Les onze mille vierges


Titre : Les onze mille vierges
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Mars 2016


Après avoir passé une grande partie de sa carrière à parler du milieu gay, Ralf König s’intéresse de plus en plus aux mythes religieux. Après la trilogie des « Types » (« Prototype », « Archétype », « Antitype »), voilà qu’il s’attarde sur le mythe de la sainte Ursule, protectrice de Cologne. L’occasion de se moquer du mythe et, au passage, des ecclésiastiques catholiques.

Un livre trop démonstratif.

Pour König, tout est sexuel. Et de préférence, homosexuel. S’il se moque de la légende de Sainte Ursule, c’est surtout l’occasion de présenter les nonnes et les moines comme de grands sadomasochistes. Et évidemment, la menace hun se transforme vite, non pas en une armée de grands guerriers, mais en une gay pride…

Adapter une légende peu connue en France nous laisse un peu sur notre faim. Comme pour ses bouquins précédents sur les mythes fondateurs, Ralf König n’apporte pas grand-chose. Oui, Ursule ne comprend pas trop pourquoi elle devrait aller se faire étriper à Cologne quand un Ange lui apparaît. Oui, tout cela est une légende… Bref, König présente avant tout le mythe en le sexualisant à l’extrême.

Hélas, l’humour ne fonctionne qu’à moitié. La faute à des redites ? L’ouvrage est long et s’épuise dans ses vannes. Dès le départ, dans le monastère, tout est dit. Les flagellations que s’imposent les moines sont avant tout des plaisirs sexuels qu’ils ne s’avouent pas et certains sont gays. Quant aux nonnes, elles couchent entre elles pour compenser leur manque de relations sexuelles. Mais ça ne va pas très loin hélas. C’est le fil rouge qui manque d’intérêt et la redondance des mêmes blagues finit par lasser.

Au niveau du dessin, on retrouve le trait de König. Aucune surprise, c’est toujours aussi agréable à lire et efficace. Le lavis met bien en valeur le trait et quelques décors grandioses viennent s’intercaler entre ceux beaucoup plus timides. Le dessin gros nez permet de bien faire passer l’humour.

Même si on trouvera satisfaction devant le ridicule des situations dans lesquelles se mettent les croyants, ce « Onze mille vierges » manque d’élan. Ralf König, lorsqu’il parle de religion, devient plus démonstratif. Et surtout, ses personnages sont beaucoup moins touchants. Qu’il arrête un peu de lire des livres théologiques !

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