Titre : Slhoka, T8 : L’Ă©pingle des Ă©phĂ©mĂšres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2014
« Slhoka » est une sĂ©rie qui, de mon point de vue, se dĂ©tĂ©riore depuis que les auteurs ont dĂ©cidĂ© de lui offrir un second cycle. La premiĂšre tĂ©tralogie Ă©tait rythmĂ©e et divertissante. Elle ne rĂ©volutionnait pas le genre « space fantasy » mais offrait un moment agrĂ©able de lecture. Le scĂ©nariste Ulrig Godderidge et le dessinateur Ceyles ont dĂ©cidĂ© de poursuivre les aventures de ce hĂ©ros au puissant pouvoir. « LâEpingle des EphĂ©mĂšres » est le huitiĂšme acte de la saga et sâinscrit dans cette suite se dĂ©roulant dix ans aprĂšs lâhistoire initiale. Je dois vous avouer que les trois tomes prĂ©cĂ©dents mâont Ă©normĂ©ment déçu. NĂ©anmoins, je suis un lecteur fidĂšle et ai du mal Ă renier une sĂ©rie que jâai entamĂ©e. Ainsi, je suis parti Ă la dĂ©couverte de cette nouvelle aventure avec quelques apprĂ©hensions teintĂ©es dâun lĂ©ger espoir dâamĂ©liorationâŠ
LâĂ©pisode prĂ©cĂ©dent avait laissĂ© Slhoka prisonnier du JĂ€ipurna, dimension parallĂšle habitĂ©e par les Dieux. Son retour dans la rĂ©alitĂ© sâavĂšre complexe. Le rĂ©sultat est que Shani a envahi et son enveloppe corporelle et que MâMa Bay abrite son esprit tout en essayant de la dominer. La situation est claire et explicitĂ©e dĂšs les premiĂšres pages. Les enjeux sont simples. Il faut mettre la main sur Shani tout en empĂȘchant lâĂąme de MâMa Bay de dominer celle du hĂ©ros.
Pour les adeptes de vaudou et d’esprit possĂ©dĂ©…
Le souci rencontrĂ© au cours de la lecture est que la situation finale ressemble comme deux gouttes dâeau Ă la situation initiale. La diffĂ©rence est que lâesprit nâhabite plus une vieille dame aux pouvoirs intrigants mais une jolie jeune femme Ă lâambition dĂ©vorante. Sorti de cela, il ne se passe rien ! Quarante-six pages pour si peu ! La trame a le droit de faire une pause mais dans ce cas, il faut compenser avec autre chose. Cela peut-ĂȘtre de lâaction, de lâhumour ou de lâĂ©motion⊠Il nây a rien de tout cela. On se contente de suivre un petit groupe dĂ©ambuler dans ce qui ressemble Ă un bayou de Louisiane⊠Les seuls Ă©vĂ©nements qui agrĂ©mentent leurs pĂ©rĂ©grinations sont des crises existentielles et rĂ©pĂ©titives de deux esprits cohabitant dans un mĂȘme corps.
Je regrette quâune nouvelle fois SvendaĂŻ et Kraa soient absents de lâhistoire. La premiĂšre est une jeune femme avec une forte personnalitĂ© dont la relation avec Slhoka est centrale dans lâunivers de la saga. Le second est un soldat efficace au caractĂšre bourru qui participe activement Ă la fibre humoristique de lâensemble. Leurs mises en hibernation est une raison de la baisse de qualitĂ© de la sĂ©rie. De mon point de vue, les pĂ©ripĂ©ties des deux derniers tomes auraient pu aisĂ©ment tenir dans un seul opus sans ĂȘtre particuliĂšrement dense. Les auteurs diluent leur intrigue. Est-ce pour faire durer le plaisir ou parce quâils ne savent pas oĂč ils vont ? Dans les cas, cela donne un rĂ©sultat narratif particuliĂšrement faible.
Sur le plan graphique, il nây a rien de rĂ©volutionnaire Ă signaler. Je nâai pas Ă©tĂ© un grand fan du changement de dessinateur opĂ©rĂ© aprĂšs le troisiĂšme acte. Depuis, je ne peux pas dire que le style de Ceyles mâait conquis. Je trouve que son style manque de personnalitĂ© et que les dĂ©cors sont dĂ©nuĂ©s dâatmosphĂšres. Je nâai ressenti ni dĂ©paysement ni oppression ni angoisse. Pourtant le dĂ©roulement du scĂ©nario laissait de la place Ă une ambiance dense et prenante. Mais lâoccasion nâa pas Ă©tĂ© saisie et câest regrettable. NĂ©anmoins, il Ă©tait difficile de sublimer une trame manquant autant dâaspĂ©ritĂ©s.
Vous lâaurez compris, « LâEpingle des EphĂ©mĂšres » ne mâa pas enthousiasmĂ©. Cet opus confirme la dĂ©liquescence de « Slhoka ». Je trouve triste quâune aventure initialement sympathique et divertissante traine autant en longueur quâelle en devient horripilante et frustrante. Je doute fortement que la chute en cours puisse ĂȘtre suivie dâune remontĂ©e fut elle lĂ©gĂšre⊠Mais qui sait ? Lâespoir fait vivreâŠ
Note : 4/20