Thérapie de groupe, T1 : L’étoile qui danse


Titre : Thérapie de groupe, T1 : L’étoile qui danse
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Janvier 2020


Thérapie de groupe est une nouvelle histoire née de la plume de Manu Larcenet. La couverture intrigante de l’album couplée à ma connaissance de l’auteur a fortement attisé ma curiosité. Le titre équivoque semble nous annoncer un nouveau voyage dans les névroses de cet auteur adepte de cette thématique…

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Le retour à la terre, T6 : Les métamorphoses


Titre : Le retour à la terre, T6 : Les métamorphoses
Scénariste : Jean-Yves Ferri
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Mars 2019


Après l’annonce de retour de la série « Donjon », les nostalgiques de l’époque de Poisson Pilote ont pu apprendre que « Le retour à la terre » revenait pour un sixième tome 11 ans après le précédent ! Cette série, c’est une madeleine de Proust pour moi : ma découverte de cette collection mythique et de ses auteurs emblématiques. Mais après tant d’années, maintenant que Larcenet a marqué la BD de son empreinte avec « Blast » et que Ferri est devenu scénariste de « Astérix », que nous réserve ce retour aux sources ? Personne n’attendait vraiment cette suite.

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Les branleurs, T1 : Introduction


Titre : Les branleurs, T1 : Introduction
Scénaristes : Eric Salch & Manu Larcenet
Dessinateurs : Eric Salch & Manu Larcenet
Parution : Février 2017


« Les branleurs » est un ovni. Écrit à quatre mains, il met en scène Eric Salch, jeune pousse trash de la bande dessinée, et Manu Larcenet, grand ponte adulé (dont on attend toujours la consécration à Angoulême…) qui décident de faire un livre ensemble. Bonjour la mise en abîme ! C’est l’occasion de mettre en scène deux egos de dessinateurs, qui passent leur temps à se trouver géniaux, puis complètement nuls ! Le tout est publié aux éditions Les Rêveurs. Continuer la lecture de « Les branleurs, T1 : Introduction »

Le combat ordinaire – Laurent Tuel

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Titre : Le combat ordinaire
Réalisateur : Laurent Tuel
Parution : Juillet 2015


« Le combat ordinaire » est une œuvre majeure de ces dernières années. Consacrant Manu Larcenet et inspirant toute une génération de dessinateurs, il est logique qu’elle soit aujourd’hui adaptée du grand écran. Les thématiques de questionnements existentiels sont parfaitement dans l’air du temps. Étant un grand fan de la bande-dessinée, c’est donc avant tout un critique comparative que je vais effectuer. Il m’est impossible de décloisonner le film du livre, surtout que ces derniers sont très proches.

C’est Laurent Tuel qui décide d’adapter le film en confiant le rôle de Marco à Nicolas Duvauchelle. Les trois premiers opus sont utilisés comme base de scénario, le quatrième étant vaguement cité par petits éléments. Ce choix d’adapter trois livres aboutit forcément à des coupes dans l’histoire. Celles-ci sont cohérentes, le réalisateur se concentrant sur les thèmes majeurs des ouvrages, déjà nombreux (la filiation, la guerre d’Algérie, les femmes, les ouvrier, la photographie, etc.).

Une adaptation (trop ?) fidèle.

Si la force de la bande-dessinée résidait dans un équilibre entre les moments graves et les moments d’humour, ce n’est pas le cas du film. Ce dernier se fait sombre et les moments de détente sont quasiment inexistants. Les quelques répliques humoristiques qui persistent sont dites avec gravité par les acteurs. Cela donne un manque de rythme au film. La bande-dessinée gérait parfaitement les cases muettes, donnant beaucoup de force aux silences. Mais évidemment, dans un film, c’est un peu différent. Comme l’action est peu présente, on se retrouve avec des scènes de dialogues pleines de silences. Il faut dire que Laurent Tuel est resté très fidèle à la bande-dessinée. Les textes sont les mêmes la plupart du temps, au mot près. Du coup, le fan aura bien du mal à se détacher de la bande-dessinée, tant il a imaginé comment ces textes étaient dits. Et il est clair que certains dialogues fonctionnent moins bien à l’écran que sur la page. Une réécriture n’aurait pas été forcément un problème.

