Litteul Kevin, T9 – Coyote

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Titre : Litteul Kevin, T9
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : Décembre 2010


Récemment est sorti le 9ème tome de « Litteul Kevin » par Coyote. Après un tome se terminant par l’apparition du père de Chacal, on était en droit d’espérer de nouveaux rebondissements dans la vie de notre petite famille.

« Litteul Kevin », c’est l’histoire de Kevin, jeun garçon, de son père biker Chacal et de sa plantureuse mère Sophie. Ce qui m’a marqué d’emblée, c’est le retour au noir et blanc. Coyote maîtrisant parfaitement cette technique, c’est une heureuse nouvelle. Les effets de matière, les ombres, tout est remarquablement reproduit à l’encre de chine, dans un style très caricatural. L’auteur fait fi des proportions et des poses naturelles. Tout est exagéré, du nez de Chacal, à la poitrine de Sophie. Le dessin colle parfaitement à l’esprit de la série car tout y est excessif. L’esprit de farce de la série est parfaitement conservé. Cet esprit, c’est la famille et les amis, le tout saupoudré d’une bonne pincée d’immaturité.

Un retour bienvenu au noir et blanc.

L’album se présente sous forme d’histoires de 3 à 9 pages, chaque histoire présentant une chute à la fin. Un des reproches faits à la série est son essoufflement. Il est vrai que depuis quelques tomes, on rigole de façon moins franche aux blagues de l’ami Coyote. Les chutes sont moins évidentes, les jeux de mots moins fréquents. Le tout reste très sympathique et il n’est pas rare de rigoler un bon coup devant l’attitude de nos bikers préférés. On lit cette BD avec le même plaisir que l’on aurait à retrouver de vieux amis. Il y a une vraie tendresse de la part de Coyote dans le traitement de ses personnages.

On retrouvera donc avec plaisir toute la panoplie des personnages secondaires : Cacahouète, Hulk, Vanessa, le voisin, Frida… L’apparition du grand-père permet d’ajouter quelques histoires, mais sans excès. Sa trop grande similitude avec son fils Chacal le cantonnera forcément à un rôle orienté « tel père, tel fils ». Son intégration est en tout cas réussie et donne lieu à des scènes sympas, sans pathos excessif. Chez Coyote, quand on pleure dans une case, c’est que l’on va donner une baffe dans la suivante…

Si vous ne connaissez pas « Litteul Kevin », je vous conseille de vous orienter vers les tomes les plus anciens. Bien que ce dernier opus puisse être lu indépendamment des autres, il est nécessaire de connaître les protagonistes afin d’en profiter un maximum. Ce tome, sans être indispensable, continue la série avec qualité. On a tendance à sourire plus qu’à rire qu’à l’accoutumée, mais peut-être est-ce seulement le destin des séries qui durent. Il est à signaler que ma conjointe m’a m’interdit de lire ce tome le soir au lit, mes rires l’empêchant de dormir… Un gage de qualité ?

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note3

Litteul Kevin, T10 – Coyote

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Titre : Litteul Kevin, T10
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : Octobre 2013


Fin octobre dernier, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir qu’un nouveau tome de Litteul Kevin était apparu dans les rayons de librairie. Toujours écrit par Coyote, cet ouvrage nous présente une couverture fidèle à l’esprit de la série. Chacal et sa charmante épouse sont en très de faire des grimaces au côté de leur grosse moto pendant que leur fils les regarde avec compassion assis sur son casque agrémenté d’une tête de mort. Cet opus est édité chez Le Lombard et est vendu pour douze euros.

Certains d’entre vous ne sont peut-être pas des familiers de la famille de Kevin. Chacal est un biker dont le boulot est d’être agent de sécurité avec ses potes du club. Il est marié à une ravissante femme dont les courbes défient les lois de la nature et de la pesanteur. Ce couple de choc est les parents du sympathique Kevin, jeune enfant à la célèbre coupe au bol.

