De cape et de crocs, T12 : Si ce n’est toi…


Titre : De cape et de crocs, T12 : Si ce n’est toi…
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Décembre 2016


Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou ont créé avec « De Cape et de Crocs » une série majeure du septième art. Roman d’aventure, de cape et d’épée bien sûr, mais aussi de science-fiction, de théâtre, de piraterie et… d’humour ! En choisissant de tirer leur révérence après 10 tomes de bons et loyaux services, les auteurs nous réservaient une surprise : un spin-off ! En effet, l’un des running gags de la série était que le lapin Eusèbe n’arrivait jamais à raconter l’histoire de son arrivée aux galères… Chose est faite désormais avec ce diptyque qui se termine avec ce douzième tome et clôt, paraît-il, définitivement la série. Continuer la lecture de « De cape et de crocs, T12 : Si ce n’est toi… »

De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2014


« De cape et de crocs » est une série exceptionnelle. Dotée d’un univers original, les tomes s’enchaînaient tout en gardant une qualité scénaristique et graphique incroyable. Après dix opus, Ayroles (au scénario) et Masbou (au dessin), avait clôt leur épopée au grand dam des fans. Mais déjà ils annonçaient un spin-off sur le personnage d’Eusèbe. Croyant voir venir un one shot, quelle ne fut ma surprise de voir que ce nouveau livre est considéré comme le onzième de la série. Bien nommé « vingt mois avant », il revient sur les raisons qui menèrent Eusèbe aux galères où l’on le retrouvait dans l’histoire. Le tout est publié chez Delcourt.

Eusèbe est de loin le personnage le plus attachant de la série. Petit lapin blanc dont la naïveté n’a d’égal que le courage, il est le spécialiste des petites bêtises. Son histoire était devenue un running-gag de la série. On apprenait par bribes son passé. Et quand il avait commencé à s’exprimer, apprenant qu’il avait été garde du cardinal, Lope ne pouvait s’empêcher de lui répliquer un cinglant « Eusèbe, ce n’est pas bien de mentir ! » Il y était question également d’un jumeau maléfique qui l’avait fait condamné à sa place… Voilà désormais l’occasion de savoir comment Eusèbe va se retrouver aux galères !

Nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et nouveaux lieux.

DeCapeEtDeCrocs11bContinuer la série en ne récupérant qu’un seul personnage est un défi à la hauteur d’Ayroles et Masbou. En effet, « De cape et de crocs » développaient de nombreux personnages attachant qui évoluaient beaucoup dans leurs relations au fil des pages. Malgré la dénomination de onzième tome, on a bien le début d’une nouvelle série ici. On découvre de nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et de nouveaux lieux. C’est donc en chemin pour Paris que nous retrouvons Eusèbe qui part se faire engager chez les gardes du cardinal.

Malgré tout, on reste connecté ! On retrouve quelques allusions au premier tome de « De cape et de crocs ». On y voit Eusèbe apprendre à faire le rat ou on croise également Montmorency, le fameux basset que Lope dit avoir occis dans les premières pages de la série… Sentant ces références, je me suis empressé de relire les dix tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Clairement, l’indépendance de ce spin-off envers la série originelle est toute relative.

DeCapeEtDeCrocs11cConcernant le scénario, on retrouve la même ambiance. Eusèbe est naïf et il lui arrive plein de malheurs. Mais il rebondit toujours et sait s’en sortir car, après tout, il est tellement mignon… Le scénario est dense et vise avant tout à nous présenter une galerie de personnages qui seront, on l’imagine, développés par la suite. On sourit beaucoup, on rit parfois. Ayroles et Masbou n’ont rien perdu de leur superbe.

Le dessin est toujours splendide. Masbou est en pleine possession de ses moyens et présente un Paris crédible et vivant. Son travail sur les couleurs lui permet d’asseoir différentes ambiances sans problème. « De cape et de crocs » tient clairement son rang de série culte également grâce à son dessin personnel et virtuose. Les détails s’accumulent et une deuxième lecture est nécessaire pour pleinement profiter de tous.

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Ce onzième tome relance une nouvelle intrigue avec talent. Même si on se retrouve bien devant un livre d’introduction, les qualités de la série sont bien là. C’est avec un bonheur évident que j’ai parcouru ce tome, avant de le relire au plus vite pour profiter de toutes ses subtilités. Et on n’attend qu’une seule chose : la suite !

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Note : 17/20

 

De capes et de crocs, T10 : De la Lune à la Terre – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune à la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012


« De la Lune à la Terre » est un album particulier à mes yeux. Il clôt la désormais mythique série « De Cape et de Crocs » née de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir à la découverte de ce dernier épisode, je m’étais imposé de lire une nouvelle fois l’intégralité des opus précédents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des dernières aventures de nos héros. Ce n’est donc que récemment que je me suis plongé dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours édité chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rêve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre célèbre trio dont on devine le portrait dans le ciel étoilé. Voilà qui ne faisait qu’attiser ma curiosité déjà pas loin d’avoir atteint son paroxysme.

