Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars – Jeff Smith

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Titre : Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1996


« Bone » a Ă©tĂ© l’une de mes plus grandes surprises de lecture. Ce comics mĂ©langent autant les codes graphiques que les genres dans une fusion de trĂšs grande qualitĂ©. On y retrouve des bones, personnages de cartoon exilĂ©s de Boneville, qui arrivent dans une vallĂ©e teintĂ©e d’hĂ©roĂŻc-fantasy. Le dĂ©but de l’histoire est trĂšs lĂ©gĂšre, pleine d’humour, bien que dĂ©jĂ  les rats-garous sĂšment le trouble. Le tout est publiĂ© chez Delcourt. Je prends ici pour rĂ©fĂ©rence la premiĂšre version publiĂ©e en noir et blanc.

Smiley et Phoney, suite aux paris truquĂ©s, sont obligĂ©s de travailler pour Mamie Ben, puis pour Lucius. Les voilĂ  donc Ă  la ferme pour reconstruire le tout aprĂšs l’attaque des rats-garous. Si Smiley est toujours de bonne humeur, Phoney cherche Ă  tout prix un moyen de repartir Ă  Boneville couvert d’or. ProblĂšme : Fone Bone est amoureux de la belle Thorn et sa motivation de retour d’exil est toute relative


L’ambiance est encore Ă  la “bone” humeur

Dans ce troisiĂšme tome, l’ambiance est encore Ă  la bonne humeur. Les trois bones sont ensemble et les situations cocasses sont lĂ©gions. Mais les rĂȘves s’invitent aussi bien chez Thorn que chez Fone Bone. Les enjeux rĂ©els restent ici encore flous mais le mystĂšre s’épaissit et titille notre curiositĂ©. Ce tome reste l’un des plus courts parus, l’histoire avance donc peu. A la fin de l’ouvrage, les bones sont une nouvelle fois sĂ©parĂ©s, laissant prĂ©sager de nouvelles pĂ©ripĂ©ties.

Clairement, le dĂ©but de cette Ă©popĂ©e est la partie que je prĂ©fĂšre. MĂȘlant humour, suspense et aventure, c’est un cocktail dĂ©tonnant ! C’est toujours le cas ici oĂč, aprĂšs des passages trĂšs drĂŽles, une scĂšne vient nous rappeler que l’heure est Ă  l’inquiĂ©tude
 Ce sont les derniers moments d’insouciance avant que les problĂšmes n’arrivent


Concernant le dessin, ce tome est particuliĂšrement beau. En effet, une bonne partie de l’histoire se passe en pleine averse et en pleine nuit, donnant lieu Ă  des planches en noir et blanc de toute beautĂ©. Jeff Smith est ici au sommet. Son trait au pinceau est une merveille. L’environnement est pourtant trĂšs simple (la forĂȘt et la ferme
), mais parfaitement rendu. Et surtout, l’auteur parvient Ă  mixer dessin cartoon et rĂ©aliste avec une aisance stupĂ©fiante. Du grand art.

Jeff Smith a pris son rythme de croisiĂšre avec ce « RĂȘves et cauchemars ». Les enjeux ne sont pas encore trĂšs clairs pour le lecteur, mais la tension monte lentement


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Note : 19/20

Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T6 : L’ennemi de mon ennemi
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : FĂ©vrier 2014


Lors de sa naissance, « Ralph Azham » s’est vu reprochĂ© d’ĂȘtre un sous-« Donjon ». En effet, le fait que Lewis Trondheim crĂ©e une sĂ©rie humoristique inscrite dans un univers de fantasy incitait naturellement Ă  faire un parallĂšle avec la saga tentaculaire « Donjon ». Cette derniĂšre possĂšde une place particuliĂšre dans le neuviĂšme art des deux derniĂšres dĂ©cennies. Ces afficionados dont je fais partie lui vouent une affection certaine. Les premiĂšres aventures de ce nouvel hĂ©ros prĂ©nommĂ© Ralph donnaient l’impression d’utiliser les mĂȘmes ficelles que celles de ces prĂ©dĂ©cesseurs Herbert et Marvin sans atteindre leurs auras. NĂ©anmoins, au fur et Ă  mesure que les annĂ©es passent, les tomes paraissent et permettent Ă  cette nouvelle sĂ©rie de voir sa propre identitĂ© prendre de l’épaisseur. La rarĂ©faction des parutions d’épisodes de « Donjon » facilite la chose. « Ralph Azham » se compose maintenant de six tomes dont le dernier est paru le six fĂ©vrier dernier chez Dupuis. Vendu au prix de douze euros, il nous offre une couverture nous immergeant au beau milieu d’une bataille de grande ampleur dans laquelle notre hĂ©ros n’a pas l’air au mieux. Il ne restait plus qu’à s’y plonger pour en savoir davantage


Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant des enjeux de cet opus : « Les oracles, ça ne raconte pas de bobards : conformĂ©ment Ă  leurs prĂ©dictions, Ralph a bel et bien dĂ©capitĂ© le terrible Vom Syrus. Ou plutĂŽt son sosie empaillĂ©, utilisĂ© par le roi pour entretenir la lĂ©gende
 PrivĂ© de l’alliance qu’il voulait nouer avec cet homme de paille et de retour sur les terres d’Astolia, Ralph va devoir trouver son pĂšre, une nouvelle stratĂ©gie, et un pantalon agrĂ©able ! Car l’aventure ne s’arrĂȘte pas pour la petite bande qui va dĂ©couvrir que les ennemis de nos ennemis ne sont souvent que d’autres
 ennemis ! »

Jouer avec humour des codes de la fantasy

Je dĂ©conseille Ă  tout lecteur de dĂ©couvrir cet album sans avoir lu les cinq prĂ©cĂ©dents de la sĂ©rie. Les tomes s’enchainent comme les chapitres d’un roman. Nous sommes bien loin de notre rencontre avec le hĂ©ros quand il Ă©tait un paria dans son propre village, perdu au milieu de nulle part. Depuis, il a fait bien des rencontres et a vu sa cĂ©lĂ©britĂ© grandir au grĂ© des Ă©vĂ©nements. « Ralph Azham » s’adresse Ă  un public large. L’auteur joue avec humour des codes de la fantasy.

