Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers – Régis Hautière & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2011


Renaud Dillies m’avait beaucoup marqué de son trait avec « Betty Blues » et « Bulles et Nacelles » où il développait un univers plein de poésie. A la suite d’une rencontre lors d’un festival, j’ai pu découvrir son nouvel ouvrage, « Abélard » (premier tome d’un diptyque) en avant-première, où il assure le dessin pendant que Régis Hautière s’occupe du scénario. Ce n’est pas la première collaboration des deux hommes, qui ont déjà signés « Mister Plumb » ensemble.

L’histoire fait intervenir Abélard, un poussin qui vit dans les marais, entre jeu de cartes et parties de pêche. Ayant toujours vécu à cet endroit, il ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’ailleurs, si inconnu à ses yeux. Une rencontre avec une femme, Epilie, va changer sa vie. Pour elle, il va décider de voyager, jusqu’à vouloir partir en Amérique.

Un road trip sous forme d’initiation.

« Abélard », après une introduction dans les marais, ressemble fort à un road trip sous forme d’initiation. N’ayant vécu que dans les marais, Abélard a été protégé du vaste monde et est particulièrement naïf. Cette naïveté est à la fois très touchante et drôle. Sa méconnaissance du monde et des gens est vraiment amusante. Ainsi, il se retrouve à voyager avec des gitans sans même savoir qu’ils sont très mal acceptés par la population. Lui prend les gens comme ils sont, sans trop se poser de questions.

Au-delà de l’apparence parfois simple de l’histoire se dessine une trame qui paraît plus complexe. Ainsi, tout le monde semble connaître Epilie, lui donnant une image de dangerosité que l’on ne comprend pas. Nul doute que le deuxième tome explicitera tout ça, mais tout cela participe à une ambiance des plus étranges. Autre particularité d’Abélard : son chapeau lui donne chaque jour un message sous forme de proverbe ou citation. Ces messages, venus dont ne sait où vont avoir une vraie influence sur l’histoire. Une petite curiosité qui donne de la poésie à l’ensemble.

Car « Abélard » a une poésie certaine, à l’image du héros qui monte dans un arbre pour « décrocher la Lune » à sa dulcinée. Le graphisme suranné fait mouche. Le choix de la palette de couleur met parfaitement en valeur le trait de Dillies. Celui-ci est toujours aussi indistinct et naïf à la fois. Les différents personnages, tous des animaux, sont tous très réussis graphiquement. Abélard, en poussin naîf, est simplement adorable.

Dillies abandonne ici le gaufrier de six cases qu’il affectionne pour un découpage plus varié. C’est une réussite et le tout témoigne d’une grande maîtrise. Le dessinateur n’hésite pas à prendre une page pour une case (voire même deux avec cette incroyable carte de voyage pleine d’humour).

J’ai été particulièrement séduit par « Abélard » tout au long des 64 pages de ce premier tome. Il me tarde déjà d’en lire la suite. Son personnage, si naïf, est particulièrement attachant. Le scénario d’Hautière est taillé pour le style de Dillies. Une petite perle, simplement, réservée aux grands enfants. 

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note5

 

Ce n’est pas toi que j’attendais – Fabien Toulmé

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Titre : Ce n’est pas toi que j’attendais
Scénariste : Fabien Toulmé
Dessinateur : Fabien Toulmé
Parution : Octobre 2014


Fabien Toulmé vit au Brésil avec sa femme Patricia et sa fille Louise. Un deuxième enfant est en route. Le futur père craint pour la trisomie 21, sans trop savoir pourquoi. Il faut dire que leur retour en France en pleine grossesse a compliqué le suivi de l’enfant. Et, en effet, sa fille Julia nait trisomique.

Difficile sujet que celui de la trisomie 21. Fabien Toulmé nous propose un ouvrage autobiographique sur cette expérience. Plus que sur le regard des autres (qui est souvent l’angle choisi), son livre est basé sur le ressenti du père qui découvre un enfant qui n’est pas celui qu’il attendait (et voulait). Le tout pèse quand même plus de 150 pages et est paru aux éditions Delcourt.

CeNEstPasToiQueJAttendais2L’autobiographie, de part son aspect « vrai », est toujours plus touchante. L’auteur ne cherche pas à se glorifier, faisant preuve d’une sincérité louable. On voit le mal qu’il a à aimer sa fille (ou même simplement à la considérer comme sa fille). Parallèlement à cette relation père-fille, le parcours du combattant du nouveau parent d’enfant handicapé est aussi décrit en détail.

Comment accepter la naissance de sa fille trisomique ?

L’histoire s’arrête assez tôt pour ne pas traiter les soucis de développement de l’enfant. Elle se concentre avant tout sur la naissance et l’acceptation. Une fois que c’est fait, le livre s’arrête. Ainsi, si les notions de dépendance à l’âge adulte sont évoquées, c’est pas les médecins.