Le ton se veut léger et drôle. La vraie star est Chacal. Il s’agit d’un personnage haut en couleur qui possède une gouaille fascinante. Ses répliques cultes associées à son comportement d’adolescent qui n’a jamais grandi offre de vrais moments de rigolade. Cela fait vingt ans que je guette chacune de ses réparties pour voir mes muscles zygomatiques être ardemment sollicités. Pour vous donner un exemple, vous cite un dialogue entre Chacal et sa belle-mère adorée : « Vous êtes sûr qu’ils ne vous ont pas implanté un récepteur Rire et Chanson dans le cerveau à votre dernière lobotomie – Et vous, avec toutes ces vannes, c’est étonnant que vous fassiez autant de rétention d’eau !!! »

Au milieu d’un groupe de bikers

Comme d’habitude l’album de quarante-cinq pages se décompose en plusieurs histoires. Il y en a ici sept. Chacun fait entre quatre et huit pages. Comme souvent lors des derniers tomes, il y a ici une thématique commune à l’ensemble. Ce dixième opus est centré sur le mariage de Hulk, meilleur acolyte de Chacal. On suit donc l’enterrement de vie de garçon, des séances de sport pour rentrer dans son costume, le repas de mariage, etc. Seule la dernière aventure diffère d’univers en nous plongeant dans les Highlands écossais. La quatrième écossais annonçait le voyage en nous présentant un Kevin en kilt au visage peinturluré à la manière d’un William Wallace dans Braveheart.

Du fait du choix scénaristique, l’essentiel des intrigues se fait au milieu du groupe de bikers. Cela donne donc lieu à beaucoup de vannes entre ces grands enfants. Les voir exploiter un électro-simulateur pour se fixer de nouveaux défis est très drôle. Je vous laisse imaginer sur quels endroits ils envisagent rapidement de l’essayer. Malgré tout, je regrette qu’il n’y ait pas davantage de scènes « at home » de Kevin et ses parents. Cela génère des moments très drôles différents de ceux qui se déroulent au local. Malgré tout, cela n’empêche pas Coyote de nous offrir des dialogues bien écrits remplis de jeux de mots. Ils sont mis en valeur par son style graphique très caractéristique. Je suis un grand fan de son trait. Les planches sont en noir et blanc. Il offre une galerie de personnages particulièrement réussis. Les expressions sont excessives et collent parfaitement au caractère déluré des situations. L’auteur confirme que l’univers de sa saga possède encore un bel avenir.

Malgré tout, cet opus n’est pas mon préféré de la série. Tout au long de ma lecture, je n’ai jamais été pris de fous rires comme j’ai pu l’être au cours des épisodes précédents. J’ai souvent souri. J’ai trouvé les idées très drôles et ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cet univers délirant. Mais je pense que mes réserves résultent du fait que la densité de vannes est moindre qu’à l’habitude. J’ai eu le temps de souffler entre deux répliques cultes. D’habitude, Coyote offrait un enchaînement sans temps mort qui à force solliciter les zygomatiques déclenchait de vrais fous rires.

Pour conclure, ce nouveau tome de Litteul Kevin ravira les adeptes de la série. En effet, c’est toujours un vrai plaisir de retrouver tout ce beau monde qui gravite dans l’univers de Kevin. Le casting est complet. Je ne me lasse pas de leurs aventures, de leurs bêtises de leurs disputes et de leurs réconciliations. L’empathie que je ressens à l’encontre des protagonistes fait que je n’ai aucun mal à passer sur les quelques bémols que j’évoquais précédemment. Une chose est sûre et certaine, il ne me reste plus qu’à attendre avec une certaine impatience la parution du prochain opus. Mais cela est une autre histoire

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note2

La famille Passiflore, T3 : La chasse au trésor

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Titre : La famille Passiflore, T3 : La chasse au trésor
Scénariste : Michel Plessix
Dessinateur : Loïc Jouannigot
Parution : Juin 2014


Ma critique d’aujourd’hui porte sur un album de jeunesse intitulé « La chasse au trésor ». C’est le nom de son dessinateur qui m’a orienté vers lui. Il s’agit de Michel Plessix dont le trait m’a charmé dans « Le vent dans les saules ». De plus, j’avais eu l’occasion de lire une critique élogieuse à l’égard de cette troisième aventure de la famille Passiflore. Cette sympathique bande de lapins m’était inconnue jusqu’alors. La couverture est attirante. Elle nous présente une bande de jeunes lapereaux bien décidés au milieu d’une prairie verdoyante. Un danger rode dans l’ombre : ils sont observés par quelqu’un qui ne semble pas leur vouloir que du bien… Continuer la lecture de « La famille Passiflore, T3 : La chasse au trésor »

Garçon manqué – Liz Prince

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Titre : Garçon manqué
Scénariste : Liz Prince
Dessinatrice : Liz Prince
Parution : Octobre 2014


Après avoir été déçu par « Seule pour toujours » de Liz Prince, je voulais lui demander une nouvelle chance. En effet, les critiques que j’avais pu lire encensait plutôt « Garçon manqué », qui est un vrai one-shot et non pas un recueil de blog. Dans ce livre, Liz Prince raconte sa jeunesse et son adolescente où son côté pas assez féminin (selon elle) l’a beaucoup fait souffrir. C’est donc une autobiographie qui nous est proposée chez Ça et Là, pour un total de… 250 pages !

