Slhoka, T6 : Les mĂ©andres – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T6 : Les méandres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Août 2012


« Les mĂ©andres » est le sixiĂšme tome de « Slhoka ». Il est apparu dans les librairies au mois d’aoĂ»t dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Soleil, il prolonge le second cycle de la saga nĂ© dans l’opus prĂ©cĂ©dent. Je suis les aventures du hĂ©ros Ă©ponyme depuis ses premiĂšres aventures datant d’un petit peu plus de dix ans. Je trouve ses pĂ©rĂ©grinations sympathiques. Elles se dĂ©roulent au croisement de la fantasy et de la science-fiction. Le scĂ©nariste de cette sĂ©rie est Ulrig Godderidge. Je ne connais son travail qu’à travers cette histoire-lĂ . Au cours des trois premiers actes, les dessins sont l’Ɠuvre d’Adrien Floch. Depuis le dĂ©part de ce dernier vers « Les naufragĂ©s d’Ythaq », les illustrations sont l’Ɠuvre de Ceyles. La rupture graphique a Ă©tĂ© rude et m’a Ă©tĂ© difficile. NĂ©anmoins, mis devant le fait accompli, il a fallu s’y faire et prendre de nouvelles habitudes.

L’album prĂ©cĂ©dent se dĂ©roulait dix ans aprĂšs le dĂ©nouement du prĂ©cĂ©dent. Slhoka, grĂące Ă  ses pouvoirs, avait sauvĂ© le monde et avait vu parallĂšlement sa vie tomber dans le dĂ©sespoir et l’alcool. C’est globalement cet Ă©tat de fait que nous prĂ©sentait le cinquiĂšme Ă©pisode. On voyait la fine Ă©quipe se reformer bon grĂ© mal grĂ©. Le synopsis proposĂ© sur la quatriĂšme de couverture de « Les mĂ©andres » prĂ©sente la situation avec les mots suivants : « La ZeĂŻde a Ă©vitĂ© le pire grĂące au pouvoir de Slhoka. Mais une question reste sans rĂ©ponse : qui se cache derriĂšre les indestructibles rhoukes et les chimĂšres volantes ? C’est la nouvelle mission de Slhoka et ses compagnons d’armes, envoyĂ©s en reconnaissance dans la capitale rhouke. Avec l’aide de la Ghuilde des Marchandises. Mais Slhoka n’est pas au bout de ses peines car ShanĂŻ, qui habite son corps, semble n’en faire qu’à sa tĂȘte. »

Une intrigue sans grand intĂ©rĂȘt.

Le scĂ©nariste ne perd pas de temps Ă  nous exposer les prĂ©requis nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension complĂšte des tenants et des aboutissants de l’intrigue. Ayant lu une nouvelle fois l’intĂ©gralitĂ© des tomes de la sĂ©rie avant de me plonger dans « Les mĂ©andres », je n’ai pas souffert de choix. Je ne peux que vous conseiller de faire de mĂȘme au risque d’ĂȘtre perdu au beau milieu d’un sac de nƓuds qui ne brille dĂ©jĂ  pas par son cadre rigoureux. On reprend l’histoire oĂč elle nous avait laissĂ©. Il n’y a pas de rupture narrative. J’ai pris plaisir Ă  retrouver ces personnages familiers rĂ©unis Ă  nouveau. La maladresse et le pouvoir de Slhoka, le caractĂšre et les qualitĂ©s guerriĂšres de la charmante SvendaĂŻ, la rudesse et la force du Kraal Ă©taient donc de retour. La rĂ©ussite de ce type d’histoire rĂ©side en partie dans la qualitĂ© de son casting. Ces groupes hĂ©tĂ©rogĂšnes doivent donner lieu Ă  des moments drĂŽles et touchants qui permettent Ă  la trame de se montrer plus Ă©paisse et rythmĂ©e. Le plaisir de ce genre de lecture rĂ©side avant tout dans l’empathie ressentie pour les protagonistes plus que tout autre chose.

NĂ©anmoins, le listing des participants ne suffit pas Ă  garantir la rĂ©ussite d’un album. « Les mĂ©andres » en est la preuve mais, hĂ©las, nĂ©gativement. L’intrigue y est sans grand intĂ©rĂȘt. On ne fait que suivre les diffĂ©rentes crises de colĂšre du hĂ©ros. Toutes les quatre pages, il s’énerve et exploite donc son pouvoir destructeur. C’est rĂ©pĂ©titif et donc assez vite lassant. On a l’impression que l’histoire n’en aurait pas Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©e en divisant le nombre de pages par deux. Aucune information n’aurait Ă©tĂ© Ă©garĂ©e. Par contre, notre attrait n’aurait peut-ĂȘtre disparu. De plus, les personnages principaux sont rapidement sĂ©parĂ©s. La place de SvendaĂŻ et du Kraal devient trĂšs secondaire et cela m’a déçu. Ils sont bien moins fades que Slhoka. Construire tout l’épisode autour de ce dernier fait que l’humour disparait totalement de la lecture. Cela fait qu’on se concentre davantage sur le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements. Ce dernier s’avĂšre confus et sans grand intĂ©rĂȘt. Tout ne tourne pas en rond mais avance bien lentement. Le sentiment de dilution toujours dĂ©sagrĂ©able commence Ă  naitre. C’est dommage.

J’évoquais en introduction la rupture graphique nĂ©e du changement de dessinateur Ă  partir du quatriĂšme tome. Je vous avoue que je prĂ©fĂ©rai le travail de Floch. Ce n’est pas nĂ©cessairement une question de qualitĂ© pure mais de style. Je ne maitrise pas le vocabulaire spĂ©cifique du dessin et aurai du mal Ă  argumenter mon opinion. Je trouve que les personnages apparaissent moins travaillĂ©s. Ils sont moins attachants graphiquement. De plus, ils apparaissent tout le temps dans l’excĂšs sans forcĂ©ment que l’histoire ne le justifie tout le temps. Dans la mĂȘme logique, je trouve que le travail sur les couleurs est trop simple et souffre de la comparaison avec la qualitĂ© des sĂ©ries du mĂȘme genre. Il est possible que d’autres lecteurs soient sĂ©duits par les illustrations de Ceyles. Je me contenterai de dire que son trait et moi ne nous sommes pas trouvĂ©s.

