Titre : Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2013
Christophe Arleston est un scĂ©nariste que jâavais tendance Ă ignorer ces derniĂšres annĂ©es. Pourtant, il a accompagnĂ© mon adolescence avec Lanfeust de Troy, Les MaĂźtres Cartographes,Leo Loden ou encore Le chant dâExcalibur. Mais Lanfeust des Etoiles a marquĂ© pour moi la chute du piĂ©destal sur lequel je lâavais placĂ©.  Les albums quâil a Ă©crits ses derniĂšres annĂ©es apparaissent bien moins travaillĂ©s et chiadĂ©s. Il suffit de voir les derniers Ă©pisodes de Les ForĂȘts dâOpale ou Les naufragĂ©s dâYthaqpour sâen persuader aisĂ©ment. Je mâĂ©tais quasiment rĂ©signĂ© quant au fait de trouver Ă nouveau la magie qui pouvait naĂźtre de lâimagination dâArleston.
Câest en dĂ©couvrant par hasard une critique Ă©logieuse sur le premier tome dâune nouvelle sĂ©rie dĂ©but dâannĂ©e que jâai dĂ©cidĂ© de lui donner une nouvelle chance. Cette saga sâintitulait Ekhö monde miroir. Jâavais apprĂ©ciĂ© le concept et trouvĂ© les personnages trĂšs sympathiques. Je nâai donc pas hĂ©sitĂ© trĂšs longtemps avant de mâoffrir le deuxiĂšme opus de la sĂ©rie intitulĂ©e Paris empire et sorti chez Soleil le treize novembre dernier.
La quatriĂšme de couverture pose les jalons de lâunivers de la saga : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais lĂ©gĂšrement diffĂ©rents : lâĂ©lectricitĂ© nâexiste pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du mĂ©tro sont sur le dos dâĂ©tranges mille-pattes⊠»
Réécrire le monde en répondant aux codes de la fantasy
LâidĂ©e est intĂ©ressante. Réécrire le monde dans une dimension parallĂšle rĂ©pondant aux codes de la fantasy mâattirait. Le premier tome avait Ă©tĂ© plutĂŽt bon dans le domaine. Ce nouvel Ă©pisode est Ă©galement rĂ©ussi. Je trouve que le Paris créé par Arleston et mis en image par Barbucci possĂšde une identitĂ© propre tout en respectant les codes classiques et touristiques de la capitale française. La tour Eiffel, les bateaux mouche, Notre Dame⊠Rien nâest nĂ©gligĂ©. Ce support scĂ©naristique permet Ă Arleston dâexploiter son sens de la vanne et de la rĂ©partie.
Lâhistoire se construit autour dâun duo de personnages assez rĂ©ussi. Il sâagit de Fourmille et Yuri transfĂ©rĂ©s de notre rĂ©alitĂ© Ă Ekhö au dĂ©but du premier tome. Leur couple fonctionne bien. Ils ne se supportent pas et pourtant ils ne doivent pas se quitter. Cela donne lieu Ă des dialogues trĂšs drĂŽles et bien Ă©crits. Je regrette dâailleurs quâils soient moins frĂ©quents dans cet album. Les auteurs laissent davantage de place Ă lâintrigue et Ă ses rebondissements au dĂ©triment du comique construit autour des hĂ©ros. Câest un choix qui se dĂ©fend mais je trouve dommage de ne pas plus privilĂ©gier lâhumour dans un tel univers. Le comique de situation que peut gĂ©nĂ©rer le changement de monde est un des arguments de la sĂ©rie. Il ne faut pas le nĂ©gliger.
Lâhistoire connaĂźt davantage de rebondissements que dans le premier tome. En effet, les codes sont maintenant connus et les auteurs peuvent nous faire entrer plus rapidement dans lâintrigue. Cette derniĂšre est plutĂŽt bien construite. Il y a de nombreux rebondissements. Certes lâensemble nâest pas un monument dâoriginalitĂ© et certains moments sont un petit peu brouillons. NĂ©anmoins, la bonne ambiance gĂ©nĂ©rale fait occulter sans trop dâefforts ces quelques dĂ©fauts. Lâhumeur chaleureuse rĂ©sulte aussi des dessins de Barbucci dont le trait participe pleinement au plaisir de la lecture. Son style dynamique est Ă lâorigine de la qualitĂ© graphique des personnages et des lieux.
Pour conclure, Paris empire est un Ă©pisode honnĂȘte qui offre une suite honorable au prĂ©cĂ©dent opus. Ekhö ne fera jamais partie des sĂ©ries cultes du neuviĂšme art mais en gardant cette qualitĂ©, chaque nouveau tome sera pour moi lâoccasion de passer un agrĂ©able moment et ce nâest dĂ©jĂ pas si malâŠ
Note : 12/20