LĂ©gendes de la Garde, T3 : La hache noire – David Petersen

LegendesDeLaGarde3


Titre : LĂ©gendes de la garde, T3 : La hache noire
Scénariste : David Petersen
Dessinateur : David Petersen
Parution : Janvier 2014


« LĂ©gendes de la Garde » est un recueil nous contant les aventures de souris. En effet, l’auteur, David Petersen, nous fait dĂ©couvrir le quotidien de la sociĂ©tĂ© des cĂ©lĂšbres rongeurs. Il nous immerge donc dans un monde forestier dans lequel existent des citĂ©s habitĂ©es par ces petits animaux. Le milieu est hostile et donc la survie de tout ce petit monde nĂ©cessite une protection. C’est pour cela qu’est nĂ©e la Garde et ce sont dans les aventures de ses membres que nous plonge chaque tome de cette sĂ©rie. « La Hache Noire » est le troisiĂšme et dernier en date de ces Ă©pisodes. Il est paru en France en janvier dernier. Il est Ă©ditĂ© chez Gallimard. Il est d’un format peu classique. De forme carrĂ©e, il se compose de cent cinquante-cinq planches. La couverture nous prĂ©sente un trio de souris dont celle du centre tient fiĂšrement une arme qui doit ĂȘtre la fameuse Hache Noire Ă©voquĂ©e dans le titre.

Le site www.fnac.com propose le rĂ©sumĂ© suivant : « Au printemps 1115, le jeune Celanawe se voit investi d’une mission : escorter Em, sa derniĂšre parente, pour retrouver la Hache noire. Cette arme mythique, qui passe de main en main depuis la nuit des temps, a Ă©tĂ© forgĂ©e par un mystĂ©rieux ancĂȘtre, et quiconque la porte doit veiller secrĂštement sur le peuple des souris. Une quĂȘte qui entraine Celanawe au-delĂ  du danger, vers les mers inconnues et les contrĂ©es lointaines
 L’épopĂ©e fondatrice des LĂ©gendes de la Garde ! » 

LegendesDeLaGarde3b1Les Ă©vĂ©nements de ce troisiĂšme tome sont antĂ©rieurs de ceux des deux prĂ©cĂ©dents de plusieurs dizaines d’annĂ©es. La consĂ©quence logique est que la lecture de cet album peut se faire sans avoir lu les deux Ă©pisodes suivants. MalgrĂ© tout, une connaissance grossiĂšre de la sociĂ©tĂ© des souris permet une immersion plus aisĂ©e et plus profonde. De plus, la lecture de cet ouvrage peut convenir Ă  un public trĂšs large. Les plus jeunes prendront plaisir Ă  suivre les pĂ©rĂ©grinations de ces petits hĂ©ros, les plus ĂągĂ©s savoureront les arcanes du monde qui abritent tous ces personnages.

La datation indique clairement que l’intrigue s’inscrit dans un univers mĂ©diĂ©val. Par contre, l’auteur a fait le choix de ne pas s’orienter vers la fantasy. On ne trouve ni magie, ni crĂ©atures fantastiques ou imaginaires. Les adeptes du Moyen-Âge retrouveront donc avec plaisir des combats Ă  l’épĂ©e, des soldats avec une cape, des villes fortifiĂ©es, des altesses royales. Tous les protagonistes sont des animaux. Par contre, ils ne sont pas tous des souris. Il y a des furets, des lapins, des corbeaux et j’en passe
 L’architecture s’approche de celle qu’on imagine ayant abritĂ© nos trĂšs lointains ancĂȘtres. Le travail sur les dĂ©cors de la part de l’auteur est assez remarquable. Avec un style particulier, il arrive Ă  offrir beaucoup de dĂ©tails aux lieux et aux seconds plans. Cela permet au lecteur de voyager aisĂ©ment dans les artĂšres de ce monde Ă  la fois hostile et fabuleux.

La narration se dĂ©compose en neuf parties : un prologue, six chapitres, un Ă©pilogue et des annexes. Cela s’explique par le fait que la premiĂšre parution de l’histoire s’est faite en petit fascicule indĂ©pendant. Chaque chapitre offre donc une page de rĂ©sumĂ© des Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Il remet ainsi en perspective les enjeux en cours. Ce dĂ©coupage est une excellente chose. Cela rend la trame dense. Chaque partie apporte son lot d’évĂ©nements et de rĂ©vĂ©lations. MalgrĂ© la longueur globale de l’ouvrage, Ă  aucun moment, l’intensitĂ© ne diminue. Les pages se lisent avec plaisir et dĂ©filent sans mal. La quĂȘte menĂ©e par les hĂ©ros est relativement prenante. Je n’ai eu aucun mal Ă  emboiter leurs pas. On pourra toujours regretter que l’intrigue ne soit pas plus originale et se montre un petit peu moins classique. A contrario, il est toujours agrĂ©able qu’une histoire se dĂ©roule au douziĂšme siĂšcle utilise les codes de son Ă©poque.

LegendesDeLaGarde3b2

La qualitĂ© du travail graphique de David Petersen est Ă  signaler. Mon contact avec son trait dans le premier tome n’avait Ă©tĂ© un coup de foudre. Mais au fur et Ă  mesure de mon immersion dans son univers, j’ai appris Ă  l’apprĂ©hender son style et ce troisiĂšme opus m’a offert un vrai plaisir pour les yeux. Que ce soit les dĂ©cors ou les personnages, ils sont superbes et subliment l’épopĂ©e des protagonistes. Les couleurs sont Ă©galement habilement choisies et ajoutent davantage de personnalitĂ© Ă  l’ensemble.

Pour conclure, ce tome s’inscrit dans la lignĂ©e des deux prĂ©cĂ©dents. J’aurais d’ailleurs tendance Ă  dire que chacun Ă©pisode est meilleur que le prĂ©cĂ©dent. Cela attise donc ma curiositĂ© en pensant Ă  la parution du prochain opus. Mais en attendant, je vous conseille de partir Ă  la dĂ©couverte de ces petits rongeurs dont les aventures ne vous laisseront pas insensibles


gravatar_eric

Note : 14/20

LĂ©gendes de la Garde, T2 : Hiver 1152 – David Petersen

legendesdelagarde2


Titre : LĂ©gendes de la Garde, T2 : Hiver 1152
Scénariste : David Petersen
Dessinateur : David Petersen
Parution : Janvier 2011


A NoĂ«l dernier, mon frĂšre m’a offert l’ouvrage « LĂ©gendes de la Garde – Automne 1152 ». Il s’agissait d’un recueil d’histoires mettant en Ɠuvre des souris organisĂ©es en sociĂ©tĂ© pour survivre dans un univers hostile. J’avais Ă©tĂ© plutĂŽt sĂ©duit par l’univers crĂ©Ă© par l’auteur nommĂ© David Petersen. J’ai donc dĂ©cidĂ© de m’offrir la suite des aventures de ces rongeurs intitulĂ©s logiquement « LĂ©gendes de la Garde – Hiver 1152 ». EditĂ© chez Gallimard dans un ravissant ouvrage Ă  la forme presque carrĂ©e, cet album se compose de plus de cent cinquante pages. La parution du bouquin date du dĂ©but de l’annĂ©e deux mille onze. Son prix avoisine vingt euros. La couverture nous prĂ©sente une souris au pelage gris. Elle fume la pipe. Elle a le dos chargĂ© et affronte une tempĂȘte de neige. L’atmosphĂšre hivernale nous envahit immĂ©diatement. Il ne reste plus qu’à s’y plonger immĂ©diatement en attaquant notre lecture.