L’autobiographie de jeunesse centré sur un problème particulier (ici le côté « garçon manqué ») a le vent en poupe. Hélas, il faut bien avouer que certains ont des jeunesses bien plus intéressantes que d’autres. Et surtout, la difficulté est de savoir sublimer son existence par un traitement narratif ou graphique adéquat. Liz Prince hésite un peu sur le mode à suivre, tantôt humoristique, tantôt franchement plombante. Le livre se révèle bien trop premier degré. Alors qu’en est-il du propos ?

Un livre au premier degré trop exhaustif.

GarçonManqué2Liz n’aime pas les robes. Voilà le point de départ de l’intrigue. Elle n’aime donc pas les poupées, le rose et tout ce qui va avec. Elle aime les jeux de garçons et jouer avec eux. Hélas, il n’existe visiblement pas d’espace intermédiaire. Elle se retrouve ainsi mise à l’écart des deux communautés. Au-delà du côté garçon manqué, c’est avant tout l’histoire des marginaux qui est narrée. Hélas, le tout reste très terre-à-terre et ce n’est que dans les ultimes pages que la notion de marginalité (au sens large du terme) prend vraiment sa place.

Liz Prince aurait pu généraliser son propos mais ce n’est pas le cas. On retrouve finalement dans le livre tout ce que l’on pourrait dire à l’avance avant de le lire : on la prend pour un garçon, pour une lesbienne et elle accepte mal son corps. Du coup, si le livre se lit facilement, il ne propose aucune véritable surprise. Et les moments plus intimes, plus personnels, sont noyés devant la pagination trop importante du livre. En effet, de nombreux passages sont redondants et n’apportent rien. En voulant tout dire, l’auteure affaiblit son propos.

Au niveau du dessin, c’est vraiment le minimum syndical. Le tout est en noir et blanc, avec un traitement sans matière ni niveau de gris. Le dessin est très simple et, finalement, n’apporte rien à la narration. On peut avoir un dessin underground puissant ou minimaliste, mais cela n’empêche pas la créativité.

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Ce « Garçon manqué » a tout du projet trop personnel. Il n’y a pas de travail d’écriture sur l’ouvrage, l’auteure étant trop exhaustive et se contenant d’un traitement purement chronologique. L’expérience personnelle de Liz Prince n’est pas assez puissante ou originale (en tout cas, vue du livre) pour réellement créer un intérêt chez le lecteur. L’ouvrage aurait été plus court, il aurait été certainement beaucoup plus intéressant.

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note2

Le chant des stryges, T16 : Exécutions

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Titre : Le chant des stryges, T16 : Exécutions
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Décembre 2014


Le chant des stryges est une des plus anciennes séries que je lis. Le dernier épisode en date, le seizième, est apparu en librairie à la fin de l’année dernière. Il s’intitule Executions. La couverture dégage une atmosphère guerrière en parfaite adéquation avec le titre. On découvre l’héroïne se diriger vers nous une arme à la main. Au second plan une maison brûle et le ciel est habité par le visage d’un monstre hurlant. Les tons chauds accentuent cette sensation de fin du monde. Cette saga est l’œuvre conjointe du scénariste Eric Corbeyran et du dessinateur Richard Guérineau. Les couleurs sont le fruit du travail de Dimitri Fogolin.

Le site BDGest’ online (online.bdgest.com) propose le résumé suivant : « Après avoir découvert le remède imaginé par Sandor G. Weltman pour remédier à la stérilité des Stryges, Debrah a décidé de tenter sa chance. Alors que le fœtus, sous haute surveillance, grandit dans le corps de sa mère, les tensions au sein de l’équipe se multiplient. Il semblerait qu’un traître se cache parmi eux… Mais qui est-il et quelles sont ses véritables intentions ? »

Un mélange entre un monde réel et dimension fantastique.

LeChantDesStryges16aVous l’aurez compris aisément, il est difficile de s’immerger dans cette lecture sans avoir quelques prérequis solides. Je vais vous offrir les grandes lignes de l’intrigue. Les Stryges sont des créatures ailées qui accompagnent dans l’ombre l’humanité depuis toujours. Leurs destins sont intimement liés sans qu’on arrive réellement à maîtriser la nature exacte de leur « association ». Weltman est un homme qui avait passé une alliance avec ses monstres. En échange d’une quasi-immortalité, il devait chercher à soigner leur stérilité. Tout ne s’est pas passé comme prévu. Cette lutte qui a duré des siècles s’est conclu lorsque Debrah, une mystérieuse femme aux talents nombreux a hérité de l’empire de Weltman après l’avoir tué. Depuis, elle cherche à mettre la main sur tous les hybrides dont elle fait partie pour choisir définitivement son camps : avec ou contre les stryges ?