Fabien Toulmé trouve le ton juste pour traiter le sujet. Autocentré, faisant la part belle à la narration en voix-off, son propos est riche et bien structuré. L’émotion est bien évidemment présente, mais l’humour également, apportant un peu de respiration au milieu d’un sujet difficile.

Le dessin de Fabien Toulmé n’a rien de très original, mais il est adapté au propos par sa simplicité. La colorisation se concentre sur l’essentiel, une couleur correspondant à un chapitre. Il y a quelques bonnes idées de composition, mais globalement la bande-dessinée se contente de relater des faits sans beaucoup d’action et beaucoup de dialogue. Néanmoins, le tout fonctionne plutôt bien.

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« Ce n’est pas toi que j’attendais » est un livre touchant. Outre un aspect documentaire sur ce qu’il faut faire lorsqu’un enfant naît trisomique, on découvre un père complètement perdu face à la naissance de sa fille et son long chemin pour l’accepter telle quelle est. Un beau témoignage.

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note4

Le grand mort, T5 : Panique – Régis Loisel, Jean-Blaise Djian & Vincent Mallié

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Titre : Le grand mort, T5 : Panique
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Blaise Djian
Dessinateur : Vincent Mallié
Parution : Novembre 2014


Comme beaucoup de lecteurs de bandes dessinées, j’ai découvert Régis Loisel à travers ses planches dans « La Quête de l’Oiseau du Temps ». Ton trait fait partie de l’Histoire du neuvième. Depuis, je suis donc toujours à l’affût de toute nouvelle trace de son travail. « Le Grand Mort » est une de ses dernières séries. Elle est née il y a huit ans. Le dernier épisode date de novembre dernier. Il est le cinquième épisode et s’intitule « Panique ». Il le scénarise avec Jean-Blaise Djian. Les dessins sont l’œuvre de Vincent Mallié. Quant aux couleurs, elles ont été confiées à François Lapierre.

La couverture est construite autour des deux personnages centraux de la trame : Erwan et Blanche. Le premier est le passeur entre notre réalité et un monde parallèle. Blanche est une enfant pleine de mystère qui semble être le fruit de parents des deux univers. Les deux personnages semblent errer en rase campagne au beau milieu d’une tempête. Même les oiseaux fuient les lieux…

Une histoire trop diluée.

LeGrandMort5b« Le Grand Mort » possède une dose de fantastique. Dès le premier tome, l’intrigue nous avait fait voyager dans un nouvel espace dans lequel le temps n’avançait pas au même rythme. On y avait rencontré des personnages étranges. On était immergé dans des enjeux dont on ne maîtrisait pas tous les arcanes. Cette introduction m’avait plu. J’avais trouvé le travail scénaristique et graphique intéressant. Les trois opus suivants ont vu l’histoire se dérouler à un rythme relativement lent. J’avais le sentiment que la narration été trop diluée. Au fur et à mesure des sorties d’album, la frustration montait de ne pas avoir la machine se mettre réellement en marche.

Je plaçais donc beaucoup d’espoirs dans « Panique ». La situation de départ faisait croire que le rythme pouvait s’accélérait. Rapidement, j’ai été déçu sur ce plan-là. Le scénario nous fait suivre trois groupes en parallèle. Le premier se compose d’Erwan et Blanche, le deuxième de Pauline et Gaëlle, le troisième les prêtresses de l’autre monde. Aucun d’entre eux ne voit sa situation réellement évoluer entre la première et la dernière page. Le monde est en train d’enchaîner les catastrophes : tremblement de terre, tempête, grêle, etc. Néanmoins, en refermant le livre, j’ai eu le sentiment que les cinquante-quatre planches auraient pu être condensées en moitié moins sans que l’intrigue n’y perde quoi que ce soit.

Je trouvais déjà que Loisel et Djian prenaient du temps pour faire avancer tout ce beau monde. J’en viens presque maintenant à douter d’atteindre un jour la destination. Il ne se passe quasiment rien dans « Panique ». Comme à chaque fois, les scénaristes concluent par une planche pleine d’espoir. Mais je vous avoue que j’y crois de moins en moins. Cette faiblesse narrative pourrait être compensée par une atmosphère prenante mêlant mystère et crépuscule apocalyptique. Le trait de Vincent Mallié a le potentiel pour la créer. Hélas, le fait de diviser la trame en trois chemins parallèles empêche l’immersion dans l’univers des personnages. C’est dommage.

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Pour conclure, « Panique » m’a déçu. Ma lecture n’a générée aucun enthousiasme. Ma curiosité n’a pas été alimentée bien au contraire. Une fois le bouquin refermé, je n’en avais aucun souvenir marquant. C’est un indicateur de l’absence de personnalité de l’album. Je désespère de voir « Le Grand Mort » prendre réellement son envol. C’est un gâchis quand je vois le talent de ses créateurs…

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note2

Alvin, T1 : L’héritage d’Abélard – Régis Hautière & Renaud Dillies

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Titre : Alvin, T1 : L’héritage d’Abélard
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2015


« Abélard » est un diptyque des plus bouleversants qui avait su faire parler de lui. Le personnage d’Abélard, naïf perdu dans la dureté de la réalité, avait su émouvoir les lecteurs. Et les deux auteurs, Régis Hautière au scénario et Renaud Dillies au dessin, s’étaient trouvés, chacun semblant fait pour travailler avec l’autre. Voilà que cette nouvelle série, « Alvin », reprend les choses là où elles en étaient restées. On retrouve donc le compagnon d’infortune d’Abélard, Gaston, dans sa tentative de survivre aux États-Unis. On est au début du vingtième siècle, la vie est rude.