Pour conclure et ma critique ne s’en cache pas, je suis sorti déçu de ma lecture. « Les mĂ©andres » a tendance Ă  donner corps Ă  l’idĂ©e comme quoi ce second cycle est de trop. La graine de ce sentiment avait Ă©tĂ© plantĂ©e dans le tome prĂ©cĂ©dent. Ma dĂ©couverte de ce dernier opus a tendance Ă  l’arroser de maniĂšre soutenue. J’ai du mal Ă  voir comment Godderidge veut prolonger les aventures de son hĂ©ros. Mais mon affection pour les premiĂšres aventures de Slhoka me fait croire que le prochain Ă©pisode sera meilleur. Mais l’espoir ne sera pas Ă©ternel
 

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Note : 8/20

Slhoka, T5 : L’Eveil – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T5 : L’Eveil
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2011


« Slhoka » est une sĂ©rie que je suis depuis la parution de son tome initial. Sans ĂȘtre un chef d’Ɠuvre du genre, il s’agit d’une saga qui se lit avec plaisir mĂȘlant magie, dĂ©cors futuristes et quĂȘte plus classique. L’opus prĂ©cĂ©dent marquait la fin d’un cycle dans l’histoire. Il est composĂ© de quatre bouquins. Le dernier livre marque donc en quelque sort un nouveau dĂ©part. Son titre est d’ailleurs sans ambiguitĂ© dans ce domaine puisqu’il s’intitule« L’éveil ». EditĂ© chez Soleil, cet album est d’un format classique et se compose d’une cinquantaine de pages. Son prix est de 13,50 euros. Toute la sĂ©rie est scĂ©narisĂ©e par Godderidge. « Slhoka »est d’ailleurs la seule immersion de ma part dans l’univers de cet auteur. Les dessins, comme dans le tome prĂ©cĂ©dent sont l’Ɠuvre de Ceyles.

Le quatriĂšme tome de la sĂ©rie marquait la fin d’une guerre interplanĂ©taire entre deux empires : la ZeĂŻde et l’Okrane. Shloka a jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans ce conflit. En effet, il possĂ©dait un pouvoir immense confiĂ© par les Dieux. Ce nouvel ouvrage se dĂ©roule dix ans plus tard. Shloka et son ami Ar’n vivent reclus sur une plage perdue. Notre hĂ©ros a perdu de sa splendeur. Il semble baigner dans l’alcool. Son pouvoir semble un lointain souvenir. Mais leur quotidien va ĂȘtre bouleversĂ© par la ravissante Sven, qui en souvenir du temps passĂ©, a envie de constituer Ă  nouveau la fine Ă©quipe. En effet, parallĂšlement, les Rhoukes, anciennement paisibles et nomades, sont devenus de fĂ©roces guerriers qui ont tendance Ă  basculer trop rĂ©guliĂšrement du mauvais cĂŽtĂ© de la frontiĂšre


HĂ©roĂŻc fantasy & science-fiction

« Slhoka » est une sĂ©rie qui rĂ©pond aux codes de l’heroĂŻc-fantasy tout en Ă©voluant dans un monde futuriste. On retrouve la notion de pouvoir absolu et d’élu. On suit Ă©galement l’évolution d’un groupe d’apparence hĂ©tĂ©roclite mais auquel du sein chacun est important. Les conflits sont interplanĂ©taires et ont Ă©videmment des consĂ©quences irrĂ©mĂ©diables sur l’avenir du monde. Tout cela est du classique. La trame globale de la sĂ©rie est relativement cousue de fil blanc mais cela n’empĂȘche pas la lecture d’ĂȘtre agrĂ©able.

Dans cet opus qui dĂ©bute un nouveau cycle, l’auteur doit faire rebondir la sĂ©rie. C’est un nouveau dĂ©but et il est important de marquer une rupture avec le prĂ©cĂ©dent. Cette rupture est ici temporelle. Dix ans se sont dĂ©roulĂ©s. Chacun a Ă©voluĂ© et a fait sa vie de son cĂŽtĂ©. « L’éveil » marque donc quelque part des retrouvailles. Suite Ă  un Ă©vĂ©nement, tout ce beau monde va se retrouver. Il est Ă©vident qu’avoir lu les prĂ©cĂ©dents tomes est primordial pour saisir tous les sous-entendus de la narration. D’ailleurs une des richesses de cet album est son cĂŽtĂ© moins sĂ©rieux. Les dialogues entre les personnages sont plus drĂŽles. Les gags sont plus frĂ©quents. Autant le premier cycle Ă©tait assez narratif et offrait des personnages finalement tiĂšdes, ce nouveau tome assume davantage ses protagonistes. Cela permet Ă©galement une lecture plus agrĂ©able et distrayante.

Il faut que sur le plan de la trame, c’est plutĂŽt lĂ©ger. « L’éveil » n’est une longue mise en place de quelque chose qu’on ne maitrise pas totalement. Alors que le fait d’ĂȘtre le cinquiĂšme tome d’une sĂ©rie devrait lui permettre d’entrer rapidement dans le vif du sujet, ce n’est ici pas le cas. Le temps de redĂ©couverte des personnages fait que pendant ce temps il ne se passe pas grand-chose. On va Ă  la rencontre de chaque peuple, de chaque protagoniste mais on sent bien que les choses sĂ©rieuses n’ont pas rĂ©ellement commencĂ©es. C’est finalement assez frustrant car une fois la lecture terminĂ©e, on ressent une certaine frustration. Il ne se passe finalement pas grand-chose.

L’autre nouveautĂ© de cet album est la rupture drastique au niveau du dessin. Le style est totalement diffĂ©rent. J’ai mĂȘme eu du mal Ă  accepter les nouveaux traits de certains protagonistes. NĂ©anmoins, cela ne pose pas de rĂ©els soucis une fois l’accoutumance faite. AstĂ©rix a bien Ă©voluĂ© entre le premier tome et les suivants. Pourquoi Slhoka ne pourrait-il pas lui aussi changer de look ? CĂŽtĂ© style, il est plutĂŽt jeune et dynamique. Les couleurs, Ɠuvre de Torta, sont vives et simples. Tout cela rend la lecture agrĂ©able et lĂ©gĂšre.

