Aâma, T4 : Tu seras merveilleuse, ma fille

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Titre : Aâma, T4 : Tu seras merveilleuse, ma fille
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2014


Aâma est l’une des séries de science-fiction les plus excitantes de ces dernières années. Scénarisée et dessinée par Frederik Peeters, elles mettent en scène un paumé, Verloc  Nim, qui part sur une planète déserte avec son frère. Sur cette planète, une expérience ultra-secrète a lieu. « Tu seras merveilleuse, ma fille » est le quatrième et dernier tome qui vient clore la série. Il est édité chez Gallimard et pèse une centaine de pages.

Si les deux premiers tomes se concentraient sur une SF classique, où les personnages découvraient le résultat d’une expérience qui dégénérait, le troisième opus prenait un virage onirique. Après avoir placé des fondements travaillés et cohérents, Frederik Peeters avait fait des choix scénaristiques discutables, abandonnant le réalisme au profit des questionnements métaphysiques. Ce quatrième tome continue dans cette voie.

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Verloc Nim fusionne avec l’Aâma. Curieusement, il la contient suffisamment. Il devient une sorte de super être omniscient dont le seul but est de fusionner avec sa fille. Sans trop d’explication, Verloc Nim devient donc un être capable d’à peu près tout. Il bondit de partout, voit tout, entend tout… J’ai bien du mal à accrocher à ce genre de postulats un peu faciles. Quant aux réflexions psychologiques, elles sont déjà-vus depuis longtemps.

Un virage radical pour la fin de la série.

Ce terreau permet en revanche à Frederik Peeters de faire exploser sa maestria graphique. Quelques doubles pages viennent sublimer le livre et son trait reste toujours aussi puissant. Les scènes de combat et de vol, très (trop ?) nombreuses, montrent combien l’auteur maîtrise son dessin, le mouvement et le découpage.

L’ouvrage se concentrant uniquement sur Verloc Nim, il perd ainsi toute la puissance psychologique que la série avait, faisant vivre des personnages originaux et très bien travaillés. L’aspect psychologique se cantonne donc à des généralités, bien loin de ce à quoi on avait l’habitude dans la série.

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Ce quatrième tome de « Aâma » est une vraie déception. L’auteur a pris un virage radical au troisième tome qu’il confirme ici. Si certains seront certainement conquis par ce livre, d’autres resteront clairement sur le bord du chemin, profitant des planches magnifiques de l’auteur sans vraiment y trouver un sens. Quel dommage ! 

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Aâma, T3 : Le désert des miroirs – Frédérik Peeters

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Titre : Aâma, T3 : Le désert des miroirs
Scénariste : Frédérik Peeters
Dessinateur : Frédérik Peeters
Parution : Octobre 2013


A sa sortie, « Aâma » s’est imposé comme une excellente série de science-fiction. Après un premier tome très réussi, Frédérik Peeters avait su confirmer l’essai avec brio. Si bien que c’est plein de confiance que j’ai commencé la lecture de ce troisième tome intitulé « Le désert des miroirs ». On nous avait laissé en plein suspense et c’est avec hâte que je lisais le bouquin. Ce dernier est toujours publié chez Gallimard pour un total de 86 pages.

aama3cLes hommes ont créé, avec l’aâma, de la vie sur une planète qui n’en possédait pas. Chargés de retrouver cet aâma, le groupe se retrouve attaqué par ces nouvelles formes de vie. Nous reprenons donc l’histoire en plein combat. Après une dizaine de pages, le groupe reprend son chemin, amenuisé.

Le tome deux faisait montait la tension au fur et à mesure des pages. Ce n’est pas vraiment le cas ici, bien au contraire. Après un début plein d’action, le tout se pose fortement avant de partir dans l’onirisme. Le genre d’histoire où chacun fait des rêves qui lui apportent des réponses, voire lui permet de connaître l’avenir. J’ai pour ma part complètement décroché devant ce que je considère comme une facilité scénaristique. Alors que la série était construite sur une base cohérente, elle part ici dans quelque chose de bien moins intéressant. Ainsi, le repas entre Verloc et son frère est un prétexte à flashbacks et explications sur leur enfance…

Moins de clarté dans la narration.

