Templiers, T1 : La chute – Jordan Mechner & LuUyen Pham

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Titre : Templiers, T1 : La chute
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateur : LuUyen Pham
Parution : Janvier 2014


Les Templiers m’ont toujours intriguĂ©. Toute histoire les mettant en jeu m’attire. Ils cumulent un bon nombre d’arguments Ă  mes yeux : le Moyen-Âge est une Ă©poque qui me plaĂźt, la dimension religieuse est toujours intĂ©ressante, le mystĂšre qui les entoure attise la curiosité  Enfin, il est aisĂ© de greffer une petite dose d’ésotĂ©risme pour finaliser la recette.

C’est pourquoi, au hasard de mes pĂ©rĂ©grinations dans les rayons de librairie, j’ai Ă©tĂ© appĂątĂ© par un ouvrage Ă  la couverture sobre. D’un format davantage proche de celui d’un roman que d’un album de bandes dessinĂ©es, il s’intitule « Templiers ». Ce seul titre a Ă©veillĂ© mon attrait. En le feuilletant, je suis tombĂ© sous le charme des dessins. En quelques pages, j’avais commencĂ© Ă  voyager dans le temps et avait plaisir Ă  me retrouver dans les pas de ces cĂ©lĂšbres chevaliers.

templiers1aLa quatriĂšme de couverture prĂ©sente les mots suivants : « Les Chevaliers du Temple. VĂ©nĂ©rĂ©s pour leur noblesse, leur fĂ©rocitĂ© dans la bataille, et leur dĂ©votion religieuse, les Templiers Ă©taient des chevaliers de Dieu, exempts de tout pĂ©chĂ© et Ă  l’ñme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement la plus opiniĂątre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient Ă  s’échapper quand le roi de France dĂ©cide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur lĂ©gendaire trĂ©sor. AprĂšs un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux
 voler le plus grand trĂ©sor du monde au nez du roi. »

Le bouquin est le premier tome de l’histoire. Il s’intitule « La chute ». EditĂ© chez Akileos, il se compose de deux cents quarante pages. J’ai souvent du mal avec une telle structure. Il est en effet rare qu’un album arrive Ă  conserver une qualitĂ© constante sur une telle longueur. En tout cas, sorti de « Blast », je ne vois pas parmi mes lectures rĂ©centes un autre exemple d’opus aussi long Ă  m’avoir conquis. Ce livre se dĂ©coupe en chapitres qui offrent des repĂšres intĂ©ressants dans la lecture.

L’avantage d’allonger l’intrigue sur plus de deux cents pages est de permettre la construction de beaucoup de personnages qu’ils soient centraux ou secondaires. La trame est relativement dense et fait exister un grand nombre de protagonistes. Le travail graphique de LeUyem Pham que je dĂ©couvre ici fait exister chaque membre de l’aventure et implique ainsi fortement le lecteur. La sympathie dĂ©gagĂ©e par Martin et ses amis apporte un Ă©cot certain au plaisir de la dĂ©couverte de leurs pĂ©rĂ©grinations.

On entre vite dans le vif du sujet.

L’intrigue ne se rĂ©sume pas Ă  suivre les pas de personnages auxquels on s’est attachĂ©. La trame ne perd pas de temps Ă  se mettre en place. Le scĂ©nariste Jordan Mechner ne s’autorise pas Ă  un long round d’observation. MalgrĂ© le grand nombre de pages, il ne perd pas de temps Ă  plonger ses hĂ©ros dans le vif du sujet. La consĂ©quence est que l’immersion du lecteur est rapidement profonde. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent Ă  un rythme soutenu. Martin est un fugitif. Il est donc en permanence sur le qui-vive. L’histoire ne s’autorise donc aucun temps mort pour notre plus grand plaisir. Le suspense, sans ĂȘtre insoutenable, est toujours prĂ©sent. La narration est agrĂ©able et les pages dĂ©filent sans qu’on s’en rende compte.

Le travail graphique qui m’avait conquis lors de ma premiĂšre rencontre avec l’ouvrage a enchantĂ© ma dĂ©couverte du tome. Je trouve que le trait de Pham accompagne parfaitement le cĂŽtĂ© rythmĂ© des scĂšnes et l’aventure qui transpire de chaque page. L’identitĂ© des personnages s’accordent aussi parfaitement avec l’atmosphĂšre gĂ©nĂ©rale. Les dĂ©cors suggĂšrent aisĂ©ment le dĂ©paysement autour temporel que gĂ©ographique.

