Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Août 2007


Il y a peu de temps, j’ai rĂ©digĂ© un avis portant sur le premier opus de la sĂ©rie de bande dessinĂ©e « Pascal Brutal ». Aujourd’hui, je m’attaque au deuxiĂšme tome intitulĂ© « Le mĂąle dominant ». Cet ouvrage paru en aoĂ»t 2007 est vendu au prix de 9,95 euros. Il est Ă©ditĂ© chez « Fluide Glacial » et se compose d’une petite cinquantaine de pages. Son auteur est Riad Sattouf qui est depuis l’an dernier davantage connu pour avoir rĂ©alisĂ© « Les Beaux Gosses » que pour ses Ɠuvres littĂ©raires. C’est dommage dans le sens oĂč sa bibliographie gagne Ă  ĂȘtre dĂ©couverte.

Le premier tome intitulĂ© « La nouvelle virilitĂ© » nous faisait dĂ©couvrir Pascal Brutal. Ce monstre de muscles et de charisme n’est pas viril. Il est la virilitĂ©. Il s’agit d’un homme au physique de dĂ©mĂ©nageur, adepte de la castagne et tombeur de ses dames
 Par contre, on ne peut pas dire qu’il soit un monument d’intelligence. Mais on ne peut pas tout avoir
 Cet opus nous dĂ©crivait le quotidien de Pascal, nous faisait acquĂ©rir tous ses codes. C’est vraiment drĂŽle et rĂ©ussi. C’est pourquoi, j’étais enthousiaste en dĂ©couvrant ce nouvel album.

Dans « Le mĂąle dominant », l’auteur part du principe que Pascal ne nous est pas inconnu. La prĂ©sentation est plus succincte. On rentre directement dans le vif du sujet. On suit notre hĂ©ros dans ses aventures. Son charisme et son charme animal lui permet de se sortir de situations compliquĂ©es. Il a un cĂŽtĂ© « James Bond ». Il s’en sort toujours et avec classe ! On prend vraiment Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  suivre ce « beauf ». Alors qu’il nous agacerait dans notre quotidien, il nous fait rire ici. La lecture prend un ton diffĂ©rent dans cet album. Maintenant que Pascal nous est familier, cela nous permet d’anticiper ses rĂ©actions et ses pensĂ©es. Il nous dĂ©gage un cĂŽtĂ© familier qui est trĂšs agrĂ©able.

La particularitĂ© de cette sĂ©rie est qu’elle se dĂ©roule dans un futur proche dans lequel Alain Madelin fĂȘte son troisiĂšme septennat Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Cela permet Ă  l’auteur d’évoquer certains codes actuels comme Ă©tant des repĂšres du passĂ©. Cette vision dĂ©calĂ©e de notre quotidien est intĂ©ressante et donne lieu Ă  beaucoup de gags. Il n’est pas toujours facile d’avoir du recul sur ce qui parait ĂȘtre des Ă©vidences du prĂ©sent. Par exemple, suite Ă  un coup d’état, la monarchie belge a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une « gynarchie » extrĂȘme. C’est-Ă -dire que les femmes dirigent tout. L’homme est totalement soumis. On dĂ©couvre Ă©galement une Bretagne autonome
 Bref, les repĂšres gĂ©opolitiques sont modifiĂ©es pour notre plus grand plaisir tant Sattouf arrive Ă  exploiter tout cela pour nous faire rire.

Comique de situation et dialogues savoureux

L’humour rĂ©sidant dans cet opus rĂ©side dans plusieurs domaines. D’une part, il s’agit d’un comique de situation. Les aventures qui arrivent Ă  Pascal et les modifications historiques donnent lieu Ă  beaucoup de gags « premier degrĂ© ». D’autre part, les dialogues sont savoureux. Que ce soit les phrases sortant tout droit du cerveau de notre cher Pascal ou la narration de la « voix off », on n’arrĂȘte pas de rire. La densitĂ© des gags est d’une rare intensitĂ©. Plusieurs lectures sont nĂ©cessaires pour en profiter pleinement. De plus, le fait que l’album se dĂ©compose en des histoires indĂ©pendantes de quatre ou cinq pages, fait qu’on n’est pas obligĂ© de tout lire d’un coup. On peut le dĂ©couvrir Ă  tout moment par petite touche pour notre plus grand plaisir.

De plus, les dessins sont facilement accessibles. Le trait est simple, les cases sont trĂšs colorĂ©es. Tout cela participe activement au plaisir de notre lecture. MalgrĂ© un style apparemment simple, Sattouf arrive Ă  donner des expressions Ă  ses personnages parfois « cartoonesques ». Bref, « Le mĂąle dominant » se montre Ă  la hauteur de « La nouvelle virilitĂ© ». C’était loin d’ĂȘtre simple
 Avec « Pascal Brutal », c’est une sĂ©rie de grande qualitĂ© qui s’offre Ă  nous. J’ai hĂąte de me plonge dans le troisiĂšme tome qu’on m’a offert Ă  mon anniversaire. Il s’intitule « Plus fort que les plus forts ». Mais cela est une autre histoire… Bonne lecture !

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle VirilitĂ© – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle Virilité
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Juin 2006


 GrĂące Ă  mon frĂšre, j’ai rĂ©cemment fait une rencontre qui ne laisse pas indiffĂ©rent. J’ai dĂ©couvert Pascal Brutal. Ce hĂ©ros de bande dessinĂ©e est un vĂ©ritable personnage. « Pascal Brutal » est une sĂ©rie actuellement composĂ©e de quatreopus. Ils sont nĂ©s de la plume de Riad Sattouf cĂ©lĂšbre pour avoir rĂ©alisĂ© le rĂ©cent « Les Beaux gosses » au cinĂ©ma. Cet auteur prolifique est Ă©galement connu pour le succĂšs de son album « La vie secrĂšte des jeunes » dont est paru rĂ©cemment le second tome. Mais tout cela n’est pas le sujet d’aujourd’hui. En effet, je veux vous parler du tome initial de la grande saga de Pascal Brutal intitulĂ©e « La nouvelle virilitĂ© ». Paru chez « Fluide Glacial », ce bouquin est composĂ© d’une petite cinquantaine de pages. Il est vendu au prix d’environ dix euros.

Il est maintenant temps de vous prĂ©senter cet homme « remarquable ». Pascal Brutal vit dans une sociĂ©tĂ© dans laquelle Alain Madelin est prĂ©sident de la RĂ©publique. Pascal n’est pas viril, il est la virilitĂ©. Cheveux courts, bouc parfaitement dessinĂ©, ultra-bodybuildĂ©, une gourmette qui brille, des baskets Torsion 1992… VoilĂ  qui est Pascal Brutal. Il s’agit du male dans toute sa splendeur. Il prĂ©fĂšre rĂ©flĂ©chir avec ses muscles qu’avec son cerveau. Et cet album va nous apprendre Ă  le dĂ©couvrir


Une histoire contée en voix off.

