Atalante, T4 : L’Envol des BorĂ©ales – Crisse

atalante4


Titre : Atalante, T4 : L’Envol des BorĂ©ales
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Crisse
Parution : Juin 2009


« J’aimerais m’excuser auprès des lecteurs d’avoir été aussi long ». Voilà une partie de la dédicace qu’écrit Crisse en préambule du quatrième opus de la série « Atalante » dont il est le scénariste et le dessinateur. En effet, le tome précédent était paru en 2003. Il a donc fallu attendre environ six ans pour voir apparaître dans nos bacs « L’Envol des Boréales ». Edité chez Soleil, cet ouvrage d’une cinquantaine de pages est vendu au prix de 12,90 euros.

La série est construite autour de son personnage éponyme, Atalante. Elle fait partie de la mythologie grecque. Fille de roi, elle est abandonnée par son père qui espérait un fils. Elle est recueillie et élevée par une ourse. Découverte par des chasseurs, elle devient une guerrière exceptionnelle pourvue de capacités uniques offertes par les Dieux. Elle est la seule femme à faire partie des Argonautes qui accompagnèrent la quête de Jason. Le premier opus de la série conte cette partie de sa vie. Son abandon bébé, sa vie dans la forêt, son éducation par les hommes puis se conclue par son acceptation par les Argonautes et le début de cette aventure. Les deux tomes suivants racontent deux des aventures rencontrées par les Argonautes. Ce quatrième album n’échappe pas à la règle.

En effet, l’histoire se déroule dans la cité de Salmy. Les Argonautes s’y sont arrêtés afin de faire le plein de vivres. Mais la déception est au rendez-vous. Le dirigeant local leur apprend que ses concitoyens et lui sont victimes d’une malédiction. Une horde de harpyes détruit leurs champs et saignent leurs troupeaux. Depuis, elles terrorisent les habitants à chacun de leur repas afin d’affamer la cité. Jason et ses amis décident alors d’affrontent ces adversaires ailées d’apaiser le climat de la cité. Au cours de l’affrontement, Calaïs et Zétée, fils de Borée sont faits prisonniers. Le repère des harpies étant dans la cité des nuages, il faut qu’Atalante trouve un moyen de capturer des chevaux ailés afin d’atteindre la cité et libérer ses amis…

Dieux, légendes et magie.

Comme essaie de vous le montrer mon résumé, « Atalante » nous conte les aventures mythologiques d’une des femmes les plus célèbres de cet univers. Toute la narration est construite autour de son personnage. Cette dimension « historique » avait fait partie des attraits qui m’avaient incité à découvrir cette série. Depuis, je guette l’apparition d’un nouvel album. Il est donc évident qu’il faut être sensible à ce genre de thématique. Il est ici histoire de dieux, de légendes, de magie… Les personnes qui y sont réfractaires doivent tout de suite passer leur chemin. Par contre, les adeptes du genre qui ont toujours été captivés par les aventures d’Ulysse ou par la guerre de Troie ont trouvé une série pour eux. Je me garderai de faire une critique sur la rigueur de la narration et sa fidélité à la mythologie grecque. Néanmoins, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir tous ces héros haut en couleur.

Ce quatrième opus est peu lié aux précédents. En effet, ils se déroulent sur une nouvelle île et à aucun moment, les aventures précédentes sont réellement évoquées. A priori, lorsqu’on est Argonaute on passe vite d’une quête à l’autre. Le seul intérêt de découvrir les albums dans l’ordre est dans le fait qu’on maîtrise mieux les personnages, leurs caractères, leurs passés, leurs rapports entre eux. Pour les mêmes raisons, il est très utile de lire au moins le premier tome. Il montre les origines d’Atalante et explique beaucoup de choses qui sont succinctement évoqués dans les tomes suivants.

Dans cet album, la trame ne perd pas de temps à se mettre en place. En effet, dès la première page, le problème est posé : la malédiction des harpies nous ait contée. Dès la page six, la bataille se met en place. Trois pages plus tard, les Boréades sont enlevés. On se doute alors que les récupérer sera l’objectif de l’album. Il faut dire que le titre de l’album est un bel indice. L’histoire est construite en escalier. Pour atteindre la cité des nuages, il faut capturer les chevaux ailés. Pour capturer les chevaux ailés, il faudrait convaincre Andros. Pour cela, il faut l’aide d’une chimère qu’on ne pourra pas rencontrer sans l’intervention des griffons. Bref, on a parfois l’impression qu’on n’y arrivera jamais ! Heureusement, Atalante gère la situation. Ne croyez pas pour autant que l’histoire est répétitive. Comme dans toutes les légendes, chaque épreuve a sa méthode et sa solution. Résultat, à aucun moment, l’ennui ne guette. On se demande uniquement comment l’auteur va-t-il arriver à sauver nos prisonniers en si peu de pages. La solution est simple, cet opus est conclu par un « à suivre » ! Espérons qu’il ne faudra pas attendre la suite pendant plus de six ans.

Mais cet album ne se veut pas uniquement narratif. Il ne s’agit d’un extrait de « La mythologie pour les nuls ». Il s’agit avant tout d’un album de bandes dessinées particulièrement rythmé. Entre les poursuites, les batailles, les épreuves, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. L’histoire est dense. On ne souffle jamais. Il faut dire que c’est rare que les héros mythologiques connaissent un temps de pause. Crisse arrive à donner un genre majestueux aux différents intervenants. Le côté grandiose de l’univers est bien transcrit par l’auteur. J’aime beaucoup le style de Crisse. Il est grand public, très rond. La gente masculine sera pleinement satisfait par les courbes de toutes les dames qui traversent l’histoire, la parme revenant néanmoins à notre chère chasseresse Atalante dont le physique est sans défaut !

