Mattéo, T1 : PremiÚre époque (1914-1915)

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Titre : Mattéo, T1 : PremiÚre époque (1914-1915)
Scénariste : Jean-Pierre Gibrat
Dessinateur : Jean-Pierre Gibrat
Parution : Octobre 2008


Lors d’un passage Ă  Bruxelles, j’avais eu la chance de tomber sur une exposition consacrĂ©e aux planches de Jean-Pierre Gibrat. J’étais alors tombĂ© follement amoureux du trait de ce dessinateur et de ses planches en couleur directe. Plus que ça, c’est sa façon de dessiner des femmes qui m’avait simplement subjuguĂ©. HĂ©las, mes premiĂšres dĂ©couvertes en bande-dessinĂ©e de cet auteur m’avaient déçues : je trouvais les scĂ©narii bien lĂ©gers et peu passionnants. Prenant mon courage Ă  deux mains, je tentais de nouveau le coup avec « MattĂ©o », un diptyque se passant lors de la premiĂšre guerre mondiale. Le premier tome, sous-titrĂ© « premiĂšre Ă©poque : 1914-1915 », commence alors que la guerre va dĂ©marrer. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis et pĂšse pas moins de 64 pages. Continuer la lecture de « MattĂ©o, T1 : PremiĂšre Ă©poque (1914-1915) »

Le bois des vierges, T1

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Titre : Le bois des vierges, T1
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : BĂ©atrice Tillier
Parution : FĂ©vrier 2008


Fan d’anthropomorphisme, on m’avait conseillĂ© il y a des annĂ©es la sĂ©rie « Le bois des vierges ». Avec un bon temps de retard, je me suis procurĂ© la sĂ©rie scĂ©narisĂ©e par Jean Dufaux et dessinĂ©e par BĂ©atrice Tillier. Au format classique, en trois tomes, elle fait intervenir des animaux intelligents qui s’opposent aux humains. Le tout est publiĂ© chez Robert Laffont. Continuer la lecture de « Le bois des vierges, T1 »

Le jardin d’hiver

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Titre : Le Jardin d’Hiver
Scénariste : Renaud Dillies
Dessinateur : Grazia La Padula
Parution : Août 2008


Je suis tombĂ© par hasard sur la bande-dessinĂ©e « Le jardin d’hiver ». Le nom de Renaud Dillies sur la couverture a de suite attirĂ© mon regard ! TrĂšs fan de son dessin, j’ai Ă©tĂ© un déçu de voir qu’il ne fait que scĂ©nariser cette Ɠuvre, laissant le dessin Ă  Grazia La Padula, dont je ne connaissais pas les travaux. C’est a priori sa premiĂšre Ɠuvre. Renaud Dillies s’est lui dĂ©marquĂ© avec des livres comme « Betty Blues » et « Bulles & Nacelles », ouvrages qu’il menait au dessin et au scĂ©nario. Continuer la lecture de « Le jardin d’hiver »

Le goût du chlore

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Titre : Le goût du chlore
Scénariste : Bastien VivÚs
Dessinateur : Bastien VivĂšs
Parution : Mai 2008


« Le goĂ»t du chlore » est l’une des premiĂšres bande-dessinĂ©es de Bastien VivĂšs. Parue en 2008, elle a permis Ă  l’auteur de prendre son envol depuis avec de nombreux projets couronnĂ©s de succĂšs. Dans cet ouvrage paru chez KSTR, on retrouve deux jeunes gens qui se rencontrent Ă  la piscine. Le tout pĂšse pas moins de 135 planches.

Dans la BD, on suit un jeune homme qui a un problĂšme de dos. Son kinĂ© le pousse alors Ă  aller nager, ce qu’il n’a pas vraiment envie. Il faut dire qu’il ne nage pas bien et qu’il a bien du mal Ă  motiver des amis pour l’accompagner. Il dĂ©couvre alors le « milieu » de la piscine municipale, avec des hommes en reprĂ©sentation, des vieilles femmes et
 Une fille.

LeGoutDuChlore1« Le goĂ»t du chlore » est une romance. Si pudique qu’elle en perd un peu d’intĂ©rĂȘt. Il y a trĂšs peu de dialogues dans l’ouvrage et une grande partie concerne la natation. En effet, la jeune fille enseigne au garçon comment mieux nager. L’intĂ©rĂȘt de l’un pour l’une est Ă©vident, l’inverse semble plus long Ă  se dĂ©terminer.