En conclusion, cet album, malgrĂ© ses quelques changements, restent dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents. J’ai eu plaisir Ă  retrouver les personnages qui sont pour l’ensemble bien sympathiques. MalgrĂ© tout, je trouve l’intrigue un petit peu lĂ©gĂšre. Je pense que par son esprit et son dessin, cet album conviendra davantage Ă  un public adolescent. C’est rythmĂ©, il y a de l’action et la plume du dessinateur sont autant d’arguments qui vont dans ce sens. Par contre, je doute qu’un grand adepte de ce type de bandes dessinĂ©es soit comblĂ© par cet album. Ce dernier n’arrive pas Ă  dĂ©velopper un petit quelque chose qui le dĂ©marque de tous ses cousins qui alimentent les rayons de librairie. Finalement, cet album se lit avec plaisir mais laisse finalement peu de souvenirs une fois refermé  

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Note : 11/20 

Block 109, S.H.A.R.K. – Vincent Brugeas & Ryan Lovelock

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Titre : Block 109, S.H.A.R.K.
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ryan Lovelock
Parution : FĂ©vrier 2012


Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas sont les auteurs d’une uchronie particuliĂšrement rĂ©ussie : « Block 109 ». Ce roman graphique paru il y a plus de quatre ans prend ses libertĂ©s avec l’Histoire en faisant assassiner Adolf Hitler le 22 mars 1941. Suite Ă  son succĂšs, la sĂ©rie a fait des petits. Cinq spin-off sont nĂ©s depuis. Le dernier en date, Ă©ditĂ© cette annĂ©e chez Akileos, s’intitule « S.H.A.R.K. ». C’est sur cet album que se porte ma critique.

La quatriĂšme de couverture Ă©voque le contexte de l’histoire : «  Novembre 1946, le prisonnier Worth, membre du S.H.A.R.K., un parti politique raciste australien, est transfĂ©rĂ© au centre de dĂ©tention de Rabbit Flat, le plus grand camp de prisonniers d’Australie regroupant prĂšs de 4000 dĂ©tenus de guerre allemands, dont une majoritĂ© de SS, ainsi que des activistes du S.H.A.R.K. » 

À chaque opus son identitĂ©.

Block109Shark1Chaque nouvel opus de la saga s’insĂšre dans des contextes gĂ©ographiques et politiques diffĂ©rents. Chacun possĂšde une identitĂ© propre et la plupart du temps emballante. Le dernier Ă©pisode en date n’échappe Ă  la rĂšgle en immergeant le lecteur en Australie au milieu d’une prison perdue au milieu de nulle part. Je dois vous avouer que le dĂ©cor m’attirait beaucoup. La perspective d’ĂȘtre enfermĂ©e dans un huis clos carcĂ©ral semblait ĂȘtre un terreau fertile Ă  une atmosphĂšre oppressante et envoĂ»tante. Il s’agit d’une recette scĂ©naristique classique mais qui, bien exĂ©cutĂ©e, peut offrir une savoureuse dĂ©gustation.

La narration dĂ©but par l’apparition d’un nouveau « locataire ». Worth est amenĂ© Ă  jouer un rĂŽle central au cours des Ă©vĂ©nements qui nous sont contĂ©s. Sa prĂ©sence sur la couverture confirme ce statut Ă  venir. Il s’agit d’une tĂȘte brĂ»lĂ©e qui a des rapports conflictuels avec l’autoritĂ©. Ce n’est pas original mais toujours efficace. A peine arrivĂ©, il envisage dĂ©jĂ  de se faire la malle. Pour cela, il doit entrer en contact avec Otto, un ancien de la SS, qui s’avĂšre ĂȘtre le patron officieux des lieux.

L’intrigue se construit donc autour de la mise en place d’un putsch. Evidemment, tout cela n’est pas un long fleuve tranquille. Otto et Worth doivent apprendre Ă  se connaĂźtre et doser leurs confiances respectives. Il y a aussi le montage pratique de leur tentative de prise de pouvoir. Les auteurs font exister un grand nombre de personnages secondaires plutĂŽt rĂ©ussis. Ils participent Ă  la crĂ©dibilitĂ© de cet univers. NĂ©anmoins, l’atmosphĂšre n’atteint jamais la densitĂ© que le pitch laissait espĂ©rer. Rien n’est bĂąclĂ©, loin s’en faut. Le travail est sĂ©rieux et appliquĂ©. Mais la sauce ne prend jamais autant que dĂ©couverte de la trame le prĂ©sageait. L’histoire se dĂ©roule avec plaisir mais sans ĂȘtre aussi dense que d’autres Ă©pisodes de la saga.

Ce nouveau tome se démarquait des précédents par un changement de dessinateur. TrÚs occupé par « Chaos Team », Ronan Toulhoat passait son tour pour illustrer ce « S.H.A.R.K ». Le travail est donc ici confié à Ryan Lovelock dont je découvre le trait à cette occasion. La transition se fait sans mal tant le style du nouveau est dans la ligné de celui de son prédécesseur. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est réussi. Que ce soit les gros plans ou les visions larges, ils sont remarquables. De plus, les dessins participent activement à la nervosité qui habite les planches.

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Pour conclure, « S.H.A.R.K. » est un acte intĂ©ressant de la grande piĂšce qu’est « Block 109 ». MalgrĂ© tout, je n’y ai pas retrouvĂ© l’intensitĂ© et la force de « OpĂ©ration Soleil de Plomb » ou « New York 1947 ». Il satisfera les adeptes de la sĂ©rie et rassurera les lecteurs qui apprĂ©hendaient l’absence de Ronan Toulhoat aux dessins. Ryan Lovelock est aisĂ©ment adoubĂ© aprĂšs sa performance graphique dans cet album. « Block 109 » confirme son statut d’uchronie de qualitĂ©. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer que les prochains tomes confirmeront cet Ă©tat de fait. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, Opération Soleil de Plomb
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2011


« OpĂ©ration Soleil de Plomb » est un album se dĂ©roulant dans l’univers de « Block 109 ». En effet, Brugeat et Toulhoat prolongent leur univers uchronique  à travers une sĂ©rie d’opus. J’ai apprĂ©ciĂ© l’Ɠuvre initiale. Je trouve que le monde gĂ©nĂ©rĂ© par les auteurs Ă©tait intĂ©ressant. C’est pourquoi, je m’étais dĂ©cidĂ© Ă  dĂ©couvrir les « spin off » en dĂ©coulant. Ma rencontre avec « Etoile Rouge » m’avait déçue. Mais je ne dĂ©sespĂ©rais de retrouver dans « Soleil de Plomb » le plaisir que j’attendais dans le prĂ©cĂ©dent. Ce bouquin est d’un format classique. Il est Ă©ditĂ© chez « Akileo ». Son prix est de quatorze euros. Continuer la lecture de « Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas »

Block 109, New-York 1947 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, New York 1947
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Septembre 2011


« New York 1947 » est le dernier Ă©pisode se dĂ©roulant dans l’univers de « Block 109 » Ă  ĂȘtre apparu dans les rayons des librairies. Sa parution aux Ă©ditions Akileos date du mois de septembre dernier. Comme l’intĂ©gralitĂ© des albums de la sĂ©rie, il est scĂ©narisĂ© par Vincent Brugeas et dessinĂ© par Ronan Toulhoat. Sa couverture est trĂšs attractive. Elle nous prĂ©sente un New York en ruines et nous offre la tĂȘte de la Statue de la LibertĂ© au premier plan. Je trouve que la lumiĂšre de ce dessin est captivante. Le bouquin est de qualitĂ©. Il est de format classique et est composĂ© d’une soixantaine de pages.