Alvin1cIl serait dommage de commencer « Alvin » sans avoir lu précédemment « Abélard ». L’histoire est indépendante mais des rappels sont faits, souvent en sous-entendus qui plus est.

Alvin est un petit garçon, né d’une prostituée. Autant dire que son avenir n’est pas rose et que son présent est déjà compliqué. Comme Abélard dans son temps, il apporte une touche de naïveté (de par son âge) dans l’histoire par ses questionnements, même si la vie l’a déjà sacrément endurci.

L’amitié comme valeur de survie.

Les auteurs retrouvent sans peine le ton dont ils ont fait leurs histoires. On y rencontre de la grâce, de la poésie, des drames, une vie qui vous broie mais que l’amitié permet de combattre. « Alvin » possède un ton assez unique, typique des auteurs, qui touche profondément le lecteur. En instaurant ce chapeau magique qui donne des dictons comme leçons de sagesse du jour, ils apportent un peu de magie dans leur univers. Quant aux silences et aux sous-entendus, ils donnent beaucoup de puissance aux émotions.

Alvin1bLes personnages sont des plus vivants. Chacun a ses cicatrices et essaie d’apprivoiser les autres. Ils sont bougons, râleurs, mais avant tout ils sont seuls et souffrent. L’empathie pour eux est totale et on traverse leurs existences en ne leur souhaitant que du bien. Pour cela, les auteurs ne nous aident pas !

Difficile de ne pas parler du dessin de Renaud Dillies, qui est l’un de mes préférés, toutes catégories confondues ! Son dessin animalier, très enfantin dans l’esprit, est doté d’un encrage très personnel. C’est tout bonnement magnifique ! Ses personnages sont simples, mais plein de vie et d’expressivité ! Et que dire du découpage… Une vraie maîtrise tant les pages muettes sont parlantes. Chaque case apporte ses informations et ses émotions. Du grand art !

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Régis Hautière et Renaud Dillies nous enchante une nouvelle fois avec une oeuvre commune. Parfaitement au diapason, ils créent une nouvelle fois un livre où leurs valeurs transparaissent. Un univers noir, fait d’exclus qui tentent de survivre en se serrant les coudes. Difficile de rester indifférent à ce Alvin. On n’attend plus qu’une chose : la suite.

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note5

Atalante, T4 : L’Envol des Boréales – Crisse

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Titre : Atalante, T4 : L’Envol des Boréales
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Crisse
Parution : Juin 2009


« J’aimerais m’excuser auprès des lecteurs d’avoir été aussi long ». Voilà une partie de la dédicace qu’écrit Crisse en préambule du quatrième opus de la série « Atalante » dont il est le scénariste et le dessinateur. En effet, le tome précédent était paru en 2003. Il a donc fallu attendre environ six ans pour voir apparaître dans nos bacs « L’Envol des Boréales ». Edité chez Soleil, cet ouvrage d’une cinquantaine de pages est vendu au prix de 12,90 euros.

La série est construite autour de son personnage éponyme, Atalante. Elle fait partie de la mythologie grecque. Fille de roi, elle est abandonnée par son père qui espérait un fils. Elle est recueillie et élevée par une ourse. Découverte par des chasseurs, elle devient une guerrière exceptionnelle pourvue de capacités uniques offertes par les Dieux. Elle est la seule femme à faire partie des Argonautes qui accompagnèrent la quête de Jason. Le premier opus de la série conte cette partie de sa vie. Son abandon bébé, sa vie dans la forêt, son éducation par les hommes puis se conclue par son acceptation par les Argonautes et le début de cette aventure. Les deux tomes suivants racontent deux des aventures rencontrées par les Argonautes. Ce quatrième album n’échappe pas à la règle.

En effet, l’histoire se déroule dans la cité de Salmy. Les Argonautes s’y sont arrêtés afin de faire le plein de vivres. Mais la déception est au rendez-vous. Le dirigeant local leur apprend que ses concitoyens et lui sont victimes d’une malédiction. Une horde de harpyes détruit leurs champs et saignent leurs troupeaux. Depuis, elles terrorisent les habitants à chacun de leur repas afin d’affamer la cité. Jason et ses amis décident alors d’affrontent ces adversaires ailées d’apaiser le climat de la cité. Au cours de l’affrontement, Calaïs et Zétée, fils de Borée sont faits prisonniers. Le repère des harpies étant dans la cité des nuages, il faut qu’Atalante trouve un moyen de capturer des chevaux ailés afin d’atteindre la cité et libérer ses amis…

Dieux, légendes et magie.