Si on enlĂšve les scĂšnes chez le kinĂ©, plutĂŽt anecdotiques, tout se passe dans la piscine municipale. Les personnages sont presque tout le temps en train de nager ou de barboter. Cela permet Ă  Bastien VivĂšs de laisser parler son obsession des corps (que l’on retrouvera plus tard dans « Polina »). Un corps sportif et attirant d’un cĂŽtĂ©, plus ingrat et chĂ©tif de l’autre. L’auteur dĂ©cide d’adopter le rythme rĂ©el du lieu. Ainsi, on nage plus qu’on parle dans l’ouvrage. Et au bout d’un moment, la lassitude nous atteint Ă  force de voir chaque mouvement dĂ©composĂ©, que ce soit pour la nage ou toute autre chose. Mais on n’est pas loin de l’exercice de style. Bastien VivĂšs fournit donc un travail intĂ©ressant qui ne plaira pas Ă  tout le monde.

Au niveau dessin, on retrouve le trait dynamique de Bastien VivĂšs. J’ai trouvĂ© l’ensemble assez inĂ©gal. Certaines cases sont trĂšs rĂ©ussies et puissantes. D’autres sont vraiment limites, mĂȘme si elles sont liĂ©es au parti pris de l’auteur. Ce dernier Ă©crit en fin d’ouvrage avoir rĂ©alisĂ© l’album Ă  l’étĂ© 2007, ce qui expliquerait ce cĂŽtĂ© inĂ©gal. La colorisation en vert/bleu de les dĂ©cors mais en valeur les corps couleur chair des protagonistes. Mais l’ensemble reste assez froid.

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On peut souvent lire que « Le goĂ»t du chlore » retranscrit parfaitement l’ambiance d’une piscine municipale oĂč des gens trĂšs diffĂ©rents vont nager et oĂč le temps est rythmĂ© par les longueurs. Mais c’est bien lĂ  le problĂšme. Quand on va nager, le temps est souvent long et on s’ennuie un peu. VoilĂ  l’effet que m’a fait cet ouvrage.

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Billy Brouillard, T1 : Le don de trouble-vue – Guillaume Bianco

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Titre : Billy Brouillard, T1 : Le don de trouble-vue
Scénariste : Guillaume Bianco
Dessinateur : Guillaume Bianco
Parution : Novembre 2008


Lorsque j’ai prĂ©sentĂ© mes travaux de dessinateur Ă  des professionnels, on m’a citĂ© Ă  deux reprises la sĂ©rie « Billy Brouillard » dessinĂ©e par Guillaume Bianco, comme rĂ©fĂ©rence en termes de dessin en noir et blanc et en hachures. Cela m’a suffisamment intriguĂ© pour que je m’intĂ©resse Ă  cet auteur que je ne connaissais absolument pas. La sĂ©rie « Billy Brouillard » est publiĂ©e aux Editions Soleil, dans la collection « MĂ©tamorphose ». Cette collection propose de trĂšs beaux livres qui explorent le cĂŽtĂ© sombre de l’enfance.

Billy Brouillard, comme le nom du premier tome l’indique, est dotĂ© du don de trouble vue. Ainsi, sans ses lunettes, il voit ce que les autres ne voient pas. Un ballon et quelques branches et voilĂ  que le petit garçon transforme cela en squelette. Mais au-delĂ  du flou, Billy parvient Ă  voir les crĂ©atures fantastiques : monstres, fantĂŽmes et tout ce qui traĂźne dans une forĂȘt lugubre.

La particularitĂ© de cet ouvrage est d’explorer la bande-dessinĂ©e dans plusieurs directions. Si certains passages sont sous forme de BDs « classiques », le livre est parsemĂ© de plein d’autres choses. On y trouvera notamment des bestiaires, des manuels de nĂ©cromancie, des faux journaux, des textes illustrĂ©s
 Il est Ă©vident que ce genre de narration perturbera nombre de lecteurs, mais cela fait partie intĂ©grante du charme de l’ouvrage. Au-delĂ  d’une histoire, c’est un vĂ©ritable univers que crĂ©e Guillaume Bianco autour d’un petit garçon obsĂ©dĂ© par le fantastique. Car l’ambiguĂŻtĂ© est toujours prĂ©sente : Billy imagine-t-il tout cela ou est-ce que c’est vrai ? C’est une ode Ă  l’enfance, mĂȘme si elle est bien glauque. L’auteur tape juste tout en Ă©tant original. Le monde de « Billy Brouillard » est sombre et fantastique et pourtant, cela nous rappelle notre enfance
 Une vraie performance !