Le cinquiĂšme tome s’est conclu par une vraie rĂ©vĂ©lation imprĂ©vue. Elle remettait en cause beaucoup des enjeux et des repĂšres jusqu’alors mis en place. Le grand mĂ©chant Von Syrus n’existait pas. Le roi semblait avoir crĂ©Ă© un mĂ©chant de toute piĂšce. C’est donc pour cela que nous assistons au retour de notre petit groupe vers leur lĂ©gendaire ennemi pour obtenir des explications. Sur ce plan-lĂ , le lecteur s’interroge tout autant. Notre curiositĂ© est mĂ©caniquement attisĂ©e tant cette dĂ©couverte scĂ©naristique. La trame du tome se dĂ©compose grossiĂšrement en deux parties. La premiĂšre dĂ©crit le retour Ă  Astolia, la seconde s’avĂšrera ĂȘtre une grande bataille avec Ralph dans le rĂŽle principal.

ralphazham6bCette intrigue ne s’avĂšre pas trĂšs intense. Le trajet vers la capitale n’est qu’une succession de rencontres et d’évĂ©nements sans grand intĂ©rĂȘt. Certes, ils sont autant d’occasion pour l’auteur de distiller une ou deux vannes bien senties. Je ne vous dis que je n’ai pas souri quelques fois au cours des pĂ©rĂ©grinations de Ralph et ses amis. NĂ©anmoins, l’ensemble manque de rythme et a un cĂŽtĂ© presque « encroĂ»tĂ© ». Trondheim a beau donnĂ© une place intĂ©ressante au pĂšre du hĂ©ros et son projet de rĂ©sistance, il n’arrive rĂ©ellement Ă  gĂ©nĂ©rer une montĂ©e en puissance vers le combat final. C’est dommage.

Comme je l’évoque prĂ©cĂ©demment, Ă  la maniĂšre de bon nombre de blockbuster, cet opus se termine sur une grande guerre. Je n’ai rien contre ce choix. Par contre, dans le sens oĂč cette scĂšne finale s’étale sur une vingtaine de pages, il est indispensable qu’elle soit originale, cadencĂ©e et spectaculaire. Je ne trouve pas que cela soit le cas dans « L’ennemi de mon ennemi ». MalgrĂ© tout l’affection que j’ai pour lui, je ne trouve pas que Trondheim arrive Ă  structurer sa scĂšne d’action finale. Les combats ne rebondissent pas, l’enchainement des diffĂ©rents duels ou assauts est brouillon. Bref, j’ai Ă©tĂ© assez déçu. Alors que cet album avait les ingrĂ©dients pour se conclure sur un feu d’artifice plein d’espoir pour la suite, il se conclue sur un sentiment mitigĂ©. J’avais l’impression que les vingt derniĂšres pages auraient pu ĂȘtre synthĂ©tisĂ©es en moins de dix, ce qui aurait permis de construire davantage le dĂ©nouement.

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Pour conclure, ce tome est loin d’ĂȘtre mon prĂ©fĂ©rĂ© de la sĂ©rie. Je trouve qu’il ne laisse pas beaucoup de place Ă  l’humour tant dans les situations que dans les dialogues. ParallĂšlement, l’intrigue n’avance pas non plus Ă  un rythme effrĂ©nĂ©. L’ensemble apparaĂźt brouillon et diluĂ©. L’attrait est prĂ©servĂ© par l’empathie pour les personnages et par quelques moments trĂšs rĂ©ussis, fruits du talent de son auteur. De plus, les dessins de Trondheim sont simples et sympathiques et rendent ainsi aisĂ© et agrĂ©able la lecture. Le travail sur les couleurs de Brigitte Findakly n’est pas rĂ©volutionnaire mais participe Ă  l’atmosphĂšre graphique de l’ensemble. Je pense donc que « L’ennemi de mon ennemi » n’est pas l’épisode le plus marquant de la saga. Mais cette lĂ©gĂšre dĂ©ception ne m’empĂȘchera pas d’attendre la parution du prochain tome. Je reste toujours curieux de savoir vers oĂč tout cela nous mĂšne


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Note : 11/20

Ralph Azham, T5 : Le pays des dĂ©mons bleus – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T5 : Le pays des démons bleus
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mai 2013


C’est peu de dire que Lewis Trondheim occupe une place Ă  part dans mon panthĂ©on de la bande-dessinĂ©e. Son Ɠuvre riche et magistrale m’a fortement influencĂ© et m’a donnĂ© envie de me mettre Ă  la bande-dessinĂ©e en tant qu’auteur. Mais depuis quelques annĂ©es, le fer de lance de la gĂ©nĂ©ration de L’Association a baissĂ© le pied et publie beaucoup moins. Sa derniĂšre sĂ©rie en date, « Ralph Azham », avait plus ou moins déçu tant sa parentĂ© avec « Donjon » l’empĂȘchait de prendre pleinement son envol. Mais avec le quatriĂšme tome, cette sĂ©rie trouvait un souffle salvateur qui nous donnait de l’espoir pour la suite. « Le pays des dĂ©mons bleus », le cinquiĂšme opus, allait-il confirmer le regain de forme de « Ralph Azham » ?

Ralph a quittĂ© le royaume d’Astolia. Il recherche l’ennemi hĂ©rĂ©ditaire, Vom Syrus, afin de renverser le roi d’Astolia. On retrouve donc la joyeuse bande sur un bateau, en partance pour le continent. Etant donnĂ© que l’on est au cinquiĂšme tome, on commence Ă  se rapprocher de la fin et cela se sent. Ralph, que l’on a connu misĂ©rable, accepte son rĂŽle et prend de l’ampleur. Sa relation avec Yassou (sĂ»rement le personnage le plus rĂ©ussi de cette bande-dessinĂ©e) Ă©volue et mĂ»ri pour notre plus grand plaisir.

Une série qui se bonifie aprÚs plusieurs lectures.

Lewis Trondheim continue son exploration de l’hĂ©roĂŻc fantasy plus ou moins dĂ©tournĂ©e. Il faut bien avouer que l’homme possĂšde une patte particuliĂšre, un sens du dialogue qui n’est qu’à lui. Cependant, Ă  force de lire l’auteur, on est moins surpris. Difficile de dire si c’est l’habitude ou une baisse de rĂ©gime de Trondheim. Heureusement, l’histoire tient la route et est prenante. Pas d’impression de dilution ici. Les bonnes idĂ©es sont lĂ©gions et derriĂšre l’humour, la duretĂ© de l’univers est rĂ©elle. A la fermeture de l’ouvrage, on ressent l’envie de lire la suite, on sent que le tout avance et se rapproche d’un dĂ©nouement. Trondheim a su mĂ©nager quelques surprises Ă  son lecteur. « Ralph Azham » est une sĂ©rie qui se bonifie aprĂšs plusieurs lectures. Les dĂ©tails et les subtilitĂ©s ne se dĂ©voilent pas toujours au premier abord.

