Les pauvres aventures de Jérémie, T1 : Les jolis pieds de Florence

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Titre : Les pauvres aventures de Jérémie, T1 : Les jolis pieds de Florence
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Janvier 2003


Il est toujours intĂ©ressant de se replonger dans les premiers ouvrages de certains auteurs aujourd’hui adulĂ©s. En 2003, Riad Sattouf lance une sĂ©rie consacrĂ©e Ă  JĂ©rĂ©mie, un anti-hĂ©ros au physique ingrat et quelque peu obsĂ©dĂ©. « Les jolis pieds de Florence » en est le premier tome et fut publiĂ© dans la bien connue collection Poisson Pilote chez Dargaud, la version grand publique de la nouvelle bande dessinĂ©e. Continuer la lecture de « Les pauvres aventures de JĂ©rĂ©mie, T1 : Les jolis pieds de Florence »

Un bruit Ă©trange et beau

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Titre : Un bruit Ă©trange et beau
Scénariste : Zep
Dessinateur : Zep
Parution : Octobre 2016


Après « Une histoire d’hommes », Zep revient chez Rue de Sèvres avec un nouveau one-shot adulte et sĂ©rieux. « Une histoire d’hommes » ne m’avait pas pleinement convaincu, mais suffisait Ă  provoquer une curiositĂ© pour ce nouvel album. Le tout pèse 80 pages (et il pèse vraiment lourd !). Continuer la lecture de « Un bruit Ă©trange et beau »

Lucie s’en soucie

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Titre : Lucie s’en soucie
Scénariste : Véronique Grisseaux
Dessinateur : Catel
Parution : Janvier 2000


« Lucie s’en soucie » est un hors sĂ©rie de la sĂ©rie nommĂ© « Lucie ». Ce roman graphique de 120 pages narre l’histoire d’une jeune trentenaire qui fait le bilan de sa vie au dĂ©but des annĂ©es 2000. Le tout est scĂ©narisĂ© par VĂ©ronique Grisseaux et dessinĂ© par Cartel, et publiĂ© aux HumanoĂŻdes AssociĂ©s dans la collection Tohu Bohu. Continuer la lecture de « Lucie s’en soucie »

Mattéo, T1 : Première époque (1914-1915)

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Titre : Mattéo, T1 : Première époque (1914-1915)
Scénariste : Jean-Pierre Gibrat
Dessinateur : Jean-Pierre Gibrat
Parution : Octobre 2008


Lors d’un passage Ă  Bruxelles, j’avais eu la chance de tomber sur une exposition consacrĂ©e aux planches de Jean-Pierre Gibrat. J’étais alors tombĂ© follement amoureux du trait de ce dessinateur et de ses planches en couleur directe. Plus que ça, c’est sa façon de dessiner des femmes qui m’avait simplement subjuguĂ©. HĂ©las, mes premières dĂ©couvertes en bande-dessinĂ©e de cet auteur m’avaient déçues : je trouvais les scĂ©narii bien lĂ©gers et peu passionnants. Prenant mon courage Ă  deux mains, je tentais de nouveau le coup avec « MattĂ©o », un diptyque se passant lors de la première guerre mondiale. Le premier tome, sous-titrĂ© « première Ă©poque : 1914-1915 », commence alors que la guerre va dĂ©marrer. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis et pèse pas moins de 64 pages. Continuer la lecture de « MattĂ©o, T1 : Première Ă©poque (1914-1915) »

Une petite tentation

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Titre : Une petite tentation
Scénariste : Jim
Dessinateur : Grelin
Parution : Mars 2013


Paru initialement sous le nom du « Sourire de la babysitter », cette sĂ©rie a connu une renaissance en paraissant sous la forme d’un copieux one-shot (plus de 150 pages quand mĂŞme). En effet, la première mouture avait Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©e au premier tome. On ne peut donc qu’ĂŞtre un peu mĂ©fiant, mais pourquoi pas. RebaptisĂ© « Une petite tentation », cette histoire parle donc d’une babysitter et de sa copine qui se lancent le dĂ©fi de piquer le mec quadra et avec une bonne situation dont la première garde la fille. S’engage donc un jeu de sĂ©duction avec d’un cĂ´tĂ© la timide et de l’autre la dĂ©lurĂ©. Le tout est paru chez Vents d’Ouest.

