Titre : De pĂšre en FIV
Scénariste : William Roy
Dessinateur : William Roy
Parution : Juin 2014
Le livre tĂ©moignage est une forme dâautobiographie de plus en plus utilisĂ©. Alors quand cela touche un sujet de sociĂ©tĂ©, difficile de ne pas ĂȘtre un tant soit peu intĂ©ressĂ©. William Roy se dĂ©couvre stĂ©rile et doit se lancer dans la difficile Ă©preuve de la fĂ©condation in vitro, ou FIV pour les intimes. Le tout est paru aux Ă©ditions de la BoĂźte Ă Bulles, dans la collection Contre CĆur, pour un total de plus de 150 pages.
Lorsque lâon propose un tĂ©moignage sur un sujet difficile, il faut savoir se dĂ©couvrir. Ici, William Roy nous prĂ©sente sa stĂ©rilitĂ© (ou oligoasthĂ©notĂ©ratozoospermie), qui le touche dans sa virilitĂ©. De plus, ĂȘtre la personne de sa famille qui coupe la lignĂ©e le frappe durement. Mais pas de panique : de nos jours, la FIV existe et permet aux couples en difficultĂ© dâavoir un enfant quand bien mĂȘme.
Une autobiographique qui manque cruellement d’empathie.
On dĂ©couvre donc toutes les Ă©tapes que lâon peut imaginer : comment William apprend la nouvelle, comment il la vit, comment il lâannonce Ă ses proches, comment se passent les analyses, puis les FIV, etc. En cela, lâhistoire manque un peu de surprise. Tout est trĂšs classique et on nâapprend finalement pas beaucoup de chose. Le tout se lit rapidement, entre passages intimes et passages didactiques. La narration hĂ©site dâailleurs entre le documentaire et le rĂ©cit intimiste. Ă ne pas faire de choix, il perd en force.
Ce qui est le plus gĂȘnant est certainement le manque dâĂ©motion qui se dĂ©gage de lâensemble. Les moments difficiles existent, se veulent puissants, mais ça ne fonctionne pas vraiment (pour ceux qui ne lâont pas vĂ©cu bien entendu. Pour les autres, cela doit ĂȘtre diffĂ©rent). Tout est trop convenu, cela manque de personnalitĂ© pour crĂ©er une empathie supplĂ©mentaire pour les personnages. Et quand au bout de 120 pages un mĂ©decin demande (enfin !) Ă sa femme dâarrĂȘter de fumer pour enfanter, on croit rĂȘver. Le dĂ©tail est certainement « vrai », mais il a bien du ĂȘtre abordĂ© bien. Cela laisse le lecteur dubitatif.
Ce manque dâĂ©motion vient certainement du dessin, un peu grossier. TrĂšs inĂ©gal, il manque dâexpressivitĂ©. Il nâest pas Ă©vident de dessiner des gens qui passent leur temps devant des mĂ©decins, mais les personnages sont trop froids pour un sujet pareil. De mĂȘme, lâutilisation de la bichromie est trĂšs inĂ©gale. On est plus ou moins sur « une couleur = une scĂšne » mais parfois dâautres couleurs sont ajoutĂ©es sans que lâon comprenne pourquoi.
Le trait Ă©pais de William Roy serait moins gĂȘnant si lâauteur ne prenait pas le soin, par moments, de nous dessiner des dĂ©cors trĂšs prĂ©cis. Ces derniers tombent comme un cheveu sur la soupe, modifiant le graphisme gĂ©nĂ©ral dâune planche ou dâune case, sans que lâon comprenne pourquoi. Alors que les dĂ©cors sont habituellement suggĂ©rĂ©s ou Ă peine esquissĂ© (ce qui est plutĂŽt adaptĂ©), certaines cases semblent avoir Ă©tĂ© dĂ©calquĂ©es. Un choix peu pertinent pour le coup.
« De pĂšre en FIV » est un tĂ©moignage intĂ©ressant Ă dĂ©faut dâĂȘtre vraiment touchant. Si ce livre ne parlait pas dâun sujet fort (qui plus est sous forme dâautobiographie), son inconstance tant narrative que graphique sauterait aux yeux. Alors on lit le livre dâune traite, sâintĂ©ressant Ă la vie de ce couple en se demandant sâils parviendront Ă avoir un enfant. Mais câest tout.