Au niveau du dessin, Trondheim dĂ©veloppe son trait animalier classique. Au fil des ans, son dessin s’est enrichi (notamment au niveau des dĂ©cors. Le tout est fluide et dense, efficace. C’est un vĂ©ritable plaisir. Au niveau des couleurs, j’ai Ă©tĂ© moins sĂ©duit. Le nouveau continent est plus colorĂ©, plus vif. Et au final, je trouve l’ambiance un peu moins forte que dans les premiers tomes. Cela reste un dĂ©tail, car les couleurs sont quand mĂȘme un des points forts de cette sĂ©rie.

Ce cinquiĂšme tome de « Ralph Azham » tient ses promesses. De la fantasy avec de l’humour Trondheim, cela reste un plaisir. L’épilogue semble se profiler. En espĂ©rant qu’il ne tarde pas trop Ă  arriver !

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Note : 14/20

Ralph Azham, T4 : Un caillou n’apprend jamais rien – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T4 : Un caillou enterrĂ© n’apprend jamais rien
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Octobre 2012


Le troisiĂšme tome de « Ralph Azham » annonçait la fin du premier cycle. Pourtant, Ă  la fermeture du livre, ce n’était pas bien Ă©vident. Je n’étais pas pleinement sĂ©duit par cette histoire et j’hĂ©sitais donc fortement Ă  continuer l’aventure avec ce nouveau cycle, du moins ce quatriĂšme tome intitulĂ© « Un caillou enterrĂ© n’apprend jamais rien ». Mais le tout Ă©tant dessinĂ© et scĂ©narisĂ© par Lewis Trondheim, j’ai craqué 

« Ralph Azham » reprĂ©sentera, pour toute personne connaissant l’Ɠuvre de Trondheim, comme un « Donjon bis en moins bien ». LĂ  oĂč « Donjon » se permettait tout, « Ralph Azham » est plus consensuel. Sa publication chez Dupuis (et dans le magazine Spirou) l’explique amplement. Ainsi donc, on se retrouve avec un monde de fantasy classique, mais malmenĂ© en permanence. C’est le personnage de Ralph, trĂšs cynique, qui sert de catalyseur aux clins d’Ɠil de l’auteur. Ce dernier est l’élu, poursuivi par toutes les milices de tous les pays. Il est Ă©paulĂ© de son ami magicien avec qui il se dispute souvent, Ralph ne respectant que peu les croyances des autres. Nos deux compĂšres entrent Ă  Octania afin d’essayer d’embarquer sur un bateau et se rendre sur l’üle de Vom Syrus, pour lui demander son aide.

Un lieu = un tome

On a clairement affaire Ă  un tome de transition ici. En effet, Ă  la fin du livre, Ralph quittera Ă  peine Octania. MĂȘme s’il dĂ©tourne les codes du genre, Trondheim s’y perd Ă©galement. Un lieu = un tome. On dĂ©couvre les us et coutumes du coin, le hĂ©ros perturbe l’écosystĂšme local puis s’en va.

Il serait cependant rĂ©ducteur d’aborder ce tome ainsi. Si la notion de cycle n’est pas Ă©vidente, elle se retrouve dans les personnages. Ainsi, les premiers tomes Ă©taient beaucoup basĂ©s sur la sƓur de Ralph. Ici, Ralph va rencontrer de nouveaux personnages qui changent fortement le ton de l’album. Il faut bien avouer que le tout est sacrĂ©ment prenant. Trondheim semble avoir pris son rythme et ce tome ne paraĂźt pas du tout diluĂ©. Cela m’a redonnĂ© foi dans cette sĂ©rie. MĂȘme si les enjeux rĂ©els de l’histoire semble bien mineurs ici (comme dans les premiers « Donjon » d’ailleurs), force est de constater qu’il y a beaucoup de bonnes idĂ©es et que les personnages commencent Ă  devenir vraiment sympathiques et attachants (il Ă©tait temps
).

Au niveau du dessin, on retrouve le dessin animalier de Lewis Trondheim. Le tout est maĂźtrisĂ© et certains dĂ©cors sont vraiment beaux. La mise en couleur, vive, met bien en valeur le trait de Trondheim. Il est Ă  noter qu’il y a une forte densitĂ© de cases par page, l’auteur aimant beaucoup insĂ©rer des silences lorsque les personnages dialoguent, ce qui apporte une vraie subtilitĂ© aux comportements.

Au final, ce quatriĂšme tome est une agrĂ©able surprise. Je ne regrette absolument pas d’avoir assouvi mes pulsions consumĂ©ristes. J’espĂšre juste que l’histoire prendra une ampleur un peu plus importante par la suite. Car si les dialogues, les actions accrochent le lecteur Ă  la lecture, parfois on s’arrĂȘte quelques secondes en se demandant « mais pourquoi ils sont lĂ  d’ailleurs ? ». Si vous avez apprĂ©ciĂ© un tant soit peu les premiers tomes, n’hĂ©sitez pas Ă  continuer l’aventure.

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Note : 14/20

Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T3 : Noires sont les Ă©toiles
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Avril 2012


« Noires sont les Ă©toiles » est le troisiĂšme tome de « Ralph Azham ». Cet album marque la fin du premier cycle comme cela est indiquĂ© sur la couverture. EditĂ© chez Dupuis, cet ouvrage est paru il y a quelques mois. Il est vendu pour un prix avoisinant les douze euros. J’avais dĂ©cidĂ© de m’intĂ©resser Ă  cette sĂ©rie par le seul nom de son auteur. En effet, Lewis Trondheim occupe une place particuliĂšre dans mon cƓur de bĂ©dĂ©phile. « Les formidables aventures de Lapinot » et « Donjon » sont ses plus cĂ©lĂšbres productions. Mais « Les petits riens », « Bludzee », « Fennec » ou « Moins d’un quart de seconde pour vivre » sont autant d’albums assez uniques dans leur atmosphĂšre ou leur originalitĂ©. Les deux premiers opus de « Ralph Azham » Ă©taient sympathiques sans ĂȘtre mĂ©morables. J’espĂ©rais que « Noires sont les Ă©toiles » fasse changer cette saga de braquet.