De même certaines ellipses et explications aama3amanquent un peu de clarté. Le passage vers certains lieux est souvent flou. C’est dommage car c’était un des points forts de la série de faire évoluer le paysage et les endroits de façon cohérente et crédible. On a l’impression que l’auteur s’embarrasse moins des détails.

La série garde bien sûr certaines de ses qualités. Les personnages continuent à osciller toujours entre sympathie et antipathie. Leur humanité est assez exceptionnelle. Aucun n’est parfait, ni même vraiment bon et chacun suit sa propre voie. La psychologie des personnages est d’autant plus le cœur de la série dans cet album.

Le dessin de Frédérik Peeters est toujours de haute volée. Aussi bien à l’aise dans la création de mondes fantasmés que dans l’action ou l’émotion, il frappe une nouvelle fois fort. Et que dire de son découpage dynamique, inventif et d’une efficacité qui n’est plus à prouver.

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J’ai été profondément déçu par ce tome. Doté d’une narration moins claire et d’un onirisme auquel je n’ai pas adhéré, j’ai eu bien plus de mal à entrer dans l’histoire et à me sentir pris par les événements. Clairement, ce tome est un pivot qui ravira les uns et déplaira aux autres. A vous de voir où vous vous situez !

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Note : 12/20

Aâma, T2 : La multitude invisible – Frederik Peeters

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Titre : Aâma, T2 : La multitude invisible
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2012


Frederik Peeters avait frappé un grand coup avec le premier tome d’ « Aâma ». Il avait accouché d’un récit de science-fiction dense et original, basé sur des personnages intéressants et charismatiques. Ce deuxième tome, intitulé « La multitude des choses », transformera-t-il l’essai ? Toujours édité aux éditions Gallimard, cette suite compte une nouvelle fois un peu plus de 80 pages.

Nous retrouvons donc Velroc et son frère Conrad sur la planète Ona(ji) en recherche de la substance aâma et de celle qui l’a volée afin de l’utiliser en grandeur nature. La planète se recouvre alors de nouvelles formes de vie. Et plus le groupe se rapproche de l’épicentre, plus cette vie est complexe, dense et donc dangereuse.

aama2aC’est un passionnant voyage que nous propose Frederik Peeters. Dans ce tome encore, l’histoire est avant tout basée sur les relations entre les personnages. Tout démarre d’ailleurs là-dessus. Des histoires de coucheries qui mettent le groupe en péril alors qu’il y a bien plus grave à s’occuper… Ainsi est « Aâma ». La science-fiction et l’univers créé par l’auteur servent avant tout une épopée humaine. Seul personnage un peu différent, Churchill irradie de son charisme les pages de l’ouvrage. Ce singe/robot est particulièrement réussi. A la fois surpuissant et terriblement humain. Le seul être raisonnable du groupe ?

aama2bCe deuxième tome est également l’occasion de mieux connaître Volric. Ce dernier narre son histoire et les flashbacks permettent de mieux comprendre les problèmes qu’il a avec sa fille. Cet aspect est particulièrement réussi. J’ai été très touché par son histoire qui, si elle se passe dans un univers futuriste, est pourtant terriblement d’actualité. Ces flashbacks permettent également de varier les ambiances, passant de la planète sauvage à la métropole pullulant.

Une montée en tension tout au long de l’ouvrage.

La force de cet album tient également dans la montée en tension tout au long de l’ouvrage. Commençant par un simple voyage détendu où Velroc raconte sa vie à Myo, le stress et le danger d’installe petit à petit jusqu’à l’apothéose de fin. Et pourtant, difficile de savoir où va vraiment nous mener cet ouvrage. Tel Velroc, on est parachuté dans une aventure sans vraiment en comprendre les tenants et les aboutissants. En cela, la narration est exemplaire.

