Titre : Nautilus, T1 : Le théâtre des ombres
Scénario : Mathieu Mariolle
Dessinateur : Guénaël Grabowski
Parution : Mai 2021
Nautilus est une série que j’ai découverte grâce à mon frère et ma belle-sœur qui m’ont offert le premier tome à l’occasion de mon anniversaire. Cet album intitulé Le théâtre des ombres marque le début d’une trilogie. Mathieu Mariolle est en charge du scénario. Il s’agit pour moi d’une nouvelle rencontre. Je n’ai en effet jamais eu jusqu’à maintenant l’occasion de lire une de ses créations. Quant aux dessins, ils naissent de la plume de Guénaël Grabowski, un nouveau venu dans mon univers personnel de bédéphile.
Une fuite et une quête
J’ai trouvé la couverture très réussie. Elle nous plonge dans un univers sous-marin. Un homme en scaphandre se trouve face à une immense machine intrigante. Le travail sur les couleurs accentue l’atmosphère forte qui se dégage de cette illustration. Une chose est sûre, mon envie d’en savoir davantage est éveillée !
La quatrième de couverture offre un joli programme avec les mots suivants : « Son ombre a hanté les océans et fait trembler les nations pendant des années. Génie scientifique, ivre de vengeance et de justice, il voulait n’être connu de personne. La postérité a pourtant gravé son nom : Némo. A l’aube du XXe siècle, il est désormais temps que sa plus grande création, le Nautilus, retrouve la lumière. »
Je dois avouer que j’ai été surpris en découvrant les premières pages de l’album. La couverture dégageait une atmosphère inquiétante et fascinante. Le début de l’histoire nous fait suivre les pas de Kim à Bombay. La chaleur des lieux semble bien loin des fonds sous-marins oppressants que je m’attendais à découvrir. L’intrigue nous plonge au cœur de la guerre d’espionnage entre l’Empire britannique la grande Russie tsariste dont le héros est amené à être une victime collatérale…
Kim est un personnage intéressant. Le fait de se trouver au croisement des cultures indiennes et britannique lui offre une place particulière dans le monde dans lequel il vit. Chaque communauté souhaite se l’approprier tout en ayant conscience de son originalité. A cette particularité sociale, Kim ajoute à la fois un charisme et une fragilité qui font de lui un héros attachant. C’est avec curiosité qu’on suit son destin même si la destination reste floue dans un premier temps…
Au bout de quelques pages, je comprends que l’essentiel de l’album va se construire autour du périple de Kim qui est à la fois une fuite et une quête. Il s’agit à la fois de fuir les personnes le pensant coupable d’un attentat et de partir en quête d’un certain Nemo, seule personne capable de l’aider à prouver son innocence. Ses pérégrinations permettent de construire le personnage et de confirme son charisme et son attrait. Une belle réussite.
Le dernier tiers de l’histoire, Kim est immergé dans un endroit peu attractif. Ce lieu offre la meilleure partie à mes yeux de l’album. L’atmosphère qui se dégage des pages à ce moment-là est prenante à souhait. Elle fait changer l’ampleur narrative de braquet et conclut la lecture en beauté. La montée en intensité qui habite le dénouement offre une splendide introduction pour la suite. Cela fait de Le théâtre des ombres une belle entrée dans une saga captivante pleine de mystères.
La dimension graphique est une réussite. Je trouve le travail de Guénaël Grabowski de grande qualité. Son trait fait naître une galerie de personnages dense à l’identité graphique forte. Les protagonistes possèdent une vraie épaisseur dès le premier contact visuel. De plus, le dessinateur intensifie notre voyage à travers les décors. Le scénario l’oblige à illustrer des lieux très différents avec des ambiances très diverses. La réussite est systématique. L’émerveillement, la peur, l’angoisse, le suspense, l’oppression, l’espoir… Au gré du fil de sa plume, Grabowski dégage de ses planches un grand spectre d’émotions et de sentiments.
Le bilan de ma lecture est largement positif. Une fois que les enjeux de l’intrigue ont été clairement exposés, j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre le destin du héros. Son périple s’avère dépaysant et envoutant. La dernière partie offre, de mon point de vue, une autre ampleur à la trame et laisse présager une suite plutôt passionnante. Il ne me reste donc plus qu’à m’offrir le tome suivant pour savoir si mon intuition se vérifie…