« Block 109 » est une uchronie dont l’évĂ©nement fondateur est l’assassinat de Hitler en 1941. En est dĂ©coulĂ© un ouvrage de presque deux cents pages trĂšs rĂ©ussi. A partir de cet univers, les auteurs ont fait naitre trois autres ouvrages intitulĂ©s « Etoile Rouge », « OpĂ©ration Soleil de Plomb » et « New York 1947 ». « Ritter Germania » est prĂ©vu pour l’annĂ©e prochaine. Le premier marquait le penchant soviĂ©tique du monde, le deuxiĂšme se dĂ©roulait en Afrique. Logiquement, le troisiĂšme dont je vous parle aujourd’hui est l’amĂ©ricain du lot.

L’histoire se dĂ©roule en dĂ©cembre 1947. Les six membres du commando spĂ©cialement constituĂ© pour l’OpĂ©ration Extraction, sont larguĂ©s au sommet d’un des rares buildings de New York encore debout. Ils ont une mission de vingt-quatre heures pour l’exĂ©cuter. Ce devait ĂȘtre rapide et facile, mais rien ne va se passer comme prĂ©vu
 VoilĂ  comment nous est prĂ©sentĂ©e l’intrigue sur la quatriĂšme de couverture.

Un huis clos urbain.

J’ai Ă©tĂ© conquis par « Block 109 ». « Etoile Rouge » m’avait déçu contrairement Ă  « OpĂ©ration Soleil de Plomb » que j’ai trouvĂ© trĂšs rĂ©ussi. Globalement, en me plongeant dans ce nouvel album, j’étais plutĂŽt optimiste. Mes attentes n’ont pas Ă©tĂ© déçues. L’idĂ©e scĂ©naristique est un classique du cinĂ©ma. Il s’agit d’un huit clos urbain. Une Ă©quipe restreinte doit atteindre un objectif vital dans une ville en ruine dont toutes les Ăąmes vivantes souhaitent leur mort. Cela nous offre un thriller haletant. L’atmosphĂšre oppressante est bien retranscrite. Les dessins de Toulhoat sont un vrai bonheur sur ce plan-lĂ . L’intensitĂ© ne diminue jamais vraiment. On angoisse en imaginant ce que cache chacun des murs ou des immeubles peuvent cacher.

En plus de nous offrir cette trame rythmĂ©e, l’album nous offre une belle galerie de personnages. A l’image des films de ce genre, il va sans dire que le commando chargĂ© de la mission n’est pas constituĂ© de n’importe qui. Chacun nous est prĂ©sentĂ© dans la premiĂšre page : der Ritter, der Sniper, der Sptizel, der Professor, de Journalist et der Spezialist. Il va sans dire qu’ils sont allemands. On se demande ce qui a fait que chacun se trouve Ă  cet endroit, Ă  ce moment avec ces personnes-lĂ . La ressemblance avec « Universal War One » m’est apparue Ă©vidente. Ce qui n’était pas pour me dĂ©plaire tant je voue une affection certaine Ă  cette grande saga spatiale. Le fait de centrer l’histoire sur un petit nombre de personnages fait qu’on a le temps de le dĂ©couvrir. On n’est pas indiffĂ©rent Ă  leur devenir. On a l’impression de faire partie de l’équipe. Cela rend la lecture assez active.

CĂŽtĂ© dĂ©cors, la rĂ©ussite est au rendez-vous. Le New York apocalyptique que nous offre le dessinateur est criant de vĂ©ritĂ©. Que ce soit sur le plan architectural ou sur le plan de l’atmosphĂšre, on y est. On ressent le silence qui habite chaque rue. On ressent la prĂ©sence cachĂ©e des ennemis. Les dessins et les couleurs nous offrent une Ɠuvre de grande qualitĂ©. De plus, les personnages sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussis. Il possĂšde tous une vraie dimension Ă  leur premiĂšre apparition. On devine les cadavres qui doivent agrĂ©menter leur placard. Le degrĂ© d’humanitĂ© est fluctuant. Leurs peurs sont plus ou moins apparentes.

En tous les cas, « New York 1947 » est un ouvrage de bonne qualitĂ©. Il s’agit d’un thriller de grande qualitĂ©. L’uchronie proposĂ©e est vraiment intĂ©ressante. Elle est bien construite, dense et cohĂ©rente. En tout cas, cet album ne fait qu’augmenter ma curiositĂ© quant Ă  la parution « Ritter Germania ». Je ne peux donc que vous inciter Ă  vous plonger dans cet univers. Les adeptes du genre en sortiront conquis


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Note : 16/20

Black 109 : Étoile Rouge – Brugeas Vincent & Ronan Toulhoat

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Titre : Block 109 : Étoile Rouge
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Juin 2010


Il y a quelques semaines, j’ai dĂ©couvert l’univers de « Block 109 ». La rencontre a Ă©tĂ© agrĂ©able et ma curiositĂ© a Ă©tĂ© attisĂ©e.  Cette uchronie s’avĂ©rait plutĂŽt bien construite et intĂ©ressante. C’est pour cela que j’ai dĂ©cidĂ© de me plonger dans un des spin-off de cette sĂ©rie intitulĂ© « Etoile Rouge ». Contrairement Ă  l’album fondateur, cet ouvrage est d’un format classique. L’histoire se dĂ©roule sur une cinquantaine de pages. Vendu au prix de quatorze euros, ce bouquin est nĂ© de l’association des plumes de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. Le premier s’est chargĂ© du scĂ©nario, le second des dessins et des couleurs.

« Block 109 » est une uchronie. Elle prend une route diffĂ©rente de la « vraie » Histoire quand le 22 mars 1941, Hitler est assassinĂ©. En 1944, les allemands mettent au point l’arme nuclĂ©aire. La mĂȘme annĂ©e, Staline reconnaĂźt officiellement la France libre. Un traitĂ© d’aide militaire mutuelle est signĂ©. Cet accord a pour consĂ©quence que le troisiĂšme groupe de chasse de la France libre est crĂ©Ă© et rejoint le front de l’Est. Ils prendront le nom de « Normandie ». C’est l’histoire de ce groupe que nous conte « Etoile Rouge ».

On reste spectateur de l’intrigue.