L’intrigue s’inscrit dans notre monde quotidien. La seule nuance de taille est la présence dans l’ombre de ces créatures fantastiques. Le mélange entre un monde réel et cette dimension fantastique est habilement construit et ravira les adeptes du genre. La qualité de la série est constante et ne diminue pas avec les années qui passent. L’univers global est dense et solide. Je suis tombé rapidement sous les charmes nombreux de cette aventure et prend toujours beaucoup de plaisir à m’y plonger.

LeChantDesStryges16bCe seizième tome nous présente une bataille rangée entre Debrah et Carlson. La première veut sauver les hybrides, le second veut les exterminer. Par les temps qui courent, le second est en train de prendre le dessus. La conclusion de cet album sur ce plan est une belle réussite. Parallèlement, l’héroïne et ses acolytes sont arrivés à reproduire deux Stryges. Ils sont donc en passe de résoudre le problème de stérilité. La question se pose donc de savoir que faire de ce nouveau pouvoir. Cette interrogation ne trouve pas vraiment de réponse dans cet opus. D’ailleurs le fond de l’intrigue avance relativement peu dans cet acte. Les événements s’enchainement mais aucun ne révolutionne vraiment l’ensemble. La lecture est donc agréable mais n’est pas aussi prenante qu’à l’habitude. En effet, elle est plus linéaire que dans les albums précédents. Il n’y a de réels rebondissements. Peut-être s’agit-il d’une transition avec la suite ? Néanmoins, rien n’est bâclé mais disons que l’ensemble manque légèrement d’ampleur.

Concernant les dessins, ils arrivent toujours autant à accompagner avec talent la trame. Le grand nombre de personnages et l’alternance entre scènes extérieures et intérieures nécessitent des bases solides et aucune faiblesse. C’est le cas de Richard Guérineau. Il arrive sans difficulté à faire exister graphiquement chaque protagoniste qu’il soit central ou secondaire. De plus, les différents décors sont également bâtis et permettent de s’y fondre aisément.

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Pour conclure, « Exécutions » est une suite honnête aux pérégrinations de Debrah et ses amis. Le suspense est maintenu à défaut d’être intensifié. J’attends donc avec impatience la suite. Quant aux néophytes de cet univers, je vous incite à vous plonger dans la lecture du premier tome. Vous risquez d’apprécier le voyage…

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note3

Le chant du cygne, T1 – Xavier Dorison, Emmanuel Herzet & Cédric Babouche

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Titre : Le chant du cygne, T1
Scénaristes : Xavier Dorisaon & Emmanuel Herzet
Dessinateur : Cédric Babouche
Parution : Août 2014


J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à m’immerger dans un univers né de la plume de Xavier Dorison. L’ésotérisme de Le Troisième Testament, l’angoisse de Sanctuaire ou le western fantastique de W.E.S.T m’ont permis de vivre des moments de lecture envoûtants. Depuis, je suis donc toujours aux aguets de toute nouvelle parution portant le nom du célèbre scénariste. J’ai donc accueilli avec curiosité l’apparition dans les librairies il y a presque un an du premier tome de Le Chant du Cygne. Cet ouvrage est édité chez Le Lombard dans la collection Signé. Le premier contact visuel est un bonheur. La couverture est splendide. On y découvre un groupe de soldats. Ils apparaissent en quête d’un moment de calme. Les traces de sang sur leurs vêtements témoignent que la guerre n’est pas loin. Les couleurs dans les tons verts font de ce décor forestier un havre de paix improbable. Mis en perspective avec le titre de l’album, cette atmosphère incite fortement à se plonger dans la lecture.

La quatrième de couverture pose les jalons de la trame avec les mots suivants : « Avril 1917. Alors qu’ils reviennent d’une offensive aussi vaine que meurtrière sur le Chemin des Dames, les survivants de la section du lieutenant Katzinski rencontrent un soldat qui leur confie une pétition signée par des milliers de poilus. Il y a là de quoi renverser le gouvernement pour en finir, enfin, avec les boucheries inutiles. Seulement, pour ça, il faut aller à l’Assemblée nationale… Et jusqu’à Paris, le chemin promet d’être long. »

Des poilus en mission.