Le rĂ©sumĂ© suivant est issu du site BdGest : « Ralph, toujours accompagnĂ© par les magiciens Yassou et maĂźtre Migachi, a dĂ©cidĂ© de voler la couronne de Tanghor, dont le pouvoir pourrait rendre la mĂ©moire Ă  sa sƓur. Il s’associe Ă  trois voleurs rencontrĂ©s sur le bord de la route et se rend Ă  Onophalae, oĂč la couronne magique est conservĂ©e en haut d’un pic particuliĂšrement bien protĂ©gĂ©. Du moins pour le commun des mortels, car rien ne rĂ©siste aux mĂ©thodes non-conventionnelles de Ralph. De son cĂŽtĂ©, le pĂšre de Ralph, qui a survĂ©cu Ă  l’effondrement du barrage, s’installe Ă  Astolia, oĂč il ouvre une boutique de gĂąteaux-surprises, dans l’espoir que son fils s’y rejoindra. Mais il n’est pas le seul Ă  l’y attendre : nombreux sont ceux qui aimeraient toucher la prime promise pour sa capture ! »

Le premier tome avait pour objectif de nous prĂ©senter le hĂ©ros, Ralph, et l’univers dans lequel il allait Ă©voluer. On dĂ©couvre qu’il est paria dans son propre village. Il est nĂ© avec les cheveux bleus, signe local d’ĂȘtre un Ă©lu. On est alors vouĂ© Ă  un destin prestigieux. Mais Ralph n’a pas Ă©tĂ© admis et est donc revenu marquĂ© par son Ă©chec chez lui. Tous ses amis lui tournent le dos. Il est tout juste bon Ă  dormir au milieu des cochons. Mais un Ă©vĂ©nement fait que son village est dĂ©truit. Il dĂ©cide alors de partir accompagnĂ© d’un enfant. Le second tome le voit se regrouper avec tous les enfants aux cheveux bleus, chacun possĂ©dant un pouvoir particulier qui dĂ©cidera de sa fonction prochaine. Mais ils se trouvent au centre d’un guet-apens et doivent Ă  nouveau s’enfuir. Mais le rĂ©el Ă©vĂ©nement de cet opus est la rencontre d’une jeune fille, chef de l’armĂ©e. Elle serait peut-ĂȘtre la sƓur que Ralph croyait disparue. Mais cette derniĂšre n’y croit pas. C’est pourquoi il dĂ©cide de partir en quĂȘte de la couronne de Tanghor dans ce troisiĂšme tome


Une Ă©volution positive

J’avais trouvĂ© les deux premiers tomes un petit peu fouillis. Trondheim donnait l’impression de vouloir construire un univers relativement complexe. Mais on avait tendance Ă  se noyer sous les informations au dĂ©triment du cĂŽtĂ© drĂŽle et dĂ©calĂ© des personnages et des dialogues qui font le succĂšs de l’auteur. J’espĂ©rais donc que « Noires sont les Ă©toiles » se montrent plus structurĂ© et linĂ©aire sur le plan narratif pour laisser une place dans la lumiĂšre Ă  ses protagonistes. Je trouve que l’évolution est positive. La trame principale est simple. Il faut retrouver une couronne qui permet de retrouver la mĂ©moire. Dans un second temps, il s’agira de la faire porter Ă  celle que Ralph pense ĂȘtre sa sƓur. Cela offre une unitĂ© de lieu qui permet de retrouver tous les personnages des deux premiers opus dans un mĂȘme endroit. Cela Ă©vite les voyages permanents qui remplissaient l’album prĂ©cĂ©dent.

Le fait qu’on ne quitte pas Astolia dans la deuxiĂšme partie de l’histoire permet de nombreuses interactions entre les personnages. Cela laisse donc une plus grande place aux dialogues. Trondheim laisse libre cours Ă  son talent et nous offre des moments vraiment drĂŽles. Il retrouve un petit peu la magie de « Donjon » qui est culte dans la fantasy dĂ©calĂ©e. Il joue avec les codes du genre. Objets magiques, pouvoir, malĂ©diction
 Rien n’est oubliĂ©. Le rythme de narration est assez soutenu et nous ne offre aucun rĂ©el temps mort. En ce sens, « Noires sont les Ă©toiles » est, Ă  mes yeux, le meilleur des trois tomes de la sĂ©rie. En simplifiant l’ensemble, Trondheim fait naitre un album plus passionnant et drĂŽle que les prĂ©cĂ©dents qui Ă©taient plus confus. On en apprend davantage Ă©galement sur le monde dans lequel se dĂ©roule l’histoire. On rencontre le roi par exemple.

Les dessins sont Ă©galement le fruit du trait de Trondheim. Son style est reconnaissable dĂšs le premier coup d’Ɠil. Je vous avoue que j’en suis friand. Le trait est simple et rend les planches faciles d’accĂšs. Cela n’empĂȘche pas les cases d’ĂȘtre pleines de dĂ©tails et habitĂ©es d’une vraie atmosphĂšre. Les dĂ©cors ne sont pas nĂ©gligĂ©s et participent Ă  la crĂ©ation de l’univers qui abrite la trame. De plus, les personnages sont tous facilement reconnaissables et possĂšdent chacun leur identitĂ© graphique soit par leur caractĂšre soit par leur physique. Enfin, le travail de Brigitte Findakly sur les couleurs est excellent et donne Ă  l’ensemble un aspect visuel trĂšs attractif.

En conclusion, « Noires sont les Ă©toiles » est un ouvrage honnĂȘte qui marque une progression dans la sĂ©rie. Il se lit avec plaisir. On ne s’ennuie jamais mĂȘme si on n’est pas aussi transportĂ© que dans « Donjon ». NĂ©anmoins, le premier cycle Ă©tant terminĂ©, on se doute qu’un second verra le jour. Je n’hĂ©siterai pas Ă  guetter sa parution pour suivre les aventures de Ralph. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Ralph Azham, T2 : La mort au dĂ©but du chemin – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T2 : La Mort au DĂ©but du Chemin
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Août 2011


« Ralph Azham » est une sĂ©rie de fantasy crĂ©Ă©e par Lewis Trondheim sur le mode de « Donjon ». L’univers est quasi-identique. Il est Ă©tonnant de voir Trondheim se lancer dans une sĂ©rie si proche de celle qu’il avait initiĂ©e avec Sfar. La publication chez Dupuis (et en prĂ©publication chez Spirou Magazine) explique peut-ĂȘtre cela.

Le tome 2, « La mort au dĂ©but du chemin », fait suite Ă  l’introduction. On suit toujours l’histoire de Ralph, un Ă©lu puisque ses cheveux devenus bleus. On le retrouve en voyage avec ses autres jeunes acolytes. Evidemment, les problĂšmes vont se succĂ©der Ă  une vitesse vertigineuse ! Il faut dire que Ralph fait tout pour les attirer. Son personnage, sorte de double d’Herbert (dans Donjon) est cynique et blasĂ©. Peut-ĂȘtre plus courageux et plus Ă  mĂȘme Ă  rĂ©agir aux Ă©vĂšnements.