Une lecture exigeante.

L’univers crĂ©Ă© pour l’occasion est magnifiĂ© par le graphisme somptueux de Guillaume Bianco. Le mĂ©lange entre un trait enfantin (pour les personnages notamment) et l’aspect trĂšs sombre du rendu en noir et blanc fonctionnent parfaitement. L’auteur est en pleine maĂźtrise de son art. Le tout est mis en valeur par la beautĂ© du livre et du papier. Parfois, la couleur s’invite, que ce soit dans le dessin ou dans le papier lui-mĂȘme.

L’impression Ă  la lecture de ce livre est d’une sorte de fouillis, un cahier d’écolier oĂč seraient griffonnĂ©es quantitĂ©s de choses sur les mystĂšres de la vie vus par un petit garçon. La mise en page est remarquable d’intelligence et le rythme bien menĂ©. Cependant, la lecture est exigeante et il est Ă©vident que certains lecteurs, dĂ©sarçonnĂ©s, auront du mal Ă  adhĂ©rer au concept.

Ce premier tome de « Billy Brouillard » ne peut pas laisser indiffĂ©rent. DotĂ© d’une personnalitĂ© affirmĂ©e, l’ouvrage dĂ©sempare autant qu’il fascine. Comme quoi, on peut sortir des schĂ©mas classiques et enthousiasmer. Une formidable dĂ©couverte qui montre, au grĂšs des pages, le talent incroyable de l’auteur pour nous faire rire, nous faire peur ou simplement nous emporter ailleurs.

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Vitesse Moderne – Blutch

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Titre : Vitesse Moderne
Scénariste : Blutch
Dessinateur : Blutch
Parution : Octobre 2008


 « Vitesse moderne » est un one-shot de 80 pages dessinĂ© et scĂ©narisĂ© par Blutch. J’ai dĂ©couvert cet auteur par « Le Petit Christian » tout d’abord, puis par « Peplum ». « Vitesse moderne » marque avant tout par sa couleur omniprĂ©sente qui rend l’ouvrage beaucoup moins noir que « Peplum », du moins au premier abord.

Quand Lola sort de son cours de danse, elle est abordĂ©e par RenĂ©e, qui se dit Ă©crivain. Cette derniĂšre lui propose de la suivre et d’écrire sur sa vie. En effet, RenĂ©e est fascinĂ©e par Lola qu’elle observe danser par la fenĂȘtre de son appartement. On devine tout de suite que cette relation va vite poser des soucis, car les deux jeunes femmes ne se connaissent pas.

Une plongĂ©e dans les angoisses et les fantasmes de l’ĂȘtre humain moderne.

Alors que l’on croit lire une bande-dessinĂ©e tout Ă  fait classique, l’ensemble est finalement onirique (voire mĂȘme plutĂŽt cauchemardesque). C’est une plongĂ©e dans les angoisses et les fantasmes de l’ĂȘtre humain moderne. L’homme est d’ailleurs source d’angoisse permanent pour Lola, que ce soit son voisin amoureux ou son pĂšre version vieux pervers. Lola semble ĂȘtre une bĂȘte traquĂ©e en permanence, essayant de donner de la consistance et de la rĂ©alitĂ© Ă  ce qui n’est finalement qu’un rĂȘve. En cela, l’ouvrage a un cĂŽtĂ© kafkaĂŻen, Lola semblant ĂȘtre piĂ©gĂ© dans un monde apparemment logique qu’elle ne comprend pas.