Globalement, ce « Combat Ordinaire » manque de puissance. S’il est indéniablement touchant, il est relativement pauvre en énergie. Les passages où les personnages s’énervent sont fades. Personne ne crie, personne n’hurle, personne ne se bouscule. La violence est ici avant tout intérieure et contenue, et c’est bien dommage. Certaines scènes auraient mérité une intensité plus forte.

Au niveau de la réalisation en tant que telle, c’est assez inégal. Certaines scènes sont magnifiques, d’autres choix (notamment sur les gros plans) sont vraiment discutables.

« Le combat ordinaire » est une film honnête et touchant qui profite d’un scénario aux petits oignons. Peut-être trop fidèle à la bande-dessinée (du moins aux dialogues), Laurent Tuel est quand bien même arrivé à fusionner les trois premiers tomes dans un ensemble cohérent, gardant l’essence de ce qui fait l’œuvre de Larcenet. Un peu de rythme aurait donné un vrai plus au film.

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Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Mars 2014


« Blast » est un OVNI du neuvième art. Depuis la sortie de son premier tome il y a presque quatre ans, cette série est amenée à marquer profondément ses lecteurs. Ce roman graphique né de l’imagination et de la plume de Manu Larcenet est un uppercut permanent. Cette saga est une tétralogie. Le sept mars dernier est apparu l’épisode ultime du parcours de Polza Mancini, ce personnage pas comme les autres. Ce dernier opus s’intitule « Pourvu que les bouddhistes se trompent ». Edité chez Dargaud, cet ouvrage se compose de cent quatre-vingt-quinze pages. Il coûte vingt-trois euros. La couverture se partage en deux plans. Le premier nous présente Polza, revenu à l’état sauvage. Le second nous présente Carole assise un révolver dans la main. Le dénouement approche et nous pouvons légitimement l’appréhender.

La quatrième de couverture fait parler Mancini qui s’adresse à nous : « Un vent lourd, puant suie et cadavre, gronde sur la route et me glace. L’orage approche. Je ne cherche aucun abri, il n’en existe pas à ma taille. Je claudique au bord du chemin, ivre comme toujours, dans l’espoir que la distance entre nous se réduise que nos peaux se touchent enfin. Sali, battu, hagard, je repousse le moment où, le souffle court et les pieds meurtris par de mauvaises chaussures, je devrai m’arrêter. Serai-je encore assez vivant pour repartir ? »

Tour à tour ému, touché, énervé, choqué, compatissant, dégoûté, horrifié…

Polza Mancini est un personnage riche qui ne peut pas laisser indifférent. Pire que cela, il arrive à générer tous les spectres des sentiments possibles. Tour à tour j’ai été ému, touché, énervé, choqué, compatissant, dégoûté, horrifié et j’en passe. D’une page à l’autre, nos émotions sont chamboulées. La vie de Polza est celle d’un clochard comme il l’affirme. Elle alterne donc entre des moments de poésie dans la forêt ou près d’une rivière avec des moments durs inhérents à la vie dehors. Tous les marginaux ne sont pas stables et bienveillants, loin s’en faut. D’ailleurs le Mancini n’est pas dénué de défaut : il est alcoolique, drogué, instable, sale. A cela s’ajoute un physique difforme qui incite à détourner le regard. Bref, il fait partie des gens qu’on n’oublie mais qu’on ne souhaite pas croiser à nouveau.

Mais Polza ne nous conte pas son histoire au coin du feu. Il est en garde à vue. Il est accusé du meurtre de Carole, une jeune femme que les premiers tomes ont petit à petit fait apparaître dans la vie de Mancini. L’album précédent se concluait par une rude révélation : Carole aurait tué son propre père. C’est donc ici que reprend la trame pour ce dernier acte.