Comme essaie de vous le montrer mon résumé, « Atalante » nous conte les aventures mythologiques d’une des femmes les plus célèbres de cet univers. Toute la narration est construite autour de son personnage. Cette dimension « historique » avait fait partie des attraits qui m’avaient incité à découvrir cette série. Depuis, je guette l’apparition d’un nouvel album. Il est donc évident qu’il faut être sensible à ce genre de thématique. Il est ici histoire de dieux, de légendes, de magie… Les personnes qui y sont réfractaires doivent tout de suite passer leur chemin. Par contre, les adeptes du genre qui ont toujours été captivés par les aventures d’Ulysse ou par la guerre de Troie ont trouvé une série pour eux. Je me garderai de faire une critique sur la rigueur de la narration et sa fidélité à la mythologie grecque. Néanmoins, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir tous ces héros haut en couleur.

Ce quatrième opus est peu lié aux précédents. En effet, ils se déroulent sur une nouvelle île et à aucun moment, les aventures précédentes sont réellement évoquées. A priori, lorsqu’on est Argonaute on passe vite d’une quête à l’autre. Le seul intérêt de découvrir les albums dans l’ordre est dans le fait qu’on maîtrise mieux les personnages, leurs caractères, leurs passés, leurs rapports entre eux. Pour les mêmes raisons, il est très utile de lire au moins le premier tome. Il montre les origines d’Atalante et explique beaucoup de choses qui sont succinctement évoqués dans les tomes suivants.

Dans cet album, la trame ne perd pas de temps à se mettre en place. En effet, dès la première page, le problème est posé : la malédiction des harpies nous ait contée. Dès la page six, la bataille se met en place. Trois pages plus tard, les Boréades sont enlevés. On se doute alors que les récupérer sera l’objectif de l’album. Il faut dire que le titre de l’album est un bel indice. L’histoire est construite en escalier. Pour atteindre la cité des nuages, il faut capturer les chevaux ailés. Pour capturer les chevaux ailés, il faudrait convaincre Andros. Pour cela, il faut l’aide d’une chimère qu’on ne pourra pas rencontrer sans l’intervention des griffons. Bref, on a parfois l’impression qu’on n’y arrivera jamais ! Heureusement, Atalante gère la situation. Ne croyez pas pour autant que l’histoire est répétitive. Comme dans toutes les légendes, chaque épreuve a sa méthode et sa solution. Résultat, à aucun moment, l’ennui ne guette. On se demande uniquement comment l’auteur va-t-il arriver à sauver nos prisonniers en si peu de pages. La solution est simple, cet opus est conclu par un « à suivre » ! Espérons qu’il ne faudra pas attendre la suite pendant plus de six ans.

Mais cet album ne se veut pas uniquement narratif. Il ne s’agit d’un extrait de « La mythologie pour les nuls ». Il s’agit avant tout d’un album de bandes dessinées particulièrement rythmé. Entre les poursuites, les batailles, les épreuves, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. L’histoire est dense. On ne souffle jamais. Il faut dire que c’est rare que les héros mythologiques connaissent un temps de pause. Crisse arrive à donner un genre majestueux aux différents intervenants. Le côté grandiose de l’univers est bien transcrit par l’auteur. J’aime beaucoup le style de Crisse. Il est grand public, très rond. La gente masculine sera pleinement satisfait par les courbes de toutes les dames qui traversent l’histoire, la parme revenant néanmoins à notre chère chasseresse Atalante dont le physique est sans défaut !

Pour conclure, malgré l’attente, je n’ai pas été déçu par cet opus. J’avais trouvé le troisième un peu brouillon. J’ai trouvé celui-ci bien meilleur. J’ai pris énormément de plaisir à le lire. Après l’avoir dévoré une première fois, je l’ai redécouvert lors de ma deuxième lecture. J’ai pris le temps de m’imprégner davantage des personnages et mon plaisir en a été exacerbé. C’est donc une série que je conseille aux adeptes de mythologie. On ressent bien cette atmosphère légendaire. Cela donne envie d’en découvrir davantage sur les différents intervenants. Souvent, à la fin de ma lecture d’un des albums, je me jette sur wikipedia pour en découvrir davantage sur les différents intervenants. Je ne peux donc que vous incitez à découvrir cet univers. Le dépaysement est garanti.

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note3

Atalante, T6 : Le labyrinthe d’Hadès – Crisse & Grey

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Titre : Atalante, T6 : Le labyrinthe d’Hadès
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2013


« Atalante » est une des plus anciennes séries dont je m’offre les épisodes avec mes propres deniers. En effet, l’essentiel de ma culture bédéphile a été alimentée par la bibliothèque de mes parents. C’est en découvrant « Lanfeust de Troy » dans mon adolescence que j’ai commencé à me construire ma propre collection. Ma découverte de « Atalante » est dans cette lignée. Depuis, je guette régulièrement la parution des nouvelles pérégrinations de l’héroïne. Il faut dire que son histoire dans les arcanes de la mythologie est toujours haute en couleur. Même si la saga est loin de révolutionner le neuvième art, elle ne se gêne pas pour autant pour nous faire voyager et nous faire vivre de belles et légendaires aventures.

