Prototype – Ralf König

Prototype


Titre : Prototype
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2011


Ralf König est un auteur que j’aime beaucoup. Spécialisé dans la description du milieu gay, l’allemand produit ici « Prototype », sortant de son sujet habituel. Le prototype est Adam, le premier homme. Alors, que donne ce livre hors des sentiers battus ? Ralf König est-il aussi pertinent et drôle lorsqu’il aborde des sujets théologiques ?

Le livre s’articule essentiellement sur les dialogues entre Dieu et le serpent Lucky (alias Lucifer). Dieu crée sa nouvelle créature, mais Lucky est plutôt critique dessus, poussant Dieu a de nombreux changements. La suite, on la connaît : Eve, la pomme, l’exil, etc.

Un relecture du mythe sympathique.

prototype2Dans « Prototype », König se moque donc de la création de l’Homme en la prenant au pied de la lettre. Dieu ajoute et supprime des fonctionnalités au fur et à mesure. Capricieux et visiblement irascible, notre Père en prend pour son grade… Comme dans tout livre un tant soit plus blasphématoire qui se respecte, l’esprit malin paraît bien plus sympathique et plein de bon sens ! Ainsi, la relecture du mythe est finalement assez légère, malgré une grosse entorse à l’histoire officielle sur le fruit défendu !

Ralf König base tout son livre sur les dialogues, souvent absurdes au vue de la situation. C’est son point fort et l’ironie inonde les pages de l’ouvrage. Si on sourit souvent, on ne peut constater que le manque d’originalité de l’ensemble. Les ouvrages reprenant la Génèse sont très nombreux et force et de constater que celui-ci n’apporte rien de neuf. Reste des dialogues sympathiques et quelques passages bien sentis ! La thèse du livre en soit est plus originale, bien qu’un peu tirée par les cheveux.

Au niveau du dessin, on retrouve le trait tout en rondeur de l’auteur. Le sujet n’apporte pas forcément un maestria graphique, mais les expressions des personnages restent un vrai délice. On notera des couleurs assez criardes. Est-ce l’impression ou un choix esthétique ? Difficile de le savoir. En tout cas, Ralf König possède un trait parfaitement adapté à son propos.

prototype1

« Prototype » ne révolutionne rien. Malgré tout, la lecture est plaisante et l’humour fait mouche. Une lecture sympathique pour les amateurs de relecture biblique. Ni plus, ni moins.

avatar_belz_jol

Note : 13/20

Mâle occidental contemporain – François Bégaudeau & Clément Oubrerie

MaleOccidentalContemporain


Titre : Mâle occidental contemporain
Scénariste : François Bégaudeau
Dessinateur : Clément Oubrerie
Parution : Octobre 2013


La bande-dessinée se démocratise. Plus adulte, moins décriée, elle attire désormais des lecteurs qui n’y auraient pas jeté un seul regard auparavant. Les éditeurs l’ont compris et confient de plus en plus de scénarii à des personnes extérieures. Ce coup-ci, c’est François Bégaudeau (scénariste, écrivain, critique, etc.) qui s’y colle avec « Mâle occidental contemporain », un one-shot de 80 pages. Afin de soutenir l’effort, on retrouve au dessin Clément Oubrerie. Le dessinateur m’avait séduit avec « Jeangot » et a séduit un plus grand public encore avec la série « Pablo ». Le tout est édité chez Delcourt dans la collection Mirage.

Curieux ouvrage que voilà. On suit plus ou moins l’histoire d’un jeune homme cherchant à draguer. Mais aucun background n’est donné, ce n’est qu’une succession de saynètes où l’homme se fait émasculer (métaphoriquement) par des femmes fortes pleines de caractère. Beau retournement de situation où la femme moderne maîtrise le mâle. De là à dire que ce retournement est crédible, il y a un pas que je ne franchirai pas…

Manque de rythme, manque de fond…

Retourner les clichés de la drague pourrait être pertinent s’il y avait un message. Mais ce n’est pas le cas. Notre homme ne suscite aucune empathie. Le voir draguer pour draguer n’a aucun intérêt. Le scénario prouve ici sa vacuité : pourquoi drague-t-il ? Que cherche-t-il ? On a l’impression d’être devant des sortes de gags montrant un mec cherchant à draguer par tous les moyens. Et cela ne fonctionne pas. La redondance finit par ennuyer et, finalement, on sourit peu devant les situations, très inégales.

