĂ© d’un roman d’EugĂšne Sue. N’ayant pas lu ce roman, j’éviterai toute comparaison entre l’Ɠuvre originale et son interprĂ©tation en BD.

Atar Gull est fils de chef de la tribu des petits Namaquas en Afrique. La guerre avec les grands Namaquas fait rage et des hommes sont faits prisonniers. Toute la tribu pleure sauf lui. Atar Gull dĂ©clare alors que jamais il ne pleurera
 La BD est articulĂ©e selon deux livres : « La traversĂ©e » et « La plantation » auxquels s’ajoutent un prologue et un Ă©pilogue. Comme on parle ici d’un esclave, il va sans dire Atar Gull va se faire capturer par les grands Namaquas. Au lieu de manger leurs prisonniers, ils ont depuis appris Ă  les vendre aux blancs


Aucun manichĂ©isme : chaque personnage a ses raisons d’agir.

Le propos dĂ©veloppĂ© ici est particuliĂšrement sombre. L’esclavage n’est pas un sujet facile et Nury le traite ici sans manichĂ©isme. L’armateur qui procĂšde au commerce du bois d’ébĂšne est animĂ© par des intentions simples : pouvoir gagner assez d’argent pour rejoindre sa femme. C’est une des caractĂ©ristiques fortes de Fabien Nury : ses personnages ont souvent des bonnes raisons d’agir. Le tout commence donc par la traversĂ©e de l’Atlantique oĂč les auteurs dĂ©veloppent une vraie histoire de pirates. Le rĂŽle d’Atar Gull est ainsi trĂšs mineur. Il est seulement la plus belle piĂšce de la marchandise, un « Mandingo ».

L’arrivĂ©e aux AmĂ©riques change le tout. Atar Gull est vendu et travaille dans une plantation aux ordres du maĂźtre Wil. C’est vraiment Ă  ce moment-lĂ  que l’on perçoit toute la force du scĂ©nario. En effet, les Ă©vĂšnements avancent, souvent terribles, et les motivations d’Atar Gull nous sont toujours inconnues. On ne le comprend pas vraiment. Cependant, derriĂšre toute cette cruautĂ©, prĂ©sente Ă  tous les instants, on arrive Ă  ĂȘtre Ă©mu. Du grand art


Au niveau du dessin, j’avoue que le style de BrĂŒno m’a un peu gĂȘnĂ© au dĂ©part. Son trait est Ă©pais, sans concession, avec des aplats noirs importants, notamment dans ses visages. D’apparence simple, son dessin se rĂ©vĂšle bien plus complexe et intĂ©ressant une fois que l’on est habituĂ©. « Atar Gull » est aussi une bande-dessinĂ©e marquante graphiquement. Dans les moments forts, BrĂŒno sait donner Ă  son dessin la construction et le style qui fera rĂ©agir le lecteur. Un trĂšs bon dosage dans l’intensitĂ©. Le tout est colorisĂ© par aplats trĂšs simples, sans ombre. Le tout renforce le style de BrĂŒno, trĂšs brut. Les couleurs sont bien utilisĂ©es, renforçant l’atmosphĂšre de chaque lieu ou moment.

« Atar Gull » est clairement dans le haut du panier de la bande-dessinĂ©e actuelle. Avec un scĂ©nario original et surprenant, des personnages hauts en couleur et un dessin exigeant et marquant, on sent qu’aucune concession n’a Ă©tĂ© faite. Les auteurs accouchent d’un ouvrage avec une personnalitĂ© forte. A dĂ©couvrir absolument.

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note5

Le chant du cygne, T1 – Xavier Dorison, Emmanuel Herzet & CĂ©dric Babouche

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Titre : Le chant du cygne, T1
Scénaristes : Xavier Dorisaon & Emmanuel Herzet
Dessinateur : CĂ©dric Babouche
Parution : Août 2014


J’ai toujours eu beaucoup de plaisir Ă  m’immerger dans un univers nĂ© de la plume de Xavier Dorison. L’ésotĂ©risme de Le TroisiĂšme Testament, l’angoisse de Sanctuaire ou le western fantastique de W.E.S.T m’ont permis de vivre des moments de lecture envoĂ»tants. Depuis, je suis donc toujours aux aguets de toute nouvelle parution portant le nom du cĂ©lĂšbre scĂ©nariste. J’ai donc accueilli avec curiositĂ© l’apparition dans les librairies il y a presque un an du premier tome de Le Chant du Cygne. Cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez Le Lombard dans la collection SignĂ©. Le premier contact visuel est un bonheur. La couverture est splendide. On y dĂ©couvre un groupe de soldats. Ils apparaissent en quĂȘte d’un moment de calme. Les traces de sang sur leurs vĂȘtements tĂ©moignent que la guerre n’est pas loin. Les couleurs dans les tons verts font de ce dĂ©cor forestier un havre de paix improbable. Mis en perspective avec le titre de l’album, cette atmosphĂšre incite fortement Ă  se plonger dans la lecture.

