Secrets, L’AngĂ©lus, T1 : Frank Giroud & JosĂ© Homs

LAngelus1


Titre : Secrets, L’AngĂ©lus, T1
Scénariste : Frank Giroud
Dessinateur : José Homs
Parution : Novembre 2011


La collection (sĂ©rie ?) « Secrets » publiĂ©e chez Dupuis propose neuf histoire comportant « des secrets honteux ou redoutables, enfouis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration au sein de chaque famille. ». C’est au diptyque rĂ©alisĂ© par Homs (au dessin) et Giroud (au scĂ©nario) que l’on s’intĂ©resse aujourd’hui. IntitulĂ© « L’AngĂ©lus », il prend comme point de dĂ©part le cĂ©lĂšbre tableau de Millet. Clovis, le dĂ©couvrant au MusĂ©e d’Orsay, est bouleversĂ©. Mais pourquoi ? Commence alors une obsession qui va le sortir de son quotidien morne et triste. Chaque tome comporte 56 pages, ce qui fait un diptyque bien fourni.

LAngelus1cCe premier tome sert avant tout Ă  poser les jalons de l’histoire. Nous avons d’abord la vie de Clovis. Vivant dans le village qui l’a vu naĂźtre, il exerce un mĂ©tier qui ne le passionne guĂšre et supporte la vie de famille en se faisant marcher dessus par son aĂźnĂ© en pleine crise d’adolescence. PerturbĂ© par le tableau de Millet, il commence des recherches sur l’histoire de ce tableau. Le fait qu’il ne sache pas utiliser internet (une honte pour son fils), fait qu’il y perd beaucoup de temps. Au fur et Ă  mesure que l’obsession grandit, sa vie se dĂ©lite et Clovis tout autant.

Une obsession qui grandit, un homme qui change.

À cĂŽtĂ© de l’humain, l’histoire du tableau se dĂ©voile. Ce premier tome lui donne beaucoup d’importance, puisque c’est ce secret que l’on cherche avant tout Ă  dĂ©terrer. Le tout est distillĂ© avec parcimonie et si vous ne connaissiez pas l’histoire, le tout est plein de surprise. Le diptyque prend alors tout son sens : le premier tome s’attarde sur le tableau, le deuxiĂšme tome permettra d’expliquer la rĂ©sonance entre cette histoire et celle, plus personnelle, de Clovis. MĂȘme si le mystĂšre en soit n’est pas une grande rĂ©vĂ©lation, elle fait son effet. Clovis n’y connait rien Ă  l’art et on sourit parfois Ă  sa naĂŻvetĂ©.

LAngelus1bLes auteurs utilisent parfaitement les 56 pages pour poser l’intrigue. MĂȘme si les personnages sont un peu caricaturaux (la prof d’arts plastiques et le cĂŽtĂ© « village de province » en gĂ©nĂ©ral), le tout fonctionne trĂšs bien. Tout semble cohĂ©rent et naturel et les relations entre eux sont crĂ©dibles. Ainsi la professeur et Clovis semblent assez proches d’entamer une relation et l’ambiguĂŻtĂ© persiste sans que rien ne vienne vraiment.

Le suspense du livre est rĂ©el : on ne sait pas vraiment oĂč nous mĂšnent les auteurs. En cela, le scĂ©nario est remarquablement construit, tout en finesse et avec un rythme parfaitement maĂźtrisĂ©. Le dĂ©coupage n’est pas en reste avec une vraie densitĂ©. Ce premier tome ne se contente pas de poser l’intrigue, il la fait avancer.

Concernant le dessin, Homs dĂ©veloppe un trait entre rĂ©alisme et semi-rĂ©alisme de toute beautĂ©. Ses personnages sont remarquablement croquĂ©s (d’ailleurs, on croquerait bien la jolie prof d’arts plastiques), bien identifiĂ©s. On n’est pas loin de la caricature, mais les expressions sont pleine de justesse. La mise en couleur sublime d’autant plus l’ouvrage en posant des atmosphĂšres aux palettes rĂ©duites. Difficile de rester indiffĂ©rent ! Cela m’a donnĂ© plus qu’envie de dĂ©couvrir les autres ouvrages d’Homs tant son trait m’a sĂ©duit.