Le synopsis proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvée, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitié s’opposent, la comédie peut tourner au tragique. Avant de tirer leur révérence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de théâtre. Arriveront-ils tous à bon port ? »

Réussir son dénouement est rare.

En littérature ou en bandes dessinées, une des plus grandes difficultés est d’arriver à conclure. Réussir son dénouement est rare. Il est pourtant important de ne pas négliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goût à la dégustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou décevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il était évident qu’il fallait sublimer leur séparation. L’opus précédent se concluait par la mise en échec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.

decapeetdecrocs10b« De la Lune à la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient été précédemment ouvertes. Certaines révélations étaient prévisibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une réponse à chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gênant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passés avec les différents personnages qui sont pour la plupart très sympathiques. D’ailleurs la dernière page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagné d’une émotion prenante. L’avancée vers le dénouement est subtilement dosée. On n’est pas dans la brutalité de certaines séries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les révélations accumulées. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagné par notre lecture vers la fin en douceur.

Il faut néanmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune à la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On découvre un combat spatial homérique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue également. Les sentiments sont intenses et pas toujours réciproques. La tragédie cohabite avec le romantisme. L’amitié offre également des moments touchants. Le côté théâtral est évidemment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.

Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacité à faire naitre des émotions par ses personnages est une performance. Son souci du détail donne une profondeur à ses décors et chacune des cases dont on se délecte avec appétit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitées d’une atmosphère qui nous emporte complètement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenés à travailler à nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espère…

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En conclusion, « De la Lune à la Terre » offre à cette série un dénouement à son ampleur. J’ai terminé ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminée. La qualité de cette épopée m’incite à m’y replonger régulièrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontré Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de réparer cette erreur et de combler ce manque…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2009


« Revers de fortune » est le neuvième et avant-dernier acte de « De Cape et de Crocs ». On se rapproche ainsi du dénouement de la grande saga née de l’imagination d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le scénario du premier et les dessins du second nous enchantent depuis plus de quinze ans. Cet ouvrage est paru en 2009 chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes ». Il se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. La couverture est dans des tons verts et sombres. On y découvre un de nos héros, l’arme à la main et le regard haut. Au second plan, on trouve trois de ses amis l’air apparemment abattus. Au fond, apparait un moulin. Est-ce à dire que la quête des héros s’apparente à celle perdue de Don Quichotte ? Il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture pour le savoir.

decapeetdecrocs9aLe synopsis de ce nouvel épisode proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Les légions du sinistres Mendoza ont investi la capitale sélénite. L’infâme prince Jean est désormais le maître absolu de la Lune. Pour les rares rescapés de l’armée royale, tout espoir semble anéanti. Tout espoir ? Voire. Car il est une chose que Monsieur de Maupertuis et ses amis ont su conserver intacte dans le désastre : leur panache. »

Avant d’entrer davantage dans le cœur du sujet de cet album, je me dois de préciser que « Revers de fortune » s’inscrit dans une grande épopée. Il est indispensable d’avoir lu les huit actes précédents pour pouvoir y plonger sans risquer de se noyer. Au moment, de commencer ma lecture, j’avais laissé les héros dans une situation bien délicate. Le combat pour protéger le roi de la Lune de son terrible frère et de son horrible bras droit avait été perdu. Certains des protagonistes apparaissaient touchés au plus profond de leur chair. Tout semble perdu. En ce sens, on a avait fini notre lecture touché. J’étais donc plein d’espoir à l’idée de découvrir la suite. Il devait s’agit de la remontée. Nos héros devaient se relever et mener un dernier combat pour sauver la Lune. Ce n’était pas rien !

Cet album est donc plein d’espoir. On voit l’obscurité dans laquelle s’était clos l’opus précédent s’éclairer quelque peu. Les héros construisent leur élan sur le panache qui les caractérise tant. Ainsi, ils se relèvent et décident de tenter l’impossible. Cette reprise en main nous prend les tripes. On est ému de vivre ces moments. Cet instant est toujours très agréable que ce soit au cinéma ou dans la littérature. On a touché le fond, on décide de rebondir. C’est cet aspect qui habite « Revers de fortune ». Son atmosphère diffère donc de celle qui envahissait le précédent acte. L’enthousiasme nait rapidement, tout semble possible. Cela génère une ambiance enivrante et pleine de vie. L’empathie qu’on ressent à l’encontre des protagonistes prend toute son ampleur et offre une lecture particulièrement prenante.