Pour conclure, malgré l’attente, je n’ai pas été déçu par cet opus. J’avais trouvé le troisième un peu brouillon. J’ai trouvé celui-ci bien meilleur. J’ai pris énormément de plaisir à le lire. Après l’avoir dévoré une première fois, je l’ai redécouvert lors de ma deuxième lecture. J’ai pris le temps de m’imprégner davantage des personnages et mon plaisir en a été exacerbé. C’est donc une série que je conseille aux adeptes de mythologie. On ressent bien cette atmosphère légendaire. Cela donne envie d’en découvrir davantage sur les différents intervenants. Souvent, à la fin de ma lecture d’un des albums, je me jette sur wikipedia pour en découvrir davantage sur les différents intervenants. Je ne peux donc que vous incitez à découvrir cet univers. Le dépaysement est garanti.

gravatar_eric

note3

Atalante, T6 : Le labyrinthe d’Hadès – Crisse & Grey

Atalante6


Titre : Atalante, T6 : Le labyrinthe d’Hadès
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2013


« Atalante » est une des plus anciennes séries dont je m’offre les épisodes avec mes propres deniers. En effet, l’essentiel de ma culture bédéphile a été alimentée par la bibliothèque de mes parents. C’est en découvrant « Lanfeust de Troy » dans mon adolescence que j’ai commencé à me construire ma propre collection. Ma découverte de « Atalante » est dans cette lignée. Depuis, je guette régulièrement la parution des nouvelles pérégrinations de l’héroïne. Il faut dire que son histoire dans les arcanes de la mythologie est toujours haute en couleur. Même si la saga est loin de révolutionner le neuvième art, elle ne se gêne pas pour autant pour nous faire voyager et nous faire vivre de belles et légendaires aventures.

Le dernier opus en date s’intitule « Le Labyrinthe d’Hadès ». Toujours édité chez Soleil, il est apparu dans les librairies le vingt-sept novembre dernier. La couverture nous présente l’héroïne une torche à la main dans une posture guerrière. Au second plan, apparaissent quatre de ses acolytes au visage quelque peu inquiet. Ce sentiment est peut-être né de la vision du visage inquiétant et inconnu qui occupe la partie supérieure de l’illustration.

Pour les novices de la série, je vous présente les mots offerts par la quatrième de couverture : « Les Âges sombres. La Grèce baigne en pleine mythologie. Les légendes contées sont toutes plus envoûtantes les unes que les autres. Voici l’une d’elle : la fabuleuse histoire d’Atalante. Abandonnée dès la naissance par son père, puis condamnée à vivre sans amour par la déesse Héra, elle est recueillie par les êtres de la forêt. Nymphes, satyres et dryades lui apprennent le langage des animaux. Devenue une belle aventurière, elle se joint aux Argonautes dans leur quête de la Toison d’or, seule femme autorisée à suivre les plus grands héros grecs dans cette fabuleuse aventure ! »

Première mauvaise surprise…

En découvrant les premières pages de l’ouvrage, la première (mauvaise) surprise est le changement de style graphique. Je ne reconnais plus le trait si particulier et sympathique de Crisse. Pourtant son seul nom apparaît sur la couverture. C’est en découvrant la page la garde que je réalise que les dessins sont désormais l’œuvre de Grey. Ce dernier que je ne connaissais pas jusqu’alors essaie bien de coller au trait de son prédécesseur mais le succès est loin d’être tout le temps au rendez-vous. Les personnages sont plus anguleux. Ils apparaissent moins travaillés. En tant que lecteur, je me sens m’éloigner d’eux. Le souci est que c’est avec Atalante que la rupture est la plus dure. J’ai presque eu l’impression qu’il s’agissait d’un nouveau personnage principal. Bref, mon immersion dans ce labyrinthe me rendait un petit peu chafouin.

Il faut dire que la suite n’allait pas arranger les choses. En plus de s’être déchargé du dessin, Crisse semble avoir bâclé son scénario. La trame ne semble suivre aucun fil conducteur solide. Elle ne présente aucun rebondissement. Les pages défilent à un rythme effréné tant elles semblent vides et creuses. La comparaison avec les tomes précédents est douloureuse. Je suis arrivé à la fin de celui-ci avec l’impression que rien n’avait démarré. Des planches illustratives immenses nous sont proposées régulièrement pour remplir difficilement la quarantaine de pages de l’album. Hélas, Grey ne démontre pas assez de talent pour nous subjuguer et nous transporter avec son trait. Ils offrent des cases assez décevantes tant les décors sont peu travaillés et développés. A aucun moment, il n’arrive à faire naître une atmosphère pourtant indispensable quand on se balade dans un labyrinthe menant aux Enfers.

De plus, les personnages sont complètement négligés. Un des aspects sympathiques de la série réside dans les dialogues souvent drôles et décalés qui accompagnent les aventures dangereuses de tout ce petit monde. Ici, tout a disparu. Les traits humoristiques ont disparu. La densité des propos est d’une rare faiblesse. C’est vraiment dommage parce que « Atalante » mélange bien souvent aventures, mythologie et rigolades, le tout sous le trait de Crisse. Il s’agit d’un cocktail qui fonctionne bien et qui permet aisément de passer outre les quelques défauts qui pouvaient de temps en temps parsemer les premiers épisodes. « Le Labyrinthe d’Hadès » ne possède plus cette touche et c’est bien triste.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album est une grande désillusion à mes yeux. Je ne sais vraiment pas ce que Crisse a voulu faire en écrivant cet opus. Une chose est sûre, il ne m’a pas conquis. Néanmoins, je ne renie pas pour autant l’affection que je porte à son héroïne et espère que la suite saura retrouver les standards de la saga…

gravatar_ericnote1

Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens – Crisse & Grey

Atalante7


Titre : Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2014


Atalante est une héroïne de la mythologie grecque. La légende veut qu’elle soit la fille du roi Péloponnèse. Abandonnée à la naissance, elle fut recueillie par une ourse dans la forêt du Pélion. Protégée par des déesses, elle est la seule femme à prendre part à la quête des Argonautes. Le premier tome de la série éponyme crée par Crisse conte l’arrivée de la jeune fille dans l’équipage dirigée par Jason. Les albums suivants présentent les différentes aventures vécues par tout ce petit monde sur le chemin de la Toison d’or.

