Titre : Il était une fois en France, T4 : Aux armes, citoyens
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Sylvain Vallée
Parution : Octobre 2010
« Aux armes, citoyens ! » est le quatrième tome de « Il était une fois en France ». Cette série est vouée à se clore en six albums. Avec cet opus, on bascule dans la seconde moitié de cette saga qui est un des plus gros succès de la bande dessinée récente. Elle est née de la collaboration entre Fabien Nury et Sylvain Vallée. Elle est éditée aux éditions Glénat. Le format du bouquin est classique. Il se compose d’une soixantaine de pages.
La fin de la guerre approche.
Cette histoire est construite autour du personnage de Joseph Joanovici. Il s’agit d’un orphelin juif immigré en France. Il est analphabète mais se révèle malgré tout un ferrailleur hors pair qui le rendra milliardaire. Mais durant la Seconde Guerre Mondiale, il alterne entre la collaboration pour survivre et la résistance pour sauver ses proches. C’est un personnage ambigu qui accompagne notre lecture et nous plonge dans son quotidien durant cette période.
Le quatrième tome marque la fin de la Guerre. Durant la majorité de la lecture, on attend le débarquement des américains. Dans les livres d’histoire, quand on apprend des dates, on ne ressent pas ce sentiment qui précède les événements. Dans cet album, on voit passer chaque jour, chaque peur qui marque la fin de l’occupation allemande. Du côté des français, on commence à préparer le retour à l’indépendance. Du côté des allemands, on essaie de sauver ses arrières. A travers le personnage de Joseph, on ressent tout cela avec une intensité forte du fait de la duplicité du personnage.
En effet, Joseph vit un moment important pour la suite de sa vie. Son accointance avec les allemands sentait mauvais alors que les américains s’apprêtaient à arriver sur les plages françaises. Dans le tome précédent, il commençait à placer ses billes dans la Résistance. Il sentait le vent tourner. Il consolide sa position dans cet opus en vérifiant à nettoyer les traces qu’il aurait pu laisser derrière lui. Le pragmatisme extrême de Joseph rencontre sa peur de tout perdre et de voir sa famille en danger. C’est quand il est le plus sauvage que Joseph laisse transparaître son humanité. L’intensité du personnage passe encore un cap de ce quatrième album.
La trame historique est passionnante. L’atmosphère de l’époque est bien rendue. On est envouté par le suspense de l’intrigue. Le côté « compte à rebours » de la narration est très réussi et rend notre lecture intense. La reconstitution de cette époque est bien transcrite. Je n’ai pas de diplôme d’historien mais tout cela semble vrai et crédible. Au début de l’album les auteurs précisent que « bien que cette histoire soit inspirée par des faits réels, elle n’en demeure pas moins une fiction : les incidents authentiques, les suppositions et l’invention pure sont ici librement mélangés. » Le fait de ne pas savoir ce qui est factuel et ce qui l’est moins.
Les dessins sont dans la lignée des précédents tomes. Ils sont très réussis. Le trait de Sylvain Vallée me plait énormément. Ils habillent parfaitement cette trame. Que ce soit au niveau des personnages ou des décors, il génère cet univers réussi et complexe au milieu duquel gravite Joseph et ses acolytes. Les couleurs sont également très réussies et facilite notre dépaysement dans le Paris des années quarante.
En conclusion, « Aux armes, citoyens ! » confirme le talent sans limite de Nury et Vallée. Je ne les remercierai jamais assez de nous offrir cette série que je peux lire et relire sans jamais m’en lasser. Le cinquième tome m’attend sur ma table de nuit. Il ne me restera plus qu’à attendre la parution du sixième tome qui clora cette saga unique. Je conclurai cette critique en vous donnant la citation de Curzio Malaparte qui accompagne la page de garde : « Vous ne pouvez pas imaginer de quoi est capable un homme, de quels héroïsmes, de quelles infamies il est capable, pour sauver sa peau. »