Blutch prend un malin plaisir Ă  nous dĂ©router dans cet ouvrage. On ne sait jamais trop oĂč l’on est. L’histoire devient rĂ©elle, puis bascule dans une forme de cauchemar par moments, redevient plus rĂ©aliste
 De nombreuses incohĂ©rences temporelles et spatiales s’accumulent, parfois mĂȘme expliquĂ©es (le pĂšre a une garçonniĂšre en face de l’appartement de RenĂ©e par exemple). Tout cela dĂ©route le lecteur sans jamais le perdre pour autant. En cela, Blutch manie son rĂ©cit avec maestria. A aucun moment, on ne perd le fil et les incohĂ©rences inhĂ©rentes au rĂȘve sont traitĂ©es sans excĂšs.

Au niveau du dessin, Blutch manie un trait tout en hachures. Cependant, l’emploi de couleurs a tendance Ă  rendre son dessin moins expressif et fort que dans le passĂ©. Cela le rend par contre beaucoup plus accessible Ă  mon sens. En revanche, la couleur est maniĂ©e avec talent et participe fortement Ă  l’ambiance particuliĂšre de ce « Vitesse moderne » (notamment la robe rouge de Lola qui dĂ©note avec l’ensemble dans nombre de pages).

Une attention toute particuliĂšre a Ă©tĂ© apportĂ©e au dessin des corps. C’est d’autant plus flagrant lorsque l’on voit danser Lola dans les premiĂšres pages. Ils sont remarquablement bien rendus. De mĂȘme, Lola a une expression sans cesse apeurĂ©e qui participe Ă  l’ambiance du livre.

Au final ce « Vitesse Moderne » est une bande-dessinĂ©e des plus rĂ©ussie. Le trait assurĂ© de Blutch transporte le lecteur dans une histoire torturĂ©e et intrigante, mais toujours passionnante. L’utilisation de la couleur est pertinente et renforce la sensualitĂ© du propos, entre angoisse et fantasmes. A lire.

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Note : 18/20

Le Petit Christian, T2 – Blutch

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Titre : Le Petit Christian, T2
Scénariste : Blutch
Dessinateur : Blutch
Parution : Octobre 2008


AprĂšs avoir relatĂ© son enfance dans le premier tome de « Le Petit Christian », Blutch remet le couvert pour aborder le thĂšme de l’adolescence. Plus prĂ©cisĂ©ment, on dĂ©marre ici avec l’entrĂ©e en 6Ăšme de Christian jusqu’à son passage en 3Ăšme. On a va ainsi le voir Ă©voluer du petit garçon qu’il Ă©tait jusqu’à un grand ado tĂ©nĂ©breux et rĂąleur. Comme il part dans un collĂšge privĂ© de Strasbourg, on ne retrouvera pas les personnages rĂ©currents du premier tome.

Le fil rouge de cette BD s’appelle Catie Borie. C’est la fille d’amis de la famille et elle a le mĂȘme Ăąge que Christian. Il en est fou amoureux, mais 1000 km les sĂ©pare. En s’intĂ©ressant Ă  une fille, Christian renie certains principes de son enfance (« quand on est un desperado, on se garde des femmes.») et glisse inexorablement vers d’autres prĂ©occupations bien lĂ©gitimes.

Inventivité et sensibilité

Ce nouveau tome aborde avec beaucoup de sensibilitĂ© et d’inventivitĂ© le thĂšme d’un amour a mi-chemin entre les amours d’enfance (Christian restant trĂšs naĂŻf) et des amours plus adultes. L’éveil des sens du narrateur est bien sĂ»r prĂ©sent, liĂ© Ă  un romantisme extrĂȘme qui le torture jusqu’au dĂ©nouement imprĂ©visible. TĂ©moin, cette scĂšne de traversĂ©e du dĂ©sert oĂč le narrateur se voit pris dans une tempĂȘte de sable reprĂ©sentant les autres filles du collĂšge qui essaient de le dĂ©tourner de sa Catie
 Et Christian ne vit que pour les lettres qu’il reçoit de sa bien-aimĂ©e