Une comparaison avec “Donjon” cruelle mais inĂ©vitable

La magie devient rĂ©ellement un fondamental de « Ralph Azham » dans ce tome. Ralph rencontre d’autres magiciens et les pouvoirs des uns et des autres s’étoffent, prennent de l’ampleur. Les combats sont plus impressionnants. Clairement, l’histoire dĂ©marre rĂ©ellement ici mĂȘme si les tenants et les aboutissants sont encore trĂšs flous. Ce qui empĂȘche quelque peu de se lancer pleinement dans la lecture. On ressent une forme de recul sur l’histoire. Les deux premiers tomes paraissent presque indĂ©pendants et Ă  la fin de celui-ci, on a l’impression que ce sera pareil pour le suivant. Il faut dire que les personnages du premier tome ne sont pas (encore ?) rĂ©utilisĂ©s. On dĂ©marre donc sur de nouvelles bases.

Certes la comparaison avec « Donjon » est peut-ĂȘtre cruelle mais elle est inĂ©vitable. Si on retrouve la qualitĂ© d’écriture de Trondheim un peu comme on retrouve un vieil ami, il n’y a cependant pas la densitĂ© et le charisme des personnages de « Donjon ». Les trouvailles sont toujours originales, bien pensĂ©es et exploitĂ©es, les dialogues toujours aussi dĂ©calĂ©s et force est de constater qu’on lit la BD d’une traite. Mais Trondheim nous a tellement habituĂ©s Ă  l’excellence que c’est difficile d’accepter de se retrouver avec « seulement » une bonne BD dans les mains !

Au niveau du dessin, on retrouve le style reconnaissable de l’auteur. Brigitte Findakly, sa femme, s’occupe des couleurs. Il faut avouer que les teintes de l’ensemble tirent vers les couleurs froides donnant par moment une ambiance particuliĂšre Ă  l’ensemble. « Donjon » Ă©tait trĂšs chaud dans ses couleurs. Ici, c’est moins le cas.

Mon avis peut paraĂźtre un peu dur et je l’attĂ©nue quelque peu. Lors de ma premiĂšre relecture, j’ai apprĂ©ciĂ© beaucoup plus l’univers de ce « Ralph Azham ». Les dialogues sont bien tournĂ©s, les idĂ©es foisonnent et l’histoire regorge de nombreux dĂ©tails. Peut-ĂȘtre que cette sĂ©rie est moins typĂ© humoristique que « Donjon ». Il s’en dĂ©gage une certaine mĂ©lancolie (notamment chez Ralph) qui peut expliquer une premiĂšre impression peu flatteuse. Cependant, aprĂšs deux tomes, on ne sait pas vraiment oĂč Trondheim veut nous emmener. Attention Ă  ne pas trop nous faire attendre !

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Note : 13/20

Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T1 : Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ?
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mars 2011


« Ralph Azham » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e de l’imagination du cĂ©lĂšbre et talentueux Lewis Trondheim. Le premier tome intitulĂ© « Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ? » est sorti le mois dernier. EditĂ© chez Dupuis, cet opus de format classique est composĂ© d’une grosse quarantaine de pages. Sur un fond blanc, la couverture nous prĂ©sente une galerie de personnages originaux tournant autour d’un jeune homme aux cheveux bleus et dont les mains sont attachĂ©es Ă  un poteau. Le prix de l’ouvrage est un petit peu infĂ©rieur Ă  douze euros.

Ralph Azham vit dans un village dans lequel il possĂšde le statut de souffre-douleur. Toutes les occasions sont bonnes pour le punir, le torturer ou le frapper. Il faut dire que ce cher Ralph possĂšde un pouvoir bien particulier. Il peut voir les morts et les naissances. Bref, pour lui, le quotidien est rarement rose et bien trop souvent noir et dur. Mais dĂ©jĂ  que la vie n’est pas facile, voilĂ  que le village va ĂȘtre attaquĂ© par la Horde, une troupe sanguinaire qui pris l’habitude de terroriser les habitants


Il faut savoir que je suis un grand fan de Lewis Trondheim. Je possĂšde une grande partie de ses productions. Et rares sont les lectures de l’une d’entre elles qui ne m’ont pas enthousiasmĂ©. Cela fait que la seule prĂ©sence de son nom sur une couverture de bandes dessinĂ©es fait que je m’offre l’album en question. La couverture laissait sous-entendre une nouvelle immersion de l’auteur dans l’univers de « l’HĂ©roĂŻc Fantasy ». C’était plutĂŽt une bonne nouvelle car son premier voyage dans le domaine a donnĂ© naissance Ă  la grande saga « Donjon » qui est une des Ɠuvres majeures de la derniĂšre dĂ©cennie dans le neuviĂšme art français. J’avais donc hĂąte de dĂ©couvrir ce cher Ralph. Pour ceux qui n’auraient pas encore la chance de connaĂźtre la magie de Trondheim, sachez qu’elle s’adresse Ă  tous les publics. Cet album rĂ©pond Ă©galement Ă  cette rĂšgle.

On frĂŽle parfois l’indigestion.

Cet album marque le dĂ©but d’une nouvelle sĂ©rie. Les personnages nous sont donc inconnus tout autant d’ailleurs que l’univers dans lequel ils vivent ou que les rĂšgles qui rĂ©gulent leur monde. C’est un attrait toujours certain des premiers opus de sĂ©ries de « Fantasy ». On est toujours Ă  la recherche de la petite originalitĂ© qui va nous rendre ce monde si sympathique. On ne peut pas dire que cet album se dĂ©marque vraiment des habitudes du genre. L’attrait rĂ©side davantage dans le fait que Trondheim veuille jouer avec les codes du genre. Le bĂ©mol est que j’ai trouvĂ© la trame trĂšs brouillonne. On a parfois l’impression que cela part dans tous les sens. Les informations sont nombreuses, les chemins variĂ©s. Mais au final, on frĂŽle parfois l’indigestion. J’ai en effet eu du mal Ă  me plonger dans le quotidien de Ralph Azham. Je suis restĂ© spectateur parce que la porte d’entrĂ©e Ă©tait peut-ĂȘtre un petit peu trop obstruĂ©e.