L’histoire nous plonge dans la dure rĂ©alitĂ© de la guerre. Les adeptes du genre seront curieux un pan original de la Seconde Guerre Mondiale. La dimension « uchronie » a toujours un attrait certain. Se poser la question « Et si
, qu’aurait Ă©tĂ© la suite ? » est toujours intĂ©ressant. Les amateurs d’humour et de lĂ©gĂšretĂ© risquent de ne pas trouver leur compte Ă  travers cette lecture. MĂȘme si « Etoile Rouge » s’inscrit dans l’univers de « Block 109 », il n’est pas forcĂ©ment indispensable d’avoir lu ce dernier. Les rappels faits dans les premiĂšres pages sont largement suffisamment pour avoir les repĂšres nĂ©cessaires.

L’idĂ©e de dĂ©part du scĂ©nario Ă©tait intĂ©ressante. Suivre le dĂ©roulement d’une guerre mondiale Ă  travers un groupe de soldats possĂ©dait un attrait certain. On dĂ©couvre donc un trio d’amis appartenant au groupe « Normandie ». Mais les premiĂšres pages ont du mal Ă  dĂ©marrer. J’ai du mal Ă  m’immerger dans l’histoire. Autant « Block 109 » possĂ©dait une atmosphĂšre prenante, autant « Etoile Rouge » manque d’intensitĂ©. On reste assez spectateur de l’intrigue. On n’arrive pas Ă  se passionner pour les aventures des trois personnages principaux. Et ce sentiment ne change pas au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent.

Cette absence d’empathie rĂ©side Ă  mes yeux dans un manque de mise en place de l’intrigue. A peine rencontre-t-on les personnages que des Ă©vĂ©nements importants viennent modifier leur vie. On a l’impression de prendre le train en route. On a le sentiment de ne pas avoir eu le temps de les connaitre. Cela a pour consĂ©quence de nous sentir Ă©tranger Ă  leur vie et aux diffĂ©rentes Ă©preuves qui se prĂ©sentent Ă  eux. Je trouve cela vraiment dommage car le thĂšme de l’histoire possĂ©dait a priori les ingrĂ©dients pour offrir une fresque prenante. Finalement, la sauce ne prend jamais vraiment. Une fois l’album fermĂ©, on en oublie presque immĂ©diatement ce qu’on y a lu. C’est frustrant et dommage.

Ronan Toulhoat est en charge des dessins. C’est dĂ©jĂ  lui qui s’en Ă©tait occupĂ© dans « Block 109 ». Sur le plan chromatique, il se contente essentiellement du jaune, du marron et du gris. Cela donne une patte Ă  l’album. Mais alors que beaucoup de sentiments se dĂ©gageaient des pages de « Block 109 », c’est le calme plat sur ce plan-lĂ  dans « Etoile Rouge ». Je pense que la faiblesse du scĂ©nario a du mal Ă  ĂȘtre transcender par les illustrations.

En conclusion, cet album m’a vraiment déçu. MalgrĂ© ses quelques dĂ©fauts, « Block 109 » Ă©tait un ouvrage de qualitĂ© et l’univers construit Ă©tait intĂ©ressant. La partie de ce dernier dĂ©crite dans « Etoile Rouge » est vraiment dĂ©cevante. Ce sentiment ne m’empĂȘchera pas de dĂ©couvrir les autres ouvrages se dĂ©roulant dans ce monde intitulĂ©s « New York 1947 » ou « OpĂ©ration Soleil de Plomb ». La rĂ©ussite des auteurs peut ĂȘtre fluctuante d’un album Ă  l’autre. De plus, je pense que « Block 109 » mĂ©rite une nouvelle chance. Mais cela est une autre histoire


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Note : 8/20

Block 109 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2010


« Block 109 » est un album dont j’ai dĂ©couvert l’existence au grĂ© de mes pĂ©rĂ©grinations sur la toile. J’ai dĂ©couvert que de nombreux sites consacrĂ©s au neuviĂšme art en faisaient une critique plutĂŽt Ă©logieuse. Je me suis offert cet ouvrage il y a quelques semaines maintenant afin de pouvoir m’en faire une idĂ©e plus prĂ©cise. Ce bouquin est Ă©ditĂ© chez Akileos et n’est pas d’un format classique. Ses dimensions sont infĂ©rieures Ă  celle d’un album habituel mais son nombre de pages est bien plus supĂ©rieur. En effet, l’histoire s’étale sur quasiment deux cents pages. Sa parution date du dĂ©but de l’annĂ©e derniĂšre. Les dessins sont l’Ɠuvre de Ronan Toulhoat et le scĂ©nario nait de l’imagination de Vincent Brugeas.

L’histoire commence par un rappel chronologique. Il dĂ©marre par l’assassinat d’Hitler en 1941 et se conclut en 1953. On y dĂ©couvre que le IIIe Reich a dĂ©truit l’Occident et se trouve en guerre contre l’ArmĂ©e Rouge. La guerre semble Ă©ternelle tant aucun des camps ne semblent prendre le dessus. Une solution radicale est proposĂ©e par Zytek, un dirigeant allemand. Son objectif est de provoquer une grande attaque virale. Son souhait ne fait pas l’unanimitĂ©. ParallĂšlement, dans les ruines de Marienburg, errent des contaminĂ©s qui s’attaquent aux deux camps


Une uchronie basĂ©e sur l’assassinat d’Hitler.

J’ai souvent un a priori favorable aux uchronies. Je trouve intĂ©ressant d’imaginer l’avenir du monde Ă  partir de la modification d’un Ă©vĂ©nement passĂ©. Dans « Block 109 », la bifurcation avec notre Histoire dĂ©coule de l’assassinat d’Hitler proposĂ©e par les auteurs. Il est Ă©galement curieux de suivre une intrigue construit autour de la Seconde Guerre Mondiale qui ne fait pas du tout intervenir la France. On se contente de suivre les allemands et de maniĂšre plus indirecte les soviĂ©tiques. L’idĂ©e scĂ©naristique est assez originale et devrait ainsi ravir les adeptes du genre.

Les premiĂšres pages sont assez denses en information. On nous Ă©nonce beaucoup de dates, d’évĂ©nements et de protagonistes. J’ai parfois frĂŽlĂ© l’indigestion et ai souvent du revenir en arriĂšre pour assimiler pleinement le « qui est qui » et « qui fait quoi ». Au bout d’une cinquantaine de pages, on commence Ă  se familiariser avec tout cela et la lecture devient plus agrĂ©able et moins sollicitant intellectuellement. Ce genre de sentiment est plus frĂ©quent quand je me plonge dans un polar. C’est plus rare de la rencontrer en bandes dessinĂ©es. Cela vient en partie de la longueur peu classique de l’ouvrage. Au-delĂ  de la dimension historique qui sert de squelette Ă  la trame, les auteurs nous prĂ©sentent plusieurs personnages au destin et au profil variĂ©s. D’une part, on suit Zytek et les nĂ©gociations mettant en jeu les dirigeants de l’empire. D’autre part, on est immergĂ© dans cette ville ravagĂ©e Ă  suivre les pas de soldats qui errent Ă  se battre contre les Rouges ou des espĂšces de zombies. Les deux aspects prĂ©sentent des attraits trĂšs diffĂ©rents. Le premier est ambitieux et philosophique, le second plus terre Ă  terre et prenant.

