Titre : Moi, Fadi le frère volé, T1 : 1986-1994
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre 2024
Le succès (mérité) de « L’arabe du futur » a été immense. Racontant la jeunesse de Riad Sattouf, un drame émaillait son existence. Un drame que je peux spoiler sans vergogne puisqu’il s’agit de l’enlèvement de son frère Fadi, titre de cette nouvelle sous-série paru chez Les Livres du Futur, maison d’édition créée par Sattouf lui-même pour éditer ses bouquins.
Une nouvelle vision de l’histoire.
On retrouve ainsi le même format que dans la série initiale. 136 pages à un format A5 souple. Le changement d’éditeur n’aura rien modifié sur ce plan-là. « Moi, Fadi le frère volé » s’intéresse ainsi au petit frère de Riad, enlevé par son père en Syrie et dont le retour clôturait la série initiale. Nous allons donc avoir un angle de vue différent des parcours suite à la destruction de la famille Sattouf.
J’ai, pour ma part, relu toute la série initiale pour lire cet ouvrage. Cela me paraît essentiel pour saisir davantage les différents points de vue (ici, celui de Fadi). Certains mensonges ou événements sont ainsi renforcés (ou simplement visibles). Ce tome sera sans doute l’un des rares où les deux histoires se télescopent puisque l’on commence par l’enlèvement. Une fois que celui-ci arrive, ce sont de nouvelles zones que l’on défriche, puisqu’on ne savait pas grand-chose de la vie de Fadi en Syrie.
Ce livre ravira les amoureux de « L’arabe du futur ». On retrouve la narration de Sattouf, ses personnages aussi (le père notamment) et, surtout, il donne une deuxième vision de la vie en Syrie. Ainsi, si Riad était terrorisé à l’école en Syrie, ce n’est pas le cas de son frère qui devient populaire. C’est clairement un recul supplémentaire qui nous est offert. Ensuite, cela donne une autre image du père (même si pour le moment assez proche de celle de Riad). Nous pouvons, grâce à ce roman graphique, savoir ce qu’il est devenu. Les zones d’ombre s’éclaircissent.
Il y a rien à dire sur le dessin, toujours aussi efficace et expressif. L’accent est mis sur la narration, le tout étant habilement mis en couleurs de façon très sobre. Ceux qui n’aimaient pas le style de Riad Sattouf ne l’aimeront toujours pas, les autres apprécieront.
« Moi, Fadi le frère volé » est une réussite dans la continuité de « L’Arabe du Futur ». On aurait pu craindre que le changement de narrateur pose problème, mais ce n’est pas le cas. Fadi a sa personnalité et elle s’exprime à plein dans le livre. Comme à chaque fois, on refaire le livre en se disant qu’il faudra attendre encore longtemps le prochain…