Uchronie(s), New Moscow, T3 – Éric Corbeyran & Nicolas Otéro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T3
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un projet très ambitieux. Il fait exister trois mondes parallèles développées sur trois tomes chacune. Elles se rejoignent dans un épilogue commun concluant ainsi une décalogie à la trame dense et travaillée. La première saga basée sur cette construction s’est terminée il y a quatre ans. Cela a été une agréable surprise de voir que moins de deux ans plus tard, Éric Corbeyran décidait d’offrir une suite à son histoire en accouchant de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ».

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier chapitre de la réalité moscovite. Nicolas Otéro est en charge des dessins de cette partie de l’univers scénaristique édifier par le célèbre auteur bordelais. J’avais été séduit par son trait. Sa personnalité offre une atmosphère unique à la lecture et la dissocie sans mal de ses voisines chinoise et indienne. La parution de cet opus date du mois d’octobre.

Il est évident que découvrir cette aventure par cet album est une cause perdue d’avance. La complexité des liens entre les mondes couplée aux intrigues propres à chacun rend impossible de prendre le triant en route. Chaque nouveau tome nécessite une plongée dans les chapitres précédents.

Des mondes parallèles qui interagissent.

NewMoscow3bLa trame de cette trilogie se construit autour du professeur Paskevitch. Ce scientifique a connu beaucoup de bas auparavant. Il a connu les dures prisons moscovites. L’amélioration de sa situation est due à un marché amoral passé avec l’Impératrice. Il doit travailler sur la matière noire permettant de changer de réalité. Cette recherche a pour objectif d’expédier « ailleurs » les plus grands criminels locaux. Nous suivons donc ici la première expérimentation de condamnation. Elle génère un moment fort de l’histoire.

La série s’inscrit dans une thématique classique de la science-fiction : les mondes parallèles. La recette est classique mais rarement bien exécutée. Le traitement est souvent superficiel et privilégie la forme au fond. Corbeyran est ici ambitieux. Il fait interagir ses différents univers avec finesse. Il ne tombe jamais dans la caricature et n’oublie pas ses concepts narratifs de départ. Cela permet donc aux adeptes du genre de savourer avec délectation cet ouvrage. La tension monte tout au long du défilement des pages.

Le contenu est fourni. Chaque planche a son importance et participe à l’avancée de l’intrigue. Elle éveille notre intérêt jusqu’au dénouement. Ce dernier ouvre une porte intéressante vers l’épilogue à venir. L’un des petits plaisirs de cette saga vient des rencontres entre protagonistes de mondes différents. Elles sont toujours pertinentes et apportent systématiquement leur écot aux événements.

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Pour conclure, ce bouquin confirme la qualité de « New Moscow ». Elle occupe à mes yeux la planche royale dans cette décalogie qui se construit. Néanmoins, je ne peux que vous conseiller de découvrir le cycle original avant de plonger dans celui-ci. Cela vous permettra de ne pas vous perdre dans les nombreux arcanes de cette belle aventure…

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note4

Uchronie(s), New Moscow, T2 – Eric Corbeyran & Nicolas Otéro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux né il y a un petit peu plus de cinq ans. Eric Corbeyran est le scénariste à l’origine de cette saga originale. Elle se décompose en trois trilogies présentant chacune une réalité parallèle de New York. Elles se rejoignaient dans un dixième opus qui concluait une décalogie d’ampleur. J’avais vraiment eu le sentiment d’avoir été conquis par un univers de science-fiction très abouti. J’ai donc été agréablement surpris en découvrant il y un an que l’aventure trouvait une suite à travers la parution de trois nouvelles séries New Beijing, New Moscow et New Delhi.

Les premiers chapitres des trois aventures m’avaient inspiré des sentiments très variés. New Moscow était celle qui m’avait le plus plu. J’avais été séduit par la personnalité graphique offerte par Nicolas Otero. De plus, la trame était dense et apportait un nouvel écot intéressant à la saga. J’étais donc curieux de me plonger dans le deuxième tome de cette nouvelle trilogie. Il est paru chez Glénat le vingt-quatre octobre dernier.

Il est évident qu’il m’apparaît compliqué dans cet album sans avoir quelques prérequis. Il me paraît indispensable d’avoir lu le premier opus et vivement conseillé d’avoir des références ici de la décalogie initiale. Le fondement de l’univers de Corbeyran est qu’un savant nommé Kosinski a inventé la fusion noire. Cette entité permet dans des univers parallèles d’une même réalité. Celle qui abrite l’intrigue nous présente un New York russe. En effet, New Moscow n’est qu’une version de la métropole américaine.