Le dernier opus en date s’intitule « Le Labyrinthe d’Hadès ». Toujours édité chez Soleil, il est apparu dans les librairies le vingt-sept novembre dernier. La couverture nous présente l’héroïne une torche à la main dans une posture guerrière. Au second plan, apparaissent quatre de ses acolytes au visage quelque peu inquiet. Ce sentiment est peut-être né de la vision du visage inquiétant et inconnu qui occupe la partie supérieure de l’illustration.

Pour les novices de la série, je vous présente les mots offerts par la quatrième de couverture : « Les Âges sombres. La Grèce baigne en pleine mythologie. Les légendes contées sont toutes plus envoûtantes les unes que les autres. Voici l’une d’elle : la fabuleuse histoire d’Atalante. Abandonnée dès la naissance par son père, puis condamnée à vivre sans amour par la déesse Héra, elle est recueillie par les êtres de la forêt. Nymphes, satyres et dryades lui apprennent le langage des animaux. Devenue une belle aventurière, elle se joint aux Argonautes dans leur quête de la Toison d’or, seule femme autorisée à suivre les plus grands héros grecs dans cette fabuleuse aventure ! »

Première mauvaise surprise…

En découvrant les premières pages de l’ouvrage, la première (mauvaise) surprise est le changement de style graphique. Je ne reconnais plus le trait si particulier et sympathique de Crisse. Pourtant son seul nom apparaît sur la couverture. C’est en découvrant la page la garde que je réalise que les dessins sont désormais l’œuvre de Grey. Ce dernier que je ne connaissais pas jusqu’alors essaie bien de coller au trait de son prédécesseur mais le succès est loin d’être tout le temps au rendez-vous. Les personnages sont plus anguleux. Ils apparaissent moins travaillés. En tant que lecteur, je me sens m’éloigner d’eux. Le souci est que c’est avec Atalante que la rupture est la plus dure. J’ai presque eu l’impression qu’il s’agissait d’un nouveau personnage principal. Bref, mon immersion dans ce labyrinthe me rendait un petit peu chafouin.

Il faut dire que la suite n’allait pas arranger les choses. En plus de s’être déchargé du dessin, Crisse semble avoir bâclé son scénario. La trame ne semble suivre aucun fil conducteur solide. Elle ne présente aucun rebondissement. Les pages défilent à un rythme effréné tant elles semblent vides et creuses. La comparaison avec les tomes précédents est douloureuse. Je suis arrivé à la fin de celui-ci avec l’impression que rien n’avait démarré. Des planches illustratives immenses nous sont proposées régulièrement pour remplir difficilement la quarantaine de pages de l’album. Hélas, Grey ne démontre pas assez de talent pour nous subjuguer et nous transporter avec son trait. Ils offrent des cases assez décevantes tant les décors sont peu travaillés et développés. A aucun moment, il n’arrive à faire naître une atmosphère pourtant indispensable quand on se balade dans un labyrinthe menant aux Enfers.

De plus, les personnages sont complètement négligés. Un des aspects sympathiques de la série réside dans les dialogues souvent drôles et décalés qui accompagnent les aventures dangereuses de tout ce petit monde. Ici, tout a disparu. Les traits humoristiques ont disparu. La densité des propos est d’une rare faiblesse. C’est vraiment dommage parce que « Atalante » mélange bien souvent aventures, mythologie et rigolades, le tout sous le trait de Crisse. Il s’agit d’un cocktail qui fonctionne bien et qui permet aisément de passer outre les quelques défauts qui pouvaient de temps en temps parsemer les premiers épisodes. « Le Labyrinthe d’Hadès » ne possède plus cette touche et c’est bien triste.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album est une grande désillusion à mes yeux. Je ne sais vraiment pas ce que Crisse a voulu faire en écrivant cet opus. Une chose est sûre, il ne m’a pas conquis. Néanmoins, je ne renie pas pour autant l’affection que je porte à son héroïne et espère que la suite saura retrouver les standards de la saga…

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Ulysse 1781, T1 : Le Cyclope (1/2) – Xavier Dorison & Éric Hérenguel

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Titre : Ulysse 1781 : Le Cyclope (1/2)
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Éric Hérenguel
Parution : Janvier 2015


Ulysse, le Cyclope… Ces quelques mots raisonnent chez tout le monde et indique un voyage dans la mythologie grecque. Un long voyage, un retour à la maison tant espéré… Les enjeux sont connus et universels. Xavier Dorison décide d’immerger cette trame dans les Etats-Unis de la fin du dix-huitième siècle. « Ulysse 1781 » : un héros, une date… Tout un programme. Je suis un grand fan de ce brillant scénariste du neuvième art. « Le troisième testament » a marqué mon Histoire de lecteur. « Long John Silver » a fait rêver l’aficionado de piraterie que je suis. J’étais donc conquis d’avance en tombant sur cette couverture intrigante. Dans un endroit à l’apparence hostile, le trait d’Éric Hérenguel nous présente un personnage charismatique appuyé sur une large épée. Une cascade au second plan semble être la seule manière de quitter l’obscurité qui l’entoure. Nous regarde-t-il ou ses yeux fixent-ils le Cyclope annoncé dans le sous-titre de l’album ?

