Donjon Zénith, T9 : Larmes et brouillard


Titre : Donjon Zénith, T9 : Larmes et brouillard
Scénaristes : Lewis Trondheim & Joann Sfar
Dessinateur : Boulet
Parution : Novembre 2022


Le retour de « Donjon » m’avait fortement enthousiasmé. Après quelques albums déjà sortis, je suis plus prudent. Les nouvelles sous-séries ne m’ont pas convaincu et les nouveaux enjeux ne sont pas encore très clairs. Et puis il y a la partie « Zénith », la partie principale, charnière, qui continue à avancer petitement. Cette nouvelles itération, dotée d’une belle couverture, s’intitule « Larmes et brouillard ». Elle est sûrement le meilleur album de « Donjon » de la nouvelle génération.

Moins d’action, plus d’émotion

Ce « Donjon Zénith » se situe à deux moments charnières : le premier, intime, est la naissance à venir de l’enfant d’Isis et Herbert. On connaît déjà la descendance des deux héros, autant dire que cette naissance a de quoi nous titiller. En sous-intrigue, le gardien tente de récupérer le donjon (pour cela, une lecture du « Donjon Monsters » sorti deux mois plus tôt vous éclairera, « Quelque part ailleurs »). On voit déjà qu’en multipliant les appels de pied à d’autres albums et histoires, ce « Donjon Zénith » gagne en qualité.

Le cœur de l’ouvrage réside dans le couple mixte que forme Isis et Herbert. Ainsi, la chatte veut élever son enfant dans les traditions kochaques. Mais quand ces dernières deviennent trop dangereuses pour le bébé, Herbert ne peut que s’y opposer. Le livre touche ainsi à l’intime et fait la part belle à l’émotion. Et dans le suspense qui s’élève au fur et à mesure de la lecture, on ne peut s’empêcher de penser à « Donjon Crépuscule ». C’est là où l’immense monde créé par Trondheim et Sfar tire toute sa force.

S’il y a de l’émotion, la bagarre est aussi présente, les traits d’humour… On retrouve l’ambiance habituelle, ce ton particulier qui s’est peu à peu assombri. On pourra toujours chipoter sur la présence rare de Marvin dans cet album, mais on ne peut pas tout avoir. Moins porté sur l’action, plus sur l’émotion, ce tome de « Donjon Zénith » aura certainement à terme, ou dès maintenant, une place à part.

Au niveau du dessin, j’apprécie beaucoup les partitions de Boulet sur cette série. Son dessin plein de hachures densifie des pages déjà pleines de détails. Les cases fortes sont légion et, clairement, il fallait cela pour renforcer l’ouvrage. Il a clairement pris ses aises dans cette série. En revanche, ses influences manga sont de plus en plus présentes, je ne suis pas certain que cela plaira à tout le monde. Concernant les couleurs, je les trouve splendides sur certaines planches, beaucoup moins sur d’autres. Comme si ce n’était pas la même personne qui les avaient réalisées. Étrange.

Ce « Donjon Zénith » est une véritable réussite. Moins porté sur l’action et l’humour, davantage sur l’émotion, c’est une nouvelle pierre solide et essentielle à cette construction titanesque qu’est la série. Un état de grâce que l’on n’attendait plus. Quel plaisir !

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