
Titre : Atalante, T4 : L’Envol des BorĂ©ales
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Crisse
Parution : Juin 2009
« J’aimerais m’excuser auprès des lecteurs d’avoir été aussi long ». Voilà une partie de la dédicace qu’écrit Crisse en préambule du quatrième opus de la série « Atalante » dont il est le scénariste et le dessinateur. En effet, le tome précédent était paru en 2003. Il a donc fallu attendre environ six ans pour voir apparaître dans nos bacs « L’Envol des Boréales ». Edité chez Soleil, cet ouvrage d’une cinquantaine de pages est vendu au prix de 12,90 euros.
La série est construite autour de son personnage éponyme, Atalante. Elle fait partie de la mythologie grecque. Fille de roi, elle est abandonnée par son père qui espérait un fils. Elle est recueillie et élevée par une ourse. Découverte par des chasseurs, elle devient une guerrière exceptionnelle pourvue de capacités uniques offertes par les Dieux. Elle est la seule femme à faire partie des Argonautes qui accompagnèrent la quête de Jason. Le premier opus de la série conte cette partie de sa vie. Son abandon bébé, sa vie dans la forêt, son éducation par les hommes puis se conclue par son acceptation par les Argonautes et le début de cette aventure. Les deux tomes suivants racontent deux des aventures rencontrées par les Argonautes. Ce quatrième album n’échappe pas à la règle.
En effet, l’histoire se déroule dans la cité de Salmy. Les Argonautes s’y sont arrêtés afin de faire le plein de vivres. Mais la déception est au rendez-vous. Le dirigeant local leur apprend que ses concitoyens et lui sont victimes d’une malédiction. Une horde de harpyes détruit leurs champs et saignent leurs troupeaux. Depuis, elles terrorisent les habitants à chacun de leur repas afin d’affamer la cité. Jason et ses amis décident alors d’affrontent ces adversaires ailées d’apaiser le climat de la cité. Au cours de l’affrontement, Calaïs et Zétée, fils de Borée sont faits prisonniers. Le repère des harpies étant dans la cité des nuages, il faut qu’Atalante trouve un moyen de capturer des chevaux ailés afin d’atteindre la cité et libérer ses amis…
Dieux, légendes et magie.
Comme essaie de vous le montrer mon résumé, « Atalante » nous conte les aventures mythologiques d’une des femmes les plus célèbres de cet univers. Toute la narration est construite autour de son personnage. Cette dimension « historique » avait fait partie des attraits qui m’avaient incité à découvrir cette série. Depuis, je guette l’apparition d’un nouvel album. Il est donc évident qu’il faut être sensible à ce genre de thématique. Il est ici histoire de dieux, de légendes, de magie… Les personnes qui y sont réfractaires doivent tout de suite passer leur chemin. Par contre, les adeptes du genre qui ont toujours été captivés par les aventures d’Ulysse ou par la guerre de Troie ont trouvé une série pour eux. Je me garderai de faire une critique sur la rigueur de la narration et sa fidélité à la mythologie grecque. Néanmoins, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir tous ces héros haut en couleur.
Ce quatrième opus est peu lié aux précédents. En effet, ils se déroulent sur une nouvelle île et à aucun moment, les aventures précédentes sont réellement évoquées. A priori, lorsqu’on est Argonaute on passe vite d’une quête à l’autre. Le seul intérêt de découvrir les albums dans l’ordre est dans le fait qu’on maîtrise mieux les personnages, leurs caractères, leurs passés, leurs rapports entre eux. Pour les mêmes raisons, il est très utile de lire au moins le premier tome. Il montre les origines d’Atalante et explique beaucoup de choses qui sont succinctement évoqués dans les tomes suivants.
Dans cet album, la trame ne perd pas de temps à se mettre en place. En effet, dès la première page, le problème est posé : la malédiction des harpies nous ait contée. Dès la page six, la bataille se met en place. Trois pages plus tard, les Boréades sont enlevés. On se doute alors que les récupérer sera l’objectif de l’album. Il faut dire que le titre de l’album est un bel indice. L’histoire est construite en escalier. Pour atteindre la cité des nuages, il faut capturer les chevaux ailés. Pour capturer les chevaux ailés, il faudrait convaincre Andros. Pour cela, il faut l’aide d’une chimère qu’on ne pourra pas rencontrer sans l’intervention des griffons. Bref, on a parfois l’impression qu’on n’y arrivera jamais ! Heureusement, Atalante gère la situation. Ne croyez pas pour autant que l’histoire est répétitive. Comme dans toutes les légendes, chaque épreuve a sa méthode et sa solution. Résultat, à aucun moment, l’ennui ne guette. On se demande uniquement comment l’auteur va-t-il arriver à sauver nos prisonniers en si peu de pages. La solution est simple, cet opus est conclu par un « à suivre » ! Espérons qu’il ne faudra pas attendre la suite pendant plus de six ans.
