L’homme sans sourire


Titre : L’homme sans sourire
Scénario : Louis
Dessinateur : Stéphane Hirlemann
Parution : Février 2021


J’ai découvert L’homme sans sourire en lisant un article à son propos dans une revue spécialisée dans le neuvième art. Par la suite, j’ai eu l’occasion de voir beaucoup de blog de personnes adeptes de bandes dessinées évoquer cet album avec des termes élogieux. C’est cet ensemble de compliments venant de toute part qui m’a incité à lire cet ouvrage. Louis scénarise l’histoire. Je ne peux pas vous en dire davantage à propos de cet auteur car cette lecture marque ma rencontre avec son univers. Il s’agit donc pour moi d’une découverte. Stéphane Hirlemann s’est chargé des dessins. Là encore, cet illustrateur m’était jusqu’à alors inconnu. En feuilletant les premières pages, ma première impression est plutôt positive. Je suis également tombé sous le charme de la couverture qui présente deux personnages en pleine chute au beau milieu d’une cité qui donne le vertige. Une belle atmosphère se dégage de cette image. Elle éveille instamment la curiosité.

Interdit de rire

C’est en me plongeant dans la lecture de la quatrième de couverture que j’ai pu en apprendre davantage sur ce mystérieux et intrigant homme sans sourire. Il se nomme Monsieur Hubert 31-36. Dans son royaume, toute forme de joie est interdite pour le bas peuple. On apprend même qu’il porte encore les cicatrices infligées par ce régime totalitaire pour un simple rire étouffé durant son enfance… Cette idée scénaristique me semble être un terreau intéressant pour une histoire passionnante qui amène le lecteur à réfléchir. Il ne restait plus qu’à espérer que mon optimisme et mes espoirs soient confirmés par la lecture…

Rapidement, on comprend que l’histoire se déroule dans une ville classique du genre. Une immense tour qui semble toucher les nuages abrite l’élite de la cité autour d’un roi qui semble faire la pluie et le beau temps. Tout en bas, se trouve la plèbe qui n’a pas droit à la joie et donc chaque sourire est fortement sanctionné par des forces de l’ordre violente et tyrannique. Cette structure sociale a déjà été utilisée dans de nombreuses œuvres littéraires ou cinématographiques. Cette absence apparente d’originalité ne gêne rien l’immersion dans l’intrigue qui se fait aisément avec plaisir. Le travail sur les décors urbains participe activement à la réussite de cette introduction.

Les premières pages nous plongent dans un univers assez prenant. La première scène qui nous présente cet enfant torturé pour avoir eu le malheur de rire prend aux tripes. A cette torture succède un moment léger dans la grande tour qui abrite l’élite de la noblesse locale. Ce grand écart d’ambiance révolte et nous immerge émotionnellement dans l’intrigue. Néanmoins, mon impression à ce propos s’est mitigée au fur et à mesure du déroulé de l’histoire. Cette situation initiale est finalement sous-exploitée. J’ai eu le sentiment que l’histoire n’aurait pas vu son intérêt diminuer dans n’importe quelle autre structure sociale. C’est dommage.

L’histoire se centre sur un petit nombre de personnages : Monsieur Hubert, le roi, le chambellan et la princesse Carmine. Ils sont traités de manière relativement équivalente. Je dois bien dire que j’ai eu du mal à m’attacher particulièrement à l’un d’entre eux. Monsieur Hubert semblait avoir le plus grand potentiel pour être le héros de l’histoire. Au final, il est souvent en retrait des trois autres protagonistes dont les enjeux m’ont laissé au final assez indifférents. Le travail d’écriture à ce niveau est assez décevant.

Le scénario s’est également avéré, à mes yeux, assez décevant. Je dois bien avouer que les promesses nées des premières pages ont accouché d’une toute petite souris. Il ne passe finalement pas grand-chose. J’ai trouvé que beaucoup de scènes se répétaient et diffusaient un sentiment de remplissage. Je suis sorti de ma lecture assez déçu et je suis finalement resté assez extérieur aux enjeux. Dans la dernière page, l’auteur donne des informations qui nous incite à regarder l’histoire avec un autre regard. Cette révélation et ce changement de point de vue n’avait pas changé mon impression mitigée sur cet ouvrage.

Vous l’aurez compris, je suis sorti assez déçu de ma lecture. Je comprends le concept du scénario, j’apprécie l’univers mis en place. Mais je trouve l’ensemble ne fonctionne jamais vraiment et ne prend pas l’ampleur que j’espérais. Peut-être ne suis-je pas arrivé à rentrer dans l’intrigue, peut-être n’ai-je pas eu la sensibilité pour être touché par le destin de tout ce petit monde. Cet album est original et je suis curieux de connaître le point de vue de quelqu’un qui serait complètement tombé sous ses charmes…

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