LAngelus1a

Cet « AngĂ©lus » est une vĂ©ritable surprise pour moi. MĂȘme si les amateurs d’art tiqueront devant le « mystĂšre Millet » (dĂ©jĂ  bien Ă©ventĂ© quand mĂȘme), on ne peut qu’ĂȘtre admiratif devant une telle maĂźtrise de la bande-dessinĂ©e. Entre la gestion du rythme, des personnages, du dĂ©coupage, du dessin et de la couleur, c’est un sans faute. À lire sans plus tarder !

coupdecoeur_new

avatar_belz_jol

Note : 17/20

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe – Vincent Zabus & Daniel Casanave

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2


Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Août 2014


Le premier tome des « Chroniques d’un maladroit sentimental » Ă©tait une bonne surprise. DotĂ© d’une narration originale et d’un personnage attachant, on adhĂ©rait pleinement Ă  l’ouvrage. Ce dernier aurait mĂȘme pu exister en tant que one-shot. Mais voilĂ  la suite qui arrive, intitulĂ© « L’enfant Ă  l’écharpe ». AprĂšs avoir passĂ© un tome Ă  essayer de juguler ses crises d’angoisse pour arriver Ă  inviter une femme Ă  aller boire un verre, voilĂ  que notre hĂ©ros se lance dans la paternité ! Le tout est publiĂ© sous forme d’album de 48 pages tout ce qu’il y a de plus classique chez Vents d’ouest.

GĂ©rard est donc parvenu Ă  sĂ©duire la belle Florence, mais celle-ci est dĂ©jĂ  mĂšre de trois enfants. Demain, GĂ©rard emmĂ©nage dans la maison familiale de sa chĂ©rie, celle qu’elle avait achetĂ© avec son ex
 Mais notre hĂ©ros ne se dĂ©monte pas et propose Ă  Florence de faire un enfant ensemble
 C’est le dĂ©but des problĂšmes !

Paternité, belle-filles et roi des Belges.

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2aÉtrange choix des auteurs de plonger GĂ©rard dans la paternitĂ©. Surtout que lui qui avait tant de mal Ă  faire quoi que ce soit devient initiateur du projet. Mais soit, pourquoi pas. Le dĂ©but de l’ouvrage, consacrĂ© Ă  son emmĂ©nagement est parfaitement rĂ©ussi. On y voit le rapport entre GĂ©rard et ses belle-filles. On retrouve l’ambiance du premier tome et les apparitions du roi de Belgique rappellent celles, prĂ©cĂ©dentes, de la mĂšre. Mais une fois la grossesse lancĂ©e, on perd un peu le film, les hallucinations du personnage rendant le tout trĂšs confus. Clairement, la magie n’opĂšre pas aussi bien.

MalgrĂ© tout, ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » gardent un charme particulier avec le personnage de GĂ©rard. Petite pique Ă  leurs lecteurs, les auteurs en font un collectionneur de BD (un peu nĂ©vrosé ).

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2bC’est surtout le dessin de Daniel Casanave qui m’avait poussĂ© Ă  feuilleter le premier album. Son style semi-rĂ©aliste, trĂšs relĂąchĂ©, fait merveille. C’est dynamique et parfaitement adaptĂ© au propos. Les deux auteurs se sont bien trouvĂ©s et fonctionnent en pleine osmose. Les planches sont riches en cases, permettant d’instaurer de nombreux silences. Du beau travail de dĂ©coupage !

J’ai Ă©tĂ© un peu déçu par ce deuxiĂšme tome. Alors que GĂ©rard Ă©tait un personnage des plus angoissĂ©s dans le premier tome, il est beaucoup plus « normal » ici. C’est finalement un homme qui, comme n’importe quel homme, stresse avant l’arrivĂ©e de son premier enfant. La multiplication des hallucinations (le roi des belges, les souvenirs, les ex, etc.) brouillent un peu le propos lĂ  oĂč elles l’enrichissaient prĂ©cĂ©demment. Mais si vous avez apprĂ©ciĂ© le premier tome, ce second opus reste une lecture agrĂ©able en compagnie de GĂ©rard.

avatar_belz_jol

Note : 12/20

 

Route 78

Route78


Titre : Route 78
ScĂ©nariste : Éric Cartier & Audrey Alwett
Dessinateur : Éric Cartier
Parution : Février 2015


