Tom Thomson, esquisses d’un printemps


Titre : Tom Thomson, esquisses d’un printemps
Scénariste : Sandrine Revel
Dessinatrice : Sandrine Revel
Parution : Août 2019


Tom Thomson est un peintre canadien. Certainement l’un de ses peintres majeurs. Dans cet ouvrage, Sandrine Revel tient à raviver son souvenir. Pour ma part, je ne le connaissais pas, c’était l’occasion de le découvrir, lui et la vague d’artistes de l’époque. Cependant, ce n’est pas une simple biographie qui se présente ici. Les époques se mêlent pour mieux décrire le personnage et, surtout, sa fin mystérieuse. Mort trop jeune, mais comment ? Le tout est paru chez Dargaud pour plus de 170 pages.

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Blankets – Craig Thomson

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Titre : Blankets
Scénariste : Craig Thomson
Dessinateur : Craig Thomson
Parution : Mars 2004


Une fois lu « Habibi », j’avais bien envie de continuer de découvrir Craig Thomson. Après une incursion (dispensable) en carnet de voyage, je récupérais enfin « Blankets », proclamé chef d’œuvre par de nombreuses critiques. « Blankets » est un ouvrage autobiographique sur la jeunesse de l’auteur. On y trouve un peu de son enfance et beaucoup de son adolescence. Au centre de cet épais bouquin (pas loin de 600 pages quand même…), sa première relation amoureuse. Le tout est publié chez Casterman dans la collection écritures.

Blankets1Craig Thomson nous met tout de suite dans un certain misérabilisme. Enfant, il dort avec son petit frère et ils ont froid quand bien même. Quelques anecdotes se succèdent, montrant une éducation à la dure où mieux valait filer droit. Hélas, la plupart des pages traitant de l’enfance n’ont pas vraiment d’intérêt pour la suite. On pourrait bien sûr penser que cela forge le caractère de Craig, mais tout cela est quand même bien décousu. On rentre réellement dans le vif du sujet quand il rencontre son premier amour.

Peu d’empathie pour le personnage.

Les amourettes, quand on est a vécues, c’est très touchant. Mais ici, l’histoire entre Craig et Raina n’a pas beaucoup d’intérêt. Tout cela est très plat et manque cruellement de recul. Et pourtant il y aurait de quoi dire : Raina a pour frère et sœur deux enfants handicapés et adoptés. Il ne reste plus qu’à ajouter des parents en plein divorce pour parfaire le tout. Du coup, les pistes de développement se multiplient (on peut ajouter la religion qui saupoudre le tout en permanence) sans vraiment nous intéresser. Et au fur et à mesure de la lecture, on se fatigue un peu de tout ça. Le personnage de Craig est très passif, peureux et on n’a finalement que peu d’empathie pour lui.

Au niveau du dessin, j’aime le trait de Craig Thomson. Dessiné au pinceau, il a beaucoup de force. C’est vraiment le point fort du livre. Le noir et blanc permet de bien traiter la neige (le livre n’est-il pas sous-titré « manteau de neige » après tout ?) et convient au propos. Malgré tout, il n’y a pas l’incroyable force des planches de « Habibi ». Le sujet s’y prête moins, certes.

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Quelle déception que ce « Blankets ». C’est long, lent, peu passionnant et pas touchant pour un sou. On sent l’intention derrière de traiter de nombreux sujets « graves », mais c’est finalement une amourette banale à laquelle on a droit. Les thèmes annexes, survolés, auraient peut-être mérité plus d’attention et non pas quelques pages rapides entre deux coups de téléphone à sa chérie.

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Note : 10/20

Habibi – Craig Thomson

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Titre : Habibi
Scénariste : Craig Thomson
Dessinateur : Craig Thomson
Parution : Octobre 2011


Craig Thomson avait marqué les esprits avec la sortie de « Blankets », un récit autobiographique fleuve où il abordait entre autres son enfance et le fondamentalisme religieux. Changement d’ambiance ici avec « Habibi » sorti en 2011. C’est toujours aussi long (plus de 600 pages), mais c’est une fiction se passant dans un pays imaginaire tiré des mille et une nuits à une époque également indéterminée. Les références à la Bible laissent place au Coran. Le tout est publié chez Casterman dans la collection Écritures.

« Habibi » est l’histoire d’un petit noir, Habibi (aussi appelé Zam) et de Dodola, une jeune femme arabe. Cette dernière recueille Zam alors qu’il est encore un petit garçon. Elle-même n’est même pas encore vraiment une jeune fille, bien qu’elle ait été mariée. Elle est surtout une esclave en fuite. « Habibi » raconte donc leur destinées, sous forme d’une grande fable où le pire leur arrive mais où l’Amour finit toujours par triompher.

Deux personnages au lien unique.

Habibi3L’intérêt du livre est basé sur une relation très particulière qui unit les deux êtres. Dodola est à la fois une mère, une grande sœur, une amie… Puis, elle devient une source d’excitation pour Zam qui a bien du mal à supporter ses coupables pensées. La dureté de l’histoire (prostitution, viol, mutilation et j’en passe) donne de la force au propos, sur tout qu’il n’y a rien de vraiment gratuit dans la violence, tout sert l’histoire. Le tout s’englobe dans un milieu où le désert est roi et où l’eau vaut de l’or.

A côté de tout ça, Craig Thomson ajoute des passages sur le Coran, les carrés magiques, l’écriture arabe… Ces passages servent à faire des parallèles entre l’histoire des protagonistes et les légendes du Coran et de l’Ancien Testament. Cela donne un aspect onirique à l’ouvrage, mais pour ma part cela m’a profondément gêné. Cela coupe régulièrement la lecture et la narration et on finit par les lire en diagonales pour revenir à l’histoire. L’auteur veut montrer qu’il connaît la culture musulmane visiblement, mais à vouloir être érudit, on en devient pompeux. Surtout que ces pages sont des prétextes à une surenchère graphique (souvent magnifique) qui ne sert guère la narration. Et comme on est devant un pavé de plusieurs centaines de pages, on aurait apprécié quelques coupes.

Concernant le graphisme, c’est simplement splendide. Le trait au pinceau est une merveille et la narration est maîtrisée au plus haut point. Certaines planches sont classiques, d’autres beaucoup plus dynamique. Craig Thomson a l’intelligence de ne pas surcharger en permanence mais avec parcimonie, rendant les passages les plus forts d’autant plus impressionnants. Une vraie révélation graphique, dans un noir et blanc des plus remarquables.

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« Habibi » est clairement un ouvrage à lire. Puissant par son texte, doté de personnages attachants aux liens si particuliers et parfaitement maîtrisé graphiquement, il vous captivera à coup sûr. Il est dommage que les passages oniriques et les nombreuses digressions n’alourdissent l’ensemble déjà bien fourni en pagination.

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Note : 16/20