LeChantDuCygne1bL’histoire se déroulera sur deux tomes. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur la première partie du diptyque. La seconde est prévue pour la rentrée. Le début nous fait découvrir le quotidien des tranchées. Nous sommes ici en première ligne au côté du sergent Sabiane. Le personnage est imposant : grand comme un homme et demi, le crâne rasé et des moustaches rousses et massives. Il s’agit d’un personnage charismatique qui ne laisse pas indifférent. Un petit peu bourru, il est un chef juste et respecté à la fois par ses hommes set sa hiérarchie. Il est un atout important pour l’intrigue. Le lecteur s’attache immédiatement à ce bonhomme qui occupe l’espace.

Au bout d’une petite quinzaine de pages, un événement va changer la vie de cette bande de soldats comme tant d’autres. Larzac, un des poilus, se voit remettre une pétition qui circule sous le manteau. Elle dénonce certains agissements des gradés. Il s’agit d’une bonne à retardement politique auxquels les dirigeants français ne pourraient survivre. Néanmoins, elle n’a de valeur qu’une fois à Paris. Apparaît donc un dilemme pour la petite communauté. Mener le document à bon port est un acte de solidarité et de bravoure pour leurs pairs mais cet acte sera perçu comme de la traîtrise par les pontes de l’armée française. Que faire ? Etre résistant et héros n’est pas si évident quand la situation se présente. C’est de tout cela que traite cet album.

LeChantDuCygne1cLes deux derniers tiers de l’ouvrage nous content les pérégrinations dangereuses vécues par le petit groupe. Il va sans dire que leur trajet vers la capitale n’est pas une sinécure. Ils sont en permanence sur le qui-vive. Des décisions compliquées sont à prendre. Aucun ne peut sortir indemne de telles épreuves. La bande se compose de sept membres. Chacun apporte son écot à l’intrigue. Evidemment, tous n’ont pas la même importance. Chacun n’influe pas de la même manière sur les événements. Par contre, aucun n’est négligé ou inutile. Je suis facilement attaché à ce petit monde qui se trouve à gérer une situation qui les dépasse. Pour construire ce scénario dense et captivant, Xavier Dorison s’est associé à son collègue Emmanuel Herzet dont je découvre ici la qualité du travail.

Concernant les illustrations, elles sont le fruit de la plume de Cédric Babouche. De manière évidente, son trait offre une identité graphique forte à l’album. De la couverture à la dernière planche, le talent du dessinateur transpire de chaque planche. Je trouve le travail sur les couleurs splendide. La particularité est de ne marquer quasiment aucune rupture chromatique entre les personnages et les décors. Cette porosité rend parfois certains pages difficiles à lire. Elle nécessite une plus grande attention pour en saisir toute la finesse et tous les aspects. Néanmoins, cela reste un tout petit bémol en comparaison des nombreux atouts générés par le coup de crayon de Babouche.

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Pour conclure, cet opus est de grande qualité. Je me suis passionné pour les aventures de ses poilus en mission. L’intrigue est remarquable. Elle enchaîne les événements à rythme effréné et attise en permanence notre attention. L’ensemble reste suffisamment imprévisible pour que nous soyons toujours pressés de connaître la suite. J’attends donc avec impatience que le second tome apparaisse dans les rayons pour découvrir l’issue de ce dangereux périple…

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note4

Le jardin de minuit – Edith

LeJardinDeMinuit


Titre : Le jardin de minuit
Scénariste : Edith d’après Philippa Pearce
Dessinatrice : Edith
Parution : Avril 2015


« Le jardin de minuit » est un roman jeunesse écrit par Philippa Pearce que je ne connaissais pas. Une première approche m’est proposée par Edith, qui adapte le livre en bande-dessinée dans un one-shot d’une petite centaine de pages. Le tout paraît dans l’excellente collection Noctambule chez Soleil.

Tom est triste. Son frère Peter a attrapé la rougeole et est contagieux. Pour éviter qu’il l’attrape également, Tom est envoyé deux semaines en vacances chez son oncle et sa tante, dans une maison transformée en appartements. Interdiction de sortir (au cas où il incube), barreaux aux fenêtres, voisine irascible… Tom déprime. Mais c’était avant de s’apercevoir que la grande horloge du rez-de-chaussée sonnait treize coups à minuit et de découvrir un jardin extraordinaire.

Une histoire d’amitié entre deux enfants.

LeJardinDeMinuit1« Le jardin de minuit » est une histoire d’amitié entre deux enfants, d’où son étiquetage jeunesse. Le personnage principal, Tom, sur qui tout est centré est jeune, mais impétueux. On suit son histoire, qu’il raconte par lettres à son frère Peter. L’adaptation d’Edith se devait de retranscrire les deux ambiances de l’histoire. D’un côté, un quotidien morne, gris et ennuyeux. De l’autre, de beaux jardins victoriens baignés de lumière.

