Titre : The Grocery, T1
Scénariste : Aurélien Ducoudray
Dessinateur : Guillaume Singelin
Parution : Octobre 2011
Elliot débarque dans le quartier de Baltimore avec son père. Ce dernier vient de reprendre une épicerie. Le petit Elliot va alors se lier d’amitié avec les gamins du quartier. Petit problème : ces ados dealent de la drogue… Misère sociale et violence urbaine vont alors être au rendez-vous. « The Grocery » narre le quotidien des gamins du coin de la rue, mais aussi la guerre des gangs et le retour des soldats américains d’Irak. Plusieurs histoires qui s’entrecroisent dans ce premier tome de plus de 120 pages. Le tout est dessiné par Guillaume Singelin, scénarisé par Aurélien Ducoudray et publié chez Ankama Editions.
Publié sous un format comics, « The Grocery » transpire l’Amérique, jusqu’à son titre anglosaxon. L’histoire est centrée sur Elliot. Un gamin intelligent qui va se lier d’amitié avec Sixteen et ses potes, des petits dealers qui travaillent pour le caïd du quartier. Or, ce fameux caïd va voir sa position menacée par le retour d’Ellisone, l’ancien chef. Ce dernier a survécu à la chaise électrique…
Des gangsters modernes.
C’est un véritable univers de gangster que l’on retrouve ici. Et du gangster moderne. Attaque d’hélicoptère au bazooka, assaut contre un commissariat, attaque aux armes de guerre automatiques… On ne fait pas dans la dentelle ! Cependant, à côté de ces actions d’éclat, on retrouve également la petite délinquance, jouée par ces ados qui agressent à la main ou au couteau. Toute la chaîne est donc présentée, chacun agressant plus faible que lui et se faisant agresser par plus fort que lui. Le maillon le plus faible semble ici être Washinton, un ancien marine qui retrouve sa maison vendue à son retour au pays.
« The Grocery » possède un univers bien posé, balisé et une certaine densité dans le propos. Les nombreux personnages hauts en couleur rendent l’histoire intéressante et aux multiples ramifications. Il est à noter que la narration est très bien menée. A aucun moment on n’est perdu dans la lecture.
Je mettrai seulement un bémol sur la dureté du propos. Certes, les auteurs souhaitent montrer une certaine réalité et la violence fait partie du livre et de sa force. Cependant, certaines scènes sont un peu surréalistes et la surenchère n’est pas forcément toujours la bonne solution. Ainsi, ce pauvre marine soumit à la gégène par sa banque parce qu’il ne paye pas ses traites (alors qu’on lui a déjà récupéré la maison) m’a fait un peu tiquer. Tout comme ce tir de bazooka par exemple…
Cet univers gagne d’autant plus en personnalité que le dessin de Guillaume Singelin est une vraie réussite. Il dessine ses personnages dans un style animalier très personnel qui participe fortement l’immersion. Aussi bien il arrive à nous émouvoir avec les adolescents, d’un autre côté il nous horrifie par la cruauté des gangsters. L’aspect presque enfantin des personnages tempère (un peu) la violence. Une mention particulière est à accorder à la mise en couleur, particulièrement réussi. Bref, je suis tombé sous le charme du graphisme qui convient parfaitement au propos, tout en ayant une vraie personnalité.
Au final, j’ai beaucoup apprécié ce premier tome de « The Grocery ». Les auteurs créent un univers fort et violent qui, s’il n’évite pas les écueils de la surenchère, ne manquera pas de vous tenir scotché de la première à la dernière page. N’est-ce pas le principal ?