A la suite de son évasion de l’hôpital, Polza est hébergé chez un des anciens pensionnaires prénommé Roland. Ce dernier vit dans une ferme reculée avec sa fille Carole. Mancini ne quittera plus cette ferme jusqu’à son interpellation par la police. Pour la première fois, Polza est sédentaire. Bien qu’il affirme être irrémédiablement attiré par un départ dans la forêt, il ne franchit jamais le pas. Il semble attaché à sa nouvelle famille. L’équilibre qui régit la vie de cette petite communauté est remarquable décrit par Larcenet. Alors qu’on pourrait y voir une fille aimante et dévouée qui s’occupe de son père malade et qui accueille un sans-abri en quête d’affection. Mais tout cela est bien plus compliqué, malsain et inquiétant. Chaque rayon de soleil précède une longue période sombre sans lumière. L’issue nous est connue. Elle est triste et fatale. Le moins que nous puissions dire est que le chemin qui y mène n’est pas plus joyeux.

Côté dessin, le voyage est intense. Le travail graphique de Larcenet est impressionnant. Son œuvre est quasiment entièrement en noir et blanc. Il fait naître une grande galerie d’atmosphère. Que les scènes soient intimes ou que ce soient des paysages, que les moments soient légers ou horribles, tout nous pénètre profondément. Je n’ai pas le vocabulaire suffisamment riche pour vous transcrire les sentiments ressentis devant les planches ou les termes précis et techniques qui permettraient d’expliquer la qualité du travail. Je ne peux donc que vous inciter à ouvrir aux hasards ce tome et en lire quelques pages. Ce sera la meilleure manière de vous imprégner et de savourer les remarquables illustrations qui accompagnent cette histoire qui l’est tout autant.

« Pourvu que les bouddhistes se trompent » conclue avec maestria cette grande saga. La dernière partie de l’ouvrage est une invitation à la redécouvrir avec un regard neuf. Cette série est une œuvre majeure de ma bibliothèque. Je pense que je m’y plongerai régulièrement quitte à prendre du plaisir de lecteur à souffrir. « Blast », c’est une expérience qui ne laisse pas indemne…

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Note : 19/20

Blast, T3 : La tête la première – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T3 : La tête la première
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Octobre 2012


« Blast » est incontestablement un OVNI dans la bibliographie de Manu Larcenet. Sa célébrité est née du succès de séries telles que « Le retour à la Terre », « Donjon Parade », « Le combat ordinaire » ou encore « Chez Francisque ». J’ai toujours suivi son travail. Il a su me faire rire souvent et m’émouvoir de temps à autre. Bref, cet auteur est incontestablement un des écrivains en vogue du neuvième art. Son aura prend une toute autre ampleur lorsqu’apparait « Grasse carcasse » dans les librairies. Premier épisode de sa nouvelle saga, cet album se démarque. Le format est plus carré, il se compose de deux cents pages et l’identité graphique est noire et blanche. Une fois la lecture entamée, l’atmosphère glauque, triste et dépressive nous envahit et ne nous laisse pas indemne une fois terminée. Bref, « Blast » organise un voyage unique qui ne peut pas laisser indifférent. C’est donc avec un plaisir intense que j’ai découvert la parution en octobre dernier du dernier acte des aventures de Polza Mancini.

Son héros est accusé d’avoir agressé une femme. Il est en garde à vue, écouté par des policiers. Ces derniers cherchent à savoir comment cet acte a pu avoir lieu. Mais Polza veut tout expliquer. Cela part de son enfance, de la mort de son frère et de son père. Et surtout il évoque son premier Blast, état d’extase profonde qu’il obtient en abusant d’alcool ou de substances illicites. Sa vie de clochard, en dehors des sentiers battus, se résument donc à des rencontres hasardeuses et la quête du blast. Son physique ingrat fait de lui un paria volontaire de la société. Dans l’opus précédent, il croisait Jacky qui s’avérait être un serial killer. Ce nouvel acte présente de nouvelles rencontres qui ne laissent pas indemne à la fois le héros et ses lecteurs…

Un héros malade à l’intelligence particulière et alambiquée.