Nous avons donc affaire ici à une classique histoire sentimentale. La tentation, le désir, les sentiments… On n’est même plus dans un triangle amoureux, mais plutôt dans un hexagone ! Cependant, très vite on s’aperçoit que les personnages sont stéréotypés. Plus choquant, les femmes sont toutes des garces et les hommes des êtres humains beaucoup plus sentimentaux et fidèles… Étrange parti pris !

Pour un jeune public ?

UnePetiteTentation2Des personnages caricaturaux ne sont pas forcément un problème. On pourrait se voir dans un vaudeville sympathique. Hélas, les situations sont tout aussi fausses. A aucun moment, on ne croit vraiment à tout ça. Entre une babysitter qui s’exhibe en soutif devant trois quadras ou un ex qui se taille les veines au cutter dans le couloir d’un immeuble, tout cela laisse un peu dubitatif. De même, les deux jeunes filles sont étudiantes ET mineures. Je n’ai pu m’empêcher de tiquer sur ce genre de détails. Plusieurs fois, j’ai eu l’impression que ce livre était plutôt destiné à un jeune public. Mais pourtant, vu où il est édité, ça ne semble pas être le cas. Quant à la conclusion de l’ouvrage, elle va vraiment dans le sens d’une publication pour ado et/ou jeunes adultes. 

Malgré tout, la lecture ménage son suspense et ses surprises. La fin est trop moralisatrice et casse un peu finalement la dynamique de l’ouvrage. Le trait de Grelin est dynamique et plaisant. Ses filles sont sexy et illustrent très bien la notion de tentation… Cependant, les expressions de visage un peu manga m’ont gêné par moments. Clairement, ça ne fait pas partie de mes codes graphiques ! Les couleurs également, très modernes, ne me parlent pas. C’est clairement une question de goût. Grelin a un style moderne où il mélange de nombreuses influences (franco-belge, manga, voire Disney). De même, la colorisation fait partie de canons du genre. Je regrette cependant un choix de faire des grandes cases finalement assez avares de décors. Cela augmente la pagination pour pas grand-chose. Mais encore une fois, ça semble être une tendance du moment.

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« Une petite tentation » est un récit sexy où les jolies filles peu vêtues sont bien présentes. Inscrit dans une mouvance qui se veut moderne, je ne suis pas sûr que cet ouvrage puisse toucher réellement autre chose qu’un lectorat bien jeune qui fermera les yeux sur les incohérences du récit et sur les caricatures de l’ensemble. Pour ma part, j’ai pris plaisir à dévorer les filles des yeux. Peut-être que l’idée de faire un « roman graphique » n’était pas bien pertinente. Il semblerait qu’en 60 pages, tout aurait pu être dit.

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note2

Une vie sans Barjot

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Titre : Une vie sans Barjot
Scénariste : Appollo
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2011


La fin de l’adolescence et le passage à l’âge adulte est un grand classique de la bande-dessinée. À croire que les auteurs sont de grands ados qui ont toujours eu beaucoup de mal à faire leur deuil de cette époque. « Une vie sans Barjot » raconte la dernière nuit de Mathieu dans sa ville natale avant son départ pour les études à la capitale. Le tout pèse une soixantaine de pages et est paru chez Futuropolis.

La soirée commence par un concert dans un bar. Tout le monde semble plus ou moins se connaître. Bienvenue en province, symbole de la banlieue dans le livre. En effet, Mathieu vient d’avoir son bac et son passage à l’âge adulte sera la montée à la capitale. Il va donc perdre ses amis et… Noémie, la fille dont il est secrètement amoureux depuis des années.

La fin de l’adolescence en une soirĂ©e.