La quatriĂšme de couverture ne nous offre qu’une illustration nous prĂ©sentant quatre souris en train de lutter dans cette tempĂȘte de neige. C’est en dĂ©couvrant l’avant-propos qui prĂ©cĂšde l’histoire qu’on peut dĂ©couvrir un rĂ©sumĂ© de la trame : « La saison des glaces s’est installĂ©e sur les territoires. La Garde est Ă  court de vivres et de mĂ©dicaments. La petite Ă©quipe d’aventuriers doit se sĂ©parer et se rĂ©soudre Ă  de terribles choix. Toutes les grandes sociĂ©tĂ©s savent relevĂ©s les dĂ©fis qui se prĂ©sentent, et la Garde ne fait pas exception. Avec abnĂ©gation, ses membres rĂ©sistent au temps et bravent les prĂ©dateurs. Face aux Ă©preuves de l’hiver, leur hĂ©roĂŻsme paraĂźt plus Ă©clatant encore. »

Des codes proches de la fantasy

Cet ouvrage est relativement grand public. Il utilise des codes finalement proches de la fantasy. En effet, le fonctionnement de la sociĂ©tĂ© prĂ©sentĂ©e se rapproche de nos repĂšres mĂ©diĂ©vaux. La Garde qui se compose donc de souris dont la mission est de protĂ©ger voit ses membres ĂȘtre armĂ©s d’épĂ©e et habillĂ©s d’une cape. On utilise une nouvelle fois des repĂšres chevaleresques. Sur ce plan-lĂ , les adeptes du genre verront leur intĂ©rĂȘt chatouillĂ©. La narration se dĂ©compose en six chapitres. Chacun est prĂ©cĂ©dĂ© d’une page faisant le point sur l’état de l’intrigue. Cela permet Ă  l’histoire de voir ses Ă©tapes bien marquĂ©s et son cheminement marquĂ©. Cela participe Ă  l’atmosphĂšre particuliĂšre qui accompagne notre lecture.

Le fil conducteur est relativement simple. L’hiver est rude et les rĂ©serves viennent Ă  manquer. Les meilleurs Ă©lĂ©ments de la Garde se voient confier la mission d’assurer l’approvisionnement. On suit donc un groupe de souris qui ne nous sont pas inconnues. En effet, elles Ă©taient dĂ©jĂ  au centre de l’histoire dans l’opus prĂ©cĂ©dent. Au-delĂ  de la mĂ©tĂ©o compliquĂ©e, de nombreuses Ă©preuves vont se trouver sur leur chemin et attiser ainsi notre curiositĂ©. La richesse de l’histoire va donc rĂ©sider dans la variĂ©tĂ© des Ă©preuves qui vont ĂȘtre soumises Ă  nos hĂ©ros. Dans le premier ouvrage de la sĂ©rie, mon regret avait Ă©tĂ© que la richesse animaliĂšre qui habite dans l’univers des souris Ă©tait sous-exploitĂ©e. On avait le sentiment que les rongeurs vivaient seuls dans la forĂȘt. Dans ce nouvel album, l’auteur exploite davantage les prĂ©dateurs, adversaires ou acolytes des souris. Cela offre davantage d’originalitĂ© Ă  l’histoire et permet des surprises et des scĂšnes plus variĂ©es. C’est une agrĂ©able Ă©volution.

Du cĂŽtĂ© des dessins, on retrouve le trait de David Petersen que j’avais dĂ©couvert dans l’ouvrage prĂ©cĂ©dent. Je le trouve plutĂŽt rĂ©ussi dans le sens oĂč on n’a aucun mal Ă  reconnaitre chaque souris malgrĂ© leur forte ressemblance apparente. Il arrive Ă  leur gĂ©nĂ©rer une rĂ©elle identitĂ© graphique. C’est une rĂ©elle performance. De plus, je trouve que les paysages hivernaux prennent une ampleur que l’automne ne possĂ©dait pas. Je trouve qu’il se dĂ©gage une atmosphĂšre prenante et rĂ©aliste qui habite intensĂ©ment notre lecture. L’usage des couleurs est subtile et participe activement Ă  cette rĂ©ussite.

En conclusion, je ne regrette pas de m’ĂȘtre offert ce bouquin. J’ai passĂ© un vrai bon moment de lecture. Mon intĂ©rĂȘt n’a cessĂ© de croĂźtre tout au long des cent cinquante pages qui composent cette histoire. Je trouve cet ouvrage de meilleure qualitĂ© que le prĂ©cĂ©dent que j’avais pourtant trouvĂ© agrĂ©able. Je suis donc curieux de savoir si David Petersen a l’intention de donner une suite aux lĂ©gendes de la Garde. Une chose est certaine : si c’est le cas, je partirais Ă  leur rencontre avec joie. Mais cela est une autre histoire
 

gravatar_eric

Note : 14/20

LĂ©gendes de la Garde, T1 : Automne 1152 – David Petersen

LegendesDeLaGarde1


Titre : LĂ©gendes de la Garde, T1 : Automne 1152
Scénariste : David Petersen
Dessinateur : David Petersen
Parution : Janvier 2008


« LĂ©gendes de la Garde » est une sĂ©rie nĂ©e de l’imagination de David Petersen. L’ouvrage qu’on m’a offert s’intitule « Automne 1152 ». Il est Ă©ditĂ© chez Gallimard dans un format peu orthodoxe. Il est quasiment de forme carrĂ©e. L’histoire se dĂ©veloppe sur plus de cent cinquante pages. Le bouquin se compose de six chapitres qui dans un premier temps avait Ă©tĂ© Ă©ditĂ© indĂ©pendamment sous le titre original « Mouse Guard ». « Automne 1152 » a un prix proche de dix-neuf euros.

Le site de la Fnac nous offre le rĂ©sumĂ© suivant de l’intrigue : « Depuis la nuit des temps, la Garde protĂšge les souris de mille dangers qui menacent leur existence. Trois de ses membres les plus solides, Kenzie, Saxon et Lieam, dĂ©couvrent lors d’une mission de routine un noir complot ourdi dans la ville de Barkstone. Trop tard ! Lieam est fait prisonnier, les deux autres sont laissĂ©s pour mort aux portes de la ville et une armĂ©e traĂźtresse marche dĂ©jĂ  vers Lockhave, la lĂ©gendaire forteresse de la Garde. »

L’intrigue s’adresse Ă  un public adulte

En dĂ©couvrant la thĂ©matique de l’ouvrage, j’étais curieux de dĂ©couvrir cette sociĂ©tĂ© crĂ©e par l’auteur. Imaginer le monde dans lequel vivent les souris, la maniĂšre avec laquelle elles s’organisent pouvaient donner lieu Ă  un voyage intense pour le lecteur. Je m’interrogeais sur la maniĂšre avec laquelle cette civilisation allait s’intĂ©grer dans nos forĂȘts et dans notre univers connu. MalgrĂ© une couverture qui semble orienter le livre vers un public jeune, la construction de l’intrigue s’adresse finalement Ă  un public plus adulte. Le ton n’est pas spĂ©cialement lĂ©ger et ne rĂ©pondra pas aux attentes des plus petits.

