Ralph Azham, T4 : Un caillou n’apprend jamais rien – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T4 : Un caillou enterrĂ© n’apprend jamais rien
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Octobre 2012


Le troisiĂšme tome de « Ralph Azham » annonçait la fin du premier cycle. Pourtant, Ă  la fermeture du livre, ce n’était pas bien Ă©vident. Je n’étais pas pleinement sĂ©duit par cette histoire et j’hĂ©sitais donc fortement Ă  continuer l’aventure avec ce nouveau cycle, du moins ce quatriĂšme tome intitulĂ© « Un caillou enterrĂ© n’apprend jamais rien ». Mais le tout Ă©tant dessinĂ© et scĂ©narisĂ© par Lewis Trondheim, j’ai craqué 

« Ralph Azham » reprĂ©sentera, pour toute personne connaissant l’Ɠuvre de Trondheim, comme un « Donjon bis en moins bien ». LĂ  oĂč « Donjon » se permettait tout, « Ralph Azham » est plus consensuel. Sa publication chez Dupuis (et dans le magazine Spirou) l’explique amplement. Ainsi donc, on se retrouve avec un monde de fantasy classique, mais malmenĂ© en permanence. C’est le personnage de Ralph, trĂšs cynique, qui sert de catalyseur aux clins d’Ɠil de l’auteur. Ce dernier est l’élu, poursuivi par toutes les milices de tous les pays. Il est Ă©paulĂ© de son ami magicien avec qui il se dispute souvent, Ralph ne respectant que peu les croyances des autres. Nos deux compĂšres entrent Ă  Octania afin d’essayer d’embarquer sur un bateau et se rendre sur l’üle de Vom Syrus, pour lui demander son aide.

Un lieu = un tome

On a clairement affaire Ă  un tome de transition ici. En effet, Ă  la fin du livre, Ralph quittera Ă  peine Octania. MĂȘme s’il dĂ©tourne les codes du genre, Trondheim s’y perd Ă©galement. Un lieu = un tome. On dĂ©couvre les us et coutumes du coin, le hĂ©ros perturbe l’écosystĂšme local puis s’en va.

Il serait cependant rĂ©ducteur d’aborder ce tome ainsi. Si la notion de cycle n’est pas Ă©vidente, elle se retrouve dans les personnages. Ainsi, les premiers tomes Ă©taient beaucoup basĂ©s sur la sƓur de Ralph. Ici, Ralph va rencontrer de nouveaux personnages qui changent fortement le ton de l’album. Il faut bien avouer que le tout est sacrĂ©ment prenant. Trondheim semble avoir pris son rythme et ce tome ne paraĂźt pas du tout diluĂ©. Cela m’a redonnĂ© foi dans cette sĂ©rie. MĂȘme si les enjeux rĂ©els de l’histoire semble bien mineurs ici (comme dans les premiers « Donjon » d’ailleurs), force est de constater qu’il y a beaucoup de bonnes idĂ©es et que les personnages commencent Ă  devenir vraiment sympathiques et attachants (il Ă©tait temps
).

Au niveau du dessin, on retrouve le dessin animalier de Lewis Trondheim. Le tout est maĂźtrisĂ© et certains dĂ©cors sont vraiment beaux. La mise en couleur, vive, met bien en valeur le trait de Trondheim. Il est Ă  noter qu’il y a une forte densitĂ© de cases par page, l’auteur aimant beaucoup insĂ©rer des silences lorsque les personnages dialoguent, ce qui apporte une vraie subtilitĂ© aux comportements.

Au final, ce quatriĂšme tome est une agrĂ©able surprise. Je ne regrette absolument pas d’avoir assouvi mes pulsions consumĂ©ristes. J’espĂšre juste que l’histoire prendra une ampleur un peu plus importante par la suite. Car si les dialogues, les actions accrochent le lecteur Ă  la lecture, parfois on s’arrĂȘte quelques secondes en se demandant « mais pourquoi ils sont lĂ  d’ailleurs ? ». Si vous avez apprĂ©ciĂ© un tant soit peu les premiers tomes, n’hĂ©sitez pas Ă  continuer l’aventure.