Chaque scène est mémorable.

decapeetdecrocs9bConcernant le scénario, il est une nouvelle fois dense et habilement construit. Le premier tiers nous présente un état des lieux assez piteux de nos héros. On y découvre l’essence qui fera naitre la rébellion. Dans un second temps, plus optimiste, on voit la marche en avant de ceux qu’on croyait vaincu. La dernière partie marque la bataille irrémédiable pour la fin de l’oppression. Tout cela est classique dans les grandes lignes. Mais le talent d’écriture d’Ayroles fait que chaque scène est mémorable et que nombre de répliques sont amenés à être cultes. La capacité de l’auteur à écrire des dialogues de cette qualité est un véritable hommage au théâtre qui habite chaque page de la série. De plus, le côté épique que génère le panache permanent des héros font de notre voyage littéraire une véritable épopée mythologique !

Les dessins de Jean-Luc Masbou accompagnent toujours aussi parfaitement les aventures de tout ce beau monde. Son style participe pleinement aux variations d’ambiance qui naissent de notre lecture. Les débuts habités par le désespoir sont bien transcrits par le trait de Masbou. Les pérégrinations du maitre d’armes dans des forêts vierges sont également criantes de réalisme malgré la dimension fantastique de l’histoire. Je ne vous listerai pas tous les moments et les caractéristiques de chacun. Cela a peu d’intérêt et vous gâcherait la découverte. Mais sachez que le voyage vaut le détour.

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En conclusion, « Revers de fortune » offre une dernière marche avant le dénouement des plus réussies. Les dernières pages nous font comprendre que la fin est proche. Malgré cette issue à venir, les auteurs persistent à offrir un ouvrage d’une rare qualité qui participera au fait que « De Cape et de Crocs » marquera l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y plonger. De mon côté, il me reste à découvrir « De la Lune à la Terre ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T8 : Le maître d’armes – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T8 : Le maître d’armes
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2007


« Le maitre d’armes » est le huitième acte de « De Cape et de Crocs ». Sa parution en 2007 nous rapproche de la fin de cette grande saga qui se décline sur dix tomes. Toujours édité chez Delcourt dans la collection Terres de Légendes, cet opus est l’œuvre conjointe d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. Le prix de cet album avoisine quatorze euros. La couverture est très réussie. Elle nous présente un homme à l’apparence d’un mousquetaire tout de blanc vêtu. Il semble flotter sur un nuage accompagné en second plan d’un splendide palais. Le ciel est étoilé et offre des tons bleu et blanc qui génèrent une illustration à l’atmosphère originale.

La quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Explorant les étranges cimes nuageuses de l’immense îlot d’Oxymore, messieurs de Maupertuis et Villalobos retrouvent enfin le mystérieux Maître d’Armes. Mais l’homme a le sang chaud, le verbe haut, la lame prompte… Comment va-t-il réagir aux provocations d’Eusèbe ? Acceptera-t-il de réorganiser la défense du royaume sélénite ? L’heure est grave, car le fourbe prince Jean et l’infâme Mendoza ourdissent de sinistres projets : sur le paisible astre lunaire plane l’ombre de la guerre. »

Cet ouvrage est le meilleur de tous.

decapeetdecrocs8aCette célèbre série du neuvième art touche à sa fin. « Le maître d’armes » est l’antépénultième de ses épisodes et nous mène inexorablement vers son dénouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualité est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, à mes yeux, le meilleur de tous. Il possède tant d’atouts qu’on ne saurait tous les lister. Sa densité et sa capacité à gérer les détails offrent une lecture en tout point passionnante. Néanmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable d’avoir lu les tomes précédents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal à saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique épopée.

L’album précédent avait laissé nos trois héros sur les nuages à la recherche du mythique Maitre d’Armes, seul apte à protéger la défense du roi de la Lune. Notre lecture démarre donc par une poursuite effrénée sur les nuages. Eusèbe, ce courageux lapin, est poursuivi par celui qu’on devine être le héros tant recherché. Rapidement, ce nouveau protagoniste prend possession de l’histoire. Il possède une personnalité riche qui attise tout de suite notre curiosité. Il s’entend rapidement avec nos amis et permet à ce quatuor de prendre toute sa dimension. La densité des dialogues prend toute son ampleur et met en valeur le talent d’écrivain d’Alain Ayroles. Les discussions et les monologues sont des petits bijoux de littérature qui ravira les adeptes de théâtre et de grandes envolées lyriques.

decapeetdecrocs8bMais notre plaisir ne réside pas uniquement dans l’éloquence des personnages. On se prépare également aussi à une bataille homérique qui doit décider de l’avenir de la Lune. Ce n’est pas rien et les auteurs arrivent à faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et à mesure que les pages défilent, l’intensité augmente. La gravité de la situation prend de plus en plus de place. La nuit précédant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car déséquilibrée. Les gentils sont bien moins nombreux que les méchants et nos seuls espoirs apparaissent désespérés. On est vraiment possédé par l’intrigue et notre empathie à l’égard des différents héros va en grandissant.