UneVieSansBarjot1C’est un récit sur l’adolescence qui nous est proposé. Mathieu et ses copains sont suffisamment attachants pour nous tenir en haleine, eux qui écument les fins de soirée pour retrouver Noémie. Au final, « Une vie sans Barjot » ne raconte pas grand-chose et fait fonctionner pas mal de clichés. Mais cette ambiance de déambulation nocturne ne laisse pas indifférent. La fin casse d’ailleurs un peu cette sensation de fin d’époque. Dommage.

La narration est ainsi purement chronologique et son rythme adopte celui des héros. Peu d’ellipses, tout se suit et forme un tout. Le découpage en quatre bandes des planches renforce cette impression de temporalité. On marche avec les personnages, on attend avec eux… En cela, « Une vie sans Barjot » forme un tout parfaitement cohérent avec son sujet !

Le dessin de Stéphane Oiry est vraiment adapté au récit. Je ne connaissais pas ce dessinateur, mais son trait m’a conquis. Son dessin tout en noirs est parfaitement mis en valeur par une colorisation en bichromie qui permet un découpage des scènes. Beaucoup sont bleues (pour l’extérieur) et les changements vers le jaune ou le rouge apportent un contraste intéressant.

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« Une vie sans Barjot » est une bande-dessinée sympa. Loin d’être révolutionnaire dans son propos ou dans son ambition, elle fait le travail. Elle rappellera certains souvenirs aux nostalgiques qui regrettent encore cette fille à qui ils n’ont pas su déclarer leur flamme…

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note3

Le goût du chlore

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Titre : Le goût du chlore
Scénariste : Bastien Vivès
Dessinateur : Bastien Vivès
Parution : Mai 2008


« Le goût du chlore » est l’une des premières bande-dessinées de Bastien Vivès. Parue en 2008, elle a permis à l’auteur de prendre son envol depuis avec de nombreux projets couronnés de succès. Dans cet ouvrage paru chez KSTR, on retrouve deux jeunes gens qui se rencontrent à la piscine. Le tout pèse pas moins de 135 planches.

Dans la BD, on suit un jeune homme qui a un problème de dos. Son kiné le pousse alors à aller nager, ce qu’il n’a pas vraiment envie. Il faut dire qu’il ne nage pas bien et qu’il a bien du mal à motiver des amis pour l’accompagner. Il découvre alors le « milieu » de la piscine municipale, avec des hommes en représentation, des vieilles femmes et… Une fille.

LeGoutDuChlore1« Le goût du chlore » est une romance. Si pudique qu’elle en perd un peu d’intérêt. Il y a très peu de dialogues dans l’ouvrage et une grande partie concerne la natation. En effet, la jeune fille enseigne au garçon comment mieux nager. L’intérêt de l’un pour l’une est évident, l’inverse semble plus long à se déterminer.

Si on enlève les scènes chez le kinĂ©, plutĂ´t anecdotiques, tout se passe dans la piscine municipale. Les personnages sont presque tout le temps en train de nager ou de barboter. Cela permet Ă  Bastien Vivès de laisser parler son obsession des corps (que l’on retrouvera plus tard dans « Polina »). Un corps sportif et attirant d’un cĂ´tĂ©, plus ingrat et chĂ©tif de l’autre. L’auteur dĂ©cide d’adopter le rythme rĂ©el du lieu. Ainsi, on nage plus qu’on parle dans l’ouvrage. Et au bout d’un moment, la lassitude nous atteint Ă  force de voir chaque mouvement dĂ©composĂ©, que ce soit pour la nage ou toute autre chose. Mais on n’est pas loin de l’exercice de style. Bastien Vivès fournit donc un travail intĂ©ressant qui ne plaira pas Ă  tout le monde.

Au niveau dessin, on retrouve le trait dynamique de Bastien Vivès. J’ai trouvé l’ensemble assez inégal. Certaines cases sont très réussies et puissantes. D’autres sont vraiment limites, même si elles sont liées au parti pris de l’auteur. Ce dernier écrit en fin d’ouvrage avoir réalisé l’album à l’été 2007, ce qui expliquerait ce côté inégal. La colorisation en vert/bleu de les décors mais en valeur les corps couleur chair des protagonistes. Mais l’ensemble reste assez froid.

