Showman Killer, T1 : Un héros sans cœur


Titre : Showman Killer, T1 : Un Héros Sans Coeur
Scénariste : Alexandro Jodorowsky
Dessinateur : Fructus
Parution : Novembre 2010


En feuilletant un magazine de bandes dessinées, je suis tombé sur un article traitant d’une nouvelle série intitulée « Showman Killer ». La présence de Jodorowsky au scénario avait attisé ma curiosité. L’autre attrait de cette découverte résidait dans les dessins. En effet, ceux qui accompagnaient l’article étaient différents de ceux que j’ai l’habitude de lire. C’est donc dans le but d’élargir mon univers que j’ai découverte le premier tome de cette série intitulé « Un héros sans cœur ». Cet ouvrage est édité chez Delcourt dans la collection Neopolis. D’un format classique, l’album est composé d’une cinquantaine de pages. Paru en fin d’année dernière, il est vendu pour environ quatorze euros. J’ai oublié de préciser que le dessinateur qui accompagne Jodorowsky dans cette aventure se nomme Fructus.

Un homme quasiment invicible

L’histoire commence par un prologue d’une dizaine de pages. Un scientifique décide de concevoir le pire des guerriers. L’enfant qui nait de ses manipulations génétiques ne connaitra jamais la chaleur d’une mère, toute émotion lui sera ôtée, son seul jouet sera l’argent. Il connaît également la formation auprès des plus grands maitres du combat. Bref, il en découle un surhomme dépourvu de cœur. Son « père » veut donc s’en servir pour renverser le pouvoir. Mais, son enfant se retourne contre lui et devient alors le mercenaire le plus cher et le plus performant de l’univers…

La construction du prologue fait qu’on s’immerge tout de suite dans la « construction » du héros. Son concepteur et son acolyte nous mettent mal à l’aise. Les excès de violence et d’inhumanité nous touchent profondément. Les premières pages nous montrent rapidement que la lecture ne sera pas une longue route tranquille. La dureté est présente dans chaque attitude, dans chaque réplique. Incontestablement, l’univers dans lequel se déroule l’histoire ne peut pas laisser le lecteur indifférent.

Une fois cette présentation faite, l’intrigue nous plonge dans le quotidien de ce super mercenaire dont le seul mode de dialogue est l’argent. Incapable de ressentir une quelconque empathie ou de posséder un semblant de valeur humaniste, son aide va au plus offrant. Ses pouvoirs le rendant quasiment invincible, il est donc demandé par les plus grands dirigeants de l’univers. Cela nous permet de comprendre de manière partielle les grandes lignes politiques du monde dans lequel il opère. En effet, l’histoire se déroule dans un monde futuriste dans lequel toute sorte d’habitant cohabite. Néanmoins, les régimes semblent répondre à des codes moyenâgeux de part le statut des dirigeants ou la crédulité apparente des peuples.

Sans chercher à vous dévoiler trop d’information, ce premier tome nous fait découvrir le mode de travail de ce « héros » à travers l’exécution d’un de ses contrats. La lecture est prenante même si la violence de l’ambiance et des actes mettent parfois mal à l’aise. Il est d’ailleurs intéressant de ressentir cette espèce de mal-être en lisant. C’est très différent de mes lectures habituelles. Je ne dis pas qu’il faut le lire quand on a un moment de blues mais je ne regrette vraiment de m’être laissé attirer dans cet univers-là.

L’atmosphère est évidemment due en grande partie aux dessins. Très différents de ce que je lis d’habitude, je n’ai eu aucun mal à m’y accommoder. Ils correspondent parfaitement à l’ambiance de la trame. Ils sont froids, la violence et la dureté sont mises en valeur. L’histoire n’est pas surchargée en dialogue. Cela permet aux dessins de prendre une place très importante. De plus, Fructus arrive aussi aisément à nous montrer de grandes vues aériennes, qu’à nous plonger dans des combats sanglants et rythmés. Bref, j’ai l’intention de découvrir davantage ses œuvres.

En conclusion, « Un héros sans cœur » est une belle rencontre. J’ai découvert un nouvel univers, un nouveau style et j’ai l’intension de poursuivre mon investigation. Cet album est un objet très agréable pourvu d’une couverture particulièrement réussi. On y découvre le portrait du Showman Killer qui ne pourra laisser personne indifférent. Dans ce premier tome, les dessins prennent à mes yeux le dessus sur le scénario. On assiste globalement à la création d’un mercenaire et on le suit exécuter sa mission. Je suis curieux de savoir comment va évoluer la trame et si la série va prendre une autre ampleur. Pour l’instant, l’atmosphère est oppressante, reste à savoir si l’histoire va s’intensifier et se complexifier. Mais que cela ne vous empêche pas d’aller découvrir ce nouveau personnage. La rencontre ne laisse pas indifférent…

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