Le travail graphique de Jean-Luc Masbou participe à cette atmosphère envoûtante Les premières pages nous plongent dans un royaume des nuages féeriques. Entre le fait de naviguer sur les nuages, d’y découvrir un palais, d’admirer les chimères ou de voler sur des chevaux ailés, on ne sait plus où donner des yeux. Mais quand le retour sur le sol a lieu, les décors ne baissent pas en qualité. Masbou arrive à nous faire ressentir la montée en puissance des deux camps à l’approche de l’inévitable affrontement.

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En conclusion, « Le maitre d’armes » est un petit chef d’œuvre. Tous les aspects sont poussés à leur paroxysme et font naître une lecture d’une rare intensité. Il est toujours agréable de voir qu’une série arrive encore à surprendre positivement après huit tomes. Il ne me reste plus qu’à m’immerger dans le prochain acte intitulé « Revers de fortune ». Le plaisir devrait une nouvelle fois être au rendez-vous. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 18/20

De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimères – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimères
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Janvier 2006


« Chasseurs de chimères » est le septième tome de « De Cape et de Crocs ». La parution de cet album aux éditions Delcourt dans la collection Terres de Légendes date du mois de janvier 2006. Il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné Jean-Luc Masbou. Le prix de cet ouvrage composé d’une grosse quarantaine de pages avoisine quatorze euros. La couverture nous présente un bateau pirate des plus curieux. En effet, il roule au beau milieu d’une vaste cité. Le ciel qui surplombe la scène est splendide. Le choix des couleurs est remarquable. Pour ne rien gâcher il est habité par le portrait de nos trois héros aux traits respectifs de loup, renard et lapin…

La quatrième de couverture présente le résumé suivant : « Croisant le fer, croisant le verbe, messieurs de Villalobos et Maupertuis suivent la piste du mystérieux Maître d’Armes. Leur quête semée de dangers, d’énigmes et de forfaitures les mènera des bas-fonds du port d’Agatharchidès jusqu’aux confins des mers lunaires, au cœur de la Face Cachée, là où rodent les chimères. »

decapeetdecrocs7bLa série a pris un tournant important depuis l’album précédent. Nos héros sont maintenant sur la Lune. Ils se sont vus confier une mission par le roi local : trouver le Maître d’Armes. Ce dernier dont on chante les louanges autant guerrières que verbales aux quatre coins du pays. En les suivant dans ces territoires inconnus, on découvre cette planète à travers leurs yeux. « Chasseurs de chimères » est pleinement dans cette lignée. En effet, leurs aventures vont les mener vers des territoires que même les sélénites préfèrent éviter.

Comme je l’avais expliqué dans ma critique du tome précédent, la vie sur la Lune n’est pas si différente que celles sur Terre. Les auteurs ne tombent pas dans les excès que peut faire naitre la vie extra-terrestre. Les autochtones ressemblent aux terriens, s’expriment dans la même langue et possèdent une organisation sociétale connue sur Terre. Néanmoins, certaines différentes permettent de différencier les deux univers : les maisons peuvent se mouvoir, l’or pousse sur les arbres, la monnaie locale est la poésie… Ces subtiles nuances permettent de faire naître sur la Lune une atmosphère propre qui se distingue de tous les voyages lunaires qu’a pu générer la science-fiction. Cette originalité est indéniablement la base de la réussite de la série. En ne révolutionnant pas tous les codes en arrivant sur notre cher satellite, les auteurs permettent à nos héros et à la trame de ne pas perdre leur dimension théâtrale, acte fondateur de leurs talents.

Des surprises au gré de chaque nouvelle page.

Ce voyage vers l’inconnu permet à nos amis de retrouver des repères de leur quête du trésor des îles Tangerines qui a accompagné notre lecture des cinq premiers épisodes. Ce retour vers l’aventure ne peut pas nous déplaire tant le premier cycle de leur histoire nous avait conquis ! « Chasseurs de chimères » ne cesse pas d’attiser notre curiosité. Ne sachant pas où on va, on s’attend à être pris par surprise au gré de chaque nouvelle page. Les auteurs arrivent à faire monter la sauce. Au fur et à mesure que la narration se déroule, le mystère s’amplifie et nous oppresse. Le dénouement est en ce sens une vraie belle performance autant sur le plan graphique que sur le plan de l’intensité scénaristique. Les dernières pages d’apparence plus apaisée ouvre la porte vers un rêve qui ferait pétiller les yeux de tout enfant qui sommeille dans chaque lecteur…

Les illustrations accompagnent parfaitement la passionnante histoire qu’on a le plaisir de découvrir. Le fait qu’il n’y ait pas de rupture entre les deux univers permet à Jean-Luc Masbou de rester dans la continuité du travail effectué dans les albums précédents. Le dessinateur possède une capacité forte à donner une identité graphique aux différents personnages. Chacun est rapidement habité et acquiert une existence dès sa première apparition. Cela rend notre lecture plus active car chaque protagoniste nous inspire compassion, peur, sympathie, dégoût ou affection. En plus de cela, les décors sont remarquables et Masbou s’en sort admirablement malgré la grande diversité des paysages qui voient errer nos héros. Que ce soit en ville, au beau milieu d’un désert ou au milieu d’une tempête maritime monstrueuse, on est tout le temps plongé dans une ambiance propre à chaque lieu. Il s’agit d’une réelle performance qu’on se doit de signaler.

