Titre : Zaroff
Scénariste : Sylvain Runberg
Dessinateur : François Miville-Deschênes
Parution : Mai 2019
Des critiques élogieuses, une couverture percutante et la collection « Signé », il ne m’en fallait pas plus pour m’intéresser à « Zaroff ». Ce one-shot s’inspire d’un roman (qui a déjà donné un film) où le comte du même nom organise des chasses sur une île hors des cartes maritimes. Des chasses à l’homme, littéralement. Le tout pèse 80 pages.
Aventure et action dans la jungle
La particularité du travail de Runberg est de s’être intéressé à l’après. Devenu proie (et défiguré) lors d’une de ses chasses, Zaroff fuit sur une nouvelle île. Déprimé, il a perdu goût à la chasse. Mais on n’échappe pas à son passé. Alors qu’il avait tué un baron de la mafia, la fille orpheline retrouve l’île de Zaroff et se lance dans une même chasse macabre. Avec la famille du comte cette fois…
Le concept de la chasse à l’homme ayant déjà été traité maintes fois (je pense notamment à « L’échiquier du mal » de Dan Simmons), il fallait aux auteurs de l’originalité pour traiter le sujet. Pour cela, il faudra d’abord passer sur toutes les invraisemblances. Non seulement Zaroff avait une île avec un immense manoir inconnu de tout le monde, mais il va parvenir à retrouver une nouvelle île pour reconstruire tout un manoir… Et tout cela avec une clique de serviteurs dévoués.
Le livre se limite très vite au côté purement chasse. C’est de l’action pure qui est proposé. Le personnage de la fille de gangster, dont l’autorité est mise à mal, tombe à l’eau. Cela n’apporte que des lourdeurs au scénario. Au contraire, le rapport le comte Zaroff et sa famille, qu’il connaît mal, est plus réussi. Sa sœur découvre un monstre en son frère. Mais ce frère va également pouvoir les sauver…
Le dessin de Miville-Deschênes est très réussi, bien qu’un peu classique à mon goût. Cela est notamment flagrant sur les personnages. Malgré tout, les cadrages, le traitement de l’action, la représentation de la jungle force le respect. Il m’a fallu quelques pages pour pleinement l’apprécier. Mais une fois la chasse réellement lancée, le dessinateur montre tout son talent : scènes de nuit, d’orage, d’action… Certaines cases méritent de s’y arrêter pour les admirer. Mention spéciale aux couleurs qui, comme sur les couvertures, enrichissent profondément les planches.
Ce « Zaroff » possède un scénario à la fois convenu et improbable. Il semble plus un prétexte à une chasse à l’homme dans la jungle, au milieu des crocodiles et des tigres. Cependant, porté par un dessin de haut-vol, ce one-shot se laisse lire avec plaisir. Rien de révolutionnaire, un petit côté daté, mais du travail bien fait. À lire si vous aimez les ouvrages d’aventure façon années 30.