La narration se dĂ©coupe en six chapitres de taille quasiment Ă©quivalente. Chacun est prĂ©sentĂ© par un titre propre est un rĂ©sumĂ© qui s’étale sur une page. Cette construction rĂ©sulte sĂ»rement de la parution originale qui avait dissociĂ© chaque partie. Les premiĂšres pages nous intriguent par le fait qu’on dĂ©couvre un nouveau monde. On est soucieux de comprendre les codes sociaux qui le rĂ©gissent. Finalement, on dĂ©couvre assez vite que cette civilisation s’approche de celle qui existait Ă  l’époque mĂ©diĂ©vale. Les moyens de dĂ©placement, la structure des citĂ©s, le type des armes
 Tout se rapproche du Moyen-Âge. Certains regretteront finalement un certain manque d’originalitĂ©, d’autres auront plaisir Ă  voir Ă©voluer ces petites souris dans cet univers qui ravira ses adeptes.

On s’immerge assez rapidement dans l’univers de l’histoire du fait de son relatif classicisme. On s’intĂ©resse alors rapidement au devenir de nos trois hĂ©ros qui se nomment Kenzie, Saxon et Lieam. Ils sont des soldats de la Garde. Ils sont en mission et semblent ne pas ĂȘtre lĂ  pour rigoler. Ils ne gĂ©nĂšrent pas une empathie immense mais cela ne nous empĂȘche d’ĂȘtre curieux de connaitre la suite de leurs aventures. Ces derniĂšres se composent par une succession d’évĂ©nements qui vont les amener Ă  ĂȘtre sĂ©parĂ©s. Ces derniers se suivent Ă  un rythme quasiment mĂ©canique qui doit ĂȘtre une consĂ©quence de la construction par chapitre. L’auteur offre une intrigue trĂšs factuelle dans laquelle la digression n’existe quasiment pas. Cela offre ainsi une lecture nerveuse qui n’a pas envie de perdre son temps. En contrepartie, cela se fait au dĂ©triment de l’atmosphĂšre de la lecture qui ne prend jamais une ampleur suffisante pour arriver Ă  nous envouter.

Les dessins ne m’ont pas laissĂ© indiffĂ©rent. Je ne peux pas dire que j’ai chavirĂ© en les dĂ©couvrant. Ce n’est pas le cas en effet. Par contre, j’ai eu le sentiment en les dĂ©couvrant de rencontrer un style que je n’avais jamais croisĂ© au cours de mes lectures. MĂȘme si Petersen se « contente » finalement de dessiner des souris qui se dissocie l’une de l’autre essentiellement par la couleur de leurs poils, il arrive malgrĂ© tout Ă  offrir Ă  son ouvrage une identitĂ© propre. Pourtant les dĂ©cors sont finalement assez secondaires. L’usage des couleurs est par contre Ă  mes yeux remarquables. Il se dĂ©gage un vrai quelque chose des forĂȘts ou des villes dans lesquelles errent nos hĂ©ros. Les tons orange, gris ou marron sont primordiaux et offrent un rĂ©sultat trĂšs rĂ©ussi.

En conclusion, Ă  dĂ©faut de m’avoir transportĂ© trĂšs loin, « LĂ©gendes de la Garde » m’a offert un voyage agrĂ©able que je ne regrette pas. Il s’agit d’une lecture intĂ©ressante dans la structure diffĂšre de celles que je connais habituellement. J’ai vu qu’une suite intitulĂ©e « Hiver 1152 » Ă©tait parue. Je pense que je m’y plongerai avec joie. Mais cela est une autre histoire


gravatar_eric

Note : 13/20

Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts – Riad Sattouf

pascalbrutal3


Titre : Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2009


Je clos ma trilogie « Pascal Brutal » avec cet avis portant sur le dernier opus de ses aventures. Ce troisiĂšme tome intitulĂ© « Plus fort que les plus forts » est paru en septembre 2009 aux Ă©ditions « Fluide Glacial ». ComposĂ© d’une petite cinquantaine de pages, ce bouquin est vendu Ă  9,95 euros. « Plus fort que les plus forts » tient une place particuliĂšre dans la bibliographie de Riad Sattouf. En effet, il a Ă©tĂ© primĂ© au festival d’AngoulĂȘme cette annĂ©e. Cela a eu pour consĂ©quence de mettre dans la lumiĂšre ce cher Pascal et son crĂ©ateur.

Pascal Brutal est un personnage qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Il est la virilitĂ©. MusclĂ©, plein de testostĂ©rone, le bouc bien aiguisĂ©, sa gourmette, ses basket torsion 1992
 VoilĂ  comment on peut dĂ©finir notre « hĂ©ros ». Il est Ă©volue dans un futur proche dans un monde ultralibĂ©ral dont le prĂ©sident de la RĂ©publique est Alain Madelin. Mais dans cet univers, Pascal survit parce qu’il est inimitable


DĂ©couvrir la jeunesse de Pascal Brutal…

Dans le premier opus, Sattouf nous prĂ©sentait son personnage. Dans le deuxiĂšme tome, il partait du principe que Pascal faisait partie de la famille et il nous le faisait suivre dans son quotidien. Dans ce nouvel ouvrage, une nouvelle fois on dĂ©couvre un Pascal au sommet de sa forme. L’album se dĂ©compose en environ une dizaine d’histoires courtes. Cela rend la narration assez rythmĂ©e. On dĂ©couvre la naissance de Pascal et sa petite enfance. DĂšs les premiĂšres heures de sa vie, il Ă©tait exceptionnel. On le voit faire usage de son charme pour faire succomber miss Bretagne ou une employĂ©e du Pole Emploi
 Pascal Brutal est le « beauf » qu’on ne supporte pas quand on le croise dans la rue ou dans une soirĂ©e. Mais ici, il ne nous inspire ni antipathie ni colĂšre, il nous fait rire. On s’attache Ă  sa personnalitĂ© si particuliĂšre. C’est un vrai bourrin plein de testostĂ©rone qui s’assume pour notre plus grand bonheur


Un des autres attraits de cet album est son dĂ©roulement dans un futur proche trĂšs libĂ©ral. On dĂ©couvre de nouvelles lois, de nouveaux modes de fonctionnement. Certains pays ont subi une vraie rĂ©volution politique. Bref, sans donner Ă  l’album une dimension politique, il est intĂ©ressant de voir un auteur pousser certains principes Ă  l’extrĂȘme. On en rigole dans un premier temps, on se pose parfois quelques questions. En tout cas, cela donne une dimension originale supplĂ©mentaire Ă  la sĂ©rie.

Ce troisiĂšme opus de « Pascal Brutal » est Ă  la hauteur des prĂ©cĂ©dents. Ce n’est pas peu dire. On rigole Ă  chaque bulle et Ă  chaque case. La densitĂ© de la trame est certaine. Plusieurs lectures sont nĂ©cessaires pour saisir toutes les finesses des dialogues. « Plus fort que les plus forts » est un ouvrage qui peut se lire et se relire sans jamais lasser. Chaque nouvelle dĂ©couverte est un vrai bonheur. De plus, les dessins sont toujours aussi agrĂ©ables. C’est avec plaisir qu’on retrouve notre hĂ©ros et ses acolytes. La signature graphique de Riad Sattouf est reconnaissable et se redĂ©couvre Ă  chaque fois avec plaisir.

Au final, je ne peux que vous conseiller de courir Ă  la rencontre de Pascal Brutal. Vous ne pourrez plus le quitter. Chaque album peut se lire de maniĂšre indĂ©pendante. NĂ©anmoins, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de lire les tomes dans l’ordre pour dĂ©couvrir le hĂ©ros au rythme choisi par son crĂ©ateur. De mon cĂŽtĂ©, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du prochain tome que je guette avec attention. Que l’attente va ĂȘtre dure


gravatar_ericNote : 17/20

Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant – Riad Sattouf

pascalbrutal2


Titre : Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Août 2007


Il y a peu de temps, j’ai rĂ©digĂ© un avis portant sur le premier opus de la sĂ©rie de bande dessinĂ©e « Pascal Brutal ». Aujourd’hui, je m’attaque au deuxiĂšme tome intitulĂ© « Le mĂąle dominant ». Cet ouvrage paru en aoĂ»t 2007 est vendu au prix de 9,95 euros. Il est Ă©ditĂ© chez « Fluide Glacial » et se compose d’une petite cinquantaine de pages. Son auteur est Riad Sattouf qui est depuis l’an dernier davantage connu pour avoir rĂ©alisĂ© « Les Beaux Gosses » que pour ses Ɠuvres littĂ©raires. C’est dommage dans le sens oĂč sa bibliographie gagne Ă  ĂȘtre dĂ©couverte.