Le charme opère dans cet ouvrage. Un charme suranné, un brin nostalgique (le roman date des années 50), mais les personnages sont attachants. Sans vraiment arriver à sortir du carcan « jeunesse » avec son adaptation, Edith parvient à embarquer le lecteur. Peu de suspense réel, puisque les mécanismes sont connus dans ce genre de récit (peur de rester bloqué dans l’autre monde, peur de ne plus pouvoir y aller, etc.)

C’est le trait d’Edith (que je n’avais encore jamais lu) qui m’a décidé à acquérir l’ouvrage. Ses personnages en rondeur sont très attachants. Sous un aspect assez simple, le dessin se révèle riche et doté d’une narration fluide et maîtrisée. Et que dire des couleurs qui subliment le trait sans peine, variant les ambiances selon les besoins du moment.

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Avec sa pagination important, son côté « beau livre », « Le jardin de minuit » risque d’avoir du mal à cibler son public. Avec une histoire qui reste orientée jeunesse, il vous faudra avoir gardé votre âme d’enfant pour ne pas tiquer au scénario et pour arriver à entrer pleinement dans l’histoire. C’était mon cas et je ne l’ai pas regretté.

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note4

Le siècle des ombres, T6 : Le diable – Éric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siècle des ombres, T6 : Le diable
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Février 2015


« Le siècle des ombres » connait son dénouement depuis la parution de son sixième épisode en février dernier. « Le diable » clôt le croisement de l’univers des Stryges avec le siècle des Lumières. Eric Corbeyran termine ainsi un nouveau pan de sa grande saga abritant ces mystérieuses et inquiétantes créatures ailées. Pour mener à bout ce projet, le célèbre scénariste bordelais s’est associé au dessinateur Michel Suro. Le duo avait déjà travaillé ensemble lors de l’écriture de « Le clan des chimères », cycle antérieur à celui que j’évoque aujourd’hui.

Les Stryges sont des créatures mythologiques dont le destin est lié depuis toujours à celle des Hommes. J’ai fait leur rencontre en lisant « Le chant des Stryges ». Leur rôle apparait souvent ambigu et il est difficile de se forger une opinion tranchée à leur égard. Elles ont passé un pacte avec un certain Sandor Weltman, summum du personnage mystérieux durant de nombreux tomes. Ses « alliées » lui avaient offert l’immortalité. Il les a trahies et la lutte entre les deux camps dure depuis des siècles.

LeSiecleDesOmbres6a« Le siècle des ombres » conte donc cette bataille durant le dix-huitième siècle. La quatrième de couverture présente les enjeux avec les mots suivants : « 1751. Quelques décennies avant la Révolution française, un vent d’idées nouvelles souffle à travers l’Europe. Un vent de progrès et de liberté… Mais au cœur de ce Siècle des lumières, la découverte d’une étrange météorite à l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’Orcières, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopédiste éclairé, qu’ils soupçonnent d’être l’insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnée pour la possession de cette pierre aux mystérieux pouvoirs… »

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je me dois de préciser qu’il me paraît impensable de découvrir l’intrigue par la lecture de cet album. Nombreux sont les prérequis indispensables à la compréhension de l’ensemble. Evidemment, une connaissance des événements se déroulant dans les cinq actes précédents est indispensable. De plus, je conseille vivement d’avoir lu « Le clan des chimères », centré sur la jeunesse de Cylinia et Abeau. Cette histoire permet de rencontrer l’être monstrueux qui habite la couverture de ce nouvel opus. Néanmoins, malgré ses remarques, je vais faire en sorte que ma critique soit accessible à un novice de cet univers.

Une collaboration entre entité religieuse et sorciers…

L’un des atouts principaux de de « Le siècle des ombres » est d’insérer sa trame dans la grande Histoire. Le baron est un être des Lumières. Il participe à la rédaction de l’Encyclopédie. Nous le voyons côtoyer Diderot ou Rousseau. La lutte idéologique avec l’Eglise est un aspect intéressant qui accompagne chacun des épisodes de l’aventure. Elle justifie l’implication du Vatican pour financer la quête de Cylinia et Abeau. D’ailleurs, la collaboration entre l’entité religieuse et deux sorciers fait aisément sourire. Cette immersion dans une dimension historique et philosophique n’est pas uniquement un gadget narratif. Elle participe activement à l’attrait du scénario.

