Titre : Les nouvelles aventures de Lapinot, T7 : Midi à quatorze heures
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Août 2021
Depuis qu’il a ressuscité, Lapinot réapparait très régulièrement dans les librairies. Petite surprise avec ce tome intitulé « Midi à quatorze heures » qui est le septième de ces nouvelles aventures. Le sixième tome, surprise, devrait paraître en 2022… On retrouve ici les canons de la série (ou de la nouvelle série) avec un Lapinot en t-shirt tête de mort flanqué de Richard et de sa nouvelle copine. On ne change pas une équipe qui gagne.
Une analyse de la société entre moments de rires et de suspense
On pourra remarquer de prime abord la couverture très réussie de ce tome où Lapinot et Richard fendent la foule pour…. Pour quoi exactement ? « Midi à quatorze heures » aborde comme souvent de nombreux sujets de société, celui-ci semble particulièrement diffus. Le cœur de l’intrigue est sur le couple d’amis qui se séparent : pourquoi cette séparation ? Que cache-t-elle ? Voilà pour la partie « aventure ». De son côté, Lapinot tente de faire survivre sa nouvelle relation avec une copine vraiment pas simple. Il y met du sien alors qu’elle le presse pour avoir un enfant.
Lewis Trondheim développe depuis toujours une fine analyse de nos sociétés (en tout cas, de ses excès et dérives). C’est une nouvelle fois le cas ici. Au-delà des habituelles frasques de Richard et des discours moralisateurs de Lapinot, cet œil perspicace donne tout l’intérêt à ses albums. Et même si certaines parties sont parfois un peu redondantes après autant d’albums (la critique d’art contemporain par exemple), cela fonctionne toujours. Le scénario, qui semble improvisé (et a priori, c’est la méthode de l’auteur) sait parfaitement réutiliser des scènes anecdotiques pour construire le scénario. Ainsi, quand Richard critique une expo de façon audacieuse, on pourrait croire à une énième frasque de personnage. Mais non, cela servira l’histoire vingt pages plus loin…
Au cœur de « Un peu d’amour », la nouvelle copine de Lapinot est également au centre de cet ouvrage. Nous retombons un peu dans l’analyse du couple et de l’engagement déjà vu avec Nadia. Cependant, les personnages sont très différents et leur relation également, suffisamment pour que l’on ne soit pas (trop) en redite.
Au niveau du dessin, le terrain est connu. Pas vraiment de surprise en soit, mais il ne faudrait pas oublier la grande maîtrise de la narration de l’auteur. Le passage en ombres chinoises façon souvenir d’enfance rappellera des… souvenirs aux anciens lecteurs. Le moment même pour des révélations sur l’enfance de Lapinot et Richard ! La mise en couleurs est également pleinement réussie en assurant de belles unités de scènes et de lieux discrètement par le choix des teintes.
C’est un bon cru que nous propose Trondheim pour ce Lapinot. Dans la veine classique, il continue à scruter les travers de notre société et les explore à travers les yeux moralisateurs de son personnage d’abord, mais également par ceux déjantés de Richard. Deux regards pour une analyse fine, que l’on lira entre rires et moments de suspense.