En 1978, Éric Cartier et sa copine Pat partent aux Etats-Unis. ArrivĂ©s Ă  New-York, ils veulent traverser le pays en stop et repartir de San Francisco. Ils viennent retrouver l’univers de Kerouac et tracer la route. Mais Ă©videmment, tout cela est bien plus compliquĂ© que ce qu’ils avaient imaginĂ©. Rapidement sans le sou, le road trip va s’avĂ©rer ĂȘtre une vĂ©ritable Ă©preuve. Continuer la lecture de « Route 78 »

Magasin sexuel, T2 – Turf

MagasinSexuel2


Titre : Magasin sexuel, T2
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Novembre 2012


Le premier tome de « Magasin sexuel » traĂźnait un peu en longueur. Pas vraiment drĂŽle, pas vraiment grinçant, il se situait dans un satyre lĂ©gĂšre de la campagne. La sex-shop ambulant, prĂ©sentĂ© comme majeur (Ă  voir le titre et la couverture), n’était finalement que trĂšs secondaire. Ce deuxiĂšme opus vient clore cette histoire publiĂ©e chez Delcourt.

Tout commence par le maire Orloff qui essaie de convaincre son conseil municipal de construire une gare TGV, sachant qu’il n’y a pas de voie ferrĂ©e Ă  moins de 70 kilomĂštres du village. Pour rappel, il y a 234 habitants au village. Orloff s’énerve, insulte un peu tout le monde
 VoilĂ  « Magasin sexuel » : c’est caricatural, excessif, mais pas bien drĂŽle.

Entre humour et satyre.

MagasinSexuel2aL’intrigue principale concerne donc le maire rĂ©ac et rĂ©tro qui tombe sous le charme d’Amandine, jeune fille Ă  la tĂȘte d’un sex shop et qui, logiquement, n’apprĂ©cie pas vraiment M. Orloff qu’elle trouve lourd et bĂȘte. Une autre intrigue se mĂȘle : celle de la disparition des lettres d’enseigne. Cela fait quelques jeux de mot, l’occasion pour le lecteur de sourire.

A la fermeture du diptyque, on se demande un peu l’intĂ©rĂȘt d’avoir fait deux tomes. L’intrigue traĂźne. Cela pourrait permettre de dĂ©velopper les personnages, mais ce n’est pas du tout le cas. Le fait qu’Amandine soit orpheline n’apporte rien par exemple. Et comme l’auteur reste un peu entre humour et satyre, sans vraiment choisir son camp, le lecteur a bien du mal Ă  adhĂ©rer.

Au niveau du dessin, je n’ai pas Ă©tĂ© sĂ©duit par le trait de Turf. Son dĂ©coupage est variĂ©, souvent riches en cases. Je trouve le dessin un peu irrĂ©gulier. De beaux efforts sont faits sur les dĂ©cors et ses les ambiances, mais on n’en peut plus de voir la tĂȘte du maire !

« Magasin sexuel » m’a beaucoup déçu. Clairement, le thĂšme ne se situait pas du tout dans un clash entre la campagne et la sexualitĂ©. Du coup, le fond de l’ouvrage se rĂ©vĂšle bien lĂ©ger. Mais c’est cela, « Magasin sexuel » : c’est lĂ©ger, sans prĂ©tention et plein de couleurs vives. Pour ma part, je passe mon tour.

avatar_belz_jol

Note : 8/20

Magasin sexuel, T1 – Turf

MagasinSexuel


Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on gĂ©nĂšre forcĂ©ment des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend Ă  un contenu coquin, voire sulfureux
 Turf cherche ici le dĂ©calage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe Ă  la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gĂȘnant. Il est donc rĂ©ac comme pas possible et assez bĂȘte. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant trĂšs coquine. Seuls ses vĂȘtements courts suggĂšrent une libĂ©ration sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le mĂ©tier sont floues (elle prĂ©fĂšre vendre des godemichĂ©s plutĂŽt que des bottes en caoutchouc
 Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thÚme.