Le dessin au pinceau de Frederik Peeters est un vrai plaisir. Les personnages sont bien identifiés et expressifs. Il passe sans peine des métropoles urbaines au paysage désertique de la planète Ona(ji). Les scènes d’action sont bien rendues. Une mention spéciale est à accorder aux couleurs. Bien que faites d’aplats très simples (mettant du coup en valeur le trait de Peeters), elles participent grandement à l’ambiance. Ainsi, les tons jaune/orangé de la planète s’enrichissent de nouvelles teintes au fur et à mesure que la végétation apparaît. Cette dernière est d’ailleurs très réussie et possède une cohérence tout au long de l’ouvrage, même si l’auteur semble avoir pris un certain plaisir à représenter une nature vulvaire et phallique…

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Au final, ce deuxième tome confirme tous les espoirs placés dans cette série. Doté d’un univers réussi, de personnages marquants et d’un graphisme maîtrisé, « Aâma » devrait s’imposer comme une série de science-fiction majeure si elle continue avec un tel niveau de qualité. Mais après un deuxième tome aussi réussi, on ne peut être que confiant.

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Note : 18/20

Aâma, T1 : L’odeur de la poussière chaude – Frederik Peeters

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Titre : Aâma, T1 : L’odeur de la poussière chaude
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2011


Lorsque le premier tome d’ « Aâma » est sorti, je me rappelle avoir été marqué par sa couverture montrant trois personnages, dont une sorte de singe fumant un cigare… Les critiques de l’époque étant on ne peut plus élogieuse sur l’ouvrage, je m’étais empressé de me le procurer. Le tout est scénarisé et dessiné par Frederik Peeters et est publié chez Gallimard. Ce premier tome, intitulé « L’odeur de la poussière chaude », pèse plus de 80 pages. C’est de science-fiction dont il va être question ici.

aama1cVelroc se réveille sur une planète aride. A côté de lui, un singe dont la peau des jambes est nue. Et Velroc a perdu la mémoire. Il va alors relire son calepin où il note ce qui lui est arrivé. Tout commence au niveau 1, lieu de perdition des êtres humains. Velroc abuse des drogues et gît dans une flaque après s’être visiblement battu. Et voilà que son frère lui tombe dessus. Son frère qui, lui, a réussi, et qu’il n’a plus vu depuis 10 ans. Ce dernier va alors lui proposer de l’accompagner dans une mission à l’autre bout de la galaxie qui, évidemment, va mal tourner.

Laisser le lecteur comprendre les mécanismes de l’univers.

La science-fiction est un genre difficile. Beaucoup de choses ont déjà été faites et, souvent, les auteurs sont un peu trop didactiques pour montrer la richesse de leur monde. Ici, Frederik Peeters reste en surface et laisse le lecteur comprendre les mécanismes de son univers. L’histoire avance et on découvre peu à peu comment est régie la société. La subtilité de l’entreprise est belle à voir. Surtout que dès que l’on part pour la planète, Velroc fait office de naïf et on découvre avec lui les événements.

aama1aAu-delà de la science fiction pure, c’est avant tout les relations humaines qui sont au centre de cet ouvrage. Frederik Peeters utilise son univers pour servir une histoire et des personnages et non pas l’inverse. Et c’est tout ce qui fait la force de l’ouvrage. Le scénario est dense et n’hésite pas à digresser pour présenter les faces d’ombre de Velroc. En cela, ce premier tome est une grande réussite. Il parvient à présenter profondément les personnages, un univers, mais aussi à avancer déjà beaucoup dans l’aventure. En comparaison, je trouve qu’on est au niveau du « Cycle de Cyann », pour comparer avec une série de science-fiction du même type.

Le dessin de Peeters apporte une touche supplémentaire à son scénario. Le découpage est intelligent, le dessin marquant et le trait au pinceau très élégant. Les personnages sont très reconnaissables et expressifs. Une mention particulière est accordée au robot simiesque Churchill. Les décors vont du désert à la ville tentaculaire, montrant la maîtrise pleine de l’auteur. Bref, j’ai été conquis par ce dessin qui sert parfaitement la narration et l’univers.

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Ce premier tome d’« Aâma » est une grande réussite. Contrairement à beaucoup d’ouvrages, l’histoire a déjà bien avancé et le lecteur peut être confiant pour la suite. La densité du scénario, la complexité des personnages et le dessin de haut niveau font que l’on peut espérer voir émerger l’une des meilleures séries de science-fiction de ces dernières années. 

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Note : 18/20