La quatriĂšme de couverture pose les jalons de la trame avec les mots suivants : « Avril 1917. Alors qu’ils reviennent d’une offensive aussi vaine que meurtriĂšre sur le Chemin des Dames, les survivants de la section du lieutenant Katzinski rencontrent un soldat qui leur confie une pĂ©tition signĂ©e par des milliers de poilus. Il y a lĂ  de quoi renverser le gouvernement pour en finir, enfin, avec les boucheries inutiles. Seulement, pour ça, il faut aller Ă  l’AssemblĂ©e nationale
 Et jusqu’à Paris, le chemin promet d’ĂȘtre long. »

Des poilus en mission.

LeChantDuCygne1bL’histoire se dĂ©roulera sur deux tomes. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur la premiĂšre partie du diptyque. La seconde est prĂ©vue pour la rentrĂ©e. Le dĂ©but nous fait dĂ©couvrir le quotidien des tranchĂ©es. Nous sommes ici en premiĂšre ligne au cĂŽtĂ© du sergent Sabiane. Le personnage est imposant : grand comme un homme et demi, le crĂąne rasĂ© et des moustaches rousses et massives. Il s’agit d’un personnage charismatique qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Un petit peu bourru, il est un chef juste et respectĂ© Ă  la fois par ses hommes set sa hiĂ©rarchie. Il est un atout important pour l’intrigue. Le lecteur s’attache immĂ©diatement Ă  ce bonhomme qui occupe l’espace.

Au bout d’une petite quinzaine de pages, un Ă©vĂ©nement va changer la vie de cette bande de soldats comme tant d’autres. Larzac, un des poilus, se voit remettre une pĂ©tition qui circule sous le manteau. Elle dĂ©nonce certains agissements des gradĂ©s. Il s’agit d’une bonne Ă  retardement politique auxquels les dirigeants français ne pourraient survivre. NĂ©anmoins, elle n’a de valeur qu’une fois Ă  Paris. ApparaĂźt donc un dilemme pour la petite communautĂ©. Mener le document Ă  bon port est un acte de solidaritĂ© et de bravoure pour leurs pairs mais cet acte sera perçu comme de la traĂźtrise par les pontes de l’armĂ©e française. Que faire ? Etre rĂ©sistant et hĂ©ros n’est pas si Ă©vident quand la situation se prĂ©sente. C’est de tout cela que traite cet album.

LeChantDuCygne1cLes deux derniers tiers de l’ouvrage nous content les pĂ©rĂ©grinations dangereuses vĂ©cues par le petit groupe. Il va sans dire que leur trajet vers la capitale n’est pas une sinĂ©cure. Ils sont en permanence sur le qui-vive. Des dĂ©cisions compliquĂ©es sont Ă  prendre. Aucun ne peut sortir indemne de telles Ă©preuves. La bande se compose de sept membres. Chacun apporte son Ă©cot Ă  l’intrigue. Evidemment, tous n’ont pas la mĂȘme importance. Chacun n’influe pas de la mĂȘme maniĂšre sur les Ă©vĂ©nements. Par contre, aucun n’est nĂ©gligĂ© ou inutile. Je suis facilement attachĂ© Ă  ce petit monde qui se trouve Ă  gĂ©rer une situation qui les dĂ©passe. Pour construire ce scĂ©nario dense et captivant, Xavier Dorison s’est associĂ© Ă  son collĂšgue Emmanuel Herzet dont je dĂ©couvre ici la qualitĂ© du travail.

Concernant les illustrations, elles sont le fruit de la plume de CĂ©dric Babouche. De maniĂšre Ă©vidente, son trait offre une identitĂ© graphique forte Ă  l’album. De la couverture Ă  la derniĂšre planche, le talent du dessinateur transpire de chaque planche. Je trouve le travail sur les couleurs splendide. La particularitĂ© est de ne marquer quasiment aucune rupture chromatique entre les personnages et les dĂ©cors. Cette porositĂ© rend parfois certains pages difficiles Ă  lire. Elle nĂ©cessite une plus grande attention pour en saisir toute la finesse et tous les aspects. NĂ©anmoins, cela reste un tout petit bĂ©mol en comparaison des nombreux atouts gĂ©nĂ©rĂ©s par le coup de crayon de Babouche.