MagasinSexuel1aCe premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passĂ© de la jeune fille se dĂ©voile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de rĂ©el enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe Ă  plat systĂ©matiquement. Que dire de ce bistrot vide oĂč va boire le maire ? On y imagine dĂ©jĂ  des scĂšnes vivantes avec des habituĂ©s, mais rien ici. Le thĂšme est effleurĂ© et le pitch de dĂ©part reste inexploitĂ©. Dommage, car il y aurait de la matiĂšre Ă  aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possĂšde un style particulier qui m’a peu sĂ©duit au final. C’est trĂšs (trop ?) colorĂ©, plein de rose et de couleurs saturĂ©es. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec dĂ©lice. MalgrĂ© tout, Turf propose un ensemble cohĂ©rent avec son sujet, qu’il traite avec lĂ©gĂšretĂ©.

MagasinSexuel1b

J’ai Ă©tĂ© trĂšs déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop lĂ©ger et diluĂ©, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les Ă©motions sont rares
 Le tout se lit sans forcĂ©ment s’ennuyer mais on se demande un peu l’intĂ©rĂȘt de tout cela en fin de tome. Peut-ĂȘtre que le deuxiĂšme opus apportera des rĂ©ponses à cette interrogation ?

avatar_belz_jol

Note : 8/20

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins – Vincent Zabus & Daniel Casanave

LesChroniquesDUnMaladroitSentimental1


Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Janvier 2013


Le profil du cĂ©libataire trentenaire soumis Ă  des crises d’angoisse et Ă  une timiditĂ© maladive est devenu ces derniĂšres annĂ©es un grand classique. Lorsque Vincent Zabus (au scĂ©nario) et Daniel Casanave (au dessin) s’attaque au sujet dans « Les chroniques d’un maladroit sentimental », il va falloir qu’ils sortent du lot. Mais comment, sur un sujet aussi banal et rĂ©current, se dĂ©marquer ? PubliĂ© chez Vent d’ouest, ce premier tome intitulĂ© « Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins », est prĂ©sentĂ© sous le format album classique. C’est la prĂ©sence de Casanave au dessin qui m’a convaincu de m’approprier le livre.

Tout commence par un rendez-vous. GĂ©rard Latuile a rencard avec une certaine Florence. Il nous explique alors que d’habitude il est trĂšs maladroit, qu’il a ratĂ© ses autres relations. GĂ©rard n’hĂ©site pas Ă  parler directement au lecteur, donnant le ton de la BD. De mĂȘme, de nombreux personnages n’hĂ©sitent pas Ă  intervenir dans l’histoire de façon complĂštement absurde comme la mĂšre dans la salle de bain pendant une crise d’angoisse ou alors GĂ©rard plus vieux. Ce mĂ©lange entre l’histoire en elle-mĂȘme et toutes ces apparitions/interventions qui la « parasitent » donnent un ensemble original, un peu bordĂ©lique, mais surtout trĂšs attachant. Et c’est lĂ  que se trouve tout l’intĂ©rĂȘt de l’ouvrage.

Une comédie romantique.

« Les chroniques d’un maladroit sentimental » est avant tout une comĂ©die romantique. Le ton est toujours lĂ©ger, GĂ©rard Ă©tant une sorte d’ingĂ©nu sacrĂ©ment romantique. Ainsi, l’humour distillĂ© est trĂšs rĂ©ussi. On verra GĂ©rard trĂšs Ă©tonnĂ© d’ĂȘtre attirĂ© par Florence car elle a une petite poitrine alors qu’il a toujours Ă©tĂ© attirĂ© par les femmes Ă  forte poitrine. « Elle me plaĂźt quand mĂȘme, c’est dingue » se dit-il ! Mais surtout, l’homme fantasme Ă©normĂ©ment son idylle, se projetant beaucoup trop. Clairement, il n’a pas les pieds sur terre, comme le montre parfaitement la couverture !

Je tiens Ă  prĂ©ciser que ce premier tome pourrait presque ĂȘtre un one-shot. MĂȘme s’il reste des pistes Ă  explorer, il se suffit Ă  lui-mĂȘme. C’est assez rare pour ĂȘtre signalé !