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On peut souvent lire que « Le goût du chlore » retranscrit parfaitement l’ambiance d’une piscine municipale où des gens très différents vont nager et où le temps est rythmé par les longueurs. Mais c’est bien là le problème. Quand on va nager, le temps est souvent long et on s’ennuie un peu. Voilà l’effet que m’a fait cet ouvrage.

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note2

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Août 2014


Le premier tome des « Chroniques d’un maladroit sentimental » était une bonne surprise. Doté d’une narration originale et d’un personnage attachant, on adhérait pleinement à l’ouvrage. Ce dernier aurait même pu exister en tant que one-shot. Mais voilà la suite qui arrive, intitulé « L’enfant à l’écharpe ». Après avoir passé un tome à essayer de juguler ses crises d’angoisse pour arriver à inviter une femme à aller boire un verre, voilà que notre héros se lance dans la paternité ! Le tout est publié sous forme d’album de 48 pages tout ce qu’il y a de plus classique chez Vents d’ouest.

Gérard est donc parvenu à séduire la belle Florence, mais celle-ci est déjà mère de trois enfants. Demain, Gérard emménage dans la maison familiale de sa chérie, celle qu’elle avait acheté avec son ex… Mais notre héros ne se démonte pas et propose à Florence de faire un enfant ensemble… C’est le début des problèmes !

Paternité, belle-filles et roi des Belges.

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2aÉtrange choix des auteurs de plonger Gérard dans la paternité. Surtout que lui qui avait tant de mal à faire quoi que ce soit devient initiateur du projet. Mais soit, pourquoi pas. Le début de l’ouvrage, consacré à son emménagement est parfaitement réussi. On y voit le rapport entre Gérard et ses belle-filles. On retrouve l’ambiance du premier tome et les apparitions du roi de Belgique rappellent celles, précédentes, de la mère. Mais une fois la grossesse lancée, on perd un peu le film, les hallucinations du personnage rendant le tout très confus. Clairement, la magie n’opère pas aussi bien.

Malgré tout, ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » gardent un charme particulier avec le personnage de Gérard. Petite pique à leurs lecteurs, les auteurs en font un collectionneur de BD (un peu névrosé…).

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2bC’est surtout le dessin de Daniel Casanave qui m’avait poussé à feuilleter le premier album. Son style semi-réaliste, très relâché, fait merveille. C’est dynamique et parfaitement adapté au propos. Les deux auteurs se sont bien trouvés et fonctionnent en pleine osmose. Les planches sont riches en cases, permettant d’instaurer de nombreux silences. Du beau travail de découpage !

J’ai été un peu déçu par ce deuxième tome. Alors que Gérard était un personnage des plus angoissés dans le premier tome, il est beaucoup plus « normal » ici. C’est finalement un homme qui, comme n’importe quel homme, stresse avant l’arrivée de son premier enfant. La multiplication des hallucinations (le roi des belges, les souvenirs, les ex, etc.) brouillent un peu le propos là où elles l’enrichissaient précédemment. Mais si vous avez apprécié le premier tome, ce second opus reste une lecture agréable en compagnie de Gérard.

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Note : 12/20

 

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Janvier 2013


Le profil du célibataire trentenaire soumis à des crises d’angoisse et à une timidité maladive est devenu ces dernières années un grand classique. Lorsque Vincent Zabus (au scénario) et Daniel Casanave (au dessin) s’attaque au sujet dans « Les chroniques d’un maladroit sentimental », il va falloir qu’ils sortent du lot. Mais comment, sur un sujet aussi banal et récurrent, se démarquer ? Publié chez Vent d’ouest, ce premier tome intitulé « Petit béguin & gros pépins », est présenté sous le format album classique. C’est la présence de Casanave au dessin qui m’a convaincu de m’approprier le livre.