Atalante7bLa sympathie générée par le personnage principal a fait de moi un lecteur régulier de ses pérégrinations. L’auteur arrive à raconter ces légendes en mêlant de manière équilibrée narration, humour et action. L’ensemble se déroule dans un univers graphique coloré et rond qui possède une identité forte. Bref, je guettais toujours avec impatience la sortie de tout nouvel épisode de la saga.

Crisse délaisse son bébé.

Le sixième tome a marqué une rupture dans ma relation avec la série « Atalante ». Crisse semblait avoir définitivement délaissé son petit. Il confie les dessins à Grey et le scénario apparaît bâclé. Cet opus se lisait en quelques minutes et n’éveillait ni attrait ni intérêt. J’espérais que la sortie de « La Dernier des Grands Anciens » en novembre dernier marquerait un retour à la qualité initiale.

L’intrigue reprend où elle s’était interrompue. Atalante vient de croiser un géant dans les arcanes du royaume d’Hadès. Elle s’y était aventurée dans l’espoir de sauver un de ses acolytes mordu par un mort-vivant. L’être rencontré s’avère être Eurymedon, fils de Gaïa. Il nous immerge dans la bataille de Phlégra entre les Dieux et les Géants. L’essentiel de la trame se construit autour des conséquences de cette guerre. Sorti de cela, il s’agit d’une balade dans un labyrinthe souterrain. Le troisième tome nous plongeait également dans les entrailles de la terre. La comparaison entre ces deux épisodes n’est pas favorable au dernier en date.

Atalante7cJe ne suis jamais arrivé à entrer pleinement dans l’histoire. L’enchaînement des péripéties est, à mes yeux, trop saccadé. La narration manque de continuité. L’alternance entre le royaume d’Hadès, le navire des Argonautes et les flashbacks manque de lien. Si je regarde les choses positivement, je peux dire que la densité scénaristique est plus importante que dans l’épisode précédent. Par contre, objectivement, je ne retrouve pas l’attrait des premiers tomes. J’ai peur que cette série n’aille pas vers le meilleur. J’appréhende le fait que « Atalante » ait atteint son firmament et que l’heure soit à la descente aux enfers.

Le dernier bémol est la disparition du trait de Crisse. De mon point de vue, Grey n’a pas le talent de son prédécesseur. Je suis moins fan des traits des personnages. Son Atalante a le visage beaucoup plus dur. Ses courbes légendaires des premiers tomes ont disparu. De plus les décors sont bien moins travaillés. Grey semble moins soucieux des détails et c’est regrettable. Le fait que les seconds plans soient négligés ne facilite pas l’immersion. L’atmosphère qui se dégage des Enfers est décevante. J’en attendais bien mieux.

Atalante7a

Pour conclure, « Le Dernier des Grands Anciens » a tendance à confirmer que l’âge d’or de « Atalante » est passé. Cela m’attriste parce que je trouvais la saga jusqu’alors très divertissante. Il devient donc urgent que les Argonautes mettent la main sur leur Toison d’or au risque de voir la descente aux enfers du neuvième art se poursuivre…

gravatar_eric

Note : 9/20

WollodrĂŻn, T5 : Celui qui dort, 1/2 – David Chauvel & JĂ©rĂ´me Lereculey

Wollodrin5


Titre : WollodrĂŻn, T5 : Celui qui dort, 1/2
Scénariste : David Chauvel
Dessinateur : Jérôme Lereculey
Parution : Octobre 2014


« Wollodrïn » ravira les adeptes d’heroïc fantasy et d’univers à la Tolkien. Cette série immerge le lecteur dans un monde peuplé de nains, chevaliers, trolls, orques… Les légendes et la magie sont également de sortie. Chacune de ses histoires se déroule sur deux tomes. Le premier s’intitulait « Le matin des cendres » et le second « Le convoi ». Ma critique porte sur le cinquième épisode intitulé « Celui qui dort » qui marque l’entrée dans un nouveau diptyque.

La couverture présente un jeune personnage jusqu’alors inconnu au bataillon. Il apparaît sur la défensive. Il accueille le lecteur avec une hache et une masse. Sa main gauche intrigue, elle est munie d’un gant qui illumine la planche. A l’arrière-plan, nous découvrons ce qui semble être un tombeau. Est-ce la quête du héros ? Le protège-t-il ?

Wollodrin5a

Pour en savoir davantage, je me suis orienté vers la quatrième de couverture : « Tridïk est un jeune nain romantique. Follement amoureux de la belle Mëlinhh, il rêve de lui offrir un four une fleur de pierre qu’on ne trouve qu’au plus profond des montagnes. Le jour où l’occasion se présente, le jeune prétendant n’hésite pas une seconde. Son paquetage sur le dos, son fidèle petit ami Zzürk sur l’épaule, il part à l’aventure, ignorant qu’en descendant dans les profondeurs du royaume interdit, il va réveiller celui qui dort et qu’on ne devrait jamais tirer de son sommeil… »

Un enfant a priori ordinaire qui est parti pour vivre une aventure extraordinaire.

L’histoire choisit un héros classique. Tridïk est un enfant a priori ordinaire qui est parti pour vivre une aventure extraordinaire. Il s’agit d’une recette souvent usitée et qui possède bon nombre d’attraits. Le principal est que la nature du personnage principal génère immédiatement de l’empathie à son encontre. Nous l’assimilons à un copain, un frère ou un fils. Il en résulte une inquiétude née des dangers qu’il risque d’affronter. Ce sentiment alimente positivement notre curiosité.