Concernant le dessin, une fois encore Daniel Casanave m’a sĂ©duit. Son trait dynamique, Ă  la fois simple et expressif est parfaitement adaptĂ© au propos. Il possĂšde toute la lĂ©gĂšretĂ© nĂ©cessaire Ă  l’ouvrage, tout en Ă©tant capable de faire passer les Ă©motions quand il le faut. La mise en couleur, par Patrice Larcenet, est toute en simplicitĂ©. Elle met en valeur le trait de Casanave tout en proposant des ambiances bien diffĂ©renciĂ©es. Un travail discret mais efficace.

Ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » portent trĂšs bien leur nom. Plein de romantisme et de lĂ©gĂšretĂ©, cet ouvrage nous propose un personnage de GĂ©rard Latuile trĂšs attachant. La narration est bien menĂ©e, Ă©vitant l’écueil d’une trop grande simplicitĂ©. On espĂšre finalement une suite, histoire de voir si GĂ©rard va enfin arriver Ă  passer un repas sans faire une crise d’angoisse aux toilettes.

avatar_belz_jol

Note : 15/20

Un ver dans le fruit – Pascal RabatĂ©

Un_ver_dans_le_fruit


Titre : Un ver dans le fruit
Scénariste : Pascal Rabaté
Dessinateur : Pascal Rabaté
Parution : Avril 1997


Je n’ai jamais rien lu de RabatĂ©. Il Ă©tait temps de m’y mettre. C’est pourquoi, de passage Ă  la bibliothĂšque, j’ai embarquĂ© « Un ver dans le fruit », paru en 1997 (prĂšs de 20 ans dĂ©jà !). Ce roman graphique de 150 pages se situe dans un petit village entourĂ© de vignobles dans les annĂ©es 60. Le tout est publiĂ© chez Vents d’Ouest.

Tout dĂ©marre par un conflit entre deux vignerons. Ce dernier tourne au drame lorsque l’un des deux meure dans l’explosion d’une cabane, du aux agents chimiques utilisĂ©s pour traiter la vigne. Quelques jours plus tard arrivent en ville le nouveau prĂȘtre de la paroisse et l’inspecteur chargĂ© de l’enquĂȘte. Contrairement Ă  ce que la couverture de la réédition peut laisser penser (et qui met en avant l’inspecteur), c’est bien le curĂ© qui a le rĂŽle central ici (ce que la premiĂšre couverture montrait explicitement). Ce jeune prĂȘtre va essayer de comprendre cet univers viticole qui lui est inconnu tout en tentant de garder Ă  distance son envahissante mĂšre.

Sale ambiance au village

Un_ver_dans_le_fruit1HonnĂȘtement, l’histoire ici prĂ©sente peu de suspense. MĂȘme si le tout est prĂ©sentĂ© comme un polar, c’est bien de l’ambiance au village viticole qui est le nƓud central de l’intrigue. Non-dits, vieilles histoires, ragots
 Tout cela pollue et pourrit les relations du coin. Et lorsque l’on n’est pas du coin comme ce pauvre curĂ©, il est bien difficile de s’y retrouver. Mais ce dernier, bien dĂ©cidĂ© Ă  faire changer les choses, va mettre son nez lĂ  oĂč il ne devrait pas.

L’ensemble se rĂ©vĂšle des plus intĂ©ressants. La lecture se fait rapidement, RabatĂ© sachant aussi gĂ©rer le silence et les regards avec talent. A aucun moment on ne s’ennuie malgrĂ© la relative tranquillitĂ© de l’ensemble. Le jeune curĂ© est attachant, car plein de bonne volontĂ©. Et les personnages qui gravitent autour de lui sont marquants sans forcĂ©ment ĂȘtre trop caricaturaux.

Le dessin de RabatĂ© donne beaucoup de force Ă  l’ouvrage. Le tout est maĂźtrisĂ© de bout en bout dans un noir et blanc splendide. Outre les trognes des personnages, la force des contrastes lui permet d’asseoir les ambiances avec brio. Pour mon premier contact avec RabatĂ©, j’ai Ă©tĂ© franchement Ă©bloui.