L’album est construit d’une maniĂšre trĂšs particuliĂšre. Il ne s’agit pas d’une aventure de ce cher Pascal. L’histoire se dĂ©compose en une succession de scĂšnes de quelques pages ayant pour unique but de nous faire connaĂźtre le hĂ©ros. Chaque chapitre s’étale sur quatre ou cinq pages. L’histoire nous est Ă©galement contĂ©e par une « voix off » qui commente tout ce qui arrive Ă  notre cher Pascal. Cette « voix » est une des grandes rĂ©ussites de l’ouvrage. Le ton est dĂ©calĂ© et caricatural. On rigole vraiment en comparant le regard subjectif du narrateur et la rĂ©alitĂ© des actes commis par PB dans la case juste dessous.

pascalbrutal1aCar « La nouvelle virilitĂ© » est vraiment une grande rĂ©ussite sur le plan des dialogues et des textes. Il y a une grande densitĂ© de gags, de petites tournures. La qualitĂ© est de sortie et aucune case et aucune bulle ne sont nĂ©gligĂ©es. C’est un bouquin qui se savoure petit Ă  petit. Le dĂ©vorer d’une traite aurait pour consĂ©quence de se gĂącher. Chaque phrase et chaque anecdote sont Ă©crites pour ĂȘtre savourĂ©es. Vous n’ĂȘtes pas obligĂ© de tout lire d’un coup. Feuilleter quelques pages suffisent Ă  vous chatouiller les zygomatiques et Ă  penser trĂšs fort un « Quel con, ce Pascal ! ».

Car Pascal n’est pas futĂ©. C’est le moins qu’on puisse dire. On est quelque part dans la caricature du beauf musclĂ© qui a raison parce qu’il a des poings qui partent vite et qui font mal. Les filles sont folles de son corps et de ses nombreux talents physiques. Pascal est l’homme parfait tant qu’on ne lui demande pas de trop rĂ©flĂ©chir. On prend plaisir Ă  se moquer de lui. Ce n’est pas forcĂ©ment trĂšs sain. Mais une chose est sĂ»re, on rigole bien ! N’est-ce pas lĂ  le plus important ?

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Concernant les dessins, je les trouve trĂšs rĂ©ussis. C’est la premiĂšre fois que je dĂ©couvrais le coup de crayon de Riad Sattouf. Je n’ai pas Ă©tĂ© déçu. Le style est simple mais sait se montrer au diapason de l’esprit de la bande dessinĂ©e. On rentre trĂšs vite dans l’histoire. DĂšs les premiĂšres cases, on s’immerge dans la vie de Pascal. Cette rĂ©ussite est Ă©galement du aux dessins. Les cases sont colorĂ©es et ne devraient pas rebutĂ©s ceux d’entre vous qui ne sont pas forcĂ©ment familiers de la bande dessinĂ©e.

Au final, je suis trĂšs loin de regretter ma rencontre avec Pascal. J’ai vraiment bien rigolĂ© et j’ai hĂąte de me plonger dans les deux autres opus de la sĂ©rie. De bonnes tranches de rigolade m’attendent. Je ne peux donc que vous inciter Ă  aller dĂ©couvrir cet homme qui n’est comme aucun autre. Bonne lecture ! 

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Note : 17/20

Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy – Lewis Trondheim & StĂ©phane Oiry

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Titre : Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2014


« Maggy Garrisson » a attisĂ© la curiositĂ© des adeptes du neuviĂšme art lors de sa sortie le six mars dernier. En effet, c’était l’occasion de voir Lewis Trondheim scĂ©nariser une histoire dans un monde dĂ©nuĂ© de fantastique et qui n’utilisait graphiquement aucun mĂ©canisme anthropomorphe. D’ailleurs, il confie les dessins Ă  StĂ©phane Oiry que je dĂ©couvre Ă  l’occasion de cet album. « Maggy Garrisson » semble vouĂ©e Ă  devenir une sĂ©rie. En effet, cet ouvrage intitulĂ© « Fais un sourire, Maggy » est numĂ©rotĂ©e. Il s’agit donc du tome initial des aventures d’une nouvelle hĂ©roĂŻne. Le bouquin de format classique est Ă©ditĂ© chez Dupuis dans la collection Grand Public. La couverture nous fait dĂ©couvrir Maggy sous un parapluie en train de s’allumer une cigarette dans une rue pluvieuse londonienne.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente la porte d’entrĂ©e suivante : « C’est son premier job depuis deux ans
 Il faudrait qu’elle fasse un effort. Sauf que son patron a l’air d’un parfait incapable. Et qu’il n’y a pas mal de fric Ă  gratter en parallĂšle. » Le ton posĂ©. Il n’y avait plus qu’à espĂ©rer que la rĂ©alitĂ© soit Ă  la hauteur des attentes suscitĂ©es.

Bien que m’étant offert ce bouquin peu de temps aprĂšs son apparition dans les rayons de librairie, j’ai attendu quelques semaines avant de m’y plonger. J’ai donc eu l’occasion de lire sur le net ou dans la presse spĂ©cialisĂ©e bon nombre de critiques et d’avis Ă  propos de cette nouvelle hĂ©roĂŻne. Elles Ă©taient dans leur grande majoritĂ© Ă©logieuses et enthousiastes. Elles tressaient des louanges Ă  ce personnage fĂ©minin Ă  la personnalitĂ© marquĂ©e et au caractĂšre fort. Elles louaient les auteurs d’avoir immergĂ© leur intrigue dans la capitale britannique.

DĂ©couvrir le Londres contemporain

Je dois avouer que ce dernier aspect m’attirait. En effet, j’ai rarement eu l’occasion de dĂ©couvrir le Londres contemporain dans un album de bandes dessinĂ©es. Bien souvent, les relations entre le neuviĂšme art et « Smoke » se dĂ©roulent Ă  la fin du dix-neuviĂšme siĂšcle, Ă©poque ayant vu naĂźtre Jack l’éventreur ou Sherlock Holmes. Les calĂšches dans les rues sombres bravant le brouillard lĂ©gendaire permettait de gĂ©nĂ©rer des atmosphĂšres envoutantes. NĂ©anmoins, la richesse naĂźt de la diversitĂ© et j’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient exploiter les lieux et l’ambiance de la ville anglaise. Certaines scĂšnes extĂ©rieures n’ont aucun Ă  nous persuader que nous sommes outre-Manche. De plus, la mĂ©tĂ©o grise ou les pubs locaux participent Ă  cette immersion. MalgrĂ© tout, les Ă©vĂ©nements, les personnages et le fait que les Ă©changes soient en français ont tendance parfois Ă  nous faire penser que les personnages pourraient se trouver dans n’importe quelle autre grande ville europĂ©enne. Peut-ĂȘtre qu’en intĂ©grant quelques expressions anglaises dans les dialogues Ă  la maniĂšre de « Blake et Mortimer » cela aurait facilitĂ© la crĂ©dibilitĂ© gĂ©ographique de l’ensemble.

maggygarrison1aMaggy nous est jusqu’alors inconnue. Les auteurs doivent donc nous la prĂ©senter. La premiĂšre impression est toujours importante. Les premiers mots sont en voix off. Ils permettent de se faire une idĂ©e de cette femme. Elle donne le sentiment de ne pas aimer ĂȘtre embĂȘtĂ©e. En peu de termes, Trondheim nous offre l’identitĂ© de son hĂ©roĂŻne. Les pages suivantes confirment notre perception. Elle apparaĂźt dĂ©brouillarde. Son sens de l’éthique atteint rapidement ses limites quand quelques menus billets sont disponibles. Mais on ne lui en veut pas. Son cĂŽtĂ© futĂ© semble l’emporter sur son cĂŽtĂ© magouilleur.

La neuviĂšme planche marque le vrai dĂ©but de l’intrigue. Les prĂ©sentations sont faites. Il s’agit de rentrer dans le vif du sujet. La trame pose des jalons intĂ©ressants et sollicitent activement notre curiositĂ©. Les zones d’ombre sont nombreuses et on ne demande qu’à suivre les pĂ©rĂ©grinations de Maggy pour dĂ©nouer la pelote emberlificotĂ©e autour de son peu charismatique patron. HĂ©las, l’intensitĂ© narrative a tendance Ă  diminuer au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. Il se passe davantage de choses dans le premier tiers de l’album que dans les deux autres rĂ©unis. L’histoire donne lieu Ă  des moments sympathiques et bien Ă©crits mais le fil conducteur est faiblard et n’a pas arrivĂ© Ă  rĂ©ellement m’intĂ©resser. Au final, je me suis dĂ©tournĂ© de l’enquĂȘte menĂ©e par l’hĂ©roĂŻne. Son dĂ©nouement m’a laissĂ© quasiment insensible.