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En conclusion, « Chasseurs de chimères » retrouve le parfum de l’aventure endiablée vers l’inconnue qui avait été laissé de côté lors des derniers tomes. Je ne vous cache pas que j’en suis ravi. Le côté épique du quotidien de nos héros leur permet d’offrir aux lecteurs l’intégralité de leur dimension théâtrale. Cet album confirme que « De Cape et de Crocs » est amené à marquer l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Son originalité associée à la constance dans la qualité de ses albums est un modèle du genre. Il me tarde de me plonger dans le tome suivant intitulé « Le maître d’armes ». Mais cela est une autre histoire…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T6 : Luna incognita – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T6 : Luna incognita
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2004


« Luna Incognita » est le sixième tome de « De Cape et crocs ». A l’image des opus précédents, cet ouvrage est édité chez « Delcourt » dans la collection « Terres de Légendes ». Composé d’une grosse quarantaine de pages et paru il y a huit ans, cet ouvrage a prix proche de quatorze euros. Comme d’habitude, il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. La couverture nous présente nos héros dans une nuit lunaire à en croire le clair de Terre qui illumine le ciel…

La quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Messieurs de Maupertuis et Villalobos, en font galante et plaisante compagnie, voguent hardiment vers la Lune à bord d’un astronef de fortune. Que découvriront-ils sur cette planète inconnue ? Des géants, des cités qui se meuvent comme dans le roman de Monsieur de Bergerac ? Des trésors à coup sûr, puisque là-haut, l’or pousse sur les arbres ! Mais cet or suscite bien des convoitises : dans le sillage de nos gentilshommes, un inquiétant vaisseau cingle à son tour l’astre lunaire… »

decapeetdecrocs6aCet opus marque le début d’un nouveau cycle. En effet, nos héros partent maintenant dans l’inconnu sur la Lune. On se retrouve donc plongé dans une épopée dont la dimension fantastique prend de l’épaisseur. Voilà un attrait certain qui redonne un souffle à une saga qui n’en manquait déjà pas ! On est donc curieux de connaitre ce nouveau monde. Cherche-t-il à être « réaliste » et « cohérent » ou au contraire se montre-t-il féérique et épique ? « Luna Incognita » allait nous poser les premiers jalons de la réponse. Parallèlement, le fait de retrouver tous les protagonistes regroupés sur ce nouveau « terrain de jeu » ouvrait l’appétit à l’égard de leurs aventures à venir.

Comme dit précédemment, l’attrait principal de cet ouvrage est de nous faire découvrir la vie sur la Lune. On est loin de croiser des petits hommes verts. Au contraire, les Sélénites ressemblent aux Terriens. Evidemment certains détails surprennent et marquent une différence avec la vie extra-lunaire. Mais les grandes lignes sociétales sont proches de la monarchie que nos héros ont quittée. Malgré tout, les différences que je vous laisserai découvrir suffisent à générer un réel dépaysement qui ravira le lecteur. Malgré les ressemblances entre les deux univers, à aucun mot on a le sentiment de se trouver sur Terre. Notre présence sur la Lune nous apparaît toujours évidente au gré des surprises qui agrémentent le parcours des personnages.

Le début d’une nouvelle trame.

Au-delà de la dimension découlant de cette découverte touristique, « Luna Incognita » marque le début d’une nouvelle trame. En effet, les cinq premiers tomes avaient été centrés sur la quête du trésor des îles Tangerines. Maintenant qu’on sait que cette mission ne pouvait réussir du fait de la non-existence de decapeetdecrocs6bl’objet cherché. En arrivant sur la Lune, on découvre un conflit politique à grande échelle opposant le roi local à son frère. Nos héros choisissent rapidement leur cas du fait de leur premier rencontre avec le frère dans les épisodes précédents. Pour rendre la victoire possible, il faut retrouver le maître d’armes. Intrigué par ce curieux et légendaire personnage, nos deux amis préférés décident de se charger de sa recherche. Parallèlement, on voit chacun des protagonistes, bons comme méchants, chercher à trouver sa place dans ce nouveau monde. Chacun n’est pas évidemment pas habité de louables volontés.

Les dessins de Masbou accompagnent parfaitement la narration. Son trait n’a aucun mal à nous immerger dans ces nouveaux paysages. La rupture graphique avec les décors terriens n’est pas radicale. C’est logique car le scénario ne le souhaite pas. On découvre peu de nouveaux personnages. Néanmoins Masbou n’a aucun mal à donner vie aux quelques rencontres qui croisent la rue de nos amis. Sur le plan chromatique, il n’y a pas de révolution non plus. Le dessinateur arrive à garder une constance graphique qui donne une réelle identité à cette grande saga du neuvième art.