Une nouvelle fois, l’intervention de personnages de fiction apporte beaucoup Ă  l’ensemble. Christian a un dieu : Steve Mac Queen, qu’il prie avant les contrĂŽles
 De mĂȘme, les rĂ©fĂ©rences Ă  la BD ou au cinĂ©ma sont lĂ©gions. La traversĂ©e du dĂ©sert est une rĂ©fĂ©rence Ă©vidente Ă  « Tintin au pays de l’or noir ». De mĂȘme les stars du cinĂ©ma ont encore une place importante et toujours en situation (« Oh ! Marlon Brando dans un tango Ă  Paris.»). Petite nouveautĂ©, Christian parle aussi Ă  son double enfant, dĂ©guisĂ© en cowboy. Le dialogue avec son double montre la premiĂšre mutation de Christian, de par l’apparition de son amour pour Catie Borie. Son dialogue avec Marlon Brando en fin d’ouvrage montre sa deuxiĂšme mutation (je vous laisse dĂ©couvrir pourquoi). Les apparitions de ces personnages et les rĂ©fĂ©rences constantes aux mondes du cinĂ©ma et de la bande-dessinĂ©e sont clairement le pivot de cet ouvrage. Il montre combien ils ont une influence majeure sur l’imagination des enfants et des adolescents et combien ils forgent la personnalitĂ© par leurs propos.

On retrouve le dessin de Blutch tout en hachures. Petite nouveauté : de la couleur a Ă©tĂ© ajoutĂ©e. En effet, l’auteur ajoute des touches de rouge et de rose afin de densifier son dessin. Le tout est assez rĂ©ussi, mĂȘme si ça a un coĂ»t : le deuxiĂšme tome de « Le Petit Christian » est 4 euros plus cher.

Sous un aspect faussement naĂŻf (le personnage de Christian a un dessin assez simple), Blutch marque une fois de plus de son talent cet ouvrage. Ainsi, le dessin trĂšs rĂ©aliste des personnages cĂ©lĂšbres marque un contraste toujours intĂ©ressant avec le reste des personnages. De mĂȘme, la scĂšne oĂč Christian part pour la premiĂšre fois au collĂšge est saisissante. S’imaginant dans une prison, l’auteur applique un style noir et inquiĂ©tant qui tranche avec le reste de l’ouvrage.

J’ai une nouvelle fois Ă©tĂ© saisi par le talent de Blutch dans la suite de son autobiographie. Son inventivitĂ© pour raconter ces moments de la jeunesse est incroyable. En utilisant de nombreuses rĂ©fĂ©rences extĂ©rieures, il parvient Ă  crĂ©er une connivence avec le lecteur. La scĂšne du dĂ©sert est simplement Ă  mourir de rire, mais est Ă©galement pleine de vĂ©ritĂ© sur l’adolescence. En dĂ©tournant les codes propres Ă  ce genre de rĂ©cit (les premiers amours, les dĂ©buts au collĂšge
), Blutch parvient Ă  nous surprendre sur un sujet pourtant maintes fois abordĂ©s. Une rĂ©fĂ©rence !

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Note : 19/20

LĂ©gendes de la Garde, T1 : Automne 1152 – David Petersen

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Titre : LĂ©gendes de la Garde, T1 : Automne 1152
Scénariste : David Petersen
Dessinateur : David Petersen
Parution : Janvier 2008


« LĂ©gendes de la Garde » est une sĂ©rie nĂ©e de l’imagination de David Petersen. L’ouvrage qu’on m’a offert s’intitule « Automne 1152 ». Il est Ă©ditĂ© chez Gallimard dans un format peu orthodoxe. Il est quasiment de forme carrĂ©e. L’histoire se dĂ©veloppe sur plus de cent cinquante pages. Le bouquin se compose de six chapitres qui dans un premier temps avait Ă©tĂ© Ă©ditĂ© indĂ©pendamment sous le titre original « Mouse Guard ». « Automne 1152 » a un prix proche de dix-neuf euros.

Le site de la Fnac nous offre le rĂ©sumĂ© suivant de l’intrigue : « Depuis la nuit des temps, la Garde protĂšge les souris de mille dangers qui menacent leur existence. Trois de ses membres les plus solides, Kenzie, Saxon et Lieam, dĂ©couvrent lors d’une mission de routine un noir complot ourdi dans la ville de Barkstone. Trop tard ! Lieam est fait prisonnier, les deux autres sont laissĂ©s pour mort aux portes de la ville et une armĂ©e traĂźtresse marche dĂ©jĂ  vers Lockhave, la lĂ©gendaire forteresse de la Garde. »