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Ce sentiment est regrettable car Maggy possĂšde un vrai potentiel scĂ©naristique. De plus, les auteurs font exister des personnages secondaires intĂ©ressants qui auraient pu donner une autre ampleur Ă  l’ensemble s’ils avaient Ă©tĂ© mieux ou plus exploitĂ©s. Je me demande mĂȘme si la lecture n’aurait pas Ă©tĂ© plus agrĂ©able si le fil conducteur des recherches de la jeune femme avait Ă©tĂ© plus en retrait. Cela aurait laissĂ© davantage de place aux diffĂ©rents Ă©changes de Maggy avec ses rencontres. En effet, ces moments sont les meilleurs de l’album. Ce premier tome a donc ses qualitĂ©s et ses dĂ©fauts. Les premiĂšres m’inciteront Ă  jeter un coup d’Ɠil sur le prochain opus lors de sa future sortie. Mais cela est une autre histoire


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Note : 11/20

Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : FĂ©vrier 2014


Lors de sa naissance, « Ralph Azham » s’est vu reprochĂ© d’ĂȘtre un sous-« Donjon ». En effet, le fait que Lewis Trondheim crĂ©e une sĂ©rie humoristique inscrite dans un univers de fantasy incitait naturellement Ă  faire un parallĂšle avec la saga tentaculaire « Donjon ». Cette derniĂšre possĂšde une place particuliĂšre dans le neuviĂšme art des deux derniĂšres dĂ©cennies. Ces afficionados dont je fais partie lui vouent une affection certaine. Les premiĂšres aventures de ce nouvel hĂ©ros prĂ©nommĂ© Ralph donnaient l’impression d’utiliser les mĂȘmes ficelles que celles de ces prĂ©dĂ©cesseurs Herbert et Marvin sans atteindre leurs auras. NĂ©anmoins, au fur et Ă  mesure que les annĂ©es passent, les tomes paraissent et permettent Ă  cette nouvelle sĂ©rie de voir sa propre identitĂ© prendre de l’épaisseur. La rarĂ©faction des parutions d’épisodes de « Donjon » facilite la chose. « Ralph Azham » se compose maintenant de six tomes dont le dernier est paru le six fĂ©vrier dernier chez Dupuis. Vendu au prix de douze euros, il nous offre une couverture nous immergeant au beau milieu d’une bataille de grande ampleur dans laquelle notre hĂ©ros n’a pas l’air au mieux. Il ne restait plus qu’à s’y plonger pour en savoir davantage


Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant des enjeux de cet opus : « Les oracles, ça ne raconte pas de bobards : conformĂ©ment Ă  leurs prĂ©dictions, Ralph a bel et bien dĂ©capitĂ© le terrible Vom Syrus. Ou plutĂŽt son sosie empaillĂ©, utilisĂ© par le roi pour entretenir la lĂ©gende
 PrivĂ© de l’alliance qu’il voulait nouer avec cet homme de paille et de retour sur les terres d’Astolia, Ralph va devoir trouver son pĂšre, une nouvelle stratĂ©gie, et un pantalon agrĂ©able ! Car l’aventure ne s’arrĂȘte pas pour la petite bande qui va dĂ©couvrir que les ennemis de nos ennemis ne sont souvent que d’autres
 ennemis ! »

Jouer avec humour des codes de la fantasy

Je dĂ©conseille Ă  tout lecteur de dĂ©couvrir cet album sans avoir lu les cinq prĂ©cĂ©dents de la sĂ©rie. Les tomes s’enchainent comme les chapitres d’un roman. Nous sommes bien loin de notre rencontre avec le hĂ©ros quand il Ă©tait un paria dans son propre village, perdu au milieu de nulle part. Depuis, il a fait bien des rencontres et a vu sa cĂ©lĂ©britĂ© grandir au grĂ© des Ă©vĂ©nements. « Ralph Azham » s’adresse Ă  un public large. L’auteur joue avec humour des codes de la fantasy.

Le cinquiĂšme tome s’est conclu par une vraie rĂ©vĂ©lation imprĂ©vue. Elle remettait en cause beaucoup des enjeux et des repĂšres jusqu’alors mis en place. Le grand mĂ©chant Von Syrus n’existait pas. Le roi semblait avoir crĂ©Ă© un mĂ©chant de toute piĂšce. C’est donc pour cela que nous assistons au retour de notre petit groupe vers leur lĂ©gendaire ennemi pour obtenir des explications. Sur ce plan-lĂ , le lecteur s’interroge tout autant. Notre curiositĂ© est mĂ©caniquement attisĂ©e tant cette dĂ©couverte scĂ©naristique. La trame du tome se dĂ©compose grossiĂšrement en deux parties. La premiĂšre dĂ©crit le retour Ă  Astolia, la seconde s’avĂšrera ĂȘtre une grande bataille avec Ralph dans le rĂŽle principal.

ralphazham6bCette intrigue ne s’avĂšre pas trĂšs intense. Le trajet vers la capitale n’est qu’une succession de rencontres et d’évĂ©nements sans grand intĂ©rĂȘt. Certes, ils sont autant d’occasion pour l’auteur de distiller une ou deux vannes bien senties. Je ne vous dis que je n’ai pas souri quelques fois au cours des pĂ©rĂ©grinations de Ralph et ses amis. NĂ©anmoins, l’ensemble manque de rythme et a un cĂŽtĂ© presque « encroĂ»tĂ© ». Trondheim a beau donnĂ© une place intĂ©ressante au pĂšre du hĂ©ros et son projet de rĂ©sistance, il n’arrive rĂ©ellement Ă  gĂ©nĂ©rer une montĂ©e en puissance vers le combat final. C’est dommage.

Comme je l’évoque prĂ©cĂ©demment, Ă  la maniĂšre de bon nombre de blockbuster, cet opus se termine sur une grande guerre. Je n’ai rien contre ce choix. Par contre, dans le sens oĂč cette scĂšne finale s’étale sur une vingtaine de pages, il est indispensable qu’elle soit originale, cadencĂ©e et spectaculaire. Je ne trouve pas que cela soit le cas dans « L’ennemi de mon ennemi ». MalgrĂ© tout l’affection que j’ai pour lui, je ne trouve pas que Trondheim arrive Ă  structurer sa scĂšne d’action finale. Les combats ne rebondissent pas, l’enchainement des diffĂ©rents duels ou assauts est brouillon. Bref, j’ai Ă©tĂ© assez déçu. Alors que cet album avait les ingrĂ©dients pour se conclure sur un feu d’artifice plein d’espoir pour la suite, il se conclue sur un sentiment mitigĂ©. J’avais l’impression que les vingt derniĂšres pages auraient pu ĂȘtre synthĂ©tisĂ©es en moins de dix, ce qui aurait permis de construire davantage le dĂ©nouement.