Le premier tome intitulĂ© « La nouvelle virilitĂ© » nous faisait dĂ©couvrir Pascal Brutal. Ce monstre de muscles et de charisme n’est pas viril. Il est la virilitĂ©. Il s’agit d’un homme au physique de dĂ©mĂ©nageur, adepte de la castagne et tombeur de ses dames
 Par contre, on ne peut pas dire qu’il soit un monument d’intelligence. Mais on ne peut pas tout avoir
 Cet opus nous dĂ©crivait le quotidien de Pascal, nous faisait acquĂ©rir tous ses codes. C’est vraiment drĂŽle et rĂ©ussi. C’est pourquoi, j’étais enthousiaste en dĂ©couvrant ce nouvel album.

Dans « Le mĂąle dominant », l’auteur part du principe que Pascal ne nous est pas inconnu. La prĂ©sentation est plus succincte. On rentre directement dans le vif du sujet. On suit notre hĂ©ros dans ses aventures. Son charisme et son charme animal lui permet de se sortir de situations compliquĂ©es. Il a un cĂŽtĂ© « James Bond ». Il s’en sort toujours et avec classe ! On prend vraiment Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  suivre ce « beauf ». Alors qu’il nous agacerait dans notre quotidien, il nous fait rire ici. La lecture prend un ton diffĂ©rent dans cet album. Maintenant que Pascal nous est familier, cela nous permet d’anticiper ses rĂ©actions et ses pensĂ©es. Il nous dĂ©gage un cĂŽtĂ© familier qui est trĂšs agrĂ©able.

La particularitĂ© de cette sĂ©rie est qu’elle se dĂ©roule dans un futur proche dans lequel Alain Madelin fĂȘte son troisiĂšme septennat Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Cela permet Ă  l’auteur d’évoquer certains codes actuels comme Ă©tant des repĂšres du passĂ©. Cette vision dĂ©calĂ©e de notre quotidien est intĂ©ressante et donne lieu Ă  beaucoup de gags. Il n’est pas toujours facile d’avoir du recul sur ce qui parait ĂȘtre des Ă©vidences du prĂ©sent. Par exemple, suite Ă  un coup d’état, la monarchie belge a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une « gynarchie » extrĂȘme. C’est-Ă -dire que les femmes dirigent tout. L’homme est totalement soumis. On dĂ©couvre Ă©galement une Bretagne autonome
 Bref, les repĂšres gĂ©opolitiques sont modifiĂ©es pour notre plus grand plaisir tant Sattouf arrive Ă  exploiter tout cela pour nous faire rire.

Comique de situation et dialogues savoureux

L’humour rĂ©sidant dans cet opus rĂ©side dans plusieurs domaines. D’une part, il s’agit d’un comique de situation. Les aventures qui arrivent Ă  Pascal et les modifications historiques donnent lieu Ă  beaucoup de gags « premier degrĂ© ». D’autre part, les dialogues sont savoureux. Que ce soit les phrases sortant tout droit du cerveau de notre cher Pascal ou la narration de la « voix off », on n’arrĂȘte pas de rire. La densitĂ© des gags est d’une rare intensitĂ©. Plusieurs lectures sont nĂ©cessaires pour en profiter pleinement. De plus, le fait que l’album se dĂ©compose en des histoires indĂ©pendantes de quatre ou cinq pages, fait qu’on n’est pas obligĂ© de tout lire d’un coup. On peut le dĂ©couvrir Ă  tout moment par petite touche pour notre plus grand plaisir.

De plus, les dessins sont facilement accessibles. Le trait est simple, les cases sont trĂšs colorĂ©es. Tout cela participe activement au plaisir de notre lecture. MalgrĂ© un style apparemment simple, Sattouf arrive Ă  donner des expressions Ă  ses personnages parfois « cartoonesques ». Bref, « Le mĂąle dominant » se montre Ă  la hauteur de « La nouvelle virilitĂ© ». C’était loin d’ĂȘtre simple
 Avec « Pascal Brutal », c’est une sĂ©rie de grande qualitĂ© qui s’offre Ă  nous. J’ai hĂąte de me plonge dans le troisiĂšme tome qu’on m’a offert Ă  mon anniversaire. Il s’intitule « Plus fort que les plus forts ». Mais cela est une autre histoire… Bonne lecture !

gravatar_eric

Note : 17/20

Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle VirilitĂ© – Riad Sattouf

PascalBrutal1


Titre : Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle Virilité
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Juin 2006


 GrĂące Ă  mon frĂšre, j’ai rĂ©cemment fait une rencontre qui ne laisse pas indiffĂ©rent. J’ai dĂ©couvert Pascal Brutal. Ce hĂ©ros de bande dessinĂ©e est un vĂ©ritable personnage. « Pascal Brutal » est une sĂ©rie actuellement composĂ©e de quatreopus. Ils sont nĂ©s de la plume de Riad Sattouf cĂ©lĂšbre pour avoir rĂ©alisĂ© le rĂ©cent « Les Beaux gosses » au cinĂ©ma. Cet auteur prolifique est Ă©galement connu pour le succĂšs de son album « La vie secrĂšte des jeunes » dont est paru rĂ©cemment le second tome. Mais tout cela n’est pas le sujet d’aujourd’hui. En effet, je veux vous parler du tome initial de la grande saga de Pascal Brutal intitulĂ©e « La nouvelle virilitĂ© ». Paru chez « Fluide Glacial », ce bouquin est composĂ© d’une petite cinquantaine de pages. Il est vendu au prix d’environ dix euros.

Il est maintenant temps de vous prĂ©senter cet homme « remarquable ». Pascal Brutal vit dans une sociĂ©tĂ© dans laquelle Alain Madelin est prĂ©sident de la RĂ©publique. Pascal n’est pas viril, il est la virilitĂ©. Cheveux courts, bouc parfaitement dessinĂ©, ultra-bodybuildĂ©, une gourmette qui brille, des baskets Torsion 1992… VoilĂ  qui est Pascal Brutal. Il s’agit du male dans toute sa splendeur. Il prĂ©fĂšre rĂ©flĂ©chir avec ses muscles qu’avec son cerveau. Et cet album va nous apprendre Ă  le dĂ©couvrir


Une histoire contée en voix off.

