Titre : Le grand mort, T8 : Renaissance
Scénariste : Régis Loisel
Dessinateur : Vincent Mallié
Parution : Janvier 2019
Le Grand Mort est une série que j’ai découverte à l’occasion de la sortie de son premier tome il y a quatorze ans maintenant. J’avais été attiré par la présence de Loisel sur la couverture. La quête de l’oiseau du temps, Peter Pan ou encore Magasin général sont des histoires nées sous sa plume que j’ai pris énormément de plaisir à lire. Je n’avais donc pas hésité longtemps avant de m’offrir Larmes d’abeille, premier épisode qui semblait être amené à devenir une grande saga. Cette lecture m’avait intrigué. J’avais attendu avec impatience la parution de l’album suivant pour en connaitre davantage sur le devenir des héros et de leur quête. Néanmoins, ma curiosité s’est légèrement essoufflée avec le temps au fur et à mesure de la sortie des opus suivants. Je trouvais que la trame s’embourbait et s’avançait pas suffisamment vite pour alimenter mon intérêt de manière soutenue. Malgré ces réserves, la série possède des qualités et je dois bien avouer que j’étais curieux de me plonger dans le huitième épisode, Renaissance, qui conclut cette grande aventure…
L’éléphant accouche d’une souris
Tout d’abord, je me dois de préciser qu’il n’y a aucun intérêt à entamer la lecture de cet album si vous n’avez pas lu les sept premiers épisodes. Les prérequis sont indispensables pour comprendre et maîtriser tous les tenants et les aboutissants des événements qui nous sont ici contés. Les auteurs s’épargnent un long récapitulatif des actions précédentes avant d’amorcer la suite de la narration. Néanmoins, j’essaierai de faire en sorte que ma critique soit compréhensible pour ceux qui n’ont encore jamais rencontré Pauline, Gaëlle, Erwan ou Blanche.
L’histoire se construit autour du destin entremêlé entre deux mondes : le nôtre et celui du petit monde. L’équilibre entre les deux est indispensable. Pourtant depuis, le premier tome, plus rien ne va. La société que nous connaissons subit catastrophe sur catastrophe. L’Armageddon est à nos portes ! De leur côté, le petit monde essaie de préserver la connaissance pour ne pas tomber dans le chaos. Au centre de ces enjeux majeurs se trouvent Pauline, Gaëlle, Erwan et Blanche. La première est la mère de Blanche, enfant hybride des deux mondes. Erwan est le « passeur », lien entre les deux mondes. Enfin, Gaëlle est la meilleure amie de Pauline et se trouve embrigadé dans cette aventure bien dangereuse…
Cet épisode s’avère être une longue conclusion qui s’étire. Il n’y a au final aucun rebondissement, aucun événement réellement impactant. On voit le temps passer, chacun se construire une nouvelle vie. Aucune réelle surprise… Je dois bien avouer qu’en refermant l’album je me suis demandé si huit tomes étaient vraiment nécessaires pour aboutir à cette situation. Ce dénouement a confirmé mon sentiment selon lequel cela fait plusieurs tomes que les auteurs diluent la narration. Ce dernier tome est clairement dans la lignée des précédents sur le plan du rythme.
L’histoire est terminée. Quel bilan en faire ? J’ai l’impression que le petit monde a pour unique intérêt narratif de plonger notre réalité dans le chaos. L’aspect le plus prenant de l’intrigue est de suivre cette apocalypse se mettre en place et se développer. Le parcours de Gaëlle et Pauline avec toutes les horreurs qu’elles traversent est celui qui touche le plus. Parallèlement, le mystère construit autour de Blanche, son frère, Erwan et les prêtresses a cessé de me passionner depuis les premiers tomes. La fin offerte par Renaissance confirme que l’éléphant a accouché d’une souris. La morale de la saga est prévisible, sans grand intérêt et manque cruellement de légèreté. Bref, je n’ai pas conclu cette lecture très enthousiaste.
Les faiblesses du scénario ne m’ont pas empêchées de profiter pleinement des illustrations de Vincent Mallié. Son talent est incontestable. La précision de son trait, son souci du détail arrive à faire naître des atmosphères prenantes quelles que soient les circonstances. Il est autant à l’aise dans l’univers forestier du petit monde que dans la dimension horrifique de ces villages en proie à l’anarchie. L’immersion graphique est immédiate et le voyage s’avère agréable et envoûtant.
Pour conclure, Renaissance termine cette grande aventure en charentaise. Peu de rebondissements et de révélations, mais plutôt une descente tout en douceur vers un nouvel équilibre apaisé entre les deux mondes. Je n’ai pas été surpris, ni déçu ni enthousiaste. Mon bilan final est mitigé. Je trouve la série inégale. Certains aspects sont très réussis et prenants, d’autres sont sans réel intérêt et traînent en longueur. Mon principal reproche vient du fait que les auteurs ont pris le temps de construire un univers complexe et mystérieux que je trouve au final sous-exploité. Mais n’hésitez pas à vous y plonger pour vous faire votre propre opinion…