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Pour conclure, ce tome est loin d’ĂȘtre mon prĂ©fĂ©rĂ© de la sĂ©rie. Je trouve qu’il ne laisse pas beaucoup de place Ă  l’humour tant dans les situations que dans les dialogues. ParallĂšlement, l’intrigue n’avance pas non plus Ă  un rythme effrĂ©nĂ©. L’ensemble apparaĂźt brouillon et diluĂ©. L’attrait est prĂ©servĂ© par l’empathie pour les personnages et par quelques moments trĂšs rĂ©ussis, fruits du talent de son auteur. De plus, les dessins de Trondheim sont simples et sympathiques et rendent ainsi aisĂ© et agrĂ©able la lecture. Le travail sur les couleurs de Brigitte Findakly n’est pas rĂ©volutionnaire mais participe Ă  l’atmosphĂšre graphique de l’ensemble. Je pense donc que « L’ennemi de mon ennemi » n’est pas l’épisode le plus marquant de la saga. Mais cette lĂ©gĂšre dĂ©ception ne m’empĂȘchera pas d’attendre la parution du prochain tome. Je reste toujours curieux de savoir vers oĂč tout cela nous mĂšne


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Note : 11/20

Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Avril 2012


« Noires sont les Ă©toiles » est le troisiĂšme tome de « Ralph Azham ». Cet album marque la fin du premier cycle comme cela est indiquĂ© sur la couverture. EditĂ© chez Dupuis, cet ouvrage est paru il y a quelques mois. Il est vendu pour un prix avoisinant les douze euros. J’avais dĂ©cidĂ© de m’intĂ©resser Ă  cette sĂ©rie par le seul nom de son auteur. En effet, Lewis Trondheim occupe une place particuliĂšre dans mon cƓur de bĂ©dĂ©phile. « Les formidables aventures de Lapinot » et « Donjon » sont ses plus cĂ©lĂšbres productions. Mais « Les petits riens », « Bludzee », « Fennec » ou « Moins d’un quart de seconde pour vivre » sont autant d’albums assez uniques dans leur atmosphĂšre ou leur originalitĂ©. Les deux premiers opus de « Ralph Azham » Ă©taient sympathiques sans ĂȘtre mĂ©morables. J’espĂ©rais que « Noires sont les Ă©toiles » fasse changer cette saga de braquet.

Le rĂ©sumĂ© suivant est issu du site BdGest : « Ralph, toujours accompagnĂ© par les magiciens Yassou et maĂźtre Migachi, a dĂ©cidĂ© de voler la couronne de Tanghor, dont le pouvoir pourrait rendre la mĂ©moire Ă  sa sƓur. Il s’associe Ă  trois voleurs rencontrĂ©s sur le bord de la route et se rend Ă  Onophalae, oĂč la couronne magique est conservĂ©e en haut d’un pic particuliĂšrement bien protĂ©gĂ©. Du moins pour le commun des mortels, car rien ne rĂ©siste aux mĂ©thodes non-conventionnelles de Ralph. De son cĂŽtĂ©, le pĂšre de Ralph, qui a survĂ©cu Ă  l’effondrement du barrage, s’installe Ă  Astolia, oĂč il ouvre une boutique de gĂąteaux-surprises, dans l’espoir que son fils s’y rejoindra. Mais il n’est pas le seul Ă  l’y attendre : nombreux sont ceux qui aimeraient toucher la prime promise pour sa capture ! »

Le premier tome avait pour objectif de nous prĂ©senter le hĂ©ros, Ralph, et l’univers dans lequel il allait Ă©voluer. On dĂ©couvre qu’il est paria dans son propre village. Il est nĂ© avec les cheveux bleus, signe local d’ĂȘtre un Ă©lu. On est alors vouĂ© Ă  un destin prestigieux. Mais Ralph n’a pas Ă©tĂ© admis et est donc revenu marquĂ© par son Ă©chec chez lui. Tous ses amis lui tournent le dos. Il est tout juste bon Ă  dormir au milieu des cochons. Mais un Ă©vĂ©nement fait que son village est dĂ©truit. Il dĂ©cide alors de partir accompagnĂ© d’un enfant. Le second tome le voit se regrouper avec tous les enfants aux cheveux bleus, chacun possĂ©dant un pouvoir particulier qui dĂ©cidera de sa fonction prochaine. Mais ils se trouvent au centre d’un guet-apens et doivent Ă  nouveau s’enfuir. Mais le rĂ©el Ă©vĂ©nement de cet opus est la rencontre d’une jeune fille, chef de l’armĂ©e. Elle serait peut-ĂȘtre la sƓur que Ralph croyait disparue. Mais cette derniĂšre n’y croit pas. C’est pourquoi il dĂ©cide de partir en quĂȘte de la couronne de Tanghor dans ce troisiĂšme tome


Une Ă©volution positive

J’avais trouvĂ© les deux premiers tomes un petit peu fouillis. Trondheim donnait l’impression de vouloir construire un univers relativement complexe. Mais on avait tendance Ă  se noyer sous les informations au dĂ©triment du cĂŽtĂ© drĂŽle et dĂ©calĂ© des personnages et des dialogues qui font le succĂšs de l’auteur. J’espĂ©rais donc que « Noires sont les Ă©toiles » se montrent plus structurĂ© et linĂ©aire sur le plan narratif pour laisser une place dans la lumiĂšre Ă  ses protagonistes. Je trouve que l’évolution est positive. La trame principale est simple. Il faut retrouver une couronne qui permet de retrouver la mĂ©moire. Dans un second temps, il s’agira de la faire porter Ă  celle que Ralph pense ĂȘtre sa sƓur. Cela offre une unitĂ© de lieu qui permet de retrouver tous les personnages des deux premiers opus dans un mĂȘme endroit. Cela Ă©vite les voyages permanents qui remplissaient l’album prĂ©cĂ©dent.

Le fait qu’on ne quitte pas Astolia dans la deuxiĂšme partie de l’histoire permet de nombreuses interactions entre les personnages. Cela laisse donc une plus grande place aux dialogues. Trondheim laisse libre cours Ă  son talent et nous offre des moments vraiment drĂŽles. Il retrouve un petit peu la magie de « Donjon » qui est culte dans la fantasy dĂ©calĂ©e. Il joue avec les codes du genre. Objets magiques, pouvoir, malĂ©diction
 Rien n’est oubliĂ©. Le rythme de narration est assez soutenu et nous ne offre aucun rĂ©el temps mort. En ce sens, « Noires sont les Ă©toiles » est, Ă  mes yeux, le meilleur des trois tomes de la sĂ©rie. En simplifiant l’ensemble, Trondheim fait naitre un album plus passionnant et drĂŽle que les prĂ©cĂ©dents qui Ă©taient plus confus. On en apprend davantage Ă©galement sur le monde dans lequel se dĂ©roule l’histoire. On rencontre le roi par exemple.

Les dessins sont Ă©galement le fruit du trait de Trondheim. Son style est reconnaissable dĂšs le premier coup d’Ɠil. Je vous avoue que j’en suis friand. Le trait est simple et rend les planches faciles d’accĂšs. Cela n’empĂȘche pas les cases d’ĂȘtre pleines de dĂ©tails et habitĂ©es d’une vraie atmosphĂšre. Les dĂ©cors ne sont pas nĂ©gligĂ©s et participent Ă  la crĂ©ation de l’univers qui abrite la trame. De plus, les personnages sont tous facilement reconnaissables et possĂšdent chacun leur identitĂ© graphique soit par leur caractĂšre soit par leur physique. Enfin, le travail de Brigitte Findakly sur les couleurs est excellent et donne Ă  l’ensemble un aspect visuel trĂšs attractif.