L’album est construit d’une maniĂšre trĂšs particuliĂšre. Il ne s’agit pas d’une aventure de ce cher Pascal. L’histoire se dĂ©compose en une succession de scĂšnes de quelques pages ayant pour unique but de nous faire connaĂźtre le hĂ©ros. Chaque chapitre s’étale sur quatre ou cinq pages. L’histoire nous est Ă©galement contĂ©e par une « voix off » qui commente tout ce qui arrive Ă  notre cher Pascal. Cette « voix » est une des grandes rĂ©ussites de l’ouvrage. Le ton est dĂ©calĂ© et caricatural. On rigole vraiment en comparant le regard subjectif du narrateur et la rĂ©alitĂ© des actes commis par PB dans la case juste dessous.

pascalbrutal1aCar « La nouvelle virilitĂ© » est vraiment une grande rĂ©ussite sur le plan des dialogues et des textes. Il y a une grande densitĂ© de gags, de petites tournures. La qualitĂ© est de sortie et aucune case et aucune bulle ne sont nĂ©gligĂ©es. C’est un bouquin qui se savoure petit Ă  petit. Le dĂ©vorer d’une traite aurait pour consĂ©quence de se gĂącher. Chaque phrase et chaque anecdote sont Ă©crites pour ĂȘtre savourĂ©es. Vous n’ĂȘtes pas obligĂ© de tout lire d’un coup. Feuilleter quelques pages suffisent Ă  vous chatouiller les zygomatiques et Ă  penser trĂšs fort un « Quel con, ce Pascal ! ».

Car Pascal n’est pas futĂ©. C’est le moins qu’on puisse dire. On est quelque part dans la caricature du beauf musclĂ© qui a raison parce qu’il a des poings qui partent vite et qui font mal. Les filles sont folles de son corps et de ses nombreux talents physiques. Pascal est l’homme parfait tant qu’on ne lui demande pas de trop rĂ©flĂ©chir. On prend plaisir Ă  se moquer de lui. Ce n’est pas forcĂ©ment trĂšs sain. Mais une chose est sĂ»re, on rigole bien ! N’est-ce pas lĂ  le plus important ?

pascalbrutal1b

Concernant les dessins, je les trouve trĂšs rĂ©ussis. C’est la premiĂšre fois que je dĂ©couvrais le coup de crayon de Riad Sattouf. Je n’ai pas Ă©tĂ© déçu. Le style est simple mais sait se montrer au diapason de l’esprit de la bande dessinĂ©e. On rentre trĂšs vite dans l’histoire. DĂšs les premiĂšres cases, on s’immerge dans la vie de Pascal. Cette rĂ©ussite est Ă©galement du aux dessins. Les cases sont colorĂ©es et ne devraient pas rebutĂ©s ceux d’entre vous qui ne sont pas forcĂ©ment familiers de la bande dessinĂ©e.

Au final, je suis trĂšs loin de regretter ma rencontre avec Pascal. J’ai vraiment bien rigolĂ© et j’ai hĂąte de me plonger dans les deux autres opus de la sĂ©rie. De bonnes tranches de rigolade m’attendent. Je ne peux donc que vous inciter Ă  aller dĂ©couvrir cet homme qui n’est comme aucun autre. Bonne lecture ! 

gravatar_eric

Note : 17/20

Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy – Lewis Trondheim & StĂ©phane Oiry

MaggyGarrisson1


Titre : Maggy Garrison, T1 : Fais un sourire, Maggy
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2014


« Maggy Garrisson » a attisĂ© la curiositĂ© des adeptes du neuviĂšme art lors de sa sortie le six mars dernier. En effet, c’était l’occasion de voir Lewis Trondheim scĂ©nariser une histoire dans un monde dĂ©nuĂ© de fantastique et qui n’utilisait graphiquement aucun mĂ©canisme anthropomorphe. D’ailleurs, il confie les dessins Ă  StĂ©phane Oiry que je dĂ©couvre Ă  l’occasion de cet album. « Maggy Garrisson » semble vouĂ©e Ă  devenir une sĂ©rie. En effet, cet ouvrage intitulĂ© « Fais un sourire, Maggy » est numĂ©rotĂ©e. Il s’agit donc du tome initial des aventures d’une nouvelle hĂ©roĂŻne. Le bouquin de format classique est Ă©ditĂ© chez Dupuis dans la collection Grand Public. La couverture nous fait dĂ©couvrir Maggy sous un parapluie en train de s’allumer une cigarette dans une rue pluvieuse londonienne.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente la porte d’entrĂ©e suivante : « C’est son premier job depuis deux ans
 Il faudrait qu’elle fasse un effort. Sauf que son patron a l’air d’un parfait incapable. Et qu’il n’y a pas mal de fric Ă  gratter en parallĂšle. » Le ton posĂ©. Il n’y avait plus qu’à espĂ©rer que la rĂ©alitĂ© soit Ă  la hauteur des attentes suscitĂ©es.

Bien que m’étant offert ce bouquin peu de temps aprĂšs son apparition dans les rayons de librairie, j’ai attendu quelques semaines avant de m’y plonger. J’ai donc eu l’occasion de lire sur le net ou dans la presse spĂ©cialisĂ©e bon nombre de critiques et d’avis Ă  propos de cette nouvelle hĂ©roĂŻne. Elles Ă©taient dans leur grande majoritĂ© Ă©logieuses et enthousiastes. Elles tressaient des louanges Ă  ce personnage fĂ©minin Ă  la personnalitĂ© marquĂ©e et au caractĂšre fort. Elles louaient les auteurs d’avoir immergĂ© leur intrigue dans la capitale britannique.

DĂ©couvrir le Londres contemporain

Je dois avouer que ce dernier aspect m’attirait. En effet, j’ai rarement eu l’occasion de dĂ©couvrir le Londres contemporain dans un album de bandes dessinĂ©es. Bien souvent, les relations entre le neuviĂšme art et « Smoke » se dĂ©roulent Ă  la fin du dix-neuviĂšme siĂšcle, Ă©poque ayant vu naĂźtre Jack l’éventreur ou Sherlock Holmes. Les calĂšches dans les rues sombres bravant le brouillard lĂ©gendaire permettait de gĂ©nĂ©rer des atmosphĂšres envoutantes. NĂ©anmoins, la richesse naĂźt de la diversitĂ© et j’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient exploiter les lieux et l’ambiance de la ville anglaise. Certaines scĂšnes extĂ©rieures n’ont aucun Ă  nous persuader que nous sommes outre-Manche. De plus, la mĂ©tĂ©o grise ou les pubs locaux participent Ă  cette immersion. MalgrĂ© tout, les Ă©vĂ©nements, les personnages et le fait que les Ă©changes soient en français ont tendance parfois Ă  nous faire penser que les personnages pourraient se trouver dans n’importe quelle autre grande ville europĂ©enne. Peut-ĂȘtre qu’en intĂ©grant quelques expressions anglaises dans les dialogues Ă  la maniĂšre de « Blake et Mortimer » cela aurait facilitĂ© la crĂ©dibilitĂ© gĂ©ographique de l’ensemble.

maggygarrison1aMaggy nous est jusqu’alors inconnue. Les auteurs doivent donc nous la prĂ©senter. La premiĂšre impression est toujours importante. Les premiers mots sont en voix off. Ils permettent de se faire une idĂ©e de cette femme. Elle donne le sentiment de ne pas aimer ĂȘtre embĂȘtĂ©e. En peu de termes, Trondheim nous offre l’identitĂ© de son hĂ©roĂŻne. Les pages suivantes confirment notre perception. Elle apparaĂźt dĂ©brouillarde. Son sens de l’éthique atteint rapidement ses limites quand quelques menus billets sont disponibles. Mais on ne lui en veut pas. Son cĂŽtĂ© futĂ© semble l’emporter sur son cĂŽtĂ© magouilleur.