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Note : 14/20

Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Avril 2012


« Noires sont les Ă©toiles » est le troisiĂšme tome de « Ralph Azham ». Cet album marque la fin du premier cycle comme cela est indiquĂ© sur la couverture. EditĂ© chez Dupuis, cet ouvrage est paru il y a quelques mois. Il est vendu pour un prix avoisinant les douze euros. J’avais dĂ©cidĂ© de m’intĂ©resser Ă  cette sĂ©rie par le seul nom de son auteur. En effet, Lewis Trondheim occupe une place particuliĂšre dans mon cƓur de bĂ©dĂ©phile. « Les formidables aventures de Lapinot » et « Donjon » sont ses plus cĂ©lĂšbres productions. Mais « Les petits riens », « Bludzee », « Fennec » ou « Moins d’un quart de seconde pour vivre » sont autant d’albums assez uniques dans leur atmosphĂšre ou leur originalitĂ©. Les deux premiers opus de « Ralph Azham » Ă©taient sympathiques sans ĂȘtre mĂ©morables. J’espĂ©rais que « Noires sont les Ă©toiles » fasse changer cette saga de braquet.

Le rĂ©sumĂ© suivant est issu du site BdGest : « Ralph, toujours accompagnĂ© par les magiciens Yassou et maĂźtre Migachi, a dĂ©cidĂ© de voler la couronne de Tanghor, dont le pouvoir pourrait rendre la mĂ©moire Ă  sa sƓur. Il s’associe Ă  trois voleurs rencontrĂ©s sur le bord de la route et se rend Ă  Onophalae, oĂč la couronne magique est conservĂ©e en haut d’un pic particuliĂšrement bien protĂ©gĂ©. Du moins pour le commun des mortels, car rien ne rĂ©siste aux mĂ©thodes non-conventionnelles de Ralph. De son cĂŽtĂ©, le pĂšre de Ralph, qui a survĂ©cu Ă  l’effondrement du barrage, s’installe Ă  Astolia, oĂč il ouvre une boutique de gĂąteaux-surprises, dans l’espoir que son fils s’y rejoindra. Mais il n’est pas le seul Ă  l’y attendre : nombreux sont ceux qui aimeraient toucher la prime promise pour sa capture ! »

Le premier tome avait pour objectif de nous prĂ©senter le hĂ©ros, Ralph, et l’univers dans lequel il allait Ă©voluer. On dĂ©couvre qu’il est paria dans son propre village. Il est nĂ© avec les cheveux bleus, signe local d’ĂȘtre un Ă©lu. On est alors vouĂ© Ă  un destin prestigieux. Mais Ralph n’a pas Ă©tĂ© admis et est donc revenu marquĂ© par son Ă©chec chez lui. Tous ses amis lui tournent le dos. Il est tout juste bon Ă  dormir au milieu des cochons. Mais un Ă©vĂ©nement fait que son village est dĂ©truit. Il dĂ©cide alors de partir accompagnĂ© d’un enfant. Le second tome le voit se regrouper avec tous les enfants aux cheveux bleus, chacun possĂ©dant un pouvoir particulier qui dĂ©cidera de sa fonction prochaine. Mais ils se trouvent au centre d’un guet-apens et doivent Ă  nouveau s’enfuir. Mais le rĂ©el Ă©vĂ©nement de cet opus est la rencontre d’une jeune fille, chef de l’armĂ©e. Elle serait peut-ĂȘtre la sƓur que Ralph croyait disparue. Mais cette derniĂšre n’y croit pas. C’est pourquoi il dĂ©cide de partir en quĂȘte de la couronne de Tanghor dans ce troisiĂšme tome


