Titre : Johnny Jungle, T2
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : Jérôme Jouvray
Parution : Septembre 2014
Le premier tome de « Johnny Jungle » avait été une bonne surprise. Narrant l’histoire d’un équivalent de Tarzan champion de natation et de cinéma (vous avez dit « Johnny Weismuller » ?), cette histoire faisait preuve de beaucoup d’humour décalé. A la fermeture du premier opus du diptyque, on se demandait presque l’intérêt de continuer le tout, malgré la fin surprenante. Alors, cette deuxième partie transforme-t-elle l’essai ?
Johnny n’est pas vraiment parvenu à se faire à la vie citadine. Acteur star, il succombe trop facilement aux jeunes actrices qui lui sont associées, mettant à mal sa vie avec Jane. Et quand les enfants illégitimes commencent à faire leurs apparitions, c’est le bouquet…
Ce tome s’intéresse à la dégringolade du personnage. Après son ascension, cette chute était inévitable. On le voit vieillir et devenir has been. Si bien que ce livre est beaucoup moins drôle que le premier. Teinté de nostalgie et de regrets, il met l’émotion plus en avant. Hélas, les blagues sont quand même là, mais nous atteignent beaucoup moins. La lecture est loin d’être désagréable, mais il est difficile de ne pas être déçu lorsqu’on le compare au premier. Ainsi, après une vingtaine de pages, je me suis surpris à me dire que l’histoire n’avançait pas vraiment. Heureusement, la suite est plus pertinente. Malgré tout, ce tome est loin de confirmer nos attentes.
La comparaison entre les deux ouvrages fait mal.
Ce diptyque peut être vu de cette façon : le premier tome correspond à la partie d’innocence du personnage. Il découvre les choses avec émerveillement et on rit avec lui. Le deuxième tome est la désillusion. Ainsi, le principe de deux livres serait pleinement pertinent. Cependant, ce tome manque de rebondissement et les péripéties sont loin de s’accumuler. Il manque aussi de personnages pittoresques (comme le réalisateur escroc du premier tome par exemple). Cette dichotomie m’a dérangé, la comparaison entre les deux ouvrages fait mal.
Malgré tout, on retrouve une analyse au vitriol d’Hollywood avec ses acteurs ratés, ses budgets limités par la crise et ses films de propagande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certaines trouvailles font mouche, mais leur densité est plus faible. Surtout, la surprise n’est plus là.
Concernant le dessin, j’ai trouvé l’ensemble inégal. Si le premier tome m’avait enchanté, c’est moins le cas ici. Le trait de Jérôme Jouvray est toujours aussi agréable, mais les intérieurs notamment sont très vides. Le manque de jungle se fait cruellement sentir ! Du coup, la couleur (assurée par Anne-Claire Jouvray) est beaucoup moins marquante que dans le premier opus. C’est surtout une impression d’inégale qualité qui nous imprègne. Certaines planches sont toujours aussi belles et dynamiques. D’autres semblent désespérément vides. Peut-être que le temps imparti pour dessiner cet album était-il trop court ? Car l’ensemble fait quand même 76 pages.
La chute de « Johnny Jungle » est traitée avec nostalgie. Mais les auteurs semblent beaucoup moins à l’aise dans ce registre. Difficile de s’attacher à un personnage qui succombe en permanence à ses pulsions. Maintenant qu’il vieillit, il est difficile d’avoir de l’empathie pour son immaturité. J’ai retrouvé une partie du plaisir que j’avais eu pour le premier tome, mais la déception est bien réelle. Dommage.
Note : 10/20