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Pour conclure, cet opus est de grande qualitĂ©. Je me suis passionnĂ© pour les aventures de ses poilus en mission. L’intrigue est remarquable. Elle enchaĂźne les évĂ©nements Ă  rythme effrĂ©nĂ© et attise en permanence notre attention. L’ensemble reste suffisamment imprĂ©visible pour que nous soyons toujours pressĂ©s de connaĂźtre la suite. J’attends donc avec impatience que le second tome apparaisse dans les rayons pour dĂ©couvrir l’issue de ce dangereux pĂ©riple


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note4

Les guerres silencieuses – Jaime Martin

LesGuerresSilencieuses


Titre : Les guerres silencieuses
Scénariste : Jaime Martin
Dessinateur : Jaime Martin
Parution : Août 2013


Jaime Martin reste devant une page blanche. Il n’a aucune idĂ©e de scĂ©nario pour son prochain projet de bande-dessinĂ©e. Et son animositĂ© pour les autres ne l’aide pas. Un repas de famille va le dĂ©bloquer. Alors que son pĂšre ressasse une nouvelle fois son service militaire au Maroc, Jaime Martin en profite pour rĂ©cupĂ©rer les carnets de son gĂ©niteur et de voir s’il y a matiĂšre Ă  faire quelque chose avec. Cela aboutira sur « Les guerres silencieuses », un pavĂ© de 150 pages paru chez Dupuis, dans la collection Aire Libre.

Le livre se situe sur trois niveaux : le service militaire proprement dit, la vie sous la dictature de Franco et l’époque contemporaine, oĂč Jaime Martin se pose des questions sur l’intĂ©rĂȘt du projet. Il aurait Ă©tĂ© dommage de ne pas traiter le quotidien des espagnols des annĂ©es 50/60, car cela se rĂ©vĂšle trĂšs intĂ©ressants, mĂȘme si l’auteur insiste sur les rapports garçon/fille. Comment et pourquoi se marier, sous Franco, c’est assez codifiĂ©.

Une jeunesse pendant le régime franquiste.

LesGuerresSilencieuses1Le cƓur du sujet reste cependant le service militaire. Perdus au Maroc, dans une guerre plus ou moins cachĂ©e par le gouvernement, les jeunes espagnols se retrouvent dĂ©munis en plein dĂ©sert. Outre les habituels brimades et rapports de force, propres Ă  toutes les armĂ©es, c’est ici les problĂšmes d’alimentation qui sont au cƓur du sujet. Mal ravitaillĂ©s, les soldats crĂšvent de faim et toutes les combines sont bonnes pour mieux manger.

Jaime Martin retranscrit admirablement cette ambiance militaire. MĂȘme si c’est dĂ©jĂ  vu, tant au cinĂ©ma qu’en bande-dessinĂ©e, le livre se dĂ©vore et on tremble pour les personnages. Le tout n’est pas idĂ©alisĂ© dans les rapports humains et sonne juste. Cependant, aprĂšs avoir Ă©tĂ© passionnĂ© par le bouquin, le lecteur ne peut s’empĂȘcher d’ĂȘtre frustrĂ© par cette fin abrupte qui apparaĂźt soudain sans crier gare. Et Ă  la fermeture du bouquin, un sentiment d’inachevĂ© persiste. Il est assez clair que Jaime Martin a Ă©crit ce livre avant tout pour lui puisque c’est l’histoire de ses parents qu’il raconte. Les passages contemporains sont, pour nous lecteurs, assez lourds et inutiles. Ainsi, les questionnements de Martin sur l’intĂ©rĂȘt de son livre ne sont pas pertinents. Dans le pire des cas, cela dĂ©prĂ©cie son travail lorsqu’il estime faire un livre de plus sur l’armĂ©e.

Au niveau du dessin, c’est pour moi une rĂ©vĂ©lation. Je ne connaissais pas Jaime Martin et j’aime beaucoup son trait. Il possĂšde un dessin semi-rĂ©aliste trĂšs rĂ©ussi. Les couleurs sont au diapason, proposant trois ambiances comme chaque Ă©poque et lieu traversĂ©s. La narration est fluide et les 150 pages se dĂ©vorent tant on est lancĂ© sur des rails. Du beau travail !