Wollodrin5bL’autre apport résultant des caractéristiques de Tridïk est qu’il avance vers l’inconnu. Il n’est pas un guerrier légendaire qui auraient survécu à moult batailles, découverts des contrées lointaines et surmontées une quantité incommensurable d’épreuves. Par conséquent, il réagit aux événements au fur et à mesure qu’ils se déroulent. Il ne prévoit rien car il ne sait réellement vers où il se dirige. Cet état de fait facilite notre projection dans la quête de l’enfant. Nous partageons ses interrogations et ses appréhensions. L’implication dans la lecture n’en est que plus forte.

Concernant l’intrigue en elle-même, elle se déroule à un rythme de croisière. Elle ne présente aucun temps mort et chaque planche apporte son lot d’informations. David Chauvel écrit une trame dense mettant en place un grand nombre de personnages et d’enjeux. Il fait naître une bonne dose de mystère et pose des jalons intéressant pour la suite. Nous pouvons légitimement nous demander où tout cela nous mène et comment cela va terminer. Par contre, je regrette une absence d’intensité dramatique. Alors que le fil conducteur laissait croire une avancée irrémédiable vers de gros soucis, je trouve qu’au final, Tridïk rencontre peu d’embûches. Sans vous dire que son voyage est comparable à une promenade bucolique, il est moins périlleux qu’espéré. Mais peut-être suis-je trop exigeant…

Sur le plan graphique, j’ai retrouvé avec joie les dessins nés de la plume de Jérôme Lereculey. Ses décors sont une petite merveille et font exister un monde fantastique et fascinant. Le dépaysement est total. Les couleurs de Lou doivent également recueillir leur lot de louanges. En effet, comment ressentir l’atmosphère oppressante de ces grottes ou le côté merveilleux de ces belles forêts sans la touche chromatique adéquate. Je regrette jusque que l’intrigue ait empêché de découvrir de nouvelles trognes de trolls. Je dois avouer qu’il s’agissait d’un de mes petits plaisirs dans les opus précédents.

Wollodrin5c

Pour conclure, cet album fait honneur à la fantasy. Il offre une intrigue travaillée, des personnages plutôt réussis et un univers identifiable. Je regrette un petit peu une dimension épique un petit peu légère. Peut-être prendra-t-elle son ampleur lors du tome suivant ? Il ne reste plus qu’à attendre pour le savoir…

gravatar_eric

Note : 15/20

Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

Ekho3


Titre : Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard
Scénariste : Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2014


 La publication du premier tome de « Ekhö » avait redonné un peu des lettres de noblesse à Christophe Arleston. Le scénariste, qui s’était essoufflé depuis bien longtemps, avait créé un monde parallèle au nôtre, mais où l’électricité n’existait pas et où les dragons servaient de transport en commun. Aidé par le dessin virtuose d’Alessandro Barbucci, les critiques avaient été très positives (peut-être un peu excessives d’ailleurs). Maintenant que le tome 3 est de sortie, où en est cette série de fantasy si proche de notre propre univers ?

ekho3aA chaque tome sa ville et son intrigue. Après New York et Paris, voilà Hollywood. Malgré tout, mieux vaut avoir lu les précédents tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Mais le parallèle entre les deux univers est surtout construit autour des personnages de Fourmille et Yuri, qui sont obligés de rester groupé après avoir perturbé l’équilibre entre les deux mondes. Force est de constater qu’au troisième tome, ils sont déjà intégré au monde et rien ne semble plus les étonner. Le décalage entre notre univers et celui de fantasy est digéré. Dommage.

Un tome, une ville.

Un peu comme un cheveu sur la soupe, il arrive que Fourmille soit habitée par des fantômes et elle doit résoudre leurs problèmes afin de ne plus être habitée. Quand c’est le cas, sa coiffure change. Ce système est un peu étrange et semble conçu avant tout pour créer des scènes cocasses où Fourmille ne réagit plus normalement, mais comme d’autres personnes, souvent hautes en couleur.

ekho3bLe principe du monde miroir permet à Arleston de s’adonner à son jeu préféré : jouer avec les références. Hélas, tout est très appuyé. Alors que dans les tomes précédents, il détournait certains lieux (le central park sauvage, la tour Eiffel comme palais…), ici on a surtout l’impression de revoir l’histoire entre Marilyn et JFK. Et au final, le fil rouge général disparaît complètement. On n’avance pas du tout sur les mystérieux Preshauns par exemple. Après trois tomes, c’est un peu inquiétant. Arleston a trouvé un bac à sable où il peut donner libre cours à ses envies, mais il manque du coup du fond pour pouvoir nous emballer pleinement. Surtout que l’aspect « fantasy » et monde parallèle est peu fourni dans ce tome, comme si tout avait déjà été épuisé.

Au niveau du dessin, Barbucci fait des merveilles. On sent un dessinateur au sommet de son art, tant dans le dessin des personnages (surtout des femmes !), des décors, du dynamisme, de la mise en scène… Bref, c’est du très lourd. Hélas, sa Marilyn (enfin, Norma Jean) ressemble beaucoup à Fourmille et les changements de coiffure ne rendent pas ça très flagrant. De même, sa propension à tout dessiner pour faire des femmes nues ou des décolletés plongeants en permanence finit par lasser. Mais force est de constater que c’est un formidable dessinateur de pin-ups.

ekho3c

J’ai été déçu par cet ouvrage. Malgré une belle idée de départ et un dessin de haute volée, difficile de se passionner par cet amoncellement de références sans réelle histoire, ni dans le tome, ni dans la série. Le système « un tome, une ville » semble atteindre ses limites ici. Dommage.

avatar_belz_jol

Note : 10/20

Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

Ekho2


Titre : Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2013


Christophe Arleston est un scénariste que j’avais tendance à ignorer ces dernières années. Pourtant, il a accompagné mon adolescence avec Lanfeust de Troy, Les Maîtres Cartographes,Leo Loden ou encore Le chant d’Excalibur. Mais Lanfeust des Etoiles a marqué pour moi la chute du piédestal sur lequel je l’avais placé.  Les albums qu’il a écrits ses dernières années apparaissent bien moins travaillés et chiadés. Il suffit de voir les derniers épisodes de Les Forêts d’Opale ou Les naufragés d’Ythaqpour s’en persuader aisément. Je m’étais quasiment résigné quant au fait de trouver à nouveau la magie qui pouvait naître de l’imagination d’Arleston.