L’atmosphĂšre de guerre est bien traduite par les dessins. En feuilletant le bouquin, on n’a aucun mal Ă  se projeter dans ses rues dĂ©foncĂ©es dans lesquelles s’amoncellent les cadavres et survivent tant bien que possible les autres.  Les couleurs oscillent entre le gris et le marron et participent Ă  cette ambiance particuliĂšre. Seul le rouge du sang dĂ©pareille dans le paysage chromatique de l’ouvrage. Une des difficultĂ©s que j’ai rencontrĂ©e concerne les personnages. Ils sont nombreux et j’ai parfois eu du mal Ă  me les approprier. Se ressemblent-ils trop ? Est-ce dĂ» au style du dessinateur ? Le fait est que j’ai parfois eu du mal Ă  savoir instamment Ă  qui j’ai eu Ă  faire. Par contre, je trouve que le trait est remarquable et offre de trĂšs jolies pages sur le plan purement esthĂ©tique.

En conclusion, « Block 109 » est un ouvrage de qualitĂ©. Ses illustrations ne laissent pas indiffĂ©rent et sa trame est originale et construite. NĂ©anmoins, je n’ai pas Ă©tĂ© emportĂ© autant que je l’aurais pensĂ©. Certains passages de l’histoire me paraissent confus ou indigestes. C’est dommage car d’autres moments sont vraiment intenses et envoutant. Le bilan reste positif et m’incite Ă  partir Ă  la rencontre des autres ouvrages se dĂ©roulant dans l’univers de cette sĂ©rie. Ils s’intitulent « Etoile Rouge », « OpĂ©ration Soleil de Plomb » ou encore « New York 1947 ». Mais ceci est une autre histoire


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Note : 14/20

Chateaux Bordeaux, T5 : Le classement – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : ChĂąteaux Bordeaux, T5 : Le classement
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Septembre 2014


« ChĂąteaux Bordeaux » est une saga familiale nĂ©e de la collaboration d’Eric Corbeyran et d’EspĂ©. Elle nous immerge dans le quotidien d’un grand domaine viticole local. EditĂ© chez GlĂ©nat, cette aventure m’a attirĂ© par le nom de son scĂ©nariste plutĂŽt que par sa thĂ©matique. En effet, depuis ma rencontre avec « Le chant des Stryges », je suis avec attention les diffĂ©rentes parutions signĂ©es du cĂ©lĂšbre auteur bordelais. « Uchronie(s) » ou « Le MaĂźtre de jeu », fruits du mĂȘme arbre crĂ©atif, sont deux autres sĂ©ries que je conseille.

Contrairement Ă  ces derniĂšres intrigues, « ChĂąteaux Bordeaux » est dĂ©nuĂ© de toute trace de fantastique. Elle dĂ©bute par le dĂ©cĂšs de Monsieur Baudricourt, cĂ©lĂšbre gĂ©rant du « ChĂȘne Courbe ». La rĂ©partition de cet hĂ©ritage devenait donc un enjeu de taille. Les deux fils souhaitent vendre ce patrimoine qui n’a de grand que le nom prestigieux. Mais leur petite sƓur jusqu’alors exilĂ©e aux Etats-Unis, se fixe le dĂ©fi impossible de donner Ă  nouveau ses lettres de noblesse au domaine. Alexandra devient alors logiquement l’hĂ©roĂŻne de cette aventure.

ChateauxBordeaux5bLe dernier Ă©pisode en date est le cinquiĂšme de la sĂ©rie. Il s’intitule « Le classement » et est apparu dans les librairies il y a quelques mois. Depuis la reprise de l’entreprise familiale par Alex, les Ă©preuves se sont enchainĂ©es. Pour faire simple, chaque tome nous prĂ©sente un souci majeur dans la mission que s’est fixĂ©e la nĂ©o-propriĂ©taire. Ce nouvel opus est centrĂ© autour de l’appartenance du « ChĂȘne Courbe » Ă  un prestigieux classement de 1855 des vins du MĂ©doc.

Des enjeux dramatiques assez secondaires.

Les auteurs font l’effort de greffer sur la trame familiale, une rĂ©elle prĂ©sentation de l’univers viticole. Je dois vous avouer que ce milieu m’est inconnu et que la lecture de ces albums m’a appris Ă©normĂ©ment de choses dans le domaine. Si je regarde le verre Ă  moitiĂ© plein, je dirais que le travail de recherche de Corbeyran est de grande qualitĂ© et remarquablement exploitĂ©. La vision du verre Ă  moitiĂ© vide gĂ©nĂšre le sentiment que les enjeux dramatiques sont finalement assez secondaires en comparaison de la dimension documentaire de l’ensemble.

Le personnage d’Alexandra est attachant. DĂšs le dĂ©but, le lecteur souhaite sa rĂ©ussite et son bonheur. Les esprits chafouins lui reprocheront d’ĂȘtre dĂ©nuĂ© de toute zone d’ombre. Personnellement, j’ai acceptĂ© sans mal le cĂŽtĂ© parfait de l’hĂ©roĂŻne. J’ai Ă©tĂ© touchĂ© par sa fragilitĂ© et admirĂ© sa force face aux difficultĂ©s. Ce manichĂ©isme est partiellement nuancĂ© par une grande diversitĂ© de personnages secondaires. Certains d’entre eux soulĂšvent des interrogations quant Ă  leurs rĂ©els objectifs et alimentent ainsi positivement l’intrigue.

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Le regret que je ressens Ă  l’égard de ce bouquin est la faible densitĂ© narrative. Au final, une fois la lecture terminĂ©e, on ne peut pas dire que l’histoire est beaucoup avancĂ©e. Je comprends bien qu’il faut du temps pour faire un bon vin mais pour construire une belle saga, il n’est pas interdit de montrer un peu de rythme et d’intensitĂ© dans le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements. C’était dĂ©jĂ  le dĂ©faut des tomes prĂ©cĂ©dents et je ne peux pas dire que ce « Le Classement » dĂ©roge aux habitudes. C’est d’ailleurs cette fragilitĂ© qui fait disparaĂźtre petit Ă  petit l’aspect dramatique au profit du documentaire. Je trouve cela dommage.