Tout commence par un rendez-vous. Gérard Latuile a rencard avec une certaine Florence. Il nous explique alors que d’habitude il est très maladroit, qu’il a raté ses autres relations. Gérard n’hésite pas à parler directement au lecteur, donnant le ton de la BD. De même, de nombreux personnages n’hésitent pas à intervenir dans l’histoire de façon complètement absurde comme la mère dans la salle de bain pendant une crise d’angoisse ou alors Gérard plus vieux. Ce mélange entre l’histoire en elle-même et toutes ces apparitions/interventions qui la « parasitent » donnent un ensemble original, un peu bordélique, mais surtout très attachant. Et c’est là que se trouve tout l’intérêt de l’ouvrage.

Une comédie romantique.

« Les chroniques d’un maladroit sentimental » est avant tout une comédie romantique. Le ton est toujours léger, Gérard étant une sorte d’ingénu sacrément romantique. Ainsi, l’humour distillé est très réussi. On verra Gérard très étonné d’être attiré par Florence car elle a une petite poitrine alors qu’il a toujours été attiré par les femmes à forte poitrine. « Elle me plaît quand même, c’est dingue » se dit-il ! Mais surtout, l’homme fantasme énormément son idylle, se projetant beaucoup trop. Clairement, il n’a pas les pieds sur terre, comme le montre parfaitement la couverture !

Je tiens à préciser que ce premier tome pourrait presque être un one-shot. Même s’il reste des pistes à explorer, il se suffit à lui-même. C’est assez rare pour être signalé !

Concernant le dessin, une fois encore Daniel Casanave m’a séduit. Son trait dynamique, à la fois simple et expressif est parfaitement adapté au propos. Il possède toute la légèreté nécessaire à l’ouvrage, tout en étant capable de faire passer les émotions quand il le faut. La mise en couleur, par Patrice Larcenet, est toute en simplicité. Elle met en valeur le trait de Casanave tout en proposant des ambiances bien différenciées. Un travail discret mais efficace.

Ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » portent très bien leur nom. Plein de romantisme et de légèreté, cet ouvrage nous propose un personnage de Gérard Latuile très attachant. La narration est bien menée, évitant l’écueil d’une trop grande simplicité. On espère finalement une suite, histoire de voir si Gérard va enfin arriver à passer un repas sans faire une crise d’angoisse aux toilettes.

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Note : 15/20

Whaligöe, T2 – Yann & Virginie Augustin

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Titre : Whaligöe, T2
Scénariste : Yann
Dessinatrice : Virginie Augustin
Parution : Janvier 2014


 « Whaligoë » est un diptyque créé par le scénariste Yann et la dessinatrice Virginie Augustin. Les couleurs sont confiées à Fabien Alquier. La première partie était parue il y a un petit peu plus d’un an. La conclusion, sujet de ma critique d’aujourd’hui, est apparue dans les rayons de librairie le quinze janvier dernier. Cet ouvrage de format classique est vendu chez Casterman au prix de 13,50 euros. La couverture nous immerge au beau milieu d’un duel à l’épée. La foule qui encadre est nombreuse à encadrer les deux protagonistes à la lumière de torches embrasées. L’heure semble être au règlement de compte. Le programme est ainsi clairement annoncé.

La quatrième de couverture nous offre la présentation suivante : « Ecosse, début du XIXe siècle. Leur cocher égorgé, notre couple sur le déclin ne peut désormais plus refuser l’affrontement final avec Branwell, la brute qui tient sous sa coupe le village de Whaligoë… Mais pour connaître l’identité du mystérieux écrivain Ellis Bell, tous les coups bas sont permis, du duel à la claymore aux morsures littéraires empoisonnées… Et si la vérité ne se trouvait pas à la surface des choses ? … Si elle se dissimulait dans des profondes et inquiétantes ténèbres sous la lande tourbeuse de Whaligoë ? »

