Une vie sans Barjot

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Titre : Une vie sans Barjot
Scénariste : Appollo
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2011


La fin de l’adolescence et le passage à l’âge adulte est un grand classique de la bande-dessinée. À croire que les auteurs sont de grands ados qui ont toujours eu beaucoup de mal à faire leur deuil de cette époque. « Une vie sans Barjot » raconte la dernière nuit de Mathieu dans sa ville natale avant son départ pour les études à la capitale. Le tout pèse une soixantaine de pages et est paru chez Futuropolis.

La soirée commence par un concert dans un bar. Tout le monde semble plus ou moins se connaître. Bienvenue en province, symbole de la banlieue dans le livre. En effet, Mathieu vient d’avoir son bac et son passage à l’âge adulte sera la montée à la capitale. Il va donc perdre ses amis et… Noémie, la fille dont il est secrètement amoureux depuis des années.

La fin de l’adolescence en une soirée.

UneVieSansBarjot1C’est un récit sur l’adolescence qui nous est proposé. Mathieu et ses copains sont suffisamment attachants pour nous tenir en haleine, eux qui écument les fins de soirée pour retrouver Noémie. Au final, « Une vie sans Barjot » ne raconte pas grand-chose et fait fonctionner pas mal de clichés. Mais cette ambiance de déambulation nocturne ne laisse pas indifférent. La fin casse d’ailleurs un peu cette sensation de fin d’époque. Dommage.

La narration est ainsi purement chronologique et son rythme adopte celui des héros. Peu d’ellipses, tout se suit et forme un tout. Le découpage en quatre bandes des planches renforce cette impression de temporalité. On marche avec les personnages, on attend avec eux… En cela, « Une vie sans Barjot » forme un tout parfaitement cohérent avec son sujet !

Le dessin de Stéphane Oiry est vraiment adapté au récit. Je ne connaissais pas ce dessinateur, mais son trait m’a conquis. Son dessin tout en noirs est parfaitement mis en valeur par une colorisation en bichromie qui permet un découpage des scènes. Beaucoup sont bleues (pour l’extérieur) et les changements vers le jaune ou le rouge apportent un contraste intéressant.

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« Une vie sans Barjot » est une bande-dessinée sympa. Loin d’être révolutionnaire dans son propos ou dans son ambition, elle fait le travail. Elle rappellera certains souvenirs aux nostalgiques qui regrettent encore cette fille à qui ils n’ont pas su déclarer leur flamme…

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Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy – Lewis Trondheim & Stéphane Oiry

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Titre : Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2014


« Maggy Garrisson » a attisé la curiosité des adeptes du neuvième art lors de sa sortie le six mars dernier. En effet, c’était l’occasion de voir Lewis Trondheim scénariser une histoire dans un monde dénué de fantastique et qui n’utilisait graphiquement aucun mécanisme anthropomorphe. D’ailleurs, il confie les dessins à Stéphane Oiry que je découvre à l’occasion de cet album. « Maggy Garrisson » semble vouée à devenir une série. En effet, cet ouvrage intitulé « Fais un sourire, Maggy » est numérotée. Il s’agit donc du tome initial des aventures d’une nouvelle héroïne. Le bouquin de format classique est édité chez Dupuis dans la collection Grand Public. La couverture nous fait découvrir Maggy sous un parapluie en train de s’allumer une cigarette dans une rue pluvieuse londonienne.

La quatrième de couverture nous présente la porte d’entrée suivante : « C’est son premier job depuis deux ans… Il faudrait qu’elle fasse un effort. Sauf que son patron a l’air d’un parfait incapable. Et qu’il n’y a pas mal de fric à gratter en parallèle. » Le ton posé. Il n’y avait plus qu’à espérer que la réalité soit à la hauteur des attentes suscitées.

Bien que m’étant offert ce bouquin peu de temps après son apparition dans les rayons de librairie, j’ai attendu quelques semaines avant de m’y plonger. J’ai donc eu l’occasion de lire sur le net ou dans la presse spécialisée bon nombre de critiques et d’avis à propos de cette nouvelle héroïne. Elles étaient dans leur grande majorité élogieuses et enthousiastes. Elles tressaient des louanges à ce personnage féminin à la personnalité marquée et au caractère fort. Elles louaient les auteurs d’avoir immergé leur intrigue dans la capitale britannique.

Découvrir le Londres contemporain

Je dois avouer que ce dernier aspect m’attirait. En effet, j’ai rarement eu l’occasion de découvrir le Londres contemporain dans un album de bandes dessinées. Bien souvent, les relations entre le neuvième art et « Smoke » se déroulent à la fin du dix-neuvième siècle, époque ayant vu naître Jack l’éventreur ou Sherlock Holmes. Les calèches dans les rues sombres bravant le brouillard légendaire permettait de générer des atmosphères envoutantes. Néanmoins, la richesse naît de la diversité et j’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient exploiter les lieux et l’ambiance de la ville anglaise. Certaines scènes extérieures n’ont aucun à nous persuader que nous sommes outre-Manche. De plus, la météo grise ou les pubs locaux participent à cette immersion. Malgré tout, les événements, les personnages et le fait que les échanges soient en français ont tendance parfois à nous faire penser que les personnages pourraient se trouver dans n’importe quelle autre grande ville européenne. Peut-être qu’en intégrant quelques expressions anglaises dans les dialogues à la manière de « Blake et Mortimer » cela aurait facilité la crédibilité géographique de l’ensemble.

maggygarrison1aMaggy nous est jusqu’alors inconnue. Les auteurs doivent donc nous la présenter. La première impression est toujours importante. Les premiers mots sont en voix off. Ils permettent de se faire une idée de cette femme. Elle donne le sentiment de ne pas aimer être embêtée. En peu de termes, Trondheim nous offre l’identité de son héroïne. Les pages suivantes confirment notre perception. Elle apparaît débrouillarde. Son sens de l’éthique atteint rapidement ses limites quand quelques menus billets sont disponibles. Mais on ne lui en veut pas. Son côté futé semble l’emporter sur son côté magouilleur.

La neuvième planche marque le vrai début de l’intrigue. Les présentations sont faites. Il s’agit de rentrer dans le vif du sujet. La trame pose des jalons intéressants et sollicitent activement notre curiosité. Les zones d’ombre sont nombreuses et on ne demande qu’à suivre les pérégrinations de Maggy pour dénouer la pelote emberlificotée autour de son peu charismatique patron. Hélas, l’intensité narrative a tendance à diminuer au fur et à mesure que les pages défilent. Il se passe davantage de choses dans le premier tiers de l’album que dans les deux autres réunis. L’histoire donne lieu à des moments sympathiques et bien écrits mais le fil conducteur est faiblard et n’a pas arrivé à réellement m’intéresser. Au final, je me suis détourné de l’enquête menée par l’héroïne. Son dénouement m’a laissé quasiment insensible.

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Ce sentiment est regrettable car Maggy possède un vrai potentiel scénaristique. De plus, les auteurs font exister des personnages secondaires intéressants qui auraient pu donner une autre ampleur à l’ensemble s’ils avaient été mieux ou plus exploités. Je me demande même si la lecture n’aurait pas été plus agréable si le fil conducteur des recherches de la jeune femme avait été plus en retrait. Cela aurait laissé davantage de place aux différents échanges de Maggy avec ses rencontres. En effet, ces moments sont les meilleurs de l’album. Ce premier tome a donc ses qualités et ses défauts. Les premières m’inciteront à jeter un coup d’œil sur le prochain opus lors de sa future sortie. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 11/20