MaleOccidentalContemporain1Du coup, l’ensemble manque de rythme et la conclusion n’apportera aucun message supplémentaire (et donnera même une impression encore plus négative). Tout est convenu et cliché, un comble ! Car il y a une volonté de montrer que le féminisme a fait son œuvre ! Le tout est bien évidemment baigné dans un parisianisme de tous les instants. Difficile d’imaginer ce genre de situations autre part qu’à Paris. Plus qu’une étude du « Mâle occidental contemporain », le livre est plutôt une étude des Parisiennes.

Concernant le dessin, Clément Oubrerie nous ravie de son trait. A se demander ce qu’il est allé faire dans cette galère… Je préfère de loin son trait anthropomorphe, mais force est de constater qu’il relève le niveau sans peine. Hélas, avec un ouvrage où il ne se passe pas grand-chose et où le rythme est problématique, il n’y a pas de miracle non plus.

Il faut croire que les éditeurs pensent que n’importe quel écrivain/scénariste/journaliste/humoriste peut écrire une bande-dessinée. C’est nier complètement la spécificité du scénario de bande-dessinée. Les écueils sont flagrants ici : manque de fond, manque d’empathie, manque de rythme… Il faudrait arrêter d’essayer de toucher le grand public avec des noms, mais plutôt avec des œuvres de qualité.   

avatar_belz_jol

Note : 6/20

 

Templiers, T1 : La chute – Jordan Mechner & LuUyen Pham

templiers1


Titre : Templiers, T1 : La chute
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateur : LuUyen Pham
Parution : Janvier 2014


Les Templiers m’ont toujours intrigué. Toute histoire les mettant en jeu m’attire. Ils cumulent un bon nombre d’arguments à mes yeux : le Moyen-Âge est une époque qui me plaît, la dimension religieuse est toujours intéressante, le mystère qui les entoure attise la curiosité… Enfin, il est aisé de greffer une petite dose d’ésotérisme pour finaliser la recette.

C’est pourquoi, au hasard de mes pérégrinations dans les rayons de librairie, j’ai été appâté par un ouvrage à la couverture sobre. D’un format davantage proche de celui d’un roman que d’un album de bandes dessinées, il s’intitule « Templiers ». Ce seul titre a éveillé mon attrait. En le feuilletant, je suis tombé sous le charme des dessins. En quelques pages, j’avais commencé à voyager dans le temps et avait plaisir à me retrouver dans les pas de ces célèbres chevaliers.

templiers1aLa quatrième de couverture présente les mots suivants : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement la plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Le bouquin est le premier tome de l’histoire. Il s’intitule « La chute ». Edité chez Akileos, il se compose de deux cents quarante pages. J’ai souvent du mal avec une telle structure. Il est en effet rare qu’un album arrive à conserver une qualité constante sur une telle longueur. En tout cas, sorti de « Blast », je ne vois pas parmi mes lectures récentes un autre exemple d’opus aussi long à m’avoir conquis. Ce livre se découpe en chapitres qui offrent des repères intéressants dans la lecture.

L’avantage d’allonger l’intrigue sur plus de deux cents pages est de permettre la construction de beaucoup de personnages qu’ils soient centraux ou secondaires. La trame est relativement dense et fait exister un grand nombre de protagonistes. Le travail graphique de LeUyem Pham que je découvre ici fait exister chaque membre de l’aventure et implique ainsi fortement le lecteur. La sympathie dégagée par Martin et ses amis apporte un écot certain au plaisir de la découverte de leurs pérégrinations.

On entre vite dans le vif du sujet.