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« Les guerres silencieuses » laisse un goĂ»t d’inachevĂ©. J’étais captivĂ© et impressionnĂ© par ma lecture, mais la fin du livre m’a déçu. Trop abrupte, trop personnelle, elle laisse un peu le lecteur de cĂŽtĂ©. Mais il serait dommage de passer Ă  cĂŽtĂ© de ce livre, qui traite d’une guerre dont personne n’a entendu parler, et d’un rĂ©gime franquiste qui ne laisse nulle place Ă  la romance !

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note4

Le troisiĂšme testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisiÚme testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le TroisiĂšme Testament » est, Ă  mes yeux, un monument du neuviĂšme art. Sa dimension Ă©sotĂ©rique dĂ©veloppĂ©e dans cette Ă©poque mĂ©diĂ©vale est envoutante. De plus, la richesse du scĂ©nario mis en valeur par un dessin soignĂ© et prĂ©cis fait que chaque nouvelle lecture de cette sĂ©rie est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche Ă  ce solide chĂȘne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le TroisiĂšme Testament – Julius ». Son intrigue Ă©tait bien antĂ©rieure Ă  celle du Comte de Marbourg. NĂ©anmoins, la perspective de dĂ©couvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indiffĂ©rent un adepte de l’histoire scĂ©narisĂ©e par Xavier Dorison.

Julius4a« Le TroisiĂšme Testament
 Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatriĂšme de couverture. Ce prophĂšte occupe une place non nĂ©gligeable dans la tĂ©tralogie initiale. NĂ©anmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de maniĂšre complĂštement indĂ©pendante. Il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir suivi les pĂ©rĂ©grinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirĂ©e par les intrigues mystiques Ă  l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius


Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatriĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez GlĂ©nat en avril dernier. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus prĂ©cĂ©dents sont le fruit du travail de ThimothĂ©e Montaigne. Il est Ă©vident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient Ă©chappĂ©.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long pĂ©riple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clĂŽt Ă  la fin de l’album prĂ©cĂ©dent. Proche du but, il arrĂȘte sa quĂȘte et dĂ©cide de revenir sur ses pas en JudĂ©e. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libĂ©rer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retournĂ© dans la montagne Ă  la recherche de la rĂ©vĂ©lation


Une rupture d’atmosphĂšre.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration Ă©tait assez linĂ©aire. Les embĂ»ches se succĂ©daient. Les moments de doute Ă©taient nombreux. Bref, cette aventure Ă©tait une succession d’épreuves. La construction scĂ©naristique faisait que le lecteur se laissait aisĂ©ment portĂ© par cette mission. En effet, l’empathie dĂ©gagĂ©e par cette communautĂ© permettait Ă  la curiositĂ© d’ĂȘtre entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphĂšre. Le hĂ©ros n’est plus en recherche divine. Il est retombĂ© dans son costume humain. Il mĂšne une guerre. Il est complĂštement possĂ©dĂ© par sa volontĂ© de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e. L’évolution est bien montrĂ©e. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissĂ© place Ă  une machine Ă  tuer. Je trouve intĂ©ressant cette Ă©volution. Elle chamboule la routine agrĂ©able dans laquelle le lecteur Ă©tait blotti. MalgrĂ© tout, l’ouvrage en lui-mĂȘme n’est pas un condensĂ© de rebondissements. Il se dĂ©cline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins prĂ©sent dans les planches de ce quatriĂšme tome. NĂ©anmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les derniĂšres pages sont dans ce domaine un modĂšle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quĂȘte prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier Ă©pisode est passionnante. Il s’agit d’une belle rĂ©ussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de ThimothĂ©e Montaigne. Il confirme le talent mis en lumiĂšre prĂ©cĂ©demment. Je trouve vraiment remarquable sa capacitĂ© Ă  faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les diffĂ©rents plans pour offrir un dynamisme intĂ©ressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion trĂšs forte du lecteur dans un monde et une Ă©poque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sĂ©rieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible prĂ©sence de Julius tant son rĂŽle est le plus intĂ©ressant de la saga. En tout cas, la lecture a Ă©tĂ© suffisamment plaisante pour que je me plonge Ă  nouveau dans la sĂ©rie initiale. Suivre Ă  nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisĂ©ment l’attente de la parution du « Livre V ».

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