La neuviĂšme planche marque le vrai dĂ©but de l’intrigue. Les prĂ©sentations sont faites. Il s’agit de rentrer dans le vif du sujet. La trame pose des jalons intĂ©ressants et sollicitent activement notre curiositĂ©. Les zones d’ombre sont nombreuses et on ne demande qu’à suivre les pĂ©rĂ©grinations de Maggy pour dĂ©nouer la pelote emberlificotĂ©e autour de son peu charismatique patron. HĂ©las, l’intensitĂ© narrative a tendance Ă  diminuer au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. Il se passe davantage de choses dans le premier tiers de l’album que dans les deux autres rĂ©unis. L’histoire donne lieu Ă  des moments sympathiques et bien Ă©crits mais le fil conducteur est faiblard et n’a pas arrivĂ© Ă  rĂ©ellement m’intĂ©resser. Au final, je me suis dĂ©tournĂ© de l’enquĂȘte menĂ©e par l’hĂ©roĂŻne. Son dĂ©nouement m’a laissĂ© quasiment insensible.

maggygarrison1b

Ce sentiment est regrettable car Maggy possĂšde un vrai potentiel scĂ©naristique. De plus, les auteurs font exister des personnages secondaires intĂ©ressants qui auraient pu donner une autre ampleur Ă  l’ensemble s’ils avaient Ă©tĂ© mieux ou plus exploitĂ©s. Je me demande mĂȘme si la lecture n’aurait pas Ă©tĂ© plus agrĂ©able si le fil conducteur des recherches de la jeune femme avait Ă©tĂ© plus en retrait. Cela aurait laissĂ© davantage de place aux diffĂ©rents Ă©changes de Maggy avec ses rencontres. En effet, ces moments sont les meilleurs de l’album. Ce premier tome a donc ses qualitĂ©s et ses dĂ©fauts. Les premiĂšres m’inciteront Ă  jeter un coup d’Ɠil sur le prochain opus lors de sa future sortie. Mais cela est une autre histoire


gravatar_eric

Note : 11/20

Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi – Lewis Trondheim

ralphazham6


Titre : Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : FĂ©vrier 2014


Lors de sa naissance, « Ralph Azham » s’est vu reprochĂ© d’ĂȘtre un sous-« Donjon ». En effet, le fait que Lewis Trondheim crĂ©e une sĂ©rie humoristique inscrite dans un univers de fantasy incitait naturellement Ă  faire un parallĂšle avec la saga tentaculaire « Donjon ». Cette derniĂšre possĂšde une place particuliĂšre dans le neuviĂšme art des deux derniĂšres dĂ©cennies. Ces afficionados dont je fais partie lui vouent une affection certaine. Les premiĂšres aventures de ce nouvel hĂ©ros prĂ©nommĂ© Ralph donnaient l’impression d’utiliser les mĂȘmes ficelles que celles de ces prĂ©dĂ©cesseurs Herbert et Marvin sans atteindre leurs auras. NĂ©anmoins, au fur et Ă  mesure que les annĂ©es passent, les tomes paraissent et permettent Ă  cette nouvelle sĂ©rie de voir sa propre identitĂ© prendre de l’épaisseur. La rarĂ©faction des parutions d’épisodes de « Donjon » facilite la chose. « Ralph Azham » se compose maintenant de six tomes dont le dernier est paru le six fĂ©vrier dernier chez Dupuis. Vendu au prix de douze euros, il nous offre une couverture nous immergeant au beau milieu d’une bataille de grande ampleur dans laquelle notre hĂ©ros n’a pas l’air au mieux. Il ne restait plus qu’à s’y plonger pour en savoir davantage


Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant des enjeux de cet opus : « Les oracles, ça ne raconte pas de bobards : conformĂ©ment Ă  leurs prĂ©dictions, Ralph a bel et bien dĂ©capitĂ© le terrible Vom Syrus. Ou plutĂŽt son sosie empaillĂ©, utilisĂ© par le roi pour entretenir la lĂ©gende
 PrivĂ© de l’alliance qu’il voulait nouer avec cet homme de paille et de retour sur les terres d’Astolia, Ralph va devoir trouver son pĂšre, une nouvelle stratĂ©gie, et un pantalon agrĂ©able ! Car l’aventure ne s’arrĂȘte pas pour la petite bande qui va dĂ©couvrir que les ennemis de nos ennemis ne sont souvent que d’autres
 ennemis ! »

Jouer avec humour des codes de la fantasy

Je dĂ©conseille Ă  tout lecteur de dĂ©couvrir cet album sans avoir lu les cinq prĂ©cĂ©dents de la sĂ©rie. Les tomes s’enchainent comme les chapitres d’un roman. Nous sommes bien loin de notre rencontre avec le hĂ©ros quand il Ă©tait un paria dans son propre village, perdu au milieu de nulle part. Depuis, il a fait bien des rencontres et a vu sa cĂ©lĂ©britĂ© grandir au grĂ© des Ă©vĂ©nements. « Ralph Azham » s’adresse Ă  un public large. L’auteur joue avec humour des codes de la fantasy.

Le cinquiĂšme tome s’est conclu par une vraie rĂ©vĂ©lation imprĂ©vue. Elle remettait en cause beaucoup des enjeux et des repĂšres jusqu’alors mis en place. Le grand mĂ©chant Von Syrus n’existait pas. Le roi semblait avoir crĂ©Ă© un mĂ©chant de toute piĂšce. C’est donc pour cela que nous assistons au retour de notre petit groupe vers leur lĂ©gendaire ennemi pour obtenir des explications. Sur ce plan-lĂ , le lecteur s’interroge tout autant. Notre curiositĂ© est mĂ©caniquement attisĂ©e tant cette dĂ©couverte scĂ©naristique. La trame du tome se dĂ©compose grossiĂšrement en deux parties. La premiĂšre dĂ©crit le retour Ă  Astolia, la seconde s’avĂšrera ĂȘtre une grande bataille avec Ralph dans le rĂŽle principal.

ralphazham6bCette intrigue ne s’avĂšre pas trĂšs intense. Le trajet vers la capitale n’est qu’une succession de rencontres et d’évĂ©nements sans grand intĂ©rĂȘt. Certes, ils sont autant d’occasion pour l’auteur de distiller une ou deux vannes bien senties. Je ne vous dis que je n’ai pas souri quelques fois au cours des pĂ©rĂ©grinations de Ralph et ses amis. NĂ©anmoins, l’ensemble manque de rythme et a un cĂŽtĂ© presque « encroĂ»tĂ© ». Trondheim a beau donnĂ© une place intĂ©ressante au pĂšre du hĂ©ros et son projet de rĂ©sistance, il n’arrive rĂ©ellement Ă  gĂ©nĂ©rer une montĂ©e en puissance vers le combat final. C’est dommage.

Comme je l’évoque prĂ©cĂ©demment, Ă  la maniĂšre de bon nombre de blockbuster, cet opus se termine sur une grande guerre. Je n’ai rien contre ce choix. Par contre, dans le sens oĂč cette scĂšne finale s’étale sur une vingtaine de pages, il est indispensable qu’elle soit originale, cadencĂ©e et spectaculaire. Je ne trouve pas que cela soit le cas dans « L’ennemi de mon ennemi ». MalgrĂ© tout l’affection que j’ai pour lui, je ne trouve pas que Trondheim arrive Ă  structurer sa scĂšne d’action finale. Les combats ne rebondissent pas, l’enchainement des diffĂ©rents duels ou assauts est brouillon. Bref, j’ai Ă©tĂ© assez déçu. Alors que cet album avait les ingrĂ©dients pour se conclure sur un feu d’artifice plein d’espoir pour la suite, il se conclue sur un sentiment mitigĂ©. J’avais l’impression que les vingt derniĂšres pages auraient pu ĂȘtre synthĂ©tisĂ©es en moins de dix, ce qui aurait permis de construire davantage le dĂ©nouement.