L’intrigue ne se résume pas à suivre les pas de personnages auxquels on s’est attaché. La trame ne perd pas de temps à se mettre en place. Le scénariste Jordan Mechner ne s’autorise pas à un long round d’observation. Malgré le grand nombre de pages, il ne perd pas de temps à plonger ses héros dans le vif du sujet. La conséquence est que l’immersion du lecteur est rapidement profonde. Les événements s’enchaînent à un rythme soutenu. Martin est un fugitif. Il est donc en permanence sur le qui-vive. L’histoire ne s’autorise donc aucun temps mort pour notre plus grand plaisir. Le suspense, sans être insoutenable, est toujours présent. La narration est agréable et les pages défilent sans qu’on s’en rende compte.

Le travail graphique qui m’avait conquis lors de ma première rencontre avec l’ouvrage a enchanté ma découverte du tome. Je trouve que le trait de Pham accompagne parfaitement le côté rythmé des scènes et l’aventure qui transpire de chaque page. L’identité des personnages s’accordent aussi parfaitement avec l’atmosphère générale. Les décors suggèrent aisément le dépaysement autour temporel que géographique.

templiers1b

Au final, « Templiers » est un premier opus intéressant. Je me suis laissé prendre par l’intrigue et suis curieux de lire la suite. La bonne nouvelle est que le deuxième épisode est sorti en avril dernier. Il ne me reste donc plus qu’à me le procurer. Mais cela est une autre histoire…

gravatar_eric

Note : 15/20

 

Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous ! – Charb

MauriceEtPatapon6


Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013


Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermétique à ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais présentée de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai découvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grâce un de mes anciens collègues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombé sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel épisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. Edité chez Les Echappés Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous présente le chien et le chat en costume de mariés. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualité.

Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mémoire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majorité des planches est partagée en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indépendantes les unes des autres. Certains gags se déroulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite à le feuilleter. Néanmoins, cela ne m’a pas empêché de le dévorer d’une seule traite.

Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.

On pourrait croire que Charb axe la majorité de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualité. Ce n’est pas tout à fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des événements précis pour développer son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vérité sur la société et s’avèrent finalement assez intemporelles. Ces réflexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il énonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de décoffrage qui déclenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prévenir que le style est loin d’être politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal à l’aise les lecteurs les plus sensibles.

Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les défections du chien. Ce dernier évoque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cœur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrée remarquée. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation… Rien n’est oublié ! Je suis assez impressionné par la capacité de Charb à générer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrédients de départ. C’est un vrai talent. Il arrive à produire plus de cent cinquante gags de grande qualité. La densité humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose à jeter.

Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a déjà eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal à identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’atténue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le côté incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majorité des strips ne voit aapparaîtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaîtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.

Au final, Mariage pour tous ! a répondu à mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimé être choqué ou outré par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excès mais cela ne m’empêche de prendre beaucoup de plaisir à le lire déblatérer ses quatre vérités. Je ne peux donc que conseiller à tout le monde de partir à la découverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-être conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drôle ? 

gravatar_eric

Note : 14/20

Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maître ! – Charb

mauriceetpatapon5


Titre : Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maître !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2012


« Ni Dieu ni maître ! » est le titre ambitieux du cinquième tome des aventures de « Maurice et Patapon ». Les deux personnages sont le fruit de l’imagination de Charb, auteur connu pour son travail avec « Charlie Hebdo ». D’ailleurs ce dernier ouvrage a été édité aux Editions Les Echappés dans la collection Charlie Hebdo. Son apparition dans les rayons date de mai dernier. Il est d’un format classique et est vendu pour environ treize euros. La couverture nous présente Dieu en train de donner des hosties à un chat pendant qu’un chien s’apprête à lui donner un coup de marteau sur la tête. Tout un programme !

Wikipedia (www.wikipedia.fr) offre une présentation à la fois synthétique et limpide de cet ouvrage : « Maurice est un chien bisexuel, anarchiste aimant les excréments, la sodomie et le sexe tandis que Patapon est un chat asexuel, fasciste et ultra-libéral, aimant la mort et la souffrance (des autres). » Voilà qui est clair : âme sensible s’abstenir !