Sans ĂȘtre particuliĂšrement transcendant, « Un ver dans le fruit » est l’Ɠuvre d’un auteur qui maĂźtrise son sujet, tant dans la narration que dans le graphisme. En prenant le point de vue du jeune curĂ©, l’auteur nous met dans la peau de quelqu’un qui dĂ©couvrirait un village entourĂ© de vignes dans les annĂ©es 60. Un village oĂč il y aurait un ver dans le fruit.

avatar_belz_jol

Note : 14/20

Les petits ruisseaux – Pascal RabatĂ©

LesPetitsRuisseaux


Titre : Les petits ruisseaux
Scénariste : Pascal Rabaté
Dessinateur : Pascal Rabaté
Parution : Mai 2006


Peut-on encore profiter de la vie lorsque l’on est une personne ĂągĂ©e ? C’est la question que va se poser Émile Ă  la mort de son meilleur ami et compagnon de pĂȘche Edmond. Ce dernier, avant de passer l’arme Ă  gauche, lui a montrĂ© une nouvelle facette : il aime peindre des nus et fait des rencontres par l’intermĂ©diaire d’une agence matrimoniale. Car ce n’est pas parce qu’il est veuf qu’il doit cesser de vivre. Émile se pose alors la question de sa propre existence. Que veut-il faire des annĂ©es qui lui restent ? PubliĂ© chez Futuropolis, le tout pĂšse prĂšs de cent pages.

LesPetitsRuisseaux1Le livre est assez justement sous-titrĂ© « Sex, drug and rock’n roll » ! C’est un sujet peu abordĂ© qui est traitĂ© ici avec RabatĂ©. Si on retrouve le contexte du village de campagne avec ses parties de pĂȘche et son bistrot (avec ses habituĂ©s hauts en couleur), c’est bien de l’ñge dont il est question. Comment assumer le dĂ©sir lorsque l’on est veuf sans avoir l’impression de trahir celle qui fut sa femme ? Comment assumer le dĂ©sir lorsqu’on se sent vieux et usé ? C’est avec beaucoup de dĂ©licatesse et d’humour que RabatĂ© traite le sujet. Il trouve un ton juste et agrĂ©able, jamais sentimentaliste. Il Ă©vite l’écueil de se moquer Ă©galement, ce qui est souvent l’angle choisi pour parler des personnes ĂągĂ©es.

Le droit de vivre et de profiter.

Le livre repose donc entiĂšrement sur Émile. DĂšs les premiĂšres pages, Edmond lui apporte une rĂ©vĂ©lation : il a encore le droit de vivre et de profiter. Mais le chemin Ă  cette acceptation n’est pas si Ă©vident. Émile fera des rencontres qui lui permettront d’évoluer. RabatĂ© maĂźtrise parfaitement sa narration et tout dĂ©coule naturellement, sans excĂšs et avec les quelques surprises qui Ă©maillent le tout. Mais cela reste cohĂ©rent et le sentiment d’empathie pour Émile fonctionne Ă  plein rĂ©gime.

Le dessin est trĂšs agrĂ©able. RabatĂ© adopte un style nerveux, mais plein de douceur. Pas d’aplats noirs, juste des hachures pour les ombres. Les couleurs sont douces et mettent parfaitement en valeur le trait. Ce choix de dessin et de colorisation est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage, qui en est d’autant plus dĂ©licat.

LesPetitsRuisseaux2

À la fois tendre, touchant et drĂŽle, « Les petits ruisseaux » est une vraie rĂ©ussite. Abordant un sujet souvent tabou, RabatĂ© s’en sort Ă  merveille avec son personnage torturĂ© par un dĂ©sir qu’il avait oubliĂ©. DotĂ© d’une galerie de personnages rĂ©ussis, « Les petits ruisseaux » vous prend par tous les sentiments !

avatar_belz_jol

Note : 16/20

MĂąle occidental contemporain – François BĂ©gaudeau & ClĂ©ment Oubrerie

MaleOccidentalContemporain


Titre : MĂąle occidental contemporain
Scénariste : François Bégaudeau
Dessinateur : Clément Oubrerie
Parution : Octobre 2013


La bande-dessinĂ©e se dĂ©mocratise. Plus adulte, moins dĂ©criĂ©e, elle attire dĂ©sormais des lecteurs qui n’y auraient pas jetĂ© un seul regard auparavant. Les Ă©diteurs l’ont compris et confient de plus en plus de scĂ©narii Ă  des personnes extĂ©rieures. Ce coup-ci, c’est François BĂ©gaudeau (scĂ©nariste, Ă©crivain, critique, etc.) qui s’y colle avec « MĂąle occidental contemporain », un one-shot de 80 pages. Afin de soutenir l’effort, on retrouve au dessin ClĂ©ment Oubrerie. Le dessinateur m’avait sĂ©duit avec « Jeangot » et a sĂ©duit un plus grand public encore avec la sĂ©rie « Pablo ». Le tout est Ă©ditĂ© chez Delcourt dans la collection Mirage.