En conclusion, « Noires sont les Ă©toiles » est un ouvrage honnĂȘte qui marque une progression dans la sĂ©rie. Il se lit avec plaisir. On ne s’ennuie jamais mĂȘme si on n’est pas aussi transportĂ© que dans « Donjon ». NĂ©anmoins, le premier cycle Ă©tant terminĂ©, on se doute qu’un second verra le jour. Je n’hĂ©siterai pas Ă  guetter sa parution pour suivre les aventures de Ralph. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ?
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mars 2011


« Ralph Azham » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e de l’imagination du cĂ©lĂšbre et talentueux Lewis Trondheim. Le premier tome intitulĂ© « Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? » est sorti le mois dernier. EditĂ© chez Dupuis, cet opus de format classique est composĂ© d’une grosse quarantaine de pages. Sur un fond blanc, la couverture nous prĂ©sente une galerie de personnages originaux tournant autour d’un jeune homme aux cheveux bleus et dont les mains sont attachĂ©es Ă  un poteau. Le prix de l’ouvrage est un petit peu infĂ©rieur Ă  douze euros.

Ralph Azham vit dans un village dans lequel il possĂšde le statut de souffre-douleur. Toutes les occasions sont bonnes pour le punir, le torturer ou le frapper. Il faut dire que ce cher Ralph possĂšde un pouvoir bien particulier. Il peut voir les morts et les naissances. Bref, pour lui, le quotidien est rarement rose et bien trop souvent noir et dur. Mais dĂ©jĂ  que la vie n’est pas facile, voilĂ  que le village va ĂȘtre attaquĂ© par la Horde, une troupe sanguinaire qui pris l’habitude de terroriser les habitants


Il faut savoir que je suis un grand fan de Lewis Trondheim. Je possĂšde une grande partie de ses productions. Et rares sont les lectures de l’une d’entre elles qui ne m’ont pas enthousiasmĂ©. Cela fait que la seule prĂ©sence de son nom sur une couverture de bandes dessinĂ©es fait que je m’offre l’album en question. La couverture laissait sous-entendre une nouvelle immersion de l’auteur dans l’univers de « l’HĂ©roĂŻc Fantasy ». C’était plutĂŽt une bonne nouvelle car son premier voyage dans le domaine a donnĂ© naissance Ă  la grande saga « Donjon » qui est une des Ɠuvres majeures de la derniĂšre dĂ©cennie dans le neuviĂšme art français. J’avais donc hĂąte de dĂ©couvrir ce cher Ralph. Pour ceux qui n’auraient pas encore la chance de connaĂźtre la magie de Trondheim, sachez qu’elle s’adresse Ă  tous les publics. Cet album rĂ©pond Ă©galement Ă  cette rĂšgle.

On frĂŽle parfois l’indigestion.

Cet album marque le dĂ©but d’une nouvelle sĂ©rie. Les personnages nous sont donc inconnus tout autant d’ailleurs que l’univers dans lequel ils vivent ou que les rĂšgles qui rĂ©gulent leur monde. C’est un attrait toujours certain des premiers opus de sĂ©ries de « Fantasy ». On est toujours Ă  la recherche de la petite originalitĂ© qui va nous rendre ce monde si sympathique. On ne peut pas dire que cet album se dĂ©marque vraiment des habitudes du genre. L’attrait rĂ©side davantage dans le fait que Trondheim veuille jouer avec les codes du genre. Le bĂ©mol est que j’ai trouvĂ© la trame trĂšs brouillonne. On a parfois l’impression que cela part dans tous les sens. Les informations sont nombreuses, les chemins variĂ©s. Mais au final, on frĂŽle parfois l’indigestion. J’ai en effet eu du mal Ă  me plonger dans le quotidien de Ralph Azham. Je suis restĂ© spectateur parce que la porte d’entrĂ©e Ă©tait peut-ĂȘtre un petit peu trop obstruĂ©e.

CĂŽtĂ© personnages, Trondheim nous en offre une galerie assez fournie. Le premier d’entre eux donne le nom Ă  la sĂ©rie. Il s’agit de Ralph Azham. On ressent un petit peu d’empathie pour lui. En effet, le fait que le village lui fasse porter tous les malheurs du monde avec un certain sadisme fait qu’on ne peut ĂȘtre que de son cĂŽtĂ©. Le fait que l’histoire se dĂ©roule dans une petite communautĂ© fait qu’on voit rapidement graviter un nombre certain de personnages identifiables. C’est une rĂ©ussite de l’ouvrage car cela nous permet quand mĂȘme de visualiser assez rapidement le fonctionnement local. Je ne vous les prĂ©sente pas tous parce qu’une partie du plaisir de la lecture rĂ©side dans la surprise et la dĂ©couverte.

CĂŽtĂ© atmosphĂšre, je ne l’ai pas trouvĂ© trĂšs prenante. Au risque de me rĂ©pĂ©ter, je trouve que la narration est trop brouillonne pour rendre notre immersion totale. Je pense que structurer davantage les informations en les allĂ©geant Ă©ventuellement aurait permis de donner davantage d’épaisseur aux personnages et ainsi de dĂ©velopper nos sentiments Ă  leurs Ă©gards. Ce n’est que mon point de vue mais c’est en tout cas ce que j’ai ressenti. C’est dommage car certaines scĂšnes sont vraiment trĂšs rĂ©ussies. Trondheim dĂ©montre une nouvelle fois son talent pour faire rire en tout occasion. Certaines rĂ©pliques sont remarquables de drĂŽlerie. NĂ©anmoins, on ne retrouve pas la densitĂ© humoristique que contiennent certains Ă©pisodes de « Donjon ».

Concernant les dessins, je les trouve remarquables. Il faut dire que je trouve le style de Trondheim trĂšs agrĂ©ables. D’apparence trĂšs simple et quasiment enfantin, ils collent parfaitement au ton de l’histoire. Ils rendent la lecture aisĂ©e pour tout type de public. Pour des raisons Ă©quivalentes, les couleurs sont bien dosĂ©es. J’en profite pour signaler la qualitĂ© du travail dans ce domaine de Brigitte Findakly qui s’en est chargĂ©e dans cet opus. Le dĂ©coupage des cases est classique. Chaque page est composĂ©e de quatre lignes dĂ©coupĂ©es chacune en une Ă  quatre cases. Sur ce plan-lĂ , la lecture ne nĂ©cessite pas de gymnastique particuliĂšre.

Au final, cet opus m’a laissĂ© un sentiment mitigĂ© une fois terminĂ©. Je ne peux pas dire qu’il ne m’a pas fait passer un moment agrĂ©able. J’ai souvent ri, j’ai Ă©galement trouvĂ© certains dialogues ou certaines scĂšnes savamment tournĂ©s. Par contre, je n’ai pas eu l’envie, comme souvent avec Trondheim, de me plonger au plus vite dans l’album tout juste terminĂ©. Peut-ĂȘtre en attendais-je trop ? MalgrĂ© tout, je n’ai pas passĂ© un moment dĂ©sagrĂ©able en le dĂ©couvrant. Mais il n’est pas Ă  la hauteur des sĂ©ries comme « Lapinot » ou « Donjon ». Cela ne m’empĂȘchera pas de m’offrir le prochain opus de cette sĂ©rie pour dĂ©couvrir les nouvelles aventures de ce pauvre Ralph Azham


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Note : 12/20

Donjon CrĂ©puscule, T111 : La fin du donjon – Lewis Trondheim, Joann Sfar & Mazan

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Titre : Donjon crépuscule, T111 : La fin du donjon
Scénaristes : Lewis Trondheim & Joann Sfar
Dessinateur : Mazan
Parution : Mars 2014


 « La Fin du Donjon »  Le titre du tome 111 de « Donjon CrĂ©puscule » est sans Ă©quivoque : c’est la fin ! La grande aventure nĂ©e de l’imagination de Lewis Trondheim et Joann Sfar allait vivre Ă  son dĂ©nouement. La lecture du tome prĂ©cĂ©dent « Haut Septentrion » nous prĂ©sentait un premier angle de vue sur le combat final qui concluait la saga. Mais « La Fin du Donjon » conte les Ă©vĂ©nements perçus Ă  travers Marvin et Herbert, les deux hĂ©ros lĂ©gendaires. Les deux auteurs ont confiĂ© les dessins Ă  Mazan, dĂ©jĂ  vu sur le premier Ă©pisode de « Donjon Monsters ». Sorti chez Delcourt, en mars dernier, l’album Ă©tait prĂ©sentĂ© par une trĂšs jolie couverture. On y dĂ©couvrait les ruines du Donjon dans lesquelles la nature reprenait le dessus. J’ai trouvĂ© cette illustration trĂšs rĂ©ussie. J’espĂ©rais que le reste de la lecture serait Ă  la hauteur et offrirait Ă  « Donjon » une conclusion brillante.