Le concept du diptyque est souvent utilisé ses dernières années dans la bande dessinée. Il n’est pas dépourvu d’attraits. En effet, il n’a pas les inconvénients des séries au long cours qui voient bien souvent leur qualité décliner au fur et à mesure que naissent les différents épisodes. De plus, il peut présenter une histoire plus dense et travaillée qu’un simple album d’une petite cinquantaine de page. Malgré le genre possède des risques. Le principal est de générer un univers complexe, des personnages mystérieux, des enjeux forts dans l’introduction et de voir la conclusion de ne pas répondre aux attentes enthousiastes et exigeantes du lecteur après la découverte du premier acte. « Whaligoë » avait offert un tome initial assez réussi. Sur bon nombre de points, il s’agissait d’un bon cru. J’espérais que cette suite allait le confirmer.

“Une atmosphère riche”

La première richesse que j’ai retenue de ma rencontre avec « Whaligoë » est son atmosphère. L’arrivée dans ce village perdu au beau milieu des landes était superbement retranscrite par le trait de Virginie Augustin. Que ce soit au contact d’autochtones parfois patibulaires ou au centre d’étendues désertiques et inquiétantes, la dessinatrice arrivait à dégager de ses planches un vrai envoûtement pour le lecteur. De plus, le fait que bon nombre d’événement se déroule la nuit ajoutait encore une dimension à cette sensation oppressante d’être enfermé au milieu de nulle part. Malgré un léger changement de ton narratif dans ce second opus, cette qualité sensorielle des pages existe toujours. C’est un vrai plaisir. Les auteurs ont accordé de l’importance à construire un univers et des lieux avant d’y insérer des personnages et une histoire. Je leur en suis gré car le voyage à Whaligoë ne laisse ainsi pas indemne.

Le deuxième aspect qui m’avait beaucoup plu était la construction des personnages. Le couple principal était assez unique dans son genre. Lui est un auteur qui a depuis longtemps perdu toute inspiration. Elle est sa Muse qui n’est plus aussi splendide qu’elle a été. Ils sont présentés comme des « has been » qui se reprochent réciproquement d’être la cause de leur déchéance tout en ne se quittant pas, faute d’autre proposition. Leurs échanges fielleux sont des petits bijoux de méchanceté. Chaque dialogue est écrit, rien n’est bâclé. J’ai retrouvé cette patte dans cette suite et en ai savouré les fruits avec gourmandise. Mais les auteurs ne se contentent pas d’offrir un mano a mano entre les deux tourtereaux, ils font également exister leurs personnages secondaires. Je me garderai de les lister. Cela n’a pas grand intérêt et gâcherait en partie la lecture. Néanmoins, il faut savoir qu’aucun protagoniste n’est neutre tant pour l’ambiance que pour la trame.

Concernant la trame, elle est plutôt prenante. Quelques doses mystérieuses sont régulièrement parsemées. Le héros se trouve un adversaire local. Les sentiments amoureux et les secrets de famille sont de sortie. Bref, les ingrédients sont classiques mais solides. La sauce prend plutôt bien sans révolutionner le genre. Le scénariste offre une conclusion à la hauteur des espoirs nés dans son introduction. Ce n’est déjà pas si mal. Ce second album n’est pas une succession de combats ou de poursuites. Les dialogues et les intrigues ne sont pas négligés malgré une place légitime plus importante donnée aux scènes d’action. Le diptyque peut vraiment être perçu comme une entité unique. C’est agréable car ce n’est pas toujours le cas.

Je vous ai déjà tressé les lauriers du travail graphique de Virginie Augustin sur les décors. Je peux en faire tout autant concernant sa capacité à créer des personnages. Il possède chacun une vraie personnalité et dégage énormément de choses par leurs traits, leurs visages ou leurs postures. Bref, la forme est à la hauteur du fond. Pour conclure, « Whaligoë » est une saga plutôt réussie dans laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger. La lecture est prenante et je me suis laissé porter sans mal. Certes, je n’en garde pas d’immenses souvenirs une fois le bouquin terminé, mais est-ce si grave si la dégustation fut agréable ?

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