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Au final, « Templiers » est un premier opus intĂ©ressant. Je me suis laissĂ© prendre par l’intrigue et suis curieux de lire la suite. La bonne nouvelle est que le deuxiĂšme Ă©pisode est sorti en avril dernier. Il ne me reste donc plus qu’à me le procurer. Mais cela est une autre histoire


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Note : 15/20

 

Le singe de Hartlepool – Wilfrid Lupano & JĂ©rĂ©mie Moreau

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Titre : Le singe de Hartlepool
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Jérémie Moreau
Parution : Septembre 2012


Pendant les guerres napolĂ©oniennes, un navire français navigue prĂšs des cĂŽtes anglaises. A bord, un singe habillĂ© d’un uniforme français fait office de mascotte. La haine de l’anglais est alors Ă  son comble. Ainsi, le mousse, osant chantonner une mĂ©lodie en anglais, se voit jetĂ© par-dessus bord
 Quelques instants plus tard, c’est tout le navire qui sombre suite Ă  un orage soudain. Seul rescapé : le singe. Celui-ci va se retrouver sur les cĂŽtes anglaises, prĂšs d’un village nommĂ© Hartlepool. Les habitants vont alors dĂ©cider de pendre ce Français.

lesingedehartlepool1InspirĂ© d’une histoire vraie (ou du moins d’une lĂ©gende, difficile d’ĂȘtre certain de la vĂ©racitĂ© des faits), « Le singe de Hartlepool » est une vĂ©ritable fable contre la bĂȘtise humain en gĂ©nĂ©ral et le nationalisme en particulier. N’ayant jamais vu un Français de leurs vies, les habitants vont trouver Ă  se convaincre que ce singe est un ĂȘtre humain français. Quitte Ă  faire appel Ă  un ancien combattant sĂ©nile pour trouver des arguments


Les auteurs, Wilfrid Lupano au scĂ©nario et JĂ©rĂ©mie Moreau au dessin, ont dĂ©cidĂ© de jouer le jeu Ă  fond. Ici, c’est une fable. La plupart des gens (ici, de vĂ©ritables ploucs) sont complĂštement stupides et haineux. Seuls certains personnages parviennent Ă  sortir de cet Ă©tat de fait : certains enfants et le mĂ©decin, symbole de culture et donc de tolĂ©rance. Clairement, les auteurs font le choix d’une morale claire et affirmĂ©e et c’est tant mieux.

Le ton de l’album est clairement cynique. L’humour y est fortement prĂ©sent malgrĂ© l’aspect dramatique de l’histoire. On rit souvent, voire mĂȘme de bon cƓur, devant les remarques des villageois. On rit de la bĂȘtise humaine et Ă  la fois, on s’en dĂ©sespĂšre.

« Bien qu’il ne parle pas, le singe est le personnage le plus complexe de l’histoire. »

Notre empathie est souvent requise dĂšs que le singe apparaĂźt. Victime innocente, subissant le courroux d’animaux se revendiquant intelligents, il est le personnage le plus complexe de l’histoire, bien qu’il ne parle pas. Et en cela, c’est la grande rĂ©ussite de l’album. Les auteurs ont parfaitement su retranscrire la dualitĂ© des chimpanzĂ©s. PoussĂ© dans ses retranchements, le singe est bestial, il mord jusqu’au sang, griffe, bref, lutte pour sa vie. Mais il est Ă©galement parfois terriblement humain avec son regard perdu dans le vide. Éternelle victime de l’homme (enlevĂ© Ă  sa famille, puis pendu en Angleterre), il paraĂźt pourtant bien plus humain que ses bourreaux.

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Outre une narration et un ton captivants, il faut avouer que le dessin est l’un des points forts de cet album. J’ai pleinement accrochĂ© au graphisme personnel et expressif de JĂ©rĂ©mie Moreau. Il est en parfaite adĂ©quation avec le propos, sachant se montrer expressif dans les moments les plus ridicules ou plus intimiste dans les passages les plus empathiques. Pour un premier album, c’est d’autant plus impressionnant. Un dessinateur que je suivrai avidement dĂ©sormais.

« Le singe de Hartlepool » est un one-shot de qualitĂ©. MaĂźtrisĂ© de bout en bout sur tous les points, il maĂźtrise le mĂ©lange des genres avec brio. A la fois Ă©cƓurĂ©, amusĂ© et attristĂ©, le lecteur repart avec le plein d’émotion ! 

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Note : 17/20