Titre : Aâma, T1 : L’odeur de la poussière chaude
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2011
Lorsque le premier tome d’ « Aâma » est sorti, je me rappelle avoir été marqué par sa couverture montrant trois personnages, dont une sorte de singe fumant un cigare… Les critiques de l’époque étant on ne peut plus élogieuse sur l’ouvrage, je m’étais empressé de me le procurer. Le tout est scénarisé et dessiné par Frederik Peeters et est publié chez Gallimard. Ce premier tome, intitulé « L’odeur de la poussière chaude », pèse plus de 80 pages. C’est de science-fiction dont il va être question ici.
Velroc se réveille sur une planète aride. A côté de lui, un singe dont la peau des jambes est nue. Et Velroc a perdu la mémoire. Il va alors relire son calepin où il note ce qui lui est arrivé. Tout commence au niveau 1, lieu de perdition des êtres humains. Velroc abuse des drogues et gît dans une flaque après s’être visiblement battu. Et voilà que son frère lui tombe dessus. Son frère qui, lui, a réussi, et qu’il n’a plus vu depuis 10 ans. Ce dernier va alors lui proposer de l’accompagner dans une mission à l’autre bout de la galaxie qui, évidemment, va mal tourner.
Laisser le lecteur comprendre les mécanismes de l’univers.
La science-fiction est un genre difficile. Beaucoup de choses ont déjà été faites et, souvent, les auteurs sont un peu trop didactiques pour montrer la richesse de leur monde. Ici, Frederik Peeters reste en surface et laisse le lecteur comprendre les mécanismes de son univers. L’histoire avance et on découvre peu à peu comment est régie la société. La subtilité de l’entreprise est belle à voir. Surtout que dès que l’on part pour la planète, Velroc fait office de naïf et on découvre avec lui les événements.
Au-delà de la science fiction pure, c’est avant tout les relations humaines qui sont au centre de cet ouvrage. Frederik Peeters utilise son univers pour servir une histoire et des personnages et non pas l’inverse. Et c’est tout ce qui fait la force de l’ouvrage. Le scénario est dense et n’hésite pas à digresser pour présenter les faces d’ombre de Velroc. En cela, ce premier tome est une grande réussite. Il parvient à présenter profondément les personnages, un univers, mais aussi à avancer déjà beaucoup dans l’aventure. En comparaison, je trouve qu’on est au niveau du « Cycle de Cyann », pour comparer avec une série de science-fiction du même type.
Le dessin de Peeters apporte une touche supplémentaire à son scénario. Le découpage est intelligent, le dessin marquant et le trait au pinceau très élégant. Les personnages sont très reconnaissables et expressifs. Une mention particulière est accordée au robot simiesque Churchill. Les décors vont du désert à la ville tentaculaire, montrant la maîtrise pleine de l’auteur. Bref, j’ai été conquis par ce dessin qui sert parfaitement la narration et l’univers.
Ce premier tome d’« Aâma » est une grande réussite. Contrairement à beaucoup d’ouvrages, l’histoire a déjà bien avancé et le lecteur peut être confiant pour la suite. La densité du scénario, la complexité des personnages et le dessin de haut niveau font que l’on peut espérer voir émerger l’une des meilleures séries de science-fiction de ces dernières années.
Note : 18/20