Cet album peut se lire sans avoir lu les quatre précédents. D’ailleurs, chacune de ses pages est indépendante des autres. Les planches se  décomposent essentiellement en strip développé sen trois cases. Chacune possède quatre gags. Ponctuellement, une anecdote occupe toute la page. Cela offre une lecture dense. Cette construction empêche les temps morts et les périodes de transition. Vu la présentation faite des personnages, il apparait évident que cette lecture s’adresse à un public averti. Les plus jeunes risquent de ne pas sortir indemne d’une telle découverte.

Une absence de limite et de tabou.

Les différentes caractéristiques de Maurice et de Patapon laissent ouvert bon nombre de thématiques humoristiques. Certains gags sont scatologiques, pornographiques ou amoraux. Le point commun entre toutes ces scénettes est l’absence de limite et de tabou que s’autorise l’auteur. Charb dit tout ce qu’on peut imaginer de plus crade et immoral sans se l’interdire. Sa vision du monde et de l’humanité est radicale et assez pessimiste. On ne peut pas dire que les bons sentiments soient de sortie. En ce sens, « Ni Dieu ni maître ! » ne s’adresse pas à tout le monde. Je comprends aisément que certains soient mal à l’aise ou choqués devant de tels propos. Mais je rassure les adeptes du genre : c’est du haut de gamme ! L’immense majorité des strips font mouche. On rigole avec plaisir des excès crades et moraux du scénariste. La variété des thématiques traitées fait qu’on ne ressent à aucun moment un sentiment de répétition ou de lassitude. La performance est d’autant plus remarquable que Charb a déjà offert quatre albums construits sur ce principe. A priori, son imagination est sans limite dans le domaine.

Mais le propos ne prendrait pas toute son ampleur sans un dessin à l’avenant. Charb n’a pas de limite dans ses vannes, pourquoi en aurait-il dans son trait ? Les deux personnages principaux sont graphiquement réussis et leurs expressions donnent une vraie matière à leurs discours. Mais l’auteur ne nous montre pas toujours tout. Certains gags justifient une mise en image de l’idée présentée. D’autres laissent notre imagination travailler et ce n’est pas rien vu les thèmes évoqués ! La coloration est simple car, à l’exception de quelques objets ponctuels, seuls nos héros sont colorés. Maurice est orange et Patapon jaune. Les décors sont quasiment inexistants.

En conclusion, « Ni Dieu ni maitre ! » est un ouvrage qui ne laisse pas insensible. Son humour ne fera pas rire tout le monde, je le consens aisément. Par contre, ceux qui riront le feront de bon cœur et prendront un vrai plaisir à découvrir chacune des pages. De plus, le fait que « Maurice et Patapon » ne baisse pas de qualité après autant de tomes est un gage de qualité qu’on se doit de signaler. Cela fait que je n’hésiterai pas à m’offrir le prochain opus des aventures de ces héros dès sa sortie. Mais cela est une autre histoire… 

gravatar_eric

Note : 15/20

 

Breakfast after noon

breakfastafternoon


Titre : Breakfast after noon
Scénariste : Andi Watson
Dessinateur : Andi Watson
Parution : Septembre 2002


Les romans graphiques ont explosé dans les années 2000, révélant à la fois des pépites comme des œuvres sans grand intérêt. L’allongement de la pagination a permis aux auteurs de s’exprimer plus longuement et de travailler à la psychologie de leurs personnages plus en profondeur. Atteignant près de 200 pages, « Breakfast after noon » d’Andi Watson saura-t-il titiller l’intérêt jusqu’au bout de la lecture ? Surtout que c’est le trait au pinceau de l’auteur qui m’a au premier abord attiré. Le tout est publié chez Casterman dans la collection écritures. Continuer la lecture de « Breakfast after noon »

Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton – Laurent Gerra, Jacques Pessis & Achdé

LuckyLuke6


Titre : Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton
Scénaristes : Laurent Gerra & Jacques Pessis
Dessinateur : Achdé
Parution : Octobre 2014


Il aura fallu les fêtes de fin d’année pour que je me replonge dans un Lucky Luke. Si le cow-boy solitaire a bercé mon enfance, cela fait bien longtemps que je suis passé à des bande-dessinées plus adultes et ambitieuses. Ici, le scénario est géré par Laurent Gerra et Jacques Pessis, soit un humoriste et un journaliste/écrivain. C’est vrai qu’il serait dommage de considérer que le scénario de bande-dessinée est un métier à part entière… Ce scénario est mis en scène et dessiné par Achdé.