Mais cet album ne se veut pas uniquement narratif. Il ne s’agit d’un extrait de « La mythologie pour les nuls ». Il s’agit avant tout d’un album de bandes dessinées particulièrement rythmé. Entre les poursuites, les batailles, les épreuves, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. L’histoire est dense. On ne souffle jamais. Il faut dire que c’est rare que les héros mythologiques connaissent un temps de pause. Crisse arrive à donner un genre majestueux aux différents intervenants. Le côté grandiose de l’univers est bien transcrit par l’auteur. J’aime beaucoup le style de Crisse. Il est grand public, très rond. La gente masculine sera pleinement satisfait par les courbes de toutes les dames qui traversent l’histoire, la parme revenant néanmoins à notre chère chasseresse Atalante dont le physique est sans défaut !
Pour conclure, malgré l’attente, je n’ai pas été déçu par cet opus. J’avais trouvé le troisième un peu brouillon. J’ai trouvé celui-ci bien meilleur. J’ai pris énormément de plaisir à le lire. Après l’avoir dévoré une première fois, je l’ai redécouvert lors de ma deuxième lecture. J’ai pris le temps de m’imprégner davantage des personnages et mon plaisir en a été exacerbé. C’est donc une série que je conseille aux adeptes de mythologie. On ressent bien cette atmosphère légendaire. Cela donne envie d’en découvrir davantage sur les différents intervenants. Souvent, à la fin de ma lecture d’un des albums, je me jette sur wikipedia pour en découvrir davantage sur les différents intervenants. Je ne peux donc que vous incitez à découvrir cet univers. Le dépaysement est garanti.
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La sympathie générée par le personnage principal a fait de moi un lecteur régulier de ses pérégrinations. L’auteur arrive à raconter ces légendes en mêlant de manière équilibrée narration, humour et action. L’ensemble se déroule dans un univers graphique coloré et rond qui possède une identité forte. Bref, je guettais toujours avec impatience la sortie de tout nouvel épisode de la saga.
Je ne suis jamais arrivé à entrer pleinement dans l’histoire. L’enchaînement des péripéties est, à mes yeux, trop saccadé. La narration manque de continuité. L’alternance entre le royaume d’Hadès, le navire des Argonautes et les flashbacks manque de lien. Si je regarde les choses positivement, je peux dire que la densité scénaristique est plus importante que dans l’épisode précédent. Par contre, objectivement, je ne retrouve pas l’attrait des premiers tomes. J’ai peur que cette série n’aille pas vers le meilleur. J’appréhende le fait que « Atalante » ait atteint son firmament et que l’heure soit à la descente aux enfers.


L’autre apport résultant des caractéristiques de Tridïk est qu’il avance vers l’inconnu. Il n’est pas un guerrier légendaire qui auraient survécu à moult batailles, découverts des contrées lointaines et surmontées une quantité incommensurable d’épreuves. Par conséquent, il réagit aux événements au fur et à mesure qu’ils se déroulent. Il ne prévoit rien car il ne sait réellement vers où il se dirige. Cet état de fait facilite notre projection dans la quête de l’enfant. Nous partageons ses interrogations et ses appréhensions. L’implication dans la lecture n’en est que plus forte.

A chaque tome sa ville et son intrigue. Après New York et Paris, voilà Hollywood. Malgré tout, mieux vaut avoir lu les précédents tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Mais le parallèle entre les deux univers est surtout construit autour des personnages de Fourmille et Yuri, qui sont obligés de rester groupé après avoir perturbé l’équilibre entre les deux mondes. Force est de constater qu’au troisième tome, ils sont déjà intégré au monde et rien ne semble plus les étonner. Le décalage entre notre univers et celui de fantasy est digéré. Dommage.
Le principe du monde miroir permet à Arleston de s’adonner à son jeu préféré : jouer avec les références. Hélas, tout est très appuyé. Alors que dans les tomes précédents, il détournait certains lieux (le central park sauvage, la tour Eiffel comme palais…), ici on a surtout l’impression de revoir l’histoire entre Marilyn et JFK. Et au final, le fil rouge général disparaît complètement. On n’avance pas du tout sur les mystérieux Preshauns par exemple. Après trois tomes, c’est un peu inquiétant. Arleston a trouvé un bac à sable où il peut donner libre cours à ses envies, mais il manque du coup du fond pour pouvoir nous emballer pleinement. Surtout que l’aspect « fantasy » et monde parallèle est peu fourni dans ce tome, comme si tout avait déjà été épuisé.