« Plus les Ăźlots de Terra Amata montent, moins il y a d’oxygĂšne. Tandis que Marvin Rouge et Zakutu tentent de protĂ©ger les objets du Destin, Herbert et le Roi PoussiĂšre sont obligĂ©s de faire allĂ©geance Ă  l’EntitĂ© noire afin d’obtenir le prĂ©cieux oxygĂšne. La fin du Donjon n’a jamais Ă©tĂ© aussi proche ! Mais la rĂ©sistance est en marche. » VoilĂ  le rĂ©sumĂ© offert par le site BD Gest’. A mes yeux, il prĂ©sente clairement les enjeux pour tout lecteur rĂ©gulier de la sĂ©rie.

Il est Ă©vident qu’essayer de lire cet album sans connaĂźtre les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents est une mission impossible. Il n’y a pas de piqĂ»re de rappel. Les auteurs plongent immĂ©diatement dans le dur. L’histoire peut ĂȘtre perçue comme un spin off de « Haut Septentrion ». Il faut au moins avoir entiĂšrement lu le cycle « Donjon CrĂ©puscule » qui relate la fin du Donjon. Il se compose actuellement d’une dizaine d’ouvrages.

Un rythme effréné

Un des dĂ©fauts que ne possĂšde pas cet album est le fait de ne pas ĂȘtre habitĂ© par des temps morts. Le rythme est effrĂ©nĂ©. Les Ă©vĂ©nements s’enchainent. L’action est de sortie. Mazan a un gros travail d’illustration Ă  faire pour faire ressentir le mouvement perpĂ©tuel qui accompagne les pĂ©rĂ©grinations d’Herbert et Marvin. Ils n’arrĂȘtent pas de courir aux quatre coins de Terra Amata. Le trait de l’auteur traduit assez bien cette sensation de course permanente contre la montre. Le lecteur n’a jamais le temps de souffler. NĂ©anmoins, j’apporterais un bĂ©mol. L’ensemble m’apparait brouillon. J’ai parfois eu la sensation que scĂ©nario Ă©tait un cousin du diable de Tasmanie. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able dans l’ensemble mais cela m’a essoufflĂ© par moment.

Le dĂ©nouement est connu dans les grandes lignes avant mĂȘme la dĂ©couverte de la premiĂšre page. Le fait d’avoir lu le tome 110 de « Donjon CrĂ©puscule » donne beaucoup d’informations Ă  ce propos. Cela fait que j’ai eu du mal Ă  me passionner pour les rebondissements qui jalonnent le trajet d’Herbert tout au long de l’histoire. Par contre, j’étais attentif Ă  tous les moments partagĂ©s entre le palmipĂšde et son ami dragon. Ils forment le duo central de la saga. Il Ă©tait donc important de savourer les derniers temps passĂ©s Ă  leurs cĂŽtĂ©s. J’ai regrettĂ© que cet aspect nostalgique et Ă©motionnel soit en retrait par rapport Ă  l’action pure. Je ne le reproche pas aux auteurs. C’est leur choix et leur Ɠuvre. NĂ©anmoins, je regrette que le « au revoir » soit finalement aussi brutal. Seules les trois derniĂšres pages sont apaisĂ©es et closent l’aventure avec poĂ©sie. Parsemer le reste de l’album de ce type de pensĂ©es ou de phrases ne m’aurait pas dĂ©plu. Dans un genre trĂšs diffĂ©rent, je trouvais la fin de « Lapinot » bien plus intense et mieux amenĂ©e.

Pour conclure, j’ai passĂ© un bon moment Ă  assister Ă  la fin du Donjon. Le plaisir que j’ai eu Ă  retrouver Herbert et Marvin ensemble m’a fait oublier les quelques dĂ©fauts que dĂ©gageait par moment la lecture. Il est indispensable pour tout adepte de la saga de s’y plonger pour boucler la boucle. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer qu’un jour les auteurs trouveront le temps de combler quelques trous que possĂšde la grande Histoire du Donjon. L’espoir n’a jamais tuĂ© personne


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Note : 12/20

Donjon Crépuscule, T110 : Haut Septentrion

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Titre : Donjon crépuscule, T110 : Haut Septentrion
Scénaristes : Lewis Trondheim & Joann Sfar
Dessinateur : Alfred
Parution : Mars 2014


« Donjon » est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art. Lors de sa naissance, le projet de Lewis Trondheim et Joann Sfar paraissait irrĂ©aliste. Il souhaitait conter l’histoire des habitants d’un Donjon au cours de trois Ă©poques diffĂ©rentes. « Donjon Potron-Minet » devait suivre la construction du Donjon, « Donjon ZĂ©nith » son apogĂ©e et « Donjon CrĂ©puscule » sa chute. D’autres sĂ©ries telles que « Donjon Monsters » ou « Donjon Parade » agrĂ©mentaient Ă©galement cet univers. Depuis de nombreuses annĂ©es, les tomes paraissent Ă  un rythme effrĂ©nĂ© pour le plus grand plaisir des lecteurs. La fantasy et l’humour sont les deux caractĂ©ristiques de cette grande Ă©popĂ©e. Chaque cycle possĂšde sa propre identitĂ© tout en respectant la cohĂ©rence narrative. Mais ces derniĂšres annĂ©es, les nouveaux Ă©pisodes ont Ă©tĂ© plus rares. En mars dernier, sont apparus dans les rayons Ă  ma grande surprise deux nouveaux tomes. J’eus la dĂ©sagrĂ©able surprise de voir qu’ils marquaient la fin de l’aventure. Ces opus marquaient-ils la derniĂšre touche des auteurs Ă  leur crĂ©ation ou pensaient-ils un jour combler les nombreuses zones d’ombre que leur chronologie possĂšde encore ? C’est sans rĂ©ponse Ă  ses interrogations que je me suis plongĂ© dans « Haut Septentrion », tome 110 de « Donjon CrĂ©puscule ».

Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant des enjeux de cet album : « Tremblement sur Terra Amata. Alors que tous les Ăźlots s’éloignent du noyau de magma et de l’atmosphĂšre respirable, le Roi PoussiĂšre pense qu’il est temps pour lui de mourir de façon hĂ©roĂŻque. Marvin Rouge s’accroche toujours, bon grĂ©, mal grĂ© et va devoir le sauver de cette idĂ©e fixe tout en trouvant un moyen de respirer. »

Des scÚnes de combat et de batailles. 