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En conclusion, cet album est une nouvelle réussite et nous voit partir en quête sur l’astre lunaire avec un enthousiasme certain. Ayroles et Masbou arrive à construire une série qui ne souffre d’aucun temps mort et d’aucune faiblesse. C’est une chose très rare dans ces grandes aventures au long cours qui s’étalent sur un nombre important de tomes. « De Cape et de crocs » réussit ce tour de force et il faut le signaler. Je ne doute pas que l’opus suivant intitulé « Chasseurs de chimère » devrait poursuivre cette réussite. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 16/20

De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 2002


« Jean sans lune » est le cinquième opus de « De Cape et de Crocs ». Sa parution date d’une dizaine d’années maintenant chez les éditions Delcourt. Il appartient à la collection « Terres de Légende », se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. Comme pour les autres tomes de la série, il est le fruit de la collaboration d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. La couverture possède une dimension féérique. On découvre messire Maupertuis en train de voler avec l’élue de son cœur au beau milieu d’une belle nuit étoilée éclairée par la lune. La surprise réside dans la présence également d’un navire dans cet endroit peu approprié pour lui. Mais je compte sur ma lecture pour apporter une explication à ses événements peu orthodoxes…

decapeetdecrocs5bLa quatrième de couverture nous offre une présentation succincte de ce cinquième acte : « Où l’on verra Messieurs de Maupertuis et Villalobos percer enfin le secret des îles Tangerines et de leurs hôtes mystérieux, affronter le lunatique prince Jean, élaborer d’improbables machines, retrouver l’ombrageux Raïs Kader, l’infâme Mendoza, le fourbe Cenile, la belle Séléné et le fougueux Eusèbe, avant d’embarquer pour un fabuleux voyage… »

Pour ceux qui ont lu mes critiques sur les quatre premiers tomes, vous savez que je suis un grand fan de cette série. Je lui trouve toutes les qualités. Une des plus importantes est de voir que chaque épisode s’avère passionnant et que rien n’a été négligé malgré la parution régulière des différents albums. J’étais donc confiant en découvrant « Jean sans lune ». Ma curiosité était plutôt forte à l’idée de me plonger de ma lecture. En effet, l’acte précédent avait vu apparaitre de curieux habitants sur les îles Tangerines qui présentaient ainsi une version bien originale du trésor tant recherché par les protagonistes. Ce nouvel ouvrage devait donc finaliser de clarifier la situation et de nous remettre les idées en place quant à ces curieuses nouvelles rencontres.

Un tome de transition.

 « Jean sans lune » s’avère être un tome de transition. Je tiens à préciser qu’il ne faut rien y voir de péjoratif. En effet, cet album clôt la quête des îles Tangerines et de leur secret. Parallèlement, il sert d’introduction vers un voyage d’une toute autre ampleur. C’est en ce sens qu’il joue le rôle de liant entre ces deux quêtes. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne passe rien et que l’heure est au farniente sur le plan scénaristique. Ayroles est plein d’idées et fait en sorte que l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. Néanmoins, on ne retrouve pas autant de pics d’intensité que dans les autres épisodes. Ce n’est pas bien grave. On a le sentiment de vivre le calme qui précède une tempête d’une grande ampleur.

decapeetdecrocs5cLes premières pages de l’album nous présentent les « habitants » des îles Tangerines. Ils sont des habitants de la Lune ayant été banni de leur planète. Ils avaient besoin d’une pierre de lune pour rentrer chez eux. Pour l’obtenir, ils décidaient de disséminer à travers le monde des fausses cartes au trésor dont la seule requête était de venir accompagné du précieux bijou. C’est ainsi que nos amis permettront à l’insu de leur plein gré à ces sélénites de rentrer chez eux. Mais cette aventure ne s’arrête pas là. Nos héros voient dans ce merveilleux voyage l’occasion de vivre une épopée légendaire. C’est cet objectif dont on suit l’avancée tout au long de cet ouvrage au rythme de la conception de leur nouveau vaisseau.

Une des forces de cet album est de, malgré l’unité de lieu quasi permanente, parvenir à ne jamais tomber dans le creux ou l’ennui. La richesse des dialogues et la profondeur des personnages permettent cette performance narrative. On est curieux de suivre les réflexions de Bombastus, ce génial inventeur. De plus, l’auteur arrive faire exister les nombreux membres de ce remarquable casting. Il arrive même à tous les regrouper au moment où se clôt cet ouvrage. Ce choix confirme que « Jean sans lune » est la fin de la première étape de cette grande saga.