C’est en découvrant par hasard une critique élogieuse sur le premier tome d’une nouvelle série début d’année que j’ai décidé de lui donner une nouvelle chance. Cette saga s’intitulait Ekhö monde miroir. J’avais apprécié le concept et trouvé les personnages très sympathiques. Je n’ai donc pas hésité très longtemps avant de m’offrir le deuxième opus de la série intitulée Paris empire et sorti chez Soleil le treize novembre dernier.

La quatrième de couverture pose les jalons de l’univers de la saga : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais légèrement différents : l’électricité n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du métro sont sur le dos d’étranges mille-pattes… »

Réécrire le monde en répondant aux codes de la fantasy

L’idée est intéressante. Réécrire le monde dans une dimension parallèle répondant aux codes de la fantasy m’attirait. Le premier tome avait été plutôt bon dans le domaine. Ce nouvel épisode est également réussi. Je trouve que le Paris créé par Arleston et mis en image par Barbucci possède une identité propre tout en respectant les codes classiques et touristiques de la capitale française. La tour Eiffel, les bateaux mouche, Notre Dame… Rien n’est négligé. Ce support scénaristique permet à Arleston d’exploiter son sens de la vanne et de la répartie.

L’histoire se construit autour d’un duo de personnages assez réussi. Il s’agit de Fourmille et Yuri transférés de notre réalité à Ekhö au début du premier tome. Leur couple fonctionne bien. Ils ne se supportent pas et pourtant ils ne doivent pas se quitter. Cela donne lieu à des dialogues très drôles et bien écrits. Je regrette d’ailleurs qu’ils soient moins fréquents dans cet album. Les auteurs laissent davantage de place à l’intrigue et à ses rebondissements au détriment du comique construit autour des héros. C’est un choix qui se défend mais je trouve dommage de ne pas plus privilégier l’humour dans un tel univers. Le comique de situation que peut générer le changement de monde est un des arguments de la série. Il ne faut pas le négliger.

L’histoire connaît davantage de rebondissements que dans le premier tome. En effet, les codes sont maintenant connus et les auteurs peuvent nous faire entrer plus rapidement dans l’intrigue. Cette dernière est plutôt bien construite. Il y a de nombreux rebondissements. Certes l’ensemble n’est pas un monument d’originalité et certains moments sont un petit peu brouillons. Néanmoins, la bonne ambiance générale fait occulter sans trop d’efforts ces quelques défauts. L’humeur chaleureuse résulte aussi des dessins de Barbucci dont le trait participe pleinement au plaisir de la lecture. Son style dynamique est à l’origine de la qualité graphique des personnages et des lieux.

Pour conclure, Paris empire est un épisode honnête qui offre une suite honorable au précédent opus. Ekhö ne fera jamais partie des séries cultes du neuvième art mais en gardant cette qualité, chaque nouveau tome sera pour moi l’occasion de passer un agréable moment et ce n’est déjà pas si mal…

gravatar_eric

Note : 12/20

Ekhö, monde miroir, T1 : New York – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

Ekho1


Titre : Ekhö, monde miroir, T1 : New York
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Mars 2013


Ekhö est une série née de la collaboration de Christophe Arleston et d’Alessandro Barbucci. Le premier, scénariste, est le premier auteur dont j’ai été fan. Lanfeust de Troy était vraiment une révélation vécue durant mon adolescence. J’ai également beaucoup aimé des séries comme Le chant d’Excalibur, Léo Lodenou Les Maîtres cartographes. Hélas, sa production très dense a débouché sur une grande baisse de qualité à mes yeux. Cela fait que je m’étais éloigné de ses ouvrages. C’est une critique élogieuse lue dans un magazine qui m’a incité à m’offrir New York, premier opus de cette nouvelle saga. J’espérais que cette nouvelle chance me réconcilierait avec l’écrivain de mes tendres années…

La quatrième de couverture s’avère très pédagogique : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais légèrement différents : l’électricité n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du métro sont sur le dos d’étranges mille-pattes… Mais les plus étonnants sont les Preshauns qui, sous leurs airs de peluches formalistes, semblent tenir les rênes de ce monde… Une étudiante, Fourmille, et Yuri, son voisin de siège dans le 747 qui les amène à New York se trouvent prospulsés sur Ekhö et doivent apprendre à y trouver leur place. Ce qui se complique lorsque Fourmille se retrouve habitée par l’esprit d’une vieille tante morte… »

Un New York au croisement du Moyen-Age et du vingt-et-unième siècle

L’auteur nous annonce « une aventure fantastique, drôle et décalée, qui nous entraîne dans un étrange reflet de notre société ». Le programme est ambitieux mais je ne demandais qu’à partager ce point de vue une fois l’album refermé. Le principe de ces réalités parallèles est souvent usité dans la littérature, la bande dessinée ou le cinéma. Son attrait humoristique réside souvent dans la réinterprétation des codes et des habitudes de notre société dans un contexte légèrement différent. Il s’agit d’un des fondements scénaristiques de Ekhö. Arleston a souvent su jouer avec ce type de détournements dans ses séries précédentes. Il y arrive également ici. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à naviguer dans ce New York au croisement du Moyen-Age et du vingt et unième siècle. L’auteur arrive à rendre crédible et drôle beaucoup de détails par des textes et des anecdotes bien choisis. Le travail graphique de Barbucci met bien l’ensemble en valeur et fait en sorte qu’une vraie bonne humeur se dégage de la lecture.