« 1781, Yorktown. La guerre d’Indépendance américaine vient de finir. Victorieux, le capitaine Ulysse McHendricks s’apprête à rentrer chez lui avec son fils Mack et ses hommes. Mais le retour se précipite lorsqu’il apprend que sa ville, New Itakee, est envahie par les Anglais. Ulysse et ses hommes vont devoir traverser une Amérique fantastique où les boussoles ne trouvent plus le Nord, où les cartes ont perdu leurs repères, un monde entre réalité et mystère… »

Ulysse1781bLes mots ci-dessus accompagnent la quatrième de couverture. Ils présentent clairement les enjeux de l’intrigue. On devine qu’elle se construit autour d’un héros à la personnalité forte. La dimension historique est également intéressante. Quant à la dernière phrase, elle fait naître la perspective d’un aspect fantastique toujours attrayant. On retrouve bien là la capacité de Dorison à offrir un scénario à la densité séduisante. L’album se compose de soixante-deux planches. Cette longueur permet de construire bâtir un schéma narratif consistant. Cela laisse le temps d’installer des jalons solides tant sur les plans des lieux, de l’époque et des protagonistes.

La tension monte vite de plusieurs crans.

Pour caricaturer la structure du tome. Le premier tiers est une introduction de l’histoire et des personnages. Le deuxième tiers présente le quotidien du groupe dans sa traversée du pays. Le dernière tiers voit apparaître les premiers soucis et voit poindre le mystère une dose de surnaturel. Le talent des auteurs fait que chacune de ces trois parties sont prenantes. Aucune n’est négligée. L’introduction est efficace. Dorison s’interdit de la diluer comme le font bon nombre d’auteurs. Il arrive à installer parallèlement les différents aspects de la trame. Ulysse1781cAlors que nous n’avons pas encore quitté Annapolis, notre tension est déjà montée de plusieurs crans. Les premiers moments de la traversée font transpirer un sentiment de fuite en avant vers le danger. La curiosité s’en trouve alors alimentée de manière soutenue. Cela fait que nous sommes mûrs à point quand arrivent les premiers soucis dans un canyon détenu par des indiens sous une pluie battante.

Cet opus est la première partie d’un diptyque. Les dernières pages initient le mystère autour de la présence mystique qui semble protéger les contrées traversées. Elles font résonnance au court prologue qui introduit l’histoire. Je trouve que les ingrédients distillés sont variés et subtilement dosés. Il ne reste plus qu’à les laisser mijoter le temps d’attendre la parution de la suite que j’attends avec une certaine impatience.

Sur le plan graphique, je découvre ici le travail d’Éric Hérenguel. Dorison a l’habitude d’être bien accompagné dans ses projets. La tradition perdure avec ce nouveau collaborateur. Le dessinateur offre des planches denses dont chaque détail apparaît avec application. Les décors dégagent une atmosphère de plus en plus oppressante au fur et à mesure de l’avancée de la quête du groupe. Le voyage temporel dans cette Amérique sortant de la guerre d’Indépendance passe également par les illustrations développées par le trait de l’auteur. Les personnages sont également réussis. Ils possèdent une identité qui leur est propre. Cela permet de se les approprier sans difficulté.Ulysse1781a

Pour conclure, « Le Cyclope » est un beau début qui permet à « Ulysse 1781 » d’être considérée comme une série de qualité au potentiel intéressant. La deuxième lecture m’a permis de saisir chaque détail tant les dialogues, les dessins que l’intrigue. Je la conseille aux lecteurs adeptes de Dorison, ils ne seront pas déçus du voyage. Quant à ceux pour qui le scénariste est encore inconnu, pourquoi ne pas le découvrir en embarquant au côté d’Ulysse McHendricks ? 

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note4

Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens – Crisse & Grey

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Titre : Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2014


Atalante est une héroïne de la mythologie grecque. La légende veut qu’elle soit la fille du roi Péloponnèse. Abandonnée à la naissance, elle fut recueillie par une ourse dans la forêt du Pélion. Protégée par des déesses, elle est la seule femme à prendre part à la quête des Argonautes. Le premier tome de la série éponyme crée par Crisse conte l’arrivée de la jeune fille dans l’équipage dirigée par Jason. Les albums suivants présentent les différentes aventures vécues par tout ce petit monde sur le chemin de la Toison d’or.