CĂŽtĂ© personnages, Trondheim nous en offre une galerie assez fournie. Le premier d’entre eux donne le nom Ă  la sĂ©rie. Il s’agit de Ralph Azham. On ressent un petit peu d’empathie pour lui. En effet, le fait que le village lui fasse porter tous les malheurs du monde avec un certain sadisme fait qu’on ne peut ĂȘtre que de son cĂŽtĂ©. Le fait que l’histoire se dĂ©roule dans une petite communautĂ© fait qu’on voit rapidement graviter un nombre certain de personnages identifiables. C’est une rĂ©ussite de l’ouvrage car cela nous permet quand mĂȘme de visualiser assez rapidement le fonctionnement local. Je ne vous les prĂ©sente pas tous parce qu’une partie du plaisir de la lecture rĂ©side dans la surprise et la dĂ©couverte.

CĂŽtĂ© atmosphĂšre, je ne l’ai pas trouvĂ© trĂšs prenante. Au risque de me rĂ©pĂ©ter, je trouve que la narration est trop brouillonne pour rendre notre immersion totale. Je pense que structurer davantage les informations en les allĂ©geant Ă©ventuellement aurait permis de donner davantage d’épaisseur aux personnages et ainsi de dĂ©velopper nos sentiments Ă  leurs Ă©gards. Ce n’est que mon point de vue mais c’est en tout cas ce que j’ai ressenti. C’est dommage car certaines scĂšnes sont vraiment trĂšs rĂ©ussies. Trondheim dĂ©montre une nouvelle fois son talent pour faire rire en tout occasion. Certaines rĂ©pliques sont remarquables de drĂŽlerie. NĂ©anmoins, on ne retrouve pas la densitĂ© humoristique que contiennent certains Ă©pisodes de « Donjon ».

Concernant les dessins, je les trouve remarquables. Il faut dire que je trouve le style de Trondheim trĂšs agrĂ©ables. D’apparence trĂšs simple et quasiment enfantin, ils collent parfaitement au ton de l’histoire. Ils rendent la lecture aisĂ©e pour tout type de public. Pour des raisons Ă©quivalentes, les couleurs sont bien dosĂ©es. J’en profite pour signaler la qualitĂ© du travail dans ce domaine de Brigitte Findakly qui s’en est chargĂ©e dans cet opus. Le dĂ©coupage des cases est classique. Chaque page est composĂ©e de quatre lignes dĂ©coupĂ©es chacune en une Ă  quatre cases. Sur ce plan-lĂ , la lecture ne nĂ©cessite pas de gymnastique particuliĂšre.

Au final, cet opus m’a laissĂ© un sentiment mitigĂ© une fois terminĂ©. Je ne peux pas dire qu’il ne m’a pas fait passer un moment agrĂ©able. J’ai souvent ri, j’ai Ă©galement trouvĂ© certains dialogues ou certaines scĂšnes savamment tournĂ©s. Par contre, je n’ai pas eu l’envie, comme souvent avec Trondheim, de me plonger au plus vite dans l’album tout juste terminĂ©. Peut-ĂȘtre en attendais-je trop ? MalgrĂ© tout, je n’ai pas passĂ© un moment dĂ©sagrĂ©able en le dĂ©couvrant. Mais il n’est pas Ă  la hauteur des sĂ©ries comme « Lapinot » ou « Donjon ». Cela ne m’empĂȘchera pas de m’offrir le prochain opus de cette sĂ©rie pour dĂ©couvrir les nouvelles aventures de ce pauvre Ralph Azham


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Note : 12/20

Donjon CrĂ©puscule, T111 : La fin du donjon – Lewis Trondheim, Joann Sfar & Mazan

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Titre : Donjon crépuscule, T111 : La fin du donjon
Scénaristes : Lewis Trondheim & Joann Sfar
Dessinateur : Mazan
Parution : Mars 2014


 « La Fin du Donjon »  Le titre du tome 111 de « Donjon CrĂ©puscule » est sans Ă©quivoque : c’est la fin ! La grande aventure nĂ©e de l’imagination de Lewis Trondheim et Joann Sfar allait vivre Ă  son dĂ©nouement. La lecture du tome prĂ©cĂ©dent « Haut Septentrion » nous prĂ©sentait un premier angle de vue sur le combat final qui concluait la saga. Mais « La Fin du Donjon » conte les Ă©vĂ©nements perçus Ă  travers Marvin et Herbert, les deux hĂ©ros lĂ©gendaires. Les deux auteurs ont confiĂ© les dessins Ă  Mazan, dĂ©jĂ  vu sur le premier Ă©pisode de « Donjon Monsters ». Sorti chez Delcourt, en mars dernier, l’album Ă©tait prĂ©sentĂ© par une trĂšs jolie couverture. On y dĂ©couvrait les ruines du Donjon dans lesquelles la nature reprenait le dessus. J’ai trouvĂ© cette illustration trĂšs rĂ©ussie. J’espĂ©rais que le reste de la lecture serait Ă  la hauteur et offrirait Ă  « Donjon » une conclusion brillante.

« Plus les Ăźlots de Terra Amata montent, moins il y a d’oxygĂšne. Tandis que Marvin Rouge et Zakutu tentent de protĂ©ger les objets du Destin, Herbert et le Roi PoussiĂšre sont obligĂ©s de faire allĂ©geance Ă  l’EntitĂ© noire afin d’obtenir le prĂ©cieux oxygĂšne. La fin du Donjon n’a jamais Ă©tĂ© aussi proche ! Mais la rĂ©sistance est en marche. » VoilĂ  le rĂ©sumĂ© offert par le site BD Gest’. A mes yeux, il prĂ©sente clairement les enjeux pour tout lecteur rĂ©gulier de la sĂ©rie.

Il est Ă©vident qu’essayer de lire cet album sans connaĂźtre les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents est une mission impossible. Il n’y a pas de piqĂ»re de rappel. Les auteurs plongent immĂ©diatement dans le dur. L’histoire peut ĂȘtre perçue comme un spin off de « Haut Septentrion ». Il faut au moins avoir entiĂšrement lu le cycle « Donjon CrĂ©puscule » qui relate la fin du Donjon. Il se compose actuellement d’une dizaine d’ouvrages.

Un rythme effréné

Un des dĂ©fauts que ne possĂšde pas cet album est le fait de ne pas ĂȘtre habitĂ© par des temps morts. Le rythme est effrĂ©nĂ©. Les Ă©vĂ©nements s’enchainent. L’action est de sortie. Mazan a un gros travail d’illustration Ă  faire pour faire ressentir le mouvement perpĂ©tuel qui accompagne les pĂ©rĂ©grinations d’Herbert et Marvin. Ils n’arrĂȘtent pas de courir aux quatre coins de Terra Amata. Le trait de l’auteur traduit assez bien cette sensation de course permanente contre la montre. Le lecteur n’a jamais le temps de souffler. NĂ©anmoins, j’apporterais un bĂ©mol. L’ensemble m’apparait brouillon. J’ai parfois eu la sensation que scĂ©nario Ă©tait un cousin du diable de Tasmanie. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able dans l’ensemble mais cela m’a essoufflĂ© par moment.