Cet ouvrage se démarque des deux précédents par la narration de l’internement de Polza. Suite à une tentative de suicide difficile à soutenir, Mancini se trouve enfermé dans une structure hospitalière qui lui impose une thérapie psychanalytique. On n’a jamais douté du fait que le héros est malade et nécessite des soins. Mais c’est la première fois depuis le début de l’histoire qu’on le découvre dans les mains du corps médical. Son intelligence particulière, inquiétante et alambiquée prend une autre ampleur quand elle se confronte à la réalité. Son refus de se soigner, sa manière de manipuler et de mépriser les codes font que tout espoir à son égard disparaît. Il ne veut pas saisir la main qu’on lui tend. On s’en doutait mais on souffre de voir cela se confirmer.

En dehors de la période médicale de l’intrigue, Larcenet nous offre des scènes particulièrement dures qui mettent mal à l’aise et qui font souffrir. L’auteur n’utilise aucun filtre pour décrire la vie de cet homme errant. On sent particulièrement bien l’angoisse de la nuit. Toutes les bêtes féroces sortent de leur tanière et l’animalité de l’homme prend une toute autre ampleur qui est loin de laisser indifférent. Le talent de l’auteur pour alterner des moments bavards et des moments complètement silencieux participe activement à cette atmosphère oppressante. La capacité que possède l’écrivain à dessiner des paysages nocturnes ou diurnes fait que nos émotions sont en permanence sollicitées.

Je ne voudrais trop vous en dévoiler. En effet, le plaisir réside également dans les nombreuses interrogations qui se posent à nous quant au devenir de Polza. Le suspense est stressant tant la descente aux enfers du héros est permanente. Cet ouvrage est donc dans la lignée des deux premiers opus. Il s’agit là d’un vrai compliment tant je suis adepte de cette saga qui est unique dans son genre et qui ne laissera personne indemne une fois le bouquin refermé. Mancini continue à nous hanter…

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Note : 17/20

Blast, T2 : L’apocalypse selon Saint Jacky – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T2 : L’Apocalypse selon Saint Jacky
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Avril 2011


« L’apocalypse selon Saint Jacky » est le titre du deuxième opus de la série de bandes dessinées « Blast ». Ecrit par Manu Larcenet, cet album est édité chez Dargaud depuis le mois d’avril dernier. Cet ouvrage est d’un format original. En effet, l’histoire s’étale sur environ deux cents pages. Le prix est à peine supérieur à vingt euros. La couverture est coupée en deux parties. La partie supérieure, en noir et blanc, nous présente un homme obèse les yeux dans les yeux avec un éléphant. L’inférieure est colorée et nous fait découvrir un homme en train de lire, allongé dans ce qui semble être un livre.

Ce bouquin est la suite du précédent tome de « Blast » intitulé « Grasse carcasse ». Cette nouvelle histoire reprend où nous avait laissés la précédente. C’est l’occasion de préciser qu’il m’apparaît indispensable d’avoir lu le précédent pour profiter pleinement de cet ouvrage. On y avait rencontré Mancini. Ancien écrivain, il se revendique clochard. On découvre son choix de vie qui consiste à errer et à vivre où le mène la vie sans aucune contrainte. Il vit dans la forêt, y rencontre des SDF. Et surtout il boit et se drogue. Tout cela a pour but de lui faire ressentir à nouveau le blast, sensation extrême de nirvana qui lui fait quitter sa misérable existence et son horrible corps d’obèse dégoutant. Mais le problème est qu’on a découvert Mancini en garde à vue et qu’il est accusé de tentative de meurtre sur une femme…

« L’apocalypse selon Saint Jacky » commence par l’annonce du décès de la présumée victime de Mancini. Les policiers refusent de l’annoncer à leur suspect et continuent à le faire parler. En effet, Mancini continue de leur conter le cheminement de sa vie qui l’a amené à se trouver à cet endroit à ce moment. Le centre de sa narration va tourner autour d’un personnage prénommé Jacky qui l’a accueilli un temps et qui a fait durant quelques temps de Mancini un sédentaire…

Un personnage principal qui n’a rien de réellement sympathique.