Les dessins de Masbou sont une nouvelle fois parfaitement adapté à l’esprit de la série. Que ce soit les scènes nocturnes ou le quotidien sur une île paradisiaque, le dessinateur arrive à donner vie à tous les décors. De plus, sa capacité à faire exister chaque protagoniste physiquement et par ses expressions est indispensable au plaisir généré par cette lecture. Les couleurs souvent pastelles agrémentent l’ensemble avec une subtilité agréable.

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En conclusion, « Jean sans lune » confirme le talent qui se dégage de chacune des pages de « De Cape et de crocs ». La richesse du scénario et des dialogues sont particulièrement bien mis en forme par le trait de Masbou. Son absence d’intensité du fait de l’histoire ne pénalise absolument pas la qualité de la lecture. Il ne me reste donc plus qu’à me plonger au plus vite dans le prochain opus intitulé « Luna Incognita ». Il marque le début d’un voyage vers l’inconnu qui devrait être du condensé de bonheur pour chaque lecture. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 15/20

De cape et de crocs, T4 – Le mystère de l’île étrange – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T4 : Le mystère de l’île étrange
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Mai 2000


« Le mystère de l’île étrange » est le quatrième tome de « De Cape et de Crocs ». Cette série est éditée chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes ». Le prix de chacun de ses albums est environ quatorze euros. Cette saga est l’œuvre conjointe d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. Les trois premiers avis sont à mes yeux autant de petits bijoux du neuvième art. C’était donc avec appétit que je m’apprêtais à dévorer cette suite des aventures de nos héros. La couverture nous plonge dans un décor verdâtre dans lequel semblent régner des épaves de navire et des crabes massifs. On y découvre également notre duo chevaleresque sabre à la main. Ils sont accompagnés du curieux scientifique qu’on avait rencontré lors de l’épisode précédent.

decapeetdecrocs4aLa quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Les anthropophages qui hantent les forêts des îles Tangerines tremblent à la seule évocation du volcan sacré dont les flancs abritent, dit-on, un fabuleux trésor. Faisant fi des admonitions indigènes, Messieurs Maupertuis et Villalobos s’aventureront pourtant à travers une lagune infestée de monstres, dans les tréfonds de ce cratère, qui s’avèrera fort riche en coups de théâtre… »

Un des qualités de cette série est que chaque album possède une identité scénaristique propre. Le premier correspondait à la présentation des personnages et à la mise en place de l’intrigue. Le deuxième nous plongeait au beau milieu de l’océan à la rencontre des pirates. Le troisième nous échouait sur une île déserte. Enfin, « Le mystère de l’île étrange » se construit autour des secrets qui alimentent ce fameux volcan aux locataires assez improbables. Malgré cette dissociation propre à chaque épisode, la saga ne perd jamais de vue son fil conducteur et possède une identité propre à l’ensemble. Le travail des auteurs est sur ce point-là remarquable.

Aucun temps mort. Une réelle intensité.

L’album qui est le sujet de ma critique aujourd’hui démarre avec deux héros dans une marmite en passe d’être dégusté par des cannibales. Rapidement, la situation s’améliore et nos deux aventuriers se rendent compte que les habitants de l’île ne sont pas anthropophages et se révèlent particulièrement lettrés. Cela leur permet d’en apprendre énormément sur l’île qui les abrite. Leur quête du trésor les mène vers l’intérieur d’un volcan. Leur immersion dans cette terre inconnue a une dimension presque lunaire. Cela vient de l’atmosphère qui se dégage de ce cimetière de navires habités par des crustacés géants. Notre curiosité est pleinement sollicitée. Cette épopée ne souffre d’aucun temps mort et est habitée par une réelle intensité.

decapeetdecrocs4cL’attrait de la lecture augmente quand on se découvre l’entrée d’une espèce de temple taillé dans la roche. On y retrouve nos chers pirates et leurs prisonniers. Mais surtout, on s’interroge sur la communauté qui habite ce lieu curieux. Je ne vais pas vous en révéler davantage les concernant. Il est sûr qu’on est intrigué par ces personnes dont on ne connait rien et qui semblent obéir à des codes différents de ceux qu’on connait. Cela nous offre un troisième tiers d’album pleins de surprises et de questions qui se clôt par une révélation dans la dernière page qui nous donne envie de courir lire le tome suivant.

Le trait de Masbou accompagne parfaitement cette aventure. Les décors varient énormément tout au long de l’album. On passe d’un village indigène à un volcan mystérieux puis on erre dans un temple de pierre aux mobiliers curieux. Chacune de ses étapes est savamment construite sur le plan graphique. On s’immerge parfaitement dans les pas de nos héros. On les retrouve d’ailleurs avec plaisir  tous autant qu’ils sont. Une nouvelle fois, le dessinateur arrive à générer chez ses personnages des expressions variées qui nous les rend attachants. Cela participe activement à la bonne humeur que dégage la lecture de cet album.