Le dĂ©nouement est connu dans les grandes lignes avant mĂȘme la dĂ©couverte de la premiĂšre page. Le fait d’avoir lu le tome 110 de « Donjon CrĂ©puscule » donne beaucoup d’informations Ă  ce propos. Cela fait que j’ai eu du mal Ă  me passionner pour les rebondissements qui jalonnent le trajet d’Herbert tout au long de l’histoire. Par contre, j’étais attentif Ă  tous les moments partagĂ©s entre le palmipĂšde et son ami dragon. Ils forment le duo central de la saga. Il Ă©tait donc important de savourer les derniers temps passĂ©s Ă  leurs cĂŽtĂ©s. J’ai regrettĂ© que cet aspect nostalgique et Ă©motionnel soit en retrait par rapport Ă  l’action pure. Je ne le reproche pas aux auteurs. C’est leur choix et leur Ɠuvre. NĂ©anmoins, je regrette que le « au revoir » soit finalement aussi brutal. Seules les trois derniĂšres pages sont apaisĂ©es et closent l’aventure avec poĂ©sie. Parsemer le reste de l’album de ce type de pensĂ©es ou de phrases ne m’aurait pas dĂ©plu. Dans un genre trĂšs diffĂ©rent, je trouvais la fin de « Lapinot » bien plus intense et mieux amenĂ©e.

Pour conclure, j’ai passĂ© un bon moment Ă  assister Ă  la fin du Donjon. Le plaisir que j’ai eu Ă  retrouver Herbert et Marvin ensemble m’a fait oublier les quelques dĂ©fauts que dĂ©gageait par moment la lecture. Il est indispensable pour tout adepte de la saga de s’y plonger pour boucler la boucle. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer qu’un jour les auteurs trouveront le temps de combler quelques trous que possĂšde la grande Histoire du Donjon. L’espoir n’a jamais tuĂ© personne


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Note : 12/20

Donjon Crépuscule, T110 : Haut Septentrion

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Titre : Donjon crépuscule, T110 : Haut Septentrion
Scénaristes : Lewis Trondheim & Joann Sfar
Dessinateur : Alfred
Parution : Mars 2014


« Donjon » est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art. Lors de sa naissance, le projet de Lewis Trondheim et Joann Sfar paraissait irrĂ©aliste. Il souhaitait conter l’histoire des habitants d’un Donjon au cours de trois Ă©poques diffĂ©rentes. « Donjon Potron-Minet » devait suivre la construction du Donjon, « Donjon ZĂ©nith » son apogĂ©e et « Donjon CrĂ©puscule » sa chute. D’autres sĂ©ries telles que « Donjon Monsters » ou « Donjon Parade » agrĂ©mentaient Ă©galement cet univers. Depuis de nombreuses annĂ©es, les tomes paraissent Ă  un rythme effrĂ©nĂ© pour le plus grand plaisir des lecteurs. La fantasy et l’humour sont les deux caractĂ©ristiques de cette grande Ă©popĂ©e. Chaque cycle possĂšde sa propre identitĂ© tout en respectant la cohĂ©rence narrative. Mais ces derniĂšres annĂ©es, les nouveaux Ă©pisodes ont Ă©tĂ© plus rares. En mars dernier, sont apparus dans les rayons Ă  ma grande surprise deux nouveaux tomes. J’eus la dĂ©sagrĂ©able surprise de voir qu’ils marquaient la fin de l’aventure. Ces opus marquaient-ils la derniĂšre touche des auteurs Ă  leur crĂ©ation ou pensaient-ils un jour combler les nombreuses zones d’ombre que leur chronologie possĂšde encore ? C’est sans rĂ©ponse Ă  ses interrogations que je me suis plongĂ© dans « Haut Septentrion », tome 110 de « Donjon CrĂ©puscule ».

Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant des enjeux de cet album : « Tremblement sur Terra Amata. Alors que tous les Ăźlots s’éloignent du noyau de magma et de l’atmosphĂšre respirable, le Roi PoussiĂšre pense qu’il est temps pour lui de mourir de façon hĂ©roĂŻque. Marvin Rouge s’accroche toujours, bon grĂ©, mal grĂ© et va devoir le sauver de cette idĂ©e fixe tout en trouvant un moyen de respirer. »

Des scÚnes de combat et de batailles. 

Trondheim et Sfar n’en sont pas Ă  une fantaisie prĂšs. En effet, cet ouvrage doit ĂȘtre lu en parallĂšle du tome 111 intitulĂ© « La fin du Donjon ». Chacun dĂ©crit les Ă©vĂ©nements qui mĂšnent au dĂ©nouement de l’intrigue en axant sa narration sur des angles et des personnages diffĂ©rents. Ma critique porte sur « Haut Septentrion » qui se centre sur le duo formĂ© de Marvin Rouge et Zakutu. Le premier est un guerrier hystĂ©rique assoiffĂ© de sang ou de sexe au grĂ© de ses humeurs. La seconde est une princesse hĂ©ritiĂšre au caractĂšre trempĂ©. Les alĂ©as de leurs parcours respectifs les mĂšnent au centre d’un combat dont l’issue sera dĂ©finitive pour le Monde. Je me dois rapidement prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir une connaissance minimale des enjeux et des protagonistes de la sĂ©rie pour se plonger dans cette lecture. Dans le cas cadre contraire, il me semble impossible d’y comprendre quoi que ce soit.

La nature mĂȘme de l’histoire fait que la majoritĂ© des planches sont des scĂšnes de combat et de batailles. Je ne suis pas trop fan de ce type de construction parce que bien souvent certaines planches sont du remplissage. Occuper trois planches Ă  dessiner des explosions et des duels Ă  l’épĂ©e Ă©vite trop frĂ©quemment de construire une intrigue et de rĂ©diger des dialogues travaillĂ©s. Mais les deux auteurs ne tombent pas dans cette facilitĂ©. Chaque page est agrĂ©mentĂ©e de plusieurs vannes bien senties que ce soit entre les hĂ©ros ou envers leurs ennemis. Le cĂŽtĂ© testostĂ©rone des derniers opus de « Donjon CrĂ©puscule » est une nouvelle fois bien transcrit. On pourrait regretter un dĂ©but un petit peu brouillon. Le fait que la sĂ©rie ait sautĂ© deux ou trois tomes a pour consĂ©quence de nĂ©cessiter pour le lecteur un temps d’adaptation Ă  la nouvelle situation Ă  Terra Amata. La mise en route manque un petit peu de clartĂ© et de finesse. NĂ©anmoins, l’affection ressentie Ă  l’égard de cette sĂ©rie fait rapidement oubliĂ© ce dĂ©faut au dĂ©marrage une fois que les deux tourtereaux au sang chaud se retrouvent en amoureux pour sauver le monde.