Cette série ne s’adresse pas à tous les publics. Autant des séries de Larcenet comme « Le retour à la terre » ou « Nic Oumouk » utilisent un ton léger et humoristique, autant « Blast » adopte une ambiance lourde et dure. Le personnage principal n’a rien de réellement sympathique. Son statut de SDF devrait déclencher un sentiment d’empathie. Ce n’est pas vraiment le cas. Il a choisi sa situation et semble en revendiquer de la fierté. De plus, sa situation d’alcoolique et de drogué assumée ne favorise pas la sympathie. La narration est réaliste. Elle présente quelque part les codes du chemin initiatique. Mancini nous offre une réflexion sur sa vie.

Le scénario s’étale sur deux cents pages. C’est relativement rare dans la bande dessinée. Le risque était que la trame souffre de quelques vides ou encore de quelques lenteurs. Ce n’est absolument pas le cas. La lecture est intense. J’ai dévoré cet opus d’une seule traite. On est réellement transporté dans l’univers de Mancini. On est fasciné par le parcours de cet homme qui se met sciemment à l’écart de la société et de ses codes. Les différentes rencontres sont autant de rebondissements. Les moments d’introspection sont également passionnants.

Le personnage principal possède une emprise énorme sur le récit. D’une part, il en est le narrateur et d’autre part ils occupent quasiment toutes les cases de l’ouvrage. Les deux policiers qui l’interrogent ont un rôle très secondaire et ont pour unique utilité de relancer la trame. Ce deuxième tome nous fait rencontrer un nouveau protagoniste qui prend une place très importante. Prénommé Jacky, il s’agit d’un homme, dealer, vivant dehors et fanatique de littérature qui va héberger Mancini pendant quelques temps. On pourrait qu’ils deviennent amis. Leur cohabitation nous est contée durant une grande majorité des pages. J’ai trouvé cet aspect passionnant et savamment narré. Cette rencontre entre deux auto-exclus de la société ne laisse pas indifférent.

Mais la richesse de cet album ne réside uniquement dans sa narration. L’atmosphère de la lecture est intense. De temps en temps touchant, très souvent mettant mal à l’aise, l’ambiance ne nous laisse jamais indifférent ni insensible. Et pour aboutir à ce résultat, les dessins jouent un rôle prépondérant. Manu Larcenet nous offre une œuvre de grande qualité sur le plan graphique. Les dessins sont en noir et blanc. Il nous offre une grande variété de point de vue. D’une part, les paysages sont remarquables. Que ce soit la forêt ou des immeubles de banlieue. D’autre les personnages sont également très bien nés. Certains visages sont splendides. Ils possèdent une réelle profondeur.

Je ne peux donc que vous conseiller la lecture de cet album. Je le trouve très réussi. De plus, il s’avère être original, ce qui ne gâche rien. Pour ceux qui avaient déjà découvert le premier opus de la série, ce nouveau tome est à la hauteur de son prédécesseur. Quant à ceux pour qui « Blast » était un univers inconnu, n’hésitez pas à vous y plonger en commençant par « Grasse carcasse ». Bonne lecture…

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Note : 17/20

Blast, T1 : Grasse carcasse – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T1 : Grasse Carcasse
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Novembre 2009


Manu Larcenet est un auteur que j’apprécie énormément. La principale qualité que je lui trouve est de ne pas s’enfermer dans une case scénaristique. Autant son « Le retour à la terre » est léger et drôle, autant son « Le combat ordinaire » est nostalgique et émouvant. Ses deux séries démontrent plutôt bien le grand spectre d’atmosphère dans lequel peut nous plonger cet écrivain. Mais ce n’est pas de ses séries dont je veux vous parler. Je me contente de vous les conseiller vivement. L’album dont je veux vous parler aujourd’hui se nomme « Blast ». Il s’agit d’un ouvrage au format original. Edité chez Dargaud, il est d’un format plus « carré » qu’un album de bandes dessinées classique. De plus, il est particulièrement épais. En effet, l’histoire se déroule sur environ deux cents pages. Il est vendu au prix de vingt-deux euros. « Blast » est une nouvelle série née de l’imagination de Larcenet. Il s’occupe à la fois du scénario et des dessins. Le premier opus s’intitule « Grasse carcasse ». Il est apparu dans les librairies en novembre dernier.

