Titre : Les naufragĂ©s d’Ythaq, T12 : Les clefs du NĂ©ant
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Septembre 2014
 « Les naufragĂ©s dâYthaq » est une des nombreuses sĂ©ries au long cours scĂ©narisĂ©es par Christophe Arleston. Le crĂ©ateur de Lanfeust est productif et sâest spĂ©cialisĂ© dans la fantasy grand public. Il possĂšde une capacitĂ© rĂ©elle Ă faire cohabiter aventure et humour. A contrario, ses productions ont le dĂ©faut de voir leur qualitĂ© narrative rĂ©gresser au fur et Ă mesure des tomes. « Les forĂȘts dâOpale » sont un exemple dâhistoire attrayante au dĂ©but et de plus en plus dĂ©cevante depuis.
« Les naufragĂ©s dâYthaq » appartient Ă cette catĂ©gorie. Les premiers opus Ă©taient vraiment rĂ©ussis. Les pĂ©rĂ©grinations de Granite et ses acolytes sur une planĂšte nâapparaissant sur une aucune carte Ă©taient accompagnĂ©es dâun mystĂ©rieux intĂ©ressant. Le casting offrait une grande variĂ©tĂ© de personnalitĂ©s et dĂ©clenchait une grande empathie Ă lâĂ©gard des hĂ©ros. HĂ©las, la deuxiĂšme partie du premier cycle sâavĂ©rait bancale et sans grand intĂ©rĂȘt. Le dĂ©nouement Ă©tait dĂ©cevant et avait fait oublier le bonheur ressenti lors de la dĂ©couverte.
Arleston et Floch ont Ă©crit une suite Ă cette premiĂšre fin. Depuis le dixiĂšme Ă©pisode, lâintrigue sâinscrit dans un second cycle. Ma premiĂšre impression Ă©tait mitigĂ©e. La trame nâavait, Ă mes yeux, pas trouvĂ© son second souffle. NĂ©anmoins, le plaisir de retrouver les protagonistes mâincitent Ă accepter les faiblesses scĂ©naristiques. Câest ainsi que je me suis procurĂ© le dernier album paru. IntitulĂ© « Les clĂ©s du nĂ©ant », il est apparu dans les rayons de librairie en octobre dernier.
« Narvarth, Granite, Callista et Krurgor sont de retour sur leur planĂšte. Seul Narvarth dispose des clefs qui permettent de passer dans lâunivers parallĂšle, celui dâYthaq. Mais cette infinitĂ© de mondes nouveaux Ă portĂ©e de main et les richesses quâils augurent excitent bien des convoitisesâŠÂ » VoilĂ la mise en bouche prĂ©sentĂ©e par la quatriĂšme de couverture. Elle pose les jalons des enjeux mis en place suite aux Ă©vĂ©nements du neuviĂšme acte de la saga.
Une curiosité ravivée.
La machine narrative avait un petit peu de mal Ă se mettre en route. Lâensemble apparaissait brouillon et manquait cruellement de rythme. JâespĂ©rais que la machine se mettrait en route et trouverait sa vitesse de croisiĂšre lors de cette lecture. Ce tome sâavĂšre meilleur que les prĂ©cĂ©dents. Les Ă©vĂ©nements sont plus frĂ©quents et lâensemble avance Ă un rythme plus soutenu. Il conclut finalement la mise en place dĂ©butĂ©e dans « «Nehorf-Capitol Transit ». Je regrette que cela ne se soit pas fait plus rapidement car la situation qui conclut ce tome aurait pu quasiment ĂȘtre atteinte en trois fois moins de pages. NĂ©anmoins, tout vient Ă qui sait attendre⊠Ma curiositĂ© qui Ă©tait en hibernation a Ă©tĂ© ravivĂ©e. Je nâirai pas jusquâĂ dire quâelle est intense mais la phase de rĂ©veil est en cours. Le scĂ©nario introduit des rebondissements pas inintĂ©ressants.
Le support politique est classique mais exploitĂ© sĂ©rieusement. La perspective dâavoir accĂšs Ă un monde parallĂšle plein de richesses inexploitĂ©es alimente les appĂ©tits. Les discours officiels sont contredits par des opĂ©rations officieuses. LâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral est mis en balance avec des intĂ©rĂȘts plus personnels. Lâenvironnement des hĂ©ros semble ĂȘtre occupĂ© par davantage de mĂ©chants que de gentils. Il est difficile de cerner les personnes fiables. Cette dimension nĂ©buleuse quant aux objectifs rĂ©els des uns et des autres est un aspect qui entretient lâattrait de la lecture.
Le dĂ©roulement du fil conducteur laisse ainsi moins de place aux s dâaction. Ce nâest pas une mauvaise chose de mon point de vue. Un des dĂ©fauts de bon nombre de sĂ©ries est de remplir les vides scĂ©naristiques par des batailles rĂ©pĂ©titives et sans originalitĂ©. Ce nâest ici pas le cas et cela permet de savourer les moments de combat ou de poursuite. La diminution de la frĂ©quence de ces temps belliqueux fait que lâexigence Ă leurs Ă©gards est moindre et permet de les savourer avec plaisir malgrĂ© leurs imperfections.
Comme souvent avec Arleston, le ton est lĂ©ger et lâhumour est un argument de poids. LâingrĂ©dient comique est une nouvelle fois utilisĂ© mais avec une relative parcimonie. Il ne sâagit pas de lâĂ©pisode le plus dĂ©lurĂ©. Je le regrette un petit peu. Peut-ĂȘtre est-ce dĂ» Ă la place laissĂ©e Ă la politique ? En tout cas, jâai moins souri quâaux plus grandes heures de la saga.
Sur le plan graphique, cet opus remplit aisĂ©ment le cahier des charges. Le trait dâAdrien Floch correspond parfaitement au ton crĂ©Ă© par le scĂ©nario dâArleston. Le dessinateur maĂźtrise autant les personnages que les dĂ©cors. Il arrive Ă©galement Ă gĂ©rer avec talent les scĂšnes dâaction que ce soit des poursuites ou des combats. Son style participe activement Ă lâatmosphĂšre dynamique de lâensemble.
Pour conclure, « Les clefs du nĂ©ant » marque une Ă©volution positive de la sĂ©rie. Sans atteindre la rĂ©ussite des premiers Ă©pisodes, il se montre plus agrĂ©able que les derniers en date. Il ne reste donc plus quâĂ espĂ©rer quâil ne sâagit pas dâun feu de paille et que la suite confirmera cette progression. Mais cela est une autre histoireâŠ
Note : 11/20