Everett Dalton, l’un des cousins Dalton (un des tous premiers Lucky Luke) a survécu à 27 balles de revolver. Il a eu un enfant qui devra être élevé par… les quatre Dalton dans une ville appelée Rupin City. Et Lucky Luke devra bien évidemment les surveiller, en compagnie de Rantanplan…

Le scénario est dès le départ bancal au possible. Il n’y a pas d’aventure possible ici. Et si les tentatives de rédemption des Dalton ont déjà existées dans la série, elles étaient bien plus subtiles. Dans « Les tonton Dalton », on s’ennuie ferme. Il ne se passe rien et les évolutions des personnages sont, au choix, proches du néant ou soudaines. Ainsi, le petit neveu cumule les tares de Joe et Averell, puis devient super gentil et adore Lucky Luke d’une page à l’autre !

Un vide scénaristique.

Ce vide scénaristique est comblé par des allusions omniprésentes au film « Les tontons flingueurs ». On retrouve ainsi de nombreux acteurs caricaturés et les répliques cultes. Sans aucun intérêt ! Se baser sur un film aux répliques aussi inspirées pour écrire des dialogues plats, c’est montrer d’autant plus ses propres difficultés à accoucher d’un scénario correct ! Car au-delà du scénario, c’est la fluidité de l’ensemble qui ne va pas du tout. Certains jeux de mots sont amenés à la truelle et cassent le rythme.

Je sais que le dessin d’Achdé est souvent cité comme seul point positif de cet album. Je ne suis pas du tout de cet avis. Achdé singe Morris au point qu’on a l’impression de voir une sombre copie. Résultat, l’ensemble manque cruellement de personnalité. C’est voulu, mais à trop vouloir coller à l’auteur original, on perd plus qu’on y gagne. On retrouve même les codes couleurs de Morris, qu’il avait développé pour compenser les problèmes d’impression de l’époque (on parle des années 40 pour les débuts…)…

« Les tonton Dalton » manque totalement d’inspiration. Il ne se passe rien, les allusions aux « Tontons flingueurs » n’apportent rien et le dessin est aujourd’hui daté et sans intérêt. Il serait peut-être temps que certains éditeurs comprennent qu’une série n’a d’intérêt à continuer si longtemps que si elle se renouvelle. Sinon, ils tueront leur poule aux œufs d’or. Lamentable.

avatar_belz_jol

Note : 2/20

Le journal de Jules Renard lu par Fred – Fred

LeJournalDeJulesRenard


Titre : Le journal de Jules Renard lu par Fred
Scénariste : Fred
Dessinateur : Fred
Parution originale : Avril 1988
Réédition : Janvier 2014


Jules Renard est un écrivain français décédé il y a un petit peu plus d’un siècle. Son Journal est un de ses œuvres majeures. Rédigé entre 1887 et 1910, il a été édité à titre posthume en 1925. Je ne l’ai jamais lu. Il n’est donc pas directement le sujet de ma critique d’aujourd’hui. En effet, l’album que j’évoque aujourd’hui m’a attiré par le nom de son auteur, Fred. Cet écrivain est le créateur de Philémon, œuvre majeure à mes yeux du neuvième art. Le brillant créateur est décédé l’année dernière. Sa disparition a donné lieu à bon nombre de rééditions d’œuvres anciennes nées de sa plume.

