Trap


Titre : Trap
Scénariste : Mathieu Burniat
Dessinateur : Mathieu Burniat
Parution : Janvier 2019


J’ai découvert Mathieu Burniat sur Instagram. J’ai tout de suite été marqué par son trait, très dynamique. Il retient l’attention. En début d’année est sorti « Trap ». C’est un ouvrage entièrement muet, un sacré exercice de style… Le tout paraît dans un petit format, entre manga et comics, chez Dargaud pour 180 pages de lecture.

Un exercice de style façon baston

Dans un monde entre fantastique et préhistoire, un homme a le pouvoir de se transformer en les créatures dont il revêt la fourrure. Ainsi, tout est dans l’escalade logique : à chaque nouvelle bestiole tuée, notre héros gagne de nouveaux pouvoirs et peut s’attaquer à un animal plus gros. Jusqu’à la limite ? Ce personnage, taiseux donc, est accompagné d’un chien peureux.

Le problème de ce genre d’ouvrage est son côté expérimental. L’auteur se met clairement en danger en supprimant toute parole. Tout doit passer par le dessin. C’est formellement très intéressant, excitant pour un dessinateur, mais pour le lecteur ? Mathieu Burniat maîtrise suffisamment les codes de la BD pour que l’on ne soit jamais perdu dans l’histoire. La narration est fluide et claire.

C’est surtout dans l’histoire que l’on est un peu déçu. Cette histoire de fourrure est relativement bien exploitée dans la BD (sans que ce soit transcendant). Mais les enjeux généraux… Au final, « Trap » est avant tout une histoire de grosse baston du début à la fin. Quelques scènes viennent expliquer le pourquoi de cette chasse finale, mais cela nous laisse sur notre faim. En lecture, on s’attend à plus.

Le dessin est essentiel dans cet ouvrage. On reconnaît sans peine le trait de Burniat. Ce dernier ne plaira peut-être pas esthétiquement parlant à tout le monde, mais il est expressif, excessif même, ce qui convient bien au propos. Les décors, travaillés, dépaysent le lecteur, soutenu par une mise en couleur intelligente. Quelques cases se révèlent puissantes graphiquement lors des « grands » moments de l’histoire.

« Trap » laisse un peu sur notre faim. Il y a cependant de belles idées et la narration est bien menée. Mais cette chasse sans fin à la grosse bête reste, en soit, peu intéressante. Malgré tout, en relisant le livre, on revoit certains passages en louant les idées narratives des auteurs. À lire pour l’exercice de style.


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