L’intrigue s’adresse Ă  un public adulte

En dĂ©couvrant la thĂ©matique de l’ouvrage, j’étais curieux de dĂ©couvrir cette sociĂ©tĂ© crĂ©e par l’auteur. Imaginer le monde dans lequel vivent les souris, la maniĂšre avec laquelle elles s’organisent pouvaient donner lieu Ă  un voyage intense pour le lecteur. Je m’interrogeais sur la maniĂšre avec laquelle cette civilisation allait s’intĂ©grer dans nos forĂȘts et dans notre univers connu. MalgrĂ© une couverture qui semble orienter le livre vers un public jeune, la construction de l’intrigue s’adresse finalement Ă  un public plus adulte. Le ton n’est pas spĂ©cialement lĂ©ger et ne rĂ©pondra pas aux attentes des plus petits.

La narration se dĂ©coupe en six chapitres de taille quasiment Ă©quivalente. Chacun est prĂ©sentĂ© par un titre propre est un rĂ©sumĂ© qui s’étale sur une page. Cette construction rĂ©sulte sĂ»rement de la parution originale qui avait dissociĂ© chaque partie. Les premiĂšres pages nous intriguent par le fait qu’on dĂ©couvre un nouveau monde. On est soucieux de comprendre les codes sociaux qui le rĂ©gissent. Finalement, on dĂ©couvre assez vite que cette civilisation s’approche de celle qui existait Ă  l’époque mĂ©diĂ©vale. Les moyens de dĂ©placement, la structure des citĂ©s, le type des armes
 Tout se rapproche du Moyen-Âge. Certains regretteront finalement un certain manque d’originalitĂ©, d’autres auront plaisir Ă  voir Ă©voluer ces petites souris dans cet univers qui ravira ses adeptes.

On s’immerge assez rapidement dans l’univers de l’histoire du fait de son relatif classicisme. On s’intĂ©resse alors rapidement au devenir de nos trois hĂ©ros qui se nomment Kenzie, Saxon et Lieam. Ils sont des soldats de la Garde. Ils sont en mission et semblent ne pas ĂȘtre lĂ  pour rigoler. Ils ne gĂ©nĂšrent pas une empathie immense mais cela ne nous empĂȘche d’ĂȘtre curieux de connaitre la suite de leurs aventures. Ces derniĂšres se composent par une succession d’évĂ©nements qui vont les amener Ă  ĂȘtre sĂ©parĂ©s. Ces derniers se suivent Ă  un rythme quasiment mĂ©canique qui doit ĂȘtre une consĂ©quence de la construction par chapitre. L’auteur offre une intrigue trĂšs factuelle dans laquelle la digression n’existe quasiment pas. Cela offre ainsi une lecture nerveuse qui n’a pas envie de perdre son temps. En contrepartie, cela se fait au dĂ©triment de l’atmosphĂšre de la lecture qui ne prend jamais une ampleur suffisante pour arriver Ă  nous envouter.

Les dessins ne m’ont pas laissĂ© indiffĂ©rent. Je ne peux pas dire que j’ai chavirĂ© en les dĂ©couvrant. Ce n’est pas le cas en effet. Par contre, j’ai eu le sentiment en les dĂ©couvrant de rencontrer un style que je n’avais jamais croisĂ© au cours de mes lectures. MĂȘme si Petersen se « contente » finalement de dessiner des souris qui se dissocie l’une de l’autre essentiellement par la couleur de leurs poils, il arrive malgrĂ© tout Ă  offrir Ă  son ouvrage une identitĂ© propre. Pourtant les dĂ©cors sont finalement assez secondaires. L’usage des couleurs est par contre Ă  mes yeux remarquables. Il se dĂ©gage un vrai quelque chose des forĂȘts ou des villes dans lesquelles errent nos hĂ©ros. Les tons orange, gris ou marron sont primordiaux et offrent un rĂ©sultat trĂšs rĂ©ussi.

En conclusion, Ă  dĂ©faut de m’avoir transportĂ© trĂšs loin, « LĂ©gendes de la Garde » m’a offert un voyage agrĂ©able que je ne regrette pas. Il s’agit d’une lecture intĂ©ressante dans la structure diffĂšre de celles que je connais habituellement. J’ai vu qu’une suite intitulĂ©e « Hiver 1152 » Ă©tait parue. Je pense que je m’y plongerai avec joie. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20