La relation entre Marvin et Zakutu est un des points forts de ce cycle. Les deux personnages sont individuellement trĂšs rĂ©ussis et ils prennent une ampleur explosive quand ils sont mis en contact. Ce tome accentue ce phĂ©nomĂšne dans le sens oĂč ils ne sont que tous les deux lors de leurs pĂ©rĂ©grinations. Personne ne leur fait de l’ombre et cela leur permet de ne fixer aucune limite Ă  leurs excĂšs. Cela offre des moments trĂšs drĂŽles et surtout aucun temps mort. Une fois la machine narrative enclenchĂ©e, elle ne cesse pas de s’emballer sans jamais ralentir. MĂȘme la derniĂšre planche est rĂ©ussie sur ce plan-lĂ  alors que l’issue laissait la porte ouverte Ă  quelque chose de plus classique et traditionnel.

Les auteurs ont pris l’habitude de changer bien souvent de dessinateurs d’un album Ă  l’autre. C’est Alfred qui se voyait confier l’illustration de ce combat final. Il s’en sort correctement et reste globalement fidĂšle Ă  l’identitĂ© graphique de la saga. MalgrĂ© tout, il ne s’agit pas de l’artiste dont j’ai prĂ©fĂ©rĂ© le travail sur la sĂ©rie. Son trait manque de finesse et de prĂ©cision Ă  mes yeux. C’est dommage car les scĂšnes sont rythmĂ©es et denses. Il m’apparaĂźt donc important de se montrer soignĂ© et appliquĂ© pour permettre au lecteur Ă  la fois de s’immerger dans des dĂ©cors en changement permanent tout en comprenant dans les moindres dĂ©tails les Ă©vĂ©nements qui s’y dĂ©roulent. Par contre, je n’ai rien Ă  dire sur le travail des couleurs qui correspondent parfaitement aux attentes gĂ©nĂ©rĂ©es.

Pour conclure, cet opus conclut honorablement le cycle. C’est d’ailleurs plus dans l’évolution des deux personnages principaux que dans l’issue du combat final que rĂ©side l’attrait de la lecture. Il est Ă©vident que certains moments concernant Herbert sont nĂ©buleux dans cet album. Mais je ne doute pas que « La fin du Donjon » Ă©claircira tout cela. Mais c’est une autre histoire


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Note : 14/20


 

Bone, T2 : La grande course – Jeff Smith

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Titre : Bone, T2 : La grande courses
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Avril 1996


 « Bone » est certainement l’une des sĂ©ries que j’ai le plus apprĂ©ciĂ©es. De part son cĂŽtĂ© transatlantique, c’est aussi l’un des rares comics qui peuple ma bibliothĂšque. Le premier tome nous avait prĂ©sentĂ© les trois Bone : Fone, le rĂȘveur sentimental, Smiley qui sourit tout le temps mais fait preuve d’un QI limitĂ© et Phoney, irascible et toujours prĂȘt Ă  arnaquer le monde. Perdus en plein dĂ©sert, ils avaient dĂ©couvert la vallĂ©e et ses habitants. Le deuxiĂšme tome fait honneur Ă  la grande course de vaches
 Le tout est publiĂ© chez Delcourt.

Nous retrouvons donc Thorn, la jolie fille et Fone, son soupirant en plein marchĂ©. C’est la foire et leurs aventures semblent terminĂ©es. Les Bone doivent retourner Ă  Boneville dans deux jours. C’était sans compter sur Phoney qui espĂšre truquer les paris de la course avec une vache mystĂšre. Cette vache serait capable de concurrencer Mamie Ben (qui court avec les vaches
). On voit tout de suite que l’humour est bien prĂ©sent dans cette sĂ©rie. Cette derniĂšre a le mĂ©rite de mĂ©langer plein de styles : aventure, hĂ©roĂŻc-fantasy et humour. Ce deuxiĂšme tome est certainement l’un des plus lĂ©gers de la sĂ©rie. Tous les personnages sont prĂ©sents au mĂȘme endroit, ce qui laisse la place Ă  de succulentes situations. Et bien Ă©videmment, Ă  la fin de l’ouvrage, les Bone ne sont toujours pas rentrĂ©s


Un mélange improbable

« Bone » est un mĂ©lange assez improbable qui permet Ă  l’auteur de crĂ©er une Ɠuvre originale et pleine de personnalitĂ©. Ainsi, nous ne savons pas vraiment ce que sont ces Bone, aux traits ronds et au nez Ă©norme. Et visiblement, ça ne choque personne. Ces derniers discutent avec les animaux ou les humains indiffĂ©remment. Et au milieu de tout cela, un dragon apparaĂźt rĂ©guliĂšrement
 C’est la magie de « Bone » ! Les personnages sont vraiment bien Ă©crits, Ă  l’image de ces deux rat-garous qui se disputent pour savoir s’il faut manger Fone Bone en ragoĂ»t ou
 en quiche !

Ce tome est certainement l’un des plus brillants que Jeff Smith ait Ă©crit. Il se situe Ă  un moment critique. Le ton reste lĂ©ger, mais dĂ©jĂ  les zones d’ombres commencent Ă  se dĂ©gager. Les piĂšces du puzzle s’emboĂźtent sans que l’on sache vraiment vers oĂč tout cela va nous mener.

Concernant le dessin, je mets un point d’honneur Ă  lire la version en noir et blanc (colorisĂ©e depuis). Le trait tout en rondeur de Jeff Smith est une vraie splendeur. On ressent le pinceau glisser sur la feuille ! Le traitement du noir et blanc est splendide et le mĂ©lange des styles (rĂ©aliste et cartoon) fonctionne parfaitement. Du grand art !

Ce tome est une vĂ©ritable merveille. Difficile de ne pas tomber amoureux de cet univers, tant il nous rappelle notre enfance sans nous traiter pour autant comme des enfants. A ce stade, Jeff Smith tient dĂ©jĂ  son chef d’Ɠuvre et il confirmera pas la suite tout son talent.

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Note : 19/20