L’intrigue en elle-même est classique. Des personnages se trouvent projeter dans un monde inconnu dont ils maitrisent très partiellement les us et coutumes. Leur présence n’étant pas aléatoire, ils doivent donc s’adapter à une société nouvelle tout en menant à bien une mission dont ils connaissent bien peu de choses. L’évolution de la trame est assez linéaire. Elle n’est pas particulièrement dense mais est se déroule de manière régulière et solide. L’histoire ne souffre d’aucun temps mort et le dénouement n’est pas particulièrement abracadabrant. Aucune planche n’est inutile ou bâclée. Bref, Ekhö offre une lecture intéressante dont on n’attend la fin avec une réelle curiosité.

La belle réussite de ce tome est la qualité de ces personnages. Graphiquement tout d’abord, ils sont très réussis. Chaque nouveau protagoniste ne nous laisse pas indifférent grâce son apparence créée par le trait de Barbucci. Il possède un style assez réussi qui ravira tous les publics. Ensuite, l’histoire laisse une grande part à ses héros. Que ce soit Fourmille ou Yuri, ils sont très attachants et drôles. Leur binôme fonctionne bien. Ils sont très différents, ne s’apprécient pas mais sont indispensables à l’autre pour s’en sortir. La recette n’est pas originale mais elle est bien exécutée.

En conclusion, Ekhö m’a réconcilié avec le travail d’Arleston. Je n’ai plus besoin de me plonger dans ses vieux albums pour retrouver sa capacité à écrire des histoires dynamiques, drôle et prenantes. Je suis donc curieux de savoir comment évoluera cette série. Restera-t-on dans ce monde miroir ou voyagera-t-on ailleurs ? Les personnages principaux resteront-ils les mêmes ou non ? Pour cela il faut attendre la suite. Mais cela est une autre histoire…

gravatar_eric

Note : 13/20

Slhoka, T8 : L’Ă©pingle des Ă©phĂ©mères – Ulrig Godderidge & Ceyles

Slhoka8


Titre : Slhoka, T8 : L’Ă©pingle des Ă©phĂ©mères
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2014


« Slhoka » est une série qui, de mon point de vue, se détériore depuis que les auteurs ont décidé de lui offrir un second cycle. La première tétralogie était rythmée et divertissante. Elle ne révolutionnait pas le genre « space fantasy » mais offrait un moment agréable de lecture. Le scénariste Ulrig Godderidge et le dessinateur Ceyles ont décidé de poursuivre les aventures de ce héros au puissant pouvoir. « L’Epingle des Ephémères » est le huitième acte de la saga et s’inscrit dans cette suite se déroulant dix ans après l’histoire initiale. Je dois vous avouer que les trois tomes précédents m’ont énormément déçu. Néanmoins, je suis un lecteur fidèle et ai du mal à renier une série que j’ai entamée. Ainsi, je suis parti à la découverte de cette nouvelle aventure avec quelques appréhensions teintées d’un léger espoir d’amélioration…

L’épisode précédent avait laissé Slhoka prisonnier du Jäipurna, dimension parallèle habitée par les Dieux. Son retour dans la réalité s’avère complexe. Le résultat est que Shani a envahi et son enveloppe corporelle et que M’Ma Bay abrite son esprit tout en essayant de la dominer. La situation est claire et explicitée dès les premières pages. Les enjeux sont simples. Il faut mettre la main sur Shani tout en empêchant l’âme de M’Ma Bay de dominer celle du héros.

Pour les adeptes de vaudou et d’esprit possĂ©dĂ©…

Le souci rencontré au cours de la lecture est que la situation finale ressemble comme deux gouttes d’eau à la situation initiale. La différence est que l’esprit n’habite plus une vieille dame aux pouvoirs intrigants mais une jolie jeune femme à l’ambition dévorante. Sorti de cela, il ne se passe rien ! Quarante-six pages pour si peu ! La trame a le droit de faire une pause mais dans ce cas, il faut compenser avec autre chose. Cela peut-être de l’action, de l’humour ou de l’émotion… Il n’y a rien de tout cela. On se contente de suivre un petit groupe déambuler dans ce qui ressemble à un bayou de Louisiane… Les seuls événements qui agrémentent leurs pérégrinations sont des crises existentielles et répétitives de deux esprits cohabitant dans un même corps.

Slhoka8a

Je regrette qu’une nouvelle fois Svendaï et Kraa soient absents de l’histoire. La première est une jeune femme avec une forte personnalité dont la relation avec Slhoka est centrale dans l’univers de la saga. Le second est un soldat efficace au caractère bourru qui participe activement à la fibre humoristique de l’ensemble. Leurs mises en hibernation est une raison de la baisse de qualité de la série. De mon point de vue, les péripéties des deux derniers tomes auraient pu aisément tenir dans un seul opus sans être particulièrement dense. Les auteurs diluent leur intrigue. Est-ce pour faire durer le plaisir ou parce qu’ils ne savent pas où ils vont ? Dans les cas, cela donne un résultat narratif particulièrement faible.

Sur le plan graphique, il n’y a rien de révolutionnaire à signaler. Je n’ai pas été un grand fan du changement de dessinateur opéré après le troisième acte. Depuis, je ne peux pas dire que le style de Ceyles m’ait conquis. Je trouve que son style manque de personnalité et que les décors sont dénués d’atmosphères. Je n’ai ressenti ni dépaysement ni oppression ni angoisse. Pourtant le déroulement du scénario laissait de la place à une ambiance dense et prenante. Mais l’occasion n’a pas été saisie et c’est regrettable. Néanmoins, il était difficile de sublimer une trame manquant autant d’aspérités.