L’existence des Stryges justifie évidemment la présence du Fantastique. Corbeyran ne tombe pas dans des excès dans ce domaine-là. On trouve des créatures monstrueuses, des sorcières, des mondes parallèles, du vaudou… Ses ingrédients bien que nombreux s’intègrent parfaitement dans la recette et trouve un équilibre agréable avec la part rationnelle et réaliste de l’ensemble. Ce dosage permet de rendre crédible la narration et alimente ainsi en permanence la curiosité du lecteur.

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Comme annoncé en introduction, « Le diable » conclue le cycle. J’appréhende toujours ces albums de clôture. Je les trouve souvent inégaux et brouillons. Ce n’est ici pas le cas. Je le trouve même meilleur que les deux précédents. Le rythme est soutenu du début à la fin. La montée en puissance est régulière jusqu’au bout et laisse le lecteur sur une conclusion qui fait un lien intéressant avec « Le chant des Stryges ». Je trouve assez admirable qu’après des dizaines d’ouvrages dans cet univers, Corbeyran arrive encore à produire un opus aussi bien construit et attrayant. Ce n’est pas la moindre des performances…

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note3

Les guerres silencieuses – Jaime Martin

LesGuerresSilencieuses


Titre : Les guerres silencieuses
Scénariste : Jaime Martin
Dessinateur : Jaime Martin
Parution : Août 2013


Jaime Martin reste devant une page blanche. Il n’a aucune idée de scénario pour son prochain projet de bande-dessinée. Et son animosité pour les autres ne l’aide pas. Un repas de famille va le débloquer. Alors que son père ressasse une nouvelle fois son service militaire au Maroc, Jaime Martin en profite pour récupérer les carnets de son géniteur et de voir s’il y a matière à faire quelque chose avec. Cela aboutira sur « Les guerres silencieuses », un pavé de 150 pages paru chez Dupuis, dans la collection Aire Libre.

Le livre se situe sur trois niveaux : le service militaire proprement dit, la vie sous la dictature de Franco et l’époque contemporaine, où Jaime Martin se pose des questions sur l’intérêt du projet. Il aurait été dommage de ne pas traiter le quotidien des espagnols des années 50/60, car cela se révèle très intéressants, même si l’auteur insiste sur les rapports garçon/fille. Comment et pourquoi se marier, sous Franco, c’est assez codifié.

Une jeunesse pendant le régime franquiste.

LesGuerresSilencieuses1Le cœur du sujet reste cependant le service militaire. Perdus au Maroc, dans une guerre plus ou moins cachée par le gouvernement, les jeunes espagnols se retrouvent démunis en plein désert. Outre les habituels brimades et rapports de force, propres à toutes les armées, c’est ici les problèmes d’alimentation qui sont au cœur du sujet. Mal ravitaillés, les soldats crèvent de faim et toutes les combines sont bonnes pour mieux manger.

Jaime Martin retranscrit admirablement cette ambiance militaire. Même si c’est déjà vu, tant au cinéma qu’en bande-dessinée, le livre se dévore et on tremble pour les personnages. Le tout n’est pas idéalisé dans les rapports humains et sonne juste. Cependant, après avoir été passionné par le bouquin, le lecteur ne peut s’empêcher d’être frustré par cette fin abrupte qui apparaît soudain sans crier gare. Et à la fermeture du bouquin, un sentiment d’inachevé persiste. Il est assez clair que Jaime Martin a écrit ce livre avant tout pour lui puisque c’est l’histoire de ses parents qu’il raconte. Les passages contemporains sont, pour nous lecteurs, assez lourds et inutiles. Ainsi, les questionnements de Martin sur l’intérêt de son livre ne sont pas pertinents. Dans le pire des cas, cela déprécie son travail lorsqu’il estime faire un livre de plus sur l’armée.

Au niveau du dessin, c’est pour moi une révélation. Je ne connaissais pas Jaime Martin et j’aime beaucoup son trait. Il possède un dessin semi-réaliste très réussi. Les couleurs sont au diapason, proposant trois ambiances comme chaque époque et lieu traversés. La narration est fluide et les 150 pages se dévorent tant on est lancé sur des rails. Du beau travail !

LesGuerresSilencieuses2

« Les guerres silencieuses » laisse un goût d’inachevé. J’étais captivé et impressionné par ma lecture, mais la fin du livre m’a déçu. Trop abrupte, trop personnelle, elle laisse un peu le lecteur de côté. Mais il serait dommage de passer à côté de ce livre, qui traite d’une guerre dont personne n’a entendu parler, et d’un régime franquiste qui ne laisse nulle place à la romance !