Une Ă©volution positive

J’avais trouvĂ© les deux premiers tomes un petit peu fouillis. Trondheim donnait l’impression de vouloir construire un univers relativement complexe. Mais on avait tendance Ă  se noyer sous les informations au dĂ©triment du cĂŽtĂ© drĂŽle et dĂ©calĂ© des personnages et des dialogues qui font le succĂšs de l’auteur. J’espĂ©rais donc que « Noires sont les Ă©toiles » se montrent plus structurĂ© et linĂ©aire sur le plan narratif pour laisser une place dans la lumiĂšre Ă  ses protagonistes. Je trouve que l’évolution est positive. La trame principale est simple. Il faut retrouver une couronne qui permet de retrouver la mĂ©moire. Dans un second temps, il s’agira de la faire porter Ă  celle que Ralph pense ĂȘtre sa sƓur. Cela offre une unitĂ© de lieu qui permet de retrouver tous les personnages des deux premiers opus dans un mĂȘme endroit. Cela Ă©vite les voyages permanents qui remplissaient l’album prĂ©cĂ©dent.

Le fait qu’on ne quitte pas Astolia dans la deuxiĂšme partie de l’histoire permet de nombreuses interactions entre les personnages. Cela laisse donc une plus grande place aux dialogues. Trondheim laisse libre cours Ă  son talent et nous offre des moments vraiment drĂŽles. Il retrouve un petit peu la magie de « Donjon » qui est culte dans la fantasy dĂ©calĂ©e. Il joue avec les codes du genre. Objets magiques, pouvoir, malĂ©diction
 Rien n’est oubliĂ©. Le rythme de narration est assez soutenu et nous ne offre aucun rĂ©el temps mort. En ce sens, « Noires sont les Ă©toiles » est, Ă  mes yeux, le meilleur des trois tomes de la sĂ©rie. En simplifiant l’ensemble, Trondheim fait naitre un album plus passionnant et drĂŽle que les prĂ©cĂ©dents qui Ă©taient plus confus. On en apprend davantage Ă©galement sur le monde dans lequel se dĂ©roule l’histoire. On rencontre le roi par exemple.

Les dessins sont Ă©galement le fruit du trait de Trondheim. Son style est reconnaissable dĂšs le premier coup d’Ɠil. Je vous avoue que j’en suis friand. Le trait est simple et rend les planches faciles d’accĂšs. Cela n’empĂȘche pas les cases d’ĂȘtre pleines de dĂ©tails et habitĂ©es d’une vraie atmosphĂšre. Les dĂ©cors ne sont pas nĂ©gligĂ©s et participent Ă  la crĂ©ation de l’univers qui abrite la trame. De plus, les personnages sont tous facilement reconnaissables et possĂšdent chacun leur identitĂ© graphique soit par leur caractĂšre soit par leur physique. Enfin, le travail de Brigitte Findakly sur les couleurs est excellent et donne Ă  l’ensemble un aspect visuel trĂšs attractif.

En conclusion, « Noires sont les Ă©toiles » est un ouvrage honnĂȘte qui marque une progression dans la sĂ©rie. Il se lit avec plaisir. On ne s’ennuie jamais mĂȘme si on n’est pas aussi transportĂ© que dans « Donjon ». NĂ©anmoins, le premier cycle Ă©tant terminĂ©, on se doute qu’un second verra le jour. Je n’hĂ©siterai pas Ă  guetter sa parution pour suivre les aventures de Ralph. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Octobre 2012


« Blast » est incontestablement un OVNI dans la bibliographie de Manu Larcenet. Sa cĂ©lĂ©britĂ© est nĂ©e du succĂšs de sĂ©ries telles que « Le retour Ă  la Terre », « Donjon Parade », « Le combat ordinaire » ou encore « Chez Francisque ». J’ai toujours suivi son travail. Il a su me faire rire souvent et m’émouvoir de temps Ă  autre. Bref, cet auteur est incontestablement un des Ă©crivains en vogue du neuviĂšme art. Son aura prend une toute autre ampleur lorsqu’apparait « Grasse carcasse » dans les librairies. Premier Ă©pisode de sa nouvelle saga, cet album se dĂ©marque. Le format est plus carrĂ©, il se compose de deux cents pages et l’identitĂ© graphique est noire et blanche. Une fois la lecture entamĂ©e, l’atmosphĂšre glauque, triste et dĂ©pressive nous envahit et ne nous laisse pas indemne une fois terminĂ©e. Bref, « Blast » organise un voyage unique qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent. C’est donc avec un plaisir intense que j’ai dĂ©couvert la parution en octobre dernier du dernier acte des aventures de Polza Mancini.