Vous l’aurez compris, « L’Epingle des Ephémères » ne m’a pas enthousiasmé. Cet opus confirme la déliquescence de « Slhoka ». Je trouve triste qu’une aventure initialement sympathique et divertissante traine autant en longueur qu’elle en devient horripilante et frustrante. Je doute fortement que la chute en cours puisse être suivie d’une remontée fut elle légère… Mais qui sait ? L’espoir fait vivre…

gravatar_eric

Note : 4/20

Slhoka, T7 : L’autre rive – Ulrig Godderidge & Ceyles

Slhoka7


Titre : Slhoka, T7 : L’autre rive
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2013


« L’autre rive » est le septième tome de »Slhoka ». Il est apparu dans les librairies en juin dernier. Edité chez Soleil, il est l’œuvre conjointe de Godderidge, Ceyles et Vincent. Ils s’occupent respectivement du scénario, des dessins et des couleurs. Il s’agit d’un album de format classique dont le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans les tons marron, orange et gris. On y découvre le héros éponyme une arme à la main. Il y est accompagné d’un tigre ailé qui ne nous est pas inconnu. Les paysages apparaissent apocalyptiques. L’atmosphère qui s’en dégage est sombre et inquiétante.

La quatrième de couverture nous présente les mots suivants : « Ishtor, la déesse maudite libérée de sa prison éternelle, veut reprendre le pouvoir des dieux et celui de Slhoka afin de détruire Link-Archoïde. Errant dans les marais des Basboues avec Krk, le bayan des Méandres, Slhoka élabore un plan pour rejoindre Nagaghuli et les autres Déités emprisonnées dans le Jaipurna. Mais comment convaincre les Dieux devenus ses ennemis, de s’unir à lui… »

La lecture du synopsis met rapidement les choses au clair : il est compliqué de se plonger dans cette histoire sans avoir lu les épisodes précédents. Pour résumer succinctement l’ensemble, je pourrais dire que « Slhoka » est une histoire classique construite autour de la notion d’élu. Le héros est au-dessus de ses aventures un simple pilote militaire. Suite à un crash, il atterrit sur une planète qui lui révélera un pouvoir dont il était ignorant. Il devient alors un leader et un symbole à la puissance unique. Le quatrième tome se concluait sur un combat final à grande ampleur. Le deuxième cycle se déroule dix ans plus tard. Slhoka est en pleine dépression et son pouvoir a quasiment disparu. Les deux albums précédents le voient retrouver sa force contraint et forcé devant les enjeux. En effet, une déesse maudite est dans la place et ça ne rigole pas…

Une atmosphère proche du chamanisme.

L’atmosphère de « L’autre rive » est construite autour du chamanisme. Les premières pages nous immergent dans un univers proche des bayous de la Louisiane. Le travail graphique transcrit très justement cette ambiance. La rencontre avec une sorcière locale qui arrive à contacter des forces occultes accentue le phénomène. Dans la deuxième partie, Slhoka passe son temps à voyager entre deux mondes : sa réalité et le monde de Jaipurna. Ce dernier est un univers dans lequel vive les dieux. Sa nature onirique couplée à l’apocalypse qui accompagne la lecture est dans la lignée de la dimension « shamanisme » de l’ensemble.

L’histoire se centre entièrement autour du personnage de Slhoka. La fin de l’épisode précédent concluait sur le héros qui avait repris goût à la vie. Il semblait retrouver des pensées plus positives. La première partie le voit avancer irrémédiable vers un affrontement avec son ennemie. La seconde nous fait vivre le combat. La trame est simple, un petit peu trop. J’ai le sentiment que cet album aurait pu être réduit de moitié sans qu’on ne perde ni intérêt ni information. L’ensemble est assez dilué. Le duel entre les deux combattants traine en longueur. Le fait qu’il se déroule dans un univers parallèle est intéressant car il ouvre des perspectives scénaristiques. Par contre, sa longueur et sa construction les rapprochent trop souvent d’un combat à la « Dragon Ball ». Et ce n’est pas un compliment.

L’une des conséquences de ce choix narratif est de faire totalement disparaitre du décor les personnages secondaires. Le plaisir que je trouvais en découvrant le début de la saga était la galerie de protagonistes qui gravitaient autour de Slhoka. Ces derniers offraient un ton décalé et drôle qui faisait naitre un vrai plaisir de lecture. Tout cela a disparu petit à petit. Le paroxysme est atteint dans cet épisode. Les doigts d’une main suffisent quasiment à compter les intervenants dans cet album. C’est dommage. De plus, le fil conducteur global de la série est de plus en plus dur à suivre. Les trois derniers albums manquent cruellement de liens entre eux. On a la sensation que l’auteur ne sait pas où il va et ce sentiment n’est pas des plus agréables.

Ceyles se charge des dessins depuis le début du second cycle. Je vous avoue que je suis moins sensible à son trait que je ne l’étais à celui du dessinateur des premiers opus. Je ne suis pas un grand de son style qui manque, à mes yeux, de détails. J’aimerai que les personnages possèdent une identité graphique plus forte. De plus, leurs expressions manquent trop souvent de finesse. Par contre, son travail sur les décors est de qualité. Que ce soit dans les marais ou dans le monde des dieux, il arrive à faire naître une vraie ambiance qui nous porte sans mal. Il s’agit incontestablement d’un des points positifs de l’album.