Avant de conclure cette critique, je vais Ă©voquer rapidement les dessins d’EspĂ©. Loin de moi l’idĂ©e de nĂ©gliger le travail graphique mais disons que les illustrations offrent un support solide Ă  la narration mais ne la subliment pas. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s, les personnages sont identifiables sans difficultĂ©. NĂ©anmoins, je ne peux pas dire que les pages soient habitĂ©s par une atmosphĂšre qui transpire et envahit le lecteur. Je pense que le trait d’EspĂ© est trop acadĂ©mique pour sublimer le propos.

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Au final, « Le classement » est un album honnĂȘte qui s’inscrit parfaitement dans la sĂ©rie Ă  laquelle il appartient. La qualitĂ© de cette saga est constante et c’est un aspect apprĂ©ciable car relativement rare. C’est une lecture qui se fait calmement, qui s’avĂšre agrĂ©able mais qui ne remue pas les tripes et ne chatouillent pas les Ă©motions. C’est dommage car je reste persuadĂ© que le terreau scĂ©naristique pourrait donner lieu Ă  une lecture plus grave et intense. Peut-ĂȘtre pour au prochain Ă©pisode ?

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Note : 12/20

 

ChĂąteaux Bordeaux, T4 : Les millĂ©simes – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : Chùteaux Bordeaux, T4 : Les millésimes
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Septembre 2013


Eric Corbeyran est un de mes auteurs de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©es. Il est particuliĂšrement productif et possĂšde une forte capacitĂ© Ă  faire exister des univers trĂšs diffĂ©rents. ChĂąteaux Bordeaux est une saga qui s’inscrit dans l’univers viticole. Il y fait exister le destin d’une jeune femme, Alexandra, qui cherche Ă  faire exister Ă  nouveau le domaine familial. Le quatriĂšme tome est apparu le 4 septembre dernier dans les librairies. EditĂ© dans la collection Grafica chez GlĂ©nat, il s’intitule Les millĂ©simes. D’un format classique, il coĂ»te 14 euros. Comme pour les prĂ©cĂ©dents opus, la couverture est habitĂ©e par l’hĂ©roĂŻne. On la dĂ©couvre  ici dans une cave, un verre la main. Elle donne l’impression de vouloir trinquer avec le lecteur. Tout un programme


La quatriĂšme de couverture offre la mise en bouche suivante : « Alexandra Beaudricourt a repris en main l’exploitation familiale aprĂšs la mort de son pĂšre, malgrĂ© la rĂ©ticence de ses frĂšres et surtout en dĂ©pit de son absence totale de connaissances en matiĂšre de viticulture. Une Ă©nergie et un enthousiasme hors du commun additionnĂ©s Ă  un amour immodĂ©rĂ© pour le bon vin sont ses principaux atouts. Suffiront-ils Ă  lui permettre de surmonter les coups tordus du milieu et les vicissitudes du marchĂ© ? »

ChateauxBordeaux4aChĂąteaux Bordeaux s’inscrit dans la lignĂ©e de grandes sagas familiales telles que Les MaĂźtres de l’orgepar exemple. La diffĂ©rence est qu’elle ne traverse pas les gĂ©nĂ©rations et se concentre sur le destin d’un seul protagoniste. NĂ©anmoins, Ă  travers l’histoire, l’auteur arrive Ă  nous faire dĂ©couvrir le passĂ© du domaine viticole et de la famille Beaudricourt. La structure narrative fait qu’il est indispensable d’avoir lu les trois premiers Ă©pisodes pour ne pas se sentir perdu en dĂ©couvrant Les millĂ©simes. L’intrigue se dĂ©roule de maniĂšre classique et s’adresse Ă  un public large.

Un véritable panier de crabe

Quand elle dĂ©cide de prendre en main l’entreprise familiale, Alexandra revient de plusieurs annĂ©es aux Etats-Unis. Elle n’est pas du tout familier des us et coutumes locaux et dĂ©couvre que l’univers viticole est un vĂ©ritable panier de crabes. Cet aspect est habilement dĂ©crit par Corbeyran. J’ai eu le sentiment qu’un petit groupe de personnes font la pluie et le beau temps quant Ă  la cĂŽte des crus locaux. En tant qu’étrangĂšre au milieu, Alexandra souffre. Chaque nouvel espoir est souvent suivi par une dĂ©sillusion imprĂ©vue et souvent douloureuse. Corbeyran utilise Ă©galement de maniĂšre pertinente les arcanes administratives que sont la gestion d’un domaine. A aucun moment, il dĂ©cide de rendre les choses plus simples pour laisser uniquement la place Ă  une jeune fille qui arrive Ă  faire un vin merveilleux. En ne nĂ©gligeant pas les contraintes juridiques, financiĂšres et humaines, il rend la trame crĂ©dible et offre une tension dramatique plutĂŽt rĂ©ussie.

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Le tome prĂ©cĂ©dent s’était conclu par une vision positive. Alors que l’hĂ©roĂŻne Ă©tait au fond du trou, elle se voit aider par son frĂšre qui lui recrute une Ă©quipe compĂ©tente pour faire naĂźtre de ses vignes un vin de grande qualitĂ©. La consĂ©quence est que ce nouvel opus nous fait dĂ©couvrir entre autre le travail de cette nouvelle Ă©quipe et apporte au lecteur un vrai cours de viticulture et d’Ɠnologie. Une scĂšne de dĂ©gustation nous permet de comprendre tous les aspects qui influencent la qualitĂ© d’un vin. Il nous est listĂ© les diffĂ©rentes erreurs qui ont fait des derniĂšres cuvĂ©es des Ă©checs. Ce moment est envoutant. Bien que personnellement je ne boive pas de vin, j’étais fascinĂ© par le cours dĂ©roulĂ© dans cette cave.

Cette sĂ©rie a nĂ©cessitĂ© une forte et dense recherche documentaire. Le monde du vin et de l’Ɠnologie n’est pas aisĂ© Ă  comprendre et Ă  maĂźtriser. Les auteurs se sont investis de maniĂšre sĂ©rieuse et appliquĂ©e pour offrir une narration crĂ©dible. Certes, Ă  certains moments, cela offre des scĂšnes au contenu magistral. NĂ©anmoins, l’intĂ©rĂȘt l’emporte bien souvent sur ce lĂ©ger dĂ©faut de forme. A aucun moment, je n’ai eu le sentiment que ChĂąteaux Bordeaux se contentait d’ĂȘtre un cours universitaire sur le vin, sa conception et son environnement. Comme toute saga, la sĂ©rie offre son lot de trahisons, de drames et de secrets. Tout cela reste classique mais est plutĂŽt bien amenĂ©. L’empathie gĂ©nĂ©rĂ©e par l’hĂ©roĂŻne fait que je me suis laissĂ© prendre sans mal par cette vieille recette sĂ©rieusement cuisinĂ©e.

