Titre : Slhoka, T6 : Les méandres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Août 2012
« Les mĂ©andres » est le sixiĂšme tome de « Slhoka ». Il est apparu dans les librairies au mois dâaoĂ»t dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Soleil, il prolonge le second cycle de la saga nĂ© dans lâopus prĂ©cĂ©dent. Je suis les aventures du hĂ©ros Ă©ponyme depuis ses premiĂšres aventures datant dâun petit peu plus de dix ans. Je trouve ses pĂ©rĂ©grinations sympathiques. Elles se dĂ©roulent au croisement de la fantasy et de la science-fiction. Le scĂ©nariste de cette sĂ©rie est Ulrig Godderidge. Je ne connais son travail quâĂ travers cette histoire-lĂ . Au cours des trois premiers actes, les dessins sont lâĆuvre dâAdrien Floch. Depuis le dĂ©part de ce dernier vers « Les naufragĂ©s dâYthaq », les illustrations sont lâĆuvre de Ceyles. La rupture graphique a Ă©tĂ© rude et mâa Ă©tĂ© difficile. NĂ©anmoins, mis devant le fait accompli, il a fallu sây faire et prendre de nouvelles habitudes.
Lâalbum prĂ©cĂ©dent se dĂ©roulait dix ans aprĂšs le dĂ©nouement du prĂ©cĂ©dent. Slhoka, grĂące Ă ses pouvoirs, avait sauvĂ© le monde et avait vu parallĂšlement sa vie tomber dans le dĂ©sespoir et lâalcool. Câest globalement cet Ă©tat de fait que nous prĂ©sentait le cinquiĂšme Ă©pisode. On voyait la fine Ă©quipe se reformer bon grĂ© mal grĂ©. Le synopsis proposĂ© sur la quatriĂšme de couverture de « Les mĂ©andres » prĂ©sente la situation avec les mots suivants : « La ZeĂŻde a Ă©vitĂ© le pire grĂące au pouvoir de Slhoka. Mais une question reste sans rĂ©ponse : qui se cache derriĂšre les indestructibles rhoukes et les chimĂšres volantes ? Câest la nouvelle mission de Slhoka et ses compagnons dâarmes, envoyĂ©s en reconnaissance dans la capitale rhouke. Avec lâaide de la Ghuilde des Marchandises. Mais Slhoka nâest pas au bout de ses peines car ShanĂŻ, qui habite son corps, semble nâen faire quâĂ sa tĂȘte. »
Une intrigue sans grand intĂ©rĂȘt.
Le scĂ©nariste ne perd pas de temps Ă nous exposer les prĂ©requis nĂ©cessaires Ă la comprĂ©hension complĂšte des tenants et des aboutissants de lâintrigue. Ayant lu une nouvelle fois lâintĂ©gralitĂ© des tomes de la sĂ©rie avant de me plonger dans « Les mĂ©andres », je nâai pas souffert de choix. Je ne peux que vous conseiller de faire de mĂȘme au risque dâĂȘtre perdu au beau milieu dâun sac de nĆuds qui ne brille dĂ©jĂ pas par son cadre rigoureux. On reprend lâhistoire oĂč elle nous avait laissĂ©. Il nây a pas de rupture narrative. Jâai pris plaisir Ă retrouver ces personnages familiers rĂ©unis Ă nouveau. La maladresse et le pouvoir de Slhoka, le caractĂšre et les qualitĂ©s guerriĂšres de la charmante SvendaĂŻ, la rudesse et la force du Kraal Ă©taient donc de retour. La rĂ©ussite de ce type dâhistoire rĂ©side en partie dans la qualitĂ© de son casting. Ces groupes hĂ©tĂ©rogĂšnes doivent donner lieu Ă des moments drĂŽles et touchants qui permettent Ă la trame de se montrer plus Ă©paisse et rythmĂ©e. Le plaisir de ce genre de lecture rĂ©side avant tout dans lâempathie ressentie pour les protagonistes plus que tout autre chose.
NĂ©anmoins, le listing des participants ne suffit pas Ă garantir la rĂ©ussite dâun album. « Les mĂ©andres » en est la preuve mais, hĂ©las, nĂ©gativement. Lâintrigue y est sans grand intĂ©rĂȘt. On ne fait que suivre les diffĂ©rentes crises de colĂšre du hĂ©ros. Toutes les quatre pages, il sâĂ©nerve et exploite donc son pouvoir destructeur. Câest rĂ©pĂ©titif et donc assez vite lassant. On a lâimpression que lâhistoire nâen aurait pas Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©e en divisant le nombre de pages par deux. Aucune information nâaurait Ă©tĂ© Ă©garĂ©e. Par contre, notre attrait nâaurait peut-ĂȘtre disparu. De plus, les personnages principaux sont rapidement sĂ©parĂ©s. La place de SvendaĂŻ et du Kraal devient trĂšs secondaire et cela mâa déçu. Ils sont bien moins fades que Slhoka. Construire tout lâĂ©pisode autour de ce dernier fait que lâhumour disparait totalement de la lecture. Cela fait quâon se concentre davantage sur le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements. Ce dernier sâavĂšre confus et sans grand intĂ©rĂȘt. Tout ne tourne pas en rond mais avance bien lentement. Le sentiment de dilution toujours dĂ©sagrĂ©able commence Ă naitre. Câest dommage.
JâĂ©voquais en introduction la rupture graphique nĂ©e du changement de dessinateur Ă partir du quatriĂšme tome. Je vous avoue que je prĂ©fĂ©rai le travail de Floch. Ce nâest pas nĂ©cessairement une question de qualitĂ© pure mais de style. Je ne maitrise pas le vocabulaire spĂ©cifique du dessin et aurai du mal Ă argumenter mon opinion. Je trouve que les personnages apparaissent moins travaillĂ©s. Ils sont moins attachants graphiquement. De plus, ils apparaissent tout le temps dans lâexcĂšs sans forcĂ©ment que lâhistoire ne le justifie tout le temps. Dans la mĂȘme logique, je trouve que le travail sur les couleurs est trop simple et souffre de la comparaison avec la qualitĂ© des sĂ©ries du mĂȘme genre. Il est possible que dâautres lecteurs soient sĂ©duits par les illustrations de Ceyles. Je me contenterai de dire que son trait et moi ne nous sommes pas trouvĂ©s.
Pour conclure et ma critique ne sâen cache pas, je suis sorti déçu de ma lecture. « Les mĂ©andres » a tendance Ă donner corps Ă lâidĂ©e comme quoi ce second cycle est de trop. La graine de ce sentiment avait Ă©tĂ© plantĂ©e dans le tome prĂ©cĂ©dent. Ma dĂ©couverte de ce dernier opus a tendance Ă lâarroser de maniĂšre soutenue. Jâai du mal Ă voir comment Godderidge veut prolonger les aventures de son hĂ©ros. Mais mon affection pour les premiĂšres aventures de Slhoka me fait croire que le prochain Ă©pisode sera meilleur. Mais lâespoir ne sera pas Ă©ternelâŠÂ
Note : 8/20