Au final, ce tome est très moyen. Il confirme la difficulté rencontrée par l’auteur à offrir un second souffle à sa saga. La conclure après la fin du premier cycle m’apparait de plus en plus comme la solution qui aurait dû être choisie. Néanmoins, je suis fidèle en lecteur et attendrais avec curiosité le prochain tome avec toujours le même espoir d’y retrouver le plaisir simple que me procurait les premières étapes des aventures de Slhoka. Mais cela est une autre histoire…

gravatar_eric

Note : 6/20

Slhoka, T6 : Les mĂ©andres – Ulrig Godderidge & Ceyles

slhoka6


Titre : Slhoka, T6 : Les méandres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Août 2012


« Les méandres » est le sixième tome de « Slhoka ». Il est apparu dans les librairies au mois d’août dernier. Toujours édité chez Soleil, il prolonge le second cycle de la saga né dans l’opus précédent. Je suis les aventures du héros éponyme depuis ses premières aventures datant d’un petit peu plus de dix ans. Je trouve ses pérégrinations sympathiques. Elles se déroulent au croisement de la fantasy et de la science-fiction. Le scénariste de cette série est Ulrig Godderidge. Je ne connais son travail qu’à travers cette histoire-là. Au cours des trois premiers actes, les dessins sont l’œuvre d’Adrien Floch. Depuis le départ de ce dernier vers « Les naufragés d’Ythaq », les illustrations sont l’œuvre de Ceyles. La rupture graphique a été rude et m’a été difficile. Néanmoins, mis devant le fait accompli, il a fallu s’y faire et prendre de nouvelles habitudes.

L’album précédent se déroulait dix ans après le dénouement du précédent. Slhoka, grâce à ses pouvoirs, avait sauvé le monde et avait vu parallèlement sa vie tomber dans le désespoir et l’alcool. C’est globalement cet état de fait que nous présentait le cinquième épisode. On voyait la fine équipe se reformer bon gré mal gré. Le synopsis proposé sur la quatrième de couverture de « Les méandres » présente la situation avec les mots suivants : « La Zeïde a évité le pire grâce au pouvoir de Slhoka. Mais une question reste sans réponse : qui se cache derrière les indestructibles rhoukes et les chimères volantes ? C’est la nouvelle mission de Slhoka et ses compagnons d’armes, envoyés en reconnaissance dans la capitale rhouke. Avec l’aide de la Ghuilde des Marchandises. Mais Slhoka n’est pas au bout de ses peines car Shanï, qui habite son corps, semble n’en faire qu’à sa tête. »

Une intrigue sans grand intérêt.

Le scénariste ne perd pas de temps à nous exposer les prérequis nécessaires à la compréhension complète des tenants et des aboutissants de l’intrigue. Ayant lu une nouvelle fois l’intégralité des tomes de la série avant de me plonger dans « Les méandres », je n’ai pas souffert de choix. Je ne peux que vous conseiller de faire de même au risque d’être perdu au beau milieu d’un sac de nœuds qui ne brille déjà pas par son cadre rigoureux. On reprend l’histoire où elle nous avait laissé. Il n’y a pas de rupture narrative. J’ai pris plaisir à retrouver ces personnages familiers réunis à nouveau. La maladresse et le pouvoir de Slhoka, le caractère et les qualités guerrières de la charmante Svendaï, la rudesse et la force du Kraal étaient donc de retour. La réussite de ce type d’histoire réside en partie dans la qualité de son casting. Ces groupes hétérogènes doivent donner lieu à des moments drôles et touchants qui permettent à la trame de se montrer plus épaisse et rythmée. Le plaisir de ce genre de lecture réside avant tout dans l’empathie ressentie pour les protagonistes plus que tout autre chose.

Néanmoins, le listing des participants ne suffit pas à garantir la réussite d’un album. « Les méandres » en est la preuve mais, hélas, négativement. L’intrigue y est sans grand intérêt. On ne fait que suivre les différentes crises de colère du héros. Toutes les quatre pages, il s’énerve et exploite donc son pouvoir destructeur. C’est répétitif et donc assez vite lassant. On a l’impression que l’histoire n’en aurait pas été pénalisée en divisant le nombre de pages par deux. Aucune information n’aurait été égarée. Par contre, notre attrait n’aurait peut-être disparu. De plus, les personnages principaux sont rapidement séparés. La place de Svendaï et du Kraal devient très secondaire et cela m’a déçu. Ils sont bien moins fades que Slhoka. Construire tout l’épisode autour de ce dernier fait que l’humour disparait totalement de la lecture. Cela fait qu’on se concentre davantage sur le déroulement des événements. Ce dernier s’avère confus et sans grand intérêt. Tout ne tourne pas en rond mais avance bien lentement. Le sentiment de dilution toujours désagréable commence à naitre. C’est dommage.

J’évoquais en introduction la rupture graphique née du changement de dessinateur à partir du quatrième tome. Je vous avoue que je préférai le travail de Floch. Ce n’est pas nécessairement une question de qualité pure mais de style. Je ne maitrise pas le vocabulaire spécifique du dessin et aurai du mal à argumenter mon opinion. Je trouve que les personnages apparaissent moins travaillés. Ils sont moins attachants graphiquement. De plus, ils apparaissent tout le temps dans l’excès sans forcément que l’histoire ne le justifie tout le temps. Dans la même logique, je trouve que le travail sur les couleurs est trop simple et souffre de la comparaison avec la qualité des séries du même genre. Il est possible que d’autres lecteurs soient séduits par les illustrations de Ceyles. Je me contenterai de dire que son trait et moi ne nous sommes pas trouvés.

Pour conclure et ma critique ne s’en cache pas, je suis sorti déçu de ma lecture. « Les méandres » a tendance à donner corps à l’idée comme quoi ce second cycle est de trop. La graine de ce sentiment avait été plantée dans le tome précédent. Ma découverte de ce dernier opus a tendance à l’arroser de manière soutenue. J’ai du mal à voir comment Godderidge veut prolonger les aventures de son héros. Mais mon affection pour les premières aventures de Slhoka me fait croire que le prochain épisode sera meilleur. Mais l’espoir ne sera pas éternel… 

gravatar_eric

Note : 8/20