ralphazham6c

Pour conclure, ce tome est loin d’ĂȘtre mon prĂ©fĂ©rĂ© de la sĂ©rie. Je trouve qu’il ne laisse pas beaucoup de place Ă  l’humour tant dans les situations que dans les dialogues. ParallĂšlement, l’intrigue n’avance pas non plus Ă  un rythme effrĂ©nĂ©. L’ensemble apparaĂźt brouillon et diluĂ©. L’attrait est prĂ©servĂ© par l’empathie pour les personnages et par quelques moments trĂšs rĂ©ussis, fruits du talent de son auteur. De plus, les dessins de Trondheim sont simples et sympathiques et rendent ainsi aisĂ© et agrĂ©able la lecture. Le travail sur les couleurs de Brigitte Findakly n’est pas rĂ©volutionnaire mais participe Ă  l’atmosphĂšre graphique de l’ensemble. Je pense donc que « L’ennemi de mon ennemi » n’est pas l’épisode le plus marquant de la saga. Mais cette lĂ©gĂšre dĂ©ception ne m’empĂȘchera pas d’attendre la parution du prochain tome. Je reste toujours curieux de savoir vers oĂč tout cela nous mĂšne


gravatar_eric

Note : 11/20

Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles – Lewis Trondheim

ralphazham3


Titre : Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Avril 2012


« Noires sont les Ă©toiles » est le troisiĂšme tome de « Ralph Azham ». Cet album marque la fin du premier cycle comme cela est indiquĂ© sur la couverture. EditĂ© chez Dupuis, cet ouvrage est paru il y a quelques mois. Il est vendu pour un prix avoisinant les douze euros. J’avais dĂ©cidĂ© de m’intĂ©resser Ă  cette sĂ©rie par le seul nom de son auteur. En effet, Lewis Trondheim occupe une place particuliĂšre dans mon cƓur de bĂ©dĂ©phile. « Les formidables aventures de Lapinot » et « Donjon » sont ses plus cĂ©lĂšbres productions. Mais « Les petits riens », « Bludzee », « Fennec » ou « Moins d’un quart de seconde pour vivre » sont autant d’albums assez uniques dans leur atmosphĂšre ou leur originalitĂ©. Les deux premiers opus de « Ralph Azham » Ă©taient sympathiques sans ĂȘtre mĂ©morables. J’espĂ©rais que « Noires sont les Ă©toiles » fasse changer cette saga de braquet.

Le rĂ©sumĂ© suivant est issu du site BdGest : « Ralph, toujours accompagnĂ© par les magiciens Yassou et maĂźtre Migachi, a dĂ©cidĂ© de voler la couronne de Tanghor, dont le pouvoir pourrait rendre la mĂ©moire Ă  sa sƓur. Il s’associe Ă  trois voleurs rencontrĂ©s sur le bord de la route et se rend Ă  Onophalae, oĂč la couronne magique est conservĂ©e en haut d’un pic particuliĂšrement bien protĂ©gĂ©. Du moins pour le commun des mortels, car rien ne rĂ©siste aux mĂ©thodes non-conventionnelles de Ralph. De son cĂŽtĂ©, le pĂšre de Ralph, qui a survĂ©cu Ă  l’effondrement du barrage, s’installe Ă  Astolia, oĂč il ouvre une boutique de gĂąteaux-surprises, dans l’espoir que son fils s’y rejoindra. Mais il n’est pas le seul Ă  l’y attendre : nombreux sont ceux qui aimeraient toucher la prime promise pour sa capture ! »

Le premier tome avait pour objectif de nous prĂ©senter le hĂ©ros, Ralph, et l’univers dans lequel il allait Ă©voluer. On dĂ©couvre qu’il est paria dans son propre village. Il est nĂ© avec les cheveux bleus, signe local d’ĂȘtre un Ă©lu. On est alors vouĂ© Ă  un destin prestigieux. Mais Ralph n’a pas Ă©tĂ© admis et est donc revenu marquĂ© par son Ă©chec chez lui. Tous ses amis lui tournent le dos. Il est tout juste bon Ă  dormir au milieu des cochons. Mais un Ă©vĂ©nement fait que son village est dĂ©truit. Il dĂ©cide alors de partir accompagnĂ© d’un enfant. Le second tome le voit se regrouper avec tous les enfants aux cheveux bleus, chacun possĂ©dant un pouvoir particulier qui dĂ©cidera de sa fonction prochaine. Mais ils se trouvent au centre d’un guet-apens et doivent Ă  nouveau s’enfuir. Mais le rĂ©el Ă©vĂ©nement de cet opus est la rencontre d’une jeune fille, chef de l’armĂ©e. Elle serait peut-ĂȘtre la sƓur que Ralph croyait disparue. Mais cette derniĂšre n’y croit pas. C’est pourquoi il dĂ©cide de partir en quĂȘte de la couronne de Tanghor dans ce troisiĂšme tome


Une Ă©volution positive

J’avais trouvĂ© les deux premiers tomes un petit peu fouillis. Trondheim donnait l’impression de vouloir construire un univers relativement complexe. Mais on avait tendance Ă  se noyer sous les informations au dĂ©triment du cĂŽtĂ© drĂŽle et dĂ©calĂ© des personnages et des dialogues qui font le succĂšs de l’auteur. J’espĂ©rais donc que « Noires sont les Ă©toiles » se montrent plus structurĂ© et linĂ©aire sur le plan narratif pour laisser une place dans la lumiĂšre Ă  ses protagonistes. Je trouve que l’évolution est positive. La trame principale est simple. Il faut retrouver une couronne qui permet de retrouver la mĂ©moire. Dans un second temps, il s’agira de la faire porter Ă  celle que Ralph pense ĂȘtre sa sƓur. Cela offre une unitĂ© de lieu qui permet de retrouver tous les personnages des deux premiers opus dans un mĂȘme endroit. Cela Ă©vite les voyages permanents qui remplissaient l’album prĂ©cĂ©dent.

Le fait qu’on ne quitte pas Astolia dans la deuxiĂšme partie de l’histoire permet de nombreuses interactions entre les personnages. Cela laisse donc une plus grande place aux dialogues. Trondheim laisse libre cours Ă  son talent et nous offre des moments vraiment drĂŽles. Il retrouve un petit peu la magie de « Donjon » qui est culte dans la fantasy dĂ©calĂ©e. Il joue avec les codes du genre. Objets magiques, pouvoir, malĂ©diction
 Rien n’est oubliĂ©. Le rythme de narration est assez soutenu et nous ne offre aucun rĂ©el temps mort. En ce sens, « Noires sont les Ă©toiles » est, Ă  mes yeux, le meilleur des trois tomes de la sĂ©rie. En simplifiant l’ensemble, Trondheim fait naitre un album plus passionnant et drĂŽle que les prĂ©cĂ©dents qui Ă©taient plus confus. On en apprend davantage Ă©galement sur le monde dans lequel se dĂ©roule l’histoire. On rencontre le roi par exemple.

Les dessins sont Ă©galement le fruit du trait de Trondheim. Son style est reconnaissable dĂšs le premier coup d’Ɠil. Je vous avoue que j’en suis friand. Le trait est simple et rend les planches faciles d’accĂšs. Cela n’empĂȘche pas les cases d’ĂȘtre pleines de dĂ©tails et habitĂ©es d’une vraie atmosphĂšre. Les dĂ©cors ne sont pas nĂ©gligĂ©s et participent Ă  la crĂ©ation de l’univers qui abrite la trame. De plus, les personnages sont tous facilement reconnaissables et possĂšdent chacun leur identitĂ© graphique soit par leur caractĂšre soit par leur physique. Enfin, le travail de Brigitte Findakly sur les couleurs est excellent et donne Ă  l’ensemble un aspect visuel trĂšs attractif.