Trondheim et Sfar n’en sont pas Ă  une fantaisie prĂšs. En effet, cet ouvrage doit ĂȘtre lu en parallĂšle du tome 111 intitulĂ© « La fin du Donjon ». Chacun dĂ©crit les Ă©vĂ©nements qui mĂšnent au dĂ©nouement de l’intrigue en axant sa narration sur des angles et des personnages diffĂ©rents. Ma critique porte sur « Haut Septentrion » qui se centre sur le duo formĂ© de Marvin Rouge et Zakutu. Le premier est un guerrier hystĂ©rique assoiffĂ© de sang ou de sexe au grĂ© de ses humeurs. La seconde est une princesse hĂ©ritiĂšre au caractĂšre trempĂ©. Les alĂ©as de leurs parcours respectifs les mĂšnent au centre d’un combat dont l’issue sera dĂ©finitive pour le Monde. Je me dois rapidement prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir une connaissance minimale des enjeux et des protagonistes de la sĂ©rie pour se plonger dans cette lecture. Dans le cas cadre contraire, il me semble impossible d’y comprendre quoi que ce soit.

La nature mĂȘme de l’histoire fait que la majoritĂ© des planches sont des scĂšnes de combat et de batailles. Je ne suis pas trop fan de ce type de construction parce que bien souvent certaines planches sont du remplissage. Occuper trois planches Ă  dessiner des explosions et des duels Ă  l’épĂ©e Ă©vite trop frĂ©quemment de construire une intrigue et de rĂ©diger des dialogues travaillĂ©s. Mais les deux auteurs ne tombent pas dans cette facilitĂ©. Chaque page est agrĂ©mentĂ©e de plusieurs vannes bien senties que ce soit entre les hĂ©ros ou envers leurs ennemis. Le cĂŽtĂ© testostĂ©rone des derniers opus de « Donjon CrĂ©puscule » est une nouvelle fois bien transcrit. On pourrait regretter un dĂ©but un petit peu brouillon. Le fait que la sĂ©rie ait sautĂ© deux ou trois tomes a pour consĂ©quence de nĂ©cessiter pour le lecteur un temps d’adaptation Ă  la nouvelle situation Ă  Terra Amata. La mise en route manque un petit peu de clartĂ© et de finesse. NĂ©anmoins, l’affection ressentie Ă  l’égard de cette sĂ©rie fait rapidement oubliĂ© ce dĂ©faut au dĂ©marrage une fois que les deux tourtereaux au sang chaud se retrouvent en amoureux pour sauver le monde.

La relation entre Marvin et Zakutu est un des points forts de ce cycle. Les deux personnages sont individuellement trĂšs rĂ©ussis et ils prennent une ampleur explosive quand ils sont mis en contact. Ce tome accentue ce phĂ©nomĂšne dans le sens oĂč ils ne sont que tous les deux lors de leurs pĂ©rĂ©grinations. Personne ne leur fait de l’ombre et cela leur permet de ne fixer aucune limite Ă  leurs excĂšs. Cela offre des moments trĂšs drĂŽles et surtout aucun temps mort. Une fois la machine narrative enclenchĂ©e, elle ne cesse pas de s’emballer sans jamais ralentir. MĂȘme la derniĂšre planche est rĂ©ussie sur ce plan-lĂ  alors que l’issue laissait la porte ouverte Ă  quelque chose de plus classique et traditionnel.

Les auteurs ont pris l’habitude de changer bien souvent de dessinateurs d’un album Ă  l’autre. C’est Alfred qui se voyait confier l’illustration de ce combat final. Il s’en sort correctement et reste globalement fidĂšle Ă  l’identitĂ© graphique de la saga. MalgrĂ© tout, il ne s’agit pas de l’artiste dont j’ai prĂ©fĂ©rĂ© le travail sur la sĂ©rie. Son trait manque de finesse et de prĂ©cision Ă  mes yeux. C’est dommage car les scĂšnes sont rythmĂ©es et denses. Il m’apparaĂźt donc important de se montrer soignĂ© et appliquĂ© pour permettre au lecteur Ă  la fois de s’immerger dans des dĂ©cors en changement permanent tout en comprenant dans les moindres dĂ©tails les Ă©vĂ©nements qui s’y dĂ©roulent. Par contre, je n’ai rien Ă  dire sur le travail des couleurs qui correspondent parfaitement aux attentes gĂ©nĂ©rĂ©es.

Pour conclure, cet opus conclut honorablement le cycle. C’est d’ailleurs plus dans l’évolution des deux personnages principaux que dans l’issue du combat final que rĂ©side l’attrait de la lecture. Il est Ă©vident que certains moments concernant Herbert sont nĂ©buleux dans cet album. Mais je ne doute pas que « La fin du Donjon » Ă©claircira tout cela. Mais c’est une autre histoire


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Note : 14/20


 

Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Mars 2014


« Blast » est un OVNI du neuviĂšme art. Depuis la sortie de son premier tome il y a presque quatre ans, cette sĂ©rie est amenĂ©e Ă  marquer profondĂ©ment ses lecteurs. Ce roman graphique nĂ© de l’imagination et de la plume de Manu Larcenet est un uppercut permanent. Cette saga est une tĂ©tralogie. Le sept mars dernier est apparu l’épisode ultime du parcours de Polza Mancini, ce personnage pas comme les autres. Ce dernier opus s’intitule « Pourvu que les bouddhistes se trompent ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose de cent quatre-vingt-quinze pages. Il coĂ»te vingt-trois euros. La couverture se partage en deux plans. Le premier nous prĂ©sente Polza, revenu Ă  l’état sauvage. Le second nous prĂ©sente Carole assise un rĂ©volver dans la main. Le dĂ©nouement approche et nous pouvons lĂ©gitimement l’apprĂ©hender.

La quatriĂšme de couverture fait parler Mancini qui s’adresse Ă  nous : « Un vent lourd, puant suie et cadavre, gronde sur la route et me glace. L’orage approche. Je ne cherche aucun abri, il n’en existe pas Ă  ma taille. Je claudique au bord du chemin, ivre comme toujours, dans l’espoir que la distance entre nous se rĂ©duise que nos peaux se touchent enfin. Sali, battu, hagard, je repousse le moment oĂč, le souffle court et les pieds meurtris par de mauvaises chaussures, je devrai m’arrĂȘter. Serai-je encore assez vivant pour repartir ? »

Tour Ă  tour Ă©mu, touchĂ©, Ă©nervĂ©, choquĂ©, compatissant, dĂ©goĂ»tĂ©, horrifiĂ©…

Polza Mancini est un personnage riche qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent. Pire que cela, il arrive Ă  gĂ©nĂ©rer tous les spectres des sentiments possibles. Tour Ă  tour j’ai Ă©tĂ© Ă©mu, touchĂ©, Ă©nervĂ©, choquĂ©, compatissant, dĂ©goĂ»tĂ©, horrifiĂ© et j’en passe. D’une page Ă  l’autre, nos Ă©motions sont chamboulĂ©es. La vie de Polza est celle d’un clochard comme il l’affirme. Elle alterne donc entre des moments de poĂ©sie dans la forĂȘt ou prĂšs d’une riviĂšre avec des moments durs inhĂ©rents Ă  la vie dehors. Tous les marginaux ne sont pas stables et bienveillants, loin s’en faut. D’ailleurs le Mancini n’est pas dĂ©nuĂ© de dĂ©faut : il est alcoolique, droguĂ©, instable, sale. A cela s’ajoute un physique difforme qui incite Ă  dĂ©tourner le regard. Bref, il fait partie des gens qu’on n’oublie mais qu’on ne souhaite pas croiser Ă  nouveau.