Voyager entre les réalités et trouver la réalité originale

Le dénouement de l’épisode précédent nous apprenait que Zack, fils du savant Kosinski, a un rêve : voyager entre les réalités et trouver la réalité originale. Cette dernière est à l’origine de toutes les autres. Le projet est intéressant et offre un intérêt certain à l’histoire. En effet, j’appréhendais que cette suite ait du mal à relancer une saga qui avait trouvé sa fin. Mais New Moscow est celle qui y arrive le mieux. L’objectif de Zack est bien exploité dans ce tome. J’ai pris plaisir à voir son plan prendre forme. L’aspect scientifique est bien maîtrisé et son dosage est habile. A aucun moment, les dialogues ne présentent de longs monologues magistraux pour expliquer les tenants et les aboutissants. Néanmoins, cela n’empêche la quête d’avancer de manière non négligeable.

Les interactions avec les deux autres réalités restent pour l’instant minimes. D’ailleurs il n’est pas nécessaire d’avoir lu New Beijing ou New Delhi pour tout comprendre. Je suis curieux de voir à quel moment les trois mondes vont réellement influer les uns sur les autres. Le scénario ne propose aucune lourdeur dans le domaine. Aucune immersion d’une réalité dans une autre n’est anecdotique ou gadget. C’est appréciable.

Une des réussites de cet album est de laisser également une place à ses personnages. Je trouve le casting très intéressant. Il offre une réelle diversité de caractère et de profil. De plus, Corbeyran arrive à faire cohabiter bon nombre d’intrigues secondaires avec son fil conducteur central. Je me suis vraiment investi dans ma lecture tant ma curiosité était régulièrement relancé. J’ai pris énormément de plaisir à voir les événements s’enchaîner. L’album est d’une qualité constante et ne souffre d’aucun temps mort. La conséquence est que je suis optimiste quant à la réussite du prochain tome.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album m’a beaucoup plu. J’ai retrouvé le plaisir que j’avais ressenti dans le premier opus. J’ai retrouvé les personnages avec joie. Le talent d’Otero permet de faire naître un véritable univers qui n’a aucun mal à rendre crédible cette grande mégalopole « new moscovite ». New Moscow confirme à mes yeux qu’il s’agit de la meilleure des trilogies « nouvelle génération ». Il ne reste plus qu’à espérer que les deux autres arrivent à se hisser à son niveau. Mais cela est une autre histoire…

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note3

Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas Otéro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures séries que j’ai découvertes lors de la dernière décennie. Elle se construisait à partir de trois trilogies parallèles qui se trouvaient réunies dans un dixième tome. Chaque partie correspondait à une réalité différente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idée était brillante. La réalisation complexe s’est avérée à la hauteur. J’ai néanmoins été surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rédaction de trois nouvelles sagas construites sur le même principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai récemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le début de la seconde citée qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le célèbre scénariste s’est associé au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment à quelle époque on se trouve étant donné le fait que chaque nouvelle histoire présente une réalité parallèle à la nôtre. On prend donc un réel plaisir à errer dans l’université impériale de Saint-Pétersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matière noire qui était au centre de la première décalogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empêche pas de prendre un réel plaisir à voir ces étudiants et professeurs jouer à l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal à s’immerger dans cette uchronie sérieusement construite.

Mais au-delà de sa dimension scientifique, l’intrigue possède de nombreuses zones d’ombre qui suggère bon nombre d’interrogations. Notre curiosité est ainsi en permanence sollicitée. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possède une densité scénaristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir à s’y perdre. J’ai également apprécié de découvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relégués dans cet opus au second rang. Ce n’est pas désagréable parce qu’on a le sentiment de repartir à zéro. Ce sentiment m’avait manqué en lisant « New Beijing ». La dimension « réchauffée » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprécié cet état de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallélisme de chacune en lui offrant sa propre identité graphique. C’est donc Nicolas Otero qui était chargé de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre à la première page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possède suffisamment de caractère qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. Néanmoins, une fois le trait dompté, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir l’univers illustré par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les décors, tout est réussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complète parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris énormément de plaisir à me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvé l’adrénaline qui accompagnait ma découverte de la série initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre à nouveau le goût de l’aventure. J’espère que la suite sera du même acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la même qualité que l’œuvre originale. Ce nouvel album me laisse espérer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espérer que « New Delhi » soit à la hauteur de mes espérances. Mais cela est une autre histoire…

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