Titre : Catharsis
Scénariste : Luz
Dessinateur : Luz
Parution : Mai 2015
Le jour de la tuerie de Charlie Hebdo, Luz arrive en retard : il a fait l’amour ce matin-là. Il arrive sur les lieux et découvre ses amis morts. Outre ses amis, il dit avoir perdu le dessin. Il n’arrive plus à dessiner. « Catharsis » présente ce retour au dessin pour exorciser ce drame qui l’a touché. Le livre pèse 128 pages et est publié chez Futuropolis.
Drôle, touchant, inventif…
« Catharsis » est un livre essentiellement autobiographique. En séquences de quelques pages, Luz retranscrit ses ressentis. Parfois, c’est avant tout graphique (comme les terroristes qui effectuent une danse, le pigeon qui survole Paris). D’autres sont simplement humoristiques, façon anecdote décalée. La plupart, bien entendues, sont poignantes et touchantes. Sans pathos, Luz multiplie les tons pour narrer sa vie, devenue si difficile.
Le livre s’apparente réellement à un travail de retrouvailles avec le dessin. L’auteur procède à de véritables expérimentations graphiques, variant le trait, le type de narration, voire les sujets. On ressent toute la détresse de l’après, du survivant. Au-delà de la perte de ses amis, c’est l’angoisse, les cauchemars, la boule au ventre qui domine. Sans compter l’omniprésence des gardes du corps et l’interdiction de sortir qui étouffe l’auteur encore plus.
Le trait est vif et expressif. Il varie selon les histoires et d’adapte en fonction. S’il peut paraître maladroit, il n’en est que plus efficace. L’ouvrage est en noir et blanc mais possède quelques incursions de couleur (notamment le rouge). Là encore, l’auteur ne met de la couleur que lorsqu’elle a un rôle à tenir.
Difficile d’en dire plus sur ce « Catharsis ». Profondément touchant par son sujet, mais aussi drôle et inventif graphiquement, c’est un OVNI dans la galaxie de la bande-dessinée. On ne peut que se réjouir de voir Luz produire un ouvrage aussi intéressant formellement. Mais on aurait préféré que rien n’arrive aux gars de Charlie Hebdo et qu’il continue son œuvre avec plus de légèreté. Maintenant qu’il a retrouvé son dessin, espérons qu’il finisse par perdre sa boule au ventre. Pardon. Ginette.