Mais Polza ne nous conte pas son histoire au coin du feu. Il est en garde Ă  vue. Il est accusĂ© du meurtre de Carole, une jeune femme que les premiers tomes ont petit Ă  petit fait apparaĂźtre dans la vie de Mancini. L’album prĂ©cĂ©dent se concluait par une rude rĂ©vĂ©lation : Carole aurait tuĂ© son propre pĂšre. C’est donc ici que reprend la trame pour ce dernier acte.

A la suite de son Ă©vasion de l’hĂŽpital, Polza est hĂ©bergĂ© chez un des anciens pensionnaires prĂ©nommĂ© Roland. Ce dernier vit dans une ferme reculĂ©e avec sa fille Carole. Mancini ne quittera plus cette ferme jusqu’à son interpellation par la police. Pour la premiĂšre fois, Polza est sĂ©dentaire. Bien qu’il affirme ĂȘtre irrĂ©mĂ©diablement attirĂ© par un dĂ©part dans la forĂȘt, il ne franchit jamais le pas. Il semble attachĂ© Ă  sa nouvelle famille. L’équilibre qui rĂ©git la vie de cette petite communautĂ© est remarquable dĂ©crit par Larcenet. Alors qu’on pourrait y voir une fille aimante et dĂ©vouĂ©e qui s’occupe de son pĂšre malade et qui accueille un sans-abri en quĂȘte d’affection. Mais tout cela est bien plus compliquĂ©, malsain et inquiĂ©tant. Chaque rayon de soleil prĂ©cĂšde une longue pĂ©riode sombre sans lumiĂšre. L’issue nous est connue. Elle est triste et fatale. Le moins que nous puissions dire est que le chemin qui y mĂšne n’est pas plus joyeux.

CĂŽtĂ© dessin, le voyage est intense. Le travail graphique de Larcenet est impressionnant. Son Ɠuvre est quasiment entiĂšrement en noir et blanc. Il fait naĂźtre une grande galerie d’atmosphĂšre. Que les scĂšnes soient intimes ou que ce soient des paysages, que les moments soient lĂ©gers ou horribles, tout nous pĂ©nĂštre profondĂ©ment. Je n’ai pas le vocabulaire suffisamment riche pour vous transcrire les sentiments ressentis devant les planches ou les termes prĂ©cis et techniques qui permettraient d’expliquer la qualitĂ© du travail. Je ne peux donc que vous inciter Ă  ouvrir aux hasards ce tome et en lire quelques pages. Ce sera la meilleure maniĂšre de vous imprĂ©gner et de savourer les remarquables illustrations qui accompagnent cette histoire qui l’est tout autant.

« Pourvu que les bouddhistes se trompent » conclue avec maestria cette grande saga. La derniĂšre partie de l’ouvrage est une invitation Ă  la redĂ©couvrir avec un regard neuf. Cette sĂ©rie est une Ɠuvre majeure de ma bibliothĂšque. Je pense que je m’y plongerai rĂ©guliĂšrement quitte Ă  prendre du plaisir de lecteur Ă  souffrir. « Blast », c’est une expĂ©rience qui ne laisse pas indemne


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Note : 19/20

Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Octobre 2012


« Blast » est incontestablement un OVNI dans la bibliographie de Manu Larcenet. Sa cĂ©lĂ©britĂ© est nĂ©e du succĂšs de sĂ©ries telles que « Le retour Ă  la Terre », « Donjon Parade », « Le combat ordinaire » ou encore « Chez Francisque ». J’ai toujours suivi son travail. Il a su me faire rire souvent et m’émouvoir de temps Ă  autre. Bref, cet auteur est incontestablement un des Ă©crivains en vogue du neuviĂšme art. Son aura prend une toute autre ampleur lorsqu’apparait « Grasse carcasse » dans les librairies. Premier Ă©pisode de sa nouvelle saga, cet album se dĂ©marque. Le format est plus carrĂ©, il se compose de deux cents pages et l’identitĂ© graphique est noire et blanche. Une fois la lecture entamĂ©e, l’atmosphĂšre glauque, triste et dĂ©pressive nous envahit et ne nous laisse pas indemne une fois terminĂ©e. Bref, « Blast » organise un voyage unique qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent. C’est donc avec un plaisir intense que j’ai dĂ©couvert la parution en octobre dernier du dernier acte des aventures de Polza Mancini.

Son hĂ©ros est accusĂ© d’avoir agressĂ© une femme. Il est en garde Ă  vue, Ă©coutĂ© par des policiers. Ces derniers cherchent Ă  savoir comment cet acte a pu avoir lieu. Mais Polza veut tout expliquer. Cela part de son enfance, de la mort de son frĂšre et de son pĂšre. Et surtout il Ă©voque son premier Blast, Ă©tat d’extase profonde qu’il obtient en abusant d’alcool ou de substances illicites. Sa vie de clochard, en dehors des sentiers battus, se rĂ©sument donc Ă  des rencontres hasardeuses et la quĂȘte du blast. Son physique ingrat fait de lui un paria volontaire de la sociĂ©tĂ©. Dans l’opus prĂ©cĂ©dent, il croisait Jacky qui s’avĂ©rait ĂȘtre un serial killer. Ce nouvel acte prĂ©sente de nouvelles rencontres qui ne laissent pas indemne Ă  la fois le hĂ©ros et ses lecteurs


Un hĂ©ros malade Ă  l’intelligence particuliĂšre et alambiquĂ©e.

Cet ouvrage se dĂ©marque des deux prĂ©cĂ©dents par la narration de l’internement de Polza. Suite Ă  une tentative de suicide difficile Ă  soutenir, Mancini se trouve enfermĂ© dans une structure hospitaliĂšre qui lui impose une thĂ©rapie psychanalytique. On n’a jamais doutĂ© du fait que le hĂ©ros est malade et nĂ©cessite des soins. Mais c’est la premiĂšre fois depuis le dĂ©but de l’histoire qu’on le dĂ©couvre dans les mains du corps mĂ©dical. Son intelligence particuliĂšre, inquiĂ©tante et alambiquĂ©e prend une autre ampleur quand elle se confronte Ă  la rĂ©alitĂ©. Son refus de se soigner, sa maniĂšre de manipuler et de mĂ©priser les codes font que tout espoir Ă  son Ă©gard disparaĂźt. Il ne veut pas saisir la main qu’on lui tend. On s’en doutait mais on souffre de voir cela se confirmer.

En dehors de la pĂ©riode mĂ©dicale de l’intrigue, Larcenet nous offre des scĂšnes particuliĂšrement dures qui mettent mal Ă  l’aise et qui font souffrir. L’auteur n’utilise aucun filtre pour dĂ©crire la vie de cet homme errant. On sent particuliĂšrement bien l’angoisse de la nuit. Toutes les bĂȘtes fĂ©roces sortent de leur taniĂšre et l’animalitĂ© de l’homme prend une toute autre ampleur qui est loin de laisser indiffĂ©rent. Le talent de l’auteur pour alterner des moments bavards et des moments complĂštement silencieux participe activement Ă  cette atmosphĂšre oppressante. La capacitĂ© que possĂšde l’écrivain Ă  dessiner des paysages nocturnes ou diurnes fait que nos Ă©motions sont en permanence sollicitĂ©es.

Je ne voudrais trop vous en dĂ©voiler. En effet, le plaisir rĂ©side Ă©galement dans les nombreuses interrogations qui se posent Ă  nous quant au devenir de Polza. Le suspense est stressant tant la descente aux enfers du hĂ©ros est permanente. Cet ouvrage est donc dans la lignĂ©e des deux premiers opus. Il s’agit lĂ  d’un vrai compliment tant je suis adepte de cette saga qui est unique dans son genre et qui ne laissera personne indemne une fois le bouquin refermĂ©. Mancini continue Ă  nous hanter


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Note : 17/20