Son hĂ©ros est accusĂ© d’avoir agressĂ© une femme. Il est en garde Ă  vue, Ă©coutĂ© par des policiers. Ces derniers cherchent Ă  savoir comment cet acte a pu avoir lieu. Mais Polza veut tout expliquer. Cela part de son enfance, de la mort de son frĂšre et de son pĂšre. Et surtout il Ă©voque son premier Blast, Ă©tat d’extase profonde qu’il obtient en abusant d’alcool ou de substances illicites. Sa vie de clochard, en dehors des sentiers battus, se rĂ©sument donc Ă  des rencontres hasardeuses et la quĂȘte du blast. Son physique ingrat fait de lui un paria volontaire de la sociĂ©tĂ©. Dans l’opus prĂ©cĂ©dent, il croisait Jacky qui s’avĂ©rait ĂȘtre un serial killer. Ce nouvel acte prĂ©sente de nouvelles rencontres qui ne laissent pas indemne Ă  la fois le hĂ©ros et ses lecteurs


Un hĂ©ros malade Ă  l’intelligence particuliĂšre et alambiquĂ©e.

Cet ouvrage se dĂ©marque des deux prĂ©cĂ©dents par la narration de l’internement de Polza. Suite Ă  une tentative de suicide difficile Ă  soutenir, Mancini se trouve enfermĂ© dans une structure hospitaliĂšre qui lui impose une thĂ©rapie psychanalytique. On n’a jamais doutĂ© du fait que le hĂ©ros est malade et nĂ©cessite des soins. Mais c’est la premiĂšre fois depuis le dĂ©but de l’histoire qu’on le dĂ©couvre dans les mains du corps mĂ©dical. Son intelligence particuliĂšre, inquiĂ©tante et alambiquĂ©e prend une autre ampleur quand elle se confronte Ă  la rĂ©alitĂ©. Son refus de se soigner, sa maniĂšre de manipuler et de mĂ©priser les codes font que tout espoir Ă  son Ă©gard disparaĂźt. Il ne veut pas saisir la main qu’on lui tend. On s’en doutait mais on souffre de voir cela se confirmer.

En dehors de la pĂ©riode mĂ©dicale de l’intrigue, Larcenet nous offre des scĂšnes particuliĂšrement dures qui mettent mal Ă  l’aise et qui font souffrir. L’auteur n’utilise aucun filtre pour dĂ©crire la vie de cet homme errant. On sent particuliĂšrement bien l’angoisse de la nuit. Toutes les bĂȘtes fĂ©roces sortent de leur taniĂšre et l’animalitĂ© de l’homme prend une toute autre ampleur qui est loin de laisser indiffĂ©rent. Le talent de l’auteur pour alterner des moments bavards et des moments complĂštement silencieux participe activement Ă  cette atmosphĂšre oppressante. La capacitĂ© que possĂšde l’écrivain Ă  dessiner des paysages nocturnes ou diurnes fait que nos Ă©motions sont en permanence sollicitĂ©es.

Je ne voudrais trop vous en dĂ©voiler. En effet, le plaisir rĂ©side Ă©galement dans les nombreuses interrogations qui se posent Ă  nous quant au devenir de Polza. Le suspense est stressant tant la descente aux enfers du hĂ©ros est permanente. Cet ouvrage est donc dans la lignĂ©e des deux premiers opus. Il s’agit lĂ  d’un vrai compliment tant je suis adepte de cette saga qui est unique dans son genre et qui ne laissera personne indemne une fois le bouquin refermĂ©. Mancini continue Ă  nous hanter


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Note : 17/20