Shi, T4 : Victoria


Titre : Shi, T4 : Victoria
Scénariste : Zidrou
Dessinateur : José Homs
Parution : Janvier 2020


« Shi » est une série marquante de ces dernières années. Portée par l’un des grands scénaristes du moment, Zidrou, et un dessinateur de grand talent, Homs, elle a su se faire remarquer avec son histoire de femmes vengeresses dans l’Angleterre victorienne. Ce dernier tome, justement nommé « Victoria », met fin à l’histoire… avant de recommencer une autre ? En effet, c’est une fin de cycle qui nous est proposée. Le tout paraît chez Dargaud.

Une fin de cycle réussie

Capturé, le petit groupe va s’échapper grâce aux pouvoirs de leurs démons. Ces derniers semblent inarrêtables. Cependant, la reine Victoria s’est laissée convaincre et bâtit une flotte pour retourner en guerre contre l’Amérique et conquérir de nouveaux ces terres perdues.  Il va falloir alors au groupe toute leur énergie et l’aide du gangs des « bastards », les enfants abandonnés, pour détruire ce projet.

« Shi » reste une histoire de vengeance. Si les deux jeunes filles veulent détruire les projets de conquête anglais, c’est par pure vengeance. Elles n’ont pas de visée politique ou social. L’ouvrage est lui au contraire empreint de messages. Il était surtout féministe dans les premiers tomes et dénonçait la condition de la femme à l’époque victorienne (ce qui faisait écho avec la période actuelle bien entendu). Ce dernier opus se concentre bien plus sur les différences sociales : la reine et l’aristocratie d’un côté, et les enfants des rues de l’autre…

Il est d’ailleurs intéressant de noter que le groupe d’hommes qui poussent à la guerre le font, eux aussi, dans une optique de vengeance pure. Tous les personnages sont mus par ce sentiment. Œil pour œil, dent pour dent. « Shi » est une série dure et violente, où les morts jalonnent les pages, sacrifiés chacun pour une « cause », quelle qu’elle soit.

Zidrou a fini par abandonner la partie contemporaine de « Shi ». Je trouvais qu’elle n’était pas très réussie et, visiblement, elle n’allait nulle part. Elle donnait l’idée que le petit groupe allait devenir une grande organisation vengeresse. Une idée est laissée en fin de livre pour donner des pistes. À voir si un nouveau cycle paraîtra pour expliquer le principe de l’organisation, mais en l’état l’histoire se termine et ne laissera personne sur sa faim.

Difficile de faire l’impasse sur le dessin de Homs. Si le scénario de Zidrou est à la hauteur, Homs le transcende de son trait. Je suis si heureux que ce dessinateur ait pu trouver une reconnaissance avec cette série ! Son dessin est magnifique, tant dans les personnages, les ambiances, les décors, le dynamisme… Certaines mises en pages sont démentielles, d’une puissance graphique folle. On retrouve pleinement la maestria présente dans le premier tome. C’est flamboyant, magnifié par une mise en couleur de toute beauté. Chaque scène a sa couleur. C’est splendide. On aime feuilleter l’ouvrage rien que pour la beauté du dessin.

Une bien belle série, à découvrir. Politique, sociale, de l’aventure et de l’action à revendre… Et un univers et des personnages magnifiés par le dessin de Homs. Si on sent qu’il y a eu quelques ratés avec l’époque contemporaine (ou le fantastique, présent puis absent), on ne peut que féliciter Zidrou d’avoir eu le courage de la mettre de côté pour se concentrer sur l’essence de cette série. Bravo aux auteurs.

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