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note4

Ant-Man – Peyton Reed

Ant-Man


Titre : Ant-Man
Réalisateur : Peyton Reed
Parution : Juillet 2015


Depuis toujours, je suis un spectateur fidèle des productions Marvel. Je guette chaque nouvelle sortie et ne tarde jamais trop pour aller en profiter au cinéma. Cet été marquait l’arrivée sur les écrans d’un nouvel héros : Ant-Man. N’ayant pas une culture comics très poussée, il m’était inconnu jusqu’aux premières rumeurs évoquant le film. Cette ignorance ne m’a pas empêché de m’installer avec impatience dans une salle obscure afin de faire sa rencontre.

Le professeur Hank Pym travaillait pour le S.H.I.E.D. il y a des dizaines d’années. Il avait mis au point une particule au pouvoir immense : celui de réduire la distance entre les atomes. Néanmoins, inquiet des conséquences de l’utilisation d’une telle découverte, il avait décidé de la garder pour lui. Son choix a fait qu’actuellement, il vit reclus dans sa demeure. Mais lorsque son ancien disciple est en passe de mettre la main sur la fameuse particule, le professeur décide de prendre les choses en main. Pour cela, il compte sur un cambrioleur tout juste sorti de prison pour enfiler le costume d’Ant-Man…

Une phase d’initiation.

« Ant-Man » est le premier chapitre des aventures cinématographiques des aventures de l’homme fourmi. Les codes du genre font que la première partie du film est la phase d’initiation du nouveau héros. Je dois vous avouer qu’il s’agit d’un aspect scénaristique que j’apprécie bien souvent. Elle est souvent drôle et assez rythmée. Elle permet également de faire plus connaissance avec le personnage principal et d’acquérir une maîtrise globale des enjeux. Cet opus nous offre une phase d’introduction sympathique. Scott Lang est un escroc au grand cœur touchant. De plus, sa maladresse et sa bonhommie le rendent tout de suite attachants. Le choix de Paul Rudd pour l’interpréter est un excellent choix. Son entrainement donne lieu à des moments très amusants que je vous laisserai découvrir. Le seul bémol que je décèle dans cette partie du film est un léger manque de rythme pour « lancer la machine ». Par contre, une fois sur les rails, elle ne se relâche plus…

L’intrigue ne se construit pas uniquement autour de Scott. Tout d’abord, il est accompagné par le professeur Pym. Le fait que ce dernier soit joué par Michael Douglas lui donne une profondeur et un charisme certains. Il fait partie des atouts du film. D’ailleurs, sa présence est tout aussi centrale que celle de son disciple super-héros. Le troisième mousquetaire a les traits et les courbes d’Evangeline Lilly. Elle incarne Hope, la fille du professeur. Son sourire, son dynamisme et ses capacités de combat en font un membre à part entière de l’équipe. Et que dire des trois « collègues » de Scott ? Ils sont hilarants ! Je décerne une mention spéciale à Luis qui un concentré de potentiel humoristique. Par contre, leur adversaire, Darren Cross, est moins intéressant. Cela n’est pas dû à l’acteur Corey Stoll mais à l’écriture de l’action qui a décidé de le laisser en rentrait du trio principal.

Le ton du film se veut léger. L’intrigue est simple. L’essentiel de l’histoire se construit autour des personnages. Le déroulement de la trame est linéaire. Les retournements de situation sont rares. Par contre, les protagonistes sont très bien écrits. Ils sont drôles, attachants, surprenants. Pour des raisons propres à chacun, j’ai eu beaucoup de plaisir à passer du temps à leurs côtés. Le casting est de qualité et le scénario d’Adam McKay et la réalisation de Peyton Reed les mettent en valeur. Ce choix dans l’écriture donne une identité propre à « Ant-Man » et le démarque de ses acolytes blockbusters.

Par contre, il est un point commun à tous épisodes estampillé Marvel, c’est leur dimension spectaculaire. Ce nouvel épisode n’échappe pas à la règle. La mise en scène exploite parfaitement le pouvoir du héros de pouvoir alterner taille réelle et taille réduite. Cela rend les combats inédits et prenants. De plus, le fait qu’Ant-Man puisse contrôler les fourmis fait naître des scènes impressionnantes et hilarantes par moment.

Pour conclure, j’ai passé un très bon moment à suivre les aventures de ce nouvel héros. J’ai apprécié les scènes d’action, ai savouré les premiers pas laborieux de Scott, ai bien rigolé et me suis attaché à tout ce petit monde. J’ai également savouré les différents croisements faits avec l’univers Avengers et Cie. Marvel confirme ici sa capacité à créer des divertissements de qualité. Il ne me reste plus qu’à attendre la suite…

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