LeJournalDeJulesRenard1« Le Journal de Jules Renard lu par Fred » date de 1988. L’opus que je me suis procuré est paru en janvier dernier chez Dargaud. Il se démarque de son prédécesseur par le fait qu’il ait été mise en couleur par Isabelle Cochet. Il s’agit d’un très bel objet. La texture de la couverture ou l’épaisseur des pages participent pleinement au plaisir de la lecture et incite fortement à s’y plonger. Il se compose de cinquante-quatre planches. François Morel préface cet ouvrage.

Chaque planche peut se lire indépendamment.

La trame se construit à travers le dialogue de Jules Renard avec un corbeau. Ils échangent au cours d’une balade qui débute à la première page et se clôt à la dernière. Malgré cette continuité narrative, chaque planche peut se lire indépendamment. Elle se conclut toute de la même manière : Renard et le corbeau s’éloignent vers l’horizon en offrant une morale ou une vérité. La force de cette construction est d’offrir une densité de lecture importante. Il n’y a aucun temps mort. Les périodes de transition sont proscrites. Ce bouquin peut se dévorer d’une traite ou au contraire se déguster par petites bouchées au hasard des pages et des moments.

LeJournalDeJulesRenard2Le texte est issu du Journal de Jules Renard. Si je ne le savais pas, je n’aurais eu aucun mal à imaginer que ces mots sont nés dans l’esprit de Fred. En effet, le ton et la profondeur des propos coïncident parfaitement avec ceux qui habitent habituellement les productions du talentueux auteur de bandes dessinées. L’heure n’est pas à la rigolade. La dépression et le fatalisme sont davantage de sortie. Malgré cela, la lecture est agréable et prenante. Je suis totalement conquis par l’atmosphère qui transpire de cette balade champêtre au milieu de nulle part. Le travail graphique permet un dépaysement qui place le lecteur dans les conditions optimales pour savourer le contenu des bavardages entre cet homme et ce corbeau. Les planches sont un plaisir pour les yeux. S’immerger à nouveau dans l’univers pictural de Fred est un vrai bonheur.

Quasiment l’intégralité de l’espace est occupée par les deux protagonistes principaux. Ils ne croisent presque personne au cours de leurs pérégrinations à la campagne. Ce sentiment d’être coupé du monde ou de voir la réalité en suspens intensifie leurs propos. La force des mots attise alors la curiosité et incite le lecteur à s’investir complètement dans sa lecture. De plus, la densité des déclarations faites par l’homme ou le volatile fait qu’une relecture est presque aussi riche qu’une première découverte.

Au final, cet opus est une belle réussite. J’ai pris énormément de plaisir à le lire et n’hésiterai pas à m’y plonger à nouveau à l’occasion. Malgré le côté linéaire de sa narration, il ne manque pas d’aspérités et ne laisse pas indifférent bon nombre de fois. Je suis ravi qu’il trouve sa place dans ma bibliothèque et ne peut que vous inciter à partir à sa rencontre…

gravatar_eric

Note 15/20

Solo, T1 : Les survivants au chaos – Oscar Martin

Solo1


Titre : Solo, T1 : Les survivants du chaos
Scénariste : Oscar Martin
Dessinateur : Oscar Martin
Parution : Septembre 2014


Un auteur espagnol venu de l’animation qui fait de la bande-dessinée… Cela vous dit quelque chose ? On pense à Guarnido bien sûr. Il faudra désormais ajouter le nom d’Oscar Martin. Après un passage dans le dessin-animé, l’auteur se lance dans la bande-dessinée. « Solo » est l’une de ses histoires, qui paraît en 2014 chez Delcourt dans la collection Contrebande. Le dessin anthropomorphe rappelle immanquablement Disney, même si l’univers en est bien éloigné… Le tout semble être une édition regroupant deux premiers tomes parus précédemment. L’ensemble pèse une centaine de pages et se nomme « Les survivants du chaos ».

Solo1d« Solo » s’intègre dans une logique post-apocalyptique. La vie est rude, le gibier est rare tout comme la technologie. Fils aîné d’une famille de rats, Solo décide de quitter le foyer pour permettre à ses petits frères et sœurs de survivre. Son père a forgé en lui un formidable guerrier prêt à abattre n’importe quelle bestiole, fut-elle trois fois plus grande.

