Titre : Z comme Don Diego
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Octobre 2012
Zorro est le hĂ©ros de mon enfance. Je me rappelle des bons moments passĂ©s avec mes parents Ă regarder les aventures du cĂ©lĂšbre justicier masquĂ©. Jâavais donc jaugĂ© avec curiositĂ© lâapparition du premier tome dâune nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Z comme don Diego ». La dĂ©couverte sâĂ©tait avĂ©rĂ©e drĂŽle et sympathique. Câest donc en confiance que je me suis offert lâopus suivant paru au mois dâoctobre. Il sâintitule « La loi du marchĂ© » et nous prĂ©sente un Zorro bardĂ© de sponsors tel un pilote de Formule 1. Son pĂšre, le sergent Garcia, la señorita Sexoualidad ou encore Bernardo lâaccompagnent au second plan.
Au-delĂ de la prĂ©sence du cĂ©lĂšbre Zorro, cet ouvrage possĂ©dait un autre atout Ă©vident lors de notre premiĂšre rencontre. Cet aspect Ă©tait la prĂ©sence de Fabcaro sur la couverture. Jâai dĂ©couvert ce scĂ©nariste par « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » et « Steve Lumour ». Il faisait ici Ă©tat de son talent Ă tourner en dĂ©rision des personnages de « loser ». Il Ă©tait donc curieux de voir exploiter le mythe de Zorro dans cet esprit-lĂ . Le premier Ă©pisode avait rĂ©pondu aux attentes, jâen espĂ©rais autant du second.
Un Don Diego opposĂ© au hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente.
On retrouvait donc avec plaisir ce Don Diego maladroit et Ă lâopposĂ© du charismatique hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel quâil reprĂ©sente. On a du mal lâimaginer sauver qui que ce soit tant il a dĂ©jĂ du mal Ă garder son identitĂ© secrĂšte. Nombre sont les gags Ă se construire sur cette dimension-lĂ . Le justicier pourrait ĂȘtre dĂ©masquĂ© des dizaines de fois. Mais ce cher sergent Garcia ne vaut pas mieux que lui. On rit avec bon cĆur de la bĂȘtise de tout ce beau monde. Il va sans dire que Don Diego ne se rĂ©vĂšle dans ses tentatives de sĂ©duction. Son amour et sa bonne volontĂ© ne sont pas reconnus par la señorita Sexoualidad qui pourtant ne brille ni par ses charmes ni par sa classe. Les auteurs arrivent Ă offrir de nombreux gags sur ce thĂšme sans pour autant se rĂ©pĂ©ter.
Afin dâĂ©viter le cĂŽtĂ© routinier de ce type de sĂ©rie, Fabcaro dĂ©cide dâintĂ©grer un nouveau personnage qui apparaĂźt anachronique avec lâunivers de Zorro. Il sâagit de Wolverino. La parentĂ© de ce dernier avec le hĂ©ros des X-Men est Ă©vidente. Apparait donc un combat digne des geeks : Zorro contre Wolverino. Rapidement, le choc apparait dĂ©sĂ©quilibrĂ© tant la maladresse de Don Diego est battue Ă plate couture par lâefficacitĂ© de son concurrent aux lames acĂ©rĂ©es. On dĂ©couvre donc le hĂ©ros chercher un emploi plus classique tant sa dimension de justicier a pris du plomb dans lâaile. Cet aspect gĂ©nĂšre une nouvelle corde lâarc du scĂ©nariste et gĂ©nĂšre ainsi dâautres gags qui pour la plupart nous ravissent. Lâalbum nous prĂ©sente environ quatre-vingts strips dont la grande majoritĂ© fait mouche. On sourit souvent, on rigole de temps Ă autre. Bref, cet album est un condensĂ© de bonne humeur qui chatouille sans effort nos zygomatiques.
Les dessins de Fabrice Erre collent parfaitement Ă lâesprit dĂ©lurĂ© du propos. Les traits tout en rondeur se prĂȘtent au cĂŽtĂ© « cartoon » des situations. Les expressions graphiques des personnages sont caricaturales et excessives et participent ainsi au plaisir de la lecture. Les pages dĂ©gagent une bonne humeur Ă©vidente. On apprĂ©cie de suivre les courses effrĂ©nĂ©es du justicier dans ce village du Nouveau Mexique. Les dĂ©cors sont suffisamment travaillĂ©s pour que le dĂ©paysement soit rĂ©ussi.
En conclusion, « La loi du marchĂ© » est un ouvrage des plus honnĂȘtes. Rares sont les albums humoristiques Ă sâapproprier de maniĂšre aussi rĂ©ussie un univers existant. Rien nâest bĂąclĂ©. Les auteurs montrent une affection certaine pour Zorro et lui rendent un bel hommage en le parodiant ainsi. Les rumeurs laissent entendre que cette sĂ©rie ne connaitra pas de troisiĂšme opus par la faute de nombre de ventes dĂ©cevant. Jâen suis triste. Mais cela ne mâempĂȘche dâespĂ©rer que ce cher don Diego aura dâautres occasions de nous faire rire. Mais cela est une autre histoireâŠÂ