Titre : Merry Men, Souvenirs d’une jeune Ă©cossaise
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Août 2022
Chanouga mâavait fascinĂ© avec sa premiĂšre bande-dessinĂ©e « De Profundis ». Onirique, fantastique, avec un dessin proche de lâillustration, jâavais Ă©tĂ© conquis. Sa sĂ©rie en trois tomes sur « Narcisse » mâavait laissĂ©e plus dubitatif, malgrĂ© des qualitĂ©s graphiques Ă©videntes. Je suis tombĂ© par hasard sur son dernier ouvrage en date, intitulĂ© « Merry Men », une petite centaine de pages publiĂ©es chez Paquet.
Un ouvrage qui hésite entre deux approches
Lâouvrage est sous-titrĂ© « Souvenirs dâune jeunesse écossaise ». Puis la mention « Librement inspirĂ© de The Merry Men de Robert Louis Stevenson ». Câest donc de lâauteur de « LâĂle au trĂ©sor » dont il est question ici. Chanouga sâessaye de nouveau Ă la biographie, ce qui ne lui avait pas tant rĂ©ussi que cela pour « Narcisse » oĂč la narration Ă©tait un peu bancale.
Lâauteur sâintĂ©resse avant tout Ă la jeunesse du romancier, alors quâil veut se lancer dans la littĂ©rature, mais que son pĂšre souhaite quâil poursuive lâentreprise familiale. Cette derniĂšre construit des phares. Nous allons donc suivre Stevenson alors quâil est envoyĂ© sur une Ăźle perdue oĂč un phare est en construction sur un rocher balayĂ© par les vents. Nul doute que cette expĂ©rience nourrira ses ĆuvresâŠ
Cela aurait pu ĂȘtre intĂ©ressant, mais Chanouga dĂ©cide de faire un pas de cĂŽtĂ© en intĂ©grant un texte de Stevenson (le fameux « The Merry Men » du titre) Ă lâhistoire. Pourquoi pas ? HĂ©las, ce nâest pas maĂźtrisĂ© du tout et ce texte se voit ajoutĂ© comme un rĂȘve de lâauteur. Une fois lâhistoire terminĂ©e, il se rĂ©veille et on repart dans la biographie⊠Cette derniĂšre manque aussi dâallant. On nous parle du phare comme un Enfer. Stevenson y va et⊠câest tout.
Au niveau du dessin, jâaime toujours le trait de Chanouga. Difficile de mettre le doigt sur ce qui ne va pas, mais je le trouve quand bien mĂȘme affaibli. Le cĂŽtĂ© rĂ©aliste lui convient moins. Et sâil reste fidĂšle Ă ses couleurs (ce vert turquoise et lâorange), cela devient un frein au bout dâun moment. Bref, câest plutĂŽt joli, mais on est loin du choc de « De Profundis » ou de certaines planches inventives de « Narcisse ».
Chanouga poursuit ses obsessions sur la mer et les phares. Reste que ses biographies manquent de maĂźtrise dans leur construction. On peine Ă sâintĂ©resser au jeune Stevenson et lâintĂ©gration des Merry Men en plein milieu nâarrange rien.  Il aurait sans doute fallu quâil produise une adaptation comme a su le faire Riff Rebâs pour Jack London avec succĂšs. Dommage.