En conclusion, « Noires sont les Ă©toiles » est un ouvrage honnĂȘte qui marque une progression dans la sĂ©rie. Il se lit avec plaisir. On ne s’ennuie jamais mĂȘme si on n’est pas aussi transportĂ© que dans « Donjon ». NĂ©anmoins, le premier cycle Ă©tant terminĂ©, on se doute qu’un second verra le jour. Je n’hĂ©siterai pas Ă  guetter sa parution pour suivre les aventures de Ralph. Mais cela est une autre histoire


gravatar_eric

Note : 13/20

Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? – Lewis Trondheim

ralphazahm1


Titre : Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ?
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mars 2011


« Ralph Azham » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e de l’imagination du cĂ©lĂšbre et talentueux Lewis Trondheim. Le premier tome intitulĂ© « Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? » est sorti le mois dernier. EditĂ© chez Dupuis, cet opus de format classique est composĂ© d’une grosse quarantaine de pages. Sur un fond blanc, la couverture nous prĂ©sente une galerie de personnages originaux tournant autour d’un jeune homme aux cheveux bleus et dont les mains sont attachĂ©es Ă  un poteau. Le prix de l’ouvrage est un petit peu infĂ©rieur Ă  douze euros.

Ralph Azham vit dans un village dans lequel il possĂšde le statut de souffre-douleur. Toutes les occasions sont bonnes pour le punir, le torturer ou le frapper. Il faut dire que ce cher Ralph possĂšde un pouvoir bien particulier. Il peut voir les morts et les naissances. Bref, pour lui, le quotidien est rarement rose et bien trop souvent noir et dur. Mais dĂ©jĂ  que la vie n’est pas facile, voilĂ  que le village va ĂȘtre attaquĂ© par la Horde, une troupe sanguinaire qui pris l’habitude de terroriser les habitants


Il faut savoir que je suis un grand fan de Lewis Trondheim. Je possĂšde une grande partie de ses productions. Et rares sont les lectures de l’une d’entre elles qui ne m’ont pas enthousiasmĂ©. Cela fait que la seule prĂ©sence de son nom sur une couverture de bandes dessinĂ©es fait que je m’offre l’album en question. La couverture laissait sous-entendre une nouvelle immersion de l’auteur dans l’univers de « l’HĂ©roĂŻc Fantasy ». C’était plutĂŽt une bonne nouvelle car son premier voyage dans le domaine a donnĂ© naissance Ă  la grande saga « Donjon » qui est une des Ɠuvres majeures de la derniĂšre dĂ©cennie dans le neuviĂšme art français. J’avais donc hĂąte de dĂ©couvrir ce cher Ralph. Pour ceux qui n’auraient pas encore la chance de connaĂźtre la magie de Trondheim, sachez qu’elle s’adresse Ă  tous les publics. Cet album rĂ©pond Ă©galement Ă  cette rĂšgle.

On frĂŽle parfois l’indigestion.

Cet album marque le dĂ©but d’une nouvelle sĂ©rie. Les personnages nous sont donc inconnus tout autant d’ailleurs que l’univers dans lequel ils vivent ou que les rĂšgles qui rĂ©gulent leur monde. C’est un attrait toujours certain des premiers opus de sĂ©ries de « Fantasy ». On est toujours Ă  la recherche de la petite originalitĂ© qui va nous rendre ce monde si sympathique. On ne peut pas dire que cet album se dĂ©marque vraiment des habitudes du genre. L’attrait rĂ©side davantage dans le fait que Trondheim veuille jouer avec les codes du genre. Le bĂ©mol est que j’ai trouvĂ© la trame trĂšs brouillonne. On a parfois l’impression que cela part dans tous les sens. Les informations sont nombreuses, les chemins variĂ©s. Mais au final, on frĂŽle parfois l’indigestion. J’ai en effet eu du mal Ă  me plonger dans le quotidien de Ralph Azham. Je suis restĂ© spectateur parce que la porte d’entrĂ©e Ă©tait peut-ĂȘtre un petit peu trop obstruĂ©e.

CĂŽtĂ© personnages, Trondheim nous en offre une galerie assez fournie. Le premier d’entre eux donne le nom Ă  la sĂ©rie. Il s’agit de Ralph Azham. On ressent un petit peu d’empathie pour lui. En effet, le fait que le village lui fasse porter tous les malheurs du monde avec un certain sadisme fait qu’on ne peut ĂȘtre que de son cĂŽtĂ©. Le fait que l’histoire se dĂ©roule dans une petite communautĂ© fait qu’on voit rapidement graviter un nombre certain de personnages identifiables. C’est une rĂ©ussite de l’ouvrage car cela nous permet quand mĂȘme de visualiser assez rapidement le fonctionnement local. Je ne vous les prĂ©sente pas tous parce qu’une partie du plaisir de la lecture rĂ©side dans la surprise et la dĂ©couverte.

CĂŽtĂ© atmosphĂšre, je ne l’ai pas trouvĂ© trĂšs prenante. Au risque de me rĂ©pĂ©ter, je trouve que la narration est trop brouillonne pour rendre notre immersion totale. Je pense que structurer davantage les informations en les allĂ©geant Ă©ventuellement aurait permis de donner davantage d’épaisseur aux personnages et ainsi de dĂ©velopper nos sentiments Ă  leurs Ă©gards. Ce n’est que mon point de vue mais c’est en tout cas ce que j’ai ressenti. C’est dommage car certaines scĂšnes sont vraiment trĂšs rĂ©ussies. Trondheim dĂ©montre une nouvelle fois son talent pour faire rire en tout occasion. Certaines rĂ©pliques sont remarquables de drĂŽlerie. NĂ©anmoins, on ne retrouve pas la densitĂ© humoristique que contiennent certains Ă©pisodes de « Donjon ».

Concernant les dessins, je les trouve remarquables. Il faut dire que je trouve le style de Trondheim trĂšs agrĂ©ables. D’apparence trĂšs simple et quasiment enfantin, ils collent parfaitement au ton de l’histoire. Ils rendent la lecture aisĂ©e pour tout type de public. Pour des raisons Ă©quivalentes, les couleurs sont bien dosĂ©es. J’en profite pour signaler la qualitĂ© du travail dans ce domaine de Brigitte Findakly qui s’en est chargĂ©e dans cet opus. Le dĂ©coupage des cases est classique. Chaque page est composĂ©e de quatre lignes dĂ©coupĂ©es chacune en une Ă  quatre cases. Sur ce plan-lĂ , la lecture ne nĂ©cessite pas de gymnastique particuliĂšre.

Au final, cet opus m’a laissĂ© un sentiment mitigĂ© une fois terminĂ©. Je ne peux pas dire qu’il ne m’a pas fait passer un moment agrĂ©able. J’ai souvent ri, j’ai Ă©galement trouvĂ© certains dialogues ou certaines scĂšnes savamment tournĂ©s. Par contre, je n’ai pas eu l’envie, comme souvent avec Trondheim, de me plonger au plus vite dans l’album tout juste terminĂ©. Peut-ĂȘtre en attendais-je trop ? MalgrĂ© tout, je n’ai pas passĂ© un moment dĂ©sagrĂ©able en le dĂ©couvrant. Mais il n’est pas Ă  la hauteur des sĂ©ries comme « Lapinot » ou « Donjon ». Cela ne m’empĂȘchera pas de m’offrir le prochain opus de cette sĂ©rie pour dĂ©couvrir les nouvelles aventures de ce pauvre Ralph Azham


gravatar_eric

Note : 12/20