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En conclusion, « Le mystère de l’île étrange » est une nouvelle réussite. A chaque nouvel épisode, « De Cape et de crocs » confirme qu’elle est une des meilleures séries que le neuvième art ait connue ces dix dernières années. Le travail des auteurs est remarquable de précision et d’originalité. Les textes sont bons, le suspense est présent, il y a de l’action et de l’émotion. Bref, tous les ingrédients sont là et ils sont habilement cuisinés. Je ne peux que vous conseiller de partir à sa rencontre. De mon côté, je vais me plonger dans le tome suivant intitulé « Jean sans Lune ». Mais cela est une autre histoire…  

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 1998


« L’archipel du danger » est le troisième tome de la célèbre saga « De Cape et de Crocs ». Editée chez Delcourt, dans la collection « Terres de Légendes », cette série s’est close cette année avec la parution de son dixième opus. Cet événement m’a donné envie de me plonger une nouvelle fois dans cette grande aventure. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur un des premiers albums de l’histoire. Il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. Sa parution date de presque quinze ans. La couverture du bouquin nous présente les quatre héros à barre d’un navire. On y découvre notre un renard gentilhomme, un loup hidalgo, une ravissante gitane et un sympathique lapin. Tout un programme qu’il faut découvrir au plus vite en se plongeant dans notre lecture…

decapeetdecrocs3aLa quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Acte III. Où l’on verra nos héros voguer à bord du Hollandais Volant vers les îles Tangerines et leur trésor, s’emparer d’un navire pirate, délivrer une belle captive, essuyer une tempête, subir l’ire d’un monstre marin, faire naufrage, explorer une île étrange, assister à un exposé, participer à une expérience et affronter de féroces cannibales. »

Les deux premiers tomes sont de petits chefs d’œuvre. Le premier nous faisait découvrir les personnages et l’intrigue. On démarrait sur les chapeaux de roue. On était tout de suite conquis par la densité de l’histoire et par la dimension chevaleresque de ses héros. Par la suite, on se retrouver sur la mer sur de grands navires en quête d’un trésor. Cela permettait aux pirates d’apparaitre et de générer un nouveau centre d’intérêt dans une trame qui n’en manquait pas. « L’archipel du danger » utilise un autre aspect des grandes aventures classiques en faisant échouer les protagonistes sur une île déserte habitée par des cannibales. Cela offre une identité propre à cet album et permet à notre curiosité d’être une nouvelle fois alimentée.

Des trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante.

Une des forces du scénario est qu’il arrive à faire cohabiter un grand nombre de personnages tous en interaction bien que se trouvant parfois à des endroits très différents au même moment. Cela fait nombre beaucoup de trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante. Ayroles arrive à doser parfaitement la place laissée à chacune de ses intrigues. La dissociation géographique des protagonistes permet à chacun de trouver une place et un rôle. On se familiarise donc aisément avec chacun et aucun ne nous laisse indifférent. On est réellement l’impression d’être plongé dans une aventure à grande ampleur qui ne souffle d’aucun temps mort.

decapeetdecrocs3bEn plus de se montrer dense, le scénario est également plein de surprises. Même si trésor, île déserte, pirates ou jeune fille en détresse sont des thématiques classiques du récit d’aventure, cela n’empêche pas les auteurs de nous étonner régulièrement. Il va sans dire que je n’ai pas vous les révéler ici. En effet, le plaisir réside aussi en partie dans la découverte. Mais très souvent on est conquis par l’originalité qui accompagne notre lecture. L’aisance avec laquelle le scénariste joue avec ses ingrédients pour nous offrir un moment succulent est impressionnante. C’est d’autant plus agréable que les trois premiers opus sont d’une même qualité. Cela tend à confirmer que cette série est d’une qualité rare. Concernant les choses qui ne changent pas et qu’on apprécie, il faudrait parler des dialogues. Le travail sur les textes est impressionnant. Je n’ai pas souvenir d’avoir autant succombé aux charmes littéraires d’un album de bande dessinées.

Toutes ces bonnes idées et ces aventures sont mises en valeur par le trait du dessin de Jean-Luc Masbou. Il possède un style assez caractéristique qui correspond parfaitement à l’atmosphère qui se dégage de la série. Il offre des planches très dense tant au niveau des décors que des personnages. L’univers dans lequel on navigue est habilement construite sur le plan graphique. De plus, les différents personnages possèdent une réelle identité. De plus, le côté théâtrale des propose est bien mise en valeur par les postures prises par les protagonistes lors de leurs tirades ou au cours de leurs événements. Les couleurs sont relativement pastelles et participent à l’immersion dans cet univers assez unique.

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En conclusion, « L’archipel du danger » est une belle réussite. Chaque plongée dans l’aventure créée par Ayroles et Masbou est un grand moment de bonheur dont on apprécie chaque détail. La qualité constante dans leur travail fait qu’on peut appréhender avec appétit la lecture des tomes suivants à commencer par celle du quatrième opus intitulé « Le mystère de l’île étrange ». Mais cela est une autre histoire…

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Note : 17/20