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Par contre, je ne suis pas totalement sous le charme du trait d’EspĂ©. Les planches sont travaillĂ©es. Le travail sur les dĂ©cors est Ă©vident. C’est important quand une histoire s’implique dans l’univers local. Les personnages sont suffisamment bien dessinĂ©s pour que le lecteur n’ait aucun mal Ă  les diffĂ©rencier et Ă  se les approprier. NĂ©anmoins, je trouve qu’ils manquent de personnalitĂ© et que les dessins sont froids. Je trouve que les illustrations se contentent de servir de support au texte et Ă  la narration. Je regrette que qu’ils ne subliment pas la trame. La thĂ©matique et l’hĂ©roĂŻne se prĂȘtent Ă  des envolĂ©es sensorielles et Ă©motionnelles. HĂ©las, le travail d’EspĂ© reste en retrait dans le domaine.

Pour conclure, Les millĂ©simes poursuit avec qualitĂ© les aventures d’Alexandra. L’hĂ©roĂŻne est attachante et gĂ©nĂšre une rĂ©elle curiositĂ© chez le lecteur quant Ă  la rĂ©ussite de son entreprise. Les personnages nous sont dĂ©sormais familiers et c’est donc avec un vrai plaisir que je les ai retrouvĂ©s. La derniĂšre page fait naĂźtre un vrai suspense pourtant imprĂ©visible. Tout est donc fait que je sois attentif Ă  la sortie du cinquiĂšme tome dans les mois Ă  venir. Mais cela est une autre histoire


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Note : 14/20

ChĂąteaux Bordeaux, T3 : L’amateur – Eric Corbeyran & EspĂ©

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Titre : ChĂąteaux Bordeaux, T3 : L’amateur
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Mars 2013


« ChĂąteaux Bordeaux » est une sĂ©rie nĂ©e il y a deux ans de la collaboration d’Eric Corbeyran et EspĂ©. Son objectif Ă©tait de faire naĂźtre une histoire dans l’univers du vin et de ses vignobles. Le premier tome m’avait plu. La dimension familiale de l’intrigue couplĂ©e Ă  son immersion dans un milieu qui m’était inconnu avait fini de me conquĂ©rir. Ma critique d’aujourd’hui Ă©voque le dernier Ă©pisode en date. Paru chez GlĂ©nat le treize mars dernier, « L’amateur » est le troisiĂšme opus de la saga. Sa couverture nous prĂ©sente son hĂ©roĂŻne, Alexandra, dans une cave habitĂ©e de nombreuses bouteilles qu’on suppose pleines de secrets.

La quatriĂšme de couverture de l’album prĂ©sente plutĂŽt bien les enjeux de la trame : « Suite Ă  la mort de son pĂšre, Alexandra Baudricourt est dĂ©terminĂ©e Ă  reprendre en main le « ChĂȘne Courbe », vaste propriĂ©tĂ© viti-vinicole que sa famille possĂšde au cƓur du MĂ©doc. La belle hĂ©ritiĂšre avait bien conscience de l’humilitĂ© dont il lui faudrait faire preuve pour apprendre le mĂ©tier de vigneron, car la fabrication d’un grand cru ne s’improvise pas, mais elle n’imaginait pas que son domaine allait faire tant de convoitises, de jeu de dupes et de manipulations
 »

L’intrigue fait du surplace.

Le premier tome nous prĂ©sentait la situation. Les lieux et les personnages nous Ă©taient dĂ©crits. La construction Ă©tait rigoureuse, la curiositĂ© attisĂ©e. Le deuxiĂšme se centrait davantage encore sur le personnage d’Alexandra qui se lançait pleinement dans son aventure entrepreneuriale. On suivait ses pas avec plaisir. Le dĂ©nouement faisait attendre avec impatience le troisiĂšme volet. J’étais donc optimiste en dĂ©couvrant les premiĂšres pages de « L’amateur ».

ChateauxBordeaux3bL’histoire dĂ©marre par l’apparition d’un nouveau personnage. Il prend les traits d’un amĂ©ricain prĂ©nommĂ© Logan. Il se prĂ©sente comme Ă©tant photographe et rencontre l’hĂ©roĂŻne au cours de son travail artistique. Il est intrigant. On se doute que le Bostonien ne nous dit pas tout et possĂšde quelques secrets. Cet apport est attrayant et amĂšne une nouvelle corde Ă  l’arc narratif. Le nouveau venu apparaĂźt tout au long de l’album et s’avĂšre ĂȘtre un fil conducteur des pĂ©rĂ©grinations d’Alexandra.

Si on met de cĂŽtĂ© l’arrivĂ©e de ce protagoniste, l’intrigue a tendance Ă  faire du surplace. Le scĂ©nario distille beaucoup d’informations mais de maniĂšre, Ă  mes yeux, trop brouillonne. On a droit Ă  des flashbacks historiques, Ă  des discussions familiales, Ă  des problĂšmes techniques ou encore Ă  des cadavres dans les placards. Bref, les ingrĂ©dients sont nombreux. Mais l’assaisonnement est mal dosĂ©. C’est dommage. Au final, quand j’ai refermĂ© le bouquin, j’ai pensĂ© trĂšs fort : « Tout ça pour ça ! ». La conclusion de cet acte aurait pu arriver bien plus tĂŽt dans l’histoire et cela aurait offert une lecture plus dense et prenante.

L’histoire se dĂ©roule dans le vignoble bordelais. Le fait d’ĂȘtre inscrit dans une rĂ©alitĂ© impose une certaine rigueur dans le travail de documentation. Le travail d’EspĂ© sur les dĂ©cors est sĂ©rieux. On n’a aucun mal Ă  se sentir dans les rues bordelaises ou dans les vignes locales. Le dĂ©paysement n’est pas envoutant mais il existe. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal. Les personnages sont dessinĂ©s avec prĂ©cision. Je ne peux pas dire qu’ils soient attachants graphiquement mais je n’ai aucun Ă  les diffĂ©rencier et me les approprier malgrĂ© leur nombre important.

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En conclusion, mon impression est un petit peu mitigĂ©e. Ce troisiĂšme tome est de mon point de vue le moins abouti de la sĂ©rie. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est mauvais. Ce n’est pas le cas. Par contre, je n’ai pas retrouvĂ© l’attrait qui se dĂ©gageait de la lecture des deux premiers opus. Cela ne m’empĂȘchera pas d’attendre la suite avec curiositĂ© en espĂ©rant que l’intrigue trouvera un second souffle et offrira une lecture pleine de plaisir


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Note : 13/20