Atalante7bLa sympathie générée par le personnage principal a fait de moi un lecteur régulier de ses pérégrinations. L’auteur arrive à raconter ces légendes en mêlant de manière équilibrée narration, humour et action. L’ensemble se déroule dans un univers graphique coloré et rond qui possède une identité forte. Bref, je guettais toujours avec impatience la sortie de tout nouvel épisode de la saga.

Crisse délaisse son bébé.

Le sixième tome a marqué une rupture dans ma relation avec la série « Atalante ». Crisse semblait avoir définitivement délaissé son petit. Il confie les dessins à Grey et le scénario apparaît bâclé. Cet opus se lisait en quelques minutes et n’éveillait ni attrait ni intérêt. J’espérais que la sortie de « La Dernier des Grands Anciens » en novembre dernier marquerait un retour à la qualité initiale.

L’intrigue reprend où elle s’était interrompue. Atalante vient de croiser un géant dans les arcanes du royaume d’Hadès. Elle s’y était aventurée dans l’espoir de sauver un de ses acolytes mordu par un mort-vivant. L’être rencontré s’avère être Eurymedon, fils de Gaïa. Il nous immerge dans la bataille de Phlégra entre les Dieux et les Géants. L’essentiel de la trame se construit autour des conséquences de cette guerre. Sorti de cela, il s’agit d’une balade dans un labyrinthe souterrain. Le troisième tome nous plongeait également dans les entrailles de la terre. La comparaison entre ces deux épisodes n’est pas favorable au dernier en date.

Atalante7cJe ne suis jamais arrivé à entrer pleinement dans l’histoire. L’enchaînement des péripéties est, à mes yeux, trop saccadé. La narration manque de continuité. L’alternance entre le royaume d’Hadès, le navire des Argonautes et les flashbacks manque de lien. Si je regarde les choses positivement, je peux dire que la densité scénaristique est plus importante que dans l’épisode précédent. Par contre, objectivement, je ne retrouve pas l’attrait des premiers tomes. J’ai peur que cette série n’aille pas vers le meilleur. J’appréhende le fait que « Atalante » ait atteint son firmament et que l’heure soit à la descente aux enfers.

Le dernier bémol est la disparition du trait de Crisse. De mon point de vue, Grey n’a pas le talent de son prédécesseur. Je suis moins fan des traits des personnages. Son Atalante a le visage beaucoup plus dur. Ses courbes légendaires des premiers tomes ont disparu. De plus les décors sont bien moins travaillés. Grey semble moins soucieux des détails et c’est regrettable. Le fait que les seconds plans soient négligés ne facilite pas l’immersion. L’atmosphère qui se dégage des Enfers est décevante. J’en attendais bien mieux.

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Pour conclure, « Le Dernier des Grands Anciens » a tendance à confirmer que l’âge d’or de « Atalante » est passé. Cela m’attriste parce que je trouvais la saga jusqu’alors très divertissante. Il devient donc urgent que les Argonautes mettent la main sur leur Toison d’or au risque de voir la descente aux enfers du neuvième art se poursuivre…

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Note : 9/20

Magasin général, T9 : Notre Dame des Lacs – Régis Loisel & Jean-Louis Tripp

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Titre : Magasin général, T9 : Notre Dame des Lacs
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Louis Tripp
Dessinateurs : Régis Loisel & Jean-Louis Tripp
Parution : Octobre 2014


« Magasin Général » est une série qui accompagne le monde du neuvième art ces dix dernières années. Le bébé de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp possède un ton et une ambiance assez uniques : une chronique sociale d’un petit village québécois dans les années vingt. Cette aventure se conclue avec la parution de son dernier acte en octobre dernier. « Notre-Dame-des-Lacs » est le neuvième chapitre du quotidien de la charmante Marie et de la communauté qui l’accompagne.

« Te rends-tu compte, Serge ? Du chambardement qu’il y a eu à Notre-Dame depuis un an ? On est rendu un village pas d’maire… Presque pas d’curé avec un restaurant de Paris pis une veuve qui a tombé en amour avec un p’tit cordonnier. – Ha ! Ha ! Tu oublies les coureurs des bois qui ont coupé leur barbe pour séduire une autre veuve… – Je l’sais bien… Pis moi qui pensais jamais avoir d’enfant, me v’là en famille pas d’père ! »

MagasinGeneral9cCet échange entre Marie et Serge, les deux principaux acteurs de l’histoire, résume assez bien les événements partagés durant les huit tomes précédents. Ce nouvel album a pour mission de conclure avec talent et subtilité la tranche de vie partagée avec ce petit monde. Il s’agit ici de soigner le « au revoir ». Cet aspect n’est pas décevant bien au contraire. Une certaine nostalgie accompagne les pages et les auteurs atténuent la rupture en offrant une trentaine de pages représentant des moments de joie ou de peine des habitants du village. Cela offre une seconde fin à l’album.

Tourner la page avec tendresse.