Un homme obèse et sans domicile fixe

L’histoire est construite autour d’un personnage imposant nommé Polza Mancini. On le découvre en garde à vue. Agé de trente-huit ans et sans domicile connu, il est accusé d’avoir agressée une femme maintenant plongée dans un coma artificiel. Deux policiers l’interrogent et cherchent à connaître son mobil et à savoir précisément d’où vient un tel déchainement de violence. Mais pour Polza, tout n’est pas si simple. Sa quête consiste à sentir à nouveau le Blast, moment où la vie atteint la perfection. Et cette recherche est permanente et vient de loin. Et pour cela, il faut en revenir au tout début. Et voilà cet homme obèse et sans domicile fixe qui commence à nous raconter sa vie dans la petite salle d’un commissariat…

Le héros est particulier. Si on l’avait croisé dans la rue, il ne nous aurait inspiré aucune affection ou empathie particulière. Voir cet homme errer dans la rue ne nous aurait pas touchés. On aurait éventuellement ressenti de la pitié pour son physique difforme et sa vie apparemment pas facile. Mais Larcenet en a décidé d’en faire son personnage central. Pour arranger le tout, cet homme a agressé violemment une femme et se trouve arrêté dans un commissariat. Comment peut-on s’intéresser à lui ? Peut-être est-ce du au talent de son créateur mais dès les premières pages de lecture, Mancini nous devient sympathique. On s’attache à lui très vite. On oublie la raison de sa présence dans ces lieux. On s’immerge pleinement dans son univers et dans son histoire. Sa narration nous passionne.

L’intérêt que j’ai ressenti pour cette histoire est d’autant plus surprenant qu’elle n’est a priori pas forcément passionnante. Mancini est un écrivain qui voit son père mourir à l’hôpital. Cet événement marque une rupture. Il décide de partir à l’aventure. La rue devient son nouvel univers et sa nouvelle maison. On a donc l’impression de suivre un clochard dans son quotidien. Il ne témoigne pas de réelle volonté d’améliorer sa situation, on ne ressent pas de quête particulière sortie de celle de ressentir le Blast. Bref, tout cela manque d’idéal classique. Et pourtant malgré tout cela, on se prend d’affection pour cette personne et on a énormément de curiosité pour son avenir.

Je pense que ce plaisir de lecture vient en grande partie de l’atmosphère assez particulière dans laquelle navigue Mancini. L’ambiance est assez envahissante je trouve. On s’y immerge de manière assez intense. Larcenet nous offre des moments de silence et contemplatif qui apportent une dimension assez intense à la narration. Peut-être que le fait que les dessins soient en noir et blancs participent à tout cela. Ce qui est également très particulier est le fait que malgré ce grand nombre de pages, on croise relativement peu de personnages. La narration est construite davantage sur l’introspection du héros plutôt que sur ses rencontres. De plus, le style de Larcenet, bien que particulier, me touche énormément. Je trouve les visages de ses personnages très expressifs.

Donc au final j’ai pris énormément de plaisir à découvrir ce nouvel univers. La lecture a été très agréable, le dépaysement total. Par contre, je comprendrais aisément que tout le monde n’y soit pas sensible. L’ambiance, le thème ou encore le dessin sont particuliers. Je vous conseille donc de le feuilleter dans les rayons avant de vous l’offrir. Par contre, si vous y êtes sensibles, je vous garantis un moment assez intense et je ne doute pas que vous partagerez avec moi l’impatience de devoir attendre la parution du deuxième opus de « Blast ». Bonne lecture…

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Note : 17/20