Titre : Les chevaliers d’Héliopolis, T1 : Nigredo, l’œuvre au noir
Scénariste : Alexandro Jodorosky
Dessinateur : Jérémy
Parution : Mai 2017
Au hasard de la lecture d’un magazine spécialisé dans le neuvième, j’ai découvert la naissance d’une collaboration entre Alejandro Jodorowsky et Jérémy. Cette information m’a naturellement intrigué. Le premier est un scénariste majeur de l’Histoire de la bande dessinée. Quant au second, je suis tombé sous le charme de son trait dans la Barracuda. Le fruit de leur « mariage » se nomme Les chevaliers d’Héliopolis. Le premier tome, paru cette année, s’intitule Nigredo, l’œuvre au noir. La couverture met particulièrement en valeur la maestria graphique de Jeremy. Il nous présente un soldat, épée à la main, tout de noir habillé, se dirigeant vers droit dans les yeux. Le héros est charismatique. Il ne nous reste plus qu’à découvrir son histoire…
L’ésotérisme dans la grande Histoire.
L’intrigue s’inscrit dans la grande Histoire. Nous apprenons que Louis XVI possède un fils légitime dans la nature. Sa lignée ne s’est donc pas interrompue lors de l’exécution de la famille royale. Dans le plus grand secret, son héritier a été éduqué par une mystérieuse confrérie d’alchimistes. En même temps que nous découvrons le terrible passé de cet adolescent pas comme les autres, les auteurs nous content son initiation mystique à un univers dont il semble être un pion important…
L’ésotérisme dans la grande Histoire est une thématique classique du neuvième art. Néanmoins, je dois dire que je prends toujours beaucoup de plaisir à me laisser porter dans ce type de trame. Ce premier opus de Les chevaliers d’Héliopolis sépare bien les deux aspects en alternant la phase d’initiation du héros et sa place dans l’Histoire. Je suppose que ces deux pans de la narration seront davantage entremêlés par la suite. Le fait que cet album présente et introduise les enjeux expliquent peut-être ce découpage pour l’instant cloisonné des événements.
D’ailleurs Nigredo, l’œuvre au noir ne se sépare jamais de cette atmosphère de prologue. Lorsque j’ai terminé la lecture de la dernière page, j’ai été un petit peu frustré. J’ai eu le sentiment que l’histoire venait à peine de commencer. C’est souvent le défaut des chapitres initiaux de longues séries. Il ne reste plus qu’à espérer que le temps pris par les auteurs pour immerger le lecteur dans leur univers se justifiera par la suite. Dans le cas contraire, je pourrais avoir l’impression d’avoir découvert une trame diluée.
Malgré tout, le travail graphique de Jérémy permet de savourer la lecture malgré un scénario manquant d’épaisseur et de rythme. Son trait nous offre des planches splendides que j’ai pris beaucoup de plaisir à savourer pour en déguster chaque détail. Ses illustrations participent de manière très active à notre voyage au côté du héros en nous plongeant profondément dans les lieux et l’époque qui l’abritent.
Pour conclure, Les chevaliers d’Héliopolis est un album qui prendra peut-être une ampleur supplémentaire au fur et à mesure de la parution des tomes suivants. En effet, pour l’instant, il s’agit d’un album qui dégage une atmosphère prenante, qui pose des enjeux intéressants qui offre une lecture agréable mais manquant un petit peu de rythme et d’intensité. Je fais confiance aux deux auteurs pour changer de braquet lors du prochain opus…