Curieux ouvrage que voilĂ . On suit plus ou moins l’histoire d’un jeune homme cherchant Ă  draguer. Mais aucun background n’est donnĂ©, ce n’est qu’une succession de saynĂštes oĂč l’homme se fait Ă©masculer (mĂ©taphoriquement) par des femmes fortes pleines de caractĂšre. Beau retournement de situation oĂč la femme moderne maĂźtrise le mĂąle. De lĂ  Ă  dire que ce retournement est crĂ©dible, il y a un pas que je ne franchirai pas


Manque de rythme, manque de fond…

Retourner les clichĂ©s de la drague pourrait ĂȘtre pertinent s’il y avait un message. Mais ce n’est pas le cas. Notre homme ne suscite aucune empathie. Le voir draguer pour draguer n’a aucun intĂ©rĂȘt. Le scĂ©nario prouve ici sa vacuité : pourquoi drague-t-il ? Que cherche-t-il ? On a l’impression d’ĂȘtre devant des sortes de gags montrant un mec cherchant Ă  draguer par tous les moyens. Et cela ne fonctionne pas. La redondance finit par ennuyer et, finalement, on sourit peu devant les situations, trĂšs inĂ©gales.

MaleOccidentalContemporain1Du coup, l’ensemble manque de rythme et la conclusion n’apportera aucun message supplĂ©mentaire (et donnera mĂȘme une impression encore plus nĂ©gative). Tout est convenu et clichĂ©, un comble ! Car il y a une volontĂ© de montrer que le fĂ©minisme a fait son Ɠuvre ! Le tout est bien Ă©videmment baignĂ© dans un parisianisme de tous les instants. Difficile d’imaginer ce genre de situations autre part qu’à Paris. Plus qu’une Ă©tude du « MĂąle occidental contemporain », le livre est plutĂŽt une Ă©tude des Parisiennes.

Concernant le dessin, ClĂ©ment Oubrerie nous ravie de son trait. A se demander ce qu’il est allĂ© faire dans cette galĂšre
 Je prĂ©fĂšre de loin son trait anthropomorphe, mais force est de constater qu’il relĂšve le niveau sans peine. HĂ©las, avec un ouvrage oĂč il ne se passe pas grand-chose et oĂč le rythme est problĂ©matique, il n’y a pas de miracle non plus.

Il faut croire que les Ă©diteurs pensent que n’importe quel Ă©crivain/scĂ©nariste/journaliste/humoriste peut Ă©crire une bande-dessinĂ©e. C’est nier complĂštement la spĂ©cificitĂ© du scĂ©nario de bande-dessinĂ©e. Les Ă©cueils sont flagrants ici : manque de fond, manque d’empathie, manque de rythme
 Il faudrait arrĂȘter d’essayer de toucher le grand public avec des noms, mais plutĂŽt avec des Ɠuvres de qualitĂ©.   

avatar_belz_jol

Note : 6/20

 

Breakfast after noon

breakfastafternoon


Titre : Breakfast after noon
Scénariste : Andi Watson
Dessinateur : Andi Watson
Parution : Septembre 2002


Les romans graphiques ont explosĂ© dans les annĂ©es 2000, rĂ©vĂ©lant Ă  la fois des pĂ©pites comme des Ɠuvres sans grand intĂ©rĂȘt. L’allongement de la pagination a permis aux auteurs de s’exprimer plus longuement et de travailler Ă  la psychologie de leurs personnages plus en profondeur. Atteignant prĂšs de 200 pages, « Breakfast after noon » d’Andi Watson saura-t-il titiller l’intĂ©rĂȘt jusqu’au bout de la lecture ? Surtout que c’est le trait au pinceau de l’auteur qui m’a au premier abord attirĂ©. Le tout est publiĂ© chez Casterman dans la collection Ă©critures. Continuer la lecture de « Breakfast after noon »