L’atmosphère de cet opus est particulière. Elle agrémente la lecture d’une mélancolie attendrissante. Comme dans chacun de ses chapitres, la saga nous propose tour à tour des moments de joie et d’autres plus tristes. Cette richesse émotionnelle nous implique et ne nous laisse pas indifférent quant aux péripéties qui font la vie du hameau. Depuis huit ans, nous nous sommes attachés à Marie, Serge, Gaëtan, le curé, Noël et tous les autres… Nous avons partagé les mariages, les deuils, les bonheurs, les drames… Il est maintenant temps de tourner la page et nous le faisons ici avec tendresse.

Mon point de vue global sur la série est positif. J’avais été enthousiasmé par les premiers tomes. Par la suite, j’ai trouvé que la narration se diluait quelque peu. Un ronronnement s’installait. C’était peut-être dû à la thématique de l’ouvrage. Une chronique sociale ne peut pas être un concentré d’énergie et de rebondissements. Malgré tout, j’ai toujours pris beaucoup de plaisir à découvrir les nouvelles pérégrinations de Marie et ses amis. J’ai toujours été heureux avec eux ou partagé leurs peines. C’est une lecture qui s’avère finalement assez sensorielle.

Les dessins conjoints de Loisel et Tripp participent à rendre réaliste les lieux et les décors qui abritent la vie de la communauté. L’immersion dans cet univers tant sur le plan géographique que temporel est une belle réussite. Le trait des deux auteurs fait naître des planches précises et attrayantes. Le travail graphique est remarquable. Le dernier ingrédient à nous ravir est le dépaysement résultant des dialogues. Le travail de Jimmy Beaulieu sur les textes donne des expressions hilarantes de nos cousins québécois. Je ne présente pas de florilèges des meilleurs mots et vous incitent plutôt à les découvrir.

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Au final, « Notre-Dame-des-Lacs » conclue très correctement « Magasin Général ». Cette tranche de vie aura gardé un attrait certain de sa première à sa dernière page. Je conseille cette lecture à tout adepte des petites aventures du quotidien et en quête de fraternité, d’amour et de solidarité…

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Note : 13/20

Le grand méchant renard – Benjamin Renner

LeGrandMechantRenard


Titre : Le grand méchant renard
Scénariste : Benjamin Renner
Dessinateur : Benjamin Renner
Parution : Janvier 2015


 

Sous le nom de Reineke, Benjamin Renner avait publié un ouvrage des plus sympathiques, « Un bébé à livrer ». Ce livre faisait intervenir les animaux de basse-cour dans une histoire rocambolesque pleine de rebondissements. À l’occasion de Noël, l’auteur avait proposé sur son blog une nouvelle histoire où, cette fois, les animaux essayaient de sauver les fêtes de fin d’année après avoir exécuté (pensaient-ils…) le Père Noël… « Le grand méchant renard », paru dans la collection Shampooing, reprend les personnages déjà connus mais peut être lu indépendamment du reste. Comme son nom l’indique, le personnage principal est ici le renard. Le tout pèse quand même plus de 180 pages.

Dans cette histoire, le renard ne fait peur à personne, au grand dam de l’intéressé. Il vient à la ferme tous les jours, essayant de récupérer une poule, mais se fait martyriser en permanence. Si bien que plus personne ne fait vraiment attention à lui. Afin de manger enfin du poulet, il décide de voler des œufs. Car, après tout, qu’y a-t-il de plus inoffensif qu’un poussin ? Bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu.

Un ouvrage destiné autant aux publics jeunesse et adulte.

LeGrandMechantRenard1Le style de Benjamin Renner se caractérise par une succession d’actions. Chaque décision en amène une autre, enfonçant le personnage de plus en plus dans son trou. Son personnage de renard est complètement dépassé par les événements, les subissant en permanence. Cela crée une empathie évidente et l’humour de l’auteur fonctionne à plein. On sourit en permanence, l’histoire ne faisant que peu de pauses dans les péripéties de notre goupil.

Benjamin Renner réussit la difficile tâche de créer un ouvrage aussi bien destiné aux adultes qu’à un public plus jeunesse. Le tout est bon enfant, jamais vulgaire ou violent. Il joue sur les codes classiques du conte pour enfant (rien que le titre est assez évocateur !), mais son traitement humoristique touche les adultes sans problème.

Concernant le dessin, difficile de passer à côté du découpage très dessin animé (qui explique la forte pagination de l’ouvrage). Venant de l’animation, Benjamin Renner décompose les mouvements à merveille. Malgré tout, l’abondance de cases lui permet aussi de caler les nombreux dialogues présents. Au niveau du dessin proprement dit, je suis un grand fan. Le trait est vif, lâché avec dynamisme sur le papier et rehaussé d’aquarelle. Une belle maîtrise d’un style animalier où chaque animal est bien identifié avec peu de traits. Symbole de cette clarté dans la simplicité : cette case où le renard imite les mimiques du loup avec brio !

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« Le grand méchant renard » est un ouvrage bon enfant qui vous fera sourire et rire tout au long de ses pages. On est pris dans l’histoire, plein d’empathie pour ce pauvre renard qui voudrait être craint mais qui apprendra finalement qu’il vaut peut-être mieux être aimé…

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Note : 16/20