Le monde de « Solo » mélange de nombreux style. Les factions sont humaines ou animales, voire fantastiques. Il y a relativement peu d’explications sur le monde et l’univers, si ce n’est en version texte dans les dernières pages de l’ouvrage, une fois l’histoire terminée. Le scénario se concentre sur l’action et les combats, très nombreux et, finalement, peu décrits.

Ultra-violent sans être gore.

« Solo », outre l’action, joue sur l’ambiance. La narration est menée par le personnage principal. Bien qu’auto-centrée, elle apporte une empathie véritable pour le personnage et son évolution. Car Solo devient ultra-violent et y perd le sens de la vie. L’auteur ne fait cependant pas dans le gore pour tant. Malgré tout, le scénario est assez répétitif et peu original. Il plaira aux amateurs de mondes violents et désespérés. L’auteur a cependant posé des jalons qui mériteraient d’être développés dans la suite. « Solo » peut cependant se lire comme un one-shot tant on a l’impression que la boucle est bouclée à la fin du livre.

Solo1c

L’ambiance et l’action sont magnifiées par le dessin splendide de l’auteur. Oscar Martin vient de l’animation et cela se voit. Il n’hésite pas à utiliser des dessins chronophotographiques, décomposant les mouvements de ses personnages. Ses paysages sont du même niveau et nous plonge dans l’univers en rien de temps. Les couleurs sont bien pensées et renforcent d’autant plus l’immersion et l’ambiance. Il est à noter que le découpage est parfaitement maîtrisé, avec de belles trouvailles graphiques. Du grand art ! Clairement, Oscar Martin a tout pour devenir un grand de la bande-dessinée.

Solo1a

Malgré un scénario finalement peu original, on se prend au jeu de ce « Solo ». La voix off nous implique et le dessin met magistralement en scène cette histoire. Difficile de rester indifférent devant tant de maîtrise. Il ne reste plus qu’à espérer que la suite proposera un scénario plus touffu. Car après cent pages de lecture, on est finalement pas loin d’une fable post-apocalyptique, plus que d’une grande histoire.

avatar_belz_jol

note4

Top BD des blogueurs – Décembre 2014

logo-top-bd

Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinées. Dès qu’un titre possède au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez découvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notés.

Le compte-rendu des évolutions est visible sur Chroniques de l’invisible.

1- (=) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt
Jiro Taniguchi, Casterman
3- (-) Ceux qui me restent  18.66
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
4- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
5- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
6- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
7- (=) NonNonBâ         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
10- (=) La lune est blanche 18.4
Emmanuel Lepage, François Lepage, Futuropolis
11- (=) Tout seul            18.38
Christophe Chabouté, Vents d’Ouest
12- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
13- (N) Un océan d’amour       18.33
Wilfrid Lupano, Grégory Panaccione, Delcourt
Emmanuel Lepage, Futuropolis
15- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
16- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
17- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
18- (=) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
Benoît Zidrou, Roger, Dargaud
20- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
21- (=) Abélard     18.04
Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud
22- (=) Chroniques outremer   18
Bruno Le Floch, Dargaud
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
24- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, Céline Fraipont, Casterman
25- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
26- (-) Les vieux fourneaux tome 1   17.96
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
27- (=) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
29- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
30- (+) Scalped            17.89
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
31- (=)Melvile     17.88
Romain Renard, Le Lombard
32- (+) Les carnets de Cerise    17.83
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
33- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
34- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
36- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le Lézard Noir
37- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
38- (=) Mon arbre     17.75
Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
39- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
40- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
42- (-) Habibi       17.71
Craig Thompson, Casterman
43- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
44- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
45- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
46- (-) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1Tome 2, Tome 3,
47- (=) Washita     17.69
Tome 1Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
48- (+) Le Photographe   17.67
49- (N) Jane le renard et moi    17.67
Isabelle Arsenault, Fanny Britt, La Pastèque